Aventure forestière, Episode 1

Guère intimidé par la créature planaire qu'il venait d'avaler comme une tartamain —une spécialité locale de Tantras—, le tendriculaire continua pourtant son recul. C'en était trop pour lui, au grand soulagement du prêtre. Celui-ci avait vu la mort de près, n'eussent été le Pouvoir de Torm et le soutien de ses camarades. Remerciant silencieusement son dieu pour la faveur qu'il lui avait accordée, Thojan pensa à sa mission:

¤ J'ai été trop téméraire en me jetant sur ce monstre; j'aurais pu périr et échouer dans ma quête. Je dois être plus prudent, trouver la raison pour laquelle le Culte veut ce champignon, et les empêcher d'en tirer profit. ¤

Fort de cette résolution, il reporta son attention vers ses alliés, dont Lyn qu'il savait blessée —sans doute tout autant que lui—, et eut la bonne surprise de voir que Stor avait pu récupérer son épée. Elle flottait dans sa direction, portée par la télékinésie du barde. Malgré la douleur, le Tormtar sourit sous son casque et l'attrapa en l'air, avant de marcher péniblement pour continuer à s'éloigner de leur adversaire. Il rengaina son arme et geignit; tout son corps lui faisait mal.

– Grand merci, Maître Stor ! dit-il avec sincérité. Regardant la barbare, il proposa: "Je peux nous soigner, si vous le souhaitez. Je dois préserver mon pouvoir pour faire face au spectre, mais la moindre des choses est de stopper vos hémorragies."

Thojan fit appel à l'énergie divine que le Vrai Dieu lui avait accordé, et la canalisa vers son corps blessé. Il avait été meurtri à plusieurs endroits, mais son flanc était le plus gravement touché. Dans le feu de l'action, il n'avait pas fait attention à la magie druidique qu'avait employée Sève, mais sa protection avait été toute relative: c'était son sang qui coulait sous son armure, et celle-ci était endommagée.

– Gracia Torm, curatus sum !

Guidé par la courte prière, et porté par le chant qu'entonnait Stor à son tour, le flux d'énergie positive qui se déversa de ses mains traversa son armure et passa ses vêtements trempés. Agissant depuis l'intérieur du corps, il scella les veines et artères, recolla les tissus déchirés et les purgea vers l'extérieur. Le processus n'était pas sans douleur, mais tiraillait, plus qu'il ne consumait. Vu l'ampleur de sa blessure, il en eut le souffle coupé pendant un bref instant, puis sa respiration revint, moins douloureuse qu'avant. Si seulement il avait passé plus de temps à étudier la magie guérison, Thojan savait qu'il aurait pu faire mieux, en contrôlant plus précisément le sort. Mais il n'avait ni le savoir ni le temps de s'améliorer, pour le moment. Ses plaies étaient refermées, mais sa peau et son abdomen resteraient à vif, lui décernant certainement une nouvelle cicatrice. Il savait d'expérience que seuls des soins magiques accordés en suffisance auraient pu l'empêcher. Et il se devait de garder de la puissance en réserve s'ils devaient faire face à un mort-vivant meurtrier...

Remarquant que le barde soignait la barbare, il garda un œil sur le monstre qui avait failli être sa perte. Celui-ci disparaissait dans le couvert végétal.

– Éloignons-nous de cette chose. Dans quelles directions allaient les dernières traces de la piste ? J'ai du mal à discerner des traces de lutte, ou quoi que ce soit, d'ailleurs, dans cette forêt. Peut-être les hommes que nous pistons ont-ils eux aussi affronté cette créature ? Vu qu'elle semble avaler tout ce qu'elle attrape, cela paraît difficile à vérifier, mais à mon goût, elle avait encore faim... Qu'en dites-vous ?

Thojan sacrifie Injonction en Soins légers et se soigne de 1d8+2+3 (bonus plafonné de l'hymne de guérison) PV +bonus. Message édité pour bénéficier de l'hymne de guérison.



Ce message a été modifié par Thojan le Dimanche 20 Octobre 2019 à 19h19

La pluie faisait partie des aléas des missions extérieures, et Nibor ne connaissait pas d'autre type de mission. Cela ne l'empêchait pas de souhaiter que celle-ci cesse, afin de faire sécher ses affaires. Il n'était jamais agréable de marcher dans des vêtements détrempés.

Mais pour l'instant, d'autres détails occupaient les pensées du jeune barbare... Un chant ? ¤ Qu'est-ce que ..? Qui chanterait ici sous la pluie ? ¤
Mais un instant plus tard, des bruits de chocs, des exclamations qu'il ne put comprendre, un combat ?

Prudent, il s'avança et pu observer la scène. Il n'avait jamais encore croisé de tendriculaire, et cette vision le figea quelques secondes, le temps qu'il assimile que c'était effectivement une plante carnivore douée de déplacement. Depuis quand une plante n'avait-elle pas ses racines bien ancrées dans la terre ? Mais cela ne l'étonna qu'un court instant. Après tout, il avait entendu tant et tant de choses qui parlaient de créatures étranges, même s'il n'avait été lui même témoin que de quelques rares d'entre elles.

Néanmoins... La perpective de ce genre de ¤ Bestiole ? Truc ? Plante ?...¤ dans les environs, potentiellement difficiles à repérer avec cette pluie qui n'en finissait pas, ne le rassura pas. Et l'instant d'après, son attention fut reportée sur le groupe qui venait d'affronter la chose.

Ils ne l'avaient manifestement pas encore repéré. Tant mieux, a priori, se dit-il. Il essaya de les juger, autant que possible avec cette flotte qui brouillait les détails. Pas évident, pas de signe distinctif. Cinq, dont un demi qui semblait être le chanteur. Ami ou ennemi ? Nibor ne parvenait pas à comprendre ce qu'ils disaient. Et puis flûte, continuer seul dans ces conditions serait tout aussi risque que de se présenter à des inconnus. Il s'avança donc au découvert, non sans un dernier regard derrière lui et sur ses côtés.

Et alors qu'il faisait ses premiers pas dans leur direction, il vit l'un d'eux, qu'il avait pris pour un combattant, ni plus ni moins sous son armure lourde, sembler faire appel à la magie pour, vraisemblablement, soulager les conséquences de la lutte qui venait de prendre fin. Aucun d'entre eux n'était étendu au sol, mais le combat avait néanmoins dû être intense.
Quelque pas de plus, et Nibor les interpella, la main droite en l'air pour leur faire signe.

- Holà ! Bonjour ! Je vous ai entendu de plus loin, là-bas, dit-il en faisant un signe derrière, tout va bien ? Avez-vous besoin d'aide ?

Pragmatique, la première chose que disait Nibor était rarement son nom. D'autre part, à moins de contre-indication visible, il était souvent prompt à proposer son aide. Il serait tout aussi prompt à réévaluer sa proposition en fonction de ses interlocuteurs, mais une bonne rencontre commençait plus souvent par de la courtoisie plutôt que par de l'hostilité.

S'en était fini. La créature avait compris que leur groupe n'abandonnerait aucun des leurs. Elle dû donc renoncer à ouvrir la boite de conserve pour en vider le contenu dans son estomac, eût-elle un estomac. A dire vrai la sylvestre n'en savait rien et cette question ne lui paraissait pas d'être prioritaire. Une toute autre question la tenait, ils s'en étaient sortis sans trop de dégâts, mais le jour déclinait de plus en plus vite et ils étaient au milieu de nul part. Enwel leva le nez. Il était temps de reprendre la route, de poursuivre la piste qu'elle avait trouvée et qui s'effaçait à mesure que tombait la pluie. Elle laissa tomber la pierre qu'elle tenait encore et se baissa afin de mieux voir le sol qui s’emmantelait de sombres habits. La piste était de moins en moins visible. La sylvestre avait beaucoup de mal déjà à percevoir les trous creusés par des bottes et ceux creusés par la pluie. La tache allait être des plus complexes. Enwel leva le nez pour voir les faibles rayons qui trouaient encore le tapis feuillu de la forêt. Ils n'avaient que peu de temps avant que ne vînt la nuit et avec elle ses dangers. Elle précipita ses recherches pour retrouver le chemin à suivre. Elle pensa soudain qu'elle l'avait retrouvé. Elle le suivi un moment sans s'éloigner du groupe, puis s’arrêta net.

Devant elle se tenait un fourré particulièrement bruyant, puis un être, qui devait s'y dissimuler depuis un moment. Son premier réflexe fut de le mettre en joue. Elle pointa une de ses flèches vers lui pour l'intimer à respecter une distance acceptable. Cela ne lui avait prit que quelques secondes. Elle senti en elle monter l'adrénaline. Elle avait été surprise et elle l'avait horreur de l'être. Quelques secondes s'écoulèrent. Il ne semblait pas hostile dans un premier temps, elle se retint alors de lâcher son trait sur lui. Elle écouta plutôt ce qu'il avait à dire et fronça méchamment des sourcils. Il était massif et pourtant elle ne l'avait pas entendu venir. Elle avait du être très occupée, probablement trop focalisée sur le sauvetage de Thojan. Cela n'était pas digne d'une rôdeuse. Elle plissa les yeux quand il commença à parler. De l'aide ? N'était-il pas trop tard pour cela, pensa-t-elle. D'où pouvait-il bien venir ? était-il réellement arrivé jusqu'ici seul ? Ou le groupe qu'ils poursuivaient se serait-il avisé qu'il l'était et aurait envoyé de quoi les ralentir ou pire, les mener vers un piège ? La sylvestre ne savait quoi penser. Le temps s'écoulait et elle n'avait toujours rien répondu à l'homme qui se trouvait devant elle.

Lentement elle desserra les dents, gardant sous la menace cet inconnu et elle lui retourna deux questions très simples en langue commune.

- Ton nom étranger ? Elle fit un pause suffisante pour jauger la réaction de son nouvel interlocuteur avant de continuer, es-tu seul ?

La possibilité qu'il fasse partie du trio de tête était grande et elle savait pertinemment que rien n’empêcherait l'inconnu de lui mentir, mais elle en avait d'autre des questions et malgré le fait qu'elle fût pressée par le temps, elle prendrait le temps de les poser.

Aventuriers 1 - Tendriculaire 0 (ou 1/2 si on prend en compte sa petite victoire face à la'invocation rocailleuse de Sève), voila un bilan satisfaisant qui permettait à chacun de se séparer sans trop de dégâts. Le petit groupe se reforma à distance tandis que le monstre végétal se reculait bien vite pour régénérer ses blessures à l'abri des buissons. Il fallait mettre à profit ce court répit pour reprendre des forces avant de poursuivre la route, d'autant que la nuit arrivait vite, avec la menace, encore diffuse, d'amener avec elle un redoutable mort-vivant, et qu'ils n'avaient pas encore trouver d'endroit pour se retrancher. Avisant les plaies encore à vif de certains de ses compagnons, Stor prit les choses en main, en aval de toute tentative de guérison magique.

- Messire Thojan, intervint-il immédiatement. Je suppose qu'à l'instar de vos semblable, votre dieu vous accorde ses faveurs dans le domaine des soins. Permettez-moi de vous assister en la matière, avec mes modestes talents...

Sur ses belles paroles, le petit barde se remit à fredonner une rengaine dans un registre radicalement différent. Aux intonations martiales destinées à donner force aux combattants succéda une mélodie plus légère, emplie de vie et de croissance, propre à accroître toute faculté thérapeutique. Puis, progressivement, alors que l'atmosphère était encore rempli de cette magie curative, le chant se modifia subtilement lorsque le Halfelin posa la main sur Lyn, ajoutant une touche plus directe, visant à soigner directement la barbare avec toute l'aide de l'hymne de guérison dont les harmonies se faisaient encore entendre.

- Vous, soigneurs et apothicaires,
Mettez en oeuvre votre savoir-faire.
Que toutes ces plaies se cicatrisent,
Plaies se cicatrisent.

- Que votre science soit augmentée
Par la magie de ces couplets
Et nous remette, vite, tous sur pieds,
Vite, tous sur pieds.

- Que se referme cette blessure
Qui suinte encore sous son armure
Et que ces horions disparaissent,
Horions disparaissent...

Son travail accomplit, dissimulant un petit sourire ravi en voyant ses compagnons reprendre des couleurs, le chanteur eut rapidement l'attention attirée par un nouvel événement : un étranger s'avançait à leur rencontre. Ce dernier semblait avoir des intentions pacifiques toute en conservant une attitude prudente parfaitement justifiée. Prudence que semblait partager Enwel qui avait bandé immédiatement son arc. Il y avait, certes, une possibilité que l'homme fasse partie du trio dont on leur avait parlé au village mais l'inconnu semblait seul et rien ne laissait supposer qu'il dissimulât quelque chose.

- Bien le bonjour, étranger, lança Stor d'une voix joviale, contrastant avec celle, plus méfiante, de la rôdeuse. Merci de votre offre mais nous avons la situation en main. Que nous vaut le plaisir de vous voir par ici ? À oui, au fait, attention à ne pas trop vous promener par là-bas, y'a une salade géante qui a l'intention de prendre sa revanche sur les humanoïdes...

Chant librement inspiré des "Copains d'abord" de Georges Brassens.

Lance Hymne de guérison (utilisation quotidienne 2/7 de la musique bardique) donnant un bonus maximum de +6 aux sorts de soin (limité à +2 pour Thojan et +3 pour Stor, si j'ai bien compris les bonus accordés et leurs limitations) puis, tout en maintenant l'hymne, lance "Soins légers" sur Lyn.

La druide n’avait pas relâché son attention à juste titre. Elle avait détecté une présence latérale à une dizaine de mètres du groupe, les loups l'avaient senti eux aussi. Ce n’était pas dans la même direction des empreintes trouvées par Enwel auparavant. Alors qu’elle s’apprêtait à alerter le groupe de ne pas ranger ses armes trop vite, un inconnu apparu au grand jours, enfin en cette fin de journée, proposant poliment son aide. Une bonne chose en soi. Pendant ce temps, Sève n’avait pas eu le temps de prodiguer les premiers soins, Thojan et Stor l’avaient devancer. Une bonne chose également.

Malgré la pluie battante, la Téthyrienne aperçut un petit rayon de soleil couchant qu’elle prit comme un signe positif lui rappelant aussi que cette journée se finissait. L’humain n’avait pas l’air d’être étranger mais plutôt du coin, pas l’air non plus d’un ramasseur de champignons au vue de sa tenue et de ses différentes armes.

Plutôt neutre sur cette apparition soudaine, Sève n’était pas impolie. Elle salua l’homme comme on le faisait dans le Tethyr, avant d’aller retrouver ces deux loups qui s’étaient éloignés. Ils grognaient en direction de Nibor. Elle les rassura et les félicita de l’avoir avertis de sa présence.
Maintenant il fallait se remettre en marche ou peut-être rester ici pour passer la nuit. La protection du jeune tendriculaire pouvait être un atout, il éloigné les bêtes dans un premier temps. Il fallait simplement ne pas le perdre de vue et se tenir à bonne distance. Elle en fit pars en se rapprochant du groupe, les loups eux restèrent toujours aussi éloignés.

- Une nuit noire et humide arrive, nous pouvons établir un camp non loin d’ici. Nous savons où cette jeune plante se terre. Elle nous apporte aussi une protection, les animaux sauvages n’approcheront pas. A moins que ce brave homme connaisse un endroit plus approprié ?

Le soleil a disparu
Pluie très abondante

Finalement plus de peur que du mal. Les soins magiques dont l'effet fut amplifié par le chant bardique de Stor permirent aux blessés de retrouver toute leur vitalité.

Une surprise s'invita à eux, quoique décelée par la druide et ses compagnons loups des plus vigilants. Il s'agissait d'un homme, équipé comme un combattant. Son approche polie permit d'éviter les hostilités immédiates.

La pluie redoubla de rythme. Il faisait presque noir tellement que le ciel était noir de nuages sinistres qu'on pouvait croire qu'il faisait déjà nuit. Le sol déjà boueux n'arrivait plus rien à absorber. Des flaques d'eau se formaient rapidement. Avec cette humidité et le froid qui commençait à se glisser comme une ombre, les aventuriers n'étaient pas à l'abri d'attraper une maladie quelconque. Et puis, leurs estomacs commençaient à gargouiller. Ils avaient épuisé beaucoup d'énergie dans ce combat.

Sève, en inspectant les lieux, aperçut à une dizaine de mètres, un séquoia, un arbre au large tronc avec des branches longues et très garnies. Il s'agissait d'un arbre probablement de quelques siècles. Elle savait que parfois on pouvait y trouver des cavités dans son tronc où certaines créatures y trouvaient refuge.

Il devenait maintenant urgent de trouver une solution face à ce déluge qui tombait du ciel.

Il serait idiot de mourir de froid après avoir survécu à une attaque d'un tendriculaire.

Lancers...

Thojan - Jet de DV (classe : X) : 7(d8)+2+3 = 12
Thojan - Jet de DV (classe : X) : 6(d8)+2+3 = 11
Stor Mousseracie - Jet de DV (classe : X) : 5(d8)+6 = 11

Finalement, ils n'étaient pas si pris au dépourvu que ça. Ils n'avait pas été vu, mais de là à les surprendre vraiment... ¤ Au moins l'un d'entre eux est réactif, toujours bon ça. ¤ Mis en joue par l'archère, Nibor montra ses deux mains, paumes en avant, et répondit :
- Tout doux, je ne vous veux pas de mal ! Je m'appelle Nibor, et oui, je suis seul. Vous ne risquez rien de ma part.
Il se demanda comment poursuivre le dialogue sans passer pour une menace. L'archère était visiblement sur les nerfs, probablement encore sous l'adrénaline du combat qui venait d'avoir lieu. Et Stor intervint à ce moment.

Nibor ne put s'empêcher de sourire, pouffa presque, au mot employé pour désigner l'adversaire en fuite. L'humour était une grande qualité pour ceux qui voulaient raconter de chouettes histoires. Le bon mot ne le fit pas oublier qu'il était toujours menacé d'une flèche, mais la réaction globale du groupe n'était pas hostile, au moins. C'était déjà ça.

- Coriace, la salade, apparemment. ¤ Et dire que certains veulent être végétariens. ¤ Merci du conseil, j'ai eu la chance de ne pas la rencontrer moi-même... Il ajouta presque pour lui-même, à demi mot :Seul contre un truc pareil, je ne peux qu'imaginer ce qu'il serait advenu de moi.

Intervint alors la personne qui rejoignait en même temps deux quadrupèdes que Nibor n'avait pas remarqués de prime abord. Un peu surpris, et pas vraiment rassuré que deux bestiaux pareils lui grognent dessus, ils étaient manifestement bien dressés, et Nibor n'y réagit alors pas plus que ça.

- Pour ce qui est de ma raison en ces lieux, je suis à la recherche de quelqu'un. Mais cette pluie qui n'en finit pas est plutôt handicapante dans ce genre de boulot... Je pensais chercher un abri quand je vous ai entendus, et me voilà. Je n'ai pas encore trouvé où me poser... Contre une telle flotte, il faudrait un gros arbre... Mais une grosse branche n'abritera pas plus qu'une ou deux personnes.

- Et vous, vous êtes ici pour quoi ? J'imagine que c'est pas pour la chasse à la salade ?

Enwel baissa sa flèche mais pas sa garde. Elle trouvait qu'il y avait beaucoup de monde dans ces bois par les temps qui courraient et cela ne faisait qu'accroître sa méfiance. Un énième voyageur à la cherche de quelqu'un ? C'était peut être vrai, mais comment pourraient-ils le vérifier ? La sylvestre, se sentant bien seule à afficher quelques resserves passa de nouveau son arc à son cou et glissa sa flèche dans son carquois. Elle chercha Tronch du regard avant de l'appeler. Enwel flatta l'animal sans quitter Nibor des yeux et lui retourna l'information qu'il réclamait :

- Nous cherchons tous quelqu'un apparemment.

Elle avait croisé ses bras sur sa poitrine fixant l'homme qu'elle avait devant elle, puis ajouta :

- Qui cherches-tu ?

Il pleuvait des trombes. Elle était trempée et elle avait faim. Une chance qu'elle ne ressentait pas le sommeil, sinon elle dormirait sur place. Elle observa ses comparses qui se montrèrent sans la surprendre plus accueillants. C'était leurs natures se dit pour elle même la sylvestre. Elle ouvrira l’œil pour eux.

Nibor sourit avec un léger signe de tête envers la Sylvestre lorsque celle-ci baissa sa garde. Il n'attendait rien de plus, a priori, que de ne plus être menacé. Après tout, il était bien normal d'être méfiant. Lui-même l'était également, à sa manière... Bien qu'il partait souvent avec un a priori positif (en tout cas avec des humanoïdes dits civilisés) et préférait des présentations plus chaleureuses que glaciales, il était prompt à revoir ses jugements.

Dans un contexte plus civilisé, il avait d'ailleurs souvent l'occasion de remettre ses a priori en question avant de devoir engager la conversation avec quelqu'un. En milieu plus sauvage néanmoins, c'était autre chose. Et vu la situation actuelle...

Non sans jeter encore quelques coups d'oeil aux animaux qui accompagnaient le groupe, il répondit :
- Gaetio Pryudur. Fils d'un marchand, disparu voilà plus d'une décade. Et vous ? Qui cherchez-vous ?

Pour le coup, avoir quelqu'un de pragmatique en face de soi était plutôt une bonne chose pour l'échange d'information...

L'arrivée du nouveau venu laissa en suspens les questions que le prêtre avait posée. Quand il remarqua cette armoire à glace qui venait de surgir d'un taillis, Thojan resserra le poing en le dressant à hauteur d'épaule, faisant réapparaître le gantelet magique que Torm lui avait accordé. Puis il parvint à voir, à travers les fentes de son casque, ce que les yeux plus habitués à la pénombre que les siens avaient discerné: ce n'était pas là le demi-orque qui accompagnait le fameux trio. C'était sans doute un simple forestier...

Le tormtar se força à repousser la nervosité et, chose rare, laissa les autres parler pour leur groupe. Enwel prit la tête de la discussion, tandis qu'une pluie de plus en plus drue s'abattait sur eux. Thojan délia ses épaules et vérifia rapidement son paquetage. Son sac à dos et son havresac avaient tenu le coup; c'était là une bonne chose, preuve qu'il fallait parfois investir chez un tanneur réputé plutôt que de récupérer des pièces de cuir bon marché. Le matériau bouilli et graissé demeurait étanche et intact, même si des impacts et des griffes le labouraient. Un frisson rappela au prêtre le destin qui avait failli être le sien. A côté de ça, la pluie qui le détrempait désormais lui faisait l'effet d'une douce sanctification.

Sans être le premier de ses voyages, cette quête comportait encore moult surprises et sources d'émerveillement. La bénédiction de Torm qu'il avait renouvelé à l'aube, au réveil de son bivouac et après ses dévotions, accordait toujours au jeune homme une totale insensibilité aux variations de température. Cela lui avait permis de dormir confortablement, même dépourvu de tente. Hélas, le Vrai Dieu ne pouvait pas tout faire non plus, et il faudrait trouver quelque chose pour se prémunir de cette pluie... Il n'avait aucune envie de se noyer pendant son sommeil, et son équipement devait être entretenu, au sec. Avec une prière muette de remerciement, Thojan reporta son attention sur les présentations. Le tendriculaire, lui, n'était pas réapparu.

– Je suis Thojan Ralwens, de Torm. Allons-nous-en d'ici, voulez-vous ? Nous devons trouver un abri, à défaut de notre objectif respectif.

Un grognement viscéral lui rappela que, depuis le repas de la mi-journée, il n'avait pas pris le temps de manger. Quand Sève les mena vers un arbre géant qui pourrait les abriter quelque peu, il fit un commentaire à l'adresse de l'humain et de la raison de sa venue.

– C'est une belle et honorable raison que de chercher un disparu, mais comment espérez-vous qu'il ait survécu dans ces bois pendant dix jours ? Jusqu'à présent, notre propre expérience révèle plutôt une espérance de survie de quelques heures, tout au plus...

¤ Et je ne parle même pas des elfes qui finiront sans doute par nous tomber dessus... ¤

Il était important de reconnaître les lieux avant de s'installer. Si les sauvageonnes du groupe s'accordaient pour choisir ce séquoia, Thojan proposerait d'utiliser sa torche éternelle pour inspecter les environs, au besoin.



Ce message a été modifié par Thojan le Jeudi 24 Octobre 2019 à 06h22