De l'autre côté

De la lave coulait dans les veines de l’Élue. Elle brûlait de hurler que les elfes comme les fées n'étaient pas exempts de fautes - et bien plus nombreux par ailleurs -, que ses ancêtres comme les dragons métalliques ne méritaient pas un tel traitement, que les jeunes peuples n'avait pas eu besoin des écailleux pour s'asservirent entre eux. Que cette vision était d'un partie prit honteux pour n'importe quel philosophe. Et surtout, que les habitants de Toril ne méritaient pas d'être les dégâts collatéraux de dragons en colère... Mais elle se contenta de serrer les dents, elle savait pertinemment que si elle voulait œuvrer pour aider ses pairs, elle devait être subtile. Elle se releva, et ne se dirigea pas vers l'alcôve. Pendant un long instant, elle resta debout devant le LeShay, sans vraiment le défier. Elle était plutôt plongée dans ses pensées. Elle préférait encore retourner sur Toril que de rester en Féérie sans rien faire. Et puis, elle se tourna vers le guide.

- Je suppose que je ne trouverais pas de stèle du Chevaucheur ici, passons. J'ai besoin des étoiles et des sentiers pour communier..., elle soupira, elle espérait que Shaundakul l'aiderais à voir clair, il ne l'avait pas choisie pour rien... Et puis, je préfère l'herbe pour entrer en rêverie. Puis-je m'installer à l'extérieur ?

C'était une pique, rappelant bien aux fées que toute dragonne qu'elle soit, elle était aussi capable qu'eux d'entrer en transe comme les plus purs des eladrins. Et puis, avant même d'attendre une réponse, elle pris son courage et se retourna vers le LeShay.

- Pardonnez moi, mais si la dracorage avait été créée pour... brider... les dragons, alors elle ne suit pas sa voie cette fois. Quiconque l'ai déclenchée, les dracoliches comme les vivants dévastent nos Royaumes au moment même où nous parlons. Vous savez que Faerûn est maintenant couverte de routes, de villes et de villages, nos peuples ne se cachent plus du ciel. Même si nous serons probablement vos ennemis jusqu'à la nuit des mondes, allez vous laisser l'un de vos plus puissants mythal décimer ceux que vous vouliez protéger ? Peut-être la question est elle insolente, mais j'ai prêté un serment, celui de protéger Toril et tout les mondes où les mortels peuvent porter leurs pas. Alors si vous savez comment, ou avez le pouvoir d'enrayer la Rage, je vous conjure de faire quelque chose...

Posant une main sur sa poitrine, paume vers l'avant en signe de paix, elle inclina la tête et rajouta le vieux terme elfe pour saluer les plus sages d'entre eux.

- Hodoer.

Le chevalier qui venait de terminer son monologue entendit à nouveau la voix résonner dans sa tête. Cette fois ci le ton était plus virulent. C’était comme si cette entité voulait bien faire comprendre au jeune homme qu’il n’était pas en position de force. Sur le coup, Adhémar voulut répliquer en tout impétuosité mais grâce à l’enseignement qu’il avait suivit durant son plus jeune âge, il réussit à se calmer et à contenir sa rage intérieure en serrant les poings. Il était inutile d’agir stupidement.

La suite des paroles se fit plus amicale. Et les explications qui lui furent donnés calmèrent presque aussitôt le jeune homme. Apparemment une force étrangère voulait cette graine et se servait de chaque membres de ce quatuor pour l’obtenir ? Le mage avait semble t’il été possédé par un sortilège et le portail crée par cette même puissance maléfique ? Et si puissance maléfique il y avait, le croisé se devait de l’éliminer.

A la fin du flot de paroles déversé dans son esprit, le croisé qui entre temps avait baissé les yeux, les releva soudainement et répondit à l’entité face à lui : - « J’ai bien compris vos paroles ! Je chercherais cette graine et aiderais mes compagnons à l’obtenir. Et si quelque chose ou quelqu’un se met sur notre chemin, ma lame lui barrera le passage ! »

Le chevalier détourna son regard et regarda ses acolytes avec attention tout en pensant que cette équipe était la plus disparate qu’il n’ait jamais connu. En premier lieu il détailla Serena. ¤ La jeune femme est séduisante mais peut arracher un membre au premier venu en quelques secondes. ¤ Tout en se relevant il jeta un coup d’œil vers Arakh. ¤ Le cuistot est malin mais peut me planter un couteau dans le dos à tout moment. ¤ Puis il se retourna vers Melkiot. ¤ Le mage est fourbe et sournois mais important. ¤ Regardant fixement le mage, le chevalier lui déclara : - « Je te pris de bien vouloir m’excuser ! » Le jeune homme tendit une main amicale en signe de paix à Melkiot tout en reprenant : - « Ces allégations étaient faussement fondées et je n’ai pas pour habitude de ne pas avouer mes torts alors faisons la paix. Si nous voulons mener à bien cette mission nous devons nous unir plutôt que nous accuser mutuellement ! »

A vrai dire il y avait beaucoup d’égo en chacun d’entre eux. Toutes ces fortes individualités pouvaient tout aussi bien mener la mission à son terme comme la mener à un échec complet. Mais il n’était pas là pour décider et en juger. Ça non. C’était le destin qui déciderait si leur entente réussirait à les unir et à les faire s’entraider.

La voix qu'il avait entendu dans sa tête lui donnait encore plus d'énigmes que de réponses.
*Bon, ben va falloir que je fasse avec.*
Même le cerf ne savait pas ce qu'était la graine exactement, la femme aux cheveux bleus avait connu l'exil et la folie, il avait bien vu qu'elle n'avait pas toute sa tête.

Depuis le début, il avait eu un pressentiment, nulle doute qu'il aurait due prendre la glande venimeuse et s'en aller sans demander son reste.
*Au moins j'en serai pas là. En même temps cette graine possède un certain attrait, j'avais raison elle est puissante, très puissante, elle me permettrait peut être d'acquérir plus de pouvoir. Encore faudrait-il savoir ce que l'on cherche, comment trouver une chose dont on ignore tout ?*

Il fut sortit de ses pensées par le chevalier qui lui tendait la main en signe de paix.
Il lui serra rapidement la main en se forçant à sourire.
"Pas grave, on était tous très tendu."

Il vit alors apparaître le coin avec les lits qui semblaient l'appeler et toutes ses interrogations s'évanouirent en un instant alors qu'il mettait une fin abrupte à la conversation.
"Excuse moi, je suis épuisé."
C'était vrai, il sentait une immense fatigue l'envahir et sans se poser plus de questions, il se dirigea vers le lit le plus au fond et s'allongea dessus.

Dans d'autres circonstances, Arakh aurait levé sa choppe pour trinquer avec allégresse à cet arrangement. La promesse d'une récompense grandiose, la confidence d'une créature si puissante... Finalement cette escapade s'annonçait sous de bons augures. Tout à son enthousiasme, et bien aidé en cela par la disparition de ses blessures, il en oublia le cauchemar et les horreurs des heures précédentes. Un nouveau chapitre s'ouvrait, et même s'il avait le gosier sacrément desséché, il devait bien avouer qu'une bonne nuit de sommeil serait idéal pour conclure cette incroyable journée.

- Bon les amis, finalement nous v'là officiellement dans le même bateau ! Va falloir s'farcir le bon vieux Arakh pour quelque temps on dirait ! Le guerrier des steppes, hilare, tapota dans le dos d'Adhémar au passage - " Tu vas laisser ta princesse dormir toute seule dehors ? Fais gaffe tu vas t'faire griller la politesse, ce genre de donzelle ça fait la farouche, mais tu sais comme moi c'que ça veut dire " Un bâillement sonore lui décrocha la machoire - " Bon c'est pas tout, mais il est temps d'aller s'pieuter ! "


La visite, si tant est qu'il y ait quelquechose d'intéressant ou d'utile aux yeux du prêtre en ce lieux si peu à propos avec son univers habituel, sera reporté au lendemain. Il adressa un baiser complice de sa main à la petite fée qui lui tournoyait autour, et alors qu'il se dirigeait vers l'alcôve d'un pas lourd il ajouta

- " Merci ma belle ! Très charmante compagnie, si y avait la moindre goutte d'alcool içi, j'taurai bien inviter à boire un dernier verre dans ma chambre... Mais là tu vois, à part un sac dos au nom d'pinard, c'est la dech... Si tu viens avec nous demain, j'te promets de me rattraper! J'voudrais pas qu'on dise pas dans ton royaume qu'Arakh n'est pas le gentilhomme qu'il y paraît"

SERANA

Le Gardien répondit à la première remarque formulée à haute voix par les aventuriers.

Gardien féérique

- Je ne connais pas le Chevaucheur et j’ai difficile à comprendre que tu apprécies moins ce lieu que l’herbe mais je veillerai, j’ai reçu mission de faire au mieux. Ta rêverie risque d’être interrompue si d’autres passent par là mais je suppose que je ne peux pas te contraindre à être … raisonnable. -------------------- A mi-chemin entre créature végétale et Satyre, gardien de Féérie.

Le LeShay poursuivit, avec une pointe d’agacement, comme s’il considérait que la discussion était déjà terminée.
¤ Pas pour les brider, pour qu’ils s’entre-détruisent. Qu’est-ce qu’un Dracoliche ? ¤
Serana avait moins de connaissances sur la Nécromancie que sur d’autres sujets, jamais elle n’avait imaginé qu’ils n’existaient que ‘depuis peu’ à l’échelle des créatures féériques et que ceux-ci n’avaient pas même connaissance de leur existence.
¤ Nous pourrions revenir sur Toril, et détruire notre Mythal, oui, nous pourrions. Mais je doute qu’aucun des miens n’en prenne le risque sans contrepartie. Détruire les dragons qui n’ont pas la sagesse de l’exil, voilà la seule voie qu’ils prôneront. Et je les y aiderais si je n’avais pas un royaume à défendre. ¤

Une idée fugace traversa l’esprit de la Dragonne. Si la Graine était une source de Pouvoir … peut-être lui permettrait-elle de briser elle-même le mythal et la rage ?

TOUS

Les autres compagnons semblaient beaucoup moins perturbés par les mots de la créature, par leur fond et leur forme, aussi différents qu’ils l’étaient de Serana d’ailleurs, mieux, ils semblaient se mettre d’accord sur une trêve, une collaboration pour atteindre un objectif commun, qu’elles que furent leurs motivations propres.

Le Gardien mena Serana à une petite clairière attenante à la Citadelle. Sifflotant, il fit écarter les branches qui cachaient le ciel étoilé, et d’un geste l’invita à prendre place ou bon lui semblait. Il ne faisait ni froid, ni chaud, l’herbe était douce, l’air sentait bon la jacinthe. Le vent et la nuit après un long voyage au travers d’un portail improbable, l’instant avait tout pour plaire à Shaundakul. Le LeShay avait parlé de « Reine de l’Air et des Ténèbres » mais à Melkiot, pas à elle, sans partage. Avait-il conscience que ce terme aurait pu poser question à la suivante du Chevaucheur des Vents ?

Les trois autres s’endormirent aussitôt que la dragonne atteint la Rêverie et chacun fut frappé par l’image d’un songe commun. Une dryade d’une beauté surnaturelle, aux yeux si bleus qu’ils rayonnaient d’azur, vieillissait tandis que les siècles passaient dans un souffle. Son doux visage se marquait de folie et elle psalmodiait. Chaque mot durait une saison entière. Ses yeux étaient plein de larmes de son arbre perdu, de l’autre côté, sur Féérie.

Quand ils s’éveillèrent, ils étaient frais et dispos. Au pied de chacun des lits, était déposé une outre pleine. Le Gardien était toujours à quelques mètres de Serana et ne semblait pas affecté par sa veille s’il était vraiment resté là tout du long.

Gardien féérique

- Je suis chargé de vous mener à la Bordure Septentrionale, à quelques lieues. Je vous quitterai là-bas. Vous avez chacun reçut une outre, elle devrait répondre à vos besoins en nourriture et boisson tant que vous serez chez nous. Nous n’avons aucune idée de son effet sur un dragon, désolé. -------------------- A mi-chemin entre créature végétale et Satyre, gardien de Féérie.

pour ceux qui ont besoin de temps et/ou d’une action particulière à faire pour obtenir leurs sorts ou respecter leur dogme, pas de souci, considérez que vous l’avez fait.

La dragonne avait passée toute sa transe à retrouver son calme. Comment cet... être, aussi puissant qu'il soit, pouvait il avoir l'audace de ce genre de velléité ?! Depuis combien de millénaires les fées avaient ils quittés Toril ? Qui s'était permis d'intervenir dans la destinée d'un autre monde si ce n'était eux ? La puissance conduisait elles à ce genre d'assurance qui confinait à la stupidité ? Aussi destructeurs qu'ils puissent être les dragons avaient probablement fait moins de dégâts ces derniers millénaires les guerres des humains, des nains et des elfes... Le LeShay ne connaissait pas l'existence des dracoliches, ce qui prouvait à quel point ils ne se tenaient pas au courant du monde sur lequel ils avaient laissés leur mythal.

La fureur eu du mal à disparaître de son cœur, mais le ciel dégagé, et la communion finir par lui rendre la sérénité que son père avait voulu lui donner en la nommant ainsi. Le Main Secourable ne lui parla pas directement, mais elle était certain qu'il était là haut.

Elle ne savait toujours pas ce qu'était cette graine mais... si elle faisait peur au maître des fées elle devait être immensément puissante. Assez pour détruire le mythal, elle ne le savait pas, mais pour protéger Toril, peut-être, pour y retourner au moins...

Sa transe terminée, elle ne fit pas attendre le garde. Et elle suivi. Elle ne répondit pas au questionnement rhétorique du garde sylvestre, en fait, elle n'en avait pas grand chose à faire. Une fois qu'elle eu rejoint les trois autre, elle pris un instant.

- Bien, nous sommes coincés ici, mage, pardonnez ma véhémence d'hier. Me retrouver en Féérie est probablement l'une des pires nouvelles de mon existence.
Tentons d'être efficace, quelques soient nos buts, le premier est de retourner dans nos Royaumes...

Le chevalier regarda Serena, accompagnée par le gardien, s’écarter du groupe en direction de la clairière un peu plus bas. Puis constatant que ses deux compagnons avaient déjà prit place sur leurs couches respectives, le représentant d’Hoar fit de même. Le confort était sommaire mais là n’était pas le principal. Le croisé était complètement exténué et un peu de repos lui ferait grand bien. Otant son armure et déposant ses armes à ses côtés, il se coucha et ne tarda guère à tomber dans un profond sommeil réparateur.

La suite ne fut qu’une succession d’images qui se répétèrent pendant toute la durée du sommeil du croisé. Une superbe dryade avec des yeux perçants ne cessait d’apparaître. Elle ne vieillissait jamais malgré les siècles qui eux passaient petit à petit. Elle était agréable à regarder, c’était comme si elle avait envoûté le chevalier ? Mais il y avait quelque chose sur son visage. Oui quelque chose qui exprimait une marque de folie. Il y avait aussi les paroles qu’elle prononçait. Ce flux de mots inaudibles qu’elle prononçait sans cesse et qui ressemblait étrangement à un rituel. Sans jamais pouvoir percevoir le moindre sens à ces mots, le jeune homme se réveilla brutalement mais frais et dispos.

Se soulevant immédiatement, Adhémar put constater qu’une outre avait été déposée au pied du lit. Tout en se demandant qui était celle qui avait hanté son sommeil, le croisé en profita pour se ré-équiper. Puis une fois prêt, il se dirigea vers le gardien qui était à quelques pas de Serena.

Tout en écoutant les paroles de la jeune femme, qui était en train de s’excuser auprès du mage, le représentant d’Hoar en avait profité pour retrouver sa monture. Une fois à ses côtés, le jeune homme caressa son destrier. Ne voulant pas offusquer le maître des lieux, puisqu’il lui était interdit, dans ces lieux, de mettre un harnais sur le dos de son compagnon, Adhémar souleva donc tout l’attirail que pouvait supporter son destrier. Puis sans prononcer un seul mot sur son rêve étrange, il se chargea de porter cette charge lui-même jusqu’à la Bordure Septentrionale.

Il avait fait un rêve étrange avec la créature aux yeux bleus qui devenait folle d'avoir perdu son arbre. Puis il s'était réveillé frais et dispo pour une nouvelle journée dans cette étrange contrée.
Il prit la gourde qu'avait laissé l'être étrange qui les avait accueilli ici puis la rangea dans son sac à dos.

Une fois de plus, on lui proposait de faire la paix cette fois c'était l'elfe.
Il se força à lui sourire et lui répondit.
"C'est pas grave.
Le premier ? Vous croyez ? Avant, peut être. Maintenant je crois qu'il faut que nous retrouvions cette graine même si effectivement je n'en ai pas trop envie."

Il soupira tout en se tapotant la tempe de la main droite.
"Le cerf m'a parlé dans la tête, il m'a dit que la créature qui nous a envoyé ici avait été corrompue par la reine de l'air et des ténèbres, je sais même pas qui est cette reine. Une idée ? Et vous, il vous a dit quoi le cerf ? Et aux autres ?"
Il regarda le reste du groupe songeur, il aimait pas ça le fait qu'un être ait pu leur parler directement dans l'esprit et s'il était venu jouer les troubles têtes ?
*Quel meilleur moyen pour faire germer le doute et la suspicion ?*
Il fallait qu'il se méfie.

Si la jeune elfe se doutait de l'hypocrisie du mage, elle n'en dit rien. Elle répondit par contre à sa question de l'unique façon qu'elle estimait juste, celle d'ailleurs qui la qualifiait entre autre comme servant de la Main : la vérité.

- En somme, je suis un ennemi de ce monde, que mes oreilles ne font pas le poids face à l'horreur de mes écailles et que les faêruniens pouvaient bien continuer à mourir pourvu qu'un maximum de dragons périssent.

Elle émit un léger sifflement de frustration et de colère. La haine du soir précédent ne l'avait toujours pas quitté et l’émerveillement qu'elle avait ressenti plus tôt était maintenant loin derrière elle. Ces lumières et cette luxuriance semblait maintenant être un paradis d'autocrates et de surpuissances égoïstes et meurtrières. Le manque d'envie de Melkiot l'amusa.

- Vous avez sans doute raison, mais ces deux buts sont liés. Je doute qu'on nous aide à partir, voir qu'on nous laisse partir, avant d'avoir trouver cette graine. Et de toute façon, j'aime déterrer les secrets, c'est plus ou moins mon boulot.

Et c'était bien la seule chose qui pouvait la faire sourire ce matin là.

Son réveil s'accompagna d'un bâillement sonore et dérangeant, d'un craquement sec des cervicales reposées par une bonne nuit de repos et pour finir d'un coup d'oeil rieur à ses parties pas très intimes en cet instant

" Hey les pisseuses, v'ous avez vu le morceaux ! j'crois qu'j'ai rêvé d'une p'tite beauté aux yeux bleus, ell m'fait de l'effet jusqu'au matin !"

S’extirpant de sa couche, Arakh jeta un oeil à ses provisions, et malgré les déclarations du satyre, il se dit qu'il n'était guère mieux loti avec une outre supplémentaire. Désignant l'objet du menton, il demanda

" V'zavez goûté ? Ca a pas l'air très consistant comme p'tit dej.. plus on vite on s'tire d'ici, plus vite on retrouvera que'quchose de correct à s'mettre sous la dent."

[i] Une pesanteur sournoise commençait à se faire sentir dans son crâne, il déboucha l'outre et avala une gorgé du liquide, sachant pertinemment qu'il ne retrouverait pas la douceur âcre d'un alcool faisandé..

" On aura le temps de bavarder sur la route, croyez pas ? " L'humain ajouta néanmoins " Mouais, j'sais pas c'qu'elle a pu vous raconter la chèvre, mais pour ma part, y a intérêt que cette graine vaille le coût de tout ce merdier, parcque j'vais pas me décarcasser pour ses beaux yeux de cabri "


Harnaché de tout son fatras, la hyène huma l'air et chercha des yeux la petite fée ou le grand cerf... Ne trouvant pas de répondant "sensible", il tenta une approche plus subtile et tâcha de se concentrer...

¤ j'me serai bien dégoté une p'tite avance, histoire de motiver un peu à bien faire le boulot si vous voyez c'que j'veux dire... ¤

La réponse ne vînt pas dans l'instant, et un haussement d'épaule plus tard, le guerrier décida qu'il était temps de se lancer...

-" En route, les bouseux ! Honneur aux dames !" Le guerrier des steppes adressa un sourire cajoleur à Melkiot et Serana et ponctua sa dernière tirade d'un rire narquois - " N'ayez crainte, je m'occupe de surveiller vos derrières [/i]

Le chemin comme la récompense étaient nimbés de mystère, et Arakh n'avait pas la curiosité de la demi-dragonne. Le danger ne manquerait pas mais cela ne l'inquiétait pas, au contraire de l'atmosphère irréelle qui accompagnait cette quête, qui elle semait un trouble certain dans l'esprit parfois rustre du bedonnant autochtone.