L'or et le Sang à Morteneige, Là où on trouve de l'or, tout va mal

Belgos siffla entre ses dents quand il avait vu l’humain s’occuper des corps des orques et secoua la tête, désabusé. Outre une perte de temps incroyable et un gaspillage d’ énergie considérable, le rôdeur se refusa à prêter main forte à Soran et pour cause ! Il connaissait les égards que les peaux vertes portaient aux cadavres de leurs victimes et leur façon d'outrager les morts était profondément remarquable et méritait visiblement qu'on prenne soin de leur offrir une sépulture decente? Que nenni! Il ne pouvait décemment cautionner cette mascarade, surtout pas après avoir vécu dans sa chair les ravages des gobelinoïdes sur ses terres natales,. Non! Jamais un orque ou créature apparentée ne recevrait de sa part une quelconque attention. Ils étaient tout juste bon à pourrir en terre et encore....

La neige fit son apparition, Belgos glissa sa capuche sur sa tête et resserra les lien de son long manteau de voyage tandis qu'il avait prit l'initiative de rester à l’avant du groupe le temps qu’ils cheminent vers le bourg fortifié. S’il n’avait prêté qu’une oreille discrète aux recommandations des nains, il en demeura pas moins vigilant jusqu’à ce qu’ils aperçoivent enfin les fortifications et là, le demi-elfe ne put s’empêcher de froncer les sourcils en apercevant le taudis qui jouxtait les murs. Oui, un taudis, il n’y avait pas d’autres mots et il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que ce genre de bric à brac était une source d’ennuis en tout genre. Les rumeurs étaient fondées, Morteneige avait été dépassé par les prospecteurs en tout genre qui s’étaient fait un devoir de fondre sur le pauvre village à la recherche du précieux métal. Se portant à la hauteur de Kurtik alors que le capitaine de la garde terminait sa phrase, le rôdeur garda le silence, Kurtik n’ allait pas manquer de faire les présentations, un rôle qui lui était dévolu en tant qu’officier supérieur de la Compagnie et c’est à qu’il sentit le regard de son ami nain. Il détourna la tête et adressa un sourire au sonnlinor mais aussi à Amur tout en attendant la suite des événements....

Soran se détourna du macabre et rajusta son manteau pour cacher la disgracieuse déchirure laissée par les carreaux d'arbalète. Ce qui devait être fait avait été fait, ils pouvaient partir sereinement, ils laissaient derrière eux des âmes en paix, du moins le vengeur l'espérait-il. Il n'avait finalement que peu de compréhension de ses choses là, et s'il les entrevoyait parfois, c'était toujours par hasard. Son oeuvre ainsi accomplit, il suivi sans intérêt particulier les rapides sacrements du prêtre, les yeux fermés.

Puis, il suivi le groupe, marchant d'un pas lourd, les habits rendus humides et lourds par la neige. La formidable magie l'avait très vite remis sur pied, et il se sentait près pour un autre affrontement, si cela s'avérait nécessaire. Néanmoins, il ne pensait pas pouvoir faire usage d'autant de sorcellerie dans les prochains combats, sa réserve magique s'étant considérablement appauvrie, il devrait se contenter au mieux de tours de magie mineurs. Après avoir protégé son corps et assuré son bras, la toile avait cessé de lui accorder d'autres pouvoirs.

Morteneige se dévoilait à sa vue. Nombre d'habitations étaient provisoires, et l'ensorceleur ne doutait pas que la ville eut connu une montée de population subite, qui était peut-être même liée à leur propre quête.

¤ Méfiance, les chercheurs d'or ne sont surement que des filous.¤

Il accueillit le regard inquisiteur du garde avec un signe de tête entendu, alors qu'il pensait encore à la cité dans laquelle il allait pénétrer d'un instant à l'autre. Il ne la connaissait pas, et finalement, ne savait pas à quoi s'attendre. Ne se rappelant pas des termes exacts de son contrats, il se demandait si son travail prendrait fin dès qu'ils auraient franchie l'enceinte.

En s'éloignant du lieu de l'affrontement, Amur sentais encore l'odeur des orques en train de bruler. Une ineptie à ses yeux. Il avait appris il y a bien longtemps que si l'on devait rendre les honneur aux ennemis honorables, s'occuper des corps de ceux qui ne valaient déjà rien de leur vivant était pire qu'une perte de temps : une aberration. Comme si l'on endait hommage à la bestialité ... Enfin, chacun ses coutumes.

Le jeune guerrier vit avec plaisir le but de leur voyage. Morteneige portait bien son nom : dans ces montagnes, la neige formait comme un linceul sur la petite ville, effet accentué par les murailles qui l'entouraient. L'endroit aurait pu être d'une certaine beauté sans l'amoncelement de tentes qui s'agglutinaient à l'extérieur des murs. Sans aucun doute l'effet le plus visible de la ruée vers l'or... Par expérience, il savait que ce genre de campement n'était pas supposer durer, mais en plus, ici, les chercheurs d'or s'étaient installés dans un désordre indescriptible. Circuler dans ce fouillis devait être un vrai cauchemat, et y vivre bien pire encore

Toute ces réflexions faisaient leur chemin dans l'esprit du guerrier jusqu'à ce que le groupe n'arrive aux portes, gardées par un milicien. Et quelques instants plus tard, un de ses supérieurs faisait son apparition en demandant après la Compagnie. Bien conscient que c'était à son chef de répondre, Amur attendit la réponse de Kebur et les questions qui s'ensuivraient, inévitables, avant qu'enfin ils ne puissent se réchauffer un peu...

Le champ de bataille fut très vite nettoyé. Même si s’occuper de ses ennemis ne lui paraissait pas indispensable, il laissa faire l’humain, faisant l’hypothèse d’une ancienne coutume ethnique ou religieuse. Non content de sa récolte, lors de sa cueillette sur les cadavres, il récupéra seulement quelques carreaux, pour remplir son stock, et ainsi en avoir le même nombre qu’au départ. Les nettoyant, puis les rangeant avec soin dans le carquois, il remit sa lance dans son dos, accrocha son arbalète, et, lançant son sac sur son dos, reprit la route avec ses compagnons qui partait déjà.

La neige qui tombait sur le chemin rendait ce dernier plus difficile à emprunter, et la visibilité le rendait d’autant plus dangereux qu’un tireur embusqué tel que les orques précédemment occis, devenait très vite mortel.

Restant sur ses gardes tout les sens en alerte, il fut agréablement surpris d’arriver à Morteneige sans rencontrer d’autres ennemis. Les flocons laissait entrevoir l’enceinte de la cité, qui, bien que petite, permettait de prendre l’avantage sur des créatures qui rodait dans les parages, du moins c’est ce qu’il en déduit.

Arrivant à la porte de la cité, il posa un regard sur le garde, qui, après une discussion avec Kurtik, parti chercher son supérieur. Toutes ces formalités n’avaient pour l’ensorceleur que peu d’intérêt.

Il attendit donc que les gradés partent entre eux, avant de rentrer dans la cité, où il n’avait pas vraiment de courses à faire…

Douzième jour du Coeur de l'Hiver, année des Dragons Renégats
12 martel 1373 (CV)

Lieu : Morteneige, Marches d'Argent
Temps : couverture nuageuse basse, chute de neige importante, 1°
Moment : vers 13h10





Narration Amur, Belgos, Garjzlasa, Kebur, et Soran :


- Salutations, Capitaine Mannock. Je suis Kurtik Jundreth, chef de la phalange de l’Ours.

Désignant Belgos, puis tour à tour les différents membres de sa petite troupe, le nain d’écu procéda à une présentation dans les règles :

- Je vous présente un solide sous-officier de la Compagnie, Belgos Dalaèl. Puis vous voyez deux vaillants guerriers, Amur et Kebur, puis deux nouvelles recrues, Garjzlasa et Soran. Et enfin mon cousin Marnuf qui rejoint son monastère.

- Content de vous connaître. Vous avez fait très vite ! fit remarquer le chef de la milice. C’est même impossible que vous arriviez de Sundabar. Le messager est parti hier seulement.

Le nain d’écu éclata d’un rire sonore.

- Je l’ai rencontré par hasard. Je venais à Morteneige pour une autre mission. Mais je me mets dès à présent au service de votre maîtresse. Et j’espère des renforts. J’aimerais donc être mené devant la Dame Piqueglace. Mes hommes, eux, vont escorter mon cousin jusqu’à l’abbaye. Ainsi, ma mission première sera remplie. Mais avant, où pourrions nous manger un morceau ? Ce voyage dans la neige a creusé nos estomacs.

Le capitaine Mannock les précéda dans la rue principale de Morteneige, qui la traversait de part en part. Puis il obliqua sur la gauche et les mena jusqu’à un bel édifice en bois, mais qui avait connu des jours meilleurs.

- Voilà qui sera parfait pour vous. C’est le Blason, une taverne des plus acceptable. On y mange correctement, et sans se ruiner. Bien que les prix aient fortement grimpé depuis l’arrivée des prospecteurs. Je vous laisse vous restaurer tranquillement. Pendant ce temps, je vais demander audience pour vous messire auprès de ma maîtresse. Et je reviens vous chercher.

Le chef des miliciens s’éloigna à grands pas.

- Allons manger ! ordonna Kurtik en poussant la porte de l’auberge.

Apparut une salle sans style, aux murs noirâtres, mais où flottait une bonne odeur de viande rôtie. Tous prirent place autour d’une longue table.

- Bonjour tavernier ! Des pintes de bières ! commanda la nain d’écu d’une voix forte au gros homme trônant derrière le bar. Mes braves ! Si vous voulez autre chose, commandez le ! C’est moi qui paye, ainsi que le repas. Vous l’avez bien mérité. Oui, mes braves, vous avez bien combattu ce matin. Je sais maintenant que j’ai un groupe solide derrière moi pour cette mission. A ce titre, j’aurais une proposition qui ne concerne que Garjzlasa et Soran. Vous avez tout deux accepté de vous mettre provisoirement au service de la Compagnie des Marches à l’auberge de la Fourche. Mais maintenant, connaissant votre valeur, je vous propose un engagement à long terme. Je ne vous demande pas de répondre tout de suite. Mais réfléchissez-y.

Un serveur humain au visage creusé de cernes, déposa devant le chef de phalange une choppe dégoulinante. Le nain s’en saisit :

- A la vôtre !





Narration Kerlomar :

Kerlomar se retrouva dans la rue une fois ses achats terminés. Sentant son estomac gargouiller, il décida de trouver un endroit où se restaurer. Et c’est par le plus grand des hasards qu’il porta son choix la taverne Le Blason.

La présence du groupe de la Compagnie des Marches ne lui échappa point. Il gagna le comptoir du bar où il attendit que le propriétaire des lieux s’occupe de lui. C’est ainsi, se trouvant à quelques mètres de Kurtik, qu’il put entendre une phrase prononcée volontairement d’une voix qui portait :

- Oui, je vais chercher encore des volontaires pour intégrer provisoirement la Compagnie. Pour réussir notre mission, nous aurons peut-être besoin d’un groupe plus grand en attendant des renforts. Il y en a peut-être dans cette salle.

Le regard du chef de phalange croisa alors par hasard celui de Kerlomar qui s’était retourné.

Kerlomar était assez content de ces achats et c'est donc tout à fait content de lui et de ses affaires, malgré une baisse de sa bourse, qu'il ressortit du magasin et leva son visage découvert pour le soumettre aux flocons de neige bienfaiteurs qui nourrissaient la terre à leur façon. Il s'était finalement décidé pour cinquante billes pour sa fronde, une bourse de cuir, une dague simple avec son fourreau et rations supplémentaires de survie, se qui lui avait en tout coûté sept pièces d'or et une pièce de cuivre. Il avait renoncé aux allumes feu, plus par envie que par intérêt. Soudain, un léger gargouillement lui rappelant qu'il y avait maintenant plusieurs heures qu'il avait mangé, il se mit en quête d'une auberge et finit par tomber sur l'enseigne du Blason. Bien qu'il soit client à la Rose et au Marteau, il se frotta le ventre et se dit qu'il n'allait pas rechercher son auberge dans les rues mal connues, sinon, il allait y passer le reste de la journée. Kerlomar était très bon quand il s'agissait de se repérer en pleine nature, mais une fois en ville, il perdait tous ses moyens.

Ainsi qu'il s'en doutait, il y avait du monde dans la salle commune et il soupira à fendre l'âme en allant se chercher une place au comptoir. Un groupe de trois nains,trois humains et un demi elfe se faisait particulièrement remarqué par un nain qui parlait trop fort pour que cela soit complètement innocent. D'ailleurs, ses paroles firent mouche aux yeux du druide qui les regarda fixement un peu trop longtemps avant de se détourner pour commander son repas. Rien que de voir autant de monde, il se sentait mal. Mais il savait qu'il avait besoin d'aide pour sa mission et là, six personnes se présentaient et en plus affirmaient haut et fort qu'il leur fallait des renforts. Seulement, une fois de plus, car il se souvenait les avoir déjà vu aux portes de la ville, le damarien ne se leva pas et se concentra sur son assiette pour en manger le contenu, afin de taire son estomac fort bruyant et surtout étouffer cette faim dévorante qui le travaillait.

Une fois son repas terminé, repas pour lequel il n'aurait jamais été capable de dire se qu'il avait mangé, tant le repas avait été pris sans réelle attention, celle-ci concentrée sur le groupe et sur sa mission, il paya son dû et quitta l'auberge aussi rapidement qu'il le put, jetant un dernier regard aux envoyés de la Compagnie des Marches. Une fois dehors, il regarda autour de lui et se s'appua contre le mur pour réfléchir. Il essayait de peser le pour et le contre dans son association avec ce groupe de combattants. D'un côté, il était ici en mission pour aider le druide de Morteneige et conseiller officieux de la régente de la ville, Feldys. Celui-ci voulait le voir enquêter sur l'apparition de morts vivants et sur la présences d'orques. Or, ces deux missions étaient plutôt dangereuses et Kerlomar savait que seul, elles deviendraient encore plus difficiles, voir impossibles. Mais, s'il s'associait avec eux, il devrait sans cesse leur mentir sur certains des buts de sa mission et trouver une façon douce de leur donner son avis sur les endroits où aller sans éveiller trop de soupçons. Rien qu'à cette idée Kerlomar avait envie de s'enfuir et de tout laisser tomber. Seulement, il lui fallait aller jusqu'ua bout de cette mission car il avait tout à y gagner. En rentrant à Thuldaë, il aurait ainsi plus d'expériences concernant un sujet qui l'intéressait énormément, aurait plus de connaissance et surtout pourrait enfin intégrer la branche des Gardiens des Feuilles à laquelle il aspirait. Cependant, pour cela, il fallait qu'il réussisse sa mission, et donc qu'il intègre leur groupe.

¤ A croire que ça a été fait exprès pour que je l'allie à eux. Maïlikki, fais que cette coopération nécessaire se déroule rapidement, que je puisse enfin quitter cette région et retourner en Haute Forêt retrouver la confrérie. ¤

- Bon Kerlomar, du courage, il faut y aller.

Respirant un grand coup pour se donner un surplus de courage, le druide de Cormanthor retourna dans la salle commune de l'auberge, n'ayant pas passé plus de quelques minutes dehors. Cependant, ce court laps de temps avait eut de l'effet sur lui. Il avait le visage rougi par le froid, les lèvres légèrement violettes. Mais cela ne l'empêchait pas de se tenir bien droit, de ne pas trembler et il s'avança vers le nain qu'il avait entendu parler, s'adressant directement à lui.

- Bonjour. Je m'appelle Kerlomar Ribens. J'ai entendu votre annonce concernant votre recherche de nouvelles lames pour votre groupe. si vous l'acceptez, je veux bien en être. Je suis dans la région pour un but particulier.

Ses cheveux châtains clairs légèrement mouillés et accueillant quelques floconds, ses yeux bleus-gris posés sur le nain, Kerlomar se moquait totalement de se que les autres pouvaient penser de lui en le voyant maintenant, surtout avec la cicatrice qui lui barrait le visage, lui ayant presque crevé l'oeil gauche. Instinctivement, il resserra sa cape de laine bouille couleur terre autour de ses épaules afin de mieux cacher son loup argenté qu'il portait au niveau du coeur. Pressé d'avoir une réponse claire et définitive, Kerlomar se retint de taper du pied et pour ne pas montrer son impatience, il cacha ses mains dans les manches de sa tenue de voyage aux couleurs brune/vertes, adaptée à la vie en pleine nature.

¤ Voyons si ce nain sera comme Horïn. ¤

La bonhomie de Kurtik revenait au naturel, prenant place aux côté d’Amur et en face de Kebur qui se trouvait non loin du chef de la phalange de l’ours, Belgos avait écouté attentivement la déclamation du nain qui proposait aux nouveaux venus un engagement à long terme dans la compagnie. Il était vrai qu’ils avaient prouvé leurs valeurs face à huit orques armés jusqu’aux dents surtout le dénommé Soran qui avec art et manière était parvenu à rester vivant. C’était déjà une grande chose. Il ne s’assit pas et se rapprocha de Kebur et Amur pour les attirer un peu à l’écart.

- Kebur et Amur, je vais m’absenter pour trouver une herboristerie ou un magasin dans ce patelin et en profiter d’aller aux nouvelles. Je ne suis pas d’humeur à partager à boire une bière ni de manger. Il sera bien temps ce soir. Je resterai absent une petite heure. A plus tard mes amis et n’abusez pas trop !

Il fit un clin d’œil à Kebur et donna une tape sur l'épaule du guerrier avant de se diriger vers l’extérieur de l’auberge. Il n’avait pas parlé à Kurtik. Pourquoi l’aurait-il fait? Au besoin Kebur ou Amur étaient à même de lui répondre si besoin était. Il aurait aimé que ses deux frères des Marches l’accompagnent mais il ne voulait pas abuser, eux aussi avaient besoin de profiter d’un endroit chaud et de consommer s’ils en éprouvaient le besoin donc autant qu’il soit seul. Une fois sur le pas de la porte, le demi-elfe respira profondément, l’air glacé le réveilla. Il se mit en quête d’un magasin…

Narration Belgos :


Le nain d'écu, occupé à discourir avec Garjzlasa et Sora, vit néanmoins Belgos adresser quelques mots à Kebur et Amur avant de quitter la taverne.

¤ Mais qu'est-ce qu'il fait ? ¤

Cette pensée faillit jaillir à haute voix. Le chef de phalange réussit à se retenir in extremis. L'atititude du demi-elfe l'exaspérait. Comment Shevarra, chef de la phalange de l'Aigle, dirigeait-elle ses hommes ? A moins qu'il s'agisse entre Belgos et lui, d'une incompabilité de caractères.

¤ J'ai déjà dû mettre les choses au point à l'auberge, il faut recommencer apparemment. ¤

- Excusez-moi un instant.

Le ton ne laissait transparaître aucune colère, et le chef de phalange réussit même à décrocher un sourire détendue. Il ne perdit pas de temps et sortit dans la rue où il héla le demi-elfe d'un ton qui portait, mais sans hurler et atirer l'attention des clients de la taverne, de ses hommes, ni des passants.

- Belgos ! Attends-moi !

Le demi-elfe s'arrêta immédiatement et se retourna, laissant le nain d'écu le rejoindre.

- Où vas-tu comme ça, Belgos ?

La voix était froide, mais pas cassante. Belgos n'avait d'autres choix que d'y répondre, et il expliqua le motif de son départ de la taverne.

- Des achats ? Maintenant ! s'étonna Kurtik sans se laisser dominer par la colère. Tu n'en as pas le temps. Et déjà, pour commencer, tu aurais dû m'en parler. Comment ce fait-il que tu t'absentes ainsi sans me le dire. Je ne suis pas un tortionnaire. Et si je peux laisser un peu de liberté à mes subalternes, je le fais. Me demander cela, c'est la base de la discipline. Donc je te demande de t'y conformer. Tu es un sous-officier, et je te considère comme mon adjoint dans la mission qui va bientôt commencer. Donc je compte sur toi pour donner l'exemple. Est-ce claire ?

Le chef de phalange fit une pause. Puis il termina ce qu'il avait à dire :

- Donc, tu ne peux aller faire des achats car il te faut terminer notre mission d'escorte de Marnuf. Je dois me rendre auprès de la Dame Piqueglace pour prendre connaissance de notre mission. Je veux donc que tu diriges le groupe pour emmener Marnuf à l'abbaye. Il n'y a que trois kilomètres. Il faut que vous soyez rentrés avant la nuit. Alors, il n'y a pas de temps à perdre. Dès que tout le monde à manger, tu commandes le départ. Allez, rentrons à la taverne.

Le nain d'écu fit demi-tour et réintégra la salle commune, espérant que le demi-elfe allait en faire autant.

Ce fut un instant douloureux pour le demi-elfe, très douloureux. Voilà qu'un nain lui faisait une leçon de morale et il se fit violence pour ne pas répondre vertement au commandant de la phalange de l'Ours. Car oui, il fallait bien se l'avouer, les paroles de Kurtik Jundeth du clan Jundeth ne sonnaient pas creux, mais tout le contraire avec en prime un chouilla de diplomatie qui faisait plaisir à voir. Décidémment ce nain savait manier le verbe et acceptait de faire des concessions sans se montrer intransigeant.

Un sourire ourla les lèvres du rôdeur et il inclina le buste. Mais oui Belgos savait être gentil et conciliant.

- A vos ordres commandant!

Il renchérit, une ombre de regret sur son visage tandis que l'officier regagnait la salle commune. Belgos

- N'empêche que je me faisais une joie de changer d'air! murmura pour lui même le rôdeur avant d'emboiter le pas au fils de la pierre et gagner à son tour l'ambiance délicieuse de l'auberge. Pour éviter toute méprise, Belgos rejoignit Amur et Kebur, son absence avait durée une poignée de minutes et il prit un air dépité en écartant les mains en regardant tour à tour le guerrier et le prêtre.

- Privé de sortie les amis! Je suis privé tout bonnement de sortie!

Il prit un air faussement renfrogné.

- Fort heureusemment, votre compagnie va me faire oublier cette interdiction passagère de me promener et de dépenser quelques piecettes selon mon bon plaisir. Et je crois qu'au final une bonne bière devrait me requinquer. Trinquons à nous fiers combattat des marches! Et mangeons..

L'invitation s'adressait naturellement aux frères Licorne et Aigle et non aux deux futures recrues de la compagnie

¤ Que les dieux aient pitié de moi...Pas ce Soran dans la phalange de l'aigle....¤ songea un instant le rôdeur, encore fallait-ils qu'ils acceptent la proposition de Kurtik.

Un repas certes faisait toujours plaisir, d'autant plus qu'il annonçait pour le groupe un peu de chaleur pour contrebalancer la rude froideur du nord. Oui, mais sur le moment, Kebur ne considérait pas que leur mission première était de se restaurer et se reposer du voyage, qui toutes choses prises en compte n'avait pas été très long depuis l'auberge de la Fourche ...

Mais le sonnlinor ne pipa mot et accepta avec un sourire la choppe qui lui était gracieusement offerte par le tavernier sur la commande de Kurtik. Il ne parlait donc que très peu, souriait quand il le fallait, mais sentait que quelqu'un allait forcément dire quelque chose à propos de ce qu'il considérait réellement comme un "contretemps" - dire quelquechose, ou tout du moins en profiter pour faire autre chose que rester devant une choppe ... Et, comme il l'avait déjà fait à l'auberge de la Fourche la veille, ce fut Belgos qui profita de l'occasion pour tenter de s'éclipser.

De son côté, le jeune prêtre fit donna un sourire en guise de réponse à l'annonce de son ami, et il se préparait même à se lever pour le suivre, histoire de pouvoir parler, quand Kurtik le fit pour disputer avec le rôdeur. Et malgré tout, il ne put s'empêcher de rire quand Belgos fit le pitre en leur annonçant qu'il était "privé de sortie". Sans doute ce trait d'humour et la parole ferme de Belgos avaient suffi au commandant, peu habitué au sang-mêlé, mais au fond, il ne faisait aucun doute que ce dernier fulminait contre son supérieur.

-Oui, oui trinquons. Puissent les deux hommes que nous avons laissé derrière ce matin rejoindre leur paradis respectifs !

Déclaration ponctuée comme il se devait d'un longue goulée de l'épaisse boisson. A part, et comme il était tout près, Kebur ne put s'empêcher de se pencher vers l'oreille de son ami pour lui souffler :

-Je dois t'avouer que j'aurais préféré en finir vraiment avec notre mission avant de passer au repos ... je ne connais pas le clan Jundeth, mais ce membre-ci à l'air prodigue ! D'une prodigalité qui m'effraierait presque !

Et encore, tout satisfait qu'il était de sa messe basse, le jeune prêtre se mit à rire, un rire partagé uniquement avec Belgos, mais qu'il ne tarda pas à camoufler dans la mousse de sa choppe ... !