L'Orbe du Dragon, Visite de Proskur

Dolores se montrait attentive aux propos de Chanterelle. Aussi sa mention de Tàri ne passa-t-elle pas inaperçue. ¤Tiens, tiens ... Finalement, il semble que mon intuition m'égare et que cet elfe soit pétri de bonnes intentions. Ou bien avait-il anticipé sa rencontre de ce soir et cherchait-il un prétexte pour rejoindre cette communauté ? Et dans ce cas, pourquoi ? De plus, cette attaque fortuite aurait été des plus chanceuses pour ces projets. Quoique, fortuite ... ? Mais que suis-je en train d'imaginer, moi ?! Il faut que j'ouvre mon cœur et fasse davantage confiance aux autres, me conseillait mon maître ... Mouais, facile à dire pour un humain dans un foutu monde hostile aux races dans mon genre ...¤

- Ah, vous voyagiez avec l'elfe ? Il semble un compagnon plein de ressources et plutôt volubile. Vous l'avez rencontré comment ?

Une fois dans la roulotte, elle s'installa tant bien que mal devant le jeune garçon. L’atmosphère sombre, l’espace confiné et l’odeur fiévreuse de maladie la ramenaient dix ans en arrière, vers un passé qu’elle tentait d’oublier. Ou plutôt de surmonter. À la simple vision de son état maladif, son cœur se serra. Elle comprit aussitôt que les portes du royaume de Kelemvor s'entrouvaient devant le chemin de sa vie. ¤Miséricorde ! Il semble bien mal en point, le pauvre.¤ Les onguents dont disposaient Dolores ne pourraient selon elle pas changer la donne, malheureusement.

- La blessure s'est infectée, en effet, et j'ai peur que cela dépasse mes maigres compétences. La demi-orque se pencha au-dessus de l'enfant. "Ça ne va pas fort, on dirait, mon garçon. Comment t'appelles-tu ? Laisse-moi regarder ça de plus près, tu veux bien ?” Un maigre sourire qui se voulait rassurant lui découvrit les crocs, contraste accentué par celui de ses yeux d’un rouge sanguin dans lesquels une lueur de douceur essayait de se frayer un chemin. Non, seuls ses cheveux pouvaient calmer le petit. Tombant en cascades soyeuses de chaque côté de son visage. elle avait déjà remarqué que le regard des malades, voire des mourants, se perdait souvent dans leurs lentes ondulations, comme hypnotisés. Y puisant sous doute quelques instants de sérénité. “Et toi, Chanterelle, dis-moi comment et quand cela s'est passé, s'il-te-plaît."

Tout en examinant plus attentivement son patient, elle écouta la réponse de Chanterelle, pour tenter de déterminer l'origine de la blessure. Infection ... ou poison ? Une simple estafilade n'aurait pas dû provoquer une situation aussi critique, d’après son expérience.

- Il faudrait faire baisser la fièvre. Et le forcer à boire. Où puis-je trouver de l'eau, par ici ? Quoiqu'il en soit, il lui faut un prêtre au plus vite. Dolores saisit les mains de la hin dans les siennes. “Écoutez, ne perdez pas espoir. Je vais en parler à mes compagnons. Je ne les connais pas encore très bien, mais peut-être pourront-ils faire quelque chose. Ce sont des âmes généreuses. Courage à tous les deux. Je reviens vite.” Une dernière caresse vint coiffer les cheveux mouillés de fièvre de l’enfant.

Peu de choses pouvaient bouleverser la moniale, confrontée régulièrement à la mort, la maltraitance et la maladie depuis son plus jeune âge. Mais la détresse d'une mère pour son enfant mourant en faisait assurément partie. Dolores se redressa à moitié, le temps de ressortir de la roulotte. Puis elle se dirige d'un bon pas vers les feux de camp, où réside, elle l'espère, un espoir de survie pour le gamin malchanceux.

Premiers soins (+3) pour l'analyse de la blessure. Peux-tu confirmer que les onguents de soins possédés par Dolores seront inefficaces, dans ce cas ?

Chapitre 1: Uhka

Année de la Magie Sauvage
Troisième jour du Pourrissement
Arrivée à Proskur
Début de la nuit

Dans le petit espace de la caravane, la maladie laissait comme une odeur de rance. Dolorès devait se recroqueviller et faire attention à ses gestes dans cet endroit fort étroit pour sa grande stature. La petite halfeline à côté d'elle surveillait avec angoisse les gestes de Dolorès. Il était normal pour une mère de se méfier de tout être qui touchait son enfant, et cette méfiance était issue par une féroce envie de protéger la chair de sa chair, chose que la moniale avait bien compris. Avec douceur celle-ci interrogea davantage Chanterelle afin de connaitre un maximum de détails sur sa rencontre avec cet étrange Tàri, personne qui suscitait en elle un trouble ressemblant à de la méfiance. L'halfeline répondit de bonne grâce malgré ses hésitations qui trahissait ses craintes pour son enfant et réitéra ce qu'elle avait déjà dit. Aucun détail supplémentaire ne vint fournir renseignement précieux à l'adepte du dieu Martyr si ce n'est la description par la petite femme des "humeurs" de son ami barde

-... tantôt doux et gai comme un pinsons, le sourire aux lèvres, le regard pétillant, tantôt sombre et maussade, comme si deux êtres différents l'habitait. Il a du, lui aussi, souffrir de grands et terribles malheurs dans sa vie... avait été la conclusion logique de Chanterelle.

Cependant, Dolorès avait compris qu'elle n'avait pas assez de connaissance pour diagnostiquer le mal que rongeait l'enfant et avait compris que seul un nettoyage et un pansage de linge propre ne suffirait pas. L'enfant était brûlant de fièvre et la mort avait marqué son visage. Il fallait sans doute l'intervention quasi-divine pour venir à bout de ce genre de ce genre de blessure. A sa demande Chanterelle prit une outre remplie d'eau fraîche qui était suspendue sur l'arrière de la caravane et entreprit de rafraîchir le front de l'enfant et tenta de le faire boire. Après cette tentative de rassurer la maman, Dolorès quitta Chanterelle très vite pour aller retrouver ses compagnons, espérant trouver avec eux une solution à la sauvegarde de l'enfant. Elle retrouva le camp presque vidé de ses occupants chose normale à cette heure de la nuit. D'aucun cherchait le refuge pour la nuit. Rapidement elle retrouva ses compagnons toujours près du feu.

L'elfe Tàri semblait prêt à partir et prenait congé de la congrégation. A la mine de Navarth, Dolorès sentit de suite que quelque chose le troublait. Il était plongé dans une profonde réflexion, la mine concentrée. Mirtzar était distrait, assis tranquillement à regarder les flammes. Les humains eux avaient simplement déballés leur sac de couchage, l'un d'entre eux ayant mis un peu de bois pour entretenir les flammes et la chaleur et ils se préparaient à une nuit sous les étoiles, nuit dégagée de tout nuages mais qui promettait d'être très fraîche.

Navarth vit la stature de la jeune Dolorès s'approcher de lui. Sa mine inquiète reflétait ses propres méfiances. Mirtzar était déjà là, une petite réunion échangeant leurs impressions serait peut-être de mise. A voir si ils voulaient le tenir ici même, l'hospitalité étant offerte de toute façon ou ailleurs après avoir pris les mesures requises par l'état de l'enfant.

Tàri s'éloigna du camp, en direction des portes de la ville, quittant le champ de lumière octroyé par le feu et les quelques torches accrochée aux caravanes. La nuit sombre conseillère pour les uns, source d'inspirations à d'autres, étalait ses ailes de sombres sur les terres de Proskur. Les êtres de la lumière du jour se cachèrent dans les abris tandis que ceux de la nuit et des ombres sortaient de leur antre.

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Navarth :
20(dés) connaissance Mystères = 25
12(dés) connaissance Terres du Nord = 22

Légende contée par Tàri : Tu te rappelles vaguement de la sororité du Feu d'Argent, des Incantatrixes humaines et demi-elfes. Le but de leur société secrète vouée à Mystra et dont l'activité principale se situe en Sembie, est de détruire tout le patrimoine maudit laissé par Sammaster et plus spécifiquement les exemplaires d'écrits contenu dans les Tomes du Dragon. L'une d'entre elle avait un nom à la même consonance que celle employée par Tàri sauf qu'il en omit la parenté que tu pense être petite-fille de Dammasae de par son père. Goldianne Almadir est fille du fils unique de Dammasae. Si tu ne te trompe pas tu as devant toi un descendant de cette lignée célèbre dans les territoires du nord. Ces Soeurs détiennent des invocations très puissantes et la puissance du feu d'argent qui visent non seulement à protéger les populations des dracoliches mais surtout à prévenir et garder tout sanctuaire où le danger d'une propagation de dragons morts-vivants est palpable.

Dolorès :
Premiers secours : 14(dés)+3 - Tu te rends compte que tes onguent fermeraient la blessure mais n'aura aucune incidence sur l'infection

Songeuse, Dolores retournait au campement en repensant aux propos de Chanterelle. Son aversion pour l’elfe était-elle purement génétique, un héritage de son sang orque qui lui soufflait de se méfier de cet être délicat et torturé ? Ou bien avait-elle perçu la dualité du personnage, avant même que la maman halfeline ne le lui suggère ? Difficile de se prononcer. Elle se décida néanmoins à prendre en compte ce double avertissement et à en parler à ses nouveaux compagnons. Mais son âme réclamait de satisfaire en priorité un autre devoir.

Ce n’est qu’en arrivant près du feu de camp qu’elle s’aperçut qu’elle était déjà arrivée à destination. Si Mirtzar semblait anormalement contemplatif, Narvarth réfléchissait apparemment pour deux. À la lueur vacillante des flammes, la moue absorbée du hin l’aurait presque fait sourire si ses préoccupations quant à la santé de l’enfant n’avaient pris le dessus aussitôt parvenue auprès d’eux. Avec une souplesse et une aisance héritée d’innombrables heures d’entraînements physiques intenses, elle s’assit en tailleur face à son public, les mains jointes sur sa poitrine, comme pour implorer leur attention. Dos au feu, son ombre effaçait la présence de ses amis moins imposants.

- Désolée d’interrompre vos réflexions mais une affaire urgente et grave m'oblige à solliciter votre attention. Je reviens d’une roulotte, où m’a conduite Chanterelle. C’est une mère qui voyage avec nos hôtes depuis peu et dont l’enfant nécessite des soins que je ne peux offrir. Je ne suis qu’une humble gardienne des servants d’Ilmater, j’appartiens à la branche martiale de mon ordre. Or l’état de sa fille exige une magie divine dont je ne dispose pas. Sa santé me préoccupe au plus haut point. J’ai peur en effet qu’elle ne puisse passer la nuit. Peut-être sauriez-vous l’aider ? S'il vous plaît.

Une lueur d’espoir que l’on ne s’attendrait pas à trouver dans son regard rouge plutôt intimidant, la moniale observa avec attention la réaction de ses deux compagnons, espérant que leurs préoccupations actuelles ne les empêcheraient pas de percevoir l’urgence de la situation. Si elle ne s’était pas trompée, ils auraient à cœur d’aider la jeune halfelin et son enfant. Mais en avaient-ils seulement le pouvoir ?

Târi venait juste de quitter les lieux et elle se demanda si son discours n'était pas la source de leurs réflexions. Sur une intuition, elle crut bon d'ajouter:

- Chanterelle a rejoint les pieds-légers après avoir rencontré Târi. Elle m'a un peu parlé de lui mais son anxiété pour son enfant l'empêche de se concentrer. Si vous réussissiez à sauver cette pauvre petite, nul doute qu'elle pourrait nous en apprendre davantage sur ce barde pour le moins ambivalent.

Chapitre 1: Uhka

Année de la Magie Sauvage
Troisième jour du Pourrissement
Arrivée à Proskur
L'aube du second jour à Proskur

Dolores eut tout le loisir d'échanger les informations avec ses nouveaux amis. Ceux-ci leur contèrent ce qu'ils avaient entendu de la bouche de ce mystérieux Tàri, rajoutant les détails concernant la sororité du Feu d'Argent. Un personnage pour le moins ambigu, qui semblait porter sur lui ou en lui une sorte de malédiction générant une aura des plus difficiles à cerner. La nuit avança rapidement et bientôt, ils se retrouvèrent seuls autour de l'un des feu de camps. L'heure était au repos.

La nuit se passa sans grands événements majeurs, se ce n'est qu'aux premiers lueurs de l'aube, la petite Chanterelle vient secouer Dolorès, les yeux rougis d'émotions, hésitant entre les larmes et les rires : Il va mieux ! Soyez en remercié noble dame. Que Bradobaris vous accorde sa bénédiction et sa bienveillance. chuchota l'halfeline pour ne pas réveiller les autres. Elle s'apprêta à partir puis se ravisa et revint vers elle. Vous sembliez tellement intéressée par Tàri, je peux vous dire qu'il loge au Paon Flamboyant dans la ville. Il m'avait dit aussi de le prévenir si je voyais des étrangers suspects qui posaient des questions sur la maison du Endedans qui doit se trouver dans ces collines...
- Hein ? Navarth avait émergé de son sommeil. Redressé sur le coude, il regarda Chanterelle d'un air quasi ahuri. La maison du Endedans ? Dolores vit qu'il fit un effort pour paraître neutre : Quel drôle de nom bougonna-t-il retombant sur le dos et finissant de se réveiller. Après avoir encore une fois remercié Dolores, Chanterelle s'en fut rapidement rejoindre son enfant. Une fois partit, Navarth se redressa pour s'assoir, tout en frissonnant dans la froide lueur de l'aube

- C'est en fait le but de notre visite expliqua-t-il à Dolores dès que la forme de l'halfeline se fondit dans la brume. Nous devons nous rendre là-bas, d'où ma réaction un peu... brusque. Hé Mirtzar, tu as entendu ?
- Grumph fut la réponse en assentiment de dessous de la grosse couverture de laine dans laquelle s'était emmitouflé le nain. Apparemment il n'avait aucune envie de participer à la conversation et laissa faire l'halfelin. Celui-ci prit un air pensif et puis demanda :
- Dolorès, serait-il trop demandé que vous alliez enquêter à cette auberge là, le Paon Flamboyant. Tàri ne vous as pas vraiment observée et quand bien même, il ne serait pas étonnant que vous cherchiez à loger et que vous êtes arrivé bien par hasard dans la même auberge que lui. Cependant, nous allons trouver la maison du Endedans. Je vous propose de nous retrouver ici ce soir...

Lorsque l’halfeline vint la secouer, Dolorès était déjà en méditation. Sa rythme de vie monacal bien ancré en elle, la moniale avait déjà effectué ses exercices d’entraînement matinaux. Tout en se détendant l’esprit et le corps, elle songeait au cristal de communication confié par son maître. Elle ne l’avait pas contacté depuis son départ et Dolorès pensa qu’il serait bienvenue qu’elle l’avertisse de son arrivée sur les lieux. Ainsi que de sa rencontre avec les compagnons des Marches.

La petite main vint la surprendre dans ses pensées et, comme à son habitude, tout contact imprévu, fut-il amical, déclenchait une réaction de défense appropriée. Roulant vers l’avant, elle se retourna brusquement, les mains prêtes à saisir l’importun. Ses yeux plongèrent alors dans le regard rougi de Chanterelle. Elle se rassit immédiatement en tailleur face à elle, offrant à la petite mère un hochement de la tête et des épaules, accompagné d’un sourire gêné en guise d’excuse.

Son cœur bondit d’allégresse à la nouvelle de la guérison de l’enfant. “Merci, Chanterelle. Je n’ai fait qu’apporter un peu du réconfort d’Ilmater à votre douleur. Je suis sincèrement soulagée de cet heureux dénouement.” Elle salua la jeune mère à son départ, un large sourire aux lèvres. Longue vie paisible à toi et tes enfants. Elle n’avait pas compris comment ce miracle était arrivé mais elle remercia silencieusement sa déesse pour sa miséricorde.

Lorsque Narvarth lui exposa son plan, elle fut d’abord dubitative. “Tu sais, je ne suis pas un être dont l’apparence s’oublie facilement. Cependant, tu as raison, louer une chambre dans cette auberge est un prétexte tout à fait plausible. Néanmoins, je dois … il me faut … enfin, je n’ai pas été totalement honnête avec vous.” Sa tête se tourna en tout sens, comme à la recherche d’éventuelles oreilles indiscrètes. “Vous comprenez, j’ai promis le secret. Mais vous me semblez dignes de confiance. Vous avez été accueillants et loyaux envers moi. Je veux donc vous confier ma mission : je suis moi-même l’envoyée d’une confrérie, le Monastère des Neuf Portes. Je dois trouver des aventuriers à la recherche d’un certain orbe, afin de les aider et de m’assurer de l’usage inoffensif qui sera fait de l’objet en question. Cela te dit quelque chose ? Ne serait-ce pas vous, par hasard ? Par ailleurs, peux-tu m’expliquer ce qu’est cette maison du Endedans ? Où est-elle exactement et qui devez-vous rencontrer, là-bas ? Pourquoi ?”

Dolorès écouta attentivement les réponses de Narvarth. Elle se sentait en effet un peu perdue, ne disposant d’aucun élément permettant de situer dans un contexte plus large les tenants et aboutissements de toute cette histoire.

- Enfin, quoiqu’il en soit, je veux bien suivre cet elfe. Aussitôt que je l’ai aperçu, mon aversion à son égard s’est éveillée. Un peu comme si mon intuition m’avertissait de la dualité du personnage. Je vais donc tâcher de me renseigner sur lui. Même si j’avoue être un peu noyée dans cet océan de mystères. Que dois-je chercher exactement ? Peut-être ce qu’il est venu faire ici ? D’après ce que vous m’avez révélé hier soir, il venait délivrer un message d’avertissement, concernant une menace de dragons au nord, si j’ai bien compris. Enfin, je vais voir ce que je peux faire. Ce qu’il sait sur cet Endedans, par exemple, et pourquoi il s’y intéresse.

Avant de partir, la moniale tenta de contacter son maître avec le cristal en sa possession. Toujours en position du lotus, à l’écart dans le campement et loin de tout espionnage physique, Dolorès prit ce dernier dans sa main gauche et fit le vide dans sa tête. Elle se concentra sur le visage de son supérieur. Aussitôt en communication avec ce dernier, elle le mit au courant de son arrivée à Proskur. Elle lui révéla être en contact avec Narvarth et Mirtzar, deux membres de la Compagnie des Marches. Ce qu’ils étaient venu faire. Elle lui parla aussi de Tàri Almadir et de son médaillon, personnage à la nature duale, un descendant de Dammasae, de la Sororité du Feu d’Argent, venu avertir des dangers dans les contrées du nord, où la gardienne, sa mère, est en fin de vie, et laissant présager une attaque de dragons. Peut-être saurait-il la conseiller ? Au moins aurait-elle accompli son devoir ...

La réponse arriva assez rapidement. Les pensées qui lui vinrent en tête se mélangèrent aux siennes pour ne former qu'un tout. Cela était semblable à des souvenirs même si Dolorès avait parfaitement conscience que ces brides de souvenirs lui étaient données par quelqu'un d'autre. Ce fût non pas son maître directement qui lui répondit mais un autre sage du monastère.

¤L'attaque des dragons ne peut être évitée, aussi la plus grande prudence est de mise s'il y a contact avec eux. Le destin est déjà tracé sur cette voie. Il faut aussi s'assurer de la fiabilité des membres de la compagnie et s'en faire des alliés. Nous allons faire des recherches sur cette sororité, contact suivra prochainement. Quel l'arbre sacré vous porte.¤

Visite de Proskur

Chapitre 2 de L'Orbe du Dragon

4ème jour du Pourrissement
Entrée de la Ville
Climat : frais, venteux

Laissant là ses compagnons d'une nuit, Dolores fit son chemin vers les portes de la ville de Proskur. Elle avait pu contacter Maître Kolimar qui, malgré la distance, lui donnait le sentiment d'être moins seule. Ce n'était pas qu'elle n'y était pas habituée, mais en fin de compte ses compagnons étaient bien agréable. Navarth n'avait rien pu donner de plus comme renseignements, sauf qu'ils se devaient se rendre justement à cet 'En-Dedans' pour en savoir plus. Il semblait d'ailleurs d'accord avec elle concernant son impression générale de Tàri. Rendez-vous fut pris afin de se retrouver. De toute façon les hommes savaient où la trouver si il leur arrivaient d'entrer à Proskur avant le lendemain soir. Sortant enfin du camps, Dolorès prit le chemin vers les hauts remparts de Proskur.

Devant elle se dressait une double muraille flanquée de tours aux allures impressionnante. Cette cité a du souffrir de bien des invasions et de troubles pour en arriver à se barricader ainsi. Les tourelles se dressaient fières et riches, avec ses nombreux drapeaux flottant dans l'air frais du matin. Ces drapeaux arboraient de belles couleurs, et leurs motifs ressemblaient furieusement à des blasons de guildes ou de riches familles de marchands, plutôt que des armoiries de quelconque noble. L'accès ėtait surveillé par quelques hommes qui ne portaient pas vraiment un uniforme traditionnel de soldat : ils étaient vêtus sobrement de teintes allant d'un élégant gris anthracite à un rouge profond et sobre, de hautes bottes de cuir noir, portant arbalète et rapière, ayant pour seul signe distinctif et commun, un tatouage sur l'avant-bras, tatouage à l'image de leur apparence. Celui- ci entremêlait une rapière d'or croisée avec un masque blanc . Le dessin était non seulement magnifique, mais probablement magique de surcroît.

C'était l'heure des grands arrivages et des grands départs, et comme partout, quelques bouchons crée par cette grande affluence. Dolorès se perdit presque dans la masse de fermiers , marchands et autres, mais ne passa pas inaperçu auprès des surveillants attentifs. L'un d'eux s'approcha discrètement :
- Gorion d'Ambrefond, Madame. Pourriez-vous me confier l'objet de votre visite et les lieux où vous comptez vous rendre ....

En chemin vers la ville, Dolores repensait aux paroles de son maître. "S’assurer de la fiabilité des membres de la compagnie", avait-il conseillé. Elle espérait ne pas en avoir trop révélé à Narvarth. Son maître serait sans doute contrarié à l’idée qu’elle ait pu se tromper à ce point. Elle ne souhaitait pas trahir sa confiance. Mais ce ne serait rien à côté de sa propre déception. La demi-orque avait apprécié le court moment passé avec ses deux nouveaux compagnons. Elle les avait quitté à regret et avait hâte les retrouver au campement le soir même, comme prévu. Elle espérait que son instinct ne l’avait pas trompée.

Son périple depuis le Monastère de la Rose Jaune jusqu’à celui des Neuf Portes lui avait ouvert les yeux sur un monde fascinant. Si vif, si coloré et si bruyant par rapport à celui dans lequel elle avait évolué plus de la moitié de sa vie. Elle s’étonnait encore de la diversité des races existant à la surface, évoluant aussi librement les unes avec les autres par rapport à l’Ombreterre. Proskur ne semblait pas la détromper sur ce point. Les mouvements de la foule qui se bousculait dans son enceinte, les odeurs puissantes de bétail et autres animaux, la multiplicité des langages qui résonnaient dans ses oreilles et la diversité des races qui s’entremêlait au point de la protéger du vent pourtant froid de cette matinée, tout cela lui donnait le tournis et lui réclamait toujours un temps d’adaptation. Secouant la tête, elle songeait à demander son chemin à quelques femmes ou enfants des environs, souvent plus accessibles que les hommes, lorsque qu’un garde du nom de Gorion l’interpella. En réponse, la moniale le salua d’une courte et rapide inclination du buste, un sourire avenant sur les lèvres.

- Dolores, servante d’Ilmater. Je suis de passage dans votre grande et belle cité, en route pour un temple, et je cherchais à me loger et visiter vos lieux de culte. J’ai cru entendre que l’auberge du Paon Flamboyant était plutôt accueillante. Seriez-vous assez aimable pour m’en indiquer la direction ?

Visite de Proskur

Chapitre 2 de L'Orbe du Dragon

4ème jour du Pourrissement
Entrée de la Ville
Climat : frais, venteux

Le soldat eut un long regard vers la jeune femme qui se sentit un léger frémissement au niveau de sa nuque. Elle sentait une légère touche magique qui fit hérisser les poils de la peau, sans agressivité, sans insistance, comme une plume caressant à peine les contours de l'âme. Gorion vit le trouble dans les yeux de Dolorès et s'excusa : Nous sommes un peu inquiets pour le moment. Des rumeurs d'une infiltration de malfrats dit-il doucement en guise d'explication. Mais n'ayez crainte, nous veillons. La taverne du Paon Flamboyant a bonne réputation et se situe près du centre. Il vous suffit a l'entrée de longer un peu la muraille vers la gauche, puis lorsque vous verrez une rue droite bordée de chênes verts, vous l'empruntez. Vous tomberez droit sur la taverne. Mais attention reprit-il doucement, ne vous enfoncez pas davantage dans les ruelles au-delà, car je ne pourrais garantir votre sécurité. Surtout en ce moment.

Le regard du soldat se porta au-delà de Dolorès, vers l'arrière. Il fronça les sourcils. Tournant la tête il fit un geste à deux hommes un peu retrait, un signe rapide de la main d'abord ouverte puis virevoltante comme si ils avaient une vraie conversation. Les deux hommes ne hochèrent même pas la tête que déjà ils se mirent en mouvement le regard à l'affut, le pas allongé mais d'une manière tout en rondeur et souplesse. Gorion lui prêta à nouveau attention puis reprit : Servante d'Illmater, le temple et la maison de soins se situe non loin de là, mais vous pourrez demander des renseignements plus précis au patron du Paon Flamboyant. Je vous souhaite un bon séjour dans notre ville... termina-t-il en s'écartant pour la laisser passer.

Soudainement Gorion dégaina son épée. Il se faufila au travers de la foule. Tournant la tête du haut de sa stature Dolores vit les deux hommes qu'il avait envoyé aux prises avec quelques autres cape et visage caché par un foulard. L'un d'entre eux reçu un vilain coup, et semblait déjà fort blessé. La foule s'éparpillait en panique créant comme un tsunami menaçant de causer bien des dégâts.

Lorsque le garde sembla effleurer son esprit, sa main malaxait son éternel petit sac de riz, caché dans sa poche, et dont la présence lui apportait réconfort et sérénité. Mais lorsque la foule fuit en tout sens le combat tout proche, elle se ramassa d’un coup, sa tête cherchant frénétiquement en tout sens le danger.

Le premier réflexe de la demi-orque fut de s’éloigner au plus vite. Les humains et leurs villes ne lui avaient apporté que déboires et haine. La simple vision de ses canines proéminentes et de ses yeux rouges allumait des foyers de peur ou de colère dans les yeux de ces citadins. Ses semblables avaient la vie difficile, en surface. Ils étaient bien souvent solitaires, car peu acceptés par les autres “bien nés”, victime des sentiments inspirés par la férocité et la malfaisance des orques, dont ils affichaient trop les attributs physiques. De plus, une enfance en esclavage commandait une retenue instinctive, question de survie. Non, décidément, la dernière chose qu’elle désirait était de se faire remarquer.

Lors de sa vie en Outreterre, Dolores avait cependant constaté que, face aux difficultés d’une vie d’esclave, les différences s’effaçaient comme par enchantement. La survie, là encore, l’exigeait. Et, à sa connaissance, tout le monde possédait cette sorte d’instinct. Une fois franchie la barrière de l’apparence, la moniale avait ainsi pu approcher des natures généreuses, qui lui avaient forgé un esprit plus ouvert et l’avaient sauvée de l’intolérance inculquée par l’éducation martiale et impitoyable des orques. Son éducation au monastère de la Rose Jaune avait poursuivi cette œuvre.

Aussi, lorsque le chaos se déclencha, Dolores rechercha immédiatement des femmes et des enfants en difficulté, pour les protéger et leur porter secours. Elle ne pouvait faire moins au service d’Ilmater. Elle ne quitterait l'endroit qu'à la condition express qu'aucun danger ne menaçait de telles cibles fragiles et innocentes. Seulement alors quitterait-elle les lieux pour se diriger dans la direction indiquée par Gorion.

Détection pour analyser la scène et repérer des femmes et/ou enfants en danger.