Ophiuchus - Chapitre III, Hlondeth - Jour 2

Moira se retint de grimacer : ce Jarith était d'une suffisance incroyable. Se piquer de précautions pour une liste de noms sur un bout de papier, alors que ses propres méthodes manquaient fort de subtilité, c'était un comble. Il se permettait même de leur donner des conseils en la matière par dessus le marché! La guerrière lui rétorqua sur un ton un peu cassant :

-Ne m'expliquez pas comment faire mon travail, merci, vous avez visiblement déjà assez de mal à faire le vôtre. Et puis ne faites pas semblant de vous soucier de ce qui arrivera à ces cuisiniers. Dol na atan takt ikt arous.

Personne ne lui ferait pas croire que la Sécession du Serpent avait des buts nobles et désintéressés, luttant pour la justice sociale et promettant des lendemains qui chantent. Ces gens n'étaient d'évidence guère différents des yuan-tis : sang froid, sang chaud, même combat, juste un groupe de plus essayant de saisir le pouvoir pour lui-même, dans une ville qui en était pourrie jusqu'aux fondations.

-Sur ce, je vous laisse à votre petite révolution, messieurs. Nous partirons du principe que vous n'avez rien oublié de nous dire, cette fois.

Elle appuya sensiblement sur les derniers mots, avant de se diriger vers la porte. A moins que Horthaïr n'intervienne, mais vu l'attitude du nain jusque-là, il y avait peu de chance qu'il le fasse, sauf peut-être pour signifier son mépris au deux conspirateurs. Moira avait également prévu un message à transmettre à Miriel, mais vu ce qui venait de se passer, il n'était plus d'actualité. De plus, elle avait encore moins confiance en Gramloth, maintenant.

Retour vers l'Atre Irisé, tout en réfléchissant à ce qu'elle devrait dire à Kilidryc. Gramloth et Jarith avaient l'air de sous-entendre qu'il fallait le laisser dans le noir. Après tout, le cormyrien s'était intéressé à l'affaire de manière indépendante, à lui de se débrouiller pour les conséquences. Mais le demi-elfe avait l'oeil sûr et l'oreille fine, des qualités qui deviendront utiles quand les agents des yuan-tis se réveilleront. Le mettre dans la confidence serait un compromis acceptable, d'autant qu'il saurait sûrement où se trouvait son intérêt. Restait à en convaincre Hortaïr, car le nain semblait ne guère l'aimer jusqu'à présent.

Jon

e tieffelin, qui n'avait donné signe de vie après sa montée précipitée dans la chambre, réapparut deux jours plus tard, l'humeur plus que maussade. Il n'était pas resté à l'Âtre Irisé pendant la durée du séjour, et ne donna aucun détails sur ces activités. A vrai dire, il ne sortit aucun mot, ni à Moira, ni à Horthaïr, et ce jusqu’à Arrabar.


Zelkior

e moine occupa ses deux journées aux tâches que lui avait donné Oknar. Il rencontra Gramloth plusieurs fois encore, et même s'il pu obtenir des informations et une visite guidée du laboratoire alchimique qui se trouvait dans la cave de la Caverne, il ne put rapporter un œuf de Yuan-ti intact, contraint de rentrer avec les autres mercenaires.


Moira, Horthaïr, Kilidryc

ne fois la mission explicitée, tout était devenu plus clair dans la tête de Moira et Horthaïr. Ils exposèrent la situation à Kilidryc, peut-être pas avec autant de détails que ce qu’ils avaient entendu de Gramloth et son collègue. Le défi était maintenant de mener la pseudo-enquête dans un temps le plus limité possible, pour éviter de s’exposer à trop de risques, et pour eux, et pour la Sécession du Serpent.

Ils mirent le plan actuel – Kilidryc posté en garde faussement peu attentif - à exécution, et comme attendu, Hirsuth passa à l’action. Pris en flagrant délit de sabotage de la marchandise, il n’en mena pas long pendant l’interrogatoire, où les mercenaires apprirent, conformément à ce qu’avait dit Gramloth, que le commis avait était menacé, payé par un corrompu, mais aussi fourni en baies et autres substances. Aucun doute que le corrompu était un membre de la Sécession du Serpent déguisé, mais ceci, personne n’était censé le savoir.

La même technique fut mise à exécution dans deux autres lieux, le Perroquet Bourré et l’Opaline, et à chaque fois, les témoignages concordèrent : tout semblait montrer que les Yuan-ti avaient organisé une attaque contre Gramloth et son échoppe La Caverne. C'est en tout cas ce que le rapport de Moira, Kilidryc et Horthaïr expliqua, preuves et témoignage à l'appui.

Gramloth donna un paquet pour Miriel, avec le conseil relativement explicite de le faire arriver à bon port.


Tous

e chemin du retour se fit sans encombres. Les vents étaient favorable, et la durée du voyage s'en ressentit : embarqués au couchant, ils touchèrent terre dans le port d'Arrabar juste avant le lever du soleil.

Sans faire de détails, ils rentrèrent en ligne droite vers le Saphir Noir, finir leur nuit, prendre un copieux repas ou réaffuter l'épée, suivant les préférences.

Miriel, qui avait été tenue au courant de l'avancement de la mission, les attendait de bon pied.

~ Suite de l'aventure ~