L'or et le Sang à Morteneige, Là où on trouve de l'or, tout va mal

Durant la marche de retour, le sujet de la discussion avait vite dévié. Sur un terrain délicat sur le guerrier, d'ailleurs, son passé. Sur le coup, il s'était replié dans le silence, faisant mine de n'avoir pas entendu la question. Il n'aimait pas pensé à ce qu'il avait été, et se rendait compte qu'il n'aimait pas l'Amur d'antan. Son silence se prolongea, peu à peu, jusqu'à leur arrivée dans la taverne.

Mais l'esprit du guerrier n'était pas resté inactif. Pendant qu'ils marchaient, sa conscience le torturait, rongeant peu à peu ses réticences. Il se retrouvait, moralement, dans une situation qui ne manquait pas d'ironie : lui qui reprochait tant son attitude à Kerlomar, voilà qu'il la reproduisait inconsciemment ... Il se faisait cette observation lorsque Kurtik leur donna congé. Un peu gêné, le jeune homme s'approcha du sonnlinor, pour lui parler en évitant de déranger leurs supérieurs, près de là.

- Pardonnez mon impolitesse, je vous prie. Je ... J'ai du mal à parler de mes origines. Parfois, j'y repense et je souhaiterai en parler, mais c'est ... difficile. Vous permettez, demanda le guerrier en sortant sa pipe et sa blague à tabac ?

Tout en bourrant sa pipe, il continua de parler, brisant peu à peu ses gênes.

- C'est en partie pour ça que je suis monté si loin au nord. Je voulais prendre du champ, avoir le temps de réfléchir. Ou d'oublier, dur à dire. Mais j'ai pas pu oublier, ça me revient toujours. Enfin...

Le guerrier proposa sa blague à Kebur avant de lacher :

- Je viens de Chessenta. Je vivais à Akanax ...

Comme si ce nom voulait tout dire, le guerrier attendit, tendu, les réactions que lui vaudraient son aveu. Rarement avaient-elles été bonnes ...

-Vous parler de Soran?

Le demi-elfe avait dit cela avec un sourire forcé. Le rôdeur devait bien avouer qu'il aurait aimé se passer de parler de l'humain, vraiment, rien que le nom évoquait en lui un soupçon d'irritation. Mais s'il fallait en passer par là. Il détourna la tête et croisa le regard amical de Kebur, qui se tenait respectueusement en retrait. Amur se trouvait là aussi et Garjzlasa. Kerlomar lui avait disparu, rien d'étonnant à cela, peut-être était-il allé vomir quelque part? Bref ils le retrouveraient bien assez tôt.

- Soran? Soran, Soran. L'homme a fait le choix de nous quitter à notre départ de Morteneige, sans explication. A mon avis, mieux valait-il qu'il le fasse maintenant que plus tard alors que sa présence serait devenue indispensable à notre groupe. Il ne nous manquera pas commandant, je peux vous l'assurer.

La voix du demi-elfe était posée, le ton clair. Cette fois il plissa les yeux. Le recrutement était une chose délicate et incombait à Kurtik. Reprenant d'un ton cette fois plus bas.

- Notre groupe est désormais solide enfin une ou deux lames de plus ne seraient pas de trop, je le pense sincèrement surtout après les révélations de la Gardienne de Marthammor et sa doléance, celle de nettoyer des mines de la présence d'un groupe d'adorateur d'un culte sombre, il n'en dit pas plus, elle réclame notre aide et sans l'avoir assurée que nous ferons le nécessaire, je lui ai confirmé cependant que je vous ferais part de sa demande commandant.

Une journée et une nuit? C'était bien ce que venait de dire Kurtik? Donc à leur mission pour l'Hospice , que le nain allait accepter selon toute vraisemblance, venait s'ajouter une autre mission? Le nain se montrait d'un optimiste désopilant, vraiment.

- Sans vouloir me montrer irrespectueux commandant, je pense que cela va nous prendre pas qu'une journée pour parvenir à bout de cet ennemi, et encore je suis gentil là! Aussi nous faut-il un groupe solide même si nous avons la chance d'avoir des hommes motivés et prêt comme de Kerlomar dont la présence parmi nous n'est pas fortuite....

Belgos avait choisit ce moment pour aborder le sujet de cet homme.

- L'homme est en mission, laquelle? Nous l'ignorons mais s'il s'est dévoilé un peu à l'hospice, il l'a fait à dessein et maintenant qu'il sait que nous savons, il ne devrait pas tarder à vous entretenir de ses véritables motivations ou au moins ce qu'il peut raisonnablement dire et de la façon dont il va allier l'utile à l'agréable. D'autant qu'il possède un informateur dans cette ville...

L'utile? C'était accomplir sa mission, l'agréable, même si l'homme s'en défendrait certainement, c'est qu'il avait au moins trouvé une compagnie d'aventurier qui pourrait l'y aider.

- Voilà ce que je peux vous en dire commandant, à moins que mes compagnons désirent apporter des précisions?

Il se tourna vers les deux humains et Kebur. Ils pouvaient prendre la parole s’ils le voulaient. Ensuite il était temps d'aller faire quelques achats, puis de se détendre l'espace d'une heure ou deux dans une taverne pour qu'ils puissent discuter. Kerlomar n'étant pas, l'occasion était belle de s'accorde un peu de répit en compagnie de son ami Kebur et d'apprécier la compagnie d'Amur et pourquoi pas de Garjzlasa maintenant qu'il savait l'homme doué de parole. Oui c'était une belle occasion pour les quatre membres de la compagnie.


Belgos sinon reste avec Kebur et Amur. Comme j'ignore ce que va faire Garjzlasa, je le laisse opter pour la meilleure solution s'il vient avec nous pas de soucis. Moi je désire renouveler ensuite mon stock de flèche de guerre.

Rejoignant le gros de l’équipe, Garjzlasa marcha silencieusement jusqu'à Morteneige, prêtant attention a la conversation sur les origines de Amur. D’abord embêté, voyant l’humain renfermé sur son sujet tabou, il préféra ne rien dire, évitant d’aggraver la chose. Mais l’ensorceleur soutint toujours son attention à l’égard du guerrier, et ne manqua pas sa déclaration. Malgré la tête de l’homme, l’ensorceleur ne parvenait pas a saisir le sens de son expression faciale, comme s’il avait peur d’une quelconque représailles.

¤Un mulan ? Pourquoi pas… Mais ou peut bien se situer ce pays…¤

Garjzlasa n’avait en effet aucune connaissances concernant la géographie de faerun, et l’ignorait complètement. Il attendit donc une réaction du nain, espérant en tirer quelque chose. Mais il eu la déception de se sentir encore une fois exclu. Suite a la discussion avec Belgos, il alimenta la conversation du mieux que possible.

-Pardonnez mon ignorance , mais mis a part que vous soyez mulan, je ne vois pas du tout ou se situe la Chessenta… Pourriez vous m’éclairer, comme vous avez l’air de connaître le coin. Attendant une réponse, il ajouta : Au fait, je ne connais pas la région non plus… Je viens du nord des îles Moonshae, mais j’ai principalement vécu à Eauprofonde.

Espérant s’intégrer quelque peu dans la conversation, il voulu donc parler de lui pour se faire connaître. Arrivant ensuite auprès de Kurtik, il écouta distraitement le rapport de Belgos, et écarta toute objection ou complément de sa part d’un bref signe de tête.

¤Un petit temps pour se familiariser avec le groupe ne serait pas de trop…¤

Tout en essayant d’intégrer la discussion avec ses compagnons de route, Garjzlasa les suivi sans se poser plus de questions, n’ayant rien à acheter pour l’instant. Sirth dormait toujours…

HRP : Garjzlasa suit le groupe et discute. Rien d’extraordinaire.

Après avoir refusé l'offre de tabac que lui faisait Amur, le prêtre écouta attentivement le guerrier. Ses intonations, sa voix, ses gestes même trahissaient le trouble qu'il éprouvait à parler de son passé, fut-il récent.

Kebur ne connaissait que très peu le Chessenta tant les lectures qu'il avait pu avoir sur le sujet furent peu nombreuses, et peu précises. De ce dont il se souvenait, le Chessenta reposait sur un principe de villes-états qui possédaient chacunes leur propre système gouvernementale et leur propre système législatif. La soi-disant capitale était nommée Cimbar, et c'était autour d'elle que gravitaient les autres cités, qui ne portaient aucun nom dans sa mémoire. Akanax ne lui disait pas grand chose de plus, sinon peut-être une vague histoire de tyrannie ou de junte militaire ...

Toujours est-il que Kebur su gré à Amur de lui avoir confié de tels souvenirs qui lui semblaient si douloureux à évoquer. Etre un guerrier dans une cité dirigée d'une main de fer par un tyran militaire ne devait guère être très joyeux, et les réticences d'Amur ne présageaient rien de bon quant à son rôle dans cette dictature.

-Un Chessentien ! Amur, vous me voyez encore plus ravi de vous connaître. Jamais je n'ai eu l'occasion de parler à un chessentien ni même d'étudier les moeurs et coutumes des cités qui composent ce pays.

Le sonnlinor ne dévia pas sur Akanax mais plutôt sur un sourire, qu'il espérait plus chaleureux et plus rassurant. Puis il enchaîna sur son propre passé :

-Eh bien, voyez, je ne suis pas né bien loin de chez vous. Je viens des Montagnes Osraunes dans le Turmish, et je dois avouer n'avoir jamais passé le Bief de Vilhon vers le sud, ce qui explique que toute cette partie du monde me soit inconnue, et dont la connaissance ne repose que sur les lectures potentielles que j'ai eu sur le sujet.

En entendant la voix de Garjzlasa, le prêtre se réjouit qu'enfin il se rapproche du groupe, et essaya autant que faire se pouvait d'expliquer à l'aquafondien où se situaient leur régions d'origines.

-Eh bien Garjzlasa, voyez. Depuis les îles Moonshae, vous partez à l'est. Vous traversez donc la Mer des Epées, puis l'Amn. Et après avoir passé la vallée qui sépare les deux chaînes de montagnes Pas de Géant et Floconeigeuses, vous arrivez directement en Turmish, là d'où je viens. Les montagnes Osraunes constituent la chaîne principal de ce pays, et on ne peut les manquer sur une carte. Entre les deux chaînes Pas de Géant et Floconeigeuses, de nombreux fleuves se rejoignent pour former un lac, lac qui donne un peu plus au sud-est ce que nous nommons Bain Profond, qui devient à son tour le Bief de Vilhon si nous poursuivons vers l'est. Ce Bief constitue la limite sud du Turmish, et la limite nord du Chondath. Dans la partie est du Chondath se trouve une mer, la mer Akana il me semble - Amur, corrigez moi si je me trompe-. Cette mer constitue une frontière naturelle entre le Chondath et le Chessenta. Quant à situer Akanax, je dirais à tout hasard à quelques lieux à l'intérieur des terres depuis la mer Akana ! Voilà, vous savez tout ! Mais dites-moi Garjzlasa, les bibliothèques d'Eauprofonde sont-elles si grandes et si fournies qu'on le dit ? Je n'ai jamais eu l'occasion d'...

Ce fut ce moment que choisit Belgos pour se tourner vers eux et leur demander leur avis. N'ayant suivi la conversation entre lui et Kurtik que d'une oreille distraite, le prêtre ne savait quoi ajouter, mais il avança tout de même d'un pas en direction de Belgos et de Kurtik :

-Commandant, sauf votre respect, je tiens tout de même à exprimer mes réserves quant à l'embauche de nouvelles lames. Au sujet du culte, Belgos n'en avait dit que très peu, à moins que les oreilles du nain ne l'aient trompé, aussi fit-il de même. Ce culte sombre semble présent ici depuis un certain temps, et il doit avoir des oreilles dans toute la ville. Je ne doute pas qu'ils savent déjà que nous avons été missionnés pour nettoyer la mine, même si je m'explique mal comment ils pourraient savoir. Aussi commandant, je vous demanderai de faire preuve de la plus grande prudence si vous embauchez deux nouveaux hommes, et surtout de ne poitn trop en dire sans quoi un traître pourrait se glisser dans nos rangs. C'est là ce que je crains commandant. Permission de me retirer ?

Le nain avait toujours l'intention d'aller avec Belgos, et il espérait bien que ce dernier ferait le nécessaire pour ouvrir la marche et se diriger vers les échoppes où ils souhaitaient aller. Après mûre réflexion, les présences d'Amur voire de Garjzlasa pourraient renforcer d'autant plus les liens entre les quatre compagnons ...

Douzième jour du Coeur de l'Hiver, année des Dragons Renégats
12 martel 1373 (CV)

Lieu : Morteneige, Marches d'Argent
Temps : nuages, éclaircies, - 5°
Moment : vers 16h20







Narration Amur, Garjzlasa, Belgos, Kebur et Kurtik :

Kurtik fulminait en son fort intérieur, mais ne le montrait pas. Le désistement, que dire, la désertion de Soran, le touchait au plus profond de son âme de soldat. Tout homme pouvait choisir de quitter la Compagnie quand il le voulait. Mais il devait le faire au grand jour, pas en disparaissant dans une tempête de neige.

Aussi Kurtik se focalisa sur les paroles suivantes de Belgos :

- Quoi ! Un culte sombre dans une mine. Tu m'en parleras plus précisément ce soir. Mais pour l'instant, je me suis déjà engagé vis à vis de la Dame Piqueglace.

Kurtik écouta le demi-elfe qui poursuivait, doutant que l'on puisse remettre de l'ordre à Morteneige en une journée et une nuit.

- Effectivement, Belgos, la tâche est grande. Mais si nous réussissons l'opération que j'ai prévu, la situation s'améliorera grandement, et peut-être que la milice de la ville pourra reprendre le dessus. Si c'est le cas, nous pourrons alors consacrer toute notre énergie à ce que tu viens de me révéler.

A l'écoute des révélations de Belgos sur Kerlomar, les sourcils du chef de phalange s'arquèrent de surprise :

- Que dis-tu ? Il est en mission. Je vais de ce pas le chercher et le cuisiner. Il me faut savoir qui est dernière moi. Sinon, je n'aurai jamais confiance en lui.

Kebur intervint à l'invite de Belgos. Kurtik trouva ses paroles fort sensées :

- Effectivement, un recrutement tel que je le fais peu attirer de tout, comme cela semble être le cas pour Kerlomar. Par contre, concernant le culte sombre, ceux qui en font partie sont plus ou moins reconnaissable tant le mal les marque. Je pense qu'ils auraient du mal à s'intégrer dans un groupe comme le nôtre. Tout au moins, je l'espère. Cependant, je n'oublirai pas ta remarque Kebur. Et pour commencer, je vais trouver Kerlomar pour avoir quelques explications. Allez ! Profitez de ce petit temps libre. Vous l'avez bien gagné, dit-il englobant Amur et Garjzlasa qui étaient restés silencieux en arrière.

Sur ce, Kurtik tourna les talonds et parti à la recherche de Kerlomar.





Narration Aziraphel :

L'heure du dîner approchant, la Taverne du Blason résonnait de nombreuses conversations. Une fois de plus, la porte s'ouvrit pour laisser le passage à un client. Quelques têtes se tournèrent pour regarder celui qui pénétra dans la salle commune. C'est surtout son tricorne et son cache-oeil stylisé qui attira les regards.

L'humain jeta un regard circulaire sur la salle au murs nus et sombres, au mobilier grossier, de longues tables entourés de simple banc. Cependant, une douce odeur de nourriture parvint jusqu'à ses narrines. Préférant le bar, le guerrier alla s'accouder au comptoir. Il jeta un regard en direction du propriétaire des lieux qui officiait derrière le bar, un humain obèse suant à grosses gouttes.

Obligé de patienter avant de pouvoir commander une boisson, son attention se reporta sur la salle, et particulièrement sur la table la plus proche où deux nains discutaient à voix forte :

- Je te dis, assura l'un d'eux, qu'il proposait un engagement provisoire dans la Compagnie des Marches. Il a parlé d'une mission, sans dire laquelle. En tous cas, ils ont besoin de renfort.

- Et tu t'es pas porté volontaire ? ricanna son vis à vis. Je te croyais toujours prêt à combattre.

- Cela m'a démangé, c'est sûr. Mais ma bourse s'arrondit tous les jours ici. Et c'est pas avec la paye sûrement petite d'un soldat que je vais nourrir mes cinq gosses et leur mère. Et qui sais si je vais pas trouver une énorme pépite. Hé regarde, c'est lui qui recrutait.

Aziraphel n'avait pas manqué un mot, et il suivit le doigt tendu vers la porte qui venait de laisser passage à un guerrier nain au physique impressionnant, et à la barbe fournie comme il se devait.

En effet, c'était bien Kurtik qui traversait la salle commune, cherchant Kerlomar du regard. Le chef de phalange avait espéré le trouver là. Déçu, il décida de boire une bière avant de tenter de le retrouver ailleurs dans la ville. Le nain gagna donc le comptoir et s'arrêta non loin d'Aziraphel, levant une main pour attirer l'attention du tavernier.

- Une bière, j'ai soif ! rugit-il pour couvrir le brouhaha ambiant.

Aziraphel avait décidé, il y a quelques temps déjà, de porter ses pérégrinations hasardeuses un peu plus au nord de ses campagnes habituelles. On lui avait maintes fois conté les éloges des Marches, mais n'avait jamais auparavant osé tenter le voyage, n'était pas particulièrement friand des climats nordiques. Mais il avait suffi qu'on lui dise, quelques temps plus tôt et tout à fait par hasard, que des filons juteux d'or avaient été découverts dans la région de Morteneige pour que ses pas se tournent immédiatement vers les Marches.

Non pas qu'il voulut vraiment chercher de l'or. C'était un métier bien trop contraignant pour lui, l'esprit libre et vagabond. Il fallait avoir patience, persévérance et endurance physique pour pouvoir espérer y faire quoi que ce soit, et là encore trouver quelque chose à proprement parler dépendait d'une grosse dose de chance. Certes, Aziraphel, qui appréciait particulièrement l'humour de Béshaba et de Tymora était à peu près sûr d'être plus dans les bonnes grâces de la seconde, mais on ne savait jamais vraiment. Et parier activement sur sa chance était, selon l'avis du vagabond, un des meilleurs moyens de la faire tourner.
Non, si il était dans cette région, ce n'était pas pour l'or. C'était à cause de l'or. Car qui dit région économiquement active dit aussi région criminellement active. Et qui dit crime dit meurtre, assassinat, protection, vol et embrouilles en tout genres. Et donc une dose suffisante de travail pour un mercenaire besogneux comme lui, du moment qu'on était pas trop regardant sur le travail en soi, et surtout son degré d'honorabilité.

Aziraphel croyait fermement en la chance et en les coïncidences. Il vouait une confiance aveugle en la causalité universelle. Il prétendait faire confiance aveugle en Shaundakul pour excuser son manque de scepticisme envers les aléas de la vie, mais en vérité, peu lui importait vraiment de savoir pourquoi et par qui ces coïncidences arrivaient. Alors qui que fut la puissance supérieure (si tant est qu'il en fût une qui soit responsable) qui avait placé ce recruteur sur son chemin à peine quelques heures après son arrivée, il la remercia d'un sourire pieux.
D'un geste expert, il dégagea la poignée de son large couperet de son manteau, la plaçant en évidence, il réajusta son tricorne et changea de cache-oeil pour libérer son œil bleu. Et, prenant soin de ne pas renverser sa canne qui était posée contre le comptoir, il se retourna vers le nain avec un sourire radieux.

- Maitre Nain, je me présente, je suis Aziraphel Sabrevague, entama t-il avec assurance, et mon petit hobby, c'est d'être devin. Si vous me permettez de sonder les énergies, je vous dirais que vous êtes de la Compagnie des Marches. La façon dont vous arrangez votre barbe me dit de plus que vous êtes à la recherche de recrues. Enfin, à la façon dont vous avez commandé une bière, je devine que cet engagement est provisoire, ce qui me fait remarquer que ce doit-être une mission d'une relative importance pour avoir besoin de tant de renforts. Enfin bref, en ces temps troublés, un tel emploi m'intéresse au plus haut point, et j'ose croire que la coïncidence n'en est pas une."

Aziraphel aimait soigner ses entrées. Il était le genre d'homme à toujours passer par une fenêtre pour faire une entrée fracassante, quand bien même la porte était ouverte. Il était le genre d'homme à planifier un assassinat comme une œuvre d'art. Et surtout, il aimait mentir sur son occupation réelle et voir si les gens le perçaient vraiment à jour. Il ne doutait pas que son petit numéro était clair comme le crystal, mais l'objectif immédiat n'était pas de tromper, simplement de faire forte impression. Car celui qui fait forte impression est souvent mieux payé que celui qui est fort mais qui ne paie pas de mine, tout simplement parce que les contrats étaient souvent rédigés avant d'avoir pu faire cas d'une force réelle chez les "employés".
Et généralement, Aziraphel était plutôt bien payé.

Observant quelques instant le nain s'éloigner, Belgos soupira puis il se tourna ves son ami de longue date.

- Je pense Kebur, que si nous avons survécu aux intrigues de la Maison Extaminos, nous avons toutes les chances de survivre à ce qui nous attends dans ces montagnes non?

Le demi-elfe eut un petit sourire et se rapprocha du nain et des deux hommes des marches qui les accompagnaient.

- Je ne partage pas l'optimiste de notre commandant, il a une façon bien à lui de croire que tout est blanc ou noir mais chacun de nous sait que ce n'est pas aussi simple que cela et il serait bien étonnant que des serviteurs bien intentionnés ne soient déjà à l'affut de nos faits et gestes, je ne veux pas croire que nos ennemies soient aussi stupides que cela.

Le ton du demi-elfe était neutre et il parlait posément, de façon à ce que seulement ses camarades et lui entendent ce qu'il avait à dire.

- Oui, bien fou serait celui qui sous-estimerait les serviteurs de la jumelle maléfique de Séluné, aussi faites attention, à partir de maintenant nous restons ensemble et attentifs à ce qui se passe autour de nous.

Posant une main amicale sur l'épaule de Kebur, il regarda Amur et Garjzlasa.

- Nous avons dendez-vous dès que la nuit sera tombée, à la Maison Piqueglace, ce qui nous laisse un peu de temps pour aller faire quelques emplettes et ensuite prendre un peu de repos. Un repos bienvenu, n'en doutons pas!Il faut dire que Kurtik ne nous à laissé guère de temps de repos entre notre voyage pour Morteneige, le combat que nous avons eu à mener, le nouveau voyage vers l'hospice et notre retour. Tymora est magnanime en nous permettant ainsi de voyager en pleine posséssion de nos moyens. Autant en profiter avant que la fatigue ne nous rattrape! Cela vous permettra aussi de faire quelques achats si vous le désirez. Ensuite, allons prendre un verre et profiter de ces quelques instants de paix pour dicutter autour d'une bonne choppe de bière que notre vigoureux ici présent ne manquera pas de nous offrir!

Il ponctua ses derniers mots d'une petit rire...

Belgos achète un lot de flèche de guerre pour remplumer son carquois.

Douzième jour du Coeur de l'Hiver, année des Dragons Renégats
12 martel 1373 (CV)

Lieu : Morteneige, Marches d'Argent
Temps : nuages, éclaircies, - 5°
Moment : vers 16h30




Narration Aziraphel :

Kurtik allait avaller une longue rasade de la bière que le tavernier s'était empressé de lui servir, lorsqu'un humain s'adressa à lui. Le fier guerrrier avait bien remarqué le curieux individu patientant non loin de lui appuyé sur le bar. Mais il n'avait pas poussé plus avant son examen, le classant dans la catégorie des insignifiants. Mais en cet instant, alors qu'Aziraphel se portait volontaire, le chef de phalange se voyait dans l'obligation de détailler un peu plus l'humain.

Et ce qu'il vit ne lui plaisait pas outre mesure. Il imaginait difficilement un être vêtu de la sorte sous ses ordres. Bien que. Avec la mission qui les attendait, une telle recrue pouvait se révéler utile.

¤ Mais c'est quoi ce chariabia de faux devin, il me prend pour un imbécile ? ¤

Le nain ne posa pas la question qui lui brûlait les lèvres, mais son regard inamical en disait long.

- L'ami, dit-il d'une voix posée, je ne crois pas au petit tour que vous venez de me servir. J'ignore comment vous avez appris que je cherchais des volontaires, mais je l'imagine vu que j'ai fait une appel à volontaire à voix haute dans cette Taverne. Un client vous en a donc sûrement parlé. Mais comme je le disais, cela ne m'intéresse pas. Vous êtes volontaire. Soit ! Vous semblez bien bâtis, et pas idiot si l'on considère votre petit discours. Mais j'attends une toute autre attitude de la part de mes subordonnée. Du sérieux, de la discipline. Alors si vous êtes prêt à abandonner votre petit manège, rejoignez moi devant la Maison Piqueglace à la tombée de la nuit. En attendant, je vous propose d'aller complèter votre équipement si vous le souhaitez. Il y a quelques magasins bien achalandés.

Sur ce le nain bu de la bière, il avait besoin de se désaltérer. Puis, quand il eut bu la dernière goutte, il quitta la Taverne.




Narration Kerlomar :

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Test de bluff de Kerlomar : 11(dé) - 1 (Bluff) = 10 vs Test de psychologie de Kurtik DD 20(pressentiment) + 5(déjà au courant) - 1(Sag) = 24 => Echec

C'est finalement devant la Maison Piqueglace que Kurtik trouva Kerlomar faisant les cents pas. Les yeux du nain s'illuminèrent de contentement à la vue de l'humain, puis exprimèrent une certaine tension.

- Kerlomar, j'ai à vous parlez. Venez un peu par là, proposa-t-il en indiquant un coin de rue plutôt calme.

Malgré cela, le nain s'exprima d'une voix retenue afin que seul son vis à vis puisse l'entendre.

- Kerlomar, je vous ai recruté, et vous l'avez vu, sans vous poser de questions. Ce que vous avez fait avant, c'est votre problème. Pour moi, c'est le futur qui est important. Vous êtes membre provisoir de la Compagnie des Marches, sous mes ordres, voilà ce qui importe à mes yeux.

Kurtik fit une pause pour voir la réaction de Kerlomar. Il poursuivit :

- Mais on m'a rapporté certains de vos propos. Vous avez parlé de mission, et de chef, ou disons d'une autorité sous laquelle vous êtes. Donc, je veux le savoir, qui êtes vous ? Et pour le compte de qui êtes-vous là ? Et bien sûr, je dois vous demander pourquoi vous avez intégré ma phalange, même provisoirement. Vous comprenez que je ne peux pas vous laissez là sans rien dire sachant ce que je sais. Alors soyez franc. Je dois savoir qui est derrière moi, et si je peux compter sur lui.

Campé sur ses courtes jambes, les bras croisés, le chef de phalange attendit une réponse.

Un militaire. Il fallait qu'il tombe sur un foutu militaire. Le genre de types à écraser les jolies fleurs avec leurs grosses pompes ferrées de la même façon qu'ils marchent dans le purin. Du pied gauche, d'un grand coup et sans aucune subtilité. Ça porte bonheur, parait-il, d'être têtu et borné. Malheureusement, et cela Aziraphel le savait pertinemment, l'argent vient rarement de gens ouverts, dans ce genre de boulot. Et il avait appris à l'accepter avec autant de désinvolture qu'il acceptait la vie en général.
Le pire était sans doute ce petit mouvement de supériorité que le Nain avait eu lorsque son esprit, sans doute relativement limité, avait percé à jour sa performance volontairement malhabile. Premièrement, un sentiment de supériorité chez un Nain est tout ce qu'il y à de paradoxal. Secondement, celui-ci n'était en aucun cas justifié. Le nain ne s'était pas élevé par son esprit en perçant à jour le jeu d'Aziraphel. C'était Aziraphel qui s'était placé suffisamment bas pour être percé à jour, et si le Nain l'avait effectivement fait, il ne s'était sans aucun doute pas suffisamment élevé pour s'en apercevoir. Sur l'échelle imaginaire selon laquelle il notait les caractéristiques des personnes qu'il rencontrait (dans son esprit tordu), qui allait de 1 à 20, il notait le nain comme un 10, tout au plus. Malheureusement, l'intelligence était le critère le plus difficile à noter, au vu de ses différents aspects. Le Nain semblait avoir un certain grade, ce qui impliquait au moins une certaine forme d'intelligence dans sa ligne de travail. En tout cas, ce dernier n'avait ni la tolérance, ni la sociabilité dans ses critères positifs.

Après que le Nain ait fini sa harangue, Aziraphel ne lui répondit que par un sourire mystérieux, perdu dans ses pensées et dans sa notation. Quand celui-ci, visiblement pressé, fut parti, Aziraphel laissa échapper un long soupir de désespoir profond. Ainsi allait le travail, en ces temps troublés.
Ainsi donc, ce lieutenant n'aimait pas la silhouette qu'Aziraphel lui avait proposé aujourd'hui. Qu'a cela ne tienne, il disposait de plusieurs atouts dans son jeu. Aziraphel Sabrevague, pirate vagabond nonchalent, disparut pour laisser place à Aziraphel Sabrevague, Mercenaire efficace et endurci. Son regard se fit plus dur, mais aussi plus las, et ses mouvements moins lestes, plus calculés. Aziraphel changeait son être comme il changeait d'humeur. Ce n'était pas de la comédie, car Aziraphel se révélait ne pas être un si bon menteur que cela, mais plutôt une caractéristique flagrante de ses humeurs vacillantes au gré de la Lune.
Il enleva son cache oeil et tourna ses deux regards vers la fenêtre et vers le monde extérieur en un soupir las.
Aziraphel était un Lunatique de compétition.

Alors, il sortit faire des emplettes, en marchant tranquillement dans les rues de la ville, comme pris du calme avant la tempête, avant de se diriger vers l'endroit de rendez vous pour y faire une sieste en attendant la nuit. Il déplora un manque cruel d'informations sur la mission qui auraient pu l'aider à s'organiser efficacement, et par la même le professionnalisme approximatif du Nain sous les ordres duquel il allait travailler. Il déplora son manque d'enthousiasme et son manque général de monnaie dans la vie.
Puis, comme pour s'empêcher de penser négativement avec un sourire narquois, il planta le couperet au sol et se posa à l'ombre d'une ruelle non loin du dit Manoir Piqueglace, patient. Normalement, estimait-il, après le temps passé à faire des emplettes, le nain ne devrait pas tarder. Il convenait donc qu'il soit au rendez vous non pas en retard ou en avance, mais pile à l'heure. De sa ruelle, il entreprit donc de guetter le moment ou quelque silhouette Nanesque pointerait le bout de son nez pour sortir prestement de son observatoire.


Aziraphel achète 2 feux grégois et des chausses trappes. Dès que Kurtik pointe le bout de son nez, il sort de la ruelle et va à sa rencontre.

Kerlomar faisait les cents pas dans la rue, se frappant les mains l'une contre l'autre ou les frotter pour se tenir chaud au minimum. Tout en marchant, il parlait à voix basse, presque inaudible, même pour lui et ne regardait pas se qu'il se passait autour de lui. Il était tellement détaché de la civilisation que se que les gens passant autour de lui pouvaient se dire ou penser de lui ne l'intéressait pas du tout. En ce moment, il ne pensait qu'à une seule chose, à la forêt de son enfance. Elle lui manquait énormément, il en avait des crampes à l'estomac en y pensant. Cela faisait plus d'un an qu'il l'avait quitté et il savait déjà qu'en rentrant en Haute Forêt, il demanderait à Isorion que sa prochaine mission se passe dans cette profonde forêt qu'il aimait tant. Pour tout dire, même en Haute Forêt, il avait l'impression d'être un étranger, un indésirable. Les elfes étaient tellement nombreux et présents, pour la plupart racistes, pour les autres tolérants à peine les humains. De plus, il ne parlait pas leur langue et se sentait réellement exclu pour cela également. Au moins, en Cormanthor, il était chez lui et il se moquait de se que pensaient les autres de lui. Il avait eu des contacts avec les elfes de la lune, des contacts plus poussés avec certains de leurs membres, intimes même avec une jeune femelle elfe qui malheureusement était morte dans un raid de drows, enfin c'était la version officielle. Pour d'autres, c'est à dire les amis du druide damarien, la jeune femme avait été envoyé dans une autre communauté car enceinte de son amant. C'était une des raisons, non avouée bien sûr, de son départ. Car il savait pourquoi sa mère n'avait pas pu s'occuper de lui, il avait trouvé sa tombe. Elle était morte en accouchant et cela faisait que sa quête était nulle et sans fondements. Il cherchait à la rigueur un moyen de parler à son esprit mais savait que cela ne lui servirait pas et qu'il ne ferait que retourner le couteau dans la plaie.

Le druide fut tiré de ses pensées par un cri d'alarme de Haridian puis par la voix de son supérieur. Visiblement celui-ci n'était pas très content et le druide soupira en sachant pourquoi il était comme ça. Lui qui avait pensé lui en parler après le repas quand tous les autres membres du groupe seraient en train de prendre leur bain ou de dormir. Seulement, il semblait que Belgos avait parlé et au vu de la tête de Kurtik, une accusation semblait avoir eut lieu.

- Calmez vous Kurtik. Si vous continuez à gesticuler comme ça, vous allez finir par attirer du monde. On dirait que vous avez plus envie de m'agresser que de m'écouter.

Cependant, malgré cette impression de plaisanterie, le visage de Kerlomar était fermé et il semblait aussi légèrement en colère. Il tourna la tête quelques instants vers sa chouette et murmura quelques mots dans le langage secret des druides et l'instant d'après, le rapace nocturne ouvrit les ailes et le druide la lança en l'air. Levant les yeux, il regarda la chouette, sa seule et véritable amie prendre son envol et s'enfoncer dans le ciel qui s'assombrissait. Puis, baissant la tête pour parler au nain qu'il trouvait soudainement ennuyeux, collant et emmerdant, il lui répondit d'une voix plus forte que ne l'aurait voulu le nain, et plus dure que lui l'aurait désiré.

- Puisque vous semblez si pressés de savoir tout ça, alors que je comptais justement vous en parler après le repas, sachez que je suis un membre de la Confrérie des Gardiens Sylvestres et que je suis ici pour aider un ami de la Confrérie qui lui a demandé son aide. Et c'est cet ami qui m'a conseillé de rejoindre votre groupe, afin qu'ainsi je puisse oeuvrer plus facilement. C'est lui qui m'a également mis au parfum concernant les zombis et les orques, comme l'a fait avec vous Madame Piqueglace je présume. Maintenant, si vous n'aviez pas d'autres question, j'aimerai être tranquille.

Lui tournant le dos, faisant voler légèrement sa cape dans ce geste, Kerlomar repartit dans les rues, laissant là l'officier nain, sans cependant beaucoup s'éloigner. Il était à telle distance qu'il pouvait voir les autres arriver devant la bâtisse et il y retourna à son tour, silencieux, se mettant légèrement à l'écart pour être tranquille.