Le banni, Njini

Il est vrai qu'on ne s'ennuie pas dans ce village. A peine arrivée, la voilà enfermée dans une cave prête à vendre chèrement sa peau, du moins le croyait-elle, voilà qu'un évènement inattendu vint encore troubler l'ordre naturel des choses, ou du moins de ses pensées. N'Jini sursauta lorsque la gerbe de feu vint sécher son piège (un peu grossier, faut tout de même l'avouer). C'était avec curiosité qu'elle attendit la descente de cette voix. Il semblait avoir un charisme naturel d'une personne qui était d'habitude écoutée, et une assurance trompée par sa dernière expression. A l'instar du nouveau venu qu'elle observa attentivement, Jua s'appuya sur son bâton. Les personnes dans la cave semblait le connaitre et cela le déstabilisa. N'Jini pensait que l'heure n'était pas à creuser ce détail, les explications viendraient plus tard. Il avait parlé de demain, voilà qui était intéressant. Sans savoir pourquoi elle fit instinctivement confiance en lui. En fait c'était peut-être en raison de son âge et ce regard qui a dut voir bien des horizons. Elle repensa brièvement au monastère... C'était peut-être là qu'elle avait apprit à faire confiance aux personnes qui portait un certain savoir. Celui-ci n'était pas une exception, du moins le supposa-t-elle.

Pourtant, était-ce un piège encore plus redoutable que celui des coups portés sur la porte ? Une fois de plus elle l'observa, puis enfin s'avança vers lui :

- La chaleur dissout la glace, Messire. Il en est peut-être de même lors des rencontres. Je suis N'jini, voyageur surpris dans cette galère. J'ai pris la responsabilité de défendre les gens enfermés ici. A qui devons-nous donc ce sauvetage in extremis ?

Njini offrit un sourire illuminant son visage et le pailleté de ses yeux clairs. Cependant elle continua son observation minutieuse, notant tout détail ou expression qui pourrait déterminer ses actions futures

Narration

14 martel 1373 crépuscule

Menthas, N'Jini, Kobalt

L'homme regarda attentivement N'jini comme s'il semblait avoir remarqué quelque chose en elle. On aurait presque dit qu'il lisait en elle. Finalement, il continua à lui parler comme si de rien n'était.

-On me connait sous différents nom, mais je crois que le plus connus d'entre tous doit être...

Il fit une pause, faisant signe de ne pas faire de bruit. Il écoutait quelque chose. Des bruits de pas sur le plancher au dessus de leur tête, soudain quelqu'un parla.

-Y a quelqu'un, j'ai un blessé avec moi

Menthas avait mis un peu de temps à trainer le corps endormi de son compagnon, car il fallait bien le dire, il était vraiment lourd et pas que lorsqu'il était réveillé. Arrivé dans le bâtiment, il constata que plus personne n'était là mais il vit que la porte de la cave était ouverte. Tous les meubles avaient été détruits ou brisés. Seulement il n'y avait nul trace de personne. Une conversation lui arriva jusqu'à ses oreilles, lui signalant la présence d'être vivant, mais que pouvaient-ils bien faire en bas ?

Menthas avait réussi a se faufiler tant bien que mal jusque dans le bâtiment, malgré le fardeau que représentait Kobalt. Après leur long voyage sur les étendues enneigées de la route de la fourche, ils n'avaient pas croisé beaucoup de monde. Avec l'arrivée à Fortnouveau, le mulan pensait enfin rencontrer un peu plus de monde. Mais ce fut bien le contraire en arrivant en ville. Cette dernière semblait être délaissée. Il se rendit à l'évidence, il ne faudrait pas compter sur beaucoup de monde pour mener à bien leur quête.
Le prêtre de la Cavalière ne fut que finalement peu surpris par l'accueil à l'intérieur de la bâtisse. Il était dans la grande lignée de ces derniers jours.

La seule différence, les quelques bruits de paroles qui montaient jusqu'à lui. Quelqu'un cherchait donc à se cacher. La vue des dégâts ne fut pas pour rassurer le jeune homme. Il s'approcha d'une chaise et la redressa. Il assit son compère dessus. Puis discrètement, il dégaina son épée pour se préparer à une mauvaise surprise, comme une irruption de ses agresseurs de tout à l'heure. Menthas commença à faire le tour de la pièce pour chercher d'où venaient les voix qu'il avait ouï à l'entrée.

La situation actuelle lui semblait très compliquée. Tout était embrumé dans son esprit. La seule chose dont il était certain, il se passait effectivement des choses bizarres à Fortnouveau, et beaucoup ne monde ne lui voulaient pas que du bien.

Il lui serait maintenant difficile de localiser où se terraient les occupants du bâtiment, car ils étaient prévenus de la présence du prêtre.

"Ohé, il y a quelqu'un? J'ai besoin d'aide."

Le bref combat mené précédemment par le prêtre et le roublard s'était soldé par une victoire. Cependant pour ce dernier la bataille eut de bien fâcheuses conséquences. Il se retrouvait maintenant comme saisi par une forme d'apathie qui l'empêchait d'esquisser le moindre mouvement. Il avait à peine conscience de ce qui se tramait autour de lui, groggy comme il l'était. Il entendit néanmoins assez distinctement le bruit d'une lame que l'on sortait de son fourreau.

Il fut soudainement conscient d'une chose : il se gelait littéralement le postérieur. Son compagnon l'avait en effet trainé dans la neige sur plusieurs mètres avant d'atteindre la bâtisse, dont la tiédeur de la température ne le réconforta point. Il ne parvint même pas à grelotter et ce simple constat l'alarma sur sa situation on ne peut plus précaire. Il perdait du sang du fait de sa blessure à l'abdomen qui était loin d'être bénigne, il se gelait le fondement, et en plus il se retrouvait paralysé, incapable de réagir. De plus il sentait que ses sens pouvaient l'abandonner à tout moment.

Le jeune homme avait toujours été un peu hypocondriaque, mais à ce stade il était en droit de penser que son état de santé était quelque-peu inquiétant. Une fois, alors qu'il se promenait benoitement dans les couloirs du Bastion de la Compagnie des Marches (un membre digne de ce nom n'a en principe pas le temps de se balader, mais il faut bien croire que Kobalt n'entre pas dans cette catégorie), il s'était cogné le gros orteil du pied gauche contre une chaise qui avait eu l'idée saugrenue de se trouver en plein milieu du couloir à ce moment précis. Après avoir maudit l'imbécile qui avait du l'oublier là (et sans s'attarder sur sa propre maladresse), il avait foncé vers l'infirmerie afin de se faire soigner d'urgence cette blessure de guerre. Enfin, foncer... Si on peut appeler "foncer" le fait de se rendre quelque-part à cloche-pied en marmonnant des jurons tout le long du trajet... Il avait ensuite demandé avec le culot qui le caractérisait une semaine de repos à Théodus afin qu'il puisse se remettre totalement de sa blessure, qui selon lui était très grave. L'halfelin avait bien naturellement refusé en bloc d'accéder à une requête aussi absurde, et avait ri au nez du roublard, qui du coup s'était vexé et était parti bouder dans son coin. Si il avait qualifié cette blessure de grave, que pouvait-il dire de celle qui lui ouvrait le bas-ventre aujourd'hui ?

Revenant au bruit métallique d'un fer tiré de son étui, l'escroc en chef de la Compagnie envisagea différents scenarii. Le premier était le plus évident et le plus rassurant : c'était bien évidemment le prêtre de la Cavalière qui venait de sortir son arme pour se préparer à une éventuelle nouvelle attaque. Ou à achever son compère pour ne plus avoir à supporter sa mauvaise humeur chronique et son humour à deux pièces de cuivre... Le second était plus inquiétant : il pourrait s'agir d'ennemis à proximité qui viendraient finir les travail pendant que le thétyrien ne pouvait se défendre. Avec un optimisme inhabituel, le truand préféra opter pour la première solution. En effet ils venaient a priori d'entrer dans la baraque repérée plus tôt où des villageois apeurés semblaient se terrer. Il entendit son acolyte demander de l'aide, ce qui le rassura sur les intentions de Menthas qui ne semblait finalement pas enclin à l'achever. Ceci dit il eut une très vague inquiétude. Vague du fait de son état actuel, vu qu'il n'était pas loin de tomber dans les pommes. Cette inquiétude était peut-être fondée, ou peut-être pas. Il avait seulement peur que des paysans, acculés comme ils l'étaient, obligés de se cacher et de se barricader chez eux, voyant un inconnu débarquer armé d'une épée puisse accroître encore leur peur. Ils auraient toutes les raisons de se méfier : le filou concevait parfaitement une ruse de ce style, du genre faire croire que l'on a besoin d'aide afin de frapper sa cible compatissante par surprise. Il espéra se tromper, bien que selon lui cela n'arrive que très rarement, pour ne pas dire jamais. Toujours immobile et transi, il attendit la suite des évènements.

Le silence se fit à l'injonction de l'inconnu. N'Jini se crispa brièvement l'appel de la voix qui venait au dessus. Njini avait levé les yeux comme si elle pouvait transpercer la matière solide du regard. Ses pensées Cette voix lui était familière, très familière même. Elle l'avait entendue il n'y eut pas si longtemps, sur la route, juste avant qu'elle ne rencontre cet incapable de paladin. Puis elle revint vers l'homme en face d'elle. Après tout il n'avait pas dit son nom, cela l'ennuyait pour l'heure. Elle voulu se précipiter, mais se retint, toisant avec calme, puis sourit doucement et d'un geste gracieux elle l'invita à remonter tout en gardant une voix basse :

-Après vous Messire ... fit-elle malicieuse. Si cet homme était venu les aider, avec des intentions louables et nobles, sans nul doute il allait voler au secours d'une voix implorant de l'aide N'ayez crainte, je serais juste derrière vous, prêt à vous aider en cas de piège...

Narration

14 martel 1373 le début de la nuit

Menthas, N'Jini, Kobalt

L'homme regarda Njini d'un air amusé. Une petit sourire se dessina sur ses lèvres et il ne put s'empêcher de faire un petit commentaire comique et même un peu moqueur.

-Courageuse mais pas téméraire n'est-ce pas. C'est étonnant, vous n'avez pas réfléchi une seule minute pour sauver ces gens et là vous hésitez alors que l'inconnu s'annonce et demande de l'aide. C'est... intéressant. Forts bien je passe devant, protégez mes arrières.

L'homme monta sans hésiter les marches qui le menait au rez-de-chaussée. Menthas vit débouler des marches un homme à l'aspect plutôt âgé mais encore plein de vigueur. Il le regarda et pointa ensuite son regard vers Kobalt.

-Il est réveillé je crois, bien visiblement je n'ai plus rien à faire ici.

L'étrange bonhomme sortit de la maison et disparu dehors dans la nuit. Toute une procession s'en suivit venant des marches de l'escalier. Tout le monde s'en retournait chez soi alors que d'autres restaient ici sur place prêt à passer la nuit. kobalt de son côté se réveillait péniblement avec un mal des douleurs de partout dans le corps comme si on l'avait écrasé de partout. L'homme qui avait fait un commentaire à propos de celui qui les avait débarrassés des intrus se rapprocha de Njini.

-Merci pour tout noble dame. Vous êtes une bénédiction d'être venu nous sauver, vous et l'ermite. Je me demandais, est-ce que vous avez de quoi dormir cette nuit ainsi que ces gentilles personnes ?

Il s'adressait aux trois nouveaux arrivants. Sa proposition paraissait sincère et bienvenue.

Suivant l'étrange homme, N'Jini ne fut qu'à moitié surprise lorsqu'elle reconnut ses compagnons de fortune avec qui elle avait partager la chaleur relative d'une grotte en rase campagne. Il était vrai que leur rencontre avait été brève mais intéressante. Elle s'avança vers eux, le regard neutre, sans montrer ni joie, ni colère de les retrouver là. Voyant l'inconnu s'éloigner dans la nuit, N'Jini eut une envie de le suivre afin de déterminer d'où il venait exactement. Sa curiosité était piquée à vif. Mais quelque chose lui dit que peut-être n'était ce pas la dernière fois qu'elle le voyait. Le destin pouvait avoir bien d'étranges surprises en réserve. Pensive elle détourna son regard de la porte par laquelle elle avait disparu pour revenir à ces deux hommes qui visiblement avait subit une attaque de quelque sorte. Celui à terre, Kobalt si ses souvenirs étaient bons semblait être hors d'affaire. D'un air toujours neutre elle demanda à Menthas nouvelles de leurs déboires

- Vous avez eu des ennuis ? Ce n'est pas le groupe de bandits dont avait fait mention les soldats j'espère ? Mentalement N'Jini se félicita de ne point avoir été remarqué par ceux qui avaient attaqué Menhas et Kobalt. Elle tourna la tête vers la file des villageois qui semblait rassurés et se préparaient à rejoindre leurs maisons. Vaguement une pensée concernant les dragons refit surface, aussitôt interrompue par le villageois demandant si ils avaient de quoi se loger. Le Monastère l'avait envoyé ici, son but était clair, trouver cet éleveur de dragons et le convaincre de revenir avec elle. Cela prendrait surement du temps et un logement serait tout à fait dans l'ordre des choses.

- Je n'ai pas encore eu le temps de trouver un logement ... c'est alors qu'elle entendit l'homme mentionner le nom "ermite", cela provoqua un sursaut dans ses pensées L'ermite ? fit-elle d'un air consterné Il est vrai qu'on a pas eu le temps de faire connaissance, et je n'ai même pas eu le temps de le remercier. Voilà qui est fâcheux... Enfin, si vous pouviez me conseiller un endroit pour dormir ce serait fort gentil de votre part, et peut-être plus tard m'indiquer où je pourrais le trouver afin de le remercier de son aide de vive voix !

Il avait froid, il avait faim, il avait sommeil... Alors lorsque les gens du cru proposèrent leur aide au roublard et à ses compagnons d'infortune, il était inutile de préciser que ce n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Et si ils pouvaient se débrouiller pour ne rien avoir à payer, ce rapiat de Kobalt ne se laisserait sûrement pas prier. A chaque fois qu'il avait eu la possibilité d'arnaquer son prochain, il ne ratait pas l'occasion. Sauf si il pouvait en retirer un plus grand avantage encore par la suite.

Le corps encore tout endolori par la bataille qui l'avait laissé inanimé sur le sol enneigé, il décida dans un élan d'optimisme de se lever de sa chaise. La douleur que cette action occasionna lui arracha une belle grimace, qui n'était pas sans rappeler l'expression faciale d'un gnoll constipé. Il tenta alors de s'exprimer, histoire de ne pas s'être levé pour rien.

- Hum, un toit pour la nuit, ce n'est pas de refus ! Et si vous pouviez nous donner de quoi nous nourrir, ça nous serait grandement profitable. J'ai entendu dire qu'à Fortnouveau les gens étaient très hospitaliers. Même par les temps qui courent il ne faut pas faire injure à cette réputation. D'autant qu'il se pourrait qu'on ait quelque dessein pour mettre fin aux troubles que votre patelin a à endurer... Donc si vous pouviez nous dire tout ce que vous savez sur la nature de ces troubles ou quoi que ce soit d'inhabituel, on est prêts à vous écouter. Donc pour la faire courte : un toit, une soupe et des renseignements feraient de nous les invités les plus heureux qui soient.

Bien sûr, c'était exagéré. Naturellement, ce n'était pas une façon de se comporter alors que des personnes dans le besoin et paralysées par la peur vous proposaient leur aide. Et c'était l'évidence même que le thétyrien venait d'inventer cette histoire de réputation hospitalière des gens du coin. Mais en attendiez-vous vraiment plus de sa part ?

La situation était étrange à Fortnouveau. Au moins il n'avait pas été envoyé ici pour rien. Parmi les personnes présentes, il pu reconnaître la jeune femme qu'ils avaient côtoyé l'espace d'une nuit, sur la route de la Fourche. Le calme semblait néanmoins revenir, à la vue des villageois qui repartaient chez eux.
Cependant le prêtre avait le pressentiment que cette accalmie ne durerait pas. Kobalt s'étant complètement réveillé, la situation n'était plus aussi délicate que tout à l'heure. Voyant que sa blessure ne l'handicapait pas, il pouvait se passer de faire usage de sa magie en public. Il était nouveau dans ce village et il s'était déjà assez fait remarqué.
La proposition que l'homme avait formulée était la bienvenue. Proposer le gîte à de nouveaux arrivants, était une aubaine.

"Hem, merci beaucoup mon brave, nous acceptons avec joie votre invitation."
Dit-il avec un minimum de courtoisie, comme pour essayer de corriger l'attitude grossière de son compère, a qui ça ne dérangeait pas d'exagérer outrageusement de l'hospitalité d'un inconnu.

Puis le Mulan se tourna vers N'Jini qui était venu lui parler. Elle était toujours aussi mystérieuse et son attitude ne trahissait aucune de ses intentions. Mais un son intuition lui disais de la surveiller du coin de l'œil. Elle ne semblait peut-être pas malintentionnée, mais il ne pouvait laisser de part au hasard.

"Oui nous avons été attaqués à peine arrivés en ville. Heureusement nous nous en sommes sommes sortis presque indemnes. Je ne connais malheureusement pas l'identité de nos assaillants. Savez-vous ce qui qui se passe ici? Ça a l'air d'être un peu la panique."

Narration

14 martel 1373 le début de la nuit

L'homme qui venait de faire la proposition sourit de tout son long. C'était comme une éclaircit dans une journée maussade. Ils sortirent tous de la bâtisse et se dirigèrent vers une autre maison, aux dimensions beaucoup plus modestes. Leur nouvel hôte les fit entrer dans ce qui était selon toute vraisemblance sa demeure. L'intérieur était simple et plutôt chichement meublé. Il n'y avait que le strict nécessaire. Sur les murs on pouvait voir des murs en mauvais état mais non encore troué. La seule source de chaleur provenait d'une cheminée placée bien au centre de la pièce, où s'échappait une fumée âcre et noire qui fort heureusement n'envahissait pas la pièce. Une petite ouverture dans le toit de paille et de bois permettait son évacuation. Dans le fond de la pièce se trouvait plusieurs lits chacun séparés par des morceaux de tentures rapiécées mais assez joliment, ce qui faisait contraste avec le reste de la maison. Sur le mur en face de l'entrée, se trouvait du matériel de pêche accroché ainsi qu'un grand filet prévu pour la pêche au gros. Sur le feu actif se trouvait du poissons en train de frire ainsi qu'une marmite assez importante. Une fois tout le monde entré il referma rapidement la porte en se frottant les mains.

-Brrr, pas un temps à rester dehors croyez-moi. La nuit s'annonce glaciale et je n'ose pas imaginer ceux qui dormiront à la belle étoile. Mais heureusement nous seront bien au chaud ce soir. Mais installez-vous nous allons passer à table. Il ne faudrait pas que le repas brûle n'est ce pas.

Il les disposa tout autour de la table, leur distribuant une écuelle et une cuillère à chacun. Les chaises étaient solides quoique pas très confortables mais l'essentiel n'était pas là. Un délicieux fumet provenait de la marmite et le doux parfum se révéla être une sorte de soupe aux poissons avec des gros morceaux de pain cuisant avec. Tout en servant une bonne portion à chacun il continua.

-Hé ben dites donc, une chance que des aventuriers de votre trempe soit venu ici. Sans ça on y passait tous. Remarquez l'ermite nous a bien aidé, c'est pas courant, d'habitude il est un peu sauvage. Oui ma p'tite dame sauvage que je vous dis.

Il pointa N'Jini de sa louche aspergeant sa table qui n'avait pas été lavée récemment en voyant les tâches dispersées ici et là.

-Mais c'est pas un mauvais bougre, par contre il aime pas qu'on vienne l'embêter. C'est un vieux garçon si vous voulez mon avis. Cela fait trop longtemps qu'il vit tout seul dans ses montagnes. Alors pour vous répondre, je ne sais pas où il habite, faudra attendre qu'il revienne. Il passe de temps en temps pour faire son marché et des fois même qu'il ramène des trucs aux enfants qu'il a trouvé là-haut. C'est tout ce que je peux vous dire sur lui j'crois bien. Enfin on ne sait jamais demandez moi p't'être que j'sais queque chose d'autre.

La soupe était bonne et appétissante. Il était clair que les talent de cuisinier de leur hôte n'était pas comparable avec la qualité de propreté de sa maison. Au moins, ils seraient au chaud et bien nourris à défaut d'autre chose.