Tous les chemins... [Brisétoile] (4)

Cinquième jour de la Griffe des Tempêtes, Année des Dragons Renégats.
(5 Tarkash 1373)

Lieu : Brisétoile
Temps : Froid
Moment : Milieu aprés-midi

MJ
Narration : Azur’ael

ifficile de savoir ce qu’avait pu vivre Ina aux mains d’Irulth… Nuls doutes que l’expérience n’avait rien eu de bien agréable et qu’elle chercherait rapidement à mettre tout cela derrière elle. La délicatesse avec laquelle elle fut approchée par l’enchanteresse n’était pas perdue. c’était une attention grandement apprécié… Cela semblait être le cas aux yeux de la Belle face à une Gardienne pâle, aux traits encore un peu tirés et au regard légèrement dérangeant…

La jeune femme s’apprêtait à lui répondre lorsqu’elle fut coupée par l’arrivée, relativement fracassante du Barde et de sa Pixie. Essoufflé, l’air paniqué, il venait de projeter une ombre inquiétante dans la chambre d’Ina. Cette dernière afficha un air étonné et vaguement inquiet face à une entrée aussi dramatique.


Narration : Lähmee

errant ses petites lèvres délicates, Mila semblait décidée à garder le silence pendant que son bien-aimé perdait peu à peu son sang-froid. Le carillon qu’il avait rapporté d’Outreterre se montra particulièrement efficace face à la porte de la Belle Enchanteresse même s’il ne trouva rien de bien intéressant dans sa chambre.

La pixie n’élabora pas plus les paroles qu’elle avait laissé échapper mais se pelotonna un peu plus dans le cou de son Barde lorsque ce dernier arriva en catastrophe devant la chambre d’Ina… Inutile d’utiliser le carillon, la porte était ouverte et sa Belle venait juste de finir de parler à la Gardienne alitée. Son entrée fut donc particulièrement dramatique alors que les deux femmes l’interrogeait clairement du regard, essayant de comprendre pourquoi il venait de débouler ici, visiblement paniqué…


Narration : Dinenda

ylianne avait l’esprit ouvert et bienveillant mais aussi d’un naturel curieux… Dinenda n’aurait pu être en de meilleures mains… Bien entendu sa récente transformation ne laisserait personne indifférent, le choc venant aussi des circonstances. Le Gardien n’avait pas été absent suffisamment longtemps pour pouvoir adoucir un tel changement, cela avait logiquement choqué les gens. Mais Brisétoile était une communauté bienveillante, permettant ainsi à Dinenda de là aussi s’habituer à ces nouveaux regards quine manqueraient pas de se poser sur lui.

Les espoirs qu’il avait initialement nourri envers la forgeronne n’étaient peut-être pas complètement perdus… Mais il faudrait immanquablement un temps d’adaptation pour tous. En attendant, l’Artisanne ne semblait pas rebutée par le Gardien, ce qui était plutôt bon signe. Elle afficha un sourire, lui laissant l’initiative des paroles mais aussi des gestes, ce qui montrait bien qu’elle avait toujours autant confiance en lui, peau écailleuse et crocs en sus… Même si son propre sourire faisait plus instinctivement peur...

-Tu donnes effectivement vie aux légendes.

Son regard pétilla et elle ne fit pas plus de commentaire sur les longues explications qu’il venait de lui donner comme s’il cherchait une forme de validation de sa part. Cela dit, elle ne sembla pas si mal à l’aise qu’il ne le pensait. Le terme plus exact aurait probablement été fascinée… Mais elle le laissa une nouvelle fois mener la danse et changer le sujet pour se focaliser à nouveau sur Dharasha… Cette dernière laissa filtrer son amusement jusqu’à l’esprit de son maître. La cooshee était intelligente et sentait bien ce qu’il se passait…

Kylianne finit d’ajuster la barde sur le molosse elfique avant que ce dernier ne fasse quelques pas dans l’atelier et ne s’ébroue violemment. Un intense sentiment de satisfaction et de confort émanait de l’esprit de Dharasha laissant supposer qu’elle était particulièrement satisfaite du travail de la forgeronne. Cette dernière laissa sa cliente à ses essayages avant de se rapprocher de son maître. Plongeant son regard dans le sien, demandant à ce qu’il lui fasse confiance, elle lui laissa le temps de réagir avant de poser la main sur ses yeux.

Temporairement aveuglé, le nez de Dinenda fut soudainement enveloppé par une délicate odeur printanière, un peu piquante, teintée des odeurs chaudes et métalliques de la forge, avant qu’il ne sente une douce pression sur l’une de ses joues, la caresse fugace d’une paire de lèvres…

-Réalité ou imagination… ?

La vue lui fut finalement rendue et le Gardien se retrouva face à face avec une espiègle Kylianne… Avant de presque lui tomber dans les bras lorsque Dharasha décida de le percuter juste derrière les genoux, non sans émettre un ricanement mental avant de prendre littéralement la fuite.


Narration : Kerlomar

tait-ce Haridian habitée par l’esprit de Mailikki ou cette dernière avait-elle emprunté ses traits le temps de la vision qu’elle était en train d’imposer à Kerlomar… ? Dans tous les cas le druide avait vu juste, sentant la présence et la puissance de sa déesse. Si elle était toujours dans son coeur, il n’avait jamais été aussi proche de cette dernière. L’expérience était à la fois exaltante, terrifiante et intimidante car jamais le druide ne s’était senti aussi humble…

La déesse vint elle aussi se poser sur une branche proche, posant un regard bienveillant sur son disciple. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait choisi les traits d’Haridian, elle voulait visiblement que le druide soit suffisamment à l’aise pour pouvoir librement s’exprimer. Elle n’était pas là pour susciter crainte et vénération chez l’un des siens mais plus pour répondre à son appel. Elle serait toujours là pour l’un de ses enfants.

La déesse ne répondit pas comme on s’était adressé à elle, à travers des mots mais Kerlomar sentit son esprit caressé par quelque chose de bien plus grand et puissant. Quelque chose qui aurait pu le terrifier si cela n’avait pas été si bienveillant à son égard, comme une mère surveillant l’un de ses enfants en train de faire ses premières armes. Le druide sentit plus qu’il n’entendit ses réponses…

Si Mailikki avait intercédé en quelque chose, ce n’avait été qu’en donnant la possibilité à Kerlomar d’aller jusqu’au bout de ses propres capacités. Ces fantastiques capacités de métamorphose n’étaient pas simplement un don de la Dame de la Foret, c’était aussi l’expression profonde du potentiel du druide. Une capacité naturelle à comprendre et se mêler à la faune, à ne faire qu’un avec la Nature.

Il sentit presque un sourire indulgent de la part de la déesse alors qu’Haridian était visiblement dans l’incapacité totale d’afficher ce type d’expression… Si Kerlomar suivait les préceptes de Mailikki, c’était de son propre grès, parce qu’ils s’approchaient de ce qu’il croyait personnellement. Et la Dame de la Foret respectait cela, cette indépendance. Elle n’attendait rien de plus que cette honnêteté chez ceux qui la suivaient… La déesse attendait seulement que le druide soit fidèle à ses convictions et son code de conduite.

Ce n’était pas une déesse qui imposait sa volonté, elle ne faisait que soutenir et épauler ceux qu’elle en estimait digne. Ce n’était pas une réponse directe quant à sa position au sein de la Confrérire mais Kerlomar put ressentir que Mailikki était fier de lui et du travail qu’il avait pu effectuer au service de la Nature… Et elle avait confiance en ses futurs choix...

Les yeux clos, Dinenda laissa son odorat prendre le relais. Les odeurs se mélangeaient dans son esprit et lui fallu un instant avant de pouvoir les identifier. La fumée du foyer de la forge fut la plus présente, puis vint l'odeur métallique de l'acier qui planait dans l'air et immédiatement après celle du cuir. Et vint celle légère et agréable de la belle elfe des bois. Dinenda se laissa submerger par cette odeur et bien évidemment il la partagea avec Dharasha. Où qu'il se trouve dans l'espace et le temps, la cosshe et lui reconnaîtraient cette odeur parmi toutes les autres. Kylianne n'en avait probablement pas conscience mais avec se geste elle venait de se livrer d'une façon qu'elle ne devait pas imaginer. Les sens draconiques de l'elfe-dragon étaient exacerbés par la privation de la vue et le doux baiser sur sa joue n'était pas une illusion. C'était de la magie. La plus pure et la plus puissante de toutes les magies qui se révélait à son être transit. Le puissant disciple draconien fut prit d'un irrésistible frisson. Puis tout son corps se mit à trembler. Il n'avait jamais tremblé devant l'ennemi, mais devant la forgeronne... il était désarmé.

Lorsque Kylianne lui rendit la vue, il garda ses yeux fermés pendant un petit moment. Comme pour garder à jamais cette douce sensation. Il tremblait encore lorsqu'il ouvrit ses yeux à l'iris doré et embrassa du regard ce doux visage qu'il n’oublierait jamais plus. Quoi qu'il arrive, Kylianne avait été la première à lui offrir un tel baiser. Pour beaucoup, ça ne représenterait probablement rien. Mais pour lui et compte tenu de son apparence actuelle, cela avait une portée qui dépassait la raison.

Oubliant ce qu'il était, il ne su que sourire. Elle l'acceptait comme il était et pour ce qu'il était, il n'y avait aucune raison de se cacher. Il sentit le poids de Dharasha se prendre dans le creux de ses genoux, l'obligeant à avancer d'un pas et il se rattrapa par réflexe à la belle Sae'Tel'Quess. Il sentit bien l'amusement de la cooshee qui vêtue de sa nouvelle barde prit ses pattes à son cou et fila sans demander son reste. Dinenda lui lança un regard amusé et revint tout suite à sa belle.



Il se mit à rire doucement, tout en laissant sa main sur l'épaule de Kylianne qui ne se débattit pas. Prenant sur lui, il avança encore d'un pas pour venir se placer juste devant la belle elfe. Il laissa glisser sa main le long du bras musclé de la forgeronne jusqu'à lui prendre la main. De l'autre, il monta doucement jusqu'à son visage et ne la quittant pas des yeux, il la posa délicatement sur sa joue en passant sous ses long cheveux.



N'osant pas approcher sa gueule garnie de crocs près de la bouche de sa belle de crainte qu'elle ne s'offusque de tant de hardiesse. Il ferma à nouveau ses yeux pour venir déposer un baiser dans le cou de l'elfe, il en profita pour s'enivrer encore une fois de cette délicieuse odeur. Il le fit avec toute la douceur et la délicatesse qu'il put. Puis, il plaça son front sur celui de Kylianne plongeant ses yeux dans les siens. Il l’enlaça de ses bras puissant, mais une grande précaution. Et il resta ainsi laissant le choix de la suite des événements à sa douce.

L'émoi le submergeait et il était empli de d'un violent et puissant désire. Tout cela était très nouveau pour lui. Mais c'était tellement bon. Il en avait souvent rêvé, mais la vie ne lui avait pas permis de ressentir réellement ce genre de sentiment. Il avait un très fort sentiment avec Dharashe, mais ça n'était aucunement comparable avec ce qu'il ressentait présentement. Il oubliait tout, seul comptait cet instant et tout son esprit était concentré sur ce moment fort.

La gardienne des mystères avait adopté la bonne démarche pour récréer un lien avec sa sœur gardienne dont la pâleur du visage révélait encore le traumatisme de ce qu'elle avait pu vivre dans les entrailles de la terre des drows. Ina était à deux doigts d'entrer en conversation avec elle. Mais c'était sans compter sans l'arrivée fracassante de son sauvageon de barde.

Les yeux émeraude de la lunaire se posèrent aussitôt sur ceux du barde pour comprendre ce qu'il l'avait piqué. Elle aperçut la petite fée sur son épaule. Son front se plissa pour exiger un peu de calme et de tenue face à une malade. Ce n'était pas malin de lui créer une angoisse quelconque après tout ce qu'elle avait vécu. Il fallait la préserver.

C'est pourquoi la belle ensorceleuse préféra dédramatiser la situation, en esquissant un léger sourire rassurant.

- Tu vois Ina comme je te l'avais dit, Lahmee nous rejoint telle une flèche dès qu'il a su que tu allais mieux. Il n'est pas venu seul d'ailleurs. Il est accompagné de notre belle amie de la Faerie. Tu pourras remarquer que notre conteur n'a rien perdu de son naturel et de son panache avec ses entrées fracassantes. Je te demande un petit instant. J'ai deux mots à lui dire et je ne veux pas te tracasser avec cela.

La gardienne attrapa la main de son sauvageon pour le mener dans le couloir. Sans la présence de la petite fée, elle lui aurait sans doute déposé un léger baiser sur les lèvres. C'est en chuchotant qu'elle lui demanda ce qu'il avait mis dans cet état. Son regard interrogea également la pixie. Elle n'était pas dupe que ce n'était pas du au réveil d'Ina.

Kerlomar avait des larmes qui coulaient le long de ses joues sans même qu'il s'en rende compte. S'il avait déjà pu ressentir la présence de la Dame des Forêt à ses côtés lors de prières ou de méditation particulière, là il s'agissait d'un honneur et d'un privilège sans nom. Surtout qu'il ressentait la fierté et les encouragements de la déesse alors même qu'il ne s'y attendait pas. Ainsi, le druide avait confirmation que ses choix et ses actes étaient validés par Maïlikki et sans même un mot, cette dernière venait de répondre à une des questions qu'il se posait depuis un moment, à savoir s'il devait quitter ou non la Confrérie des Gardiens Sylvestres afin de retourner en Cormanthor pour se joindre aux défenseurs et protecteurs de sa forêt natale. Mais avec ce tête à tête qui pouvait sembler irréel, il avait la réponse et celle-ci était désormais négative. La Confrérie était implantée dans la forêt et au pire, s'il n'était pas accepté par le seigneur de Mythdaë, il demanderait à être un intermédiaire entre la Confrérie et la cité de Brisétoile.

Durant ce tête à tête, Kerlomar perdit complètement la notion du temps qui s'écoulait. Il était dans une bulle dans laquelle rien ne pouvait lui arriver. Une bulle sacrée, divine pour un examen de conscience et des questions qui méritaient une interlocutrice bien plus sage que le commun des mortels pour l'aider dans ses réflexions

Kerlomar n'avait finalement plus de questions à poser, il voulait juste profiter de la présence de la divinité qu'il servait et vénérait. Aussi, malgré sa forme volatile, se mit il en position de méditation pour communier plus intimement avec elle.

Encore sous l’effet du sort de rapidité, le barde déboula dans la chambre d’Ina. Il lâcha un soupir de soulagement en voyant sa Belle toujours aussi belle et la druide déjà debout. Il chercha rapidement du regard Leth mais le faucon de la Ly’Aegisir ne semblait pas pointé le bout de son bec. Il détailla rapidement la druide en cherchant la broche des gardiens avant de reporter son attention sur la magnifique tenue de la lunaire. Il trouvait que l’une respiré la vie et l’autre la mort. Cette sensation étrange était sûrement normal vue ce que venait de traverser Ina. Cette dernière toute pale s’était quand même redresser très vite. Tout semblait alors normal alors pourquoi Mila avait dit ça ? Lähmee connaissait le tempérament joueur des pixies mais il devait y avoir autre chose. Le froncement de sourcil d’Azur alerta le barde qui répondit par un haussement des siens. Il la suivit un peu à l’écart tout en surveillant la druide. Il s’approcha doucement de l’oreille de l’ensorceleuse, une forte envie de lui mordiller se fit ressentir mais il lui chuchota :

- Désolé pour cette entrée mais Mila ma susurré à demi-mot que tu ne devrais pas rejoindre cette chambre. Je me doute que tu te sens à ta place ici vu mais j’ai senti comme un danger imminent je me suis peut-être emballé un peu trop vite, je suis encore un peu à cran.

Le barde prit le bras d’Azur et l’entraina à l’intérieur.

- C’est vrai que cette nouvelle m’a donner des ailes, tiens justement en parlant d’ailes, Ina, j’espère qu’il n’est rien arrivé à ton faucon, comment qu’il s’appelle déjà, Rhha c’est un peu comme un instrument de musique ha oui Luth c’est bien ça ?

Le barde avait eu envie de dire que le petit nom de son volatile était Loth mais le souvenir de la reine araignée pouvait choquer la druide encore fébrile. Il connaissait très bien le nom de son faucon Leth. Lähmee avait bien observer Dinenda et sa coshee et le druide avec sa chouette, il se doutait que les premières pensées de la druide seraient surement pour son compagnon qu'il soit vivant ou bien mort.

Cinquième jour de la Griffe des Tempêtes, Année des Dragons Renégats.
(5 Tarkash 1373)

Lieu : Brisétoile
Temps : Froid
Moment : Petit Matin

MJ
Narration : Azur'Ael et Lähmee

algré ses traits tirés, il était évident que la Gardienne était plutôt interloquée par la soudaine arrivée du barde mais, surtout, par la réaction de l'enchanteresse. Pour autant, les sens affutés des deux elfes notèrent un léger crispation de sa part lorsqu'il fut question d'un membre de faerie et que ses yeux finirent par trouver la petite pixie...

D'ailleurs, cette dernière sentant qu'elle avait été finalement démasquée malgré sa cachette dans le cou de son bien-aimé, se positionna avec une certaine défiance sur son épaule avant de tirer la langue à Ina... Cela ne tira pas de réaction visible de la part de la malade mais elle posa un regard blessé et hanté sur le Barde...


MJ
Narration : Dinenda

n dit souvent que la vie trouvera toujours un moyen de continuer.. Que quelque chose puisse naître du hasard d'une rencontre et que ce quelque chose parvienne à survivre malgré leurs récentes épreuves en disait long. Soit sur l'ouverture d'esprit de certains à moins que ce ne soit sur la force de leurs espoirs. Dans tous les cas, ce qui était en train de se tisser entre Dinenda et Kylianne était rare et donnait un peu l'impression que le destin cherchait à compenser ce qui était arrivé au Gardien Sylvestre...

Pendant un court instant, la belle elfe fut inquiète de sentir les tremblements sous sa main mai elle comprit rapidement qu'il ne s'agissait pas forcément d'un signe négatif... Que ce soit pour l'un que pour l'autre... Elle se contenta de délicatement lui caresser le bras, essayant de le rassurer et lui donnant le temps et la liberté de réagir comme il le désirait. Cela ne l'empêcha pas d'avoir un léger éclat de rire lorsque la cooshee sembla se mêler des affaires de son maître...

-Ton amie semble un avis à exprimer...

La forgeronne, bien qu'elle ne partage pas l'esprit du molosse elfique comme Dinenda, sentait bien que la créature était plus joueuse que réprobatrice par rapport à ce qui était en train de se passer entre eux. Le fait qu'elle n'ait pas plusieurs kilos de muscles sur le dos à lui grogner dessus était un indice en soit...

Dinenda n'eut aucun mal à sentir le frisson qui parcouru l'échine de l'elfe lorsqu'il vint déposer un baiser dans son cou... Et il n'était pas difficile de constater qu'il ne s'agissait pas d'une réaction dictée par le dégout ou la peur...

-A moins qu'elle ne veuille offrir ses services pour garder la forge ?



MJ
Narration : Kerlomar

l était rare de pouvoir expérimenter une telle paix et sérénité... Pourtant, perché sur sa branche, aux côtés de sa déesse, Kerlomar avait cet immense privilège. La sensation était assez déconcertante car, bien qu'elle ait conscience que Meilikki soit à ses côtés, sous les traints de sa bien-aimée chouette, il avait aussi l'impression d'être tenue en son sein. Un peu comme une mère tenant tendrement son enfant dans ses bras, le temps qu'il se repose...

Si Kerlomar pouvait sentir qu'elle veillait sur lui, ainsi que le fait qu'elle était fière de ses choix, il perçut aussi le fait qu'elle ne doutait pas qu'il parviendrait à trouver sa place auprès des Gardiens... Que ce soit à Thuldae même qu'en émissaire... Le principal était qu'il puisse continuer à faire ce en quoi il croyait et qui correspondait à sa nature profonde.

Il sentit aussi une immense satisfaction de sa part concernant le rôle qu'il avait joué dans les récents évènements et l'élimination de la menace qu'avait été l'illithid. Une satisfaction toutefois teintée d'un léger avertissement. Il n'y avait rien de précis en soit, mais cela faisait naître un écho dans son instinct, comme si quelque chose manquait, comme si tout n'était pas réellement fini. Un faux calme durant lequel il ne fallait pas baisser sa garde...

Loin des préoccupations des autres membre de son groupe, Dinenda était entièrement tourné sur le bonheur qu'il était en train de vivre. Kylianne était particulièrement réceptive à ses avances, à moins que ce ne soit lui qui le fut. Toujours fut-il que le désire qu'il ressentait devenait incontrôlable, et d'ailleurs il n'avait aucune envie de le contrôler. S'était étrange, ça ressemblait un peu à ce qu'il pouvait ressentir juste avant de se laisser aller à l'une de ses fameuse crise de rage où il abandonnait tout espèce de contrôle. C'était un peu identique, mais le plaisir en plus.

A la proposition de la forgeronne, Dinenda ria doucement. Demander à Dharasha de garder la forge était la rabaisser au rang de chien de garde et il y avait de très fortes chances que la cooshee refusa cet ordre. Mais Dinenda ne donna aucun ordre. Mentalement il lui demanda ce service et il vit revenir la coquine au petit trot.



Sur ces mots, il se laissa entraîner par la forgeronne dans sa demeure. L'endroit était très bien ordonné et assez coquet, mais pour tout dire même en désordre cela n'aurait guère intéressé le gardien des mystères. Toute son attention était tournée vers sa belle et belle elle l'était assurément. Dinenda ne lâcha pas la main qui l'avait conduit jusqu'ici. Il titra gentiment dessus pour ramener sa belle dans ses bras puissants. Il la serra doucement contre lui et l'embrassa dans son cou avant de remonter pour prendre possession de sa bouche. Ses mains se lançant à l'aveugle à la découverte de ce corps parfait. L'un et l'autre échangèrent nombre de caresses et de tendre baiser tout en commençant un effeuillage des plus sensuel. Mais avant qu'ils se mettent à nue l'un et l'autre, Dinenda prit la tête de Kylianne dans ses mains. Il posa son front contre le sien et lui murmura à l'oreille.

- Kylianne, ma toute douce, je me dois d'être complètement honnête vis-a-vis de toi. Je ne resterai malheureusement pas longtemps à Brisétoile. Notre mission pour les Gardiens Sylvestres n'est pas achevée. Ce soir, ou demain au plus tard, je pense que nous prendrons la route vers la Cité Blanche de Mythdaë. Et je ne sais quand je pourrai revenir te voir. Je voulais que tu le saches avant que nous n'allions plus loin.

L'elfe-dragon avait envie de lui crier qu'elle le suive à Thüldae, mais comment pouvait-il faire une telle demande, alors que lui aurait été bien incapable de quitter la Confrérie envers qui il s'était engagé. Sa famille des Gardiens méritait d'avoir son appui et il le leur devait. Nul n'était irremplaçable, mais dans la longue vie d'un elfe il était important de trouver sa place et lui avait trouvé la sienne. Pour autant, son cœur aurait sa place auprès de la Sae'Tel'Quess et ce déchirement l'amènerait probablement à revenir la voir, à moins... A moins que cela ne soit trop dur et qu'il ne se décide à venir vivre à Brisétoile. L'espace d'un instant, il se voyait dans son moulin au bord du Ruban d'Argent avec Dharasha, Tasia et Kylianne. Une vision éphémère et fuyante, qui lui fit prendre conscience de son côté individualiste. En quoi son « monde » devait-il tourner autour de lui ?

Dinenda ne savait pas grand chose de l'amour, mais ce terrain inconnu semblait à la foi une source de curiosité dévorante, une aventure qui le porterait au firmament du bonheur et de la plénitude et la promesse déchirements et de souffrances. Et pour l'heure, il était suspendu aux lèvres fines et parfaitement dessinées de sa bien-aimée. Ce rêve éveillé allait-il s'achever ici, ou se poursuivre pour le meilleur ou pour le pire.

Ina était assise sur son lit à regarder dans le vague à travers la fenêtre. La chambre au mobilier succinct lui faisait se sentir chez elle grâce à la vue que la fenêtre lui offrait. Chez elle, enfin chez elle. Après toutes ces aventures sombres elle se trouvait parmi les siens. Le soulagement aurait dû se lire sur son visage pourtant la mélancolie et la fatigue avaient encore le dessus. Elle était irrémédiablement seul dans cette pièce, sans sa compagne de toujours.

Azur, son amie de longue date parmi les gardiens venait lui rendre visite. Elle esquissa un sourire fugace éclaira son visage fermé alors que cette si belle personne venait prendre de ses nouvelles. Elle annonçait même l’arrivée imminente d’autres membres de la confrérie tant aimée dont celui avec lequel elle aurait dû partir en mission. Il ne se fit d’ailleurs pas prier pour faire une entrée fracassante avec une petite créature lovée dans son coup.

La remarque sur la promptitude du sauvageon d’Azur’ael remis un sourire timide sur le visage de l’humaine qui n’avait pas encore parlé. Ina connaissait la relation entre ces deux personnes et était toujours soulagé de les voir ensemble.

Pourtant, une question fusa dans l’air comme un coup de fouet sur une plaie encore ouverte. L’histoire ne disait pas encore ce qui était arrivé à sa compagne volatile. En l’état actuel des choses elle devait surement être la seul à le savoir dans la pièce. Ce qui était étrange c’était qu’un conteur aussi grand que Lahmee ne se souvienne pas du nom d’une personne de son entourage. Pour Ina Leth était comme une personne. Sa compagne de tous les jours depuis si longtemps qu’elle en avait perdu le compte. Il serait étonnant de la part de conteur qu’il en soit autrement vue sa relation avec la faune.

Le regard qu’elle posa sur le barde à ce moment en dirait, elle l’espérait suffisamment long sur la situation de sa compagne. Ne pas mettre de mots sur cet évènement l’aidait à garder un semblant de contenance pour le moment. La langue de la Pixie d’un autre coté aurait eu un effet comique si la situation dans son cœur n’était pas si difficile.

Alors qu’elle sentait ses émotions ressurgir, elle sentit couler une larme sur sa joue qu’elle s’empressa d’essuyer avant que quelqu’un ne le remarque. Elle se devait de rester forte en toute circonstances. En tant que Lyaegisir des gardiens des feuilles, le cycle de la vie était une inconditionnelle bénédiction qu’il fallait embrasser sans retenue.

D’une voix éraillée et faible, elle interpella ses deux amis.

-Lahmee, si tu veux bien je préfère ne pas trop aborder le sujet pour le moment. Tu ne me fera pourtant pas croire que tu as oublié son nom, petit farceur. Cette aventure m’a secouée, mais j’ai toute ma tête. Leth me manque terriblement, comme si pour toi, Azur’ael n’était plus avec nous.

Ina tenta alors de se lever, tremblant et se tenant comme elle pouvait sur ses deux maigres jambes.

-Ma joie de vous revoir tous les deux et d’être enfin de retour chez moi se manifestera pleinement quand j’aurais eu le temps de faire mon deuil et mon devoir. Les dangers qui nous menacent sont proches. Très proches, je dois m’entretenir avec le conseil aussi vite que possible maintenant que je suis réveillée.

Disant cela, elle tituba et perdit l’équilibre vers l’avant, s’agrippant à l’épaule de Lahmee pour se maintenir debout. Elle planta son regard plein de détermination dans les yeux de son ami sauvage.

-J’aurais peut-être besoin d’un bâton pour marcher pendant quelques temps…

La gardienne des mystères esquissa un sourire en entendant les premiers mots prononcés par la druide qui s'était pour l'instant montrée très silencieuse. Il faut avouer qu'on ne lui avait pas beaucoup laissé le temps de s'exprimer.

La remarque de la gardienne des Feuilles était en effet très pertinente. Comment se faisait il qu'il avait pu oublier le nom du compagnon animal de la druide, qui était comme une âme sœur. Son sauvageon manquait certes un peu de sagesse, fou fou comme il est, mais il était loin d'être stupide.

Et comme un éclair de génie, la belle comprit où il voulait en venir. C'était une question test pour vérifier que la vraie Ina se tenait devant eux.

Dans le passé, elle avait été dupée par une démon fey qui avait pris l'apparence de l'une des leurs. Elle avait failli y perdre la vie par ce stratagème. Un adversaire redoutable !

Le contrôle de l'esprit comme celui qu'exerçait le flagellateur mental était également une arme sournoise pour tromper l'adversaire. La magie qu'il avait employée était encore un mystère pour la gardienne. Il fallait donc se montrer prudent car un résiduel de ce contrôle ou de magie pouvait encore persister.

La druide avait prononcé le vrai nom de son compagnon volant. Rassurant ! Mais pas totalement. La petite fée, certes d'une race un peu espiègle, ne se serait pas amusée à pousser Lahmee à se précipiter au secours de sa belle. Sans compter sa jalousie ! Non, il y avait une vraie raison à cela.

La gardienne changea de masque sur son visage, empruntant celui du sérieux. Elle attaqua franc jeu.

- Ina, tu as raison. Lahmee n'a pas oublié le nom de ton compagnon. C'était un test. S'il est venu aussi vite jusqu'à moi, c'est parce Mina l'a averti que je pourrais encourir un danger en ta présence. Je sais que tu n'aimes pas la langue de bois, alors je suis directe avec toi. Je te le dois. Peut être que Mina pourrait maintenant nous expliquer ce qu'il en est.

Rassurer d’avoir à faire à la bonne personne, Lähmee se relâcha. Il était si heureux qu’elle est toute sa tête qu’il avait envie de prendre la druide dans ses bras. Il avait peur de la casser comme une brindille, elle semblait encore trop faible. Immédiatement le barde perçut son profond chagrin. Il avait pensé un instant que Leth avait pu s’envoler, s’échapper ou fuir mais Ina semblait ne pas aller dans ce sens.

Ina semblait attirer par la fenêtre, le sauvageon comprit et alla l’ouvrir pour faire rentrer de l’air pur. Une fois cela fait, le barde se retournant pour se rendre à son chevet, la druide se tenait déjà debout. Il la vit vaciller, elle allait s’étaler de tout son long. Une chance que la barde était encore sous le sort de rapidité, il s’approcha d’elle si vite qu’elle put se raccrocher à son épaule pour ne pas chuter, ses quilles ne la soutenait même plus. Il est vrai que la Ly’Aegisir ne ressemblait plus vraiment à une druide, elle n’avait plus son familier et même plus un bon bâton pour la soutenir pourtant le sauvageon lorsqu’il plongea dans son regard senti une détermination sans faille. Il l’accompagna au bord de la fenêtre, elle semblait vouloir s’y rendre. Son petit stratagème démasquer, il respecta le fait de ne plus lui parler de Leth, il reprit :

- Je serais ce bâton, Ina en attendant que tu retrouves tes forces ! Il me semble que je te dois la vie, non ? Mais avant peux-tu nous dire de quels dangers tu parles ? J’ai arraché moi-même la trachée de ce monstre de mes dents !

Le barde eut un haut le cœur à l’évocation de ce souvenir encore trop frais. Il se tourna vers Azur qui attendait la réponse de la pixie. Il s‘adressa à sa Belle d’un ton amusé afin de contrebalancer l’air toujours aussi sérieux que la lunaire affichait et qui ne devait pas plaire à la fée qui venait en plus de se faire écorcher son petit nom :

- Milllllla c’est Mila comme Lähmee mais à l’envers, pas Mina ! je vois que je ne suis pas le seul à me tromper sur les prénoms !