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Chapitre II.1, [Khelrod et la Gouleuse]
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Habitante des Royaumes
Chambre 9
Aucune gemme
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Le sourire malicieux qu'opposa La Goualeuse aux paternelles remontrances de Khelrod prouvait, s'il en était encore besoin, que la belle était loin d'être aussi candide qu'elle se plaisait à la paraître. La prise de risque était calculée. Elle n'aurait cependant pas été gênée que son collègue répondît aux questions du musicien, qui ne semblait pas encore tout à fait déterminé à leur ouvrir la porte de la demeure des Landruel...
- Tout porte à croire que Myal'sa et sa fille ont été attaquées... expliqua-t-elle en jetant un coup d’œil en direction du paladin, cherchant le moindre signe d'assentiment ou de réserve.
- Seygwine est soignée à l'infirmerie de la caserne, plongée dans un profond sommeil. Elle semblait fuir quelqu'un. Un léger trémolo avait secoué la voix de la jeune fille, qui s'était rapidement ressaisi. Sa mère est introuvable...
Son récit était elliptique, mais les faits évoqués étaient trop graves pour être soupçonnés de mensonge. Cet ami de la famille devait savoir que la rôdeuse ne se séparait jamais de sa fille. La situation ne pouvait être plus inquiétante.
Tous recherchent l'aventure... Moi, c'est elle qui m'a trouvée.
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Façonneur de Montagnes
Chambre 6
3 gemmes
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Le barde se releva et donna un ordre à l'écureuil à l'aide d'étonnants bruits de bouches et de pantomime. Le petit rongeur bondit du renard et se dirigea vers la maison qui les intéressait, il passa par la toute petite porte ronde à coté du seuil et entra à l'intérieur pendant que le barde avançait. Il semblait inquiet, comme si son visage avait pris deux décennies à l'annonce de la nouvelle. De toute évidence, il était plus que le voisin, ami ou famille, en tout cas il tenait à eux.
Alors qu'ils arrivaient devant la porte, la porte s'ouvrit, l'écureuil assis sur la poignée intérieur, l'air malicieux.
- Entrez, je m'en abstiendrais, je ne tiens pas à découvrir une vérité trop douloureuse par moi même...
Il s'assit au bord de la plateforme qui bordait la demeure et, alors que l'écureuil se juchait sur sa tête, il se remis à jouer. La mélodie était maintenant plus mélancolique, et plus inquiète.
Le nain et l'humaine purent entrer. La maison était étrange pour ceux de leurs races : ronde, elle était petite mais pas pour autant étroite. Une table circulaire se dressait au milieu, comme si elle avait poussée du plancher. Des étagères entouraient la pièce principale contenant armes (probablement de souvenir vu leur âge apparent), livres, parchemins mais aussi ustensiles de cuisines et autres outils domestiques. Une toile figurant une elfe verte, un elfe de lune et Seygwine (elle était facile à reconnaître malgré que la toile dû avoir un ou deux ans) était accrochée en face d'eux. A gauche et à droite, deux portes tout aussi rondes permettaient probablement d'accéder à deux autres pièces. Le plafond était percé d'une trappe à laquelle on accédait grâce à une échelle raide.
Mais la pièce était résolument propre, elle n'était pas plongée dans ce capharnaüm auquel on pouvait s'attendre d'une scène d'un éventuel crime. Pas de sang, pas de papiers jetés à terre, pas de meuble renversé. Tout, jusqu'aux jardinières suspendues au plafond semblait figé dans un calme serein.
Mais Sirine qui avait toute sa vie évolué dans des commerces plus ou moins recommandables et avait menée une existence recouverte de fard savait que les apparences pouvaient être trompeuse. Qu'une demeure parfaitement agencée pouvait cacher bien des drames.
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Que vous alliez ou non dans les autres pièces, vous allez sans doute effectuer un jet de fouille. J'en ferais deux : un jet global (dont le résultat déterminera de ce que vous trouverez sans but particulier) et un second, si vous voulez chercher quelque chose en particulier justement.
Voyons voyons mon jeune ami, vous croyez vraiment que les montagnes grandissent seules ?
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Habitante des Royaumes
Chambre 9
Aucune gemme
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La jeune fille semblait profondément désolée d'avoir peiné Gëlbyr, auquel elle sourit confusément avant de détourner le regard. Elle aurait volontiers posé une main compatissante sur son épaule si l'antique dignité des elfes ne lui inspirait pas une espèce de crainte respectueuse. L'inquiétude du musicien n'augurait rien de bon...
Bien que la porte fût désormais ouverte, La Goualeuse demeurait immobile, le regard étrangement lointain. Son cœur s'était serré à la pensée de Taëlyne, qui avait placé tant de vains espoirs en elle. La pâleur était tombée comme un voile sur la courtisane, dont la beauté fragile rappelait celle de la glace. Les accords qui s'élevaient de la guitare elfique rencontrèrent dans l'âme mélancolique de la belle une sinistre chambre d'écho, dans laquelle elle retrouva le temps d'une courte et sombre rêverie ses propres démons.
Les traits de son visage se durcirent subitement, son regard s'anima et elle revint à la vie.
- Allons, souffla-t-elle à demi-voix, froidement déterminée.
Ses yeux balayèrent longuement la pièce, sans s'attarder sur le portrait de famille. Ne sachant trop que chercher, elle procédait sans méthode, mais avec application, et ne touchait à rien. Une anomalie devait s'être glissée quelque part... mais où ? Une profonde quiétude emplissait les lieux, qui ne présentaient pas le moindre signe du drame tant redouté. S'il avait bel et bien frappé ici, le mal était entré sans prévenir... L'agresseur de Seygwine n'était-il d'ailleurs pas invisible ? Mais cela ne l'avait pas dispensé de franchir la porte. L'inexperte enquêteuse rebroussa chemin et étudia la serrure, de part et d'autre, puis rejoignit le nain à l'intérieur.
- Je vous suis, Khelrod, lança-t-elle en désignant la porte de gauche d'un geste de la main, manifestement pas prête à se lancer seule dans l'exploration de cette maison déserte.
Tous recherchent l'aventure... Moi, c'est elle qui m'a trouvée.
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Habitant des Royaumes
Aucune chambre
Aucune gemme
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Le paladin avait laissé à la courtisane l'initiative, estimant que toute prise de décision devait être encouragée. Tant qu'il restait auprès d'elle, il pensait être en mesure de parer à toute éventualité. Il la suivit donc à l'intérieur de la demeure elfique, adressant un signe de tête compatissant à Gëlbyr qui les attendait à l'extérieur. Non qu'elle fût désagréable, la musique semblait gêner Khelrod qui toutefois ne fit part à personne de ce sentiment, afin de permettre au malheureux ami des Landruel d'exprimer sa douleur et sa crainte de la façon qui lui semblait la plus appropriée.
Contrairement à l'humaine, le nain avait déjà eu l'occasion, au cours de son apprentissage, d'assister feu Godefroy dans des enquêtes que son mentor avait eu à mener. Il avait donc en tête certaines procédures, telles que les lui avait décrites le vieil homme. Néanmoins, le calme apparent qu'affichait cette potentielle scène de crime avait de quoi le déstabiliser. Il lui fallut réfléchir un instant avant de trouver un angle d'attaque par lequel commencer. Après que La Goualeuse fut de nouveau à l'intérieur et lui indiqua qu'elle le suivait, il lui expliqua ce qu'il avait en tête, répondant à la sollicitation de Sirine.- Il semblerait que rien ne se soit pas passé dans cette pièce, commença-t-il à voix bien plus basse que les mots qu'il avait pu prononcer un peu plus tôt. Pour autant, cela ne signifie pas que cette constatation soit une réalité. Il nous faut procéder avec méthode. Le nain roux marqua une pause, embrassant la pièce du regard, essayant de repérer un détail, et essayant également de mémoriser le plus de choses possibles sur l'agencement de la pièce, le rangement, la propreté... Une fois qu'il eut terminé son observation, il reprit, toujours à voix basse.- Pour l'instant, cherchons dans la pièce ou nous nous trouvons. Etant donné qu'il semble qu'il ne se soit rien passé ici, il faut chercher des détails. Cherchez des traces qui pourraient montrer que quelque chose a été déplacé récemment. Cherchez à voir si certaines choses vous semblent ne pas être à leur place, ou être à une place étrange, comme un livre qui ne semblerait pas être rangé au bon endroit, par exemple. Essayez de remarquer des marques particulières, comme des griffures sur un mur, ou une déchirure sur un tissu... Nous procéderons ainsi pour l'examen des autres pièces si cela vous convient. Il se mit alors à fouiller activement la pièce. Contrairement à l'humaine, il n'hésitait pas à déplacer ce qui pouvait être déplacé si cela pouvait être de nature à cacher autre chose : tableaux, meubles... Il veillait à les replacer scrupuleusement à leur place, afin de ne pas dénaturer l'intérieur des Landruel. Une fois que leur examen fut terminé, quoi qu'ils eurent trouvé ou qu'il n'eurent pas trouvé, il se dirigea vers la pièce de gauche, ouvrit la porte et entra, en veillant à bien passer devant. Ce qu'il formula par ailleurs à l'oral, répondant ainsi à la demande de la jeune femme, toujours à voix basse.- Vous avez raison. Restez derrière moi Dame Sirine. Khelrod va profiter des 2 jets de fouille dont tu as parlé Phinéas. Le premier pour voir si quelque chose lui saute aux yeux pendant son inspection générale, et le second (qu'il ait ou non détecté quelque chose pendant le premier) pour voir s'il trouve quelque chose pendant le déplacement de ce qui peut être déplacé.
Bien entendu, s'ils trouvent quelque chose, en fonction de ce dont il s'agit, il est possible que l'action d'ouvrir la porte de gauche puisse être légèrement retardée...
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Façonneur de Montagnes
Chambre 6
3 gemmes
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Cliquez ici pour dérouler le parchemin... Khelrod, test de Fouille (Perception) : 16-12 La Goualeuse, test de Fouille (Perception) : 20 Les deux enquêteurs pénètrerent dans la demeure et, sous la lancinante musique de l'elfe, commencèrent leurs recherches. Ce n'était pas le métier pour lequel ils avaient été formés, ni l'un, ni l'autre, mais chacun avait ses atouts. La discipline de fer que Khelrod avait hérité de son paladinat, et la connaissance aiguë des cachettes et cachoteries que la Goualeuse avait dû acquérir pendant toute sa vie. Mais la tâche n'en était pas pour autant aisé.
Avec les précautions dû au respect qu'ils voulaient tout les deux avoir pour la famille, ils soulevèrent les meubles, ouvrirent coffres et tiroirs. Khelrod tomba sur une somptueuse collection de gemmes que n'aurait pas renié un orfèvre nain, pendant la Goualeuse pouvait constater que la famille ne devait sûrement pas manquer d'argent, la literie étant en partie constituée de soie. Elle nota d'ailleurs que celle ci n'avait pas disparue alors qu'elle se serait écoulée sans mal sur différents marchés.
Dans les commodes de la chambres, outres des vêtements et effets personnels et conjugaux plus ou moins intimes, ils trouvèrent de nombreuses lettres posés sur un bureau, mais malgré une longue étude, il n'y trouvèrent rien. Il y avait aussi des dizaines de livres éparpillés ci et là dans la maison. Chacun tenta d'y voir un indice, mais malgré que certains livres soit apparemment des plus rares, rien ne les questionna outre mesure.
Dans la seconde pièce qui était en faite la chambre de la petite, il ne trouvèrent rien d'inquiétant. Ils purent cela dit remarquer qu'elle était particulièrement choyée, de nombreux jouets et livres s’amoncelaient dans des coffres, mais aussi beaucoup de vêtements et de très nombreuses fleurs.
Tout finalement leur parut horriblement normal.
Jusqu'à ce que...
Jusqu'à ce que quelque chose, intervention divine, hasard ou intuition attire le regard de la jeune femme. Sous la lourde armoire qui contenait les vêtements de l'enfant, l'ancienne courtisane remarqua une latte trop courte. Avec l'aide d'un paladin certes pas assez observateur mais des plus efficace pour les déménagements, l'armoire se retrouva vite sur le coté. Ils purent soulever sans mal la latte qui était fixé à l'aide de deux clous probablement retirés et remis en place fréquemment. Ils ne trouvèrent rien d'autre que la charpente dessous mais, sous la latte ils purent lire :« Un excellent coin à esturgeon. »
Voyons voyons mon jeune ami, vous croyez vraiment que les montagnes grandissent seules ?
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Habitant des Royaumes
Aucune chambre
Aucune gemme
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La découverte des gemmes et la tenue impeccable de la demeure étaient des éléments du genre de ceux qui plaisent à un paladin nain. Alors même qu'il enquêtait avec le plus grand sérieux, il ne put s'empêcher d'y penser... Après tout ce temps passé à chercher des indices de la façon la plus minutieuse qu'il pouvait, Khelrod parut réellement stupéfait de leur découverte. Il jeta un rapide coup d’œil à Sirine, n'ayant pour le moment visiblement aucune idée sur ce que pouvaient signifier les mots gravés sous la latte de plancher. Il avait même l'air perplexe à vrai dire.¤ Je ne vois pas du tout de quoi il peut s'agir. Cela n'a peut-être aucun lien avec notre affaire... ¤ Il observa de nouveau la gravure, essayant de trouver un rapprochement entre les mots qui y étaient gravés et ses connaissances sur l'affaire. Mais rien ne lui vint en tête. Il en fit part à La Goualeuse.- Je suis perplexe pour être honnête. J'ai bien du mal à comprendre de quoi il s'agit. En attendant, je vous propose que nous continuions notre inspection de la demeure en accédant à l'étage supérieur. Il lui indiqua d'un geste de la main qu'ils pouvaient à présent tous deux changer de pièce. Il prit la latte avec lui, à moins que la belle ne souhaite la conserver, puis il ajouta juste avant de sortir de la chambre de Seygwine.- Peut-être Gëlbyr saura-t-il nous renseigner. Il se dirigea alors vers l'échelle à laquelle il grimpa tant bien que mal, suréquipé comme il l'était. Une fois en haut de l'échelle, il ouvrit la trappe, puis se hissa, non sans mal, au second étage. Une fois à l'étage, il attendit que la jeune femme le rejoigne puis recommença à chercher des indices un peu comme il l'avait fait en bas. Il était clairement frustré par leur première découverte, ne comprenant pas de quoi il s'agissait. Dans le même temps, le fait de ne pas trouver de sang, de cadavres ou de trace d'une lutte acharnée avait tout de même tendance à le rassurer... Nouvelle tentative de fouille une fois à l'étage, avec le même procédé que précédemment.
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Habitante des Royaumes
Chambre 9
Aucune gemme
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La Goualeuse avait laissé son manteau sur une chaise, afin d'être plus à l'aise dans ses mouvements. Bien que sa frêle constitution ne la rendît pas d'un grand secours pour déménager les meubles, elle n'avait pas hésité un instant à prêter main forte à Khelrod. Alors que l'un et l'autre commençaient à approfondir leurs recherches, ouvrant les tiroirs et les coffres, elle mit en garde son collègue.
- Les marchands ont tendance à protéger leurs secrets, Khelrod. Faites attention...
Aucune serrure n'était fermée, ce qui laissa penser à la jeune fille que Laelor devait cacher ailleurs ses secrets, ou supprimer toute trace de ses activités. Les armes de la rôdeuse étaient absentes. Myal'sa et sa fille avaient-elles été attaquées hors de leur domicile ? Elle redoubla d'obstination et d'attention dans ses fouilles. Bientôt, son regard fut arrêté par une irrégularité dans le plancher de la chambre de Seygwine : deux lattes mal ajointées laissaient l'espace vide d'un doigt, ce qui permettait de retirer facilement la plus courte d'entre elle, que retenaient faiblement deux clous fatigués d'être dérangés. Elle ôta avec précaution la latte, puis l'inspecta...
- Un excellent coin pour les esturgeons, lut-elle, dubitative, partageant la perplexité du paladin. Cette latte est fréquemment déplacée, les clous ne la retiennent plus du tout...
Elle s'accroupit pour inspecter le plancher, essayant de remarquer des rayures sur le bois qui indiqueraient que l'armoire était souvent enlevée, puis elle glissa ses doigts dans la fente, afin de vérifier qu'il n'y avait rien de dissimuler dessous. La jeune fille tâtonnait, ne possédant pas la moindre connaissance en le domaine, mais ayant l'esprit vif et beaucoup d'ingéniosité.
- Elle n'est peut-être pas à sa place... Ou elle va aussi ailleurs... comme une sorte de clé. L'inscription est repassée à la craie, c'est étrange ! En avez-vous vu traîner quelque part ?
Balayant les alentours du regard, elle interrogea elle-même ses souvenirs, puis suivit Khelrod à l'extérieur de la chambre.
- Gëlbyr ne sait probablement rien de tout ça... essayons de trouver nous-mêmes.
La belle regarda en souriant le nain gravir d'une manière pataude l'échelle, puis grimpa à son tour, avec une agilité féline. La trappe débouchait sur le toit de la maison ; une corde à nœuds, dissimulée dans les feuillages, permettait d'accéder à une annexe haut perchée.
*Une cabane d'enfant ? Khelrod ne pourra jamais se hisser jusque-là...* se dit-elle en avisant l'espacement des nœuds. *Et moi ? Je ne suis pas bien forte...*
- Je vais monter, lança-t-elle en se saisissant de la corde. Je vais emporter la latte, on ne sait jamais...
La Goualeuse monte à la corde, en essayant de recourir à son agilité plus qu'à sa force, à ses jambes plus qu'à ses bras. Elle est légère, ça devrait aider. Arrivée en haut, jet de fouille (si aucun problème ne survient).
Tous recherchent l'aventure... Moi, c'est elle qui m'a trouvée.
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Façonneur de Montagnes
Chambre 6
3 gemmes
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Les deux enquêteurs arrivèrent sur le toit. Il fallait admettre qu'ici, il valait mieux éviter le vertige. Le toit était lisse, légèrement arrondi, lorsqu'il était humide on devait avoir bien du mal à rester dessus sans glisser. Mais les nains avaient pour avantage d'être suffisamment massif pour garder leur équilibre, et la jeune humaine compensait sa frêle constitution par une habilité manifeste.
Au loin, le ciel s'obscurcissait et une colossale enclume nébuleuse se formait, sous laquelle les Marches étaient déjà frappées par les éclairs. L'un de ces orages violents et particulièrement impressionnants que, Khelrod le savait, on ne croisait qu'à coté des chaînes montagneuses. Mais cela ne les concernerait pas tout de suite, mise a part la température qui, peu à peu, s'alourdissait.
La jeune femme s'attela donc à grimper jusqu'en haut. Certes, elle n'était pas une alpiniste hors pair, mais gravir une corde à nœud lorsqu'on pesait à peine plus lourd qu'un sac de blé n'avait rien d'excessivement difficile. Une fois les premiers paliers passé, l'ancienne courtisane avait pris le coup et gravit rapidement le reste devant les yeux protecteurs du nain.
Elle finit par parvenir en haut. La cabane était en fait un étonnant nid sous forme d'une sphère de bois, percé deux fenêtres circulaires opposées fermées par d'épais rideaux. Il n'y avait guère de place que pour deux enfants, mais la jeune femme put y entrer sans trop de problème. A l'intérieur elle trouva un repère douillet, plongé sous des coussins de toutes les couleurs et de toutes les textures, de petites figurines étaient alignés sur une planche qui servait sans doute de bureau, accrochée à la paroi intérieure. Des dessins étaient éparpillés un peu partout, et une partie de la paroi était recouverte d'une étonnante fresque à la craie graisse. C'était sans doute une représentation très personnelle des Marches, commençant par des montagnes sur lesquelles ont pouvait voir de tout petits nains souriants et barbus qui taillaient la roche, une énorme porte dans un style des plus naniques ouvrait sur une forteresse. Puis l'on arrivait dans les plaines et les vallées verdoyantes où semblaient cohabiter animaux, fermiers et forestiers dans une harmonie digne de l'imagination d'un enfant. On y trouvait aussi de jeunes hommes-lézards jouant avec des enfants humains. Un peu plus loin, un village d'apparence tribal était peuplé de grands humains particulièrement poilus, mais apparemment plutôt sympathique. Une grande ville (qu'on reconnaissait facilement comme étant Lunargent, une lune argenté était dessinée au dessus) venait ensuite au plafond. La fresque s'interrompait dans les plaines alentours, seule la Rauvin avait été rapidement croquée et indiquait que l’œuvre continuerait sans doute vers la partie orientale des Marches.
Alors qu'elle observait le tout, elle fut surprise par la toute petite tête d'un louveteau qui ne devait guère avoir plus que quelques semaines, émergeant en baillant des coussins. La charmante créature la regarda avec des yeux ronds plus étonnés qu'agressifs avant d'essayer de s'extraire des coussins pour la renifler. Mais sa pâte engourdie par le sommeil se pris dans un trou dans un coussin, il tourne-boula vers la Goualeuse et s'arrêta juste devant elle, les pattes en l'air, se demandant apparemment ce qui venait de se passer.
Pendant ce temps, Khelrod attendait sur le toit. Il était effectivement peu probable que le nain, caparaçonné d'acier, aurait eu du mal à gravir la corde. Il n'avait plus qu'à prendre son mal en patience. Alors il eut tout le loisir d'observer les environs. Vers le Nord, juste avant la Rauvin, à une rue de distance, il put découvrir un amphithéâtre où semblait actuellement répéter une troupe de comédien. De l'autre coté, les flèches d'un grand bâtiment, sans doute le Collège ou une autre institution importante, tranchait le paysage. D'ici, il pouvait constater que toute la ville participait à l'organisation des festivités d'une manière ou d'une autre. Guirlandes, cuisine, estrades qui se montaient ci et là, des rues montait une joie prégnante et de délicieuses odeurs. Étonnamment, personne ne semblait se poser de question quant à l'énorme grain qui arrivait sur eux.
Et puis, venant d'en bas, Khelrod entendit :
- Avez vous trouvé quelque chose, Maître Nain ?
Gëlbyr s'était un peu écarté et, les yeux et la voix inquiète le regardait juché sur le toit.
Voyons voyons mon jeune ami, vous croyez vraiment que les montagnes grandissent seules ?
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Habitant des Royaumes
Aucune chambre
Aucune gemme
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En quittant la chambre, l'humaine avait eu une réponse que le nain avait trouvé intéressante, au sujet de Gëlbyr. Elle avait semblé comprendre que le nain voulait se reposer entièrement sur l'elfe, et elle proposait qu'au lieu de cela elle et le paladin se débrouillent seuls. Khelrod était bien entendu d'accord avec la jeune femme sur ce point, néanmoins, il lui précisa le fond de sa pensée, afin de lever toute équivoque.
- Bien entendu, Dame Sirine, je ne dérangerais pas Gëlbyr outre mesure. Mais en tant qu'ami de la famille, et en tant qu'elfe, peut-être que ces quelques mots que nous avons découvert trouveront en lui un écho plus important qu'en nous...
Ils continuèrent vers le toit en silence, l'humaine suivant le nain qui montait à l'échelle. Une fois en haut, le fils de la pierre dut se rendre à l'évidence : il n'était vraiment pas dans son élément... Il avait déjà grimpé à deux échelles pour arriver à ce niveau, et équipé comme il l'était, cela relevait presque du miracle. De plus, à cette hauteur et dans cette configuration, le moindre faux-pas pourrait lui être très dangereux, il lui faudrait donc être soit très prudent, soit s'arrêter de bouger. Il choisit, avec une certaine sagesse, la deuxième solution. Avant la nouvelle ascension de La Goualeuse, Khelrod lui donna quelques conseils.
- Soyez très prudente. Si vous avez besoin de mon aide pour quoi que ce soit, déplacer un meuble par exemple, ou vous aider à fouiller, appelez-moi, je reste ici et vous rejoindrais comme je le pourrais. Je m'en remets à vous.
La jeune humaine devait lui inspirer une certaine confiance. C'était en tous cas ce qui transparaissait au travers des mots qu'il venait de prononcer. La Goualeuse disparut dans la cabane avec la latte qu'ils avait récupérée un peu plus tôt, et le nain se retrouva seul le toit. Malgré la concentration qui était la sienne pour entendre un éventuel appel de Sirine, il se laissa aller à la contemplation des montagnes lointaines, lui rappelant un passé qu'il avait laissé derrière lui et qu'à présent il chérissait profondément en son être. Il observa également le reste : les bâtiments, les ruelles bondées, les citoyens insouciants et heureux de la fête à venir. Il ne put d'ailleurs s'empêcher d'avoir une pensée pour Seygwine, qu'il aurait bien aimé voir se balader dans les rues, et non être clouée dans son lit. Il fut tiré de ses pensées, alors que celles-ci en venaient à l'absence de Myal'sa, par Gëlbyr en contrebas qui l'interrogea au sujet de leur trouvaille. Il répondit à l'ami des Landruel sur un ton confiant.
- Rien pour le moment qui ne soit de nature à nous inquiéter.
¤ Et c'est peut-être ça le plus inquiétant... ¤
Il jeta un rapide coup d’œil vers la cabane dans laquelle la courtisane venait de disparaitre, comme pour voir si elle avait besoin de son aider, puis il en revint à l'elfe en contrebas.
- Nous devrions bientôt avoir fini. Si vous pouviez nous attendre encore quelques minutes... A moins que vous ne souhaitiez nous rejoindre ?
Il avait ajouté les derniers mots dans un sourire franc. Après quoi il se retourna de nouveau vers l'échelle de corde et appela La Goualeuse.
- Dame Sirine, tout se passe bien de votre côté ?
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Habitante des Royaumes
Chambre 9
Aucune gemme
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La jeune fille accueillit d'un sourire bienveillant les paroles du nain, mais demeura silencieuse. Ayant rapidement compris comment placer ses pieds sur la corde, et poussant davantage sur ses jambes qu'elle ne se hissait avec ses faibles bras, elle se retrouva en quelques minutes au seuil du petit nid. Comme elle l'avait imaginé, il s'agissait d'une cabane d'enfant : douillette, bien protégée et foisonnant de toutes sortes de petits trésors, c'était le refuge dont elle avait tant et tant rêvé dans ses jeunes années.
Elle contempla longuement les dessins décorant les murs, admirant avec quelle simplicité de cœur la fillette avait donné forme à ses rêves utopiques d'harmonie. Cette fresque naïve, qui ressuscitait un lointain âge d'or, évoqua bientôt à la spectatrice l'histoire tragique de Betchear. L'imagination de Seygwine avait sûrement été profondément frappée par la légende familiale...
- Mais ! s'exclama-t-elle soudainement, dans un vif mouvement de surprise, avant de s'attendrir devant l'adorable petite créature. Bonjour petit maladroit.
Pensant avoir affaire à un vulgaire chiot, elle tendit doucement la main vers lui, pour l'amadouer. Les voix mâle de Khelrod et de Gëlbyr s'élevaient depuis les étages inférieurs, mais restaient trop lointaines pour être intelligibles. Sa découverte avait entièrement détourné La Goualeuse de ses fouilles, et son esprit était désormais tout occupé à trouver un moyen de faire descendre le louveteau. Elle balaya du regard le nid, à la recherche d'un sac ou d'une petite nacelle ; en derniers recours, elle nouerait une couverture en bandoulière...
- Je descends bientôt, répondit-elle en passant sa tête à l'extérieur de la cabane, étrangement joviale.
Tous recherchent l'aventure... Moi, c'est elle qui m'a trouvée.
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