Chapitre 1 : Padhiver

5ème jour de la Fonte, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début d’après-midi.
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 3 degrés.

Metzli, Corvo Stern et Karmeth:

Une fois qu’ils eurent franchi le parterre rocheux de la Tour des Capes, après un nouvel itinéraire sinueux, les trois aventuriers eurent l’occasion de partager leurs récentes expériences. Karmeth en profita pour envoyer quelques messages aux responsables de l’Œil qui lui semblaient les plus à même de lui fournir les informations lui manquant.

Comme ils n’avaient rien de particulier de prévu avant la tombée de la nuit, ils eurent l’occasion de visiter un peu le Joyau du Nord. Leur première étape fut pour les écuries où Metzli avait laissé ses compagnons équins. L’Amnienne y trouva ses deux chevaux dans de très bonnes conditions. Cela ne les empêcha de montrer leur joie à son arrivée. Ils semblèrent un peu déçu quand cette dernière repartit sans eux mais peut-être n’était ce que dans la tête de l’ensorceleuse.

Comme la faim ne se laissait pas encore vraiment sentir, ils décidèrent de visiter un peu la ville. Leurs pas les conduisirent en premier lieu le long de la rivière qui traversait la cité même si elle était généralement invisible de la rue, cachée par les bâtiments qui s’en servait comme voie d’accès. Après avoir traversé le plus occidental des trois principaux ponts de la ville, le Dragon Assoupi, ils traversèrent la place du château sur laquelle un marché se trouvait. Cela ralentit leur progression un peu mais, quand l’astre du jour eut atteint son zénith et que Corvo put entendre pour la première fois l’estomac du nain demander d’être satisfait, ils avaient atteint le port.

Plusieurs marchands vendaient de la nourriture directement sur les quais, principalement une sorte de tourte fourrée de chaire d’anguille et de poireaux, mais les trois aventuriers décidèrent de prendre leur repas dans une taverne dont l’enseigne représentait une sorte de pieuvre. L’un des serveurs se dirigea immédiatement vers eux et offrit, principalement à Metzli, de la guider vers une table libre. Le Cormyréen profita pour observer une colonne près de l’entrée où des annonces étaient affichées. La majorité était à l’attention des marins et pêcheurs qui semblaient former la majorité des clients mais il en trouva plusieurs qui concernaient le mercenariat. Parmi celles-ci, au moins trois semblaient recruter, sous des termes plus ou moins vagues, des volontaires pour la chasse aux reliques, les autres ayant trait à la protection de caravanes maritimes et terrestres sur le point de quitter de Padhiver.

Le repas en lui-même leur fut servi rapidement. Il consistait en une galette couverte d’une mousse ou d’un pâté créé à partir de chaire de poisson, d’un œuf au plat et de fromage. Le tout était accompagné de quelques feuilles de salade et d’un peu de vin, d’eau ou de bière, selon les gouts de chacun. Dans l’ensemble, c’était plutôt bon et certainement suffisant pour apaiser la faim des trois aventuriers.

Hannibal :

Essayant de chercher à se rapprocher de ses nouveaux compagnons d’aventure, Hannibal décida de passer l’après-midi à faire du lèche-vitrine avec eux. Le Damarien n’avait pas d’idée très précise de ce qu’il comptait acheter mais il n’en était pas de même de ses camarades, en particulier Anairë.

Elle les mena parmi une douzaine de magasins différents où elle proposa plusieurs tenues différentes pour Hannibal et le demi-orque. Sans grand succès. Elle ne se laissa pas décourager et s’acheta un tricorne en feutre gris perle. La visite d’une armurerie de petite taille que l’humain aurait été incapable de trouver sans un guide lui permit de mettre la main sur un kukri qui semblait capable de couper l’acier comme une feuille de parchemin. Pendant qu’il l‘essayait, le demi-orque remarqua la targe au bras d’Hannibal et explosa de rire avant de le trainer dans une autre boutique où il lui trouva une targe magique clairement supérieure à la sienne. Finalement, ils mirent la main sur une paire de gants enchantés qui reçut l’assentiment des deux autres aventuriers.

Pendant toute cette escapade, Hannibal n’avait guère eu le temps d’objecter qu’il n’avait pas les fonds nécessaires pour de telles dépenses. Cela n’avait pas découragé l’elfe qui se contenta d’un commentaire sur la vacuité de ses bourses et lui dit qu’il pouvait considérer cela comme une avance ou un investissement.

Après un ultime repas dans le Joyau du Nord, durant lequel l’elfe réussit à tirer la seule information utile de la journée sur le demi-orque, à savoir son nom Artom, les trois compagnons se dirigèrent vers le navire qui allait être leur résidence pour les jours à venir.

La suite des aventures d’Hannibal

5ème jour de la Fonte, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Nuit
Climat : Légère pluie. Vent frais.
Température : environ 2 degrés.

Moreta :

Boson continuait de regarder vers la porte mais il cligna des yeux, avant de les lever vers sa main droite, quand il entendit les paroles de Moreta. Aussitôt qu’il réalisa que son couteau était toujours dans son poing, il le laissa tomber au sol sans baisser les bras. L’outil rebondit faiblement sur le sol avant de s’arrêter à quelques centimètres de son pied droit.

Il commença à marcher vers la porte, lentement, comme s’il s’attendait à chaque instant à l’heurter et empirer encore sa situation. Avant d’arriver au chambranle, il commença à réagir aux ordres de Moreta. Il était toujours visiblement entre colère d’être cambriolé et peur de vivre ses derniers moments.

-Je ne sais pas qui vous avez pu croiser dans ma cave, j’étais dans mon magasin jusqu’à il y a quelques minutes.

Arrivé au milieu du couloir menant à l’extérieur, le tanneur sembla réaliser ce que Moreta lui demandait et il s’arrêta net. La panique était claire sur son visage. Il tourna la tête dans toutes les directions ne sachant pas à qui il s’adressait ou où elle se trouvait. La talentueuse barde n’avait aucun doute qu’il n’essayait plus de jouer au plus malin ou de lui cacher la vérité.

-Je ne peux pas ouvrir cette porte! Les dragons m’ont dit qu’il le tuerait si j’essayais. Ou si j’essayais de suivre leur barque. Ou si je parlais d’eux à qui que ce ...

Il cessa de parler à cet instant et commença à sangloter sur place, ses deux mains sur les yeux. Après un instant, il sembla se reprendre et Moreta put voir une étincelle d’espoir briller dans ses yeux.

-Sauf si vous êtes avec eux. Dites-moi que vous êtes l’un des dragons. Je vous en prie!

Metzli était plutôt satisfaite de la promenade qu'elle avait effectuée avec ses compagnons : la jeune femme était heureuse d'avoir retrouvé ses deux chevaux qui étaient visiblement très bien soignés et d'avoir pu partir à la découverte de quelques rues de la cité. Jusqu'alors, elle n'avait guère eu l'occasion de visiter de grandes villes, hormis Athkatla où elle était née et Eauprofonde qu'elle ne portait guère dans son cœur. C'est donc pleine d'enthousiasme et de curiosité qu'elle avait entamé sa découverte de Padhiver, tout en gardant à l'esprit que les données récoltées lui seraient peut-être utiles pour la suite de l'enquête.

La jolie amnienne s'était laissée guider jusqu'à une taverne où elle avait pu se sustenter en compagnie de Corvo et Karmeth. Après avoir échangé quelques banalités avec eux sur leurs impressions à propos de la ville et sur la qualité du repas qu'ils venaient de manger, elle aborda l'affaire nettement plus importante qui les occupait tous les trois :

- Et que pensez-vous du rendez-vous de ce soir? Je vous avoue que ça ne m'inspire pas trop confiance: pour tout vous dire, lors de notre première entrevue, le Comte m'avait donné rendez-vous dans un endroit discret... ce qui ne nous a pas empêché de subir une attaque... ou une forme d'intimidation. Il ne serait pas étonnant que nous soyons espionnés et que cette entrevue tourne mal...

Elle ajouta à plus voix basse encore, en jetant un coup d’œil vers Corvo :

- Sans compter que je ne sais vraiment pas que penser de cet Obinus. Je pense qu'il t'a autant déplu qu'à moi, Corvo... Et pourtant, je me demande quel est son rôle dans toute cette histoire : il ne semble avoir eu aucun mal à entrer en contact avec celui que nous cherchons, ce qui signifie que soit ce dernier se trouvait dans la Tour en même temps que nous...

¤ Auquel cas, LeOrd nous aurait menti... ¤

- ... soit qu'Obinus pouvait entrer facilement en contact avec lui. Et, dans ce cas, il est certainement bien plus qu'un apprenti un peu trop curieux...

Metzli se tut, contente d'avoir pu exprimer ce qui la tracassait depuis sa rencontre avec l'apprenti.

N'ayant pas rencontrer le dénommé Obinus, le nain n'avait guère d'opinion mais son imagination lui permit quand même de suggérer :

-Il est aussi possible que le messager ai laissé à son maitre un moyen aisé de communication, et ayant eu vent de l'existence de ce dernier Obinus se serait contenté de l'utiliser sans permission, peut-être même en se faisant passer pour son maître, pour obtenir notre rendez-vous. Ca expliquerait la récalcitrance qu'il a montré.

Karmeth se frotta la barbe songeusement avant de poursuivre :

-Ce qui m'intrigue le plus, de mon côté, c'est la réticence potentielle de l'inconnu à rencontrer notre commanditaire. Réussir à le trouver ne sera probablement que le début des épreuves. Et effectivement il faut aussi compter avec un risque d'agression. Il faudra nous assurer de ne pas être suivi ce soir, peut-être commencer par une balade dans un endroit bien ouvert avant de bifurquer vers notre destination. Pour le reste j'ai encore dans mon arsenal de quoi faire quelques trous, et si notre cher Talian a réussi à mettre la main sur mes petites commandes je ne donne pas cher de la peau des importuns.

Le prêtre tourna son regard vers Corvo :

-Malgré tout il vaudrait mieux rester discret jusqu'au rendez-vous, mais après celui-ci il nous sera sans doute beaucoup plus facile de passer pour des cibles crédibles, conclut-il d'un ton mi-amusé mi-revanchard.

Laissant le marchand discourir, Moreta l’écouta laisser échapper des informations. Malheureusement, pas de nom, mais les dragons semblaient indiquer une organisation maléfique en rapport avec ces derniers, car l’elfe ne voyait guère l’armée du Cormyr intervenir ici et menacer des gens de mort. Des gens dangereux, mais elle avait l’habitude, et si la gemme de Jehal était impliquée, le culte du Dragon, et le danger associé, allait de soi. C’était ce même symbole qu’elle avait vu à peine plus tôt à l’auberge, du moins du peu qu’elle en savait, alors ce sobriquet ne faisait que confirmer les doutes.
Malheureusement, après à peine quelques phrases, la peur sembla revenir vers lui, et il s’inquiéta de ce qu’il disait, et de à qui il le disait. Malheureusement, avec la magie, il était possible que les menaces qui lui ait été faites soient basées sur une réalité, et dans ce cas, il n’était pas impossible que quelqu’un soit prévenu au moment où la porte serait ouverte, voir même au moment où elle l’avait déverrouillée, mais il ne lui avait pas semblé voir de choses du genre lorsqu’elle avait fait preuve de ses talents. Comptant sur d’autres de ses qualités pour convaincre l’homme de faire selon ses désirs, elle lui répondit :

Heureusement pour vous, sinon on m’aurait déjà demandé de venir ici pour vous tuer, en prenant mon temps, ainsi que les personnes à qui vous en auriez parler. Après, si vous ne me faites pas ce que je veux, vous finirez tout aussi mort, c’est évident, et je suis sur que vous voulez l’éviter. Vous allez donc ouvrir cette porte, et me parler du couple, ils sont venus ici, que ce soit la cave ou le magasin, quelle différence ?

Bien sur, l’elfe n’indiquait pas que même s’il faisait ce qu’elle lui demander, la tannerie allait avoir besoin d’un nouvel artisan dans la matinée, il était beaucoup trop dangereux de laisser un membre du Culte, si c’était bien eux comme il le semblait, en apprendre un peu trop sur elle. La méthode exacte serait à affiner, mais elle risquait de faire quelque chose de classique, et très plausible, un simple cambriolage qui avait mal tourné, et on chercherait ailleurs, et peut-être même que les autorités trouveraient les liens crapuleux du monsieur et se convaincraient de continuer sur cette voie.

L'épisode de la Tour des Capes derrière eux, Corvo profita pleinement des moments passés avec ses nouveaux compagnons. Déambuler dans le Joyau du Nord était des plus plaisant, la ville était au goût du roublard tant sur un point architectural que sur son ambiance particulière. Cerise sur le gâteau, le jeune homme appréciait réellement la compagnie de Karmeth et Metzli. Des compagnons simples et à la fois très singuliers, ils étaient de ces personnes qui ne cherchaient pas à imposer leur vision du monde à la moindre occasion...

Durant le passage de la petite équipe à l'écurie, le Cormyrien posa une option pour l'achat d'une des bêtes du patron de l'établissement... Corvo préféra attendre de voir l'état de sa bourse lorsqu'il aurait réglé sa commande auprès de Talian Tauvenal... Le magot de Polby était certes conséquent, mais il n'était pas inépuisable...

Le repas qui suivi fut l'occasion d'échanger de nouveau sur les ressentis de la matinée. Qu'il s'agisse de Corvo, de Karmeth ou de Metzli, tout le monde était du même avis... Il fallait faire preuve de la plus grande prudence...

Terminant son assiette le roublard entendait apporter son point de vue à ses camarades, qui avaient déjà dévié la conversation sur l'objet de la mission:

- Je ne vous cache pas que moi aussi j'ai été surpris de la facilité qu'Obinus a eu pour contacter notre cible... Cela semblait si... impossible au début de notre conversation... Au fond de moi, j'ai même un doute sur le fait qu'il l'ai vraiment contacté... Simple abruti ambitieux ou grand manipulateur, nous serons vite fixés ! Partons du principe que ce soir ça tournera au vinaigre et on ne pourra qu'être agréablement surpris non ?!

Adoptant son plus beau sourire, Corvo acheva de vider sa chopine de bière avant d'achever sa conclusion sur le ton du secret.

- Oui restons discret. Mais nous sommes peut-être déjà suivis. A en croire les annonces de recrutements rien qu'ici et si c'est pareil dans les autres tavernes de la ville, il doit y avoir des dizaines de mercenaires payés pour des services ayant un objectif final similaire au notre... Dans le lot, je suis prêt à parier qu'il doit bien avoir un ou deux de ces gus payés à en suivre d'autres... On devrait profiter de notre après midi pour passer plusieurs fois dans les environs du lieu de rendez-vous, histoire de prendre la température et de repérer les lieux. On pourrait aussi faire plusieur fois le même itinéraire et tourner en rond pour voir si quelqu'un nous file... Vous n'avez rien contre un peu de marche ?

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de soirée
Climat : Légère pluie. Vent frais.
Température : environ 2 degrés.

Metzli, Corvo Stern et Karmeth:

Comme les trois aventuriers étaient d’accord sur le fait que leur rendez-vous du soir avait de forte chance d’être mouvementé, personne ne s’opposa à l’idée de se montrer prudents. Corvo était celui qui avait le plus d’expérience en la matière et il effectua plusieurs tests pour voir si quelqu’un essayait de les suivre, utilisant des rues complètement vides et séparant le groupe pour quelques minutes mais il n’avait pas l’impression d’être suivi ou observé. Mais, au mieux, cela éliminait l’un des problèmes et cela seulement dans le cas où la menace n’était pas plus grande parce qu’il était incapable de la détecter.

Une partie de l’après-midi fut passée dans le magasin de Talan Tauvenal pour récupérer le matériel qu’ils avaient commandés. Le marchand avait été particulièrement efficace et avait réussi à mettre la main sur tout ce que les aventuriers souhaitaient. Après une intense négociation sur les sommes à payer, le groupe était libre de se préparer pour la réunion nocturne.

A plusieurs reprises, ils passèrent derrière le Hall de la Justice pour avoir une meilleure idée du lieu de la rencontre. Si celle-ci devait être une embuscade, il semblait y avoir peu de places plus adaptées dans la ville. Il s’agissait d’une sorte de cloître, avec à son centre une fontaine. De nombreuses colonnes et statues, ainsi qu’un toit peu élevé donnaient à d’éventuels assaillants une pléthore d’options pour se cacher. Même au milieu de l’après-midi avec une visibilité excellente, plus de la moitié du bâtiment était dans l’ombre et il ne semblait jamais être complètement vide.

Après un rapide diner pendant lequel ils eurent l’occasion de discuter de leurs plans pour la rencontre, le trio se dirigea vers le cloître. Celui-ci était particulièrement silencieux et, pour le première fois, personne ne se trouvait à proximité de la fontaine. Ils attendirent un moment avant que quelqu’un n’émerge du fond de la cour. Son visage était initialement caché par une capuche mais il la retira quand il commença à parler. Il s‘agissait d’Obinus.

-Désolé de vous avoir fait attendre mais je tenais à m’assurer que personne ne vous avait suivi. Et que vous n’aviez pas choisi de venir avec des renforts.

Avant que les trois aventuriers ne puissent exprimer leur impression qu’ils s’agissait d’un piège et que le mage leur avait menti, une autre voix retentit depuis le côté. La voix semblait étrangement forte et suave venant de ce qui semblait être un homme très agé s’appuyant sur une canne en bois pour chacun de ses pas. Il se redressa, visiblement sans grande difficulté, et la canne commença à ressembler plus à un sceptre qu’à une béquille.

-Je crois que vous me cherchiez.

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Nuit
Climat : Légère pluie. Vent frais.
Température : environ 2 degrés.

Moreta :

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Moreta réalise que le mur est une illusion: 15(Dé) + 8 contre DD 17 = Réussite

Le tanneur était toujours dans son état de panique. Il avait visiblement compris qu’il était mort et les conséquences de ce fait. Moreta pouvait voir qu’il était sur le point de faire quelque chose de stupide.Comme essayer de fuir en criant. Mais sa dernière phrase lui donnait une tâche sur laquelle il pouvait se concentrer et retarder sa mort de quelques minutes de plus. Il commença donc à révéler ce qu’il savait. Ou, en tout cas, une partie.

-Je n’ai jamais vu de couple, ils sont d’habitude trois. Deux hommes et une femme. Et l’un des deux hommes, leur chef, je pense, a des écailles sur le front et le cou. Ils ne sont jamais entré dans mon magasin, ils utilisent juste la cave pour son accès à la rivière. Et mon bateau. Mon petit-fils a essayé de leur résister mais ils l’ont pris comme otage. Et euh...

Il était évident qu’il cherchait quelque chose d’autre à dire, quoique ce soit qui pourrait lui faire gagner encore un peu de temps, dans l’espoir d’un miracle mais son esprit tournait à vide et plus la certitude qu’il n’avait rien d’autre à faire qu’ouvrir la porte devenait importante plus la panique le submergeait. Comprenant que Moreta n’avait aucune intention de lui donner une chance de sauver sa peau, il attrapa la poignée de la porte. Doucement, il la fit tourner avant d’être pris d’une crise de toux qui lui fit expectorer un flot de sang qui vint s’abattre sur la porte. Moins de trente secondes après qu’il eut posé la main sur la poignée, il s’effondra en avant mais Moreta avait été assez rapide pour placer son pied en opposition au mouvement de la porte qui ne se referma pas.

Derrière se trouvait l’une des pièces les plus puante qu’elle ait jamais eu l’occasion de visiter. Une sorte de canal était creusé le long du mur opposé et à travers le mur sur sa gauche pour évacuer les liquides mais une pile d’ossements divers, d’objets dans divers états de putréfaction et d’autres choses dont elle préférait ne pas connaitre la nature ne risquait pas de quitter la pièce par cette issue. Plusieurs trous ménagés dans le plafond étaient la manière évidente par laquelle les déchets étaient arrivés dans cette pièce. La lumière de sa pièce lui permettait d’entrevoir un nombre d’insectes considérable qui occupaient une grande partie de la surface de la pièce et semblaient accueillir la possibilité de s’étendre encore plus.

Dans le même temps, elle réalisa que le mur qui fermait le couloir opposé à la porte donnant sur la rue n’en était pas un. Il s’agissait d’une illusion, fort réaliste au point qu’elle ne s’en était pas aperçu lors de sa première inspection, mais seulement une illusion. De l’autre côté, le couloir se terminait directement sur la rivière sur laquelle la lune se reflétait. Une corde était attachée à un gros clou planté dans le mur et à une vessie gonflée qui flottait. Une petite embarcation était visible grâce à une lanterne accrochée à sa proue près de l’autre berge.

Lorsque l'attente qui lui avait semblé interminable s'était finalement achevée, Metzli n'avait été qu'à moitié surprise de découvrir le visage d'Obinus : même si on l'avait passé pour un apprenti de seconde zone, son attitude lors de leur discussion lui avait laissé de sérieux doutes à ce sujet. La jeune ensorceleuse n'avait pas eu le temps de dire quoi que ce soit car le vieil homme à la voix suave qui accompagnait Obinus avait très rapidement fait son apparition.

Meztli était un petit perturbée du fait qu'il ne s'était pas présenté : elle cherchait quelqu'un dont elle ignorait tout et personne ne s'était donné la peine de lui fournir la moindre information à ce sujet : "l'émissaire" ou "celui que vous cherchez" étaient des termes trop flous à son goût.

Elle se présenta néanmoins avec toute la politesse voulue. Ayant été chargée par le Comte de retrouver l'individu en question, la jolie amnienne estimait que c'était à elle de prendre l'initiative:

- Enchantée et ravie d'avoir l'occasion de vous rencontrer, merci d'avoir accepté de prendre un peu de votre temps. Je suis Metzli Arnesen.

Sans plus attendre, elle entra cependant dans le vif du sujet :

- Je suppose que vous êtes cet "émissaire" de La Main des Mystères dont j'ignore jusqu'au nom mais que l'on m'a chargée de retrouver...

Metzli laissa sa dernière phrase en suspens. Elle observait son interlocuteur d'un oeil curieux et interrogatif, elle voulait le jauger avant d'aborder des sujets plus délicats.

Laissant le propriétaire des lieux ouvrir la porte dans la peur de la mort, Moreta le regarda agoniser quelques instants avant de mourir de ce qu’elle avait aperçu sur la poignée de porte. Elle avait donc bien fait de ne pas l’ouvrir elle-même, la chose était bien dangereuse, mais venait de lui rendre un bon service, car maintenant que l’homme commençait à vouloir se rebeller, et qu’il en savait sur elle, pas forcément beaucoup mais un peu, elle allait devoir le tuer et n’aimait pas particulièrement cela, avec sa mort ici et maintenant, le problème était réglé et il n’y avait même aucune trace de son implication, si on exceptait celles apporter en forçant la serrure, mais en tout cas, aucune dans le meurtre lui-même. Après tout, c’était son problème, s’il piégeait les portes de son magasin et oubliait d’enlever ces dernier en ouvrant les portes.
Regardant, puis rentrant dans la salle protégée, laissant le soin au cadavre de bloquer la porte, Moreta n’y vit au début rien de vraiment intéressant, et certainement rien qui valait la peine qu’on les protège d’un piège mortel, sinon les ossements des victime dudit piège. De plus, avant de mourir, l’homme avait parlé d’un accès à la rivière. Tendant l’oreille, Moreta entendit cette dernière, et se rendit compte que l’un des murs n’était qu’une simple illusion, qu’elle traversa avec la plus grande prudence.
Cet accès à la rivière aurait pu être utile pour elle aussi, domme à la fois que le contrat se soit envolée, et que le propriétaire soit décédé, d’ici demain, la zone grouillerai de gardes locaux, et Moreta n’avait pas envie d’avoir affaire à eux. De plus, sur une rivière, le couple, et leur compagnon, n’aurait laissé aucune trace qu’elle aurait pu suivre, aussi Moreta arrêta ses recherches après avoir jeté un simple coup d’œil dans la barque, elle n’en apprendrait pas plus ce soir, et c’était bien dommage.

La préparation et l'attente du rendez-vous avait semblé interminable à Karmeth. Il était heureux qu'il se soit trouvé en bonne compagnie car l'absence de manifestations ennemis et l'incertitude qui allait avec aurait pu le rendre fou.
Le choix du lieu de rendez-vous ne le rassurait en rien. Si leur contact inconnu tenait à sa sécurité, pourquoi choisir un lieu si exposé ?

Malgré tout, le nain était heureux. Il caressait distraitement les quelques kilos de métal dont il venait de faire l'acquisition. Si combat il y avait, l'adversaire aurait à faire face à un Kaxanar surexcité à l'idée d'essayer ses nouveaux jouets.

Mais il était aussi possible qu'ils fassent l'objet d'une attaque plus subtile. Un tir de loin, un piège magique quelconque...

Aussi quand Obinus et l'homme qui l'accompagnait se révélèrent, le prêtre se hâta de les saluer :

-Enchanté Messires, Karmeth, prêtre de Haela Brillehache. Ainsi, c'était bien intentionnellement que vous avez décidé de vous cacher du Comte... vous m'en voyez rassuré.

Les raisons qu'avait l'individu, avec la complicité de la Tour des Capes, de ne pas prendre contact avec Aksel Tørshavn étaient bien sûr intrigantes, mais au moins l'envoyé était encore en vie et libre de ses mouvements.

A partir de là il fallait faire en sorte qu'il le reste. Si bien sûr il était bien qui il prétendait être, mais ça le fils de la pierre laissait ses compagnons en décider, lui allait pour le moment se concentrer sur les menaces extérieurs.

Une fois encore, le prêtre fit appel à la puissance de son Iris. Il n'y eu guère d'effets visuels, mais pour lui la scène changea. Les alentours se rapprochèrent de sa rétine et milles détails se présentèrent à son être. Car il ne voyait plus seulement que par ses yeux, mais par tous ses sens.

¤Le monde vu par un dragon, n'est-ce pas incroyable...¤

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Utilise Vision draconique.

¤ Enfin... ¤

La vue de la trombine d'Obinus avait exercé comme une soupape de décompression chez le roublard car comme à chaque fois avant ce type de rencontre, Corvo était plutôt tendu jusqu'au début des "hostilités". Mais lorsque la rencontre débutait, il n'était plus question de tension l'heure était à l'action (même passive) et l'action était libératrice.

Cela ne voulait pas dire que le jeune homme relâchait sa vigilance bien au contraire, mais au moment de l'action, Corvo savait qu'il ne pouvait plus maîtriser les choses. Plus question alors de se laisser aller à de multiples conjectures, à cogiter sans cesse pour savoir si quelque chose n'avait pas été pris en compte pour assurer la sécurité de la rencontre... Seuls comptaient les mots et les réactions des personnes présentes dans son champ de vision.

Et puis le Cormyrien avait confiance, confiance dans le repérage des lieux qu'il avait exercé quelques heures auparavant, confiance en ses compagnons pour réagir de la bonne manière en cas de coup dur, confiance en son nouvel équipement qui lui permettrait encore plus de réactivité et de souplesse et surtout confiance en Tymora ! Alors pourquoi s'en faire désormais?

Une fois n'était pas coutume, le jeune homme resta en retrait car pour l'instant telle était sa place. Il se contenta donc de se présenter et d'assurer la surveillance des protagonistes et des environs. Prêt à toute éventualité, il se tenait prêt à écouter les échanges qui allaient être, à coup sûr, des plus instructifs...

- Corvo Stern de Marsembre, enchanté.

Perception (+10) sur l'environnement et les deux hommes