Quel est votre nom, voyageur ?
L'aventure n'attendait que vous !
   

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> Chapitre I : Embarquement
  écrit le : Mardi 08 Septembre 2020 à 22h08 par Phineas
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Façonneur de Montagnes
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- Affalez moi ces voiles ! Allez !

Le vent se glissait entre les planches de la Fille alors qu’au dehors, le tonnerre transformait l’océan, pourtant d’huile une heure plus tôt, en montagnes d’eau qui apparaissaient et s’écrasaient. La puissance des vagues était terrifiante et déjà plusieurs point de la coque, avait été transpercé par des débris, projetés avec une force inouï contre le bois enchanté du navire.
Sur le pont inférieur du vaisseau amiral de la flotte, l’atmosphère était plus qu’électrique. Tous l’équipage se démenait pour garder le navire à flot, les marins verrouillaient les sabords et enfonçaient les étançons pour éviter que la marchandises n’enfonce la coque et leurs camarades. Heureusement pour les aventuriers, cela faisait déjà presque un mois qu’ils étaient en mer et ils s’étaient habitués au roulis mais… le petit roulis n’était rien par rapport au tangage actuel, donnant l’illusion qu’à n’importe quel moment, le navire pouvait se retourner.

Une minute plus tôt, Mardon, le second de Longsouffle avait demandé à tous l’équipage disponible de venir aider à maintenir les mats entiers sur le pont supérieur. Et ils faisait tous parti de cet équipage disponible. Aussi couraient ils dans les coursives en luttant pour rester debout, la pluie qui passait les sabords encore ouverts rendant le plancher, qui s’élevait parfois à la verticale de façon absolument aléatoire. Soudain, alors qu’enfin ils gravissaient, avec peine, l’escalier qui menait au pont supérieur, ils furent projetés vers le mur. Un immense choc venait de propulser le bateau de plusieurs mètres, quelque chose de gigantesque venait de percuter le flanc tribord.


- AMIRAL !

- Gardez le cap !

- ON VA CRE..!

- GARDEZ LE CAP !

Quand enfin ils réussirent à poser le pied sur le pont, plus humide et glissant encore que la cale, ils posèrent les yeux sur l’enfer aquatique qui entourait désormais la Fille d’Oghma…


user posted image


Année des Dragons Renégats (1373)
29 de Kythorn
Quelque part au large de la baie d’Eauprofonde
Bureau de Baelnar Longsouffle


(Un mois plus tôt…)


Quand ils avaient reçu ce premier message de l’amiral, tous avaient du se poser des questions. La demande était étonnante, intéressante, dangereuse et extraordinaire… Une expédition se préparait. Une expédition non pas vers un coin éloigné de Faerun, ou même en Zakhara ou en Kara-Tur. Ni même vers un autre plan, non… On montait une expédition vers Anchorome. Pour la plupart des faeruniens, le pays voisin était déjà si loin. Les plus éduqués savaient l’existence des orientaux. Les plus puissants voyageaient dans les plans. Et pourtant, même parmi ces derniers, peu avaient pris le temps, ou eu le courage d’explorer ce qui se trouvait par delà la mer. Osse, à l’extrême est, et, donc, Anchorome, à l’Ouest.

Et par n’importe où. De l’ouest on connaissait désormais Maztica. L’Empire des Nexalans, ancienne terre de dieux inconnus aux faeruniens, n’était pas la porte à côté certes. Mais à Eauprofonde, Lunargent ou Calimport, il n’était maintenant plus si rare de croiser un maztèque, si reconnaissable dans ses habits colorés ornés de plumes ou d’écailles. On connaissait moins Katashaka, le Continent Noir, situé au sud de l’empire maztèque. Mais, les humains, amenés des éons plus tôt par Ubtao en étaient issus et, grâce à eux, on en savait plus, quoiqu’aucun pays faerunien n’y ait un pied à terre. Mais lorsqu’il s’agissait d’Anchorome… au nord des deux précédents s’étendait une immense étendu de terre inconnu, où les dieux des faerunien ne semblait pas vraiment faire la loi. On en connaissait peu de chose, ce qu’avait ramené le légendaire Balduran, et quelques autres rares expéditions.

Mais après avoir répondu positivement à l’invitation de Baelnar Longsouffle - l’amiral donc - de les rejoindre dans cette dangereuse expédition, ils apprirent tous ce qu’il était possible de savoir.

Anchorome était un vaste lieu inexploré. La seule incursion étrangère y était Fort Flamme, au nord-est, la Forteresse du Poing Ardent, une compagnie de mercenaires bien connue de la Porte de Baldur. Mais hormis les renforts, envoyés en 1366 pour aider les survivants de la première expédition, personne n’y avait vraiment mis les pieds depuis. De puissants mages peut-être, une troupe de cavalier volants de l’église de Shaundakul également, portés disparus. Plus que le continent sud, le nord semblait ne pas vouloir sortir du mystères. Du peu que l’on en savait, il était notamment habités par des elfes sauvages dont la langue, la culture et les dieux différaient des elfes que l’on trouvait dans les Royaumes. Les quelques informations glanées aux voyageurs maztèques ou aux chultiens, dont les ancêtres avaient été ramenés de Katashaka par Ubtao, parlaient d’immenses forêts, de lacs aussi impressionnants, et de plaines plus grandes encore. Ornées de montagnes tout aussi extraordinaires. Les maztèques les plus honnêtes, dont le pays partageait sa frontière nord avec le mystère, n’en savaient pas beaucoup. L’Empire Nexalan n’arrivait pas à avancer, et ce depuis des temps immémoriaux. Pourquoi ? On ne le savait pas. Les plus martiaux confiaient que lorsqu’il s’agissait de se battre contre “ceux du nord”, rien ne marchait. Le continent lui même semblait se dresser contre les incursions des guerriers aigles. Quant aux quelques rapports venant de Fort Flamme, ils n’étaient pas plus glorieux. L’expédition, bien équipée militairement mais à priori commerciale parlait d’assauts nocturnes par des forces invisibles, d’elfes complètement fous doués de pouvoirs sanguinaires et maniant le poison comme personne, ou encore de créatures gigantesques, semblables à des baleines, attaquants les forces navales. Tous cela pouvait être possible, ou pas.
Ce qui était vraiment inquiétant, en vérité, c’était le peu d’influence que semblaient avoir les dieux sur ces terres. Ce n’était pas complètement étonnant pour les plus rationnels, après tout, Maztica était aussi une terre divine sur laquelle l’influence des dieux faéruniens était faible. Mais c’était quelque chose de difficile à admettre pour les dévots qui considéraient leur panthéon comme tout puissant. Admettant avoir payé bien cher un devin pour tenter une scrutation à longue distance de l’autre côté de la mer, l’amiral avait eu du spectacle, mais aucun résultat. Selon ses dires, les yeux du prêtre de Savras s’étaient révulsés, et sortant presque immédiatement de sa transe, il s’était mis à vomir ses tripes, avant d’avouer qu’il avait eu l’impression d’avoir été coupé de l’Omnivoyant pendant un instant. En plus d’une sacré claque sur son ego, la chose l’avait éminemment inquiété. Et il n’avait pas été le seul.

Mais il en fallait plus pour arrêter Longsouffle. En être rusé et éclairé, mais aussi en tant qu’âme libre, le gnome avait passé des années à préparer son plan. D’abord, obtenir des soutiens : le Conseil des Quatre, à la Porte de Baldur, les Seigneurs d’Eauprofonde, le Grand Artificier du Lantan - son maître, quoique ce disciple ne soit pas celui dont il était le plus fier, scolairement parlant - une partie des collèges et université des Royaumes et les places fortes de la divination, après avoir joué sur l’ego des mages, dont Chateau-Suif. D’autres se rajoutèrent à la liste, mais c’était les plus éminents.
Et garder le tout au secret, en faisant promettre, magiquement, à ce petit monde, de la fermer.

La première partie exécutée, il fallait construire une flotte. Une flotte particulière, des vaisseaux construits selon des plans établis par le puissant intellect d’un artificier gnome. Des années durant, il avait fallu convaincre des forgerons et des menuisiers de fabriquer des pièces (parfois loufoques) sans savoir ce pourquoi ils travaillaient vraiment, pendant qu’une équipe de fidèles triés sur le volet assemblait la flotte à l’abri des regards dans une crique au large de la Cité des Splendeurs, rendue inaccessible par les Seigneurs qui promettaient une fin funeste à ceux qui tentaient leur chance.

Enfin, la troisième et dernière partie, qui avait pris lieu il n’y a pas si longtemps, et qui survenait prêt de trente ans après le début de ce jeu mystérieux (bien avant donc la première expédition, ce qui expliquait probablement le dévouement de l’amiral qui semblait rancunier de s’être fait couper la chique) consistait à rassembler un équipage. Il s’agissait des meilleurs selon l’idée que s’en faisait le gnome. Un halfelin dont le passif roublard ne faisait aucun doute, une naine dont la tête était constamment constellée de charbon, une soeur et deux frères dont le mercenariat ne faisait aucun doute, une elfe solaire exilée d’éternelle-Rencontre et une demie-orque braillarde composait - en plus de Baelnar - l’amirauté de sa flottille, composé de sept vaisseaux. Compétents, il l’était, mais il fallait certainement être dans la tête du gnome pour imaginer que ces sept là pouvaient s’entendre, et encore plus constituer un organe dirigeant fonctionnel. Pourtant, ils avaient dû admettre que ça marchait effectivement. Autour d’eux, des centaines de marins, d’ouvriers de marine, une vingtaine de mages de bords, des guérisseurs, des artificiers, des historiens et quelques ethnologues (une spécialité par ailleurs étrange pour beaucoup), eux aussi triés sur le volet et ayant tous jurés, magiquement, de garder le secret jusqu’au départ.

Et enfin, il y avait les aventuriers. Ils étaient tous là, réunis dans le bureau de Baelnar, transformé en salle de conférence pour l’occasion. Comme les autres, ils avaient jurés, comme les autres la magie les empêchaient de dévoiler quoique ce soit à ceux qui n’était pas sous le secret. Et la dizaine d’aventurier réunie ici, avec les chefs artisans et l’amirauté, étaient là depuis un mois.

En effet, un mois avant le départ, ils avaient été réunis, après avoir été contactés de diverses façon et pour diverses raisons, dans le port d’Eauprofonde. Alors une vingtaine on leur avait tous proposé un marché : l’aventure en échange du mystère, le silence puis la renommée. La moitié avait refusé, trop de risque, les autres - ceux qui restaient - avaient fait le serment du secret. Ensuite, et pendant un mois, ils avaient été soumis à un programme intensif. D’abord, apprendre tout ce qu’il était possible d’apprendre sur leur destination. Qui qu’ils soient, ils en savaient désormais autant que le barde le plus cultivé, et pourtant ce n’était pas grand chose. Ils avaient été entraînés pour ne pas être inutiles sur les ponts, pendant ces quatre semaines, soumis à la gigue, apprenant la base des noeuds de marine, certains peut-être seraient meilleurs que de simples matelots. Ils avaient été surveillés médicalement aussi. On ne voulait pas reproduire le désastre de la première expédition en Maztica, quand les heaumites avaient apportés la maladie aux autochtones. Les meilleurs prêtres et médecins les avaient examinés jours après jours, soignés quand il le fallait, si bien qu’ils n’avaient probablement jamais été aussi en forme. Du moins, si on exceptait la fatigue.

Enfin, on les avaient réunis là, au dessus de la gigantesque grotte convertie en chantier naval au fond de laquelle on apportait les dernières touches à la Fille d’Oghma et au Chevaucheur, à la Tarasque et au Scélérat, à l’Impérieux, l’Invincible et l’Impossible. Au bord de la pièce, ouverte sur la baie souterraine, ils pouvaient observer le travail en contrebas, et comme depuis quatre semaines, entendaient les répercussions des outils. Tous le monde était éparpillé, il y avait de quoi s’installer : des coussins et des tapis à la mode calishite, du lourd mobilier cormyrien, ou des chaises à dos droits venant du Septentrion. Debout sur son bureau noyé sous les cartes et les rapports, Baelnar Longsouffle, gnome de son état dont les yeux globuleux n’arrêtaient jamais de bouger, pris la parole :


- Bon, il faut que je vous dise exactement pourquoi vous êtes là. On vous à rapidement formé à la marine, mais vous vous doutez bien que ce n’est pas de matelots dont j’ai besoin. Je vous ai recruté parce que, outre vos compétences respectives, vous partagez tous une relation particulière avec la chance et l’inattendu. Il y a peu de voyages aussi mystérieux que celui-ci. Franchement, on en sait plus sur les plans extérieurs que sur Anchorome. Il n’y a aucun voyage qui mériterait plus de s’appeler une aventure. Soyons clairs, je ne souhaite aucunement le conflit, pas plus d’ailleurs que je ne m’intéresse au commerce - quoique j’ai tout de même besoin d’or - cette expédition à un but purement épistémique. Et il faut bien l’admettre, je veux aussi fermer le claque-merde de certains, ajouta t’il, éveillant les ricanements de ses collègues. Je veux savoir. Mais pour ça, dans une telle entreprise, j’avais besoin de gens dont le boulot est d’affronter l’inconnu, de jouer des tours de passe-passe au destin. C’est pour ça que vous êtes là. Moi, nous, dit il en englobant l’amirauté, les marins, les artisans, les tonnes de matériaux qu’on embarque, on est là pour construire un observatoire. Vous, vous êtes là pour établir un contact avec ce continent, pas l’envahir. Je veux savoir.

Il marqua une pause pour leur laisser le temps d’avaler.

- L’idée d’envoyer des elfes pour comprendre des elfes pour la seule raison qu’ils sont des elfes était d’une stupidité crasse. Ça ne m’étonne pas des commanditaires. Vous pensez sérieusement que les premiers éladrins à débarquer sur Toril s’entendraient avec les elfes d’aujourd’hui ?, Thyrine, la navigatrice exilée d’Eternelle-Rencontre eut un sourire. J’ai besoin que vous alliez à la rencontre des autochtones, de ce continent en lui même. J’ai besoin que vous trouviez un moyen de nous faire comprendre, et il n’y a pas meilleurs personnes capables de trouver des solutions auxquelles personnes n’aurait pensé, quand bien même seraient elles absurdes, que les aventuriers. C’est pour ça que vous êtes là, en définitive.

Il s’arrêta et regarda sa troupe de trompe-la-mort. Une moitié embarquerait avec lui, sur la Fille d’Oghma. L’autre avec Gherna - la naine charbonneuse - sur le Chevaucheur. Varnas, Abrulion, Farah, Joinon et la Goualeuse étaient des premiers.

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Voyons voyons mon jeune ami, vous croyez vraiment que les montagnes grandissent seules ?
 
 
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écrit le : Samedi 12 Septembre 2020 à 12h42 par Thojan
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"J'ai déjà vu ça."

Voilà une expression que le groupe entendait désormais quotidiennement: à l'exception de jurons fleuris, c'était ce qui sortait le plus souvent de la bouche de Varnas Vanbran. Et l'homme ne se privait pas de commenter tout ce qu'il voyait. Il ne se privait pas de grand-chose, d'ailleurs.

Il n'avait rien de très remarquable… De taille modeste, trapu comme un damarien quelconque, ses cheveux blanchis par les ans couvraient un crâne dégarni. N'eut été l'équipement qu'il avait apporté avec lui, on aurait pu le prendre pour un intendant ou un négociant quelconque. Il arborait cependant plusieurs cicatrices que seul un aventurier aurait pu collectionner, et un mépris pour les convenances qui n'avait pas facilité son intégration. Même le port tumultueux d'Eauprofonde ou la mystérieuse proposition d'aventure ne l'avait pas impressionné. L'homme avait été contacté pour ses talents, et se disait originaire de l'inaccessible orient, de l'autre côté de la mer intérieure. Il avait manifestement déjà connu sa part d'engagements dans des conditions similaires… Guère compétitif, il avait même poussé certains à accepter la proposition, prédisant la recherche d'une quelconque nouvelle route commerciale. Il n'avait qu'à peine rechigné devant le serment magique:


– Croyez-moi les jeunes, vaut mieux ça, de manière réglo, que les saloperies sournoises que vous ferons les sorcières aux oreilles pointues d'Aglarond. J'en ai connue une, comme ça, qui parlait de nature, d'indépendance et de piafs libres… Mais tout ce qu'elle voulait, en fait, c'était charmer des loubards pour crever à sa place sans même avoir l'élémentaire politesse de leur dorer les burnes en échange. Moi, tant qu'on me paie, j'honorerai mon contrat.

Une fois engagé avec les autres, Varnas n'avait pas cessé de partager ses réminiscences. En quelques semaines, ses camarades de galère en savaient davantage sur lui que sur des voisins côtoyés toute l'enfance, et pourtant il ne tarissait pas. Même Anchorome lui arracha des commentaires:

– On m'a raconté l'expédition conduite par le Poing Enflammé: sur quinze navires et trois cents hommes, ils ne sont qu'une dizaine à être revenus. Leur seul accomplissement aura été un fortin construit sur la côte, où ils ont laissé une petite garnison. Mais c'était y a des années… Ils ont eu droit à toutes les emmerdes: des elfes sauvages sur la terre ferme, des sahuagins en pleine mer, et même des léviathans qui ont coulé leurs bateaux à l'ancrage. Et une autre partie de leur expédition a disparu en s'enfonçant dans le continent; on ne les a jamais revus… Enfin, tout ça c'est que ce m'a dit Delandria. C'est une des nouvelles capitaines de la compagnie, recrutée après c'te débâcle. Faut dire que c'était con de courir plusieurs lapins à la fois. Ou d'avoir mis tous leurs guérisseurs sur le même bateau, coulé en pleine tempête…

Quand bien même tout cela pouvait se révéler intéressant, il y avait des limites. La première à le remettre à sa place fut sa compatriote rôdeuse, alors qu'il commentait son maniement de l'épée à la lumière du combat de sabre en Kara-Tur; le ton était suffisamment monté pour que le visage plissé de Varnas reprenne des couleurs. Curieusement, le mercenaire avait toujours l'air plus vivant dans l'action qu'au quotidien. Alors qu'il crachait ses poumons lors des auscultations des guérisseurs, geignait et pestait sur son genou dès qu'il fallait se lever d'un tabouret, il semblait toujours alerte et performant dans les entraînements physiques. Quelques décades plus tôt, il avait du être redoutable…

Son altercation avec Farah n'avait pas beaucoup amélioré les choses, car il semblait s'être pris d'affection pour elle. Si le brave Joinon s'était vu décerné le surnom de "Barberousse" —supposément par ressemblance avec un fameux pirate, dit "le dépeceur" qui serait jadis décédé en buvant un tonneau entier de vin vinaigré—, Farah était devenue "Gamine". Au moins Varnas se gardait-il désormais de commenter son style de combat, et se contentait-il d'opiner d'un air paternel. Le seul moment où le groupe avait une pause était quand le vieux allait s'occuper de sa mule, qu'il avait installée dans son appartement. Sortir le crottin dans des seaux ne semblait pas l'ennuyer plus que ça, lui… Sans doute que les années lui avait aussi pris son odorat.

Une manie du mercenaire était particulière: il buvait régulièrement d'une flasque métallique bosselée; à tous les repas, et souvent entre. "Pour désinfecter l'intérieur", disait-il. À le voir, le goût de cette substance semblait particulièrement atroce, mais malgré ce qu'on pouvait croire, cela ne sentait pas l'alcool.


 
 
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écrit le : Dimanche 13 Septembre 2020 à 04h27 par Schninkel
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De nature farouche et indépendante, aventurière accomplie et adepte du Chevaucheurs des Vents, Farah Cyahn n’avait pas pour habitude de rester fixer aussi longtemps au même endroit. Rarement plus d’une journée à chaque destination, comme pour éviter l’enracinement. D’ailleurs, elle n’était pas plus femme à prêter serment. Mais ce dernier mois avait offert assez d’activités pour lui permettre d’éloigner toute forme de lassitude. Elle développa rapidement ses connaissances aux contacts d’ouvriers et d’ouvrières disposés à partager, à s’obliger les uns aux autres de toutes les manières possibles. Tous d’anciens et des intimes, élevés dans les mêmes gouts, collaborant à l’élévation d’un flotte de vaisseaux d’exploration.

Le temps passa rapidement, outre les heures d’études théoriques dans la salle des cartes. Le décryptage de témoignages perdus à travers les âges. Farah n’était pas une élève très assidue. Toute notion de rigueur académique étant vécue comme un vrai calvaire pour la jeune sauvageonne qu’elle était. Mais le temps passa tout de même, et l’heure des réponses ne tarda pas à se présenter.
Réunis dans le bureau de l’Amiral Longsouffle, dont les réflexions sur les Elfes firent naitre un rictus sur les lèvres de la chasseresse, une compagnie hétéroclite apprenait toute l’étendue de la folie de l’entreprise pour laquelle ils étaient engagés. Ce moment avait quelque chose de solennelle, car la tâche était grande et périlleuse, et les perspectives de retour n’étaient pas grandes. Désormais, il fallait affirmer son serment, confirmer sa volonté de rejoindre Anchorome.


- Une compagnie énigmatique, un chantier naval dissimulé, un voyage exceptionnel vers un continent inconnu. Je pense que l’on a tous les ingrédients pour une belle expédition.

Elle parlait simplement, ne feignant aucune fausse courtoisie. Ses deux yeux en amande aux pupilles vertes se plissèrent légèrement tandis qu’elle balaya l’assistance d’un regard interrogateur. C’était une jeune femme svelte et musclée, revêtue d’une armure de cuir ouvragée, étrange et surnaturelle, comme nimbée d’ombre même dans la lumière. Elle portait de longs cheveux de jais, et de fins traits qui laissaient deviner un héritage Shou ou Tuiganes. Détail intriguant, de longues lignes blanches lui parcourant le visage, des marques d’épées, synonyme – presque certain - d’un passé trouble.

- Selon la logique, la priorité sera tout de même de stabiliser notre position. Il faut trouver une source d’eau exploitable, bâtir une colonie sécurisé pour préparer les futures expéditions.

Pleine de curiosité, et de peu de courtoisie, devançant toutes réactions de ses collaborateurs, elle poursuivit d’un air désinvolte à l’attention de l’amiral :

- Mais une fois les informations obtenues, le territoire exploré et le contact obtenu avec ces elfes, on fait quoi ? Je veux dire, comment songez-vous transmettre le fruit de notre initiative vers le continent ? Des moyens arcaniques pour communiquer avec Eauprofonde ou il faudra attendre le chemin retour par voie maritime ?

Tout en continuant de parler, elle tourna le menton vers le prêtre Hin.

- D’ailleurs, parlant de magie, on parle de terres où les dieux n’ont pas d’influence. Ce n’est pas rien. Qu’en est-il des pouvoirs ? Abrullion ne risque pas de perdre ses facultés par exemple ?

Elle s’affala de nouveau dans le fond de son fauteuil en achevant sa phrase. Cette situation et ces nouvelles perspectives soulevaient tellement de questions, et certainement encore d’autres à venir. Tout éveillait déjà en elle, la soif de l’inconnu et le parfum de l’aventure. Un enthousiasme perceptible à travers une attitude nonchalante.

Ses yeux tournèrent en attendant des éléments de réponse. Puis, elle soupira en croisant le regard du vieux radoteur, percevant déjà sa prochaine anecdote ou son jugement paternaliste. Un donneur de leçon, pensa-t-elle, comme le sont tous les vieux.


 
 
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écrit le : Dimanche 13 Septembre 2020 à 09h32 par Joinon
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¤ Une terre sans dieu... ¤ répéta silencieusement Joinon tandis que ses doigts effleuraient un objet au fond de sa poche.

Il avait écouté avec attention la harangue de Baelnar Longsouffle, et avait souri à son évocation des "solutions stupides" parfois trouvées par les aventuriers, quoique sans vraiment savoir s'il s'agissait d'un compliment.
La première personne à avoir pris la parole après le laïus du gnome fut Farah. Sans grande surprise pour le barde, car la combattante avait le sang chaud. Et paraissait en même temps tellement froide... Il se souvint du jour où, tout sourire, il avait surgi à l'entrée de son appartement, la barbe cachée sous une pile d'ouvrages sur la physique des fluides et l'hydrométéorologie qu'il espérait bien partager avec elle. Chose certaine, il n'avait jamais retenté l'expérience ; et ne s'était dès lors guère adressée à elle que lorsqu'il était certain de son entière disponibilité.

C'était probablement avec Abrulion que le nain d'or avait le plus fraternisé ces derniers jours. Non pas qu'il n'aimait pas Varnas, mais il ne se reconnaissait pas dans les manières bourrues et les propos crus du vétéran. Pas plus que dans le quolibet que ce dernier lui avait trouvé.
"Chantarbre, Varnas, Joinon Chantarbre!" le corrigeait-il inlassablement.

Perdu dans ses pensées, plongé dans un mutisme qui ne lui ressemblait pas, il détourna le regard du rôdeur pour le porter sur la Goualeuse. Comme souvent, le barde se trouvait mal assorti au groupe qu'il intégrait.
Son embonpoint - quoiqu'il se fut réduit ces derniers mois - trahissait qu'il tenait plus du poète pantouflard que du voyageur audacieux. Son laisser-aller capillaire et vestimentaire, loin de nuire à son attitude autrement châtière, lui conférait une bonhommie charmante. Une bonhommie qui était loin d'évoquer, donc, l'abordage d'une terra incognita lointaine.

Au fond de sa poche, ses doigts jouaient toujours autour du petit étui métallique reçu deux mois plus tôt. Si la pierre confiée par Egorio Rochebrisée était la principale raison de sa présence ici, Joinon ne pouvait refouler la curiosité ni l'engouement qui l'animaient dorénavant. Même sa satisfaisante sédentarité avait en partie disparu - il en était le premier surpris - sous les assauts de l'âme naturellement aventureuse des Chantarbre.


¤ Etablir un contact, c'est dans tes cordes, ça, mon petit Joinon. ¤ se rassura-t-il néanmoins, ravi de la dimension pacifique de la mission.
Sortant les mains de ses poches, il les croisa derrière son dos, se dandinant légèrement d'avant en arrière.

- Excellente remarque, si je peux me permettre! commenta-t-il à l'adresse de Farah, désireux de rentrer dans les bonnes grâces de la guerrière autant que d'avoir une réponse à cette question qui le préoccupait également. Qu'en était-il en effet de la Toile en Anchorome?



Malheureux le royaume qui n'a pas de héros.
 
 
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écrit le : Dimanche 13 Septembre 2020 à 17h17 par Phineas
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Façonneur de Montagnes
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Longsouffle sourit et émit un léger rire. Maintenant, ils savaient reconnaître celui ci. Le gnome était comme tous les gnomes, il riait facilement et n'était pas avare de farce. D'ailleurs, les quelques plus jeunes ouvriers était peu à peu, ces dernières semaines, devenu ses compagnons de filouterie alors qu'il répandait des petites blagues ci et là dans la grotte. Tous le monde se doutait aussi que les navires étaient plein de "blagues d'ingénieur".

Mais ce petit rire doux sans exagération avait une signification toute particulière : l'amiral reconnaissait l'intelligence, la perspicacité de quelqu'un. En l’occurrence, c'était probablement celle de Farah.


- Dites moi comment les shaundakulite peuvent être aussi peu et concentrer plus de qualités intellectuelles que l'ensemble de l'amirauté baldurienne ?

Des rictus moqueurs s'élevèrent de certain. Le ressenti - d'origine floue - du gnome pour l'entreprise navale de la Porte de Baldur était connu dans la grotte.

- Il serait plus honnête de dire que ce sont probablement d'autres dieux qui ont préséance là bas. Cela étant, ce n'est pas pour rien que l'un de nos deux vaisseaux de tête est béni par ton patron, Farah, il jeta un œil à l'avancement des travaux en bas. Le Chevaucheur est l'un des dieux les plus anciens des Royaumes, je table qu'il pourrait avoir eu, dans des temps anciens, des contacts avec Anchorome ou ses dieux. Si c'est le cas, la bénédiction du Dieu des Chemins pourrait nous être utile pour en établir un plus stable que ceux qu'on essayer d'invoquer les heaumites et les balduriens. C'est un risque mais pour dire la vérité, les quelques membres de ton clergé sont plutôt convainquant. Et puis bon, l'une d'entre elle à promit, je cite "d'arracher la tête du premier trou du cul qui s'aviserait de tuer un serviteur de la Main". Il y a pire comme allié, d'autant plus que tous ce qu'ils ont demander en échange c'est d'essayer de retrouver les adeptes qui se sont perdus la bas, si possible.

Évidemment, je ne mise pas tout la dessus. Si il y a des elfes là bas, l'une des rares choses dont nous sommes à peu prêt sûrs, ça sous entend plusieurs possibilité. Soit des elfes arrivés dans les Royaumes sont partis il y a bien longtemps, auquel cas il est possible qu'ils y ait construit des liens, quitte à les avoir oublier. Soit des elfes sont directement arrivés en Anchorome, et la Cours des Seelies aura peut-être de l'influence là bas, et indirectement, d'autres dieux. Soit ils ont utilisé la Toile pour s'y rendre, auquel cas c'est un autre problème qui coupe désormais l'établissement d'un portail, qu'il faudra régler. Et, de ce que l'on sait des heaumite, les pouvoirs divins fonctionnent bien là bas, il fit un signe de tête à Abrulion, comme d'ailleurs elle fonctionne dans d'autres plans. C'est plutôt l'influence direct de nos panthéons qui se fait rare. Concernant les portails en eux même, j'ai acheté quelques parchemins pour les créer il y a quelques temps.

Et si jamais la magie ne fonctionne pas... et bien j'ai encore quelques idées. Mais gardons la surprise ! La première chose à faire est bien d'établir ces liens, et ce pourrait bien prendre des années. Si tant est que nous y arrivions.

Pour le reste, encore une fois, tu as raison. Le premier objectif sera d'établir une base plus sécurisée que Fort Flamme. On a quelques petites choses qui devraient nous éviter en partie les assauts dont ils ont été victimes. Une fois le meilleur lieu déniché, nous commencerons à construire l'Observatoire. Pendant que vous partirez pour votre première expédition dans le continent.

Il se retourna, fronça les sourcils et saisi le porte voix sur le bord du balcon avant de hurler aux ouvriers en bas.

- NON MAIS ALORS ! CA C'EST DANS LES PONTS MÉDIANS ! ET VOUS VOUS ARRANGEZ QUE CA PRENNE PAS L’HUMIDITÉ OU CA VA MAL SE PASSER !

Étonnement, Baelnar était aussi pathologiquement incapable de lancer les insultes que certains usaient pour "motiver" leurs troupes. Ce qui donnait parfois un goût d'inachevé à ses phrases.



Voyons voyons mon jeune ami, vous croyez vraiment que les montagnes grandissent seules ?
 
 
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écrit le : Vendredi 18 Septembre 2020 à 11h18 par Abrulion Bascollier
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brulion avait aspiré retrouver des latitudes plus méridionales que Leilon, où il avait croisé la Mort Noire en personne, et quelques autres personnages intéressants qui devaient d'ailleurs toujours, à cette heure, garder la flopée d'enfants qu'ils avaient découvert ensemble dans une cave.
Il avait rapidement mis des lieues entre ses oreilles et leurs braillements, longeant la côte jusqu’à la capitale du coin. Bulborp et Borcolline ne lui manquait pas tant que cela tout compte fait, ou du moins pas pour le moment, et s'il comptait bien y revenir, ce serait avec quelques expériences supplémentaires dans sa besace.

Les hin étaient légion dans cette ville, six millier au moins sans compter ceux trop discrets pour l’être. Fip le hin était l'un d'eux, et il ne fallut pas longtemps pour engager Abrulion dans ses affaires, jurant qu'il aurait la chance de découvrir les origines des hin en dehors des limites de ce continent.
C’était largement assez pour convaincre le prêtre.


Abrulion avait passé une bonne partie du temps de la formation à observer et à fureter, du moins lorsqu'il avait le choix de son emploi du temps.
S'il avait usé de la compagnie de Joinon pour rattraper son retard de connaissances du fait de ses dernières chevauchées d'errance, son postérieur se mettait rapidement à gratter lorsqu'il restait assis sur la même chaise trop longtemps. Le nain avait pour lui de ne pas être un humain, mais ses questions et commentaires incessants, auxquels le hin ne répondait bien souvent que pas un hochement de tête pensif, et son enthousiasme débordant, usaient la patience d'Abrulion. Il disparaissait alors pour se "dégourdir les jambes".

L'humaine était une vagabonde de nature, finalement assez proche d'Abrulion, bien que son mutisme et sa froideur soit encore plus marqués. Si le hin avait apprécié sa compagnie, c'était bien pour le calme et le silence qui l'entourait, elle ou ses déplacements. Cependant, en plus d’être irréfléchie, elle était aussi cultivée que son épée, sauf pour ce qui touchait à la nature il fallait l'avouer. Cela finissait par ennuyer le prêtre, qui avait fortement associé ce voyage à la recherche des origines des peuples de Faerun, et en particuliers des hins.

S'il était des compagnons improbables, l'humain limier avait la palme. Il parlait autant que le nain, mais quand ce dernier était d'un enthousiasme sans limite, le limier avait la capacité de faire déprimer un régiment. Etre sur le même bateau que lui pendant la traversée serait sans douter une épreuve au moral. Le hin n'avait que peu de ses références cependant ; ses remarques glissait sur la carapace de son esprit comme l'urine de sa mule sur le sol de roches polies de la grotte. Voir les réactions des autres humains étaient en revanche hilarant ; pour une fois Abrulion n’était pas le plus cynique, et il appréciait le rôle de spectateur.

Outre la lecture de tomes sur l'histoire, les mystères et les religions de Faerun - savoirs qu'il espérait utiles de l'autre côté de la mer - Abrulion avait appris à soigner auprès des prêtre de l’expédition, ce qui s’avérerait sans aucun doute utile.


La réunion finale de préparation allait bon train. Il se résolut à intervenir.


- La base, l'observatoire, aura-t-elle un temple pour assurer l'influence de nos dieux sur ce nouveau continent ?

En gardant l'avantage d'avoir la parole, il continua :

- Quel sera le but de la première expédition dans le continent ? Il y a fort à parier que les locaux nous auront déjà rendu visite à l'heure où nous poseront la première pierre de l'observatoire. Nous explorerons principalement pour cartographier, n'est-ce pas ? Votre devin qui a ruminé son repas, sera-t-il plus à même de mener ses scrutations une fois sur place, du haut de notre observatoire ?



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N0 : Détection du poison, Lumière, Détection de la magie, Purification de nourriture et d’eau
N1 : Repli expéditif (domaine), Courant d’air ascendant, Main-araignée, Tenue d’apparat
N2 : Localisation d'objet (domaine), Membres arachnéens, Soins modérés
 
 
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écrit le : Vendredi 18 Septembre 2020 à 22h38 par Thojan
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Arrivé dans la salle de réunion à l'ameublement hétéroclite, Varnas avait tout de suite trouvé sa place: un énorme fauteuil digne d'un roi barbare et décoré d'une peau d'ours. Curieusement, le siège n'était pas à la taille du gnome… Sans doute n'était-ce même pas le sien. Bien que diminué par la taxidermie, le plantigrade avait du être énorme… Et le rôdeur semblait s'amuser à le jauger comme s'il était vivant. Il s'approcha doucement, mimant quelques gestes d'apaisement, sans détourner les yeux de la tête d'ours. Puis il ricana, et posa résolument la main sur le trophée:

– Héhéhé… J'ai déjà vu ça. C'est pas un colosse, mais c'est une belle bête, capable de vous décrocher la tête d'un coup de pattes. Une fois j'en ai eu un aux trousses pendant que je ramenais un fugitif en ville. J'ai bien pensé lui balancer mon prisonnier, mais finalement on s'est planqué dans un arbre. L'ours était trop gros pour monter. On y a passé toute la fin de la journée, et la nuit suivante. J'vous raconte pas pour pisser ! Ah ah ! Belle bête… Couché Brutus !

Et sur cette dernière marque d'estime pour l'animal écorché, il se rendit compte que le gnome avait ses yeux globuleux fixés sur lui, comme l'ensemble des autres participants à la réunion.

– Oups, pardon Grand Chef. J'me tais.

Varnas s'assit avec raideur dans le siège, pendant que l'instigateur de l'expédition prenait la parole. Il se lança dans une tirade qui manqua de perdre le vétéran. S'il était instruit, voire cultivé, Varnas avait toujours estimé qu'il valait mieux savoir s'exprimer dans cinq langues que disserter avec éloquence dans une seule. Quand Baelnar utilisa le mot "épistémique" et sembla balayer l'idée d'une expédition lucrative, cela le surprit.

¤ Toute cette expédition, toutes ces dépenses, juste pour le plaisir d'aller apprendre des trucs sur le continent d'à côté ? Impossible que tout ceci soit préparé juste pour aller observer les fleurs et les p'tits oiseaux. Ça cache quelque chose… ¤

Pendant que la "Gamine" énonçait quelques banalités pleines de bon sens, Varnas scruta l'assemblée, caressant d'un air absent la tête d'ours empaillée. Ils semblaient tous s'inquiéter de la magie et de dieux; ce qui ne le concernait guère. Et s'il rendait hommage à Shaundakul et à Waukyne, c'était plus par habitude prise auprès de ses parents que par réel dévouement; lui-même ne serait jamais un disciple dévot. D'ailleurs, il se sentait davantage attiré par la philosophie de la Voie, enseignée par les Chung Hsiang Tao de Shou Lung. Il ne se sentit que peu concerné par l'emploi de la dénomination "shaundakulite" et le fait de ne pas être affecté au vaisseau béni par le Chevaucheur des vents. Sur la fille d'Oghma, au moins, il serait avec le gnome, qui avait l'air de tout prévoir, même s'il n'en révélait pas beaucoup.

– Bon, donc on devra explorer les lieux, amadouer les natifs et essayer de trouver les corps de la dernière expédition. C'est bien beau, mais qui crache autant d'or, juste pour ça ?

– Faudrait peut-être pas compter sur la magie de prime abord, Grand Chef. Si on l'a avec nous, tant mieux, mais si on débarque dans une zone de magie morte, ça sera un désastre. Et j'ai déjà vu un mage clamser sur place après avoir tenté un sort dans un espace de magie sauvage. C'est quoi la surprise ?


 
 
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écrit le : Dimanche 20 Septembre 2020 à 13h17 par Phineas
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Façonneur de Montagnes
Chambre 6
3 gemmes
 Il n'y a pas d'objets
Haut
Bas
 
 

De Ratlyr était revêche. En vérité, c'était peut-être la seule personne de toute la grotte à ne pas porter le moindre intérêts aux élucubrations du vieil humain. Elle parlait peu, mais son regard monoculaire suffisait généralement à faire comprendre son exaspération. Ce n'était pas étonnant quand son œil droit, blanc, vide et encadré d'une profonde cicatrice probablement du à un coup de hache était aussi peu ragoutant qu'effrayant. C'était une femme aux muscles secs, maniant l'épée longue avec une dextérité certaine. Elle était plus doué que tous ce que leur groupe comptait en ce qui concernait le combat.

Mais surtout, c'était une cheffe née. Ou plutôt un tyran muet. Les quatre autres membres de l'autre équipe ne disait jamais rien sur elle et la respectait c'était certain. La craignait aussi. Mais lorsqu'elle était présente (c'était heureusement rare, elle passait la grande majorité de son temps à s'entrainer), ils ne pipaient mot. Alors même qu'ils étaient de plutôt bonne compagnie par ailleurs.

C'était une mercenaire au passif aussi sombre que sanglant, en témoignait les multiples cicatrices sous son armure, et personne ne connaissait vraiment la raison de son engagement. Les deux seules personne qu'elle écoutait, en tout cas, était Baelnar et Gherna.


- Si il n'y a pas de dieux, on les oublie. On tranchera ce qui se trouvera sur la route. Les prêtres de Tempus meurent aussi quand on leur plante une dague entre les yeux.

La conversation jusqu'à la presque enjouée marqua une pose à l'intervention de la mercenaire qui fixait l'amiral, debout, les bras croisés sur sa poitrine. Tr'ar la demie-orque fronça les sourcils. Gherna émit un bruit de gorge réprobateur. Baelnar la regarda en silence.

- Ce que Louise, il insista sur le prénom, rarement utilisé, de la mercenaire, veut dire, c'est que, effectivement, nous ne pourrons pas nous reposer sur la providence, en effet. Ce qui ne veut pas dire que nous tuerons tout ce qui se trouve sur notre route. L'objectif est d'établir des relations pacifiques.

Il repris sont regard sur l'ensemble de l'assemblée et repris :

- La cartographie oui, mais nous ne pourrons pas aller loin sans un minimum de support de ce ou ceux qui dominent le continent. Il y aura aussi beaucoup de diplomatie. Le devin à refusé de nous accompagner, mais j'en ai quelques autres. Cependant, je pense que le résultat sera le même, il faudra faire les choses à pied. Ou avec toute autres créatures que nous pourrions domestiquer là bas. Bien sûr, je me chargerais d'établir le contact avec Fort-Flamme.

La façon dont j'ai récupérer l'or, Varnas, est une longue histoire. Et oui, bien entendu, nous vendrons une partie des connaissances acquises pour renflouer les coffres, des connaissances choisies. Pour vous donner un exemple, les Seigneurs d'Eauprofonde nous on aider en échange de la promesse d'ouvrir un portail vers la ville dès que ce serait possible. D'autres contrats existent, j'en parlerais si nécessaire en temps voulu.

Méthode commune. Le gnome était honnête mais il ne révélerait pas tout immédiatement pour garder des armes. On surveillait plus ses alliés que ses ennemis.

- Mais, des contrats ont aussi été liés pour vous servir de sauf conduit.

Il sauta de la table et ouvrit le coffre encastré dans la paroi. Il en sorti deux jeux de quatre cartes. Il s'agissait de cartes de la taille de cartes de tarot, probablement faites de feuille de métal. Suivant l'esthétique traditionnel, des illustrations symétriques était gravé à l'intérieur. Chacune avait une petite gemme encastré au centre. Il posa un jeu de chaque coté du bureau et laissa à chaque groupe le temps d'observer le sien.

- Les personnes avec qui j'ai tissé des obligations sont des gens aussi dangereux que joueurs. Ces jeux vous sont désormais liés. Je n'ai plus possibilité d'activer moi-même le pouvoir des cartes. Le numéro qui orne chaque carte indique la grandeur de la contrepartie que l'Observatoire devra payer en échange de l'utilisation de leur pouvoir. Mais chaque carte est en mesure de vous sortir de n'importe quel problème. Et, évidemment, je n'ai pas non plus le droit de vous fournir des détails sur ces pouvoirs, ou la façon dont elles opèrent... sans quoi la magie disparaitra, et nous devrons payer. Fourbe n'est ce pas ? Je voulais vous fournir de quoi survivre à n'importe quoi, mais je vous demande de les utiliser avec parcimonie.

Les compagnons purent observer les cartes. Celle qui avait le chiffre 1 présentait ce qui semblait être un magicien, au sens le plus stéréotypique du terme. La seconde, un groupe de gens affublés de tenues d'apparat. La troisième un dragon. La quatrième et dernière, un bouclier doré. Si ils tentaient d'observer les cartes de l'autre groupe, ils découvraient qu'une brume occultante les faisait disparaître de leur vision dès qu'il tentait d'en voir quoique ce soit.

- Ces cartes représentent aussi en partie les contrats que j'ai signé avec... de nombreuses personnes. Voilà Varnas. Mes objectifs sont purement la recherche. Ceux qui me fournissent les moyens ont d'autres buts. Ces cartes vous semblent probablement dangereuses, mais c'était un moyen de me libérer potentiellement d'obligations. Chaque contrat lié aux cartes nous a permis d'accomplir beaucoup de choses. Et chaque contractuel a accepté de toucher la majorité de sa contrepartie uniquement à la condition que la carte soit utilisée. Vous comprenez ? Si vous n'utilisez pas les cartes, notre part sera léonine. Sinon... beaucoup moins. Et je parle autant pour nous que pour les autochtones.

Il hocha la tête.

- Bien, vous avez maintenant compris que les finances de cette expédition m'ont obligé à porter bien des obligations. Comme dans n'importe quelle opération de ce genre. J'ai seulement usé de beaucoup de diplomatie pour être le plus libre possible. Je ne pourrais pas vous en dire beaucoup plus sans briser de nombreux contrats.

Y'a t'il d'autres questionnement ? Il reste de nombreuses choses à faire avant le départ, demain.



Voyons voyons mon jeune ami, vous croyez vraiment que les montagnes grandissent seules ?
 
 
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écrit le : Dimanche 20 Septembre 2020 à 23h50 par Schninkel
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Impassible aux compliments et loin de s’enorgueillir, la chasseresse resta pensive, la tête légèrement penchée, jugeant ses interlocuteurs. Réagissant tous à la perspective nouvelle, chacun émettait des opinions, remplissant le monde de leur idée et dévoilant ainsi leurs intentions. Elle avait appris à reconnaitre de nombreux archétypes, les cupides, les complotistes, les opportunistes, les ambitieux,… Alors avertie par une sorte d’instinct, elle décida qu’il lui faudrait être extrêmement méfiante envers certains d’entre eux.

A l’inverse, le barde Joinon s’avérait être probablement le plus digne de confiance. Elle le jaugea comme capable de sincérité. L’air sympa, boute-en-train, traversant les classes sociales avec facilité. Une cordiale amabilité qui faisait de lui le parfait émissaire auprès des peuplades d’Anchorome. De plus, chaque meute avait besoin d’un tel individu, pour servir d’intermédiaire entre les fortes têtes, pour gagner en cohésion. C’était aussi le moins à même de survivre seul en terres inexplorées. Farah en vint à penser qu’à l’avenir, afin de garantir la réussite de cette expédition, elle devrait certainement rester dans l’ombre du Nain.

La chasseresse resta songeuse, au fond de sa chaise, pesant les implications de ce qui était dit. Elle poursuivit ses réflexions, silencieusement, tentant de franchir mentalement les mers pour accéder à ses contrées inexplorées. Elle tentait de se projeter, d’anticiper. Le paramètre le plus hasardeux, malgré cet intensif mois d’entrainement, restait sans conteste, la traversée.

Son attention se raviva quand l’amiral se mit à évoquer les mystérieux investisseurs, les intérêts privés et surtout, ces étranges cartes aux pouvoirs innommables. Il était possible que le fruit de cette expédition devienne le sujet de nombreuses discordes. Il y avait de la tension dans l’air. On ne se connaissait pas. On se jaugeait. Cette entreprise devait commencer sur un fond de tensions, d’incertitudes, de préjugés et de méfiance mutuelle entre colons.

Elle reprit la parole d’un ton plus grave :


- Comme le dise les Uthgardts : « ou nous chassons ensemble, ou tu meurs seul. » Les perspectives pécuniaires n’auront d’importance que si nous parvenons à atteindre les côtes d’Anchorome.

Elle retourna son regard vert vif sur l’amiral Baelnar Longsouffle.

- Pour l'instant, plus de questions à vous soumettre, chef. Hâte d’être à demain.

Quant au sujet des cartes magiques, Farah secoua la tête pour indiquer que ça n’avait pas d’importance. Elle laissa ses compagnons choisir en premier.


 
 
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écrit le : Jeudi 24 Septembre 2020 à 15h49 par Joinon
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¤ Si nous parvenons à atteindre les côtes ? ¤ répéta silencieusement le barde alors qu'il observait avec grand intérêt les cartes préparées à leur intention.
Il frémit à l'idée de prendre la mer pour ne jamais en revenir.

Jusque-là, Joinon avait imaginé que le danger surviendrait sur terre, une fois arrivé en Anchorome. Jamais il n'avait encore considéré la traversée comme une épreuve en elle-même. Entouré de tous ces marins expérimentés, il n'avait pas pris le temps de douter de leur réussite, même face à ces fameux "monstres grands comme des baleines" qu'il avait alors considéré comme des fables de matafs.
A présent qu'il entendait Farah émettre avec une telle évidence la conjecture d'un naufrage, il ressentait la véritable portée de la mission pour laquelle il s'était engagé. Evidemment, la présence de deux "équipes" prenait alors tout son sens. Hors de question néanmoins de retourner en arrière. Ça non!


- Voyons Farah, n'allez pas imaginer le pire. Personne ne va mourir seul, déclara-t-il en délaissant les cartes enchantées. Ni ensemble d'ailleurs... Il déglutit. Nous pouvons avoir toute confiance en l'amiral. J'ai parcouru notre navire de long en large et laissez-moi vous dire qu'il est très... Il chercha un mot rassurant, très... grand ! Et notre équipage est, à n'en pas douter, le meilleur de tout Faerûn. Ou jamais cette expédition n'aurait trouvé autant de mécènes.

Joinon vint se placer auprès de Farah. Il leva une main comme s'il voulait la tranquilliser d'un geste rassurant mais se ravisa.
Jetant un oeil à Baelnar Longsouffle, le barde fut pris d'un doute énorme. Avait-il devant lui un navigateur émérite désireux de dévoiler l'un des derniers territoires inexplorés de Toril, ou n'était-il qu'un farfelu à la langue bien pendue et aux dangereuses obsessions?

N'en laissant rien paraître, il termina:

- Et nous sommes nous-mêmes des matelots de valeur ! Il ponctua sa phrase d'un geste d'entrain et d'un rire aussi hésitant que forcé tandis que son regard se portait bien malgré lui sur un Varnas avachi.



Malheureux le royaume qui n'a pas de héros.
 
 
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