Ophiuchus - Chapitre II, Arrivée à Hlondeth - Jour 1

ilidryc observait les gouttes de sang se prolonger devant lui et disparaître au loin. Dans son esprit, il n’y avait pas lieu d’hésiter : s’aventurer dans Hlondeth était une très mauvaise idée. Le sang risquait de s’effacer avec la pluie battante, et qui sait où le mèneraient ces traces ? Avec le peu de connaissances qu’il avait de cette ville, il s’y perdrait logiquement, et au pire, seul comme il est, Kilidryc se retrouverait dans les beaux draps face à deux meurtriers... En plus, pour couronner le tout, il avait froid !

Quelques pas en arrière et le roublard revint vers le tas de broutilles, il vida le contenu de la bourse dans la sienne avec le sourire satisfait d’avoir fait une bonne affaire rien qu’au son des pièces remplissant sa maigre fortune. Il fourgua les deux perles et la pierre dans sa sacoche et regarda le reste d’un œil inquiet.

L’équipement semblait de bonne qualité, bon à revendre, mais il préférait ne pas mettre ses compagnons au courant de sa découverte, il leur dirait qu’il n’avait rien vu d’étrange, rien trouvé. Les cartes lui avaient précisé de ne pas prendre part « activement » à l’enquête... Même si la piste que fournissait les traces de sang dirigeait assurément vers le symbole du pendu, elle était trop risquée pour s’y aventurer seul. Au final, l’argent qu’il pourrait retirer des objets ramassés était déjà un assez bon tribu pour lui, même plus intéressant que l’enquête elle-même.

Alors qu’il s’apprêtait à rebrousser chemin, son attention se porta une dernière fois à l’armure et à l’épée restée au sol :

¤Certains que ces affaires appartenaient au chauve, que lui voulaient les deux autres individus présent à la taverne ? C’étaient bien eux qui se plaignirent de leur plat, et cela ne peut être qu’eux qui l’ont attaqué à sa sortie. Ces filous n’ont rien laissé derrière eux en tout cas, même pas un document ou quelque chose d’autre qui aurait pu me donner un indice...¤

Interrompu dans le cours de ses pensées, il éternua un bon coup. Frottant son nez et secouant sa cape de daim, le roublard se mit en route vers l’auberge d’un pas rapide.

Kilidryc, Moira

ildryc poussa la porte de la taverne qui claque derrière lui, la bourse un peu plus pleine. Il fut ébloui par la chaude lumière qui soudain l'enveloppa. Après quelques instant d'adaptation, il put constater que ses habits dégoulinaient sur le sol. Il était mouillé.

Moira était dans la cuisine avec le patron, il entendait distinctement leurs paroles, et il fit quelques pas supplémentaire pour les voir, au milieu de la cuisine, penchés sur plusieurs sacs de jute, qui étaient ces fameux sacs d'épices et baies.

Il entendit la dernière phrase de Moira :
- Je crois malheureusement que quelqu'un dans votre équipe s'est laissé acheté par la concurrence. Vous restockez souvent? On peut peut-être prendre le saboteur sur le fait, avec un peu de votre aide.

Le patron avait une mine déconfite.

- Un de mes serveurs, acheté par la concurrence ? Vous... vous croyez vraiment ? Le doute et surprise laissaient progressivement place à la colère[i] "Quel vaurien ! Si j'le r'trouve, j'promets d'lui faire passer un sale moment ! User d'mon auberge comme d'un vulgaire... agneau empoisonné... pour tuer le loup... et tout ça pour leurs affaires d'concurrence dont je me fiche au plus haut point !"[i]

La moutarde était montée au nez et son visage avait pris la couleur de l'une de ces sauces pimentées rougeâtres que seuls les Expatriés Shou ou éventuellement les habitants de Tashalar pouvaient supporter nature. Il se tourna vers le revenant.

- Et bien, vous avez entendu ça, ce qu'on a découvert ?

Il fit quelques pas pour se calmer, regardant le sol devant lui alors qu'il se déplaçait, les mains dans le dos.

- Quel est donc le piège auquel vous pensez ? S'il est faisable, préparons-le immédiatement. La prochaine livraison de Gramloth aura lieu après-demain, le 3 Martel. Une partie de mes serveurs s'occupe de la nuitée des clients, ils dorment alors à l'étage. Pensez-vous que nous devrions voir Gramloth pour l'avertir de nos plans ?

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Kilidryc ramasse
25po en pièces, 1 pierre à tonnerre, 1m bandage, 1 perle rose estimée à 80po, 1 perle blanche de valeur inconnue

Kilidryc était de retour. S'il n'avait rien trouvé, il serait rentré de suite avec ce temps. Peut-être avait-il trouvé trace de l'agent yuan-ti? Moira s'accorda un temps de pause très court avant de poursuivre la conversation.

-Gramloth? Pourquoi faire? Non, moins de gens sont au courant, mieux ce sera.

L'aubergiste était disposé à les aider, tant mieux, car ils n'aurait guère pu intervenir sans se révéler. Or il était important de ne pas effrayer la proie.

-Trouvez un prétexte pour avancer la livraison à demain après-midi. Juste avant, lors du repas de midi, faites savoir haut et fort à qui veut l'entendre que c'est la dernière fois que vous achetez chez Gramloth, et que s'il y a encore des problèmes avec les denrées, vous irez ailleurs. Il faut pousser le saboteur à agir, lui faire croire qu'il est près de son objectif. Dès que les marchandises arrivent, emparez-vous en tout de suite. Il faut que personne n'y touche. On les passera au peigne fin -aussi n'en commandez pas trop. Si on y trouve encore des baies, cela veut dire que c'est le messager qui est en tord. Je crois savoir que c'est toujours le même homme, par ailleurs. Ce serait le cas de figure le plus simple et rapidement réglé.

Mis au pied du mur, Hirsuth aura du mal a nier.

-Sinon, malheureusement, il faudra attendre le repas du soir. Surveillez les cuisines, la complicité d'un commis n'est pas a exclure, même si cela me paraît un peu gros. Pendant ce temps, on guettera en salle un nouvel "incident" par un de ces clients mal-intentionnés. Dès qu'ils se révéleront, on tâchera de s'occuper de leur cas.

Comment allaient-ils s'en occuper d'ailleurs, ça, ça se fera en fonction du client en question. Si ce n'était que des quidams payés pour l'occasion, il ne devrait pas être trop difficile de les convaincre de donner l'ordonnateur de cette espèce de blague qui n'avait que trop duré. Dans le cas contraire... ce soir, il s'agissait de deux types armés qui ne se serait sûrement pas laissé faire, si c'était encore le cas demain, l'emploi de la force risquait de laisser des traces. Bien que Moira était plutôt douée pour faire disparaître les traces de ce genre.

nfin au sec, le roublard se dirigea illico-presto à l’endroit d’où provenaient les paroles étouffées du patron discutant avec Moira. Ses vêtements laissant une traînée d’eau derrière lui, il décida d’enlever sa cape bien trempée sur l’une des chaises de la taverne avant de les rejoindre dans la cuisine.

Les deux étaient en pleine conversation, Kilidryc fit une pause à l’embrasure de la porte avant de continuer. Sur la dernière phrase de Moira, toujours aussi imperturbable, le patron prit l’air d’être révolté devant une telle affirmation. Le demi-elfe se souvint de ce qu’avait dit le chauve avant de se faire amocher par les deux gaillards au point d’être transporté comme un sac à patate : « Il serait ravi de l’apprendre ». Oh ça oui, il était ravi, ravi au point d’en devenir rouge comme le vin sec d’Arabel...

Il entra enfin dans la cuisine lorsque que le patron lui adressa la parole nerveusement, cherchant une approbation. Quelque peu narquois, il lui répondit :

- J’imagine que vous pensiez cela inimaginable... ? Pour une poignée de pièces en plus, les gens sont prêt à tout ici.

Et il le savait mieux que tout le monde...

Silencieusement, il écouta Moira proposer son plan d’action les bras croisés avant de lancer quelques propositions.

- Je pense que presser les affaires à demain éveillera un soupçon chez les saboteurs. Surtout en couplant ça avec le fait d’affirmer haut et fort que s’il n’y a pas d’amélioration le contrat avec Gramloth sera mit à terme. Ça me paraît trop gros. Il décroisa les bras avant de continuer, pensant aux deux hommes sans scrupule qui avaient salement tabassé le chauve, et puis, on ne sait pas qui sont ces clients mal-intentionnés, ce ne sont peut-être pas de simples quidams, ce sont peut-être des agents ou des mercenaires, il faudra faire attention.

La guerrière se retint d'un "sans rire?" sarcastique qui lui aurait été franchement inhabituel. Mais cette ville était éprouvante pour le caractère.

-Après le coup de ce soir, notre homme serait avisé de laisser s'écouler quelques jours, or si nous attendons trop, c'est nous qu'on finira par repérer comme n'étant pas de simples voyageurs. Alors qu'une occasion bien tentante pourrait le pousser à l'erreur...

Elle ne prétendait pas que son plan était génial et sans failles. Elle avait d'ailleurs plus l'habitude de suivre les plans plutôt que d'en faire. Mais elle ne voyait pas ce qu'il y avait de "trop gros" dans son hameçon. Mishtru était visiblement un colérique, il avait déjà du faire des coups de sangs devant ses employés, et tous devaient déjà savoir qu'il était sur les nerfs. Pour l'instant, seul sa propre fainéantise de négocier les prix le retenait de changer de fournisseur. Mais ça ne surprendrait personne qu'il se décide enfin.

Quand au fait que ces types en viennent à chercher la bagarre, et bien ça ne lui faisait pas peur, c'était pour ce genre de situation qu'elle était payée. Quelque part, elle se sentirait plus à l'aise à croiser le fer qu'à démêler cette histoire stupide.

-Bon admettons, vous avez une meilleure idée?

Elle était curieuse d'entendre ce qu'il avait à dire. C'est vrai qu'il avait l'air plus habitué à la magouille.

'est à contre-coeur que Kilidryc prit la parole. D'un côté, son interlocutrice ne le savait peut-être pas, mais le demi-elfe n'était pas très fiable pour élaborer des plans à l'avance. Il l'était plutôt pour décider sur le moment même de la chose à faire, et le plus souvent, il prenait la décision la moins judicieuse. D'un autre côté, les cartes lui avaient prescrit dans son propre intérêt de ne pas prendre une part active au déroulement de l'affaire.

- Non, non... Je crois que dans l'idée le plan est bon : attendre trop longtemps ne fera qu'éveiller les soupçons. Mais presser les choses pourrait amener les saboteurs à prendre garde. D'ailleurs, vous pouvez être sûre que certains sont déjà au courant de notre présence et de notre rôle dans cette affaire, les choses vont comme ça dans ce genre de ville.

¤Surtout avec le défilé : une grande guerrière pâle, un petit aux cheveux rouges, y'a pas mieux pour se faire remarquer...¤

- Je pense qu'il faut trouver un compromis, soit avancer le jour de livraison, soit faire un scandale et attendre après-demain. Et pour les faux-clients, on doit les faire parler ou trouver un indice, peut-être pas frontalement, mais les prendre par surprise, les suivre en filature... Je dirais même qu'avant de prendre une décision sur comment les aborder, il faudrait simplement observer leurs faits et gestes.

Filature. Certes pas.

-Si nous pouvons coincer le traître qui agit sous ce toit, ce sera plus simple ensuite de remonter aux complices extérieurs.

Et elle ne tenait pas non plus a attendre qu'ils furent sur leur terrain pour les confronter. Moira se tourna vers le patron.

-Gardons la livraison a après-demain alors. Mais il faut que rien de tout cela ne transpire, vous comprenez?

Elle songea un court instant. De personnes extérieures au courant de leur implication, il n'y en avait une qui venait immédiatement à l'esprit : Khemed, ou quelque soit son vrai nom. De quelle entité était-il l'agent celui-là? Les yuan-tis aussi? En admettant qu'il fût réellement là pour les guider, pourquoi Miriel l'avait-elle mis dans la confidence, si elle ne sait presque rien de lui? C'était contraire à la prudence la plus élémentaire, mais cela, on pouvait encore se dire qu'Ilastul avait foiré comme une vraie championne. Ensuite Kilidryc lui-même. Oui, Kilidryc, parce qu'il sortait un peu de nulle part, il fallait le reconnaître. Pourquoi Gramloth avait embauché son propre enquêteur? Pas un type du coin, que le marchand aurait pu bien connaître, mais un débarquant du lointain Cormyr. Elle nota de bien se rappeler de ne pas trop lui faire confiance pour le moment.

-Si ça ne donne rien, on envisagera la filature. En parlant de ça...

La guerrière se tourna vers le cormyrien.

-Qu'est-ce que vous avez trouvé dehors?

1er Martel 1373
Deux heures après le crépuscule.
Hlondeth, Auberge "L'Âtre Irisé".
Ciel couvert, froid, léger vent de terre, pluie.

Kilidryc, Moira

e patron de l'Âtre Irisé hochait de la tête à mesure que les deux aventuriers parlaient. Sa face avait progressivement dé-rougit, et laissait maintenant place à une expression de défi ou de vengeance : comment allait-il faire pour coincer le traitre. Le plan des deux aventuriers lui plaisait bien : pousser le salaud à agir était une bonne solution, rapide et efficace.

- Je vous suis, vous tenez-là un bon plan. Demain matin, à la première heure, je convoquerai mes serveurs dans la cuisine. Je prétexterai une bonne nuit de sommeil qui apporte réflexion et raison, et je leur dirai que cette dernière affaire avec les baies a encore augmenté mes incertitudes envers Gramloth. Je leur dirai que si cela continu comme ça, je changerai de fournisseur, même si j'hésite encore vu les complications que cela apporterai. Je leur demanderai en même temps ce qu'ils en pensent. Je leur dirai aussi que la prochaine livraison sera déterminante, et que je tiens à l'inspecter dès qu'elle sera livrée en cuisine. Comme ça, si le traite veut agir il devra forcément passer par Hirsuth, à moins que ce ne soit Hirsuth lui-même. Il fit une pause pour se repasser cette longue tirade. "Est-ce que ça vous convient comme ça ? Demain et après-demain, je répèterai aussi à qui veut l'entendre que je c'est la dernière fois que je me fais avoir par Gramloth. D'ailleurs, vous pourrez prendre le rôle de clients soucieux de leur estomac, si par miracle aucun autre client ne me questionne demain."

Le plan prenait forme et Mishtru reprenait petit à petit du poil de la bête : enfin il n'allait plus subir et passer à l'acte. L'heure était avancée mais il ne montrait pas le moindre signe de fatigue, probablement du à l'excitation de tendre ce piège le lendemain à celui qui lui faisait passer de mauvaises nuits depuis maintenant un mois. Il souhaita néanmoins bonne nuit aux aventuriers, en leur indiquant les chambres où dormir : deux chambres privatives au premier étage. Il rassembla alors quelques affaires, remit sous clé les sacs d'épices déplacés et monta à l'étage, une bougie et quelques feuilles de parchemin à la main.


Restaient les deux aventuriers et la question en suspens de Moira.

A cet instant précis, tout deux entendirent un bruit, un cri de douleur étouffé par plusieurs couches de brique, bois ou verre. De par sa position dans la pièce probablement, la guerrière l'entendit plus distinctement, et ne manqua pas ce qui suivit aussi : une voix faible, à la limite de son audition, si bien qu'elle ne pouvait comprendre aucun mot.

Décidément, il s'en passait bien des choses à cette auberge, de nuit comme de jour !

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Jet de Perception auditive Moira : 16(1d20) + 1(Comp) = 17
Jet de Perception auditive Kilidryc : 9(1d20) + 3(Comp) = 12

1er Martel 1373
Deux heures après le crépuscule.
Hlondeth, A proximité de l'auberge "L'Âtre Irisé".
Ciel couvert, froid, léger vent de terre, pluie.

Horthaïr

e nain était depuis quelques jours déjà à Hlondeth, où il avait accompagné Pharesus Ilastul, le frère de Miriel, pour une livraison de marchandise. Tout s'était passé à merveille, et la mission avait été rapidement bouclée.

Hlondeth, où communément nommée Cité des Serpents, était la plus grande des cités indépendantes de l’Ouest du Bief de Vilhon, et celle dont le passé avait été le plus majestueux. Protégée par une grande enceinte de marbre vert, la métropole de près de cinquante mille âmes semblait onduler comme une couleuvre dans son enceinte lorsque le soleil se reflétait sur les bâtiments de pierre très souvent verte, si caractéristique de la ville. L'architecture locale dévoilait de grandes et élégantes arches et boucles de pierre verdoyante. Rampes et poteaux remplaçaient les escaliers. Depuis que Horthaïr était arrivé, il avait pu découvrir avec étonnement et émerveillement que de nuit, la cité brillait d'une lueur verte, en raison de la relation qu'entretiennent l'éclairage magique et la pierre émeraude.

Pharesus, énigmatique personnage qu'on ne voyait que peu souvent au Saphir Noir du fait de ses voyages nombreux dans le Bief de Vilhon, lui avait alors transmis un ordre de Miriel : retouver Gramloth, le marchand de "La Caverne" située dans le quartier du Nan et rejoindre Moira, Jon et Khemed dans leur enquête. Elle n'avait pas été plus explicite, arguant que Gramloth et les autres mercenaires sur place sauraient bien mieux qu'elle lui expliquer la situation. Il avait aussi reçu cent vingt pièces d'or dans une bourse de cuir, à partager avec les autres mercenaires, en temps qu'avance des frais de mission.


Pharesus et lui-même s'étaient alors séparés, Pharesus retournerait à Arrabar, alors que Horthaïr avait l'après-midi entière pour retrouver la Caverne.


Il la trouva, finalement, après s'être trompé et re-trompé. Sa curiosité n'avait rien arrangé à la chose, et plusieurs fois il s'était arrêté pour regarder un étal ou une enseigne. Ce n'est alors qu'au soleil couchant qu'il frappait à la porte du magasin d'épices.

La Caverne était un lieu fabuleux. L'intérieur du magasin était entièrement construit en bois, et sur plusieurs étages : deux mezzanines superposées faisaient face à l'entrée, laissant libre un gigantesque volume au dessus de la tête de Horthaïr. En levant la tête, on pouvait voir plusieurs dizaines de cages suspendues au plafond par des cordes nouées aux balustrades des mezzanines. Les sens du guerrier furent instantanément en alerte. Les chants d'oiseaux innombrables pouvaient laisser présager de leurs couleurs et rareté, car les fonds des cages étaient pleins, précaution utile, et les volatiles n'étaient pas visibles à part à monter par les escaliers aux étages. Après l'ouïe venait l'odorat. Une odeur agréable de sucre, de fruits et d'épices prenait le nouvel arrivant aux narines. Un mélange explosif mais ô combien savoureux une fois les différentes provenances identifiées. Car le troisième sens à être sollicité était bien la vue. Ici et là étaient des sac de jute dont le contenu était peint à l'encre rouge sur le sol, les murs ou le sac-même. Fruits séchés (mangues, bananes, pèches, lychees, cerises, ...) et épices (cannelle, baies, poivres, sels, menthes, cumins, currys, ...) prédominaient.


La rencontre avec Gramloth ne fut pas aussi brève qu'il l'aurait pensé. Il dinèrent ensemble et discutèrent principalement de Hlondeth. Les complications qu'il semblait traverser actuellement ne semblaient pas l'assombrir outre mesure pendant le repas, qui fut simple mais bon : une soupe de légumes, nouilles et viandes très pimentée, trop peut-être pour le nain qui toussota plusieurs fois aux premières bouchées.
L'héritier du clan Noblécrin apprit les mêmes informations que ses coéquipiers et il prit finalement congé de son hôte presque deux heures plus tard. l'Âtre Irisé était proche et aisé à trouver à cette heure là de la nuit où les ruelles étaient dégagées de la foule diurne. Il reçut tout de même le conseil de ne point trop traîner avant d'apercevoir l'enseigne de la taverne.


Quelques minutes plus tard après avoir gouté à la première goutte de pluie, le nain arrivait à hauteur de la taverne.
Cependant, tout n'était pas aussi simple, et alors qu'il était à une dizaine de mètres de la porte, deux sons identiques et très caractéristiques lui arrivèrent aux oreilles, ainsi qu'une vive douleur dans l'arrière de la cuisse : deux arbalètes venaient de libérer leurs carreaux, dont l'un d'eux avait terminé sa course dans sa jambe droite, alors qu'il échappait un cri de douleur. Une blessure peu grave, mais pas pour autant agréable.
Il se retourna instinctivement et immédiatement, deux personnes firent leur apparition.

Un humain et un halfelin avaient sauté du toit et s'étaient approché pour maintenant se tenir à courte distance du nain. L'humain avait dégainé sa dague, alors que le hin était toujours armé de son arbalète. Ils étaient tout deux équipés légèrement -l'humain portait tout de même une corde en bandoulière-, leurs habits sombres et leurs allures que l'on pourrait qualifier de "plus que douteuses" ne laissait que peu de doute quant à leurs intentions. Leurs armes semblaient de bonne qualité, et leurs visages étaient cachés par des foulards sombres. Tout deux étaient emmitouflés dans un manteau à capuche, et étaient finalement très peu différents dans l'apparence, sinon leur taille.

- Alors l'ami, on prend un peu l'air ? Dit le hin d'une voix basse et nasillarde "Ta bourse semble trop lourde pour ne pas contenir de belles choses. Lance-la donc à terre et tu verras l'aube." Son ton était pressant.

Les deux voleurs étaient de part et d'autre du nain, si bien qu'il ne pouvait à aucun moment avoir les deux dans son champ de vision. Le plus court chemin à la porte de l'auberge lui était obstrué par l'homme.


Horthaïr, tu as pu faire des emplettes dans l'après-midi si tu le souhaite : tu peux y trouver à peu près tout ce que tu veux.
Plan approximatif : l'homme est derrière toi, à 1 pas (=1 case), il se trouve sur la ligne qui te lie à la porte de l'auberge. Le hin est devant toi, à 1 pas aussi. La porte de l'auberge est à 10m en ligne droite.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Horthaïr reçoit 120po de Pharesus
Jet de Détection Horthaïr : 4(1d20) + 0(Comp) = 4
Jet de Perception Auditive Horthaïr : 5(1d20) + 0(Comp) = 5
Horthaïr perd 2PV
Jet de Détection Horthaïr : 6(1d20) + 0(Comp) = 6

¤ Si seulement les rues de cette ville n’avaient pas été aussi tortueuses, j’aurais trouvé cette boutique bien plus tôt dans la journée! ¤ pesta intérieurement le nain alors qu’il grimaçaient en jetant un coup d’oeil rapide à sa blessure.
Il faut admettre que la Cité des Serpents avait de quoi retenir le regard. Comme toute ville qui se respecte dans le Bief de Vilhon, le commerce y est omniprésent, ce qui à d’ailleurs eu pour effet d’attiser plus d’une fois la curiosité d’Horthaïr lorsqu’il cherchait l’enceinte de La Caverne, s’attardant alors maintes fois devant quelques échoppes intéressantes. Cependant, bien que les étals de Hlondeth soient attrayants, la Cité en elle même l’était beaucoup moins aux yeux de l’héritier Noblécrin. Les nombreux marchés aux esclaves révélaient une bien sombre partie du visage de la cité, kobolds et autres vermines grouillant dans de petits parcs, attendant que leurs destin soit scellé. La ville était constamment menacé par l’ombre du sinistre mont Ugruth, un gigantesque volcan dominant la Cité des Serpents. Serpents qui d’ailleurs paraissaient être mis sur un piédestal au sein de cette ville qui portait si bien son sobriquet. Mais n’étant au fait d’aucun élément historique de Hlondeth, Horthaïr ne cessait d’être partagé entre admiration et dégoût face aux imposantes architectures serpentines qui jalonnaient les rues. Il savait les humains volatiles dans le domaine de la religion et autres pratiques spirituelles, mais cette omniprésence du reptile à langue fourchu tenait plus d’une idolâtrie morbide qu’un hommage révérencieux aux yeux du nain.

Horthaïr n’appréciait donc guère l’atmosphère qui se dégageait de Hlondeth, et sa rencontre avec Gramloth n’arrangea pas les choses. Cet petit et chétif humain était doté d’une paire d’yeux perçant dont le regard ne cessa de mettre mal à l’aise le nain durant la totalité de leur entretien. Seul son hospitalité semblait radoucir l’atmosphère, bien que le plat eu plutôt pour effet de la réchauffer, elle et la gorge d’Horthaïr.

Une très mauvaise impression en somme que cette cité renvoyait à Horthaïr d’elle même. Et celle-ci ne semblait pas avoir fini de décevoir le Noblécrin.

Bien que le ciel fut couvert, Horthaïr put distinguer la silhouette du hin dans l’obscurité. Un peu d’action n’était pas de refus, surtout que cela faisait un moment que le nain n’avait pas eu l’occasion de réveiller le fléau qui dormait dans son dos depuis des dizaines. Le petit homme semblait bien bavard et sûr de lui. Le nain quant à lui ne paraissait plus aussi surpris qu’au début de l’attaque; il semblait avoir assimilé la situation et sa mine sombre habituelle reprit le dessus.

¤ Même s’il faut mourir aujourd’hui, autant donner une bonne raison à ces deux vauriens de me tuer! ¤

L’halfelin détenait une arbalète de bonne manufacture et semblait savoir s’en servir, tel qu'en témoignait la jambe du nain. Il semblait donc plus judicieux aux yeux de ce dernier d’empêcher cette sournoise petite créature de nuire pour ensuite s’occuper de l’humain. Horhaïr ne réfléchit pas outre mesure, se saisit de son fléau aussi rapidement qu’il le pu et en fit balancer la tête en direction de l’arbalète.

- Tu me paraît bien sûr de toi, nabot!

Les yeux argentés du nain étaient froids et déterminés; Horthaïr était prêt à tuer ces deux individus.


Donc donc, Horthaïr tente de désarmer le hin puis, s’il y parvient, pivote sur lui même pour faire face à l’humain.

La bonne volonté du tavernier était presque un peu trop débordante.

-Oui, oui... ne faites pas trop de zèle non plus, ça pourrait devenir suspect.

Moira laissa l'homme s'en aller avec un discret soupir. Plus tôt ils en auraient finit avec cette histoire, mieux ce serait. La guerrière se tourna vers Kilidryc pour terminer la conversation quand ils furent de nouveau interrompus. Quelqu'un avait reçu un coup et une voix apostrophait sur un ton menaçant dans la rue juste devant l'auberge.

-Encore? Et ce n'était pas discret cette fois...

Peut-être que les mystérieux agents de la conspiration venaient de se faire confronter par les yuan-ti? L'un ou l'autre groupe ayant voulu suivre Kilidryc? Mais cela paraissait être un coup de chance beaucoup trop heureux de les avoir à portée de main. Moira traversa la pièce à grands pas, tirant en même temps son épée, car ces types avaient été vu armés tous autant qu'ils étaient. Arrivée à la porte, elle l’entrebâilla légèrement en prenant soin de ne pas la faire grincer. Dehors, l'éclairage nocturne très particulier de la ville nimbait la rue d'un vert maladif. Pas de besoin de chercher l'origine du grabuge très loin ; à dix mètres environs, toute une scène se jouait. Moira reconnu une barbe, et une voix caverneuse.

¤ Horthaïr? ¤

Qu'est-ce que le nain faisait ici? Il avait une mission à Hlondeth lui aussi? Qui l'amenait devant l'Atre Irisé à cette heure? Mais elle démêlerait cette nouvelle pelote plus tard. Les deux types qui attaquaient Horthaïr n'étaient clairement pas ceux de tout à l'heure, ou alors il y en avait un qui avait sérieusement rétréci au lavage. Elle résuma très rapidement à Kilidryc à voix basse.

-Ils sont deux... capuches noires... ils attaquent un nain...

Il y avait peut-être d'autres complices cachés, auquel cas Horthaïr allait vite avoir besoin d'aide. Resserrant la main sur la poignée de son épée, Moira se tint prête à bondir.


(J'imagine que je n'ai pas le temps d'agir plus, alors j'arrête là pour le moment)
edit Oknar : parfait comme ça !