Dans Cormanthor, à la recherche des enfants, et à la poursuite de Rylack. Chapitre 4

L'embarquement s'était fait rapidement et Ezédryn avait tout juste eu le temps d'ôter son armure pour la ranger dans son sac à dos et attacher l'ensemble de ses affaires. Il ne gardait à portée de main que son arc et son carquois fermé. Se saisissant d'une pagaie il s'était installé à l'avant et scrutait les rives au fil de leur avancement. Derrière lui Mitzar et Shalan avaient engagé la conversation, l'un se présentant à l'autre.

Il repensa un instant à ce que lui avait dit Shalan avant d'embarquer. Ainsi donc le seigneur Ael n'était point un être mauvais s'il fallait en croire les dires de Shalan. Ezédryn s'interrogea sur une culture qui, au nom de ses principes, pouvait ainsi amener à la mort d'un innocent. Il se demanda également si Shalan, qui avait l'air bien jeune pour un être de son espèce, ne faisait pas preuve de naïveté en l'occurrence.

Haussant les épaules, il reporta son attention sur la navigation. La barque filait le long des rives maintenant et ne nécessitait que quelques coups de pagaie nonchalants pour conserver sa vitesse. Il glissa une main dans sa besace et en sortit les baies de Goupil qu'il avait ramassé la veille.

Un herboriste a souvent tendance à trouver aux plantes qu'il rencontre un intérêt quasi mystique et Ezédryn ne faisait pas exception. Pour l'heur, il voyait dans ses quelques baies une allégorie de la vie. Roulant une baie jaune entre ses doigts, il la porta à son nez et s'emplit de son odeur. La salive lui vint aussitôt à la bouche. Il se garda bien néanmoins de la manger, ne tenant pas spécialement à reconnaître ce goût de boue et de cendre que les baies avaient dans son souvenir.

¤La vie est une baie de Goupil...¤

Ainsi était bien souvent la vie, appétissante aux yeux d'un jeune homme, pleine de potentialité et donnant l'envie de la croquer à pleines dents. Hélas bien souvent, quelques années plus tard, la bouchée avait un goût amer. A l'image d'un réveil dans le lit d'une courtisane, qui la veille encore semblait incarner Sunie, la déesse de l'amour en personne, et se révèle au petit matin n'être qu'une mégère défraichie n'ayant qu'une hâte, celle de vous faire quitter les lieux au plus vite... Ezédryn se permis un petit sourire alors qu'un souvenir de cet ordre lui revenait en mémoire. Parfois malgré tout la mégère avait quelques remords et le temps ayant chez elle aussi laissé ses traces, prenait elle sous son aile un pauvre rôdeur désemparé espérant sans doute qu'il en ferait autant de son coté...

Les baies de Goupil étaient donc le crible auquel Ezédryn passait les derniers évènements. Ainsi Shalan lui disait que Triste-sire-Ael pourrait se révéler être l'inverse des baies. Désagréable en première impression mais un appui sûr au final... Ezédryn décida aussitôt de changer le surnom qu'il lui avait trouvé la veille pour le transformer en « Ael le Goupil ». Peut être ce rappel de ce que Shalan prétendait qu'il était, porterait chance à leur relation....

Le soleil jouait sur l'eau et Ezédryn devinait sous ces ondes quelques ombres qui lui firent regretter un instant de ne pas avoir pris le temps de se confectionner une ligne.

¤Bah, la balade est charmante pour le moment... Foin de toutes ces idées noires...¤

La question de Shalan sur son accent le tira de sa rêverie. Son long silence tenait presque de l'impolitesse, aussi prit il aussitôt la parole.

- Pardonnez moi, je ne suis guère « du matin » comme on dit dans les campagnes... Plus le temps passe en effet et moins ceux-ci sont agréables en ce qui me concerne. Ces nuits à la belle étoile ont toujours pour effet de me rappeler que mes facultés de récupération ne sont plus ce qu'elles étaient... Sachez donc camarade nain que je suis enchanté d'avoir un compagnon tel que vous à mon bord et si vous aviez par miracle une gourde d'un de ces remontants dont vous autres du peuple de la pierre avaient le secret, je partagerai volontiers un peu de ce tabac séché que je transporte avec moi et nous pourrions profiter de ce soleil revigorant pour deviser gentiment...

- Pour répondre à votre question Shalan, sachez que je n'en sais guère plus que vous sur mes origines. Nombreuses ont été les personnes me disant que j'avais le type ou l'accent Vallien mais à vrai dire cela n'évoque rien pour moi. Il se trouve que mes plus lointains souvenirs ne remontent qu'à une dizaine d'années. Au delà se situe un mur noir que je n'ai jamais pu percer... Le tatouage de cette fleur sanglante que je porte sur le torse et que vous avez peut-être aperçu hier soir lorsque je me suis baigné ainsi que ce pendentif sont tout ce qui me reste de cette autre vie. Le pendentif est typique de Valombre parait-il.. C'est d'ailleurs pour cette raison que je suis revenu dans cette région. Je me fais vieux, aussi étonnant que cela puisse paraître aux yeux de quelqu'un de votre race intemporelle, et je n'aurais plus souvent l'occasion de percer ce mystère. Je suis donc venu pour moi au départ... Malheureusement le mur demeure... Tant qu'à parcourir la région en espérant qu'un déclic se produise, j'ai profité de cette expédition partant sauver les enfants pour me joindre à elle... Vous connaissez la suite... En ce qui vous concerne Shalan, j'ai cru comprendre vos motivations à vous trouver par ici mais vous Mitzar qu'est ce qui a bien pu mener un membre éminent, pardonnez la pique facile, de votre peuple dans ces verdoyantes contrées ?

Sortant sa blague à tabac, il commença à bourrer sa pipe avant de la faire passer à ses compagnons.

Le hin aurait voulu répondre qu'il ne suivait pas réellement l'un ou l'autre des deux elfes nommées par le druide humain, mais qu'il allait porter assistance à des enfants en danger en évoluant aux côtés de ces elfes. Mais les nouvelles tombées de la bouche de l'elfe lunaire ne permettait pas au sagespectre de donner sa réponse, ni de laisser entendre la moindre parole à vrai dire, car ce qui venait d'être dit ne le concernait pas vraiment, et autant l'elfe que l'humain avaient besoin de s'approprier la discussion, sans laisser de place à une intervention du petit-être.

Aussi il les laissa s'entretenir avec Eäridë, préférant se perdre dans ses propres pensées, tournées vers le Clan, duquel il s'était trop éloigné.
La mélancolie des jours passés semblait être prompte à réapparaître, même s'il essayait de la chasser de ses pensées il ne put s'empêcher d'imaginer une catastrophe comme celle qui venait d'être annoncée mettre à feu et à sang les terres où habitaient les siens.

L'idée de cité n'avait pas sa place dans le mode de vie du Clan des Languelions, aussi son esprit imaginait un décor légèrement différent à la scène, que ce soit ces créatures s'en prenant à la cité elfe ou d'autres bien moins dangereuses pour les Grandes-Gens mais qui restaient de redoutables adversaires face aux femmes, enfants et vieillards du Clan, une incursion armée hostile dans la jungle qui l'avait vu naître perturberait au plus haut point le sagespectre désormais lié aux Marches.
Tremblant intérieurement face à un tel désastre, le hin espérait en finir au plus tôt dans cette forêt pour que tous puissent se rapprocher le plus rapidement possible des leurs.

e chevalier de la Seldarine hésita un petit moment avant de hôter son armure pour prendre place sur la barque. Le souvenir de sa chute récente dans l'eau trouble finit par le convaincre. Sans l'anneau magique, il serait probablement mort. Il imita donc Ezédryn. Mais c'était vraiment à contrecoeur...Il enroula également ses flêches et son arc dans sa cape pour les protéger de l'humidité. Toutefois ils resteraient à disposition si un ennemi se profilait à l'horizon.

Shalan se placa à l'extrémité de la barque, volontaire pour ramer. Un noble Ar'Tel'Quess aurait pu trouver cette tâche indigne de sa stature. Mais pour le serviteur de Corellon, le pragmatisme l'emportait.

Il écouta le forestier humain s'exprimer sur la nature de ses origines. Il avait en effet noté son accent. La présence d'un tatouage d'une fleur ensanglantée l'interpella surtout que son porteur ne connaissait pas l'origine. Parfois une telle marque portait en elle une malédiction ou un pouvoir sombre. A moins que cela soit juste une marque familiale...

- Ezedryn, avez vous pensé à l'hypothèse que ce tatouage fusse magique ? Je vous ai vu lancer quelques sortilèges...Pourtant vous n'avez jamais mis le nez dans un grimoire depuis que nous nous sommes rencontrés. C'est mystérieux non ? NOus remettrons sans doute cette conversation plus tard...Nous allons avoir besoin de tous nos sens en alerte et un silence d'or pour passer inaperçu...

MJ
Narration: Yvhann et Enoriel

Yvhann tente de reconnaître les créatures
Test de connaissance Yvhann DD ???: 17 (dé) + 11 : 28 : Réussite
Yvhann identifie les créature comme étant des kobolds

Vhann identifia rapidement les créatures, des kobolds. S’il n’en avait croisé que rarament, l’archidruide Gostegotti avait eu l’occasion de lui en parler, des créatures que le vénérable gnome détestait particulièrement et c’était peu dire. Il se souvenait d’une cour que le Gardien des Feuilles avait donné à de jeunes enfants de Thüldae, de futurs chasseurs et cueilleurs

Gostegotti

-Ces maudites engeances ne livrent combat que s’ils sont en nombre, dès qu’ils se savent en infériorité numérique ils chercheront à fuir les hostilités, par tous les moyens . Une chose est certaine, c’est qu’ils ne s’éloignent guère de leur repaire, généralement à une quinzaine de lieux autour, pas plus. Je vous engage à éviter le combat, ils ne le méritent pas! -------------------- Gost pour les intimes, ce gnome des forêts à l’âge mûr reste pour la plupart du temps terré dans sa demeure située un peu à l’écart de la cité. L'Archidruide de Thüldae est d'un naturel solitaire et secret et il reste le dépositaire d’un savoir immense. Membre du Haut-Conseil de Thüldae, il perpetue les traditions druidiques qu’il a apprises auprès de son mentor, l’archidruide Trondhalë.

Mais après la théorie, il y avait la pratique et devant les yeux du petit groupe, c’était bien une bande qui prenait l’eau. Le regard vif se posa sur une des créature dont les écailles possédaient des reflets couleur rouille. Elle semblait être celle qui dirigeait la bande et ne faisait qu’aboyer des ordres. Oui, c’était bien lui. Dans quelques secondes, elle allait prendre place dans la dernière pirogue qui venait d’être mise à l’eau.

Quel sens allaient-ils prendre. Les compagnons d’Yvhann et d’Enoriel descendaient le courant, eux allaient-il faire de même ou remonter la cours d’eau et tomber sur eux ? Ils se trouvaient à deux ou trois pieds de dragon des embarcations qui pour l’instant étaient retenues aux berges par des kobolds qui avait figé leur lance dans la terre meuble….

MJ
Narration: Le 1er groupe embarqué: Arkh, Narvath et Eäridë

Arkh rassemble ses connaissances sur Tilverton
Test de Arkh DD 15: 20 (dé) + ???....: Réussite

irtul, en fin de mois, fut la réponse de la lunaire, une réponse donnée sans hésitation.

- Nous avons été mis au courant voici une quinzaine à peine. Il semblerait que le mois de la Fonte des Glaces ait été particulièrement violent en matière de combats contre les phaerimms mais aussi contre cet allié providentiel que sont le shadovars

Arkh réfléchissait rapidement tout en écoutant les révélations de la lunaire. Tilverton rasé ? Une véritable catastrophe, d’après ses souvenirs, la cité atteignait facilement les dix mille résidents. Les nouvelles continuèrent. Les alliés d’un temps, ceux de la cité de Pénombre, avaient selon toute vraisemblance faillis déclencher une véritable catastrophe sur les Contrées du Mitan Occidental. Fort heureusement, informée de leur forfait, la Régente de Fer se prépara à affronter les Shadovars qui marchaient sur le Cormyr. Ils furent stoppés à Tilverton mais au prix de la destruction de la cité. Les combats continuent à faire rage et l’issue demeure incertaine….voilà les dernière nouvelles du monde connu, dit avec amertume l’elfe argenté….

Non loin, Narvath tout absorbé par ses pensées qui le ramenaient vers les lieux de son enfance quand son regard accrocha par hasard dans les cieux la silhouette tournoyante d’un rapace qui s’immobilisa presque aussitôt faisant du sur place signe que quelque chose avait capté son attention. Et le fils Languelions était prêt à jurer qu’il s’agissait là du familier d’Yvhann.

MJ
Narration: Aël’Telàwërith

ël’Telàwërith, le Coeur déchiré par la terrible nouvelle qu’il venait d’apprendre, s’était muré dans un profond silence. Il se trouvait désormais à mille lieu du Cormanthor, son esprit déambulait en un autre lieu, certainement mué par la décharge émotionnelle qu’il venait de recevoir de plein fouet. Les visions qu’il percevait depuis des semaines, les cris qui se répercuttaient lors de ses rêveries, les images qui s’entrechoquaient, de plus en plus violentes. Un crève-cœur pour Aël’Telàwërith qui dans ses moments de grands désespoirs n’était pas avec les siens….

Soudain, il fut coupé de la réalité. Devant lui apparut une forme éthérée qui s'illumina de quelques traits de lumière, pour éclater subitement en morceaux, et se dissiper aussitôt. Une Ar’Tel’Quess à la beauté ravageuse se dressa devant le serviteur de Corellon, resplendissante de mill feux. Elle portait une robe écarlate ceint à la taille par un cordon d’or réhaussé de rubis. Son visage à l’ovale parfait portait la noblesse des elfes du soleil et son regard sans âge était rivé sur le serviteur du Premier de la Seldarine.

… … ’ ’ ’ ’

La voix musicale, en espruar, résonna dans l’esprit du prélat alors que la femme elfe, dont la silhouette semblait flotter dans les airs se rapprocha lentement. Sur sa poitrine brillait le symbole de la Couronne d’Arvandor et instinctivement, l’ Aegissuoress réalisa qui était cette femme dont d’anciens portraits , très anciens, dans la bibliothèque sa sa famille, étaient bien au dessous de la réalité….Ses doigts effleurèrent la joue d’Aël’Telàwërith et tout s’évapora. L’elfe solaire fut ramené au temps présent en une fraction de seconde….

MJ
Narration: Le second groupe embarqué: Shalan, Mirtzar et Ezédryn

ouge écarlate, tel devint le visage barbu de notre bon nain quand il regarda avec envie la blague de tabac tendue par Ezédryn, cela faisait combien de temps que Mirtzar n’avait pas dégusté une bon tabac. La dernière fois cela était avec le regretté rodeur qui avait trouvé la mort dans la tour, tué par les méphites. Il refusa d’un geste poli mais à regret. Car à part ses vêtements qu’il portait et ses armes, il ne disposait plus de la moindre affaire personnelle.

Cette discussion s’annonçait plaisante….le temps tout autant, ils suivaient le cours de la rivière, qui allait bientôt prendre un petit virage d’ici quelques minutes quand soudain, alors que le rôdeur tendait encore sa blague de tabac en direction du nain, une chouette neigeuse se posa avec rapidité à proximité de l’elfe de la lune, la réaction de ce dernier ne se fit pas attendre :

- Quelque chose se passe devant ! Attention !

Rapidement, les souvenirs revint... *'' Ces maudites engeances ''* Avait été les mots de Gos. Se rappelait-il sur le moment. Pour le dirigeant des gardiens errants, la question qui se posa était simple; Est-ce que c'est Kobolds pouvait faire parti des gardiens sylvestre?
* Non.* Fut sa réponse.
La deuxième question il ne se la posa même pas. Car les mots de Gos qui avait suivit les autres étaient... * '' Je vous engage à éviter le combat, ils ne le méritent pas! ''* Comme sa sagesse légendaire lui manqua en se moment puis que Gos n'y était pas et qu'il avait en mire leurs chef, un genou au sol, il lâcha sont trait sur ce dernier et arma de nouveau son arc et lâcha sa deuxième flèche sur le même chef Kobolds.

Son regard carnassier, caché parmi les herbes ne lâchait en aucun point la bande devant eux. Il n'avait pas à diriger Enoriel, ce dernier savait pertinemment quoi faire, il avait prouvé la veille de sa valeur et de son courage. Pour ce qui était des lunaires, ils devaient savoir se battre et le geste du grugach avait été clair comme une eau de roche; éliminer les tares sylvestres et épurer cette forêt de tout maux.

Sa main libre allait déjà chercher deux autres flèches dans le carquois de feu Kana pour glorifier sa mémoire. Car si Yvhann c'était débarrassé d'un piège avec le corps mort de Kana, cette action qui lui avait apporté des regards répulsifs de ses autres compagnons de voyage, intérieurement, le grugach lui était redevable. Les flèches de l'humain continuait d'épurer la terre antique du beau peuple. Kana continuait de vivre de par sa mémoire et ses flèches.

Il espérait juste que les lunaires en profiteraient pour s'attaquer aux Kobolds qui avaient laissé leurs lances plantées au sol. S'attendant à voir bondir Khell, le tireur embusqué prit une attention particulière à tout les déplacements autour de lui et surtout, était-il possible de les enchevêtrer. Il ne demanda pas à Floyr de venir attaquer, car son vol de reconnaissance attirerait sûrement le regard des compagnons les plus attentifs et orienterait sur leurs position exacte.



Don, Tir rapide avec arc long comp+2for. Discrétion.

Tout à sa tristesse, le mage-prêtre prenait pleinement conscience faisant le lien entre ses rêveries et les nouvelles qu’il venait d’apprendre. Le Ar’Tel’Quess ne s’était encore jamais sentit aussi mal. Il était honteux, et en colère contre lui-même de n’être auprès de ses proches, auprès de son peuple en ses heures sombres. Il en voulait à son arrière arrière tante de l’avoir volontairement éloigné d’Evereska alors que toute la cité devait se battre contre l’ennemi.

Il en vint même à douter que Corellon Larethian l’accepte encore comme serviteur après un tel acte de lâcheté. Comment pouvait-il se prévaloir d’être un défenseur des Tel’Quessir, alors qu’il n’était même pas là pour défendre sa propre cité ? Il ressentait toute la honte sur lui et sur sa famille tout entière. Que retiendrait-on des Eowëlathaèldi, qu’ils étaient la honte du clan Aëryndra.

Il en était là, lorsqu’une lumière capta son attention. Aël’Telàwërith était maintenant suffisamment adepte de la magie qu’elle soit divine ou profane pour savoir qu’il s’agissait d’une manifestation dénotant une grande puissance. Il était tellement mal qu’il pensait que ça ne pouvait être que Corellon qui venait lui retirer ses pouvoirs, ne pouvant lui faire confiance.

Lorsque l’explosion de lumière eut lieu et laissa place à une elfe doré magnifique de beauté. Aël’Telàwërith fronça les sourcils. Venait-elle le narguer jusqu’ici ? Les mots qu’elle prononça furent un véritable électrochoc pour le Mah-Faernsuor.

La Baelnorn aurait pu avoir des paroles réconfortantes, soutenir le prêtre-mage dans sa peine. Il n’en fut rien. Et ce n’était pas dans la nature des Ar’Tel’Quess. Et pour être tout à fait honnête, cela avait eut un impacte plus positif que de ce complaire dans la peine et le désespoir.

Le mage-prêtre se rendit compte qu’il s’apitoyait sur son sort. Qu’il doutait de ceux qui sa destinée entre leurs mains. Son dieu qui l’avait guidé jusqu’ici et qu’il ne l’avait jamais abandonné même au plus fort de la terrible bataille entre les gobelins et les worgs. Il doutait de la voie que lui avait demandé de suivre sa tante. Et pourtant, elle aussi avait toujours été à ses cotés. Et l’apparition ne fit que le conforter dans cette sensation. Qui était-il pour remettre cela en question. Il était issu d’une noble et antique famille dont une branche avait même été royale par alliance. Certes cela lui octroyait des droits, mais cela impliquait surtout des devoirs. Oui, il était dans le juste et dans la voie de Corellon. Il ne le savait sans doute pas encore, mais sa destinée n’était pas de se battre à Evereska. Ca ne diminuait en rien sa peine et sa souffrance pour son peuple. Mais ça soulageait grandement sa conscience. Pour autant, il n’avait pas le droit d’échouer ici, sans quoi cela n’aurait plus aucun sens. Une motivation supplémentaire s’il en avait eut besoin, et une responsabilité de plus.

Il se sentait petit, tout petit. Il avait encore tant de chose à apprendre, tant de chose à connaitre pour atteindre une once de la sagesse de la Guetnorn de sa famille. Elle avait raison, et il le savait pertinemment. L’apparition n’avait durée qu’un battement de cil. Mais pour le mah-faernsuor cela dura beaucoup plus longtemps.

Il s’agenouilla dans la barque et ne prononça que ces quelques mots simples.

’

Avait-il rêvé ? La sensation de froid intense qu’il ressentit sur la joue, lui prouva que non. Il releva la tête. Il n’y avait plus de larme, son regard était devenu dur et froid mue d’une nouvelle détermination sans faille. L’Île serait bientôt sienne, et elle servirait le peuple et la nature sauvage de Cormanthor. Ensuite, il trouverait ce qu’il était venu chercher en cette terre ancestrale.

L’Ar’Tel’Quess fier et droit était de retour et rien ni personne ne dresserait plus entre lui et sa destinée. Il était à nouveau dans cette barque qui filait vers son second rendez-vous. Il adressa une prière au Père de tous les elfes pour qu’il octroi la victoire à ceux qui se battaient et souffraient dans leur chaire loin d’ici.

e serviteur de Corellon sursauta légèrement lors de l'arrivée surprise de la chouette. Sa venue ne pouvait signifier qu'une seule chose : un danger se profilait à l'horizon...Mais lequel ?

Il redoutait depuis le début un combat sur l'eau. Il ne pourrait pas déployer sa force comme il le souhaiterait. Que cela ne tienne, sa foi ferait la différence.

Il arrêta aussitôt de ramer. D'un regard, il signifia à Ezédryn de faire de même. Ses yeux elfiques perçèrent le lointain à la recherche de cette probable menace. Ses oreilles cherchaient le moindre détail sonore, tel que des voix ou des murmures, ou tel un ruisselement plus rapide de l'eau. Après tout le danger pouvait aussi venir de l'eau, comme la présence de rochers, de rapides...Il évalua également le relief, la distance qu'il séparait d'eux et de la berge. Peut être qu'ils auraient le temps de préparer une attaque surprise. Et la première barque avait elle perçu la menace ? Il ne voulait pas que le groupe se disloque et qu'une trop grande distance se crée entre eux

Sans plus attendre, il commença à déballer son arc et ses flêches qu'il avait protégés d'une couverture. Il n'était pas un archer maladroit et l'ennemi allait découvrir la force et la volonté farouche du Beau Peuple à défendre leur terre sacrée et leur valeur.

Une question taraudait l'esprit de l'Ar'tel'quess : ses alliés au devant avaient -ils perçu la menace ?

Les créatures qui se regroupaient sur la berge n'étaient pas étrangers à Enoriel. Il avait déjà vu leur triste figure mêlant chien et dragon dans des grimoires de son peuple. Mais pour l'instant, leur nom lui échappait et c'était bien le cadet de leurs soucis. Maître Yvhann avait fait preuve d'anticipation et attaquait dès à présent celui qui semblait aboyer des ordres à la meute. Cette action montra une fois de plus au jeune druide que la veille, il n'avait pas pris la mauvaise décision ou, pour être plus précis, pas une décision qui l'avait déshonoré auprès des Gardiens Sylvestres. Car son compagnon, le dirigeant de son ordre, avait agi de la même façon que lui, agissant par surprise plutôt que de risquer un désastre. Il était en effet impossible de savoir ce que préparait cette engeance et il était certain que cela n'était pas bénéfique pour eux. Si ces petites créatures comptaient suivre voire attaquer les barques de leurs compagnons, cela compromettrait beaucoup la suite des événements. Il sentit l'arc de son compatriote elfe sauvage de détendre mais il était déjà occupé à autre chose. Devant le nombre, il lui faudrait de la précision. Et Rilifane Rallathil pouvait lui permettre de mieux viser, de mieux esquiver... Il mit donc main à terre, se pencha et en appela aux forces de la nature, que la Terre lui confère la grâce des félins qui la foulent, leur rapidité, leur dextérité... Quand il releva la tête, il arma aussitôt l'arc trouvé sur les gobelins.

*C'est le moment de voir s'ils savent sculpter une arme* pensa le druide de la Haute-Forêt.

Enoriel était prêt à faire feu pour occire ces viles créatures si d'aventure elles repéraient leur position et par défaut le chef, ce qui ne manquerait pas de provoquer chez eux une désorganisation comme dans toute société hiérarchique. Pendant qu'il armait son arc, il parla à voix basse à destination de Khell pour que ce dernier ne bouge pas pour l'instant.

Arkh ne pouvait croire ce qu'il entendait... Qui était ces Shadows... Eäridë avait employé le mot rasé et non détruit pour qualifier Tilverton. Comment était-ce possible!? Pour raser une cité de la taille de Tilverton, il faut une puissance colossale, qui implique soit le rassemblement d'une innombrable armée, soit la possession de pouvoirs dépassant l'imagination.

Arkh caressa l'idée de partir sur le champ au secours de sa patrie. Ce ne fut évidemment qu'une idée fugace. Outre le fait qu'il était loin du front et que sa seule présence ne changerait certainement pas l'issue d'une bataille, le druide avait renoncé depuis déjà un moment à servir son roi, enfin le trône, puisque le roi actuel est trop petit pour s'y asseoir. Néanmoins, il restait un patriote, attaché à son pays. Même au loin et au servir d'intérêts d'autres puissances, il était de tout coeur avec la Régente. Puisse-t-elle écraser ses ennemis et les repousser dans leur désert.

Toujours plongé dans ses pensées, Arkh ne questionna plus Eäridë, qui eut le tact de ne pas lui poser de questions en retour. Dans cet état, le druide n'entendit pas les prières du prêtre de Corellon, pas plus que les avertissements du familier d'Yvhann.

« Quand la stratégie échoue, que les tactiques ne donnent rien, reste une chose à faire : Foncer dans le tas ! »
Traité des cinq anneaux – manuel de stratégie des loups dansants par le Captain Butch.


¤Flute, flute, flute et flutouille ! Pas moyen d'être en paix trois battements de cœur dans ce flutouille de pays !¤

Ezedryn était vert de rage. Il venait juste d'allumer sa pipe quand l'elfe avait lancé son avertissement et subodorait déjà qu'il ne pourrait en récupérer le tabac. Il essaya maladroitement de l'éteindre, se brula les doigts, avant de comprendre que c'était peine perdue et de plonger rapidement sa main dans l'eau pour en faire couler un peu dans le fourneau.

¤P... Si je choppe les crétins à qui je dois ça !!!¤

Il se retourna vers l'elfe qui avait lancé son avertissement, lui jeta un regard quasi meurtrier, puis se rappelant que le messager est rarement le coupable, se ravisa et, tentant péniblement de maitriser la rage froide qui l'avait envahie, lui demanda brusquement :

- Quoi ? Que se passe-t-il ?

Il observa alors que Shalan avait déjà saisi son arc et tous sens aux aguets semblait clairement promettre au monde entier que le sang allait bientôt couler. Lui aussi avait il perçu quelque chose ?

¤Bon sang, me dite pas qu'on va se faire dégommer comme des foutus lapins dans ce foutu rafiot par des foutus tireurs embusqués...¤

Un frisson le parcourut, souvenir d'une guerre ancienne où la traversée en pirogues d'un fleuve sous une pluie de flèche lui avait définitivement fait abandonner l'idée de se battre sur l'eau.

¤Le seul avantage c'est qu'on peut se pisser dessus, personne ne remarque rien...¤

Bref, la décision était prise : Sans même consulter ses compagnons, Ezédryn se mit à pagayer à s'en arracher la paume des mains en direction de la rive.

- Les combats sur l'eau, très peu pour moi ! D'abord on débarque. Ensuite, on fonce ! Mitzar ! prends la pagaie de Shalan et aide moi ! Vite !