Le banni, Njini

N'Jini distraite par les dires du Maitre des dragons refusa le gâteau d'un geste de la main avec sur son joli visage un sourire. Les gâteaux c'est bien, mais elle avait d'autres choses qui se bousculaient dans la tête. Une des lignes tracée du destin montrée un peu plus tôt par Argil troublait la jeune femme. Pourtant était-elle digne de confiance. Elle avait le sang teinté par le mal, chose qu'elle pouvait plus ou moins contrôler, grâce aux enseignement de Maitre Kolimar au Monastère, mais elle avait pas fini ce long acheminement. Sa vie pouvait basculer à tout moment, elle se savait instable. Que lui réserverais le futur et l'éveil de pouvoir du à son héritage ? Elle hésitait ne sachant trop si elle devait se confier à cet homme qui semblait lui faire confiance.

- Maitre Argil, je ... connais le draconien finit-elle par dire un peu stupidement d'ailleurs, puis elle continua mal à l'aise, cherchant à se reprendre J'ai eu un entrainement sous la houlette de Maitre Kolimar pour discipliner le mieux possible les différentes facettes de ma personnalité, dont certaines ne sont issu d'un héritage. Elle s'arrêta là, ne sachant pas si elle devait continuer ou en rester là. Elle se leva parcourut la pièce observant le mobilier, puis se tourna ver Argil souriante, ayant l'irrestible envie de se battre, comme à chaque fois qu'elle pensait à son héritage d'ailleurs :

Allons botter les fesses de ces garnements si vous le voulez bien. Réglons cette affaire afin que les villageois puissent trouver la paix, qu'ils n'auront plus à se terrer comme des lapins à chaque approche de ces manants. Vous avez un plan ? Que puis-je faire ?

Narration

15 martel 1373 fin de matinée

Argil sourit de plus belle. Il se leva, mit son manteau et prit son bâton. Njini ne l'avait pas remarqué mais sous certains angles, elle put voir que ce dernier renvoyait des lumières colorés dans les tons bleus et blancs. Un peu comme si des pierres étaient incrustées dedans. Cela ajoutait encore plus à la qualité de l'objet qui était fait d'un bois rare c'était indéniable.

-Je vois que vous êtes motivée c'est bien. C'est très bien même. Cependant, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Nous allons trouver nous occuper d'un problème après l'autre. Cela fait pas mal de temps que j'observe les dragons et aussi les bandits. Une chose m'a frappé, c'est le fait qu'ils soient si synchronisés. Après chaque passage d'un dragon, immanquablement les bandits débarquent. Au début j'ai cru à une coïncidence mais maintenant je sais que ça cache quelque chose. Nous allons donc partir pour une petite excursion. Je vois que vous portez des habits chauds, mais ils sont un peu voyants, laissez moi arranger cela.

Il s'approcha de Njini et marmonna quelques mots tout en agitant ses mains. A la fin de son incantation la cape de daim de Njini changea de couleur pour un blanc immaculé.

-Voilà qui est mieux, comme cela nous passerons presque inaperçu dans la neige, bien à présent sortons.

Njini suivit Argil qui la mena au travers du village. Ils empruntèrent un chemin qui les fit sortir et qui s'enfonçait dans les collines qui bordaient le village. Ils marchèrent longtemps, Argil expliquant à Njini la géographie des lieux, les plantes qu'on pouvait trouver par ici, les endroits dangereux et même la façon de prédire le temps. Finalement, ils sortirent de la route pour prendre une nouvelle direction qui ne suivait plus aucun route tracée.

-Si jamais on se retrouve séparé tu pourras revenir au village en suivant cette direction. Tu tomberas sur la route forcément à un moment ou un autre.

Il pointait une montagne à la forme étrange et très reconnaissable. Elle était formée de trois pics très resserrés mais à la forme arrondie, comme si les trois doigt centraux de la main étaient côte à côte. Ils reprirent de plus belle et filèrent droit dans les collines. La progression n'était pas aisée avec toute cette neige fraiche, mais ils avançaient tout de même.
Alors que le soleil commençait à monter dans le ciel les réchauffant quelque peu, Argil fit signe à Njini, désignant un point à l'horizon. Elle chercha du regard ce qu'il lui montrait sans vraiment savoir à quoi s'attendre. Finalement, elle comprit ce qu'il voulait qu'elle voit. Une colonne de fumée s'élevait à environ une lieue, peut-être moins.

-Ils sont là. Je les ai repéré avant-hier mais les dragons m'ont empêché d'aller voir de plus près. Je ne sais pas grand chose d'eux si ce n'est qu'ils sont une quarantaine. Je pense qu'ils se sentent en sécurité ici, car assez éloigné du village. Mais il doit y avoir autre chose, car ils arrivent toujours très vite sur le village. Il nous faut découvrir comment ils font.

Ils commencèrent l'ascension du pan de montagne pour se rapprocher un peu. Njini remarqua qu'Argil avait lui aussi changer la tenue de sa robe pour un blanc plus marqué.
Ils arrivèrent au devant du campement où une forte agitation régnait. Ils se cachèrent en surplomb et se couchèrent même dans la neige pour ne pas être vu. Ils purent voir deux hommes côte à côte parler avec véhémence à tous ceux qui les entouraient. L'un des deux hommes avait un étrange couvre-chef. Il s'agissait d'une peau de cerf avec encore ses bois. Tout le monde était accaparé par le discours des deux hommes ce qui avait sans nul doute facilité leur approche.
Le campement s'organisait simplement. Sur leur droite on pouvait voir des tentes assez bien alignées et bien camouflées. Au milieu se tenait plusieurs feux de camp avec toute la population du campement regroupée ici pour le moment. Enfin sur la gauche ils purent voir un très grand bâtiment qui devait servir de réserve.

Tout en écoutant attentivement Argil, N'jini ne put s'empêcher de penser à cette synchronisation entre le passage des dragons et l'attaque des bandits. Ce détail l'interpellait. D'après les dire de son compagnon de route, la complicité était évidente, qu'elle soit tacite ou non. Lors d'une plage de silence elle tenta d'exposer son idée, pas nécessairement pour avoir une réponse mais pour s'entendre raisonner de vive voix :

- Donc le passage du dragon déclenche la descente des bandits. Si il y a plus d'attaque de dragon, il n'y aurait donc plus des exactions. D'abord, ils peuvent avoir en leur sein quelqu'un qui sait où loge les dragons et qui donne un signal dès qu'il voit l'envol du dragon. Si je me souviens bien, un dragon a des habitudes de sortie assez précises, du moins je le suppose. Donc il suffit de se poster plus ou moins au bon moment, et dès qu'il est sorti, ou dans ce cas plutôt rentré donner le signal.

Njini n'était pas très convaincue, Argil pouvait le constater en regardant son visage ou un pli se marquait entre ses sourcils. Elle se concentra à nouveau :
C'est peut-être plus bête que ça. Quand le dragon est parti les bandits dansent. Un dragon déteste qu'on lui vole son trésor. Donc pour le leurrer, on emporte l'odeur des humains qui ont pénétré son antre droit vers un village. Le dragon est furieux, il pense que les humains viennent de là. Dès qu'il a détruit ce qui reste à détruire, les bandits contournent la créature et continuent à poser leur traces jusqu'au village et comme ils ont que quelque trésor ils n'ont rien à manger, d'où leurs demandes. Hum c'est un peu fumeux comme théorie... Quoi qu'il en soit, trouvez le dragon, empêchez le de sortir et voir ce qui se passe...

N'jini avait à peine vu le temps passer. Intéressée par ce qu'elle voyait en contrebas, elle observa les deux hommes en train de discuter vivement. La réserve pourrait peut-être leur donner des explications. Elle fit signe à Argil vers le grand bâtiment en chuchotant : c'est à l'habit qu'on connait le moine ... On devrait voir ce qu'ils cachent par là... L'ensorceleuse chercha des yeux le meilleurs chemin pour y parvenir sans se faire remarquer

Narration

15 martel 1373 après-midi

Tout en examinant les lieux, Argil continua leur conversation.

-Oui, bonne remarque. Il est vrai que les dragons peuvent être très prévisible. Un peu trop même d'ailleurs parfois. Mais si ce groupe de voleurs connait les habitudes des dragons, cela voudrait dire que quelqu'un les a renseignés. Pour quelles raisons par contre ça je ne vois pas. Il faut en savoir plus je suis bien d'accord. Ce baraquement m'intrigue aussi. Regardez comme il est bien à l'écart du reste du camp. Comme si ils craignaient quelques chose. Je me demande si... Oui regardez, il y a des gardes tout autour. J'en compte pas moins de six et il y en a peut-être plus. Je ne sais pas ce qui se cache dedans mais cela devrait nous intéresser. Par contre pas question d'y aller en plein jour. Même bien caché on se ferait repérer un peu trop facilement. Il va nous falloir attendre et faire preuve de patience.

L'homme à la peau de cerf avait visiblement fini son discours. Les hommes autour de lui se dispersèrent et se répartirent dans le camp. Ils vaquaient à diverses occupations sans que Argil ou Njini ne fassent vraiment attention à eux. Ils cherchaient une manière d'approcher le plus facilement le camp sans se faire voir. Mais il fallait se rendre à l'évidence, en pleine journée c'était impossible. Il y avait trop de zones découvertes autour et surtout il y avait beaucoup trop de monde. Argil l'invita à se reculer pour aller dans un endroit plus discret d'où ils pourraient voir sans être vus. Il installa un feu de camp et saupoudra le bois d'une étrange substance blanche ressemblant à de la farine. Il alluma le feu et reprit la conversation.

-Nous n'avons plus qu'à attendre. Nous n'aurons pas froid avec ce feu. Cette nuit nous allons entrer dans ce bâtiment pour savoir de quoi il retourne. Mais pour l'heure nous allons parler un peu des dragons. Comme vous l'avez dit les dragons aiment avoir leurs petites habitudes. Du moins cela est vrai quand ils sont vieux, très vieux même. Plus jeune il faut qu'ils se fassent leur propre place. D'après ce que j'ai compris, le monastère va avoir un dragon, un bébé dragon je devrais dire. Quel rôle comptez vous jouer exactement dans son éducation ? Car élever un dragon c'est plus qu'élever un enfant voyez-vous où je veux en venir ?

Même si elle savait que Aegis avait tout à fait raison de prendre son mal en patience, N'Jini elle avait du mal à ronger son frein. Son regard parcourait le camp avec attention, et au vu des zones dégagée, il était certain qu'elle allait devoir attendre la nuit. Tant qu'elle pouvait, elle nota mentalement le chemin qui serait le plus prudent à prendre durant la nuit pour se glisser dans le camp, l'angle d'approche la plus intelligente. Ses yeux calculèrent les distances et la difficulté du terrain, tout en notant les différents obstacles qu'ils auraient à franchir.

Elle suivit son compagnon à l'abri, et s'installa de telle façon à pouvoir observer et détecter rapidement toute approche possible du lieu où ils faisaient le guet. Pendant qu'il prépara le feu avec cette étrange poudre blanche, l'ensorceleuse eut un mince sourire : Vous ne pourriez pas me montrer un sort d'invisibilité ou de déguisement par hasard ? fit-elle légèrement taquine Vous semblez avoir beaucoup de connaissances et posséder beaucoup d'artifices. Même si elle se doutait qu'Aegis aurait utilisé ce qui lui semblait le plus approprié, elle ne put s'empêcher de trahir son impatience par cette petit remarque. Assise à côté de l'étrange homme elle se contenta de répondre à sa question, se sentant un peu d'humeur maussade :

Je n'ai jamais élevé des enfants, alors les dragons... Le Monastère semblait fort préoccupé par l'avenir de cet oeuf de dragon et de même quand à son éclosion et pour finir à son éducation. Je ne connais pas ces créatures, et je ne suis pas du tout sûre que ma nature porte à être une maman idéale pour dragonnet. Je le protègerais, c'est certain surtout que beaucoup y verrais source de pouvoir de le posséder. Mais cela sera une contrainte aussi, une charge lourde à porter qui prive de toute liberté. L'important pour l'heure c'est qu'il ne tombe pas dans des mains qui pourrait corrompre sa nature, comme peut-être ce que se passe ici. Et ne comptez pas sur moi pour l'emprisonner, toute créature en ce monde a droit à sa liberté et la responsabilité de son propre destin. Je me proposerais plutôt marraine : protection et appui...

Elle leva les yeux sur Aegis, la pensée formulée devenant rapidement une certitude. Elle avait une dette vis à vis de Maître Kolimar qui l'avait accueillie et entrainée, mais à l'instar du futur dragon, elle n'appartenait à personne.

Narration

15 martel 1373

Aegis regarda Njini d'un air observateur. Il lui sourit mais eu une réponse étrange.

-Sa marraine ? Alors je dois vous prévenir ça ne marchera pas. Certes dans les premiers temps de sa vie il faudra le protéger, mais n'oubliez pas qu'il s'agit d'un dragon. Une créature fière, puissante, très puissante même. Il lui faut un peu de...comment dire ? De poigne. Pas de violence attention, mais quelqu'un qui puisse se faire entendre, quelqu'un qui puisse avoir du répondant mais qui ne l'écrase pas non plus. Me fais-je bien comprendre ? Si jamais, il n'éprouve aucun respect pour vous alors j'ai bien peur qu'il ne vous considère guère plus qu'un repas distrayant. Je vous l'avais bien dit qu'élever un dragon était difficile. Mais c'est tellement grisant et c'est tellement beau à voir grandir. En fait, si je pouvais résumer en une phrase ; tout ce que vous lui apporterez, il vous le rendra au centuple.

Le temps passa, et il parla encore à Njini de son expérience avec les dragons. C'était un fait, c'était son sujet favori. Njini écouta attentivement l'homme parler du vol des dragons, de leur terrible souffle, de leurs manies, de leurs caractères ainsi que de leur diversité. Le soir commença finalement à tomber et très vite la nuit fut là. Le campement en face d'eux s'illumina alors que des torches s'éclairait ici et là.

-Vous avez remarqué ? C'est toujours la même personne qui rentre dans le grand bâtiment ? A mon avis, nous allons avoir une grosse surprise à l'intérieur.

Il fit un clin d’œil à Njini et il se leva suivit de près par l'ensorceleuse. Ils s'approchèrent des bâtisses profitant de l'obscurité. Le camp était calme. Cependant les gardes étaient toujours disposés devant l'entrée. Ils firent le tour par derrière et s'arrêtèrent devant le mur de bois du bâtiment. Là, Aegis agita ses mains tout en prononçant une formule magique que Njini ne reconnut pas. La neige s'écarta pour laisser place à un trou permettant de se glisser sous le bâtiment.

-Je passe devant, ne faites pas de bruit nous allons nous glisser juste sous le plancher. Plus un bruit maintenant.

Ils rampèrent maladroitement car la neige collait un peu à leurs vêtements. Finalement ils s'arrêtèrent au centre du plancher. Celui-ci était fait sommairement et donc laissait passer un jour plus ou moins important entre les planches. A l'intérieur, il y avait assez de lumière pour voir ce qui se passait. Il régnait un étrange silence dedans. Ils purent remarquer qu'il y avait deux cages. Une très grande qui faisait la moitié du bâtiment et une autre légèrement plus petite. Dans la cage très grande se trouvait ce qu'ils redoutaient : un dragon. Pour l'heure il dormait, ou du moins semblait endormi. Ils virent également qu'il portait un collier fait de métal et orné de piques. Dans la cage plus petite se trouvait cinq personnes qui elles même étaient allongés à même le sol. On pouvait voir des écuelles vides dans la cage. Apparemment, il n'y avait pas de gardes dedans.

Njini était ahurie par la facilité qu'ils eurent de pénétrer dans le bâtiment. Elle dévisagea son compagnon d'un nouvel oeil. Il est vrai qu'avec lui elle se sentait presque en sécurité. Elle avait en outre appris beaucoup de choses à propos des dragons et de leur façon de faire. Mais voilà qu'elle se retrouvait face à un vrai dragon, en chair et en os, enroulé dans sa cage. Les propos du spécialiste lui revinrent en mémoire : fier et puissant... Avec curiosité elle se pencha pour mieux l'observer. Même endormi il était saisissant de beauté, une beauté étrange à la fois grandiose et effrayante. Mais foule de questions virent tournoyer dans ses pensées alors que ses yeux firent le tour de la pièce :

¤Pas de gardes, pas étonnant puisqu'il y a de toute façon un dragon qui peut-être ferait grand bruit dès leur approche. Un dragon dans une cage avec un collier, serait-il sous la menace d'un chantage ? Les gens là à côté, serait-ce la raison pour laquelle il revient sans cesse docilement dans sa cage ? Ils semblent être bien nourris, au vue des écuelles, mais j'espère que c'est pas à des fins d'engraissement...¤

Un peu mal à l'aise, Njini continua à observer la salle, cherchant un parcours possible pour rester caché et surtout à l'abri des flammes que pouvait souffler un dragon, du moins si celui-ci se mettait en tête de faire de sa modeste personne un poulet frit ! Elle interrogea son compagnon du regard, cherchant à sonder dans son regard ses intentions. Elle supposa que l'ouïe fine des dragons n'était pas légende et n'osa pas parler.

¤ Pourvu qu'il n'entendent pas les battements de mon coeur...¤ Battant en chamade, le coeur venait de s'interposer à la décision qu'elle avait prise : aller voir ce dragon de plus près... Elle chercha parmi les planches du plancher une qui puisse doucement être détacher

Jet de fouille prenant son temps...

Narration

15 martel 1373

Njini commença son exploration du sol du bâtiment. Ce dernier avait été sommairement construit et il ne fut pas trop difficile d'enlever quelques lattes de bois. Lorsqu'elle put enfin passer la tête, elle remarqua plusieurs choses. Le dragon n'était pas enchainé. Mis à part la cage et le collier il n'avait aucune entraves sur lui. Il n'en était pas de même pour les cinq personnes dans l'autre cage. Elles portaient toutes des fers aux chevilles pour les empêcher de se mouvoir facilement et rapidement. Elles dormaient toutes pour l'heure, mais Njini put voir un peu plus en détail de qui il s'agissait.
Il y avait un adulte, une femme probablement, pas plus que la quarantaine, certainement moins. On pouvait voir trois enfants qui les accompagnaient. Deux grands garçons et une petite fille. Le dernier personnage était caché et Njini n'arrivait pas à le distinguer. Il était plutôt petit, certainement un enfant aussi, mais il était encore trop tôt pour le dire.
La respiration du dragon se faisait de plus en plus forte. Chacune de ses expiration produisait un grondement étrange, accompagné d'un souffle d'air frais. Il était d'une couleur bleutée, presque blanche, métallique. Alors que Njini s'appuya sur le sol, une planche craqua. Si les personnes dans la plus petite cage ne bronchèrent pas, il n'en fut pas de même pour le dragon.
Instinctivement, il ouvrit les yeux et fixa de ses iris serpentines Njini droit dans ses yeux. Il ne bougeait pas, pas d'un pouce. Il se contentait de regarder sans bouger. Il ne disait pas un mot. Pour la première fois Njini ressentit de la peur. Une peur étrange, mêlant angoisse et fascination. Elle n'était qu'une frêle jeune femme face à cette formidable créature. Et pourtant elle restait comme hypnotisée. Ce fut Aegis qui la sortit de sa torpeur. Quelques mots, qui lui firent prendre conscience de ce qui était en train d'arriver. Derrière la porte, on pouvait entendre le verrou qui s'actionnait.

Fascinant... C'était la chose la plus fascinante que N'Jini n'avait jamais vue, dans la forme couchée dans la cage. Ses yeux d'or se fondirent dans celle de la créature magique, savourant cet étrange instant qui hésite entre la terreur la plus totale au vu de la puissance du dragon et l'enchantement absolue de la féerie du moment. Malgré les insistances d'Aegis, N'Jini resta presque immobile sous la magie du moment. Puis elle s'avança vers la cage de quelques pas, et se fendit en une respectueuse courbette, la main sur le coeur, coeur qui battait à une vitesse qui frôlait le souffle coupé. Instinctivement, elle laissa le dragon l'observer, dégageant ses longs cheveux noirs, et laissant sa cape entrouverte de telle façon à ce qu'il put voir qu'elle n'avait pas d'armes cachées. Elle savait que son apparence pouvait parfois avoir des résultats probants, et elle allait en user.

Pendant qu'elle parlait, son attention se tourna vers le collier. Brièvement elle se demanda si c'était là un de ces colliers de contrainte qu'elle avait suspecté un peu plus tôt. Le dragon était-il vraiment contraint à obéir ? Il fallait qu'elle sache ...

Belle créature, murmura-t-elle se doutant que ces choses là entendaient parfaitement bien, je suis venue pour vous aider à retrouver la liberté. Vous ne pouvez rester emprisonnée ainsi dans cette cage. Commandez moi, et j'obéirais.

N'Jini regardait brièvement les prisonniers enchaînés, se demandant comment elle allait pouvoir les libérer. Mais il n'était peut-être pas l'heure pour le moment, elle n'aurait pas assez de temps. Le visage de l'ensorceleuse exprimait ses préoccupations pour ces prisonniers. Comment allait-elle résoudre tout ça ?

Elle se retourna soudainement consciente du danger imminent. Il fallait bloquer la porte un petit instant supplémentaire. Elle se concentra un instant et après avoir invoqué sa magie, elle lança du bout du doigt un rayon de givre sur la serrure, espérant ainsi bloquer un petit temps la porte, le temps de recevoir des ordres de la part du dragon. La chose faite, elle tourna son attention vers la créature magique, espérant qu'elle n'allait pas être tournée en charpie, du moins pas de suite.

: HRP : Invoque le don de créature trop belle, lance rayon de givre sur la porte

Narration

15 martel 1373

Le dragon resta de marbre face aux actions de la jeune femme. Il n'en fut pas de même pour les autres prisonniers. Comme attirés par un aimant, ils se collèrent tous devant leur grille, tous sauf un, celui qui restait couché en retrait des autres. Alors qu'elle entendit une clé s'introduire dans la serrure elle projeta son rayon glacé sur la serrure. Le résultat fut inattendu mais appréciable. Juste derrière la porte elle entendit une voix grave parler.

-La serrure est gelée, je n'arrive pas à tourner la clé. C'est étrange c'est la première fois que ça arrive.

Njini se retourna rapidement vers le dragon qui la fixait des ses énormes yeux. Aégis s'approcha à son tour et vint se poster à ses côtés.

-Grand dracosyre, veuillez nous laisser vous aider. Nous pouvons peut-être vous ai...

Aégis ne termina pas sa phrase alors qu'il s'aperçut de ce que portait le dragon autour du cou.

-Un collier de contrôle je commence à comprendre. Il va nous falloir l'en débarrasser avant toute chose. Il nous faut trouver la clé et je pense que le chef de cette bande doit l'avoir, ainsi qu'à ceux qui se trouve dans cette cage.

-Bien raisonné grandes-pattes.

Les deux compères tournèrent la tête en direction de celui qui venait de prendre la parole. Il s'agissait du dernier prisonnier qui était couché. Il ne s'agissait pas du tout d'un enfant, mais d'un halfelin. Ce dernier portait lui aussi un collier autour du cou comme tous les autres qui se trouvaient avec lui.

-Et pour ne rien faciliter le chef ne se sépare jamais de cette clé, cher Aégis.

Le compagnon de Njini parut surpris de se faire appeler par son nom.

-Vous me connaissez ? Qui êtes-vous ?

-Libérez-nous et vous le saurez à ce moment là. Par chance, nos colliers ne sont pas enchantés comme notre encombrant voisin.

Le dragon souffla très fort par les narines mais ne pipa pas mot. Cependant son regard en disait long ce qu'il comptait faire de l'halfelin pour tant de hardiesse. ce dernier s'empressa de d'ajouter comme pour se faire pardonner.

-Encombrant mais au combien agréable je dois le dire. Cependant, si le chef apprend que vous êtes ici, il va chercher à vous tuer, ou vous capturer pour servir de repas à notre compagnon. Nous sommes les cinq casses-croutes restant. Donc si vous n'avez pas l'intention d'agrémenter le prochain repas de ce dernier il faudrait vous dépêcher.

L'halfelin était un peu irascible, mais les regards implorants des autres personnes dans la cage semblait confirmer son récit. Soudainement Aégis tira le col de Njini pour la faire plonger dans le trou, car déjà la serrure se remettait à faire du bruit. Ils eurent à peine le temps de se mettre à l'intérieur et de le reboucher que des personnes entraient dans la pièce. Un homme d'une stature impressionnante leva un main en direction du dragon, dont les yeux virèrent aux rouges puis blancs ; comme si un voile les avait recouverts. Aussitôt, le dragon prit la suite de cette homme et sortit comme un chien suivrait son maître à sa suite. Tout le monde sortit sauf les cinq prisonniers.

-Bien cela se présente mal, une idée de comment lui voler sa clé, s'il s'agit bien d'une clé à voler. Je n'ai rien vu de tel sur lui à part un anneau qu'il portait à sa main qu'il a levée.