۝ Abysses ۝, Traité de l'Eau - IV

L’Odyssée à Travers le Temps des Porteurs touchait à sa fin.

Quelque part, sur Toril, bien loin de ce temple oublié, une bataille venait de se terminer entre des Battaris et une poignée de Frères et Sœurs du Cercle que Jack Maulkin lui-même avaient menés. Le Hameau de la Vallée Perdue, près de la frontière Est du Samarach dans lequel ils devaient trouver la trace de l’Aeromanticum, le Traité du Vent, entendait le son des cornes de brume et le fracas des armes.

Là-bas, le temps avait suivi son cours, c’était le 14ème jour de la Première Chevauchée de la Marée Estivale, 1372.

Quelque chose de terrible était en train de se produire …
Dans l’Ouroboros, à quai à Da’aï Chikiza

Mais ni Euréka, ni La Magouille n’était en mesure de s’en rendre compte. L’usage de la Crosse de Voleur de Songes leur était déjà impossible dans ce lieu coupé de l’Esprit Océanide, la magie même de leur Teouxvilit devenait complexe … Et leur esprit se défendait contre la puissance incroyable d’une créature créatrice.

Comme il s’y attendait, le Slaad ne fut pas ravi de la réponse du Gnome et il leva une griffe énorme en direction des aventuriers tandis qu’il tendait l’autre bras vers Eltrazinak. Euréka lacha un carreau qui fondit vers la créature et s’enfonça dans son corps comme dans du sable … sans qu’il sembla même le sentir. Un rayon pourpre jaillit du bras tendu vers le Méphit qui dans un hurlement de douleur vit son corps se tordre dans une posture grotesque, grossir, se transformer, et des deux griffes des rayons aussi noir que la Mort et l’oubli.

Ils ne pouvaient rien faire pour les éviter, ils allaient disparaitre … mais comme lors de leur affrontement contre les Chiens de Yeth, l’impensable se produit repoussant leur destruction. Les gardiens avaient bondis à une vitesse si prodigieuse que personne ne les avait vu faire, s’interposant au dernier instant et absorbant à leur tour l’énergie noire. Ils les avaient créé pour qu’ils protègent le Livre, sans jamais penser qu’ils protègeraient leurs « voleurs ».

Derrière le premier Slaad, apparurent quatre autres.

¤ Voleurs … nous allons vous détruire … ¤

Le Livre comprit qu’il ne résisterait pas plus longtemps. L’esprit de la créature qui avait été brisée pour créer ce temple, comprit que c’était son unique chance de vengeance. Si elle avait encore eu un visage, elle aurait souri en ouvrant une porte emportant instantanément les Aventuriers et l'ouvrage ... ailleurs

Ici se termine la quête du Traité de l'Eau et avec elle l'Odyssée à travers le Temps des Porteurs de l'Ouroboros.

Euréka, dernier Porteur, voit disparaitre tous les avantages de Feu-Cercle de l'Ouroboros



EPILOGUE

Dobun n'en était pas à sa première traversée de portail et pourtant il manqua défaillir quand il prit conscience de son nouvel environnement. Ils étaient dans une bulle d'air, à peine assez grande pour les deux aventuriers qui savaient se connaitre mais qui avaient toutes les peines du monde à se souvenir du contexte de leur rencontre.

Le Gnome serrait de son bras gauche contre son corps, comme si sa vie en dépendait, un grimoire, curieusement froid et humide. Il était accroupi comme un enfant craignant d'être battu, son arbalète à la main. Face à lui, l'humain n'en tenait pas beaucoup plus large, il essayait de comprendre comment cette bulle était possible et ce qu'ils faisaient là. Sous leur pied, il n'y avait que de l'eau, obscure comme les profondeurs insondables des océans...

Doucement, ils se sentaient monter vers la surface, n'osant bouger de peur d'éclater la surface de leur sphère.

L'air libre n'était déjà plus qu'à quelques mètres d'eux et le Magicien savait pertinemment qu'une fois celui-ci atteint, elle éclaterait. Autour d'eux, il n'y avait rien, rien que de l'eau...

obun ne savait pas vraiment ce qu'il faisait là. Déjà, l'eau d'habitude, il s'en méfiait. Du coup, il se demandait bien qu'est-ce qu'il avait put faire pour se retrouver là, comme ça, au milieu de l'océan dans une bulle, qui certe remontait à la surface, mais qui en outre allait les y larguer, menaçant de les rejeter vers les profondeurs. Sans compter aussi les potentiels monstres marins et autres joyeuseté qui firent frémir le gnome.

Et puis, il y avait cet homme. Dobun savait qu'il le connaissait, mais en même temps, il lui était impossible de le remettre.

De la même façon, il savait aussi que lui même avait un surnom : Eurêka.


Ce surnom devait être associé à quelque chose de fort. Mais quoi ?

Le gnome sonda son esprit. Son esprit ne lui répondit pas.

Ou plutôt si, son esprit lui disait « t'as un sacré trou de mémoire là mon pote ! ». Alors le gnome, se dit qu'il pouvait toujours utiliser son esprit pour raisonner. Que se rappelait-il ?

D'un portail qu'il venait de franchir.

Et avant ça ? Pas grand-chose, des brides, la perte d'amis sans visage ni nom dans l'obscurité absolue, une ville splendide qui semblait sous-marine, ah ! Et il y avait cette bibliothèque ! Mais tout cela était bien flou, sans queue ni tête.

Et avant ça ? Encore plus flou, il se rappela de caravane, de bateau, quelques visages marquant, un nain avec des cornes de bois par exemple. Mais là encore, c'était tout.

Et avant ça ? Avant ça, il se rappela que, la curiosité aidant, il avait décidé de pratiquer une forme d'archéologie illégale. Sans doute sa perte de mémoire y était liée.

Puis, Eurêka, fouilla ce qui l'entourait. Il y avait cette bulle, ce livre, son arbalète considérablement modifié s'il s'en référait à son précédent souvenir. Pas de gemme rien.

Quoique, si, il y avait son bras, un corail s'y trouvait, et le gnome sentit qu'il s'agissait d'un symbiote. L'avait-il choisit ? Que lui permettait-il ? Il y avait aussi une bague et un gourdin, des armes dans un métal qu'il reconnu comme de l'acier perlé (pourtant, il ne se rappelait pas avoir déjà vu un tel acier).

Quelque fut son aventure, elle avait été riche. Mais il y avait perdu quelque chose de précieux. Sa mémoire.

Et ça, pour lui, c'était une perte trop grande, trop forte. Car le gnome était un curieux, une créature avide de savoir. La perte de quelque chose de connu était pour lui pire qu'un vol, une amputation.

Vérifiant une fois de plus leur possession, le gnome détermina que l'objet de leur quête, c'était le livre.

Une chose était sure, une fois à la surface, il lui faudrait enquêter sur cet ouvrage. Et la surface, elle approchait vite. La bulle n'allait pas tarder à éclater. Le gnome remarqua alors une bague, et un souvenir fulgurant lui rappela quelque chose.

- L'ami, j'ai oublié ton nom, mais je sais que nous étions proches, associé peut-être. On a gagné beaucoup, mais perdu autant. Je suis eurêka, et je crois, j'espère, que cette bague va nous permettre de nous sortir de là. Soit prêt à réagir, lorsque la bulle claqueras, nos corps seront brièvement à l'air libre. Cette bague peut faire apparaître une barque, enfin je crois. Je t'avoue que je ne suis plus sur de rien. Mais si c'est le cas. Il va vite falloir s'y accrocher, et la retourner de sorte que nous puissions naviguer. Espérons aussi qu'elle possède des vivres… ou que nous soyons proche d'un axe maritime….