Route de la Fourche, suite de Panique à Fortnouveau

N'Jini eut juste le temps de voir cette chose s'écraser au sol. La lumière aveuglante qui s'ensuivit s'imprima dans ses rétines alors qu'elle fermait les yeux. Elle se félicitait d'avoir eu ce réflexe, cela aurait pu apporter un aveuglement certain. Deux, ils n'étaient que deux mais comme toute rencontre étrange et d'étrangers, il fallait être prudent. Le silence de ses compagnons d'infortune l'agaça un tantinet. Il fallait agir, réagir, se battre, parler ou elle n'en savait pas trop quoi, mais se rendre à quoi, à qui sûrement pas, du moins pas de suite. Elle se releva, s'appuyant de son bâton tout en parlant, en s'assurant d'avoir une voix douce et timide ôtant toute arrogance et menace :

Messire, je ne comprends pas. Nous ne sommes que de simples voyageurs ayant trouvé un abri pour la nuit. Il y a de la place si vous voulez...

Le "vous êtes fait" tintait encore dans les oreilles de N'jini. Étaient-ils poursuivis ? La jeune ensorceleuse ne comprit pas la portée de ces paroles, il y avait comme une finalité dans ces mots. Elle coula un regard interrogateur à Menthas, sans toutefois pouvoir déchiffrer son expression dans la pénombre. En fait elle ne connaissait rien du passé de ces deux hommes. De plus elle les avait surpris penché sur un cadavre... Seraient-ils coupable de quelque chose qu'elle ignorait ? Son regard revint aux deux silhouettes qui se tenaient là. A contre-jour difficile de voir leurs expressions, peut-être qu'eux bénéficient de plus de clarté. Elle réfléchit rapidement à un moyen de se sortir de là. Elle aurait adoré avoir un peu plus de lumière, aussi se décida-t-elle à le proposer...

J'ai là quelques bâtons éclairants dans mon équipement, ne serait-il point plus commode de faire un peu de lumière ? Il n'y a aucune raison de nous cacher !

Espérant que cette dernière assertion leur ôterais leurs soupçons, N'Jini se prépara à saisir son sac à dos dès l'assentiment. Elle se tint néanmoins sur ses gardes...

Les réponses qu'attendait Menthas par rapport à ses interrogations furent claires. Les inconnus ne demandaient pas l'hospitalité. Il semblait même que l'effet inverse était en train de se produire. Mais pour quelles raisons leur en voudrait-on? Il était vrai que depuis leur départ de Sundabar, ils n'avaient pas fait des rencontres heureuses.

Le mulan fit immédiatement le rapprochement avec l'incident de la journée qui venait de passer. Dans sa tête, il semblait évident que la personne qui les avait attaqués, tentait de nouveau sa chance. Les indices concordaient. Comme précedement, les intrus débarquaient de nulle part. Et après que l'inconnu se soit évaporé dans la nature, maintenant il faisait jaillir de la lumière au beau milieu de l'obscurité.

Les idées se mélangèrent dans la tête du prêtre de la Cavalière. Comment réagir face à une situation. C'était en effet très délicat à gérer. La seule certitude: il était impensable de se rendre, alors qu'à priori ils étaient supérieurs en nombre. Les étrangers ne devait surement pas être là pour discuter. Et tenter de les raisonner semble inutile. L'affrontement semblait proche. Mais le jeune humain ne voulait surtout pas se jeter tête baissée sur un adversaire dont il ne connaissait pas les caractéristiques.
Et puis comment réagiraient ses deux compagnons? Envisageaient-il aussi de combattre? Menthas préféra laisser planer un peu de suspens et de rendre la situation encore plus pesante en disant rien. Il serra un peu plus la prise sur le manche de son épée, se tenant prêt à l'utiliser si nécessaire. Peut-être que le temps qu'il attendrait, soit Kobalt, soit N'Jini, aurait une idée pour se sortir de ce guet-apens?

Narration

Diplomatie Njini 17(dé)+4(cha)=21 réussite

14 martel 1373

La surprise fût de courte durée. Njini initia un dialogue afin de tenter quelque chose. Son incompréhension de la situation et bien qu'il en soit de même de ses compagnons, ne lui laissait que la voie de l'apaisement pour tenter de savoir de quoi il retournait. La réponse ne se fit pas attendre. Dès qu'elle finit sa phrase, une torche s'alluma, puis une autre et encore une autre. Finalement ce furent tout une série de personnes qui apparurent devant eux. Leur accoutrement ne laissait aucune doute quand à leur origine. C'était des gardes de Sundabar qui venaient de les surprendre en pleine nuit. Ils examinèrent chacun des trois acolytes. Même Kobalt avait été repéré dans son coin ce qui le surprit tout de même un peu. Puis l'un des gardes s'exprima en voyant le symbole que portait le prêtre.

-Ce ne sont pas eux. L'un d'entre eux est de la cavalière rouge, cela m'étonnerait que les brigands soient de ceux là.

Ils discutèrent à voix basses entre eux puis, leur interlocuteur reprit.

-Il y a eut méprise je le crains. Nous vous avions pris pour un groupe de scélérats qui sévissent dans le région. Vous ne seriez pas tombés dessus par hasard ?

Tous les gardes rengainaient leurs armes. Ils pouvaient en dénombrer une bonne dizaine et encore ils ne voyaient pas ceux qui pouvaient être à l'extérieur de la grotte.

Prochain post MJ : dans quinze jours au plus tard

L'instinct de N'Jini ne l'avait nullement trompée. La lumière des torches révéla un nombre impressionnant de gardes armés jusqu'aux dents. Une vague d'adrénaline la pétrifia un instant, alors que ses pensées cherchaient déjà une issue, formait un plan d'évasion, son imagination parcourant à toute vitesse toutes les solutions possible même au détriment de ses deux compagnons. Ce fut avec soulagement qu'elle comprit que les soldat n'était qu'à la poursuite d'une bande malfaiteur. La jeune femme n'osait à peine imaginer la terrible bataille dans laquelle ils se seraient jetés dans cette pénombre. Elle ne serait jamais arrivée à destination. Alors que les gardes semblaient tout à fait surprit par leur apparence, N'Jini coula un regard sur ses compagnons, essayant de déchiffrer leur expressions. Une vague de méfiance la saisit alors qu'une nouvelle fois l'image du corps au bord de la route l'effleura. Elle devrait peut-être faire plus attention les prochaines fois. Cela lui évitera de se retrouver dans des situations aussi délicates et de risquer de payer pour des crimes qui n'avaient rien à voir avec elle.

Elle sourit à son interlocuteur, mais restant méfiante. Tout pouvait tourner très vite, un détail, un questionnement de la part d'un de ces hommes et tout pouvait être remis en question. Posément elle répondit :

- Des bandits de grands chemins ? Pour ma part je n'en ai pas vu, du moins je n'ai vu personne sur cette route. Il faut avouer que j'étais trop concentrée à poser mes pieds sur le sol gelé. Les routes ne sont pas fort aisées par ce temps. Mais c'est bon de le savoir qu'ils sévissent. Pourriez-vous nous en donner la description ?

Le prêtre ne s'attendait pas à être réveillé en pleine nuit par des gardes. Il s'attendait plus à des bandits guettant des proies pendant leur sommeil. Heureusement les miliciens se firent rapidement un avis sur la situation. Et ils ne se trompait pas dans leur jugement.
Menthas se retrouva un peu bête l'épée à la main au milieu de tous ces soldats qui les entouraient. Il se dépêcha de rengainer son épée, comme son personne ne le remarquerait. Ce qui était bien évidemement idiot comme réaction. Il était évident qu'il s'agissait certainement de la première chose que les gardes avaient du remarquer. Comme pour se racheter, il prit la parole une fois que N'Jini eut fini de répondre à la question posée.

"Pardon, elle non, mais nous oui, avons été victimes de ces bandits, dans la journée d'hier. Enfin je suppose qu'il s'agit là des mêmes personnes que nous parlons. Fort heureusement, nous nous en sommes sortis indemnes."

Le mulan n'avait pas trop d'intérêt à raconter ce qu'il été arrivé, mais au fond de lui, il se disait que peut-être il pourrait apprendre quelquechose d'intéressant. Ainsi il pourrait éviter de se faire surprendre une fois de plus par les malfrats, car la route jusqu'à Fortnouveau semblait encore longue et vu les embuches qu'ils rencontraient, les jours à venir ne semblaient guère plus tranquilles.

Narration

14 martel 1373 l'aube

Les gardes écoutèrent attentivement le prêtre et la jeune femme raconter ce qu'ils savaient. Une fois le récit fini, ils parlèrent entre eux. Les brides de conversation qu'ils purent entendre leurs permirent de saisir l'essentiel de leurs propos. Une bande de brigands sévissaient dans cette région depuis un long moment. Mais aucun témoignages n'avaient permis d'attester de leur existence réelle. Ce que venait de leur raconter le couple de compagnons de la dernière heure, venait enfin apporter une preuve de l'existence de ces brigands. Ils regardèrent un peu aux alentours, comme s'il cherchaient quelque chose pour finir laisser tranquille le trio.

Ils achevèrent leur nuit tant bien que mal, quand les frêles premières lueurs arrivèrent pour les réveiller. Comme à leur habitude, Kobalt et Menthas restèrent dans leur coin laissant Njini seule à ses occupations. La jeune femme qui n'avait pas de temps à perdre se décida à partir seule sur la route de Fortnouveau. S'ils devaient se rencontrer de nouveau, le destin le fera pour eux.

Njini

Une nouvelle journée de voyage allait débuter. Le froid était présent et elle fût tout heureuse de pouvoir se réchauffer en marchant. La monotonie du paysage ajoutait encore plus à l'effet de solitude et de froid. Mais elle en avait vu d'autre et ce n'était pas la caresse d'Aurile qui allait lui faire peur. Elle marcha toute la matinée sans voir âmes qui vivent. La faim se fit sentir et elle alla se reposer un instant sur le bord de la route et se restaurer en même temps. Son repas était simple mais suffisamment nourrissant. Elle en profita pour regarder un peu plus attentivement la région. Les montagnes néthères étaient vraiment impressionnantes. Les plus hauts pics étaient même invisibles car cachés par d'épais nuages blancs qui se confondaient avec la neige qui recouvrait tout ou presque. Seuls quelques arbres et quelques pentes abruptes restaient visibles et non maculés de blanc. Une chose l'intrigua tout de même. Un point sombre se fit voir au loin, un point sombre qui se rapprochait. D'après ce qu'elle pouvait voir, il venait du côté de Sundabar et se trouvait sur la route. Après une dizaine de minutes, le point sombre se révéla être un homme à l'allure ferme et peu commode. Un gantelet garni d'un oeil sur lui était frappé sur son écu. Une nouvelle rencontre apparemment

Mithralon

Il n'y avait que deux choses d'importantes pour Mithralon maintenant : son devoir et son devoir. Son devoir envers Heaume le vigilant d'une part et son devoir envers les faibles et les sans protection d'autre part. Voyageant dans les terres du Nord et plus particulièrement dans les Marches d'argent, il avait fini par atterrir en Sundabar. La ville ou les nains et les humains vivaient conjointement et amicalement. Une des rares villes du nord où être un adepte affiché de la sentinelle est un gage de respect et non pas de regard méfiant. Il resta seulement quelques jours, juste le temps d'apprendre que d'étranges évènements se passaient non loin de la cité. Un village du nom de Fortnouveau se trouvait en grand péril d'après les rumeurs qu'il avait pu glaner ici et là.

On parlait d'attaque d'orques assoiffés de sang, de dragons ayant raser le village. On parlait même de convois de secours parti et jamais revenu. Bref il se passait quelque chose de louche car effectivement plus aucune nouvelle fiable provenant de Fortnouveau même, n'étaient parvenues jusqu'ici depuis un temps beaucoup trop long.

Il ne lui en fallut pas plus pour partir rapidement et immédiatement pour cette aventure. Il savait qu'on aurait besoin de lui. Là où était le danger et le mal, tout adepte d'Heaume se devait d'être présent et sur ses gardes pour faire face.

Menthas et Kobalt

Les gardes partis, les deux hommes pouvaient souffler un peu. Ils finirent leur nuit tranquillement pour se réveiller relativement frais et disponible dès l'aube. Ils rassemblèrent leurs affaires en prenant leur temps. Trop selon leur compagne qui s'en alla sans les attendre. Ils se retrouvèrent seuls tous les deux à nouveaux. Ils sortirent de la grotte et allaient débuter leur voyage quand un éclat lumineux vient attirer leur attention. Le même éclat qu'ils avaient eu bien avant de faire la rencontre du voleur. A en juger par ce qu'ils voyaient, l'objet ou la chose responsable de ce phénomène devait se trouver à une dizaine de pieds de dragon d'eux droit, devant sur le chemin qui devait les mener à Fortnouveau.

N'Jini eut vite fait de sortir de la caverne remplie de soldats. Dès qu'ils furent satisfaits et la laissèrent partir, elle murmura une formule de politesse un peu mélangée entre un au revoir et bonne route, y mêlant la bénédiction des étoiles, enfin bref, d'une remarquable platitude et d'une incompréhension extrême à ceux qui l'avaient entendue. Serrant les dents et fermant son visage, elle détalait pour éviter que l'on remarque la rougeur qui s'était glissée sur ses joues, rougeur qui était due à la conscience de sa maladresse dans un milieu d'un groupe dont les codes et les comportements étaient un peu obscurs pour elle. Très vite elle goûta au bonheur d'une liberté retrouvée et marcha d'un pas vif, le nez se refroidissant, le bout des doigts devenant rouge et la bouche exhalant de la fumée blanche comme si elle avait avalé une pipe à herbes. Les yeux rivés sur l'horizon, elle avançait telle un petit grain de sable poussé par le vent qui descendait des hautes montagnes de Nethères. Elle se redressa, pour grandir un peu dans ce paysage d'un immensité que la blancheur rendait plus grand encore.

Les grommellement de son estomac l'arrêtèrent un instant et elle eut tôt fait de repérer sur le bord de la route une pierre haute et confortable. Elle aimait manger tranquillement, assise, mâchant avec application, regrettant un peu de ne pouvoir se faire un feu : la nourriture chaude, aurait fait du bien à ses membres qui se gelèrent peu à peu. Levant les yeux elle s'arrêta attentive à un chose qui s'approchait. Finissant son repas toujours assise, elle suivit cette silhouette des yeux, jusqu'à en concevoir les contours de celle d'un humain.

¤Allons bon, j'étais tranquille. C'est quoi encore ce truc ?¤ Ce truc se révéla être un homme, comme quoi le mot truc n'était pas si mal placé après tout. Elle l'observa intensément, détaillant l'écu, puisant dans ses souvenirs afin de déterminer si déjà elle avait vu ce genre de symbole. Vu son allure, il devait être soit guerrier, un soldat peut-être ou encore ces fous des dieux que l'on nomme paladins. Quoiqu'il en soit, la rencontre était inévitable. Elle resta donc tranquillement assise, finissant son bout de pain qui presque gelé était aussi dur que de la pierre tout en regardant l'homme s'approcher.

Mithralon avançait lentement dans la neige. Cela faisait maintenant quelques mois qu'il traînait dans cette région. Le paladin heaumite avait quitté Sundabar suite à des rumeurs inquiétantes concernant la bourgade de Fortnouveau. Les nouvelles mêlaient dragons et orques attaquant le village, mais les versions différaient tellement les unes des autres qu'il était impossible d'y déceler la vérité. La seule chose dont Mithralon était sûr était qu'il se passait d'étranges choses en ces lieux, des choses qui ne pouvaient que déplaire à son devoir de paladin.

Marchant ainsi dans la neige et le froid, il aperçut quelque chose sur une pierre haute. En s'approchant il vit une forme à priori humaine, assise.

¤Tiens? Quelqu'un ici? Par ce froid?¤

En continuant d'avancer, la forme humaine s'avéra être une femme qui était en train de terminer son repas. Il se posta à quelques mètres d'elle, bien droit, les poings sur les hanches. Il la regarda dans les yeux, sourit légèrement et dit:

-Bon appétit. Pardon de vous déranger pendant votre repas. Je suis Mithralon Lemarteleur. Je vais à Fortnouveau. Je souhaiterais m'assurer de ma route. Est-ce la bonne direction?

Mithralon estima qu'il ne devait en dire davantage. Le symbole qui ornait son bouclier le désignait comme un fidèle de Heaum et son équipement comme un paladin. De plus, ne sachant à qui il avait affaire, mieux valait taire les raisons de sa venue à Fortnouveau.

L'improbable duo avait finalement passé une soirée somme toute tranquille. Si on exceptait bien entendu l'intrusion nocturne des gardes de Sundabar. Le jeune roublard était heureux qu'ils aient bien voulu attendre que ce fut l'heure pour lui de veiller sur leur bivouac de fortune, ainsi il n'avait pas perdu de précieuses minutes de repos. Après que la jeune femme ait pris congé d'eux et qu'ils eurent rassemblé leurs affaire, le lendemain matin, ils purent enfin reprendre leur route vers leur destination.

¤Il était temps, elle commençait vraiment à me courir celle-là !¤

J'espère qu'on va un peu plus avancer aujourd'hui, j'en ai déjà ras les bottes de ce voyage... Je ne sais pas ce que t'en penses Mentras, mais j'ai de plus en plus l'impression que personne ne veut nous voir arriver à destination... Mais bon, je suis sûrement un peu paranoïaque, pas vrai ?

A peine eut-il terminé sa phrase que les deux compères remarquèrent le scintillement annonciateur de si mauvais présages la veille. La mine déconfite, le voleur se tourna vers son acolyte et ajouta :

Mais bon, j'me suis déjà trompé...

Passé la surprise initiale, l'enfant des rues qu'était le jeune thétyrien commença à penser immédiatement à la suite des évènements. Si combat il devait y avoir, autant qu'ils ne soient pas pris par surprise. Le vaurien s'empara alors de la garde de son épée courte et la sortit de son fourreau. Une étrange excitation monta en lui. En règle générale il n'appréciait pas de se battre, du moins pas lorsqu'il n'avait pas la possibilité de prendre son adversaire en traître. Mais la part d'inconnu qui résidait en leur prochaine confrontation réveillait en lui une malice et une soif de sang qu'il n'avait plus connu depuis des mois. En fait, depuis qu'il s'était engagé pour la Compagnie des Marches auprès de Théodus Gauchecrampe, le scribe de la guilde, il avait réfréné ses instincts meurtriers. C'est ce qui l'avait empêché de commettre quelques assassinats sur les personnes de ces anciens compagnons de route. Fort heureusement, le filou avait d'une certaine manière obtenu satisfaction, puisque ceux-ci avaient tous disparu où étaient morts en mission. Cependant la compagnie du prêtre lui était de plus en plus agréable, ou du moins supportable, même si le scélérat préférait largement opérer en solo. Mais la perspective de ces grandes étendues glacées qui s'étalaient à perte de vue, avec les seuls montagnes Néthères pour point de repère le déprimait, et la présence du prêtre l'aidait à ne pas sombrer dans une certaine léthargie. Car si l'homme de la Cavalière Rouge répondait rarement aux paroles parfois vides de sens, souvent désespérantes du jeune homme, il n'en était pas moins vrai que Kobalt avait l'impression de parler à quelqu'un, fut-il muet...

Lame au clair, il s'adressa au dit clerc :

- Viens, on ferait mieux de quitter la route, et de progresser avec prudence parallèlement à celle-ci. Et de se tenir prêt pour la bataille. Nous pourrons sûrement voir de quoi il s'agit d'ici. Je crois bien que les ennuis ne font que commencer...

N'Jini finit par reconnaître le symbole imprimé sur l'écu. Il était en fait assez commun dans cette partie et souvent porté par les guerriers et les paladins en quête de justice et de bon droit. Elle se rasséréna, ils n'étaient d'habitude pas de mauvais bougres et l'on pouvait du moins compter sur un certain code de l'honneur. Elle remercia l'homme d'un geste de la tête, et leva vers lui un regard clair... Elle fronça les sourcils, en fait elle pensait être sur le bon chemin, aussi répondit-elle avec une légère hésitation :

Bonne rencontre Mithralon Lemarteleur, je suis N'Jini Mchawi et je vais dans la même direction... Je pense que nous sommes sur la bonne route, encore faudrait-elle rester égale et droite, et ne pas présenter de carrefours trop déroutants...

N'Jini se sentait plus encline à être accompagné de ce bras de Heaume, les dangers n'étant pas exclus sur cette route isolée somme toute. Coupant court à toute tergiversation elle épaula son sac sur son épaule puis se tournant vers lui rajouta :

- On y va ?