L'or et le Sang à Morteneige, Là où on trouve de l'or, tout va mal

Le damarien se retourna quand il entendit une voix dans son dos. N'ayant pas au débit clairement compris les paroles prononcées, en se retournant pour constater quelle personne ne trouvait derrière lui, il avait posé sa main droite sur son cimeterre pendant à sa ceinture et avait déjà sorti du fourreau la moitié de la lame. En voyant que c'était le guerrier de la Compagnie qui l'avait suivi, il baissa les yeux, un peu honteux et rangea complètement son arme, espérant que ce geste passerait inaperçu aux yeux de l'inconnu.

- Tout va bien, pas de soucis à se faire.

Le druide lâcha cette phrase sans même penser au fait qu'il était en train de mentir. Il ne souhaitait pas parler avec cet homme, lui dire se qui le hantait toujours. Il ne voyait pas l'intérêt de se confier à un inconnu de passage et le fait que son mensonge soit grossier ne le gênait en aucune façon. Il ne ressentait pas le besoin de se justifier de ses actes devant ses nouveaux employeurs et si ceux-ci lui demandaient des réponses, il savait qu'il se contenterait de les envoyer voir ailleurs. D'ailleurs, pour faire comprendre au guerrier qu'il souhaitait être seul, il s'éloigna un peu plus du monastère, tournant résolument le dos à Amur, qui ne devait pas comprendre se qui se passait. Mais dans l'esprit du druide traumatisé, cela n'avait pas plus d'importance que le nombre de flocons qu'il verrait tomber pendant toute la durée de sa mission.

Parcours court mais silencieux s'il en est ... La morosité n'était pas au rendez-vous, et pourtant le jeune prêtre n'avait rien trouvé à dire à Marnuf durant tout le trajet jusqu'au monastère à l'extérieur de la ville. Heureusement, ce ne fut pas long, et le sonnlinor put rapidement sauter à bas de la carriole pour rejoindre Belgos qui s'était approché d'une dénommée Gemmétoile, surveillante principale du monastère.

A la mention de son nom, le jeune nain avait salué d'un et s'était incliné légèrement, de telle sorte que le symbole argenté de Moradin fut visible un court instant par qui savait où jeter un oeil, et il était certain que la gardienne le saurait. Bien sûr, le Père des Nains surpassait en fidèles et en puissance Marthammor, mais Kebur se réjouissait toujours d'être l'invité d'un monastère ou d'un temple dédié au culte d'un autre Dieu. Quel qu'il fut : depuis Sseth l'ophidien jusqu'à Lathandre, en passant évidemment par la totalité du panthéon vénéré par les nains.

Voir une telle bâtisse faisait plus penser à la citadelle forte de Sundabar, mais c'était le genre de gros oeuvre que les yeux du nain se plaisaient à admirer. Solidement bâti, prêt à résister à tous les assauts, fussent-ils les pires de ce que la nature pouvait faire, il dégageait une impression de chez soi que le nain n'avait plus jamais ressenti depuis le jour où il avait jeté un sac de cuir dans son dos et était sorti, direction Hlondeth d'abord. Ce n'était pas si vieux, et pourtant ces évènement paraissaient terriblement éloignés dans la mémoire du prêtre. Maintenant, il se rendait compte que la chaleur des foyers de la forge runique du temple et les hautes voûtes des édifices lui manquaient cruellement.

Inutile cependant de ressasser ces sensations : il était parti, loin, très loin de son royaume et jamais il n'y retournerait vraisemblablement. Mieux valait s'habituer aux missions dans les Marches, au froid et aux bâtisses locales ! Tout en reportant son attention sur la surveillante Gemmétoile, le sonnlinor attendit que la suite arrive ...

Enfin un abri ! Et pas n’importe lequel. Celui ci était un lieu sacré, et l’ensorceleur jugea que cette battisse le protégerait très bien contre quoi que ce soit. Harcelé par la neige et le froid, il se réjouit au contact de l’air chaud de l’intérieur. Sirth, qui s’était roulé en boule au fond du manteau, se voyait aussi satisfait de pouvoir sortir le bout du nez. Le voyage ne fut pas très long, peu mouvementé, et les propos de Amur lui avait appris suffisamment pour éviter d’être incompétent. Même si il était déjà assez sur de lui à ce niveau là, le petit rappel du guerrier ne lui fit pas de mal, si ce n’est les quelques critiques sur le derniers combats, qui mirent un coup à l’ego du jeune humain. Il s’attendait a rencontrer la plus horrible des créatures, et pourtant il fut très surpris de reconnaître la grande construction, qui servait de destination au voyage, à travers la neige.

Une fois rentré dans l’enceinte, il se détendit, et garda sa main près de sa bourse plutôt que vers son arbalète, même si il doutait que quiconque en veuille a son précieux butin. Avec les autres, il s’avança dans le couloir, un peu en retrait, et bavardant avec Sirth sur les conseils de Amur, il contempla intérieurement les sources de lumières du couloir. La belette savait cependant que son maître allait rencontrer un problème avec cette action, car "Contempler intérieurement" était rarement dans les cordes de ce dernier. Le, familier laissa Garjzlasa à ses occupations, réfléchissant, lui, à trouver un endroit ou avoir le plus chaud possible au retour.

Quand la maîtresse de maison arriva et se présenta, Sirth rappela l’ensorceleur à l’ordre, et ce dernier, quand le moment fut venu, prit la peine de s’incliner légèrement, en guise de salut, en en faisant cependant le strict minimum, ce qui devait suffire. Puis, les deux penseurs virent Kerlomar partir, suivi de Amur, qui allait sûrement le calmer… Décidément, les amis de la nature était des gens bien étranges. Garjzlasa ne préféra pas aller le voir, comme Amur s’en occupait déjà. L’humain avait une grande confiance pour ce dernier, il le savait maître de la situation. Enfin, c’était surtout pour le pas ressortir sous la neige, et pour une fois, Sirth approuva cette décision.

Douzième jour du Coeur de l'Hiver, année des Dragons Renégats
12 martel 1373 (CV)

Lieu : Morteneige, Marches d'Argent
Temps : couverture nuageuse haute, éclaircies, - 1°
Moment : vers 14h55





Narration Amur, Belgos, Garjzlasa, Kebur, et Kerlomar :

La surveillante avait dédié un petit salut de la tête et un sourire chaleureux à chacun des membres du groupe présentés par Belgos.

- Merci, messire Dalaèl. Vos services pourraient nous être utile. Mais avant de vous en entretenir, vous accepterez certainement une boisson chaude ?

Plusieurs frères s’empressèrent de rejoindre le bâtiment le plus proche.

- Comment s’est déroulé votre voyage ? Hé bien Marnuf, pas trop de péripéties ? demanda la naine qui remit l’étui à un prêtre.

Celui s’en saisit, le visage grave, et s‘éloigna, le portant religieusement.

- Révérende Mère, tout à été très calme jusqu’à ce qu’on arrive non loin d‘ici, expliqua Marnuf. Les orques se sont attaqués à nous. Heureusement, j’étais entouré de solides combattants. Car l‘attaque a été foudroyante,et deux guerriers sont tombés avant qu’on ait compris ce qui se passait.

- Triste journée, conclut Kerrila d’une voix emprunte de tritesse. Nous prierons pour eux à notre prochain office.

La naine dédia alors un regard appuyé à Kerlomar qui s’éloignait après avoir proféré un semblant d’excuse.

- Se sentit-il mal ? Les suites du combat peut-être ?

- Non, révérende Mère, il n’y a pas participé, l’informa Marnuf. Il s’est porté volontaire à Morteneige.

- Marnuf, rattrape le. Il ne faut pas qu’il reste dehors. Nous allons d’ailleurs refermer ces portes.

Elle lui désigna Amur qui prenait le même chemin. Le prêtre acquiesça et se dirigea à son tour vers la grande porte.

- Messire Belgos, resterez-vous cette nuit ?

- Non, révérende Mère. Nous devons regagner Morteneige au plus tôt où une mission nous attend. Notre chef, Kurtik Jundeth doit s’entretenir en ce moment même avec la Dame Pique Glace à ce propos.

- J’imagine la teneur de leur conversation. Le visage de Morteneige s’est transformé depuis la découverte de l’or avec tous ces prospecteurs. Je vais d‘ailleurs vous transmettre une information concernant l‘un d‘eux, et les conclusions auxquelles nous sommes arrivés. Mais je vous en prie, suivez-moi.

A l’extérieur de l’enceinte, Marnuf rejoignit Kerlomar et Amur. Un sourire affable aux lèvres, il parla d’une voix aimable, mais ferme :

- Kerlomar, cela va mieux ? Les amis, il ne faut pas rester ici. Si nous avons peu de problèmes, c’est bien grâce à nos murs si épais et bien gardés. Alors rentrons. Vous repartirez bientôt pour Morteneige. La Surveillante Kerilla a insisté pour que vous reveniez tout de suite.

Le nain se saisit amicalement du bras de Kerlomar, mais c’est d’une poigne ferme et sans appel qu’il l’entraîna vers l’abbaye sans que l’humain ne profère un mot. Derrière eux, suivait Amur.

Le trio franchit à nouveau la porte que les gardes refermèrent soigneusement derrière eux. Bientôt, ils pénétrèrent dans le réfectoire, vaste salle aux longues tables de bois brut entourés de banc d’une facture tout aussi simple. La décoration des lieux, à l’instar du mobilier, relevait de la plus grande simplicité. Seuls quelques tableaux de format réduit, représentations d’anciens surveillants, ornaient les murs de pierre brute.

Des frères proposaient des tasses d’une boisson fumante qui embaumait les lieux.

- Prenez, prenez, invita Kerrila les derniers arrivés. Il s’agit d’une tisane faite avec un plante poussant aux alentours.

Elle-même avala une gorgée du breuvage avec une évidente satisfaction.

- Comme vous êtes tous là, je vais vous communiquer une information capitale, annonça la Surveillante d'un ton grâve. Hier, la dépouille d’un jeune prospecteur, un nain du nom de Bromgart, a été retrouvée. Son corps nous a été amené pour que nous puissions procéder à son enterrement. Vous n’êtes pas sans savoir que la découverte de l’or a bouleversé l’ordre qui régnait dans la région. J’ai cru tout d’abord que Bromgart avait été tué en raison d’un différent entre prospecteurs. L’or fait perdre la raison au plus sain des hommes. Mais il n’en est rien. Les prêtres sombres, ou adeptes de Shar si vous préférez, en sont responsables.

Le damarien aurait continué à marcher dans la neige, en s'éloignant à chaque fois un peu plus du monastère qui l'oppressait tant si seulement il avait été seul. Il n'avait rien contre Amur, seulement il ne voulait voir personne, n'avait besoin de personne et surtout ne voulait pas remettre les pieds dans ce bâtiment dans lequel il se sentait prisonnier, bien qu'il sache que c'était un lieu saint. Depuis sa dernière mésaventure, tout lieu de pierre brute sans vue sur la nature sauvage et libre l'angoissait. Alors de tels murs lui donnaient l'impression d'être dans un cercueil et rien que d'y penser, il se mettait à transpirer.

L'arrivée du nain qu'ils avaient dû escorter n'arrangea pas son affaire. il n'avait rien contre les nains, mais là, il souhaitait juste être seul, enfin avec sa fidèle chouette, et se reposer, respirer l'air pur et piquant de l'hiver du nord. Le froid ne lui posait pas de problème et il était prêt à se ranger à l'avis du prêtre et rentrer quand celui-ci lui attrapa le bras et l'emmena manu militari au monastère. Kerlomar essaya bien de libérer son bras, mais la pression était trop forte et il ne préférait ne pas trop résister car le nain l'avait attrapé à sa hauteur, c'est à dire en appuyant sur son ancienne blessure. Ravalant sa fierté et sa douleur, il se laissa guidé mais sur son visage s'exprimait très clairement de la colère et qu'il avait pu, il aurait giflé son bourreau.

$ Retouches moi encore une fois et je te coupe les deux mains nabot barbu. Seule Maïlikki peut disposer de moi et personne d'autre, saleté de taupe fouineuse. ¤

Essayant de calmer sa colère pendant qu'il entrait, il fut mené dans une pièce où étaient servies des tisanes et il accepta la sienne sans rien dire, ni merci ni autre parole. Il se concentrait sur se qu'il imaginait faire endurer au nain pour avoir osé le toucher et surtout le diriger contre sa volonté. Il se voyait très bien l'enchaîner et le livrer à des gobelins, qui seraient chargés de le torturer. Connaissant la haine des nains pour les gobelins, il se doutait que cette torture serait la pire de toutes.

Seulement, sa colère retomba rapidement lorsque regardant autour de lui, il ne vit que des murs de pierre et là, son malaise revint au grand galop. Il commença par se rapprocha du groupe, se sentant un peu plus rassuré par la présence chaude et physique de compagnons, même nouveaux. Cependant il se remit à suer abondament, ayant de plus en plus chaud au fil des minutes qu'il passait ici. Sa tisane ne parvenait pas à le soulager et il commença à être pris de nausées et une envie de vomir le saisit à l'estomac. Plus le temps passait, plus son teint passé du rose soutenu à cause du froid à la pâleur d'un cadavre. Ses yeux étaient exorbités à force de ne voir que des murs et son regard devait paraître fou aux yeux de ses compagnons s'ils le voyaient. Kerlomar retira un de ses gants et commença à s'éponger le visage, mais cela ne faisant aucun effet, il tentait de s'exorter mentalement.

¤ Allez Kerlomar, il faut que tu tiennes, il faut que tu résistes, tu ne dois montrer aucunes faiblesses ni aucuns problèmes quelconques. Tu as besoin d'eux pour accomplir ta mission donnée par la confrérie et leur allié à Morteneige. ¤

Mais l'estomac de Kerlomar prit le dessus et c'est d'une voix caverneuse, tout en courant vers la sortie qu'il cria rapidement un : - Faut vraiment que je sorte ! Une fois arrivé dehors, Kerlomar n'eut même pas le temps d'atteindre le centre de la cour qu'il se penche en avant, plié en deux et se mit à rejeter tout se que contenait son estomac plein. Les aliments dissous avec leur goût si particulier et il ressentit une douleur pendant que se qu'il avait mangé faisait le chemin inverse à la digestion. Une fois sûr d'avoir vomi tout se qu'il avait dans le ventre, le damarien marcha quelques pas et saisit une pleine poignée de neige qu'il se passa sur le visage et dans la bouche pour bien se nettoyer le visage et tenter de faire disparaître le goût des déchets gastriques de sa langue. Il retourna ensuite dans la salle au moment où la mère supérieure, la protectrice de l'abbaye se mettait à parler de la mort d'un nain et de la présence d'adeptes de Shar. Kerlomar ne se souvenait pas d'avoir entendu parlé d'eux pendant son rendez vous avec le druide de Morteneige, cependant se qu'il connaissait d'eux lui permis de se lancer dans la conversation, avec toutefois, une pointe d'étonnement pouvant se lire dans sa voix et sur son visage rosi par la neige qu'il s'était passé dessus, les cheveux légèrement en bataille et une main sur le ventre pour se le masser.

- Des adeptes de Shar dîtes vous ? Cela pourrait expliquer la présence de zombis et autres non morts dans les alentours immédiats de Morteneige. Et où exactement ce Bromgart a t-il été retrouvé mort ? De plus, je me doute que vos traditions funéraires sont différentes de chez moi, mais serait il possible de voir le corps du défunt ? Ou alors pourriez vous nous dire comment il a été tué d'après vous.

Le rôdeur tiqua en tendant le dénommé Kerlomar intervenir, ce dernier semblait disposer d'informations toutes aussi capitales et le doute s'insinua dans l'esprit du sous-officier. L'homme n'avait pas rejoint le groupe par hasard, Belgos en était certain désormais. Peut-être serait-il utile de le tenir à l'oeil désormais, la prudence l'exigeait, il ne pouvait se permettre d'avoir ce qu'un nain de sa connaissance dirait avec tact: Avoir une planche pourrie parmi les siens, cela ferait désordre assurément.Il ne fit comme si de rien n'était.

- Les questions de Kerlomar sont légitimes et il fait preuve de la plus grande politesse en vous les posant mais il sera inutile de voir le corps, nous connaissons le sacré qui entoure les rite funéraires des clans nains et nous le respecterons.

Ignorant les autres volamtars, il savait que sa réplique serait appréciée par les fils de la pierre, seul eux pouvaient accepter ou proposer de visiter le corps d'un de leur défunt.

Il ne regarda pas non plus Kerlomar pour ne fixer que la Surveillante. Le ton du demi-elfe n'était nullement autoritaire mais assez ferme.Sa prochaine question rejoignait d'ailleurs celle du druide.

- Je connais mal ceux qui servent la Maîtresse de la nuit, comment-pouvez vous être certain que ce Bromgart soit une de leur victime? Quels indices et que pouvons-nous faire pour vous aider?

Si la fille de Marthammor venait de livrer cette information qu'elle jugeait de capitale, il n'y avait qu'une raison. Ils allaient devoir mettre un terme aux activitées des fidèles de la sombre jumelle de Séluné, ce qui n'allait pas être de tout repos.

¤Shar ?!¤

Si la mort d'un nain avait tout pour rendre morose le sonnlinor, apprendre qu'il n'avait pas été tué dans une simple querelle mais par des prêtres le mettait plus que mal à l'aise. Tant, qu'il écouta les questions successives de Belgos et de Kerlomar, sans piper mot lui même, rassemblant ses maigres souvenirs des cours sur le panthéon humain, datant de quand il prévoyait de se faire ordonner serviteur de Moradin.

Oh!, oui, il n'aurait pas même dû penser à prendre la parole, mais pourtant, il ne pu résister à avancer ce qu'il savait sur Shar, pour renseigner son supérieur d'abord, et surtout pour inciter la grande prêtresse à aller plus avant dans ses détails et révélations - ce qui serait autrement plus utile qu'une leçon de théologie humaine. D'une voix sombre, presque aussi grave que celle de la gouvernante, il attaqua :

-De ce que l'on m'a appris, Shar est une déesse ancienne, très ancienne. Nombre sont ceux qui n'en connaissent que le pendant lumineux, Séluné la Douce, sa soeur jumelle. Shar domine les ténèbres, la nuit, le mensonge et n'a pour seul but que de détruire sa soeur pour "dominer" ce plan ; cela vous le savez tous. Si ma mémoire est juste, cela fait des siècles qu'elle mène cette guerre divine en ralliant le plus de fidèles possibles ; et en tuant les porteurs Sélènes. Mais il n'y a qu'une seule façon de reconnaître clairement un meurtre commis par un disciple de la Ténébreuse. C'est qu'il ait usé d'une magie noire, aussi noire que l'ombre, dont les récits évoquent l'existence, et l'attribuent à Shar et ses disciples. Sinon, je ne vois aucun autre moyen d'en être sûr et certain, à moins, Surveillante, que vous ne sachiez bien plus ?

Tant qu'à faire, essayer de tirer plus de renseignements de la Surveillante allait dans le bon sens. Si elle leur demandait d'accomplir ce qui en somme était impossible, à savoir détruire le culte de Shar dans la région,¤Tant qu'il y a de l'ombre, les tènèbres existent disait le haut prêtre...¤alors plus ils en sauraient, mieux ils pourraient se préparer.

L’ensorceleur suivait la conversation d’une oreille quelque peu distrait. Sirth écoutait, au cas ou quelque chose d’important leur serait communiquer en ce lieu. Passant d’une épaule à l’autre de son maître, la belette s’intéressait de plus en plus au travail de Garjzlasa, alors que ce dernier avait hâte de recevoir une récompense, ou de combattre, si la paye ne venait pas encore. La question de l’argent, devenant de plus en plus vitale, réemergea dans l’esprit de l’humain quand le thème de Morteneige réapparut dans la conversation. L’or de la région, récemment découvert, était une source sur de revenu, a ne pas manquer. Il se devait d’en récupérer un peu ! Et sur ce point, Sirth partageait son avis. Mais le familier fit rapidement marche arrière quand la Surveillante annonça qu’un chercheur d’or était mort. Il fit passer son angoisse à son maître par un petit frisson.

¤Comment ? Mais bien sur que je sais ce que je fait ! Je deviens riche ! Ca n’était qu’un accident, je suppose. T’en fait pas Sir’, c’est un plan de rêve.¤

La belette, peu convaincue, remarqua aisément l’amour aveugle que porte son maître au métal jaune rejaillir en lui. La suite de la conversation apporta des réponses à l’ensorceleur, qui avait fixé son attention sur Kerilla. La jumelle de la vierge lunaire avait donc quelque chose a faire dans les parages, ou alors la maîtresse de la nuit avait elle un lien direct avec l’or, ce qui s’avérerait être une entrave au plan de Garjzlasa. Qui qu’il en soit, ce dernier resta muet, écoutant et se basant sur les connaissances d’autrui, demandant parfois a Sirth de retenir certains points importants des différents discours.

Quelque peu refroidi par la réponse de Kerlomar - et par la neige, il faut bien le dire - Amur se contenta de s'éloigner un peu et de garder le silence jusqu'à la venue de Marnuf. Le retour à la chaleur du bâtiment lui procura un grand plaisir, dont la tisane fut le couronnement. Ces boissons chaudes que l'on servait dans le Nord avaient vite gagné leur place dans son coeur...

A la mention de Shar, le guerrier écouta plus attentivement. S'il en savait peur sur cette déesse, ce qu'il savait n'était guère encourageant. Les précisions apportées par Kebur noircissaient un tableau déjà peu reluisant, et la mention de morts-vivants venait faire empirer les choses.

Ce qui le gênait le plus, dans ce dernier cas, c'était qu'à aucun moment Kerlomar ne les avait prévenus. La confiance d'Amur avait déjà été ébréchée par Soran, et voilà qu'un de leurs compagnons, un parfait inconnu par ailleurs, faisait de la rétention d'information. Heaum, pourquoi n'y avait pas plus de gens fiables en ce monde ?

Quittant ces pensées, Amur prit conscience que sa main était crispée autour de la poignée de son épée. Desserant son étreinte, il écouta la suite de la conversation, certain qu'une enquête allait suivre.

Douzième jour du Coeur de l'Hiver, année des Dragons Renégats
12 martel 1373 (CV)

Lieu : Hospice de Marthammor, Marches d'Argent
Temps : nuages, éclaircies, - 1°
Moment : vers 15h05





Narration Amur, Belgos, Garjzlasa, Kebur, et Kerlomar :

Kerilla adressa à Kerlomar un sourire amical, le visage illuminé par une bonté naturelle. La naine appréciait de voir l’humain revenu parmi ses compagnons avec celui qui l'avait suivi, et qu’il participe à la conversation. Elle ne pourrait pas s’occuper de son âme certainement tourmentée, mais elle veillerait que soit agréable pour lui le court moment passé à l’abbaye. Cependant, elle s’interrogeait sur lui ce qui provoqua une question de sa part :

- Des zombis dites-vous, des non-morts ? Où en avez-vous vu ? Je suis curieuse de savoir si cela correspond au lieu qui nous a été indiqué. Les prospecteurs nous ont dis que la dépouille de Bromgart se trouvait au sud de Morteneige, beaucoup plus haut, là où la piste se sépare en deux, non loin d’un court d’eau où il avait sûrement l’intention de prospecter. Est-ce de cet endroit que vous parliez ?

La Surveillante attendit la réponse du druide avant de poursuivre :

- Vous ne pourrez voir le corps de ce malheureux. Comme Belgos l’a supposé, nos prêtres se relayent auprès de lui pour prier, et nous entamerons bientôt sa cérémonie funéraire. De toutes les manières, vous ne trouverez rien de plus que nous avons découvert. Aucun indice ne se trouvait sur le corps. Et c’est justement cela qui a retenu mon attention. Aucune blessure apparente. Si sa mort avait résulté d’un différent entre prospecteurs comme le croyaient ceux qui l’ont amené ici, je suis certaine que son corps aurait porté des marques de coups. Seul son visage exprimait une peur indescriptible. Je n’ai pas décelé de signes d’empoisonnement. Donc il ne restait plus qu’une piste : la magie.

La naine écouta Kébur s’exprimer sur les adeptes de Shar. Elle opina avant de répondre à sa question :

- Oui j’en sais plus car j’ai donc invoqué un sort de communication avec les morts. Ce qui m’a permis de découvrir que Bromgart, en se rendant à Morteneige en dehors de toutes pistes, était tombé par hasard sur les anciennes mines de Maindefer auprès duquel il a surpris la présence de prêtres sombres. Il pensait pas avoir été remarqué, car il s‘était empressé de fuir ce lieu maudit. Il n’en était rien. Je vous passerai les détails de sa mort qui a été des plus horribles.

Kerrilla fit une pause et but plusieurs gorgées de tisane, le visage sombre.

- Savez-vous que cet ordre compte parmi les plus horribles de notre chère Toril ? Chaque fidèle doit, une fois par an, commettre un assassinat. Tout ce qu’il y a de plus noir, de plus sombre est l’apanage de ces êtres malfaisants. Voilà pourquoi je tenais absolument à vous communiquer cette information. Je dispose malheureusement de trop peu de gens pour éradiquer ce groupe. Car sachez, et heureusement qu’il en est ainsi, que le Clergé de la Dame du Malheur, comme ils ont plaisir à se faire appeler, sont guère organisés, et sont divisés en petits groupes opérants en secret. Le secret est si important que les membres d‘un groupe ne connaissent que le chef de celui-ci, ce dernier ne connaissant que le chef de région, et ainsi de suite. Le groupe occupant les mines de Maindefer doit compter moins de dix membres, plus vraisemblablement autour de cinq. Des combattants aguerris et déterminés comme vous devraient pouvoir en venir à bout. Je vous demande instamment de parler de tout ceci à votre chef Kurtik Jundeth. S’il ne peut intervenir, faites le moi savoir.

La surveillante accompagna sa demande d’un regard implorant.