L'or et le Sang à Morteneige, Là où on trouve de l'or, tout va mal

Ce qu'il en pensait, ce qu'il en pensait ... un ordre restait toutefois un ordre, et le prêtre se leva pour faire le tour de la table, gardant les yeux fixés sur les volontaires, d'abord ceux qui étaient directement à leur table, puis les autres, auxquels il n'avait jamais fait attention depuis leur arrivée dans l'auberge.

Evaluer un individu d'un seul coup d'œil, fusse cet individu saoul, n'était pas chose facile, et avec le bruit ambiant, le prêtre se livrait difficilement à l'exercice. Oh bien sûr, il pouvait se satisfaire d'une estimation physique des volontaires, du moment où il ne s'agissait - dans le fond - que de remettre quelque ordre à Morteneige ; mais bien qu'il ne connaisse pas aussi bien que Belgos son nouveau supérieur, Kebur estimait que ce dernier demandait une évaluation plus complète que celle fournie par un simple regard.

Après avoir fait de nouveau quelques tours de table, avoir regardé sous toutes les coutures les demandeurs d'emplois, il se rapprocha de Kurtik, et murmura à son attention :

- A ce léger mot d'humour qu'il s'autorisa, il rit quelques instants, avant de se remettre à son rapport, avec tout autant de sérieux. Quant aux deux autres, je ne peux rien affirmer d'autre que ce que le visu nous apprend : deux costauds qui feront, à mon avis, l'affaire. Non, je pense que vous avez bien choisi commandant, nous serons complémentaires.

Et sur ces derniers murmures, il regarda avec un sourire l'humain qui dormait sur la table, avant de regagner sa propre place, sa chope et sa pipe, et de se remettre à observer les deux autres mercenaires engagés, des fois que Kurtik ne demande d'autres précisions ...

-Je me bas, avec ... un espadon ! Dis fièrement Soran en posant maladroitement son épée sur la table alors que les effets de l'alcool commençaient à faire effet peu à peu. La lame ne lui avait jamais paru aussi lourde, et il douta une fois de plus de sa capacité à l'utiliser efficacement.

-Et puis je sais faire des choses comme ça aussi.

Malgré l'état plus ou moins second dans lequel il s'enfonçait, il s'adonna à ce qu'il n'aurait jamais fait en étant tout à fait sobre. Il leva gauchement la main vers le plafond et ferma les yeux en se remémorant comment il avait fait la dernière fois qu'il avait du utiliser cette faculté. Ça lui rappelait les conseils de son père. Les longs moments de concentration qu'il avait jadis endurés pour arriver à fabriquer la moindre étincelle magique. Ses efforts avaient été payant car maintenant, il possédait une maitrise suffisante à lancer certains sorts de manière presque instantanée. Parfois, il se rendait même à peine compte qu'il les employait. Travail et pré-disposition, c'était la recette de la réussite. Ce pouvoir magique, c'était l'âme de la Damarie. Les étendus gelées et sèches. Il grommela quelques jurons à l'adresse de ce sort qui ne voulait pas arriver aussi vite que prévu. Enfin, il lança de sa main libre sa choppe vide vers le ciel et tenta de la viser.

Après cet essai, et sentant la fatigue et l'alcool le tirailler, le vengeur se leva. Et se sentit retomber la seconde d'après. Il lutta de toutes ses forces contre la sensation de chaleur engourdissante. Et resta debout en s'aidant tant bien que mal de son épée comme d'une canne de fortune. Il avait à peine conscience qu'il ne marchait pas droit, et qu'il pouvait s'effondrer à n'importe quel moment. Il ne pensait qu'à une chose, ne voulait qu'une chose. Il fallait que cette soirée finisse, s'il voulait garder sa fierté en bon état. Difficilement, il arriva jusqu'au comptoir qui l'avait vu venir de cela quelques heures, en bien meilleure condition. Il déposa à son tour une pièce d'or qu'il avait cherché à tâtons dans sa bourse.

-Où est ma chambre ? La voix rendue désagréable par l'ivresse tentait plus ou moins que se faire sympathique, sans y parvenir. Ne sortit qu'un gargouillement rauque désirant un lit, et vite.


Soran tente de lancer rayon de givre et vise la choppe.

- J'aimerai que tu parles en commun Kebur! J'aimerai fortement que tu le fasses pour éviter tout quiproquos, une remarque qui ne se voulait pas insultante pour le demi-elfe mais qui était justifiée par le bon sens. Cela ne générait en aucune façon l’A’Tel’Quess d’utiliser de l’espruar à tout bout de champ si cela devenait nécessaire, et par défi s’il le fallait.

Soudain quelque chose attira l’œil du combattant des marches.

- Imbécile !

Le mot avait fusé de la bouche du frère de la marche tandis qu’il voyait un humain, celui qui répondait au nom de Soran, un irresponsable agir comme un écervelé notoire. Les traits de Belgos se figèrent. Il fronça les sourcils et il inspira profondément pour éviter de lancer une réplique plus percutante et envoyer à terre celui qui prétendait se joindre à eux.

Il darda son regard sur le chef de la phalange de l’Ours et voulut lui murmurer quelques mots mais il préféra au final s’abstenir car l’officier savait ce qu’il avait à faire. Ce Soran était pitoyable et Belgos n’était pas du genre à aimer les gestes inconsidérés pourtant il savait que Kurtik allait l’engager, le nain n’avait pas le choix. Il faudrait donc qu’il garde à l’œil ce Soran et au besoin calmer un peu ses ardeurs car pour lui la sécurité du futur groupe passait avant tout…

Belgos Dalaèl recula et sans un mot pour la compagnie, décida d’aller se coucher….

Garjzlasa était posé sur le banc, le coude sur la table. L’autre bras reliait la pinte de bière de sa bouche a la table, a intervalles réguliers. Malgré quelques signes, Garjzlasa ne sentait pas spécialement les effets de l’alcool. Un léger sourire heureux avait pris place au dépend de la mine sérieuse de début de soirée. Il se sentait a la table, mais aussi dans la table, et intégré a part entière dans cette dernière. Sirth, lui, avait trouvé quelques petites choses a grignoter dans l’assiette de son maître, qu’il avait laissé a son intention. Il avait passé le restant de son temps a courir près de Garjzlasa, et a échanger des commentaires sur les autres avec ce dernier.

¤Tu vois, Sirth, y a de la concurrence finalement… tu pense quoi du gros demi-orque ? Oui…je pense qu’y sera pris aussi… Et l’autre ?… Non pas Soran, l’autre !… C’est vrai, il a un bel arsenal… lui sera sûrement pris, ne serai ce a cause de son matériel.¤

Puis il se tourna vers Soran, avec le dégoût qui allait avec le fait de voir ce personnage devenir un tout autre homme après quelques bières. Il avait l’air effectivement malmené, et il ne fut pas surpris de le voir monter se coucher, titubant. Garjzlasa n’aurai pas été étonné de ne voir tomber dans son élan.

¤Notre Soran change vite avec quelques choppes, ein ? J’ai bien aimé son petit tour de magie, même si ça laisse a désirer, vu son état… Oui, ça tu l’a dis, Sir’, il est mal parti ! …Moi aussi, je le préfère comme ça.¤

Puis, prenant en compte la demande de son futur employeur, il se tourna vers ce qui lui apparaissait comme un jury. Il s’agissait de faire bonne impression. Se grandissant, relevant le buste, et prenant l’air le plus sérieux et le plus faux du monde, il se lança dans une présentation élaborée, mais quelque peu surclassée.

-Je suis un jeteur de sorts, d’un niveau suffisant a rendre ma magie utile en combat. Ensorceleur, l’évocation me connaît, et je me rend efficace a distance autant qu’au contact. Si l’épuisement se fait sentir, ou que ma magie n’est plus accessible, il me reste tout de même ma lance, et mon arbalète. J’ai aussi un peu d’expérience dans la récolte d’informations.

Il se dit que cette approche de lui même vis a vis des autres ferait miroiter une bonne image de sa personne. Sirth était remonté sur son épaule, cherchant a avoir une quelconque importance dans la présentation. L’assiette qu’il occupait il y a à peine 10 minutes était maintenant vide, blanche et astiquée. Un travail de professionnel. La journée de demain se voulait prometteuse…

Onzième jour du Coeur de l'Hiver, année des Dragons Renégats
11 martel 1373 (CV)

Lieu : La Fourche, Marches d'Argent
Temps : nuageux, risque de pluie, 8°
Moment : vers 19h30, début de la nuit





Narration Amur :


a salle commune de l’Auberge de la Fourche résonnait toujours de nombreuses conversations suite à l’appel à volontaire du chef de la Phalange de l’Ours. De plus, les serveuses ne cessaient d’apporter des choppes de bières et des verres d’alcool en grand nombre. L’atmosphère des lieux s’échauffait donc rapidement. Cependant, les propriétaires des lieux exerçaient une surveillance constante, ne manquant pas de remettre à leurs places ceux qui commençaient des débordements.

A sa table, Kurtik promenait toujours ses yeux sur les différentes personnes de la salle, espérant capter le regard d’un nouveau volontaire. Quatre, c’était déjà un nombre intéressant. Mais si la situation s’avérait difficile à Morteneige, il lui faudrait plus de combattants à ses côtés.

- Ah ! murmura-t-il.

La porte de la salle commune venait de s’ouvrir sur Irvag suivit d’un humain de bonne taille, et d’une condition physique qui l’intéressait.

¤ Voilà un guerrier qui a de l'allure. ¤

Il le vit s’asseoir immédiatement à la dernière place libre d’une table située non loin de lui.

Amur, qui n'avait pas remarqué le regard de Kurtik, salua les autres convives. Puis il écouta leurs conversations, sentant monter en lui une certaine excitation.

- De qui parlez-vous ainsi ? s’enquit-il poliment.

Le demi-orque qui s’était porté volontaire quelques minutes plus tôt, tendit un doigt en direction de Kurtik, sans prononcer un mot.

Les regards de l’humain et du chef de phalange s’entrecroisèrent.

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XP à jour

Amur avait quitté le Basion de la Compagnie des Marches quelques jours plus tôt, profitant d'une permission assez longue pour se rendre à la citadelle d'Adbar. Ce haut lieu des Marches, renommé partout pour la qualité de ses forgerons, ne pouvait qu'attirer guerrier tel que lui, d'autant plus que ledit guerrier apprenait peu à peu le métier de la forge. C'est ainsi qu'il était parti à pieds, parcourant les territoire qu'il avait appris à connaitre depuis les deux dernières années. Encore que connaitre soit un bien grand mot, il ne s'était guère éloigné des grands axes de communiaction.

Toujours est-il que, malgré le temps passé dans les Marches, le Chessentan avait du mal à s'habituer aux rigueurs du temps dans le nord, lui qui venait d'un pays que l'on pouvait qualifier de chaud si l'on était porté sur l'euphémisme. C'est pourquoi, lorsqu'il apperçu l'Auberge de la Fourche, il bénit intérieurement le tavernier qui avait eu la bonne de s'établir là, et accéléra le pas pour protiter de la chaleur de la salle commune, laquelle était d'ailleurs bien remplie.

En plus d'être bien remplie, il se rendit vite compte que l'animation qui régnait dans l'endroit était quelque peu inhabituelle. Après quelques minutes d'observation silencieuse, durant lesquelles il sentait monter son intérêt, il s'enquit alentour de la personne sur laquelle portait la discussion et l'un des convives, un demi-orque, lui désigna un nain assit à une table proche avec quelques autres convives. En quelques secondes, plusieurs choses qui lui avaient échappé lui sautèrent au yeux : d'abord, ledit nain le regardait. Ensuite, deux des convives attablés à cette table(dont le nain) étaient comme lui membres de la Compagnie des Marches. Enfin, il devait y avoir un mage dans les parages, à moins que le nain n'apprécie immodéremment le givre ...

¤Des confrères des Marches, tiens donc ... Mais, le demi-elfe,là ... Son visage, sa voix ... AH ! oui! Bien sûr, la phalange de l'Aigle ! Ouh, ça date un peu ça. J'ai du le croiser à mon arrivée, peut-être au parloir... Non, non. Ce devait être à l'extérieur, en mission. Bah, ça me reviendra ...¤

Tout en fouillant dans ses souvenirs, Amur s'était approché de la table et s'adressa aux convives, avant de se tourner vers le nain.

- Bonjour à vous. Je n'ai pas l'honneur de vous connaitre tous, déclara-t-il avec un regard pour le demi-elfe qui déjà s'éloignait, mais il me semble que plusieurs d'entre vous font partie de la Compagnie des Marches, et j'ai cru comprendre que vous cherchiez du renfort. Puis-je vous être utile ?

Onzième jour du Coeur de l'Hiver, année des Dragons Renégats
11 martel 1373 (CV)

Lieu : La Fourche, Marches d'Argent
Temps : nuageux, risque de pluie, 8°
Moment : vers 18h50, début de la nuit

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Soran lance sort rayon de givre sur choppe
Test de concentration de Soran DD15 : 17(dé) + 6(CON) - 2(ivresse) = 21:Réussite
Jet rayon de givre : 15(dé) + 3 = 18 vs 19:Echec

Narration Tous :


urtik écouta attentivement l’analyse de Kebur sur les deux personnages qui venaient de se porter volontaire à la table. L’avis du prêtre rejoignait le sien.

- Nous pensons la même chose, lui glissa le chef de phalange avant qu’il retourne à sa place.

Kurtik se tourna vers Belgos, attendant qu’il lui délivre une description proche de celle qu’on venait de lui fournir. Mais l’elfe fit savoir à voix haute son opposition à l’usage du nain par Kebur. Et s’il voulait donner son avis sur les volontaires, il ne le put en raison d’un coup d’éclat dont Soran se révéla l’auteur.

L’ensorceleur, malgré son ivresse, ou peut-être justement en raison de son ivresse, avait décidé de prouver ses capacités à lancer un sort. Tanguant dans tous les sens, il s’était saisi d’une choppe qu’il avait lancé en l’air. A voix haute, il réussit à proférer l’incantation et... la choppe devint seulement très froide. Heureusement pour les convives, elle n’explosa pas en milles morceaux.

Cependant, la lourde choppe subit la loi de la gravité et retomba avec force sur la table. Brisant une assiette, des restes de nourritures se trouvèrent projetés sur Kurtik. Si celui-ci vit rouge l’espace d’un instant, un rire sonore fini par le secouer.

- Ah ! Ah ! Celle là, on ne me l’avait jamais fait, affirma-t-il en essuyant son armure souillée par une projection de légumes.

Soran, trop ivre pour se rendre compte de son forfait, s’éloigna d’un pas peu assuré, marmonnant qu’il voulait une chambre.

- Belgos ! appela le chef de phalange, l’elfe ayant rejoint le comptoir afin de s’enquérir d’une chambre. Voit avec les patrons pour avoir une grande chambre à notre disposition, et montes-y notre vaillant jeteur de sort. J’espère qu’il s’y prend mieux quand il est à jeun.

Garjzlasa prit alors la parole. Désireux de faire meilleur impression que Soran, l’ensorceleur choisit soigneusement les mots qu’il prononça.

- Hé bien mon gars, s’esclaffa Kurtik, j’espère que tu feras mieux que ce jeune gars. Mais bon, il a les circonstances atténuantes. Tu viens de m’entendre parler d’une grande chambre que je souhaite utiliser pour nous. Tu pourras y dormir, à mes frais bien évidemment. Il en va de même pour ce repas. La solde que tu recevras de la Compagnie à la fin de ta mission, ne sera pas mirobolante. Mais en attendant, tu n’auras plus aucun frais pour le gîte et le couvert. Ceux qui le veulent, vous pouvez monter dormir. Demain, nous partons à l’aube.

Le nain vit alors s’approcher le guerrier dont il avait remarqué l’arrivée peu avant. Un sourire appréciateur étira ses lèvres.

¤ Ah ! Je sens que voici un nouveau volontaire. ¤

Il écouta l’humain les saluer et se proposer.

- Salutations, l’ami. Toutes les bonne volontés sont les bienvenues, lança Kurtik d’une voix enjouée. Mais... fit-il étonné en remarquant à un doigt d’Amur, la chevalière de la phalange de la Licorne. Mais, tu fais partie de la Compagnie !

Baissant d’un ton, obligeant le guerrier à se pencher, il murmura :

- Que fais-tu là ? Tu es en mission ?

Pendant ce temps, obéissant à son chef, Belgos avait obtenu d’Irvag la clef d’une chambre pouvant accueillir dix personnes et un chandelier. Quelque peu exaspéré de devoir s’occuper de Soran, il rejoignit celui-ci, affalé sur le comptoir.

- Une... Une... chambre... baffouillait l'ensorceleur qui tourna un regard étonné vers l'elfe quand celui-ci le saisit par le bras et le poussa en direction de la porte que l'on venait de lui indiquer.

- Avance ! lança Belgos sans brusquerie, mais sans chaleur.

Après quelques difficultés à monter la volée de marches étroites menant au premier étage vu l'état de Soran, l'elfe ouvrit bientôt la chambre portant le numéro 5. A la lumière tranblotante de la bougie, une longue pièce apparue, dotée de cinq lits alignés de chaque côté, et au fond d'une petite table sur laquelle trônait une vasque et une cruche d'eau.

Belgos jeta sans ménagement l'humain sur un lit, sans un mot et avec brusquerie. Une fois cela fait, le demi-elfe referma la porte et redescendit dans la salle se dirigeant d'un pas ferme vers le chef de la phalange de l'Ours occupé à discutter, il ne prêta aucune attention à ceux qui l'entouraient et se présenta à la table du nain, les deux mains posées devant lui, le regard rivé sur le fils de la pierre.

- Je vais être très clair avec vous commandant, je ne suis ni votre serviteur ni votre bonne à tout faire. J'aimerai à l'avenir que vous ne l'oubliez pas, je suis peut-être sous vos ordres actuellement, insista Belgos en rencherissant, mais veillez à ne pas dépasser les bornes, j'attends de vous un commandement clair, juste et respectueux. Si vous avez à l'avenir besoin qu'on vous monte vos bagages ou autre chose, demandez aux personnes compétentes. Chacun son métier. Mes respects commandant.

Sur ces mots, il se détourna, la colère déformait ses traits et il regrettait de ne pas être aux côté de Shevarra..Mais Kebur faisait désormais partie de la Compagnie et de sa phalange, il se devait de rester ici mais une chose était certaine, il n'accomplirait aucune action qu'il jugerait indigne de lui où qu'on lui assignait sur un ton inaceptable. Il ne dormirait pas dans la chambre commune préférant l'écurie....

C'est ainsi que le lendemain matin, après une nuit passé seul, un luxe qui n'était pas pour lui déplaire. Il rejoignit la salle commune de l'auberge, se rendant directement au comptoir pour commander quelque chose à manger et attendre ses futurs compagnons d'aventures. Il était tôt, Belgos se sentait en forme. Il avait vérifié son équipement. Pour lui tout était prêt. Il ne doutait pas un instant que cette nouvelle matinée allait se montrer d'entrée de jeu très interessante.

Visiblement, Amur avait raté une sorte de démonstration plus ou moins réussie. Apparement l'oeuvre de l'homme ivre emmené à l'étage par le demi-elfe. Décidement, sa mémoire lui jouait des tours. A quelle occasion l'avait-il donc croisé ? Il le saurai probablement plus tard, mais l'expression qu'il arborait le dissuada de l'aborder pour l'instant.

Toujours est-il que le nain, portant une chevalière aux armes de la phalange de l'Ours, l'interogea sur les raisons de sa présence dans cette auberge qui, pour n'être pas riante, n'en était pas moins accueillante. Il s'avançait légèrement pour converser avec lui avec la discrétion qu'il semblait souhaiter, lorsque le demi-elfe redescendit dans la salle commune et délivra au nain un message qui avait au moins le mérite d'être clair. Au moins, la tirade avait permis à Amur de comprendre un peu mieux la situation : différentes phalanges impliquées, l'engagement de mercenaires et quelques tensions. Ou il se trompait lourdement, ou il était arrivé un imprévu.

En tout cas, Amur répondit au nain, de toute évidence le commandant, avant que celui-ci ne laisse parler le légendaire caractère nain. D'une part, lui répondre était la moindre des courtoisies et d'autre part, un esclandre dans la salle commune n'était pas vraiment souhaitable ... D'autant plus qu'il valait mieux laisser les esprits se calmer pour le moment.

- Non, je suis ici par hasard. Je profitait d'une permission pour me rendre à Adbar. J'ai cru comprendre que vous cherchiez des hommes supplémentaires, et je ne pense pas qu'une visite à Adbar justifie de vous ignorer sans même proposer mon aide. Aussi, si vous en avez besoin ...

Amur laissa sa phrase en suspens, se doutant que le nain avait compris sa situation. Après tout, les nains étaient connus non seulement pour leur caractère, mais aussi pour leur solidarité.

Avec un léger rictus de dégoût, le prêtre assista aux déboires de l'ensorceleur. Après cela, il voulut s’excuser auprès de Belgos pour son emploi exclusif de la langue naine, mais il n’en eut guère le temps, car sitôt le show de l’ensorceleur terminé, il reçu de la part du commandant un ordre qui sonnait creux ... monter le petit malin dans sa chambre ? N'y avait-il donc pas des serveurs pour cela ?

Mais il était commandant, et le fils de Moradin retourna bien vite aux derniers restes de son assiette, sans faire aucun commentaire, de peur que son intégration récente ne soit révoquée. Connaissait-il les véritables humeurs de Kurtik après tout ?

Belgos redescendit quelques minutes plus tard, et Kebur sut quand il vit ce dernier se rapprocher à grand pas de la table commune qu'il avait en tête de remettre les points sur les i ... Malgré cela, le jeune prêtre ne put s'empêcher d'esquisser un sourire pendant la remontrance que son ami adressa au commandant, tant la situation -sans être comique- était quelque peu ... inhabituelle. Quand ce fut finit, le nain adressa un signe de tête en guise de bonne nuit à Belgos, et décida qu'il était temps pour lui aussi de monter dans la chambre.

La nuit, sans être d'un luxe royal fut agréable, et Kebur descendit le lendemain matin frais et dispos pour la journée -longue vraisemblablement- qui s'annonçait. Déjà Belgos était dans la salle commune, une assiette encore fumante et à peine attaquée devant lui. Après un bref salut à ce dernier, il commanda un petit-déjeuner et alla s'installer en face de son compagnon de longue date.

-Bon appétit mon ami ! J'espère qu'ils ne vont pas trop tarder tous, il serait bon d'attaquer la journée tôt, tant elle s'annonce remplie ! Bien dormi sinon ?