L'étrange tour, mission Mjöllnir, Gweadal

Narration

La femme lui répondit tout simplement d'un ton grave mais se voulant déterminé.

-Oui cela parait plutôt vague comme indication et pourtant c'est amplement suffisant tu verras. Cette fichue tour se trouve exactement au milieu des deux pics que tu as cités. On en peux pas la rater. Par contre elle est fichtrement bien gardée. A l'intérieur comme à l'extérieur avec d'étranges créatures volantes qui rôdent autour. En plus il a fait appel à des mercenaires orques, qui bien que moins nombreux qu'avant n'en restent pas moins plus que nous. Et bien sûr, il y a Telkoun. Ce rassemblement d'immondices et de déchets en tout genre se présentera certainement à nous. Il n'aime pas les visiteurs enfin surtout ceux qui ne sont pas "invités" par ses soins

Elle cracha dans la neige en même temps qu'elle prononça le nom d'orque et de Telkoun. Son dégoût pour ces créatures était manifeste, et elle ne s'étendit pas plus sur le sujet.

-Par contre avec cette neige sur le parcours on devrait mettre environ deux à trois jours et peut-être plus si jamais on se retrouve avec des patrouilles d'orques qui rôdent aux alentours de la tour. Par contre, je me demande tout d'un coup. Comment en es-tu arrivé à prendre ce chemin pour la citadelle d'Adbar ? Ce n'est pas vraiment le chemin le plus facile et le plus sûr pour s'y rendre. De plus j'ignorais complètement qu'une colonie de nains s'étaient installés dans cette régions si proche des orques.

- Une colonie de Nains?

Mjöllnir se retint de rire pour ne pas offenser la dame qui n'avait jamais du entendre que le nom de la prestigieuse forteresse, il poursuivit, un demi-sourire qu'il ne pouvait cacher aux lèvres : - "Adbar est l'une de nos plus grandes forteresses! Elle doit son nom au grand roi Adbar, que Dumathoin veille sur lui. Plus de vingt milles vigoureux y vivent encore ajourd'hui, ils étaient plus du triple à l'age de sa grandeur. Elle fait bien plus que résister aux attaques des Orcs, tu peux me croire. Soixante fois ils ont essayé d'en franchir les portes, des sièges de cent milles créatures se sont épuisés contre nos imprenables murailles… et c'est sans parler d'Adbarim, la merveilleuse cité construite sous la forteresse."

Il hocha la tête, satisfait de son explication. Nul besoin de lui parler des rares humains, engagés comme mercenaires à l'extérieur des murs, ni du fait qu'aucune forge du Nord ne pouvait rivaliser avec celles de la forteresse. Nul besoin de blesser son égo en fait. Son peuple avait perdu de sa grandeur d'antant, certes, mais il ne se limitait pas à un ensemble de colonies disparates, il n'avait pas cette manie typiquement humaine de coloniser les terres des autres races qui les menait si souvent à la guerre.

Le problème de Telkoun reprit le devant de la scène dans ses préoccupations du moment. Adbar était encore loin, la tour, beaucoup moins : - "Je n'pensais pas aller titiller ce vieux fou chez lui mais j't'accorde qu'il faudra être bien prudent … J'préfère qu'on prenne trois jours, si ça nous évite trop de mauvaises rencontre…. Même si j'casserais bien l'une ou l'autre peau verte …"

Il reprit, déridé pour le compte, d'un air moqueur : - "J'me doute qu'il ne s'agit pas du chemin le plus simple, c'est juste le mien. Et comme le disent tous nos maîtres dans leur grande sagesse, le chemin a autant d'importance que l'objectif."

Et enfin le Nain put enfin lui envoyer son clin d'oeil légendaire.

Narration

La jeune femme lui répondit d'un ton presque désolé et visiblement très surprise.

-Pardonnez mon ignorance mais je n'ai jamais quitté ces montagnes. J'ai bien vu quelques uns des votre parfois mais jamais assez pour discuter et faire plus ample connaissance. Par contre rencontrer une des patrouilles orques n'est peut-être pas un mal après tout. Si les autres ne voient pas revenir quelques uns des leurs peut-être qu'ils partiront à leur recherche et ainsi déserter la tour. C'est à voir.

Le nain put voir, que la jeune femme était plongée dans ses pensées. Les reliefs irréguliers de la montagne commençaient à se faire sentir dans les jambes de tous les deux.
Ils avançaient à un bon rythme mais la lueur du jour diminuait de plus en plus. Cela ne gênait en rien Mjöllnir mais sa compagne de route en était affectée pour sa part. Quand la lumière devint presque trop faible pour sa vue, elle le signala à Mjöllnir.

-Je ne vois presque plus mes pieds, comment faites vous pour avancer aussi vite ? Il va nous falloir monter un petit campement pour cette nuit. Et bien sûr pas de feu. J'espère que vous avez une bonne couverture avec vous. Tenez allons donc là-bas ça sera parfait.

Elle le mena jusqu'à un petit surplomb qui s'élevait par rapport à leur position d'origine. Il avait aussi l'avantage d'avoir des rochers suffisamment plats pour ne pas dormir à même la neige et qui offraient une protection, somme toute limitée contre le vent, ce qui n'était pas négligeable. Restait en suspend les conditions du sommeil. Allaient-ils dormir les poings fermés ou veiller à tour de rôle ?

Mjöllnir prit une profonde inspiration, laissant l'air glacial s'insinuer dans son corps échaudé par la marche. Son entrainement physique et sa constitution exceptionnelle lui permettait de réaliser de telles prouesses sans sourcier. Il était roc, tout entier, avançant inlassablement comme un rocher dévalant la falaise.
Dans le silence immobile de ce lieu à l'horizon infini, il en avait presque oublié qu'il n'était pas seul. Et que tout le monde n'avait pas sa forme. Il suivit Silnya jusqu'à l'endroit désigné, ralentissant son pas, et posa son sac contre la roche : - "Depuis bien avant ta naissance, j'ai suivi un entraînement rigoureux. Ils ont forgé mon corps, j'n'ai pas d'mérite."

Comme il se sentait bien dans ce désert blanc! Loin du chaos d'Ashaba auquel il avait échappé sans encore vraiment comprendre comment, il pouvait laisser son esprit vagabonder et ses yeux profiter du Beau. Il savait cette "pause" de courte durée et en profitait pleinement, persuadé que ces paysages immenses étaient nécessaire à l'ouverture de l'âme.

- J'ai mieux qu'une couverture Silnya, j'ai une tente qui nous protégerait du vent. Si nous dormons chacun à notre tour, on n'risque pas d'être surpris. J'peux prendre le premier tour, j'n'ai pas besoin de lumière pour y voir.
Les yeux du Nain avait pris une curieuse couleur, presque argenté dans la pénombre actuelle, signe qu'il utilisait déjà sa vision nocturne pour y voir mieux et éviter de se tordre les pieds dans une anfractuosité rocheuse que l'obscurité lui aurait caché. Dans l'attente du choix de sa partenaire d'expédition, il reprit en repérant les environs immédiats : - "Tu sais, je n'suis pas surpris qu'tu n'aies jamais pu discuter avec les miens. Ils sont parfois tellement bourrus qu'ils sont moins bavards que des pierres avec les étrangers. Et pour un Vigoureux, il faut une belle barbe et une stature pareille pour ne pas être considéré comme étranger!"

Les deux mains sur le ventre, il laissa un bon rire sonore s'échapper, se moquant de sa corpulence -pourtant athlétique- Se pouvait-il qu'on les trouve par hasard dans cette immensité?

Nous n'avons pas encore parlé de rations de voyage, je considère en avoir reçu en même temps que ma mission?

Narration

Ils montèrent la tente rapidement et la jeune femme en profita pour continuer la conversation déjà engagée pendant leur marche.

-Et bien pour ainsi dire je me suis volontairement coupée du monde avec ma... enfin feu ma famille. Je n'ai jamais que connu que cette contrée. Les montagnes, le froid, la neige et les créatures qui les peuplent. Cependant on avait toujours réussi à s'en sortir jusqu'à aujourd'hui. Je ne comprends toujours pas pourquoi ils sont venus jusqu'ici. Ils n'allaient jamais aussi loin de la tour et ils les ont juste massacrés, comme ça pour rien et en plein jour en plus. On aurait dit une vengeance, une sorte de règlement de compte que je ne saisis toujours pas. Mais il se fait tard dormons et dés demain réveil à l'aube. Si votre proposition tient toujours j'irai me reposer en première.

La tente fournissait un abri face au vent qui, n'était pas négligeable. Le nain veilla le temps qu'il fallut et quand l'heure fût venue, il alla réveiller la jeune femme. Le reste de la nuit se passa sans problème bien que des cris divers et variés d'animaux en tout genre se firent entendre, mais ils restaient lointain et sans danger. Au petit matin, Silnya vint le réveiller et prirent de quoi se sustenter. Une fois cela fait , ils plièrent la tente et repartirent de plus belle sur le chemin qui les menaient à la tour.

2 martel 1373

Cela ne faisait pas une heure qu'ils étaient repartis que la jeune femme s'arrêta tout d'un coups. Elle désigna quelque chose au loin qui semblait émerger de la neige environnante. Mjöllnir mis un certain à voir de quoi il s'agissait, mais finit par découvrir ce que Silnya voulait lui montrer. Un attroupement d'orques se trouvaient devant eux. Mais quelque chose clochait. Ils restaient là immobiles, comme figés sur place. Pas le moindre bruit ou le moindre mouvement. Par mesure de précaution les deux compagnons de voyage se mirent sur le côté et se cachèrent tout en gardant un oeil sur l'étrange troupe. Il n'y avait eu aucune réaction de leur part ce qui pouvait les rassurer dans un premier temps. Ils comptèrent une vingtaine d'orques qui se trouvaient à une cinquantaine de toises de leur position. Cependant après cinq bonnes minutes d'observation, les orques n'avaient toujours pas bougés d'un poil. Silnya chuchota en direction du nain.

-Mais qu'est-ce qu'ils fabriquent ? C'est bien la première fois que je vois des sanguinaires dans leur genre agir de la sorte.

Accroupi dans la neige, Mjöllnir commençait à se demander combien de minutes de cache immobile pourraient tenir ses vêtements avant qu'ils ne soient complètement trempés et lui, accessoirement, glacé. C'était là tout le danger de l'activité physique intense par un froid pareil, la sueur -il en était certainement de même pour la neige fondue- refroidit le corps à l'excès et … gèle.

L'attente lui permettait néanmoins de remettre en perspective les différents éléments de cette dernière rencontre: Cette famille coupée du reste du monde qui se retrouve soudain divisée par l'attaque d'orques sans aucun doute à la solde d'un sorcier dément dont il cherchait justement la tour, des oiseaux géants, certainement au service de ce même vieux fou, qui attrappent des kobolds venus de nulle part, et maintenant ces mêmes orcs qui, au lieu d'attaquer les proies qu'ils devaient constituer en toute logique, restant de longues minutes immobiles dans la neige à quelques cent mètres d'eux … La magie n'était décidément pas dans le clan de l'Ordre …

Mjöllnir s'était bien abstenu de répondre à Silnya la veille au soir quand elle s'était posé tout haut la question de savoir pourquoi ils avaient été victime de l'attaque. Il ne se faisait aucune illusion sur les humains, moins encore sur les arcanistes de cette race. S'il s'était rendu compte de leur présence, ce qui ne faisait pas grand doute, il n'avait besoin d'aucune autre raison qu'une relative proximité avec son repère pour s'en débarasser. Il n'était même pas nécessaire qu'il eut à cacher quoi que ce soit ou que la jeune fille lui ai causé le moindre tort. Ils étaient plus territoriaux que des chats … ou des dragons … Mais cette vision de la nature humaine ne lui aurait apporté aucun réconfort et il n'avait aucun intérêt pas plus que la volonté, de la pousser au suicide.

Le moine lui chuchota en retour, hochant la tête : - "Dommage qu'ils ne soient pas la moitié, ou nous le double, on se s'rait bien amusé … Ils ont peut-être attendu trop longtemps sur place, ou subit un des sorts de leur maitre?"
A plus de dix contre un, même des kobolds auraient pu les blesser sévèrement. Les orques étaient plus forts et les auraient certainement tués. ¤ Stupides … mais forts. ¤

- C'est toi la spécialiste mais j'suis d'avis d's'assurer qu'ils sont immobiles pour toujours avant d'aller voir ce qui leur est arrivé.

Narration

La jeune femme resta dubitative. Plus ils observaient les orques plus ils se demandaient ce qui pouvait bien se tramer là-bas. N'y tenant plus elle se décida pour agir.

-On va se rapprocher discrètement en longeant la petite butte et on verra bien ce qui se passe sur place.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle s'élança telle une chatte filant sa proie. Même si la neige la gênait dans ses déplacements elle semblait glisser sur elle. Mjöllnir lui emboita le pas et ils eurent tôt fait de se rapprocher discrètement de l'attroupement orques. Parvenus au plus près qu'ils pouvaient l'espérer sans risquer de se faire remarquer, ils se postèrent en surplomb à vingt toises au grand maximum d'eux. Devant eux un spectacle étrange et angoissant à la fois se dessina. Les orques ne risquaient pas de bouger d'un moindre pouce. Tous ceux qu'il dénombraient devant eux étaient figés les bras levés face au ciel alors que d'autres étaient avaient tenté de s'enfuir et étaient comme des statues. De simples statues de glaces qu'ils étaient tous devenus. On pouvaient à peine distinguer la fine couche de glace qui les recouvrait, mais elle était bien là. Silnya regarda les alentours et finit par se lever et aller dans la direction des orques. Rien ne bougea quand elle se retrouva au milieu d'eux. Elle les tapota légèrement sans aucune réaction de leur part ou de quelque chose d'autre. Il était face à un cimetière abandonné de statues d'orques gelés. Tout leur équipement avait subit le même sort que leur propriétaire. Restait à savoir ce qui avait bien pu les mettre dans cet état là.
Mjöllnir se joint à la jeune femme et commença son examen personnel des créatures. Il ne trouva rien de particulier si ce n'était qu'elles semblaient avoir éprouvé une grande peur toutes autant qu'elles étaient. Qu'est-ce qui pouvaient donc mettre en déroute une vingtaine, si ce n'était plus, d'orques ? Car en regardant de plus près, ils purent remarquer que beaucoup d'autres étaient tombés dans la neige. Mais à part eux il n'y avait rien d'autres.

¤ Nous r'voilà en mission d'infiltration … v'là bien une chose qu'on n'nous apprend pas dans nos monastères, qu'les approches discrètes … C'est pourtant beaucoup plus sage que d'foncer vers l'inconnu … il faudra qu'j'en parle à l'Ancien … ¤

Les pas du moine étaient beaucoup moins lestes que ceux de la jeune femme mais pas moins rapides, il n'était pas lourdeau mais clairement moins habitué qu'elle à se déplacer de la sorte. Là où elle glissait, il laissait derrière lui un sillage aussi visible qu'une charue à travers un champ.

Prisonnier d'un besoin d'assurance, et peut-être par le froid, il avait du attendre qu'elle fasse le premier pas et … s'en voullu en la rejoignant. Le temps qu'il était à ses côtés, il se jura mentalement de faire preuve d'un peu plus de témérité pour protéger sa guide d'elle même et des autres. Quoi qu'elle dise ou fasse, il avait besoin d'elle, pour ne pas se perdre ni dans l'immensité blanche, ni dans sa contemplation. Contemplation brisée pour le coup par ce curieux champ de statues de glaces …

- V'là un spectacle à faire jouïr des suivants d'Aurile! C't'une belle baffe glacée qu'ils se sont pris là!
De la magie, encore … qu'elle vienne d'un sorcier -peu probable si près du repère d'un d'eux- ou d'une créature, c'était là un terrifiant exemple d'une puissance qu'il fallait mieux ne pas avoir à affronter. Il partit sur la seconde idée.
- La tête blanche de la reine dragon crache ce genre de froid mortel … Aurais-tu vu voler un de ces fils de Tiamat ces derniers jours? La neige passe encore … mais le souffle d'un dragon … j'suis sur qu'il parviendrait à r'froidir même un corps comme le mien! - lança-t-il en se tapotant la poitrine du poing. Le moine jouait d'humour mais dans sa voie transparaissait une pointe de peur bien justifiée.

Etait-ce ce genre de dragon dont il était chargé de trouver l'oeuf? Etait-ce son oeuf? Il était encore tellement loin de sa destination qu'il considérait la chose peu probable et chassa cette question de son esprit en deux clignements d'yeux, conscient qu'il n'en aurait de toute façon pas réponse avant longtemps.

- Il va falloir qu'on fasse attention qu'le ciel ne nous glace pas les os, et presser encore le pas si on veut pas finir en statues nous aussi…

Narration

-Oui je suis bien d'accord, ne trainons pas trop par ici. Je n'aimerais pas finir comme eux. Je ne sais pas ce qu'ils ont rencontré mais je ne veux pas le savoir.

A peine eut-elle prononcé ces mots qu'un énorme bloc de glace tomba non loin d'eux et s'enfonça profondément dans la neige. Il avait la taille d'une grosse boule d'un diamètre de cinq bonne toise. Machinalement ils levèrent les yeux au ciel pour voir d'où venait cet étrange projectile et ils purent voir un spectacle à la fois terrifiant et titanesque. Dans les cieux, très haut dans le ciel se dressait un dragon d'une blancheur extrême. Ils pensèrent tout d'abord qu'il en avait après eux, mais purent voir avec un soulagement certain, qu'il se tenait face à autre chose. Ils ne le virant pas tout de suite car le ciel bleu se confondait avec la couleur de la créature. Mais quand celui-ci cracha un éclair issu de sa gueule ils reconnurent tout de suite la marque d'un dragon bleu. Les deux grands vers s'affrontaient dans une lutte acharnée. Ils n'avaient pas vu ou ne tenaient pas compte de la présence des deux voyageurs et spectateur pour l'heure.
Mjöllnir crut un instant avoir trouvé ce qu'il cherchait mais, en regardant de plus près il douta qu'il soit arrivé près de la cache secrète qu'il devait trouver.
Pour l'heure il fallait déguerpir au plus vite. Il empoigna le bras de la demoiselle qui semblait comme fascinée par la scène qui se déroulait au-dessus de leur tête. Il l'emmena loin de tout ce tumulte et elle finit par bouger d'elle même. Ils détalèrent aussi vite qu'ils le purent n'osant même pas se retourner pour voir ce qui se passait au-dessus d'eux leur tête. Après quelques minutes d'une course aussi rapide qu'ils le purent, ils s'arrêtèrent pour reprendre leur souffle.

-C'est ça qu'on appelle des dragons ? Je n'en avais jamais vu ? Mais pourquoi a-t-on fui ? Ils se battaient entre eux c'est tout non ? On ne risquait rien ?

Pendant un instant le nain crut que la jeune femme plaisantait, mais cette légère naïveté dans son ton lui fit penser le contraire. Elle se releva regardant au loin quelque chose. Puis elle leva la main désignant un point que Mjöllnir ne voyait pas.

-Je crois qu'on a de la visite.

Elle prit son arc et encocha une flèche à une vitesse impressionnante et commençait à viser. Le nain vit enfin ce dont il s'agissait. Quatre orques se tenaient droit devant eux et leur fonçaient si ce n'était dessus, en tout cas droit vers eux. Silnya déclencha son tir et atteint l'un d'entre eux sans pour autant l'abattre. Elle cherchait déjà une autre flèche pour continuer à tirer pendant qu'elle le pouvait encore. Fort heureusement, la neige était plutôt un handicap pour les orques cette fois-ci car elles les ralentissaient dans leur progression. Mais tôt ou tard ils seraient sur eux, car à peine à une quinzaine de toise de leur position.

¤ Pourquoi on fuit? Le moindre de ces vers peut sentir ta présence avant que tu n'l'aies même aperçu. D'un souffle, l'un t'glace les sangs et l'autre te grille comme un poulet sur une broche! Voilà pourquoi ! ¤

Mjöllnir lui expliquerait plus tard pour quelles raisons les dragons restaient au sommet de la chaine alimentaire et qu'en voir un était déjà exceptionnel … quand ce n'était pas la dernière chose vue ... alors deux, luttant entre eux ou pas … Ils auraient pu l'un comme l'autre les occire sans même s'en rendre compte, comme des moucherons qu'ils étaient pour des dragons adultes.

Pour l'heure, un souhait exprimé trop haut que pour ne pas être exaucé venait de prendre forme dans les quatre créatures qui leur fonçaient dessus. Sans doute un détachement envoyé pour savoir ou restaient les autres, tous statufiés qu'ils étaient, et très certainement en retard auprès de leur maitre. Abattre ceux-là leur assurerait de voir plus encore de créatures venir à leur rencontre mais pourrait aussi détourner l'attention du Sorcier qui y verrait certainement un plus grand rival qu'un Nain et une humaine, et leur permettre de passer non loin de la tour sans disparaitre pour n'être plus q'un petit tas de poussière sous un rayon du dément.

Il fallait espérer qu'ils ne fuient rien d'autre qui finirait par les rejoindre et ne leur voudrait pas forcément du bien … un troisième dragon par exemple …

D'un mouvement fluide, Mjöllnir déposa son sac et son baton de marche pour se mettre en position, un pas en avant de la femme, sur le côté pour ne pas la géner dans son tir. Lourdement campé sur ses jambes, il aurait pu recevoir la charge d'un buffle sans sourciller. Les bras placés dans une posture de défi, il fit crisser le cuir de ses gantelets, les invitant à s'approcher.

Il n'avait visiblement pas la dextérité de la jeune femme et doutait avoir le temps de charger son arbalète avant qu'ils ne soient sur eux mais à défaut il s'apprêtait là à recevoir le premier à sa portée avec tout le talent martial dont il était capable.

- Venez mes vilains.

Mjöllnir s'apprête à utiliser son déluge de coups sur le premier orc à portée
attaque : +5/+5 ; dégats : 1d8+3 (+3 de feu, des gantelets de cendres du phénix au tour prochain)/1d8+3