L'éclosion de la fleur de lune, Suite du village mystérieux

Son cri l’avait ébranlé et lorsqu’elle rouvrit les yeux, Arveene était au même endroit, avec les mêmes personnes. Son ami Damarien restait à ses cotés, Ièlénia, un peu en devant, comme a son habitude et Karion en retrait…

¤ Karion n’est pas la… A-t-il réussi à passer la porte ? ¤

C’est en se retournant pour voir le portail qu’elle remarqua le changement. Du froid qui les avait habitées jusqu'à maintenant, la chaleur du jour rendait le tableau irréel. La hin remarqua aussi l’herbe qui entourait le portail et surtout le soleil, puissant et haut dans le ciel, qui à une époque comme la leur, était tout simplement irréel.

Mais pour la petite halfeline, toutes ses interrogations passaient en second plan. La chaleur régnait enfin en maître, elle en profita pour enlever ses habits d’hiver et rangea expressément son piwafi au fond de son sac… Elle espérait avoir réagit assez rapidement pour ne pas l’avoir abimé. Elle se revêtit simplement d’une chemise brune/ébène tranchant avec sa peau de lait pour le haut et de braies tombantes jusqu’au mollet d’une teinte orangée. C’était ses seuls habits d’été et elle se sentait revivre dans ses vêtements.

Elle remarqua que Zakline avait la fleur, et que certains de leurs compagnons avait tenté de s’en approprier un exemplaire.

Elle s’approcha par réflexe du portail et lorsqu’elle se baissa pour en cueillir une, elle n’y parvint pas. A la fois fasciné par sa beauté et son parfum, la roublarde était aussi terrifié par ce que la fleur dégageait et engendrait. C’était à cause de cette fleur que cette malédiction s’était ancrée, ou c’était peut-être l’inverse. Dans tout les cas, son cœur lui criait de ne pas y toucher. Pas pour le moment du moins. Lorsqu’elle se releva, Arv remarqua les chuchotements derrière elle. En se retournant, elle vit toujours le même excentrique faisant cette fois ci d’étranges complots dans leurs dos…

¤ Et sans se cacher en plus… Il ose chuchoter ses insanités à quelques pas de nous… Et Iélénia qui se joint à ça, et bien tant pis pour toi ma grande, je ne pense pas que de faire de lui un complice est le meilleur de tes choix. M’enfin. ¤

Lorsque la femme au panier apparue, Arveene se demanda si c’était une femme qu’elle avait pu croisée au village pendant les quelques jours qu’ils y avaient passés, après s’être convaincu de la réponse elle s’avança à la suite de la prêtresse – qui elle-même en avait enfin fini avec l’elfe – vers la femme qui leur faisait un signe de main.

Derrière elle se dressait les habitations coutumières qu’Arveene avait mentalement apprivoisées. La surprise la fit hoqueter quand elle leva les yeux vers la tour, bien réelle, qui dominait le lieu-dit.

Au même instant ou la suivante de l’Aube prenait la parole, Arveene lui dit, avec un grincement de panique dans la voix :

-Iélénia, nous avons changé d’époque !!!

La roublarde mit la main devant sa bouche pour taire ce qui était déjà trop tard, elle espérait que la nouvelle venue n’avait pas l’ouïe assez fine pour l’avoir entendu.

Arveene tente un test de détection, ou de renseignement, ou de souvenir… bref, un truc qui permette de voir si elle se rappelle de la tête de la ramasseuse de champignon comme une habitante actuelle du village.

La Fleur de Lune

Moment : la nuit, Date : 30 Uktar 1372
Lieu : petit village aux abords de la forêt de Cryptejardin
Temps : soleil

Tous :


La femme laissa tomber son panier au sol, apeurée de voir l’elfe tendre son arc en sa direction. Elle mit ses mains en opposition devant eux.

- Ne me faîtes rien..Je ne suis qu’une simple villageoise sans défense. Vous êtes dans le village Tryaek en l’an 1362 en pleine saison de l’Eleasias. Tirius est notre chef, je vous propose d’aller à sa rencontre.

Le vent se mit d’un coup à se lever, et à souffler très fort. Il devenait impossible pour Agath de garder pour cible la villageoise. Il ne semblait que souffler en leur direction, n’affectant guère la villageoise. Une trombe de fumée apparut à ses côtes, prenant l’apparence d’un humanoïde. Elle prit finalement corps pour dévoiler un véritable homme, d’apparence assez soignée, d’une quarantaine d’année, la barbe grisonnante bien taillée, vêtu d’une grande tunique blanche. A la main, il tenait une baguette dont l’extrémité luisait comme un charbon ardent. Il la pointa en leur direction…

- Cessez d’importuner cette pauvre villageoise sinon je vous réduis en cendre ! Il ne me semble pas qu’une prêtresse de l’Aube agisse de la sorte…

Il les examina avec attention, avec un regard insistant sur Iélénia. Il dut être rassuré puisqu’il pointa sa baguette vers le sol.

La gravité du moment fut perturbée par un étrange bruit, provenant de l’halfeline Arveene. Son estomac venait de gargouiller, criant famine. Cet appel fut contagieux car chacun des aventuriers découvrirent qu’eux ici avaient faim et soif !

Iélénia soutint le regard de l'homme. Visiblement elle avait marqué cet inconnu, mais elle comptait ne pas en rester là. Elle suivit sa remarque et tenta de calmer la facile de la sortie de l'arc à tout va.

-Vous avez raison. Allons que tout le monde baisse ses armes. On ne pourra s'en porter que bien mieux. De plus je vois que ce charmant petit village me semble on ne peut plus accueillant. Nous n'allons pas troubler la quiétude de ces lieux. Même si nous voyons des choses sous un aspect dual et différent. Nous sommes en treize cent soixante deux, imaginez donc les possibilités. N'est ce pas Agath ?

Elle fit un clin d’œil à l'elfe pour bien lui faire comprendre qu'elle avait reçu son message mais qu'il valait mieux jouer la discrétion pour le moment. Elle tenta tout de même de surprendre son auditoire en tentant un coup surprenant. Elle pensait savoir à qui elle avait affaire et décidait de jouer sur cet atout, tout en en gardant d'autres pour l'heure.

-Vous ne risquez rien de notre part, Azaréus je présume ? Vous allez sûrement trouver cela étrange mais nous avons plein de choses à nous dire, du moins surtout nous. Mais je crois que dans un premier temps, notre amie l'halfeline aurait besoin de se sustenter. Elle n'a pas mangé depuis au moins dix ans à en entendre son estomac. Il serait aussi souhaitable que Tirius soit aussi présent, c'est bien le maire de ce village je présume ? Ah j'oubliais une chose.

Elle articula le mot Aube tout doucement pour désactiver son écu. Elle désactiva son armure de lumière qui visiblement ne servait à rien pour l'heure.

¤Un sort de gâché pour rien. Mais je pense que bientôt très bientôt je vais en avoir besoin.¤

Iélénia avait l'intime conviction qu'ils avaient voyagé dans le temps. Dix ans en arrière comme le portail l'avait annoncé. Une chance leurs était offerte de réparer les erreurs qui n'allaient pas manqué de survenir. En fait elle pressentait que le fameux rituel qui allait précipiter le village dans la malédiction était pour très bientôt. Restait à savoir comment les évènements qui allaient suivre s'enchaineraient. Elle eut quand même une pensée pour elle même. Ils étaient plongés dix ans en arrière et à cet époque là elle commençait tout juste son apprentissage dans le temple de Lathandre. Une époque bénie et pourtant si lointaine pour elle, qui était là, à portée de main et pourtant si inaccessible. Elle continua sa phrase tout de même.

¤Non triturer le passé n'amène jamais rien de bon. C'est vers le futur qu'il faut se tourner.¤

-Est ce qu'il existe une adepte de la déesse Chauntéa ici ? J'ai bien peur que ses services nous soient requis, du moins ses connaissances.

L'apparition du mage avait gravement perturbé Agath's, qui fut pris d'un tremblement provoquée par l’angoisse que lui procurait la proximité d'un homme aussi puissant.
Agath's se serait bien roulé en boule pour disparaître à la vue de tout le monde mais sa fierté l'obligea à rester debout immobile, incapable de tenir l'arc par peur d’éveiller la colère d'un si puissant magicien il laissa tomber le bras qui tenait l'arme et fixa le sol du regard pour oublier cette peur qui le maintenait figé comme une statue.

Au bout d'un certain temps un bruit semblable à un murmure le fit sortir de cet état de transe dans lequel il s'était réfugié, un bruit qui lui rappela la faiblesse de ceux qui l'accompagnaient et qui le fit se réveiller. On avait besoin de lui et non de sa pâle copie en marbre statufiée.

D'un geste rapide et leste Agath's allait sauver cette petite humanoïde, il était à nouveau là, lui le puissant devin, heureusement car on avait besoin de lui encore une fois. Tirant de son sac une ration de survie, il la lança adroitement vers la petite Halfeline paniquée par la faim qui la tenaillait.

Après cette prouesse, le mage elfe tira un sourire attentionné vers sa protégée, puis tel un valeureux héros, il s'avança vers le mage celui-ci avait reconnu la prêtresse, peut-être qu'il reconnaîtrait en lui le futur illustre manipulateur de la toile qu'il était.

¤ Après tout mon sang elfique me place au dessus des simples illusionnistes, qu'en penses-tu Mai'slaugh.¤

S'approchant du mage d'un pas feignant l'aplomb d'un grand magicien, Agath's s'approcha assez du lanceur de sorts comme pour le saluer, Agath's savait que cet NTel'Quess lui était supérieur mais il ne voulait pas le montrer aux autres. Cependant, il se devait tout de même de saluer le thaumaturge au mieux en signe de respect, il se décida donc pour sa langue natale.

- ’

Après cette brève présentation Agath's, participa à la conversation remarquant qu'ils ne devaient point avoir voyagé dans le passé car sinon le portail n'aurait lieu d'être. Serait tout une illusion de leurs ennemis?...

¤D'ailleurs, quelle magie peut bien envoyer quelqu'un dans le passé, ce mage a beau être puissant, je ne connais aucun moyen magique d'accomplir un tel exploit...¤

Quoi qu'il en soit, Agath's devait profiter au mieux de cette inespérée rencontre pour augmenter au maximum ses connaissances sur l'art, il était réjoui et au même temps apeuré mais la curiosité de l'elfe l'emportait.
Dans son sac Agath's avait des informations qu'il voulait éclairer avec ce mage mais pour l'instant mieux valait attendre le moment propice. Se rappelant qu'il était lui même affamé Agath's grignota un morceau du pain de voyage en attendant qu'on les emmène devant le chef du village.

Il ne sut jamais laquelle de ces deux réponses fut la bonne... il savait juste qu'il avait réussi. Les sensations euphoriques qui l'avaient submergées peu de temps avant furent lentement remplacées par une chaleur ambiante et rayonnante. Mais le damarien ne put s'empêcher de douter... était-il délivré de l'illusion ou bien cette dernière s'était-elle adaptée pour le tromper à nouveau. Cette lumière vive qui remplaçait le gris du ciel pour la dernière fois qu'il l'avait vu... la chaleur des rayons du soleil en lieu et place du froid mordant de l'hiver.

Ses yeux cherchaient autour de lui pour trouver le moindre indice qui aurait put lui permettre de trancher entre la vérité et l'artifice. Ses compagnons étaient là et il les scruta les uns après les autres... tout cela lui semblait finalement bien réel. Il fut soulagé de voir qu'Arveene était là mais s'inquiéta d'avantage de la disparition de Karion qu'il chercha longuement du regard d'autant plus que personne d'autre dans le groupe ne semblait y avoir prêté une quelconque attention.

Ces recherches et réflexions furent écourtées par l'interruption successive d'une villageoise puis l'apparition pour le moins spectaculaire d'un homme d'âge mûr qui dardait le petit groupe de ses yeux sévères. Aussitôt, Hannibal avait porté la main à son épée, ses doigts se serrant fermement le cuir travaillé. Cet homme ne semblait pourtant guère agressif de nature malgré le ton sec employé et il semblait même bien connaître la prêtresse de l'aube qui les accompagnait. Fermement campé sur ses appuis et le regard alerte au moins geste suspect, le damarien jetait de temps à autre un regard à Zakline pour attendre d'elle un ordre ou une directive.

Le sérieux de l'instant fut troublé par le gargouillis stomacale de sa petite camarade hin. Il dut se retenir à grand peine de rire devant le ridicule de la situation et sa tension guerrière tomba d'un coup pour laisser place à un damarien au sourire un peu naïf alors qu'il se tournait vers Arveene pour lui glisser un sourire complice. Lui même commençait à ressentir la faim le tenailler et il se doutait bien que chacun d'eux ressentait ce besoin.

Hannibal se retourna pour se porter au devant de la petite hin lorsqu'un paquet fut jeté à ses pieds avec autant de mépris qu'une simple pièce destinée au premier miséreux venu. Il se retourna pour voir une fois de plus cet elfe présomptueux essayer d'attirer toutes les attentions en baragouinant dans sa propre langue auprès du dernier intervenant. Le damarien roula des yeux avant de venir tapoter la tête d'Arveene avec un petit sourire.


-T'inquiètes pas... Commença-t-il sur un ton assez bas. On réussira bien à lui faire manger son crapaud un de ces quatre.


Ceci dit, il était perplexe. Il avait fait semblant de ne pas relever le cri de stupeur de la hin mais tout cela ne lui semblait guère de bonne augure... remonter le temps... était-ce seulement possible?

Et si c'était le cas... comment revenir à leur époque? Il n'avait aucune réponse à ces questions et il se demandait seulement si quelqu'un parmis eux le savait.

Le bruit sortit de ses entrailles lui rappela le souvenir douloureux de ses journées entières passées a Port-Calim à la recherche d’un bout de pain, ou de quoi que ce soit à se mettre sous la dent. Bien qu’elle réussissait la plupart du temps à subvenir à ses besoins, elle pouvait passer des jours avec le ventre vide. Arveene secoua la tête pour revenir à leur réalité, réalité qui laissait à désirer. Car ou étaient-ils ? Quand étaient-ils ? Voila les questions qu’ils se posaient tous depuis qu’ils avaient franchi le portail. Quand elle leva les yeux, elle vit que tous la regardait avec mansuétude.

¤ Mon ventre a parlé plus fort que je ne le pensais… ¤

Avant qu’elle ne puisse s’excuser, un paquet de nourriture s’écrasa à ses pieds. Le ballot se rependit par terre et son contenu s’étala dans les hautes herbes. Elle regarda Agath’s lui faire un de ses nombreux sourire apitoyant tout en refermant son paquetage. Elle ne comprenait rien à se personnage agaçant et trop sur de lui. Voulait-il réellement la secourir avec maladresse ou bien se moquait il ouvertement de la détresse de la jeune hin ? Elle n’eut pas le temps d’approfondir ses questionnements que le guerrier s’approcha d’elle avec bienveillance et, avec beaucoup plus de tact, la réconforta sur ce magicien inexpérimenté.

- Oui Hanni, et pas que son crapaud ! Elle lui adressa son sourire charmeur qu’elle lui réservait en toute occasion et rajouta, toi aussi tu meurs de faim ?

Elle vérifia que l’elfe ne la regardait plus – occuper qu’il était avec le nouveau venu – et avec un clin d’œil à son camarade, ramassa quelques fruits ainsi jeté qu’elle partagea avec son compagnon…

- A sa santé ! trinqua-t-elle en pointant l’elfe de sa pomme croqué. Avec un air plus sérieux elle rajouta, j’espère que notre Karion va vite nous rejoindre...

Devant elle, la partie devenait serrée mais elle ne doutait pas des capacités maintes fois prouvé de leur prêtresse de Lathandre. Elle arriverait à trouver les mots justes pour les délivrer de la situation. Pour Arv, l’heure était au repas, le reste suivrait.

Ailsa se voyait revivre en retrouvant sa faim, et en sachant son sommeil renoué. Sans doute les avoir inhibés avait eu pour effet de rendre chaque instant plus banal, en tout cas la hin retrouvait peu à peu un rythme à sa vie. Laissant à la prêtresse les négociations, elle se mit en tête de voir ou chacun en était. Levant les yeux, elle compta jusqu'à six puis soupira, soulagée. Elle décida de les laisser aller chasser pendant qu’ils le pouvaient, un petit quartier libre était une bonne perspective. Prenant sur elle-même pour ne pas s’inquiéter des dangers potentiels, elle laissa ses protégés un moment, comptant sur eux pour revenir en cas de danger.

Tentant d’oublier tous les risques encourus, elle s’arrêta d’abord sur l’elfe, ce qui remplit assez bien le but défini un instant plus tôt. Agitant rapidement ses doigts pour venir de façon fluide serrer les poings, tout en fronçant les sourcils et en expirant de façon ostentatoire, elle tenta de communiquer son mécontentement. Mais la faim la rattrapa, et se disant qu’elle avait déjà assez à faire de 6 oiseaux, autant ne pas s’occuper des elfes.

Changeant de personne, elle passa rapidement sur Ielenia, qui paraissait plutôt occupée. La dame de l’Aube jouait la carte de la diplomatie avec le mage, une sage décision, comme toujours avec elle jusque là.

¤Désolé, je te laisse Agaths, occupe toi en bien. J’espère qu’elle n’aura pas trop à réparer. ¤

Il restait ensuite le petit groupe, composé d’Hannibal et d’Arveene, qui s’était mis un peu à l’écart. Voyant Agaths lancer à manger, Ailsa ne put résister à l’idée de croquer dans une des pommes, surtout que l’autre hin avait déjà commencée à manger.

-Eeeeh ! J’en veux aussi Agaths ! Puis, se retournant vers Arveene. Désolé, je t’en prends une.

Elle adressa un sourire agréable à son interlocutrice et attrapa un fruit avant de s’asseoir dans l’herbe, contente qu’elle ait remplacé la neige. Tout en mangeant le fruit, elle examina rapidement les deux personnes qu’elle n’avait pas vraiment vues depuis son arrivée. La hin n’avait pas grand-chose des Sagespectres, surtout sur le tin de peau. Elle en conclut que cette Petite là ne pouvait pas parler sans faire de bruit, à son grand regret. Ces conversations télépathiques étaient un moment très agréables dans ses souvenirs. Nostalgique, la hin se plongea dans ses souvenirs, continuant de regarder en face d’elle sans vraiment le faire, les yeux dans le vide, assise en tailleur, laissant ses deux mains tomber devant elle, coudes appuyant sur les cuisses.

La Fleur de Lune

Moment : la nuit, Date : 30 Uktar 1372
Lieu : petit village aux abords de la forêt de Cryptejardin
Temps : soleil

Tous :

Le magicien toucha sa barbe grisonnante, intrigué après les propos de la prêtresse de l’Aube. Il plissa le front, puis afficha presqu’un demi sourire en voyant les deux halfelines à l’appétit d’ogre devant deux pommes.

- Je propose de venir vous restaurer dans notre auberge. Venez manger la bonne poêlée de champignons de saison que nous a cueillis Lisia. C’est une spécialité locale, vous m’en direz des nouvelles après les avoir gouttés. Nous aurons ensuite le temps d’expliquer votre venue ici.

Il les invita à le suivre au cœur du village. Le village que les aventuriers avait connu semblait bien différent par l’ambiance qu’il y régnait : les volets étaient ouverts, les enfants courraient tranquilles sans avoir les yeux de leurs parents rivés sur eux. Une grande tour de bois était plantée au cœur du village, alors que tous l’avaient connue comme un tas de cendres encore chaudes. En entrant dans la taverne, ils découvrirent une grande salle chaleureuse, ponctuée par des rires et des chansons. Au comptoir, ils reconnurent le tavernier Tirius. C’était le même homme à deux trois détails près. Il était plus jeune de dix ans et le visage insipide et triste qu’ils aient connu était plutôt rayonnant. Il les invita à prendre place autour d’une table.

- Bonne rencontre étrangers ! Les visites sont rares dans le coin mais nous avons un grand sens de l’hospitalité telle que nous l’a enseignée la déesse nourricière. Que puis je pour faire pour vous satisfaire ? Vous savez que vous avez un sacré mérite…Vous avez réussi à tirer Azaréus de ses recherches. Un vrai exploit !



Ce message a été modifié par Tenavril le Samedi 21 Janvier 2012 à 14h35

Iélénia suivit le magicien avec joie. Elle savait que ce dernier n'avait pas encore commis l'irréparable et qu'il était encore possible d'agir. Elle avait attiré son attention et c'était tout ce qui comptait. Elle se mit à table avec les autres. Le village n'était pas encore maudit et il fallait que cela reste en l'état. Il restait à savoir comment cela allait pouvoir se faire. Elle continua avec le magicien sur le même ton de confiance qu'elle essayait d'instaurer.

-Mais j'espère bien vous avoir arraché à vos recherches, c'est précisément pour cela que nous sommes là. Mais avant toute chose vous n'avez pas répondu à ma précédente question. Y a-t-il une prêtresse de la déesse nourricière ici ? C'est assez important comme question en fait, même si pour vous cela peut paraitre étrange et je vous comprends. Je vais tenter de vous expliquer clairement, même si pour nous tout n'est pas tout à fait clair.

Elle désigna tous ses compagnons et même Zakline qu'elle cherchait du regard pour voir si cette dernière était avec eux.

-Tout d'abord est-ce que le nom de Phalantar fait partie de vos connaissances ? Car c'est à cause de lui que nous sommes ici. Enfin, de lui et de vous surtout. Vous ne le savez pas encore mais... vous allez échouer.

Elle marqua une pause dramatique pour que l'attention du mage soit toute à ses paroles.

-Vous allez courroucer la déesse Chauntéa, sans le vouloir. Nous savons tous ici ce que vous faites comme recherches dans votre tour. Nous venons vous prévenir que vous allez commettre une terrible erreur. Une erreur qui va non seulement vous couter la vie mais aussi celle de bon nombre de villageois ici. Une toute petite erreur qui sera fatale. Vous me direz comment savons nous cela et bien c'est à cause de vous. Votre erreur va créer quelque chose de normalement impossible. Vous allez créer un portail. Mais un portail qui ne voyage pas d'un lieu à un autre mais d'une époque à une autre. Merveilleux vous allez me dire ? Et bien non, c'est dramatique en fait. Car le village de l'époque d'où nous venons n'est plus que l'ombre de lui même. Mais je vous sens peut-être septique et c'est bien légitime. Comment pourrions nous vous convaincre ? Une preuve peut-être le pourrait ?

diplomatie pour le mettre le mago dans la poche

Pendant le bref moment de pause repas qu’ils avaient eu, Arveene pu en apprendre d’avantage sur sa compatriote hin. Bien qu’elle s’en doute un peu, Ailsa lui confirma sa vocation de druide et son attirance pour les cieux. Ses oiseaux, disait-elle, était toute sa vie et elle-même rêvait de pouvoir voler pour les rejoindre. Arveene eu la pensée fugace de lui conseiller de sauter du haut d’une falaise, pour essayer. Mais elle se dit que finalement, l’humour viendrait plus tard. Malgré le fait qu’elles ne se soient pas raconté leurs histoires respectives, elles avaient tout de même commencées à doucement se connaitre. La roublarde lui posa encore une question :

-(halfelin) Durant toutes tes années à regarder vers là haut, y a-t-il eu des moments ou tu as pu inverser la tendance et ou tu as pu regarder vers le bas ? Je me demandais ça parce que…

Elle fut interrompue par le magicien qui prenait la parole en réponse aux interrogations de la prêtresse. Elle aurait voulu dire à sa compatriote hin qu’elle était heureuse de partager tout cela avec elle et que retrouver le plaisir du langage des semi-hommes lui rappelait beaucoup de souvenir. Mais les préoccupations revenaient à la surface et déjà, les autres s’étaient mis en marche derrière le magicien. En un mouvement rapide et vif, elle se remit debout. Elle invita Ailsa à se relever en lui tendant la main et, avec un sourire gênée, elle suivi son ami guerrier.

¤ J’espère qu’Hannibal va bien le prendre, même si je fais bien ce que je veux, je lui suis redevable de beaucoup de chose et je sais qu’il est l’une des seules personnes à qui je peux faire confiance ici. Dès que j’aurai un peu de temps, je lui présenterai cette nouvelle et charmante compagne. ¤

Déjà, elle regrettait presque d’avoir si naturellement parlé en halfelin, il était tout juste à coté d’elles pendant leur bref repas et la barrière de la langue avait dû l’enfermer dans sa bulle. Ce n’était pas l’effet voulu.

La traversée du village était vraiment étrange, Arv avait enfin l’impression de voir le village en pleine journée. Alors que de l’autre coté du portail les jours semblaient mornes et éteints, la vie ici était gaie et radieuse. Les gens souriaient, les enfants jouaient et beaucoup de monde les saluaient à leur passage. Détail troublant, c'était bien la tour dont Tirius avait parlé qui était en place au beau milieu du bourg à la place des décombres fumant, c’était plus qu’inhabituel.

Lorsqu’ils arrivèrent et qu’on leurs proposa de manger encore, les yeux de la halfeline se mirent à rayonner, elle se retourna pour faire un clin d’œil à sa camarade… des champignons, cela faisait bien longtemps qu’elle en rêvait, elle ne savait même plus le gout que ça pouvait bien avoir. Ce n’est qu’ensuite qu’elle remarqua que la personne qui les avait accueilli n’était personne d’autre que ce pauvre Tirius qui, dans une autre vie, était anéantis par les sombres années qu’il nous avait conté.

Quand Iélénia prit la parole, Arveene aurait voulu l’arrêter, elle rentrait dans le vif du sujet bien trop rapidement. Pour la roublarde, c’était un péché, la prêtresse n’avait même pas remercié leurs hôtes de leurs offrir un vrai repas. Cependant, elle se retint de tout commentaire. Intérieurement, elle ne croyait pas que seules ses paroles pouvaient contrebalancer le travail de toute une vie d’un magicien, aussi aimable que celui-ci pouvait l’être.

C’est alors qu’elle y réfléchissait que lui vint une idée brillante. Pour le convaincre de son erreur, ce n’était pas par les mots qu’il fallait l'amadouer, mais par des preuves. Et le tavernier qui se trouvait en face était celui qui avait le plus de chance de nous aider.

Au lieu de s’assoir à la table, elle se rapprocha d’Hannibal et lui glissa dans l’oreille :

-(commun) Je ne sais pas si tu l’as reconnu mais nous avons en face de nous Tirius avec quelques années en arrière… Rappelle-toi de ce qu’il t’a gentiment offert avant de venir ici. Son épée est la preuve matérielle que nous venons les aider… Si on arrive à lui faire comprendre le problème, je suis sur qu’il saura nous aider à convaincre son ami créateur de malheur. Je te laisse lui expliquer, après tout, c’est ton cadeau. Arveene arrêta sa tirade pour regarder son ami, j’espère que tu as pris ta nouvelle épée avec toi.

Ce fût son dernier mot et après lui avoir laissé l'empreinte d'un sourire chaleureux elle rejoignit Ailsa à la table. Toutes deux avaient encore beaucoup de chose à se dire, en tout cas, Arveene l’espéraient du fond du cœur.