La Voie du Papillon, Elzear, Slann, Inymys, Dzahim, Fasur

zahim fit avancer son groupe jusqu'à la sortie de la ville. Une fois dehors, il jeta un coup d’œil aux portes derrière lui puis inspecta les alentours. Quoiqu'il advienne maintenant, la belle Rashémène ne viendrait plus. C'était regrettable, mais c'était ainsi. A bien considérer, il aurait aimé qu'elle soit présente, c'était un appui qu'il avait perdu. Il ignorait ce qui avait bien put lui arriver en ville, mais une chose était certaine, elle avait été prévenue, et n'était pas là à l'heure.

Les chariots récemment attaqués indiquaient que la route était peu sûre, mais cela il s'en était douté. Mais si tôt? Voilà qui était plus troublant, l'équipe n'était guère soudée. Et il leur faudrait sans doute un léger temps d'adaptation avant d'être pleinement efficace dans la gestion et l'attention du danger.

Il jeta un regard à chacun des membres du groupe, guettant leurs fait et gestes avant de prendre la parole.

« Bien, pas le temps de se lancer dans un discours, et je ne doute pas un instant que cela vous ennuierait autant que moi. Je vous propose de commencer à avancer. Il nous faudrait un éclaireur, leste, discret, et attentif. Elzear, vous êtes un elfe, vous avez des prédispositions pour cela. Je ne sais si cela entre dans vos talent, mais vous vous en sortirez mieux que moi, ou que Volan. Restez toujours à un maximum de soixante pas. Je compte sur vous pour débusquer les dangers, revenir auprès de nous en cas d'attaque, si vous vous amusiez à jouer au brave, nous risquerions de ne rien pouvoir faire pour vous. Vous en sentez-vous capable? Si tel est le cas, allez-y, je compte sur vous. On se retrouve à chaque intersection, mais si cela vous intéresse, nous prenons la direction du Fort Noanar.  »

Il n'aimait pas avoir à disperser son groupe ainsi, mais cela valait sans doute mieux que de tomber sur une embuscade. Il se tourna ensuite vers le reste du groupe. Un nain et un prêtre. Une bien maigre troupe, enfin, ils n'avaient pas vraiment le choix.

- Volan, vous prendrez en charge le cheval, Fasur, vous vous tiendrez six pas derrière la monture, mon serviteur et moi nous nous tiendrons de part et d'autre. Ainsi nous éviterons la plupart des sortilèges de groupes, ou des volées de flèches. Si quelqu'un a une proposition supplémentaire, c'est maintenant. »

Et il fit signe à son serviteur pour qu'il agisse en ce sens, lui indiquant de prendre la pique, tandis que lui-même sortait sa lance et vérifiait l'accessibilité de son épée. Puis, attendant que tout le monde se mette en marche, il se tint à cinq pas sur la droite du cheval, tandis que Nejdec en faisait de même de l'autre côté. Ils étaient légèrement en retrait, au niveau de l'arrière train du cheval, de façon à pouvoir se voir.

L'aventure commençait.

A la demande du milicien de toucher un pot de vin exorbitant, le tieffelin ne put contenir un sourire mais décida de ne pas intervenir, montrant par là-même qu'il se soumettait à l'autorité de Dzahim et qu'il s'en remettait entièrement à lui pour gérer les détails administratifs et sociaux de leur expédition. Il ne tenait pas à disputer ce rôle là au thayen qu'il trouvait très doué pour ça et surtout parce qu'il ne voulait pas d'un tel rôle. Toute sa vie, il n'avait été entrainé qu'à obéir et commander ne lui était pas facile. Et puis il était payé pour une mission, mission pour laquelle le commanditaire avait, dans sa grande sagesse, désigné un chef qui se révélait capable plus que de raison. Se que le prêtre guerrier appréciait énormément. Il avait toujours recherché et aimé les adversaires de valeur, ceux qui vous honorent et vous glorifient par leur mort, et à qui il rendait toujours hommage dans l'arène pour les remercier d'avoir été meilleur que les autres. Mais jamais meilleur que lui. Cependant, concernant Dzahim, Volan ne se sentait pas supérieur. Si lui avait une connaissance martiale supérieure, la parfaite maitrise des mots du thayen l'inquiétait. Car il avait vu se qui pouvait être fait avec de simples mots. Les sorts en étaient après tout constitués et ils pouvaient se révéler dévastateurs.

Il avait néanmoins vu des choses qui ne lui plaisaient pas. Le nain s'était révolté et avait montré désapprobation et colère, deux choses que le tieffelin ne désirait ni ne souffrait de voir chez un de ses subalterne. Le nain roux s'était engagé vis à vis de lui pour le servir et l'aider dans sa tâche moyennant finance, le tieffelin attendait donc de lui qu'il ne soit pas trop stupide ni trop bavard. Il allait donc le prendre à part dès que possible pour recadrer son soldat et s'arranger pour qu'une telle chose ne se reproduise jamais.

Voyant que les autres sortaient, le semi démon reprit les rênes du cheval et lui fit passer la porte. Maintenant ils étaient passés, la mission commençait véritablement et commençait plutôt mal, ou bien, selon les avis et les points de vue. La belle brune n'était pas là, le thayen semblait décidé à ne pas l'attendre au vu des ordres qu'il donnait. Chose qui ne gênait aucunement le cornu aux cheveux rouges. Une excellente chose d'après lui. Entendant les ordres le concernant, il se plaça tel qu'on le lui disait mais se permit néanmoins de poser une question. tre trop docile serait soupçonneux, ne pas l'être du tout également, il fallait donc trouver un juste milieu.

- Excusez moi, mais ne serait il pas plus judicieux de laisser le cheval à votre serviteur et que je prenne sa place ? J'ai une expérience martiale certainement plus importante que lui. Sans vouloir vous sous-estimer monsieur.

a proposition du demi-diable ou demi-démon, il ne savait pas vraiment, ne changeait pas vraiment grand chose aux yeux du Thayen. A vrai dire, cela serait sans doute plus pratique. Il avait simplement laissé la gestion de la monture a ce dernier car il en avait de lui même pris la charge.

- Je pensais que vous aviez quelques connaissances en équitation, c'est pour cette raison que je vous avait placé là. Si vous n'en avez guère, vous serez en effet mieux placé. Vous irez cependant à droite et moi à gauche, que je puisse donner mes directives à mon serviteur en cas de besoin. De même, j'attire votre attention sur quelques points. Nous devons tout deux rester en contact visuel. Si vous prenez trop d'avance ou trop de retard par rapport à moi cela pourrait s'avérer problématique en cas d'attaque. La particularité de cette position voyez vous, est que quel que soit la provenance d'une attaque, nous pourrons tous rejoindre promptement le front et nous défendre. »

Intérieurement, Dzahim songea que c'était aussi et surtout une excellente disposition qu'il avait apprise dans la gestion du déplacement d'esclaves. On avait ainsi vue en permanence sur la cargaison, un simple signe de tête pouvait permettre aux gardes de réagir avec vitesse. Le poste le plus délicat étant alors celui de l'homme de tête, mais ici, avec le cheval à la place d'esclave revêche, ce n'était clairement pas un souci. Nejdec pourrait s'en charger.

-Ah, j'y songe, autre chose, tant qu'il n'y a pas d'autre personnes que les membres du groupe, appelez moi Dzahim, on réagit toujours plus promptement à l'évocation de son nom que lorsque l'on vous adresse un « monsieur » anonyme, et nous allons avoir besoin d'être vifs et réactifs. Toutefois, je vous serais gréé à tous de bien vouloir reprendre de telle manière et éviter toute familiarité en présence d'un autre groupe. Cela facilite les tractations en tout genre. »

Elzear était content d’enfin partir à l’aventure, il allait enfin pouvoir respirer ! Il ne put retenir un léger sourire en voyant Dzahim faire son chef, tel une maman canard s’occuper des ses petits. Mais après tout qui aurait fait mieux ? Et puis dans ce groupe loin d’être unis il fallais bien un chef pour que ça avance. Il nota le petit air agacé de Volan face à la réaction du nain. L’elfe en profita pour essayer de mettre un peu de distance entre ces deux là. Il s’approcha de Fasur et lui posa une main sur l’épaule et lui chuchota à l’oreille :

-Fier ami, ton emportement est tout à l’honneur des gens de ta race, et je suis d’accord avec toi que ces pièces de cuivres ont été bien mal distribuées mais ce ne sont pas les notre non ? En d’autres circonstances j’aurai soutenu ta requête, mais là nous étions pressé. Je sais que tu fais parti d’un peuple fier et indépendant, qui n’a pas besoin qu’on lui dise ce qu’il doit faire et qui n’a besoin de personne pour suivre sa destinée.

Puis l’elfe écouta le Tahyen et lui répondit :

-Bien, pas de soucis pour que je passe devant, même si je suis plus artiste qu’éclaireur ! Pourrais je laisser mon sac sur votre monture, cela me rendrai plus leste ?

Le rôdeur avait été passablement surpris de la facilité avec laquelle il avait passé la porte. Ces gardes semblaient plus désordonnés qu'il ne l'avait cru. Toujours était il qu'il se trouvait désormais dehors, et qu'il avait réussi a garder son avantage sur le reste du groupe. Camouflé par les buissons au bord du sentier, il n'eu pas a attendre longtemps avant que ce qui allait sans doute devenir ses compagnons sous peu, sortent de la ville. De son point d'observation il ne pouvait entendre les protagonistes mais, apparemment, le thayen donnait des ordre de routes, et se faisait obéir sans trop d'accroche. Il ne vit toujours nulle trace de la jeune femme dont lui avait parlé le gnome, ce qui ne manqua pas de l'étonner, ni de le décevoir : une femme présentait des avantages et des inconvénients dans un groupe exclusivement masculin, mais avait indubitablement un fort potentiel comique.
Cela dit, ça faisait un traître potentiel en moins, celui ci pouvait fort bien ne pas faire partie du groupe, mais si c'était le cas, autant réduire les suspects. Il n'allait pas se préoccuper de ce qu'il ne pouvait pas surveiller.

Dzahim, puisque c'est comme ça que s’appelait ce thayen, avait semble-t-il cédé aux a priori portant sur les elfes, le mettant mécaniquement devant en éclaireur. Ce qui pouvait se révéler mortel pour l'elfe si jamais il n'en avait pas les talents. Et qui était une excellente façon de se débarrasser de lui, en tout état de cause.

Il lui fallait se débrouiller pour rester en avant, l'éclaireur de l'éclaireur, et ainsi commença-t-il a prendre un peu de distance, en restant discret, tout en gardant le groupe a l'oeil. Si il pouvait rester invisible jusqu'au premier arrêt de la compagnie, il aurait un bon aperçu des rapports et des personnalités de chacun. Et il pourrait ainsi se révéler avec des informations avantageuses.

La traque commençait.

Jet de discrétion et de déplacement silencieux pour rester aussi invisible que possible.

Fasur s'était tût face au regard de l'imposant Thayen, un exploit si on considérait le caractère du nain. Mais le guerrier regarda droit dans les yeux, avec respect, le chef du groupe avant et pendant son discours. Grommelant quelque chose d'incompréhensible pour quelque oreille indiscrète, cela devait sûrement concerner le fait d'avoir le nez collé à la croupe de l'animal, il alla se placer six pas derrière le cheval. Lors de l'annonce des nouvelles directives de Dzahim, le guerrier les écouta, se demandant si il les appliquerait vraiment lors d'une situation difficile, il tiendrait certainement son propos en fonction de l'action.

Une main posée sur son épaule le sortit de ses pensées, et, avec le son de la voix, Fasur reconnu Elzear. Il écouta ses paroles avec attention. Le fait que quelqu'un le soutienne lui apporta un faible réconfort. Le nain trouvait ironique les paroles d'Elzear, après tout, il avait donné quelques pièces à un mendiant que la mort ne tarderait pas à frapper. De plus, le nain, bien que flatter et fier de la description faite de son peuple, n'aimait pas entendre de telles paroles dans la bouche de cet elfe en apparence rêveur. La tentative d'Elzear de mettre de la distance entre Volan et lui (bien que le nain ne comprit pas la manœuvre) fût donc un échec, mais pas cuisant. Le nain était un mercenaire, qui, malgré son penchant pour l'or, avait de l'estime pour ceux qui avait fait leurs preuves aux yeux du nain. Ainsi, Fasur respectait Dzahim, pour ses choix (sauf un), mais également pour sa discipline, mais ce respect, pas encore assez grand, ne l'empêcherait pas de le tuer si nécessaire. Si Elzear voulait devenir un potentiel allié du guerrier, il lui faudrait gagner son estime.

ais faites. Faites, tout ce qui vous rendra plus efficace est bienvenu. Prenez le temps nécessaire. »

Et il accompagna son propos d'un geste de la main, Dzahim enjoignit l'elfe à accomplir ce qu'il souhaitait, le laissant disposer sur la monture ses effets à sa guise. Lui même ne savait à vrai dire comment charger un cheval, aussi ne se risquerait-il pas à des commentaires ni même à une évaluation des fait et gestes de l'elfe.

Reprenant sa place comme indiquée à Volan, et enjoignant son esclave à tenir la monture. Le Thayen jetta un regard au groupe. A part lui, aucun humain si l'on exceptait son esclave, qui à ses yeux restait un humain en devenir, et non encore accomplit. Voilà qui ne rendrait pas non plus l'expédition des plus aisées. Il jeta un dernier regard vers la ville, espérant en voir surgir l'humaine Rashémie... mais rien, elle ne paraissait même pas au delà de la grille, sans doute était-elle encore en ville. Poussant un soupir, il attendit que l'elfe se fut assez éloigné avant de faire signe au groupe d'avancer. Conservant Volan et son esclave du coin de l'oeil, ainsi que le bas côté de la route.

Elzear accrocha donc son sac sur la monture. Il aimait se sentir léger, vif, prêt à bondir, à fuir, à se cacher. Il ne garda que son épée, son arc et son carquois. Puis sans se retourner il parti devant, se disant que les autres allaient forcement suivre. Peut être que la place d’éclaireur était plus risquée, et en même temps, il aurait le confort de se promener au calme dans le bois, non importuné par les cornes de Volan, la barbe de Fasur et la perfidie de Dzahim. Il jeta un bref coup d’œil aux alentours, car son instinct lui indiquait que le rôdeur qu’il avait vu se faufiler vers la porte ne devait pas être loin de la sortie, si ce n’était déjà fait. Lui, serait peut être un bon allié. Quand à ce qui est de ‘prouver’ sa valeur, au nain, l’aventure lui en laisserait sûrement l’occasion, et Elzear se faisait déjà un plaisir de se faire un ami barbu : son aversion pour les nains n’était rien comparée à son envi de contrer Volan avec son air supérieur.
Il se rappela son entrevue avec le vieux mendiant barbu, et se dit qu’insidieusement il essaierai de rejoindre ce lieu dont il lui avait parlé. Mais on en était pas encore là non plus. C’est avec le sourire aux lèvres et l’esprit léger que l’elfe parti sur le chemin, sa journée allait enfin vraiment commencer ! Il se demandait parfois pourquoi il avait tant de mal à se réveiller ! Peut être parce que la vie est très longue, lui répondit son ironie de barde, allez savoir …

Suite de l'aventure...