Les Complots du Seigneur Caché, Histoire et mésaventures

Vingt et unième jour d'Uktar 1372
Nord des Pics Gris
Orageux
17h00
3°C

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Rak frappe à la porte:
8(Dé) + 4 - 5(résistance)
La porte subit 7 dégâts
3(Dé) + 4 - 5(résistance)
La porte subit 2 dégâts
8(Dé) + 4 - 5(résistance)
La porte subit 7 dégâts
La porte est maintenant ouverte.

Rak avait patienté un peu. Si quelqu'un habitait de l'autre côté de cette porte, le fait de l'avoir fracassée risquait de le rendre moins accueillant. Son premier coup fut particulièrement puissant mais ne réussi même pas à ouvrir un passage dans la porte pour voir ce qui se trouvait de l'autre côté. Le second coup fut moins puissant mais frappa au même endroit permettant à Rak de distinguer quelque chose. Quelque chose qui n'était pas très encourageant. Le dernier coup permit de faire complètement disparaitre ce qui restait de la porte et d'ouvrir le passage vers une pièce nouvelle.

La pièce mesurait environ 5 mètres de long pour autant de large. Les seuls éléments réellement distinctifs étaient une table entourée de deux chaises, la porte située en face de celle que Rak avait anéanti et un levier encastré dans le mur à la droite des deux nains. Et, aussi, le squelette, visiblement celui d'un nain, qui gisait affalé sur la table, une épée lui traversant le crâne de part en part et l'empalant sur la table. Il avait un fourreau, vide, à la ceinture et portait une armure qui semblait avoir relativement bien résisté aux effets du temps.

Grismanel, qui s'était approché quand il avait vu que le passage était maintenant libre, eut un haut le cœur en voyant le cadavre laissé sans sépulture. Ce squelette mettait un terme assez définitif à ses espoirs de trouver une cité vivant pacifiquement et en autarcie. Il ne s'attendait visiblement pas à trouver des gens massacrés en visitant cette ville mais il réussit à se reprendre et laissa Rak faire les premiers pas pour ne pas risquer de subir des remontrances pour avoir essayer d'échapper à sa protection. Il n'avait plus de doute qu'il pouvait en avoir besoin.

Rak avait poussé un soupir de satisfaction en voyant son marteau oeuvrer avec diligence. Enfin, il réussissait quelque chose en cette journée maudite jusque là.

La porte anéantie par son dernier coup, il adressa un rapide coup d'oeil à Grimanel pour être sûr que celui-ci demeurait derrière lui et ne se précipitait pas en trombe dans la pièce qui venait d'apparaître.

- On avance, mais soyez prudent. Vu l'état du squelette et la situation qui a conduit à sa mort, je ne pense pas qu'il y aura un piège, mais on ne sait jamais.

Tapotant le sol de son marteau au fur et à mesure qu'il avançait, Rak vint jusqu'au squelette qu'il examina.

- Il a une belle armure. Vous devriez la mettre, plaisanta le guerrier qui avait remarqué le haut le coeur de l'historien à la vue du mort.

Du regard, Rak chercha autre chose d'intéressant dans la pièce, et ne vit rien à part la seconde porte et un levier.

- Bon, on va essayer d'ouvrir l'autre porte. Ce levier sert peut-être à ça. Mais rien n'est sûr. Restez vers la porte par où on est entré, prêt à retourner dehors. Si ce levier ne donne rien, je casserai la deuxième porte.

Son marteau toujours serré dans sa main droite, Rak se saisit du levier et le tira vivement, non sans se tenir prêt à bondir vers la première porte en cas de danger.



Rak tire sur le levier. Si cela ne donne rien, il essaye de casser la seconde porte avec son marteau.

Vingt et unième jour d'Uktar 1372
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Rak essaye de voir s'il y a un danger de l'autre côté de la porte: (Détection et Perception auditive)
8(Dé)
6(Dé)

Si Rak avait tourné son regard vers Grismanel pendant qu'il tirait le levier, il y aurait vu beaucoup de dégoût. L'historien avait été choqué par la pique du guerrier et, même s'il avait compris que celui-ci essayait de faire une blague, il ne trouvait vraiment pas cela drôle. Mais il se garda de faire une remarque. Après tout, s'il avait demandé de l'aide à la Compagnie des Marches d'Argent, c'était principalement parce qu'il avait besoin de quelqu'un que la mort et les dangers n'effrayaient pas.

Mais Rak était concentré sur le levier qui pouvait être le déclencheur de nouveaux dangers. Le faire bouger ne fut pas simple car il semblait être légèrement grippé mais Rak força un peu et le levier commença à se mouvoir sans même un craquement. Par contre, une fois le levier en mouvement, un bruit retentit de l'autre côté du mur comme une série de grincements de plus en plus nombreux. Rak était déjà parvenu à la porte quand les bruits s'arrêtèrent.

Celui eut d'ailleurs l'heureuse surprise de découvrir que la porte n'était pas fermée. En fait, elle était même légèrement entrebâillée. Jugeant qu'il n'était pas dangereux d'ouvrir la porte d'après le peu qu'il pouvait voir et ce qu'il pouvait entendre. Comme rien ne lui explosa au visage, cette assertion n'était pas sans fondement.

De l'autre côté de la porte, ce qui ressemblait à une longue caverne visiblement travaillée s'étendait à sa droite comme à sa gauche. Le sol était légèrement en pente vers sa gauche et il pouvait voir à sa droite quel avait été l'effet du mouvement du levier. Là où précédemment se trouvait la plaque la plus large qu'avait trouvé Grismanel, et la terre qui la dissimulait, se trouvait maintenant un énorme trou qui était assez large pour laisser passer un chariot tiré par deux bœufs. La pluie qui tombait par se trou commençait à couler lentement le long du sol de pierre parfaitement lisse vers le fond de la caverne qui, si le sens de l'orientation de Rak était correct, devait s'enfoncer sous la falaise qu'il avait essayé d'escalader. Grismanel était derrière lui en train d'attendre le signal de son protecteur pour poursuivre l'exploration de la cité vers le fond de ce tunnel.

Rak avait eut du mal à tirer le levier. Mais il y était arrivé et le résultat dépassait ses espérances :

- Bon ! Pas de piège apparamment ! Pas de toit qui s'écroule sur nous ! dit le nain d'une voix enjouée à l'adresse de son compagnon dont il n'avait pas remarqué la mine après sa plaisanterie.

Il s'avança quand même avec précaution vers la porte entrebaillé, non sans remaquer en arrière le résultat de son utilisation du levier. Il avait craint un instant qu'en ouvrant la nouvelle porte, la première se fermerait. Au contraire, le dispositif qui fonctionnait toujours parfaitement, avait ouvert plus en grand la trappe par laquelle ils étaient entrés.

- Oh ! ne put-il s'empêcher de lâcher en découvrant la caverne qui débutait juste derrière la seconde porte.

Une vague de nostalegie l'étreint. L'espace d'un instant, il se revit dans sa caverne natale, avec ses parents, puis avec sa femme et son fils, et enfin le décès de ces derniers ce qui l'avait poussé à arpenter le monde d'en haut.

¤ Rak, reprends-toi. C'est pas le moment d'avoir le cafard. ¤

- Grismanel, j'ai l'impression qu'on a trouvé ce que vous cherchez. C'est cette caverne j'imagine ? Vous avez des informations sur elle ?

Tout en parlant, le guerrier avait franchi la porte et essayait de percer l'obscurité des lieux. Sa vision de nain lui permettait de voir sur une certaine distance dans le tunnel, mais au delà, c'était le noir le plus total.

- Vous avez quelque chose pour nous éclairer ?

Décidé à commencer l'exploration, Rak trépignait d'impatience :

- Vous voulez qu'on y aille ?

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Grismanel était visiblement aussi impatient de s'aventurer plus avant dans la cité que son garde du corps. Il regardait avec attention les murs particulièrement lisses de cette grotte avec ce qui ressemblait à de la vénération. Il fallut attendre quelques secondes avant qu'il ne réponde à la question de Rak. Avec le mauvaise réponse, toutefois.

-Euh, non. Je n'ai pas pensé à prévoir de quoi éclairer notre chemin. J'ai bien quelques bougies pour faciliter la lecture mais cela ne sera pas suffisant pour éclairer notre chemin, je le crains.

Nonobstant ce détail technique auquel personne ne semblait avoir pensé, les deux nains commencèrent leur progression dans le tunnel. Sur plus de cent mètres, celui-ci s'enfonçait très lentement avant de finir par se stabiliser à une hauteur constante. Une petite mare s'était formée à l'endroit où la déclivité changeait mais elle pouvait facilement être traversée d'un pas, même un pas de nain. Une rapide observation sur les côtés de la pièce leur permit de voir deux trous dans la paroi qui semblaient servir à empêcher l'eau de s'accumuler à cet endroit. La faible lumière du ciel disparut rapidement derrière eux mais une autre apparut devant eux presque aussitôt. Une lumière qui se trouvait droit devant eux.

Il leur fallut parcourir encore deux cent mètres environ avant de découvrir ce qui était la source de cette lumière. Ils venaient de mettre les pieds dans ce qui ressemblait à une énorme sphère de plusieurs centaines de mètres de rayon. Au centre de cette sphère se dressait ce qui avait dû être une fontaine surmontée d'une statue. Celle-ci était tombée ou avait été abattue mais on pouvait encore en voir des morceaux, dont un bras brandissant un bouclier, dans le bassin qui était vide de tout liquide. Au sommet de la sphère, droit au-dessus de la fontaine se trouvait une sorte d'énorme diamant qui diffusait la lumière qui éclairait toute la cité. Car sur les côtés de cette énorme place contenant une fontaine se trouvaient des dizaines de bâtiments qui semblaient entièrement métalliques et qui s'élevaient sur sept niveaux. Le sol était lui-même translucide et permettait de voir d'autres rangées de bâtiments aux trois étages inférieurs. Deux énormes escaliers en colimaçon s'élevaient de chaque côté de la fontaine et devaient servir à rejoindre les autres étages de cette cité.

Mais le bâtiment le plus impressionnant était celui qui se trouvait à l'exact opposé de l'entrée qu'avaient emprunté Rak et Grismanel. C'était visiblement un château qui s'étendait sur l'ensemble des sept étages de la ville. Ses murs semblaient être principalement fait d'or et il était possible de voir des gemmes représentant des fresques sur ses façades. Un mur, lui-aussi à l'aspect métallique, se dressait entre la place et le château. Son portail semblait ouvert. Une statue de nain se trouvait de chaque côté de ce portail.

Rak pouvait voir un sourire émerveillé s'inscrire sur le visage de son compagnon et ses yeux briller de l'impatience qu'il ressentait. Il lui jeta plusieurs regards pour savoir s'il avait son autorisation de commencer à explorer la cité et, plus particulièrement, ce château.

Rak n'était pas tendu en descendant dans le tunnel en compagnie de Grismanel. Seulement attentif. Il appréciait toutefois le fait de se trouver sous terre, dans une construction naine. C'était là l'essence même de la vie d'un nain.

- Hum, murmura-t-il à l'attention de son compagnon, il manque l'agitation et les bruits d'une cité naine ici. Mais bon, sacré tunnuel quand même.

En arrivant devant la petite mare, il apprécia de pouvoir l'enjamber. Car c'était là le lieu idéal pour un piège. Finalement, ils arrivèrent à une grande caverne et son spectacle fabuleux.

- Morbleu ! jura le nain ébahi. Si je m'attendais à ça.

Il demeura ensuite silencieux, perdu dans ses pensées.

¤ Un tel lieu de vie, si vide. ¤

Quand il émergea enfin de ses pensées, il vit à ses côtés un Grismanel radieux qui trépignait d'impatience.

- Bon, on visite ? D'abord le château peut-être ?

Déjà le guerrier s'avançait dans la cité.

- Au fait, pouvez-vous me rappeler ce que vous m'avez dit au début sur cette caverne ? J'ai oublié. Et prudence. Je ne pense pas qu'il y ait un piège ici, et tout semble abandonné depuis fort longtemps. Mais on sait jamais, et j'ai plus peur d'un accident que d'une attaque.

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L'historien, sans doute partiellement paralysé par le nombre trop important de choses qu'il souhaitait voir, restait presque immobile derrière Rak. Cela lui permit de prendre son temps pour réfléchir à la question de son protecteur, question qu'il n'était pas certain d'avoir parfaitement comprise, du reste. Il supposait que la question portait sur la nature de cette cité et il recommença donc son récit historique.

-Lorsque le grand royaume de Delzoun succomba aux nombreux assauts de ses ennemis orcs et gobelinoïdes, ses habitants n'eurent que peu de choix pour sauver leurs vies. La plupart des nains choisirent de se rassembler dans les rares places fortes du royaumes qui perduraient, principalement Adbar, Felbar, Castelmithral et Sundabar mais certains choisirent de déménager vers Ammarindar plus au sud. Il parait que l'un de ces groupes, qui était le détenteur d'un objet de légende, s'installa dans une cité riche et cachée qui échappa à la chute d'Ammarindar grâce à son secret. Je pense que c'est cette cité que nous venons de découvrir. Même si sa richesse, comme l'existence de l'objet, dont la nature elle-même n'est pas précise, n'est sans doute qu'un mythe.

Grismanel lança de nouveaux regards tout autour de lui en réfléchissant à la proposition de Rak. Assurément, il voulait visiter un peu la ville avant de chercher à y revenir en compagnie d'un groupe de chercheurs plus complet qui pourrait l'assister dans cette tâche. Et, il fallait bien le dire, l'assurance de Rak quand il affirmait qu'une attaque était peu probable, permettait au nain d'oublier le cadavre de son frère de race qu'il avait laissé dans la guérite à l'entrée.

-Le château me semble aussi être un bon endroit pour commencer. Je vous suis.

Avançant avec prudence, Rak et Grismanel eurent le temps de constater que si la cité semblait bien être abandonnée, les raisons ayant causé cet abandon étaient loin d'être claires. La grande majorité des bâtiments ne semblait pas avoir subis plus de dégâts que ceux naturellement dus au temps et au manque d'entretien. Les rares murs écroulés permettaient de voir des pièces entièrement nues comme si leurs habitants étaient partis en emportant toutes leurs affaires sans avoir besoin de se presser. Pourtant, à mesure que leurs pas les approchaient des murs du château, les deux nains purent voir que quelques bâtiments avaient subis des dégâts qui ne pouvaient pas être naturels même s'il était impossible d'en établir la source. Mais tous deux avaient l'impression qu'un combat avait pu avoir lieu en ces lieux. Il y avait de cela fort longtemps.

Leurs pas finirent par les conduire devant les portes principales du château. Celles-ci semblaient closes mais une autre porte, plus petite mais faisant tout de même plus de cinq mètres de large, se trouvait à l'extrême droite du bâtiment. Cette porte semblait être entrouverte. Toutefois, à la vue de l'architecture globale du monument, elle devait donner dans ce qui avait dû être une chapelle, quoique de fort grande taille, attenante au château et non au château lui-même.

Rak écouta d'une oreille attentive l'historien expliquer où ils se trouvaient, tout en jetant des coups d'oeil dans toutes les directions pour ne rien manquer du spectacle qui s'offrait à lui.

- Même sans richesse, cette cité montre combien nos anciens étaient puissants et durs à la tâche.

Le coeur du peuple des profondeurs battait la chamade, excité par l'endroit où il se trouvait. De nombreux souvenirs de sa caverne natale s'entrechoquaient dans son esprit. Il imaginait donc les lieux l'entourant, grouillant de vie.

La voix de Grimanel le ramena à la réalité :

- Le château ? Alors allons-y !

Quelque peu détendu, le guerrier s'avança à travers les rues, non sans surveiller les alentours. L'état délabré des bâtiments le préoccupait plus que leur sécurité.

Parvenu devant le château, il chercha comment entrer. La porte principale était fermée, et une puissante poussée ne l'ébranla pas. Avisant une seconde porte, il s'en approcha tout en considérant le fait qu'il ne s'agissait pas du château proprement dit, mais d'un autre bâtiment accolé :

- C'est une chapelle ? Je crois qu'on devra entrer par là.

A nouveau, le nain utilisa sa forte musculature afin de déplacer le battant qui cette fois était entreouvert. Tout en poussant, le guerrier examinait ce qui apparaissait à ses yeux.

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Si les parties les plus proches du château donnaient l'impression que le temps n'avait pas été le seul à endommager la cité, la visite de la chapelle en était une éloquente démonstration. La première chose que réalisèrent Grismanel et Rak, avant même de pénétrer dans la pièce, était qu'il se dégageait de la chapelle une puanteur douceâtre particulièrement désagréable et entêtante. Mais ce n'était pas le seul indice que quelque chose d'étrange avait eu lieu à cet endroit.

Une fois à l'intérieur, les deux nains eurent l'impression de se retrouver sur le site d'une bataille immémoriale. Mais pas le genre de bataille qui opposait deux armées organisée et qui récupéraient les cadavres de leurs soldats pour leur donner une sépulture décente. Pas une bataille digne de nains, en somme. Et pourtant, parmi les cadavres dispersés dans tous les recoins de la chapelle qui devait occuper un carré d'au moins 1600 m², nombre étaient ceux de nains qui avaient dû perdre la vie depuis bien longtemps. La grande majorité des autres cadavres étaient ceux de kobolds. Pour chaque cadavre de nains, il devait bien y avoir cinq cadavres de kobolds mais la scène était indubitablement le site d'une défaite des nains. Un rapide coup d’œil sur les cadavres les plus proches de l'entrée permis aux deux nains de déterminer que les kobolds n'étaient pas seul lors de leur offensive. Ou alors ceux-ci étaient entrainés à utiliser de l'acide et n'avaient pas hésité à faire autant de victimes dans leurs rangs que dans ceux des nains. Ce qui n'était pas forcément une hypothèse stupide.

Cela faisait plus d'une minute que Rak et Grismanel se trouvaient dans la pièce quand leur attention fut attirée par une sorte d'ombre qui se trouvai à l'endroit où devait se trouver l'autel du temps où la chapelle était utilisée pour des rites religieux. Ce qui avait été l'autel n'était maintenant qu'une pile de morceaux de métal et de pierres sur laquelle se trouvait l'ombre. Quatre piliers, fort endommagés, qui avaient dû représenter des dieux nains avant d'être monstrueusement défigurées par la bataille soutenait le toit de l'édifice autour de la plateforme de l'autel. Quand les deux nains se furent approchés prudemment de l'ombre celle-ci se tourna vers eux et commença à leur parler, même si dans un premier temps elle semblait principalement parlé à sa main. De plus près, il était évident que l'ombre était un nain mais il était rachitique et complètement dépourvu de poils, il semblait aussi très vieux, faible et blessé.

-J'avoue que j'avais du mal à croire à cette prédiction-ci, Allastar, mais tu avais raison. Enchanté de vous rencontrer, Rak de Delzoun et Grismanel Maindecristal. Mon nom est Stranka et voici Allastar. Je te laisse faire le reste de la conversation.

En prononçant ses derniers mots, il leva le poignet gauche auquel pendait ce qui ressemblait à un large bracelet avec un visage. le bracelet semblait être fabriqué en or et donnait une drôle d'allure au nain glabre qui ne portait que des loques. A la grande surprise des deux aventuriers, le visage du bracelet commença à s'agiter et une voix sortit de la bouche métallique.

-Je suis moi aussi content de vous rencontrer. Avant de vous laisser poser des questions, je vais vous raconter une histoire qui devrait répondre à beaucoup de vos questionnements. Cette histoire ne figure dans aucun livre. Il y a de cela très longtemps, du temps des grands empires forestiers des elfes, un fou essaya d'invoquer sur ce plan un puissant prince diabolique afin de l'aider à conquérir Faerun pour en faire son royaume. Un groupe hétéroclite d'aventuriers issus de plusieurs races s'opposa à lui et réussit à l'empêcher de mener à terme son rituel. Pour réussir l'invocation, il avait besoin de trois objets, un livre, un bâton et un joyau, qui furent récupérés par les aventuriers quand le fou fut terrassé.

Évidemment, une fois leur objectif accompli, les aventuriers s'aperçurent qu'ils ne partageaient que peu d'idées et des conflits commencèrent à surgir. Parmi les aventuriers se trouvaient plusieurs personnes qui moururent dans l'assaut de la forteresse du fou et il fût décidé que le joyau serait caché dans ce qui allait leur servir de tumulus. Le plus puissant des aventuriers, un seigneur parmi les elfes des royaumes anciens, hérita du livre et décida qu'un tel objet de puissance, bien que fort dangereux, pouvait être dompté afin d'être utilisé dans un but louable et il le prit avec lui. Le bâton, quand à lui, fut remis à celui qui avait porté le coup final aux plans de leur ennemis communs, un géant des tempêtes, qui décida de le prendre et de le cacher.

Un puissant devin, avant de quitter ses compagnons, prophétisa que quelqu'un se lèverai un jour qui essaierai de reprendre le rituel et il fut décidé qu'à l'emplacement de la forteresse du fou serait construit une sorte de mémorial permettant aux héritiers des premiers gardiens de se retrouver pour affronter ce danger ensemble. En plus, a proximité de cet endroit s'installèrent les héritiers du devin pour garder le lieu. C'est ce que les rares personnes qui connaissent la légende savent. Mais ce n'est pas tout.

Le puissant devin avait une sorte d'écuyer, un jeune nain, qui pensait qu'il valait mieux détruire les objets que chercher à les contrôler pour annihiler le risque de voir le danger se réveiller un jour. Avec l'aide du devin, il me fabriqua pour être au courant de ce qu'il advenait des objets et il fabriqua un moyen de détruire les trois objets. Pendant des siècles, je restais caché avec Boggestvienrazru dans des citadelles naines, suivant les héritiers de ce nain prévoyant. Jusqu'à ce que nous arrivions ici.

Lorsqu'Ammarindar finit par sombrer, une partie des nains de cette cité décida de partir pour retrouver les descendants du géant et ils emmenèrent avec eux Boggestvienrazru. Les autres restèrent ici en vécurent en autarcie pendant de nombreuses années encore en paix et je restais avec eux. Toutefois, il y a un demi-siècle environ, cette cité fut attaquée par un dragon noire et sa cohorte de kobolds et ceux qui survécurent à l'assaut devinrent les esclaves du dragon. Il fallut très longtemps à Stranka pour s'enfuir et depuis il vit de ce qu'il vole aux kobolds en attendant le moment de délivrer son peuple.

Hélas, ce moment n'est pas encore venu même si vous vous reverrez sans doute lorsque l'heure sera venue. Pour l'instant, il y a d'autres tâches plus à votre hauteur. Un elfe fou a récemment essayé de recommencer le rituel. Le mémorial a été partiellement détruit et il est actuellement en possession du joyau et du livre. Rak, je vais vous accompagner pour retrouver Boggestvienrazru et vous guider. Grismanel, il va falloir que vous consultiez les archives des cités naines du Delzoun encore vaillante pour essayer de trouver comment utiliser Boggestvienrazru. Nous nous retrouverons ensuite à Sundabar pour décider de la marche à suivre quand cela sera fait. Je suppose que vous avez des questions pour moi ou Stranka, il est temps de les poser.

Visiblement submergé par la quantité d'informations qui venait de lui tomber dessus, Grismanel cherchait à rassembler ses idées avant de prononcer la moindre question.

En bon guerrier qui avait affronté de nombreuses fois la mort, Rak n'éprouva aucune peur à traverser la chapelle entre les cadavres anciens, vestiges d'un combat acharné.

Mais ce qui le préoccupait le plus ne se trouvait que dans une partie de la chapelle. Rak n'aimait pas la magie est ses manifestations. Aussi, ce fut à petits pas qu'il s'approcha de l'autel détruit et surtout de l'ombre qui se trouvait là. Heureusement, Grismanel ne s'était pas précipité vers cette manifestation.

¤ Avec tous ces cadavres, il doit pas se sentir très bien. Au moins, il ne commettra pas une idiotie. ¤

Quand l'ombre se retourna et s'adressa à eux, Rak poussa un soupir de soulagement.

¤ Un vieux nain. Ouf ! ¤

Mais il n'eut pas le temps de répondre à la présentation du vieillard, et son estomac se noua quand l'étrange bracelet s'anima et que le visage se mit à leur parler.

Sans prononcer un mot, le guerrier écouta le long récit, bientôt subjugué au point d'oublier qu'il écoutait un bracelet magique. Quand enfin celui-ci se tut, Rak ressentait une grande réticence du fait des dernières paroles :
- Je n'ai que deux questions à poser. Pourquoi on devrait vous faire confiance. Pourquoi on devrait faire ce que vous voulez ?

Il se tourna vers Grismanel à qui il s'adressa à voix basse :

- Que pensez-vous de tout ça ? On doit faire ce qu'ils veulent ? Je n'ai pas envie de vous laisser tout seul ici. C'est contraire à ma mission. Mais j'ai eu pour consigne de vous obéïr. Donc, vous décidez quoi ?