La Folie du Géant

Que la majorité se trompe ou pas, la situation ne permettait pas la moindre forme d'epistocratie. Sans réellement montrer son avis, la magicienne suivi le groupe. Elle montrait cependant un réel soulagement à abandonner le théâtre de bataille. Écoutant ses compères, elle avait déjà sorti un parchemin vierge et ébauchait une missive avec un charbon fin. Peu lui importait que sa voix porte, on ne pourrait pas lui reprocher l'inaction diplomatique. Dès qu'elle le pourrait, Suzail, Marsembre et Etincelaube en recevrait une copie. Ainsi que Port-Ponant et Teziir si elle ne s'y rendait pas elle même.

Quand Virgile posa la question de la flamme, elle dit, sans lever les yeux :

- Le grégeois est probablement ce qu'on fait de mieux pour enflammer n'importe quoi, mais un navire reste un navire. Les marins disent qu'il est à moitié fait d'eau. J'imagine que celui ci est en frêne ou en chêne, dit elle en levant les yeux vers le tavernier. Le bois est imputrescible et est suffisamment épais pour ne pas pourrir, mais il est plein d'eau vu depuis le temps qu'il est en cale. Au moins, ça va prévenir tout le monde à quelques dizaines de lieues à la ronde, plus de fumée que de feu. Mon père m'a raconté qu'une galère cormyrienne avait été incendiée pendant la guerre contre la Horde, mais le bois était probablement plus sec.

Elle enroula la missive autour de son doigt, elle manquait des fioritures nécessaires. Cela attendrait. Et puis, le rapport au Conclave devait partir avant. Elle releva la tête après avoir rangé le parchemin :

- Virgile, si je dois reprendre la discussion que nous avions avant que tout cela se produise, peut-être êtes vous une partie de tout cela, même si vous ne le savez pas encore. La sérénité ne vous pousserais pas à prendre les devants d'un destin qui pourrait se retourner contre vous avec une violence carnassière ? Vous ne savez pas vraiment quel chemin vous cherchez. Peut-être devriez vous suivre celui ci.

Lorindol, j'ai peu d'informations. Mais les rares que j'ai réussi à glaner me pousse à croire que l'excitation des Astoriens et des Masques pourrait être lié à la Dracorage. La Rage nous concerne tous, Quessir. Elle concerne encore plus les savants que nous sommes, et peut-être plus encore les descendants des eladrins dont vous faites partie. Eternelle-Rencontre ou Evereska ne sont certainement pas responsable, mais je sais quelle importance et quel sentiment de propriété peuvent ressentir les elfes pour les anciens mythal. Celui ci n'échappe pas à la règle. La guerre entre les elfes et les dragons est terminée depuis des éons, mais ses conséquences risque de faire des millions de morts. Un seul dracosire peut dévaster une cité, vous le savez vous l'avez au moins lu, moi je l'ai vu de mes propres yeux. Nous sommes tous concernés, mais peut-être le passé veut il dire quelque chose aux elfes concernant les vieilles querelles.

Elle s'arrêta un instant, son ton n'était pas accusateurs, elle visait seulement à indiquer que la voie était peut-être toute tracée.

- Et de toute façon, je doute qu'aucun d'entre nous soit en mesure de trouver une meilleure histoire à raconter au coin du feu que celle que nous avons ici.

- Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien, répondit Virgile à l'attention de Sabetha.
C'est un fait, j'ignore ce que le destin me réserve. Par contre, je sais exactement quel chemin je cherche : celui qui m'éloignera le plus de cet état d'ignorance.
Mais je dois admettre que la voie à suivre n'est pas toujours bien indiquée. Ainsi, je ne suis pas contre vous suivre, rajouta-t-il à l'intention de la magicienne

Quitter les lieux semblaient être la meilleur option, à la remarque de virgile sur sa trouvaille le mage lui signifia rapidement que l'objet serais analyser dès qu'un moment de calme se profilerait.

Les mots de Sabetha sur la Dracorage attira son attention, les gardiens sylvestres l'avait charger de glaner ici et là des informations sur celle-ci, la rencontre avec ses nouveaux compagnons tombait finalement au mieux.

Le mage ne put cependant cacher son trouble devant les mots de Mythal, ses yeux devenant sombre et triste, les souvenirs encore frais de son amis perdus retournant le cœur du mage.

- Marchons et quittons ce lieu au plus vite -

Arakh accompagna la troupe à bonne distance de la taverne. Chacun des honorables membres de celle ci faisant bien peu cas du rôdeur et de son avis, il s'était assis sur une souche à quelques mètres. Sa nouvelle dague en main, il en éprouvait le tranchant tout en prêtant une oreille distraite aux discussions.

¤ Reddansyr... Un bled paumé... Mais le seul qu'on pourra atteindre avant la nuit. ¤

Ses pensées le ramenait à ses récentes pérégrinations dans la région. Ses pas étaient habituellement guidés par des mobiles très simples, sans commune mesure avec la trame qui émergeait du maelstrom qui s'était abattu sur ses épaules. Bien sur, cette nouvelle voie faisait naître un sentiment d'inquiétude. Et dans le même temps, sans qu'il n'en comprenne la raison, il s'y sentait irrésistiblement attiré


¤ Te prend pas la tête mon gars ! Si ça devient trop le merdier, tu pourras toujours t'esquiver ¤

Quand se compagnons se mirent en route, en direction de Reddansyr, il se leva à son tour, glissa la dague dans l'un des fourreaux et leur emboîta le pas. Il connaissait plutôt bien la région. Accélérant sa marche, il rejoignit Lorindol pour lui indiquer qu'il allait prendre les devants et leur servir d'éclaireur. Une fois le groupe dans son sillage, à bonne distance, il adopta un pas silencieux attentif aux bruits et signes de la nature environnante.

es compagnons se mirent en marche. Le prêtre de Kelemvor, trois clients, le dernier membre de la réunion, le tavernier et les quatre compères. Les dix formaient une petite troupe qui pour sur avait de quoi impressionner, questionner aussi. Certains détrempés, un autre elfe, tous armés.
Ils n'auraient que peu à craindre en plein jour, même de ces hommes-araignées, qui au demeurant se remettaient difficilement de la tempête de grêlons.

Le tavernier se tourna vers Lorindol.

Orlack Mantis

- Une belle peine, oui. Si j'avais su comment tournerait cette réunion grassement payée... Je n'avais pas idée des détails, et je n'ai pas voulu fouiller. Vous savez, c'est la Côte des Dragons, on apprend à ne pas trop regarder. -------------------- Propriétaire malheureux de la Folie du Géant

Puis vers le couple Sabetha - Virgile :

Orlack Mantis

- La taverne est en chêne, elle ne brûlera pas avec leurs misérables petites fioles grégeoises. Ils brûleront les preuves sans doute, mais pas la structure. Ah ! Quelle peine ! J’espère que mes bouteilles survivront ! Et ma caisse ! - J'ai un coin à moi dans la taverne pour... les fins difficiles. Mais ma maison est a Reddansyr. Ces gens étaient bien renseignés, m'est avis de ne pas y remettre les pieds avant un moment. -------------------- Propriétaire malheureux de la Folie du Géant

La route défila, tout au plus croisèrent-ils quatre caravanes marchandes accompagnées de leurs usuelles escortes, et un groupe à cheval, aventuriers fortunés ou gardes empressés, ils les doublèrent en direction de Reddansyr, et passèrent sans demander leur reste.

Les premières cultures de Reddansyr apparurent rapidement.
Village de six cent âmes pour cent cinquante édifices, il n’était pas fortifié, et n'en avait jamais eu le besoin. Passées les premières fermes, éparses, le cœur du village prenait forme avec une grosse centaine de bâtiments. Le seul qui fut de pierre était l’entrepôt, située au centre du village, jouxtant la place centrale, son puits et son auberge du "Chemin Faisant". Les autres bâtiments, habitations pour la plupart, quelques échoppes, le temple d'Oghma, les halles, la caserne, et le bâtiment communal - qui servait autant de théâtre, que de mairie - étaient fait de bois ou de pisé.

La vie suivait son cours en ce milieu de mi-jour. Les champs étaient encore garnis de travailleurs, les échoppes, dont un forgeron et un tanneur, ouvertes, et plusieurs gaillards à proximité de charriots garés aux abords de l’entrepôt.

- J'imagine qu'il va vous falloir annoncer la mauvaise nouvelle aux autorités du coin Orlack ? La fermeture temporaire de la Folie risque de réduire le passage.

Il y avait longtemps qu'elle n'avait autant voyagé, et c'était la première fois depuis son départ de Lunargent qu'une montagne ne s'élevait pas à son horizon. Elle regardait, pensive, les mouettes qui volaient au dessus du village, suffisamment proche de la mer pour que ces grands échalas volants vinssent prendre leur rations dans les restes des humains. Cela étant, à part la faune locale, elle notait que toutes les campagnes se ressemblaient. Calmes, industrieuses et peu au fait des évènements qui pourraient leur tomber dessus à tout moment. En l’occurrence, une brigade de demi-vampires particulièrement hargneux.

Elle se demanda ce qu'un temple de l'Avisé faisait dans un si petit village, mais après tout, le savoir était partout aussi. Les oghmites pourraient lui être d'une quelconque aide dans les moments à venir, ceux ci avaient peut-être plus d'informations sur les masques et les astoriens.

Mais pour le moment, il fallait trouver où dormir, et probablement quelques gros bras pour assurer la sécurité des lieux.

- Y'a t'il une auberge dans le village ? Et peut-être devrions nous également passer à la caserne.

Reddansyr n'était qu'une très modeste bourgade de campagne au yeux de Lorindol. Sans être un stratège, le mage ne pensait pas que le lieu soit susceptible d’être en capacité de soutenir un assaut d'adversaires bien motivés. Il espérait tout juste y trouver le repos nécessaire pour une rêverie réparatrice.

La force armée locale ne devait pas être plus musclée qu'une milice rurale se disait il.

Sabetha était déjà entrain de mener la troupe, questionnant Orlack sur les autorités locales. Le mage appréciait les gens volontaires, cherchant volontairement à ne plus être le leader d'un groupe au vue de sa dernière aventure...

- Une auberge, j’espère bien ! car je suis fourbu. -

¤ Prendre l'ascendant sur le cours des événements en tendant une embuscade serait plus dangereux qu'aller dormir dans la seule auberge à des lieues à la ronde, et donc se rendre à l'endroit le plus probable où les Masques viendront nous chercher ?
Nous serons vite fixé, mais j'aurai dormi plus sereinement dans mon sac de couchage en pleine nature qu'au « Chemin Faisant » ¤

Gardant ses réflexions pour lui, Virgle suivi docilement le groupe. Après tout, c'est la logique même des Hommes qu'il avait le plus de mal à cerner, il s'abstint donc d'influencer davantage ses compagnons. Et chemin faisant, il s'essaya a des pronostics sur la suite des événements, tentant d'anticiper les actions de chacun. Il confronterai ensuite ses réflexions avec les événements de la fin de journée, et essayerai d'en tirer des conclusions. Il n'était pas encore très doué, mais prenait plaisir à cet exercice mental.

Voyant que les deux mages s'empressaient de trouver où passer la nuit afin de pouvoir récupérer et user à nouveau de leur magie, Virgile s'enquit des prochaines actions d'un membre en particulier de leur troupe.

- Et vous, qu'allez vous faire maintenant ? demanda-t-il au membre rescapé de la réunion.
J'imagine la situation peu courante, mais avez-vous avec votre guilde une marche à suivre lors de tels événements ? Si un autre membre de la réunion a réussi à s'échapper, où vous donneriez vous rendez-vous ?

Le moine n'avais visiblement pas encore envie d'aller se coucher. S'il y avait quelque chose a faire avant d'aller à l'auberge, il voulait en être. D'ailleurs s'il dormait au Chemin Faisant, ce ne serait peut être pas dans une des chambres, mais d'un endroit où il pourrait surveiller les toits..

Le calme qui s'étalait paisiblement sur le village ne manquait pas de saveur...Et contrastait nettement avec les péripéties du début de journée

¤ M'est avis que ça va pas durer ¤

Si l'absence du moindre dispositif de défense, sans être une surprise, était une source inquiétude. Le fait que ce village ait tant de ressemblance avec un tas de paille et de brindille prêt à flamber, était en fait un problème certain

¤ QUelques flasques de feu grégois... et toute cette merde puante se transformera en brasier...Sauf... ¤ Le regard d'Arakh embrassa la place centrale ¤ Sauf ce puit, et cet entrepôt...¤ Se retournant vers Sabetha et Lorindol, il énonça désinvolte

-" Vous pouvez m'garder une p'tite place . J'fais aller jeter un oeil dans le coin" Désignant le bâtiment en pierre, il ajouta - " Si ces enflures ont décidé de finir le travail... Que leur cible soit nous ou cette guilde de mes deux... Faut qu'on s'trouve des murs solides derrières lesquels s'abriter. J'en ai pas pour long, je vous retrouve au plus vite, vous et cette bonne bière qui n'attend que moi"


Sur cette délicieuse conclusion, le rôdeur se dirigea vers l'entrée de l'entrepôt où quelques hommes accompagnaient les chariots de transport. S'il chercha d'abord à identifier quelle marchandise transitait içi, il se concentra rapidement sur les bonhommes qui semblait le fixer

- " Hey les gars, j'ai une salle tête c'est ça ? J'dois vous avouer que j'suis complément d'accord. Avec le foutoir qu'on vient de vivre il y a quelques heures... j'suis déjà content que celle çi soit encore sur mes épaules " Arakh compléta sa tirade avec un sourire, avant de poursuivre - " Qu'est ce que vous faîtes là en fait ? Vous pouvez m'dire si y a moyen de jeter un oeil à l'intérieur ? "

e débarquement de gros bras sur la place du village ne passa pas tout à fait inaperçu. Les gaillards de l’entrepôt levèrent les yeux de leurs choux, oignons, et kiwi. Quelque badauds prirent leur pause, curieux de voir le déroulement de la situation.
Les aventuriers n’étaient pas rares ici bas, mais Orlack n’était pas inconnu, et quand les groupes faisaient généralement trois, quatre voire cinq personnages, ce n’était pas moins du double qui trônait sur la place centrale.

Orlack Mantis

- Je vais de ce pas au bâtiment communal porter les nouvelles. Je doute que la garde du village soit assez fournie et assez compétente pour arrêter des assassins de cette trempe, et ceci sans la moindre fortification. Mais les décisions ne me reviennent pas dans ce cas, et heureusement. Encore faut-il qu'ils décident de passer à l'attaque en public une seconde fois - et à ce titre, je doute que l'on soit vraiment les bienvenus ici. - L'auberge du Chemin faisant est devant vous, elle est confortable, avec cinq chambres et deux dortoirs. Quant à la caserne, je laisserais ce plaisir au bourgmestre. S'il ne nous fout pas dehors, probablement que vos informations sur nos opposants seront écoutées. - Les prêtres d'Oghma sont sûrement le meilleur rempart, s'ils ne se sont pas encroûtés sur leur bibliothèque. -------------------- Propriétaire malheureux de la Folie du Géant

Cette remarque lui valu un demi-sourire du prêtre de Kelemvor, qui d'après son attitude comptait le suivre auprès du bourgmestre. Il se prépara alors à rejoindre le-dit bâtiment.

Le dernier membre de la réunion, affaibli, regarda Virgile sans grande conviction.

- Je pense être le dernier debout de la réunion, et la prochaine nuit de sommeil que je pourrais prendre sera dans les locaux de la guilde. Il fit une courte pause. Je vais déjà me soigner, je sens que cette foutue brume m'a drainé tout mon énergie, une abeille me mettrait hors combat. Demain à la première heure, je serai sur un cheval direction Teziir.

Arakh quant à lui s'approcha des fermiers, qui froncèrent les sourcils. Une telle introduction n'avait rien de commun.

- Tant qu'ma tête reste sur m'sépaules et celles des voisins sur leurs... Il ne finit pas sa phrase, mais il n'y avait que peu de doute sur l’intérêt qu'il portait aux têtes et épaules des aventuriers de passage. "On décharge la récolte, s'y voyez. Là, les oignons" dit-il en pointant les choux, puis il rajouta, en montrant les oignons : "là, les choux."

Un troisième chariot transportait un fruit peu commun, gros comme une petite pomme, velu, et d'un vert-marron peu ragoutant. Le fermier ne prit pas la peine de faire les présentations avec ce troisième spécimen. Les deux autres fermiers avaient fait plusieurs aller-retour dans l’entrepôt, brossant les oignons avant de les charger dans des sacs de jute jusqu'à atteindre le poids adéquat. Ils comptaient les sac en empilant sur le côté du chariot, un oignon pour chaque sac ainsi stockés.

Un courant d'air froid tout ce qu'il y avait de pas naturel se déversait de la porte ouverte de l’entrepôt. L'air suspicieux, le même fermier lança dans un air de défi :

- Et vous s'attendez à voir quoi dans l’entrepôt ? Si voulez aider à compter les choux, vous s'aurez tout loisir d'contempler.