L'égaré, Kharel

Narration

15 martel 1373

La forêt était l'endroit parfait pour Kharel. La vie débordante de la faune et de la flore était à la fois rassurant et captivant. C'est ici qu'il avait ses repères et qu'il se sentait le mieux. C'était aussi pour ça qu'il vouait sa vie à la forêt. Après des multiples voyages loin de son foyer natal, il était revenu à ses origines comme si la Wealdath était la seule vraie forêt pour lui. Il errait souvent, profitant de son calme et en profitait pour se retrouver lui-même à son contact. La Wealdath recélait de multiple trésors. Elle cachait aussi de nombreux dangers. Certains grossiers et d'autres plus subtils, pouvant être mortels ou de simples avertissements. C'était ainsi qu'était faite cette forêt. Cependant elle cachait aussi certains secrets que seules quelques légendes parlaient. Créatures mythiques, ruines ancestrales et effets magiques étranges et imprévus faisaient partie du quotidien des habitants de la forêt.
C'est ainsi que le destin de Kharel bascula. Alors qu'il patrouillait dans cette forêt qu'il connaissait si bien, un évènement imprévu et imprévisible arriva. Depuis le temps des troubles la magie avait subi des changements. Si pratiquement tout était rentré dans l'ordre après la crise des avatars, il n'en restait pas moins que des séquelles persistaient ici et là. La plupart d'entre elles étaient insignifiantes car avec le temps elles s'étaient réparées d'elles même. Mais parfois, dans des lieux reculés ou gardés des moindres intrusions néfastes ou jugées comme telles certains phénomènes étranges persistaient.
Ce fut l'un de ces phénomènes qui tomba littéralement sur Kharel. Il n'en souffrit pas outre mesure du moins directement.

Alors qu'il avançait dans la fraicheur de la nuit tombante, il remarqua comme une zone de flou dans son champ de vision. Il crut d'abord à une illusion d'optique qui arrivait quand le froid du sol et de l'air étaient trop différent l'un de l'autre. Il n'en était rien. Alors qu'il s'approcha de l'endroit où sa vision se troublait, il remarqua une sorte de disque transparent qui avançait très lentement, avalant quelques plantes qui disparaissaient mystérieusement. Il y avait de la magie ici c'était clair. Et cette chose prenait une partie de la forêt. Était-ce par hasard ou par vice ? Kharel ne voulut pas vraiment connaitre les profondes motivations et réagit instinctivement. Il s'avança pour essayer de stopper le phénomène. Ce geste noble de protecteur eut des conséquences inattendues. Il se retrouva soudainement happé par le disque. Il vit un grand flash puis la forêt disparue. En lieu et place il se trouvait dans une immensité blanche. Le froid était plus mordant et il se félicita d'avoir pris une couverture avec lui. La nuit semblait plus noires également. Il ne reconnaissait pas l'endroit où il se trouvait. Il regarda les étoiles du ciel et fut presque choqué de voir ce qui apparaissait. Il reconnaissait le paysage céleste mais quelques chose clochait. S'il était toujours sur la terre de Faerun, ce dont il ne douta pas un seul instant, il était beaucoup plus au nord de tout ce qu'il avait pu voir jusqu'à présent. Il regarda aux alentours cherchant à se repérer. Une chose déteignait nettement : Une sorte de hameau perdu au milieu de l'immensité neigeuse tout illuminé qui faisait contraste avec le noir qui s'installait de plus en plus. Il était à une distance d'un peu plus d'une demie-lieue. Il n'était composé de quelques bâtiments où l'on pouvait voir quelques personnes se déplacer. C'était étrange à une heure aussi tardive ce qui incitait à la prudence.

pour information : la lieue mesure 1,5 km

¤ Mais qu'est ce que c'est que cet invention infernale! ¤

Kharel fût secoué par ce voyage inattendu. Il s'était préparé à tout, mais certainement pas à ça ! De la magie, une illusion, ou encore une créature encore inconnue, mais non !

¤ Quel temps ! Un froid de mort ! Je ne suis certainement plus dans ma forêt ! Heureusement que j'ai de quoi me tenir chaud. ¤

Il ajusta sa tenue pour que le froid morde un peu moins sa chair.

¤ Voilà, cela devrait suffire pour le moment ¤

Remis du choc, il s'appliqua à parcourir les environs du regard. Peu à peu il se fit une image plus précise de ce qui l'entourait. Tout était blanc, recouvert de neige. Il semblait avoir voyagé, et loin à ce qu'il pouvait voir dans le ciel étoilé. Il s'agissait sûrement d'un espèce de portail, pensait-il alors qu'il secouait la tête pour reprendre ses esprits.

- Hé ben, moi qui ne fonce jamais tête baissée, ça m'apprendra de faire exception à la règle ! Marmonna l'elfe en frottant son séant, sur lequel il était lourdement tombé.

Il reprit rapidement son calme, néanmoins, et commença à analyser la situation posément, comme à son habitude. Il recommença un tour d'horizon, mais maintenant que ses pensées étaient redevenues claires, il pris son temps et examina chaque détail de ce qui l'entourait, il vérifia si la neige était fraîche, le ciel étoilé, et tout élément qui pourrait lui permettre de se situer.

¤ Voyons voir, ou ai-je bien pu atterrir? ¤

Il avait remarqué le hameau un peu plus loin, mais avait choisi de l'ignorer - sans pour autant totalement le quitter des yeux - afin de déterminer sa position, c'était selon lui primordial. S'il arrivait à savoir ou il se trouvait, plus ou moins, il pourrait en déduire beaucoup d'informations; climat, faune et flore locaux. Et surtout les dangers qui pourraient potentiellement le menacer. En outre cela pourrait l'aider, si jamais il devait entrer en contact avec les silhouettes qu'il pouvait apercevoir au loin.

¤ Bon, c'est pas tout mais il faudrait pas non plus s'éterniser dans le coin, d'une part ces silhouettes ne me disent rien qui vaille, et surtout, il fait froid ! Mais que faire ? Où aller ? Je ne vais certainement pas errer tel un égaré dans ces immensités blanches. ¤

Cela ne lui plaisait pas, mais au vu de l'endroit ou il était, la seule option qui paraissait sensée était de s'approcher discrètement du hameau. Il resta immobile un moment, écoutant et observant ce qui venait du hameau, en espérant en apprendre d'avantage. Il examina une nouvelle fois les alentours, pour s'assurer que personne ne s'était glissé dans le noir, essayant de le prendre par surprise.

- Bah, après tout, peut être que je suis paranoïaque et que ces gens sont accueillant et qu'ils m'offriront abri, couvert et couche... Un sourire sarcastique s'était formé sur ses lèvres; il n'y croyait pas une seconde. Mais il n'avait pas vraiment le choix. "Allé, allons-y".

Bien entendu, Kharel n'aurait pas été Kharel si il s'était dirigé en ligne droite vers le groupe de maison. Au lieu de cela, il partit d'un pas léger, mesuré, prenant soin de cacher au maximum sa silhouette, profitant de chaque relief du terrain pour se dissimuler, en espérant qu'il n'ait pas déjà été repéré et que les ombres ne l'observaient pas déjà en ourdissant quelque plan pour le capturer, ou pire encore.

Narration

15 martel 1373

Kharel s'approcha prudemment du hameau. Il était encore loin, il pouvait donc se permettre de rester inaperçu. Après tout, il ne savait pas vraiment dans quel genre d'endroit il était. La marche dans la neige n'était pas vraiment aisée. Il fallait faire plus d'effort pour rester discret et même en les fournissant, il avait toujours l'impression que ses pas faisaient un bruit énorme. Cependant, rien ni personne ne venait perturber sa progression. Cela lui permit de se concentrer d'avantage sur ce fameux hameau qu'il avait en point de mire. Plus il s'avançait, plus il s'étonnait. Tout était éclairé et plusieurs personnes allaient et venaient à l'intérieur. Mais quelque chose clochait tout de même. Kharel n'arrivait pas à vraiment dire quoi exactement et ce ne fut que lorsqu'il commença à voir les habitants de plus près qu'il comprit enfin.
Il n'y avait aucune palissade autour. Un hameau en rase campagne de la sorte devait se protéger des animaux sauvages, ce qui ne semblait pas le cas ici. Ce qui l'interpela totalement fut de voir que tous les habitants à l'extérieur étaient en armure et armés. Des lances et des épées pour la plus grande majorité mais aussi des arbalètes et même des arcs. Il y avait même une arme beaucoup plus grande qui ressemblait à une arbalète que seul un géant pourrait manipuler ou par plusieurs hommes. Ce hameau n'en était peut-être pas un. C'est alors qu'un bruit de conversation lui fit tourner la tête. À l'extérieur du hameau, se tenaient deux personnes, qui à l'abri des regards, semblaient elles aussi très intéressées par le hameau. Instinctivement, il se coucha au sol. N'ayant pas l'habitude d'une neige aussi glacée, celle-ci craqua sous son poids. Les deux personnes cessèrent leur conversation et cherchaient d'où pouvait bien provenir ce craquement. Kharel avait le cœur qui battait de plus en plus vite. Il était repéré, mais pas encore localisé. Des deux personnes qui examinaient les alentours, il repéra une femme, plutôt jeune et un homme plus âgé armé d'un bâton. Ils semblaient nerveux tous les deux, peut-être parce qu'ils n'arrivaient pas à savoir ce qui avait causé le bruit.

Kharel avait le nez dans la neige à présent, son réflexe de se coucher lorsqu'il avait entendu les voix, bien que rapide, avait aussi trahi sa présence.

¤ Quel poisse, je me retrouve tout seul, je ne sais où, et il faut que je me fasse repérer par les premiers inconnus qui passent. Maudite neige ! ¤

Il avait remarqué que les deux intrus semblaient aguerris. Un bâton dans la main de l'un laissait entendre qu'il était un magicien. L'autre, une femme dont il ne distinguait pas les traits à cette distance restait un mystère..

¤ Elle est vive la bougresse ! Elle a déjà dégainé son arbalète et est prête à me transpercer si elle en a l'occasion. Heureusement, ma position exacte n'a pas été révélée, sinon je serait déjà mort. ¤

Il savait que plus il attendrait, plus ces deux là seraient nerveux et prompt à presser la gâchette ou à lui jeter un quelconque sortilège, et probablement un mortel. Son cerveau fonctionnait à toute vitesse, tentant d'analyser la situation périlleuse dans laquelle il s'était fourré.

¤ Diantre ! Je ne peut ni bouger, ni me cacher, ces deux là sont capables de me retrouver en un battement de cil et de m'occire avant que je ne m'en rende compte. Je crois que je n'ai pas le choix ce coup ci, fini mon beau plan de rester discret. ¤

Tout en restant allongé - il s'agissait de ne pas se faire tuer avant de pouvoir s'expliquer - il dit, d'une voix claire mais suffisamment faible pour que seules les deux personnes à qui il s'adressait puissent l'entendre:

- Mes excuses pour le dérangement, loin de moi l'idée de vous interrompre dans votre discussion ! Je ne cherche nullement les ennuis, il se trouve que ma présence ici est purement fortuite.

¤ Imbécile ! Qui va croire ça ? Il ne sont pas demeurés ! ¤

Il continua néanmoins: "Je me rends bien compte de l'absurdité de mes propos, mais c'est malheureusement la vérité. Si vous le permettez, j'aimerais vous exposer ma situation. Croyez moi, je suis tout aussi surpris que vous de me retrouver dans cette maudite neige, au milieu de je ne sais où. D'ailleurs, peut-être pourrez vous même m'aider à comprendre où je suis et ce qui m'a transporté ici. Si vous acceptez de ne pas tirer d'abord et poser les questions après, je me relèverais, et laisserait mes mains bien en vue."

¤ Bon, le sort est jeté, j'espère qu'ils sont assez curieux pour vouloir entendre mon histoire avant de me tuer. ¤

- Ah, j'oubliais! Bien que je ne doute pas de votre vivacité d'esprit vu votre temps de réaction, j'aimerais, si possible, que votre décision soit prise promptement. En effet, bien que la position allongée ne me dérange pas, la froideur de la neige elle, pose un problème.

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