La Pierre du Serpent: chapitre II, Alchimiste et conspiration

Belgos se raidit devant le comportement agressif d4anin, il posa ses affaires avec une lenteur calculée et serrant les dents pour éviter de dégainer à tour son arme et ainsi céder à des enfantillages qui ne mèneraient à rien, il s’avança jusqu’au moine. Son ton était toujours aussi incisif.

- Tu te sens offensé ? Allons allons, ne te donne pas une importance que tu n’as pas et ne mélange pas tout en tentant de te défendre en faisant des remarques qui ne rendent pas hommage à ton personnage.

Le demi elfe désigna de la main du bâton.

- Tu te sens outragé Anin, pourquoi ? La vérité est-elle si difficile à entendre pour que tu ne puisses pas supporter cela. Je supposais que ton éducation t’avait mieu préparé pour affronter ce genre de situation et ne pas céder à une certain impulsivité qui serait dès plus néfaste pour toi. Ce n'est pas cas de toute évidence! lança Belgos sur un ton cinglant.

L’union faisait la force et ici à Hlondeth, il y avait plusieurs raison pour qu’ils restent unis au lieu de se disperser. Haleass avait affirmé que la régente était maintenant au fait des recherches de l’expérience, le soutenait et avait dépêché des hommes pour trouver les derniers ingrédients. C’était suffisant et il était désormais inutile de se consacrer à cette mission qui serait une perte de temps stérile. Anin comme le druide avait mieux à faire, Belgos en était persuadé.

Il y avait assez à faire ici. Déjà, ils avaient perdu de précieuses informations suite au départ de l’étrange gnome et du rôdeur humain. Ils ne leur avait pas tout dit et pourtant le rôdeur demi-elfe était persuadé qu’ils détenaient des renseignements vitaux. Les yeux plissés, Belgos se rapprocha encore, il allait se renchérir mais refusa de céder à la violence surtout qu’il n’avait aucune animosité contre le jeune homme, il regretta n instant de ne pas pouvoir lui parler à cœur ouvert, il y avait trop d’inconnue, c’était vrai, un véritable nid de serpent.

Lui-même commençait à se demander s’il n’était pas l’instrument d’une quelconque ambition, comme par exemple celle d’un frère de couvée… Mais au contraire de moine, il savait se montrer réfléchis et surtout éviter d’avoir une langue bien pendue. Tout en laissant les secondes s’écouler, il secoua la tête, conscient que cette discussion était stérile et l’honneur prétendument bafoué du moine était la dernière chose qu’il devait prendre en compte. Sa mission passait avant tout, il se détourna et retourna reprendre ses affaires.

- Alors messire Haleass, serait-il possible que nous puissions rencontrer la régente ? Ou faut il que nous nous rendions directement sur place pour solliciter une audience, je crois avoir entendu que le majordome de sa maison se nommait Kovartis…un nom comme ça.

En cas de réponse négative, Belgos comptait bien se rendre au Palais, entre autre….

- De plus il nous faut savoir quand et où nous devons vous faire part de nos découvertes et à qui nous adresser?

Anin n'avait pas grand chose à ajouter à ce que venait de dire Belgos, bien que sous-poudrer encore un peu plus la mascarade de quelques mots ne lui aurait pas déplut il se contenterai de ce résultat pour le moment.

Sans porter la moindre attention à ce que disait le rôdeur, il observa discrètement et attentivement la réaction de chaque spectateur de cette scène car ce qu'il pourrait lire dans leurs regards pourrait lui en révéler bien plus qu'ils n'en diraient sur eux-même.

Son corps se détendit à nouveau alors qu'il détournait son regard du rôdeur. Il s'éloigna à son tour pour prendre le peu d'affaire qui lui appartenait puis il s'approcha d'Astrid.

- Cette fois tu vas venir avec moi d'accords ?

Ceci-dit il attendit tranquillement les réponse d'Haléass. Anin n'avait changé sa décision pour autant. Et de toute manière, il avait largement confiance en Belgoss et Kebur pour mener à biens leurs nouveaux objectifs le temps qu'il fasse de même avec le siens.

Sarawak était désormais propre et quelque peu reposé. Si le fait de se nettoyer à l'eau chaude lui avait parut un peu saugrenu, il avait de bon cœur imité ses compagnons d'aventures, car se débarrasser de l'odeur nauséabonde des égouts était devenu une priorité. Cette dernière était très désagréable, même pour ses narines, et il semblait à Sarawak qu'elle le rendait plutôt suspect (encore plus suspect?), même parmi les ruelles grouillantes de la cité des hommes-serpents. Chose qui parut peut-être extraordinaire aux témoins, l'originaire des Terres de la Horde confia ses vêtements au majordome pour lavage afin d'éliminer toute trace olfactive de l'épisode peu glorieux des égouts.

Même si, de son point de vue, une pièce ou une galerie d'égout avaient beaucoup en commun, Sarawak apprécia le calme du refuge qu'il découvrait toute juste. Le demi-orque avait été étonné du confort que leur offrait leur commanditaire, ce qui renforçait son idée que leur mission avait une grande importance. Le sang-mêlé tâcha de se présenter humblement aux employés d'Haleass comme un renfort de dernière minute de l'équipe. Il s'efforça d'en dire le moins possible, son rôle dans cette histoire n'étant pas des plus limpides. Chaque personne représentait, de plus, un danger potentiel dans cette ville. Il valait donc mieux se méfier. C'est dans cette optique que Sarawak mit un point d'honneur à garder avec lui son sac, sa bandoulière ainsi que sa dague. Un majordome véreux aurait tôt fait de le dépouiller sans ces précautions.

Le soir venu, Sarawak fut ravi de recontrer enfin le fameux Haleass Extaminos. Pour l'instant, le druide était resté relativement peu informé du contexte de la mission. Aussi, les éclaircissements de l'ophidien de haut rang furent-ils les bienvenus. Les aventuriers travaillaient donc bien indirectement à la sauvegarde de Dediana Extaminos. De plus, la nature de cette l'intrigue hautement politique était profondément ancrée dans la religion et, plus particulièrement dans un conflit entre les adeptes des divinités Sseth et Seth. Ces indications donnaient du relief à la découverte du symbole de Seth sur une créature tuée dans les égouts.

¤Les disciples de Seth sont donc infiltrés en Hlondeth. Et à en croire Anin et Belgos, ils ne se trouvent pas que dans les égouts. Haleass a raison de s'inquiéter.¤

Pendant l'intervention de Haleass, le druide était resté silencieux, se contentant de hocher du chef lorsque le Yuan-Ti avait demandé l'approbation du groupe pour leur nouvelle mission. Etant tout nouveau, il avait préféré la discrétion vis-à-vis de leur commanditaire. Ce dernier, bien que probablement bien informé par des yeux disséminés à travers la ville, s'était montré compréhensible à son égard, ce qui pouvait être interprété comme un aveu de faiblesse.

¤Si même l'aide d'un demi-orque est la bienvenue pour Haleass, alors l'heure est grave.¤ ironisa le druide

Malgré de nets progrès dans la compréhension de l'intrigue, beaucoup de questions restaient en suspens dans la cervelle de Sarawak. Qui était cette prêtresse de Sebek que tous semblent connaître? A quoi sert la fameuse pierre de serpent? Quel rôle Medusanna joue-t-elle dans cette histoire? S'il comptait s'entretenir à Anin, Belgos et Kebur pour en savoir plus, la présence de Haleass était opportune. Haleass lui semblant bien plus intelligent que lui, Sarawak songea qu'il ne valait peut être pas mieux essayer de son montrer plus malin que le Yuan-Ti. Le demi-orque se lança donc:

-Pardonnez, Messire Haleass, ma naïveté et le côté direct de ma question, mais à quoi sert la Pierre du Serpent? J'ai entendu parler de cette fameuse pierre depuis mon arrivée dans cette cité et cet objet semble être des plus importants car vous nous avez engagés pour être à même de la créer tandis que vos ennemis tentaient de nous occire pour que nous échouions dans notre quête des ingrédients. J'aimerais autant savoir pourquoi j'ai risqué ma vie. D'autant que ces éclaircissements pourraient nous permettre de démasquer vos ennemis, ou plutôt depuis aujourd'hui nos ennemis.

Jets de connaissance pour savoir ce que Sarawak connaît de Medusanna et de la divinité Sebek et d'une prêtresse de Sebek. Si besoin est, jet de psychologie face à Haleass (pour le plaisir).

Quinzième jour de la Flétrissure, Mille sept cent onzième année du Règne de Sseth (1372 CV)
Lieu : Refuge des aventuriers, près du caravansérail
Météo : Frais et sec, 24°C
Moment : Soir tombé

La tension qui était rapidement monté parmi les aventuriers ne semblaient nullement affecté l'inexpressif Haleass ni, et cela était bien plus inattendu, Sarawak le demi-orque. Si certains avaient voulu voir en lui un être sanguin à la manière de beaucoup de ses congénères, sa circonspection et son sang-froid dans la situation présente les en auraient dissuadés. L'alchimiste Yuan-Ti, quant à lui, répondit sur un ton égal à toutes les questions dont il était l'objet.

Haleass Extaminos

Maître Soud, il est difficile d'esquiver une question avec vous. Je vous répondrez volontiers en des termes précis, mais cela m'est hélas impossible. Les Yuan-Tis, à la manière des autres races, sont sujets à tant d'influences et de facteurs qu'il est difficile de trouver quelles raisons pourraient pousser l'un de mes congénères à agir contre son gré. Certains agissent par appât du gain, d'autre par enthousiasme, par patriotisme ou par fanatisme. On peut faire chanter les nôtres avec maints truchements, de la rétention d'otages aux menaces de divulgation de quelque secret préjudiciable. L'amour ou le désespoir peuvent pousser d'honorables Hommes-Serpents sur les chemins de la perdition, et d'autres envie comme le besoin de drogue ou l'appétit du pouvoir peuvent forcer la main à maints sages. Sans compter tous les enchantements et les supercheries que peuvent utiliser ceux qui en ont les capacités. Autrement dit, hélas, les Yuan-Tis ne sont pas différents des humains sur ce point, et je doute de pouvoir vous aider ainsi. -------------------- A la différence de nombre de ses congénères, ce yuan-ti ne cherche nullement à dissimuler ses traits ophidiens. Une intelligence aiguë se lit dans son regard reptilien.

Puis Haleass se tourna vers Sarawak, un regard indéchiffrable posé sur le druide.

Haleass Extaminos

Il est vrai que vous êtes un nouvel arrivant, maître Sarawak. Peut-être les choses vous semblent-elles encore confuses. La Pierre du Serpent que je veux synthétiser possède des vertus étonnantes, véritablement étonnantes, notamment la capacité de produire des antidotes contre tous les venins connus. Dans une ville aussi remplie de serpents que Hlondeth, vous comprenez l'intérêt d'un tel minéral. La pierre possède d'autres capacités étranges. Certains prétendent qu'elle augmenterait la puissance de la magie si elle est utilisée comme composante, d'autres qu'elle serait l'un des ingrédients de la Pierre Philosophale, d'autres enfin qu'elle permettrait la transmutation de la matière vivante. La vérité est surtout que personne, depuis la fin de l'Empire Sarrukh de Serpentes, n'a pu synthétiser cette pierre, et donc que l'aboutissement de cette entreprise est un symbole du renouveau de la race des Squameux. C'est en cela surtout que je veux synthétiser cette pierre, et à cause de cela que les conspirateurs veulent l'échec de ce dessein. -------------------- A la différence de nombre de ses congénères, ce yuan-ti ne cherche nullement à dissimuler ses traits ophidiens. Une intelligence aiguë se lit dans son regard reptilien.

Enfin, l'alchimiste se tourna vers le demi-elfe et le Nain.

Haleass Extaminos

Si vous souhaitez un entretien avec la Régente, je peux effectivement arranger cela, mais ce sera un rendez-vous purement officieux. Dans la situation actuelle, Dediana ne peut pas se permettre de vous accorder une audience, cela provoquerait trop de remous pour être à son avantage. Mais je ne doute pas qu'elle consentira à cet entretien. Disons demain à la première heure, dans mon palais personnel. Je vais vous indiquer son emplacement sur votre plan. SI vous avez des nouvelles à me communiquer, le plus simple est de laisser une missive là-bas à mon majordome, ou de demander à Gark ou Saline de le faire. J'ai des raisons pour avoir toute confiance en ces trois-là, et votre message sera bien transmis. Commencez par me décrire l'état de santé de "notre chère amie Nolatari", je saurais que c'est vous. Quant à des endroits où commencer vos investigations, je ne suis hélas pas de véritable piste à vous proposer. Comme vous vous en doutez, les temples et les tavernes ont tendance à être des concentrés d’informations, mais vous auriez aussi peut-être intérêt à lancer des investigations dans les palais des principaux seigneurs. Je dois une fois de plus m’en remettre à votre bon sens et à vos talents. Bien, si vous n’avez pas d’autres questions, je vais prendre congé. -------------------- A la différence de nombre de ses congénères, ce yuan-ti ne cherche nullement à dissimuler ses traits ophidiens. Une intelligence aiguë se lit dans son regard reptilien.

Attendant une dernière réponse des aventuriers, Haleass sourit paisiblement. Pendant ce temps, Somon avait attrapé le livre et commencé à le parcourir. L’air dégoûté qu’il prit laissait présager beaucoup de la nature impie des illustrations de l’ouvrage. Quant à Astrid, elle avait avec peine compris la phrase d’Anin, mais répondit après quelque temps avec un faible, mais net, hochement de tête.

Le jet de connaissances sera lancé plus tard. Quant à la psychologie, elle ne donne rien, tu ne parviens pas à déceler le moindre aspect psychologique clair chez Haleass.

- Nous serons au rendez-vous demain à la première heure Maître Haleass, je ne manquerai cette rencontre pour rien au monde.

Belgos avait parlé pour lui et le nain, il se faisait tard et le demi-elfe n'avait pas la capacité de ses ancêtre elfes de récupérer de la fatigue accumulée en un couple d'heure. Il lui fallait encore se reposer, surtout que les blessures reçues dans les égouts lui faisaient encore mal.

- Nous allons nous reposer et ainsi demain Kebur et moi débuterons cette journée sous de biens bons auspices si je ne m'abuse.

Belgos salua tout le monde d'un signe de tête.

- Je vous souhaite une bonne nuit et je vais moi aussi prendre congé de vous.

Sans plus attendre, le Frère des Marches rejoignit sa chambre pour goûter à une nouvelle nuit de repos. Il n'avait pas demandé à Kebur ce que le nain comptait faire de sa soirée, après tout, il sentait que le prêtre de Moradin était empreint d'un certain malaise? Pourquoi? Demain, il ferait jour et si son état continuait, Belgos lui poserait alors la question.

Le discours d'Haleass avait été bien travaillé, et les réponses aux questions qu'on lui avait posé avait été parfaites d'un point de vue rhétorique. Bien que Kebur n'admirât guère ce serpent, ses manières et son discours étaient des plus plaisants, avec ses pointes d'ironie, sa légère dose de sarcasme, et surtout ce charisme qui coulait depuis tous ses mots.

Quand le prêtre avait sentit Belgos partir, il l'avait laissé faire, et avait laissé la dispute continuer...il sentait en quelque sorte que celle ci faisait part intégrante, et de l'intrigue -dont Anin était désormais un pion transformé en dame-, et de l'humeur d'Anin...Seulement, le prêtre ne soupçonnait rien de grave venant d'Anin, et il aurait tout fait pour savoir lire dans les pensées à ce moment là...toutefois, il ne pouvait pas.

Perdu dans ses pensées, il avait laissé le rôdeur finir la conversation avec le serpent, organiser leurs rendez vous comme il l'entendait. D'une oreille distraite, le prêtre avait cru comprendre qu'un entretien avec la régente allait se dérouler le lendemain, et c'est là qu'il faudra poser les bonnes questions, et faire jouer tout le bagou dont ils étaient capables pour la faire dire ce qu'ils souhaitaient entendre.

Lorsque Belgos fut parti se coucher, le prêtre se tourna vers Haleass...:

-Maître, vous êtes alchimiste...et vous êtes de sang noble dans cette cité. Demain, vous nous avez promis un entretien avec la régente. J'aimerais savoir ce qu'il convient de faire devant une personne de sang royal dans vos traditions, et j'oserais vous demander si vous pouvez fabriquer quelques potions pour moi, dans la nuit, rapidement ?

Ce qu'il avait en tête serait peut-être inutile devant la régente qui, dans une vision idyllique leur déballerait tout sans crainte, mais cela pourrait servir pour plus tard...

Seizième jour de la Flétrissure, Mille sept cent onzième année du Règne de Sseth (1372 CV)
Lieu : Refuge des aventuriers, près du caravansérail
Météo : Quelques nuages, fraîcheur du matin
Moment : Un peu avant l'aube

Anin, Belgos, Kebur et Sarawak

Le soleil n'était pas encore levé mais Tornes, comme on le ui avait demandé, était venu réveiller les aventuriers, et c'est donc la voix, assez désagréable, du vieux majordome qui soutira les aventuriers des bras de Séluné. Encore un peu engourdis par le manque de sommeil, Anin, Kebur, Belgos, Astrid et Sarawak se tenaient désormais debout dans la salle principale, prêt à partir.

La demande assez directe de Kebur, la veille au soir, avait rencontré un refus net quoique poli et sans animosité. Du moins, sans qu'aucun sentiment hostile ne put être décelé, car qui savait véritablement ce qui se tramait derrière les pupilles allongées du Yuan-Ti?

Haleass Extaminos

Maître Kebur, comprenez bien que je serai fort ravi de vous montrez mon savoir en terme de potions et d'alchimie, mais comme les Nains, les Yuan-Tis éprouvent ce besoin assez peu pratique de dormir. Dans la mesure où la journée de demain me semble d'ors et déjà éreintante, et que je dois aller de toute urgence retrouver ma sœur pour l'entretenir de notre rendez-vous, je crains de ne pouvoir accéder à votre requête. Cependant, après notre entrevue peut-être pourrons-nous en reparler. -------------------- A la différence de nombre de ses congénères, ce yuan-ti ne cherche nullement à dissimuler ses traits ophidiens. Une intelligence aiguë se lit dans son regard reptilien.

Ce sur quoi l'alchimiste était parti, laissant les aventuriers avec de nombreuses interrogations et des soupçons plein la tête. Ce n'est donc que d'une oreille qu'ils avaient réussi à trouver le sommeil, chaque pensée les ramenant à leur pressante affaire.

Et, dans la pièce commune, ils étaient encore une fois égarés dans leurs inquiétudes ou leurs tergiversations. La voix toujours aussi obséquieuse de Tornes les ramena une fois de plus à l'instant présent.

-Messeigneurs, Commença le vieil homme. "Puisque vous êtes tous prêts, et conformément aux dernières directives de Sire Haleass, Saline va vous emmener désormais au rendez-vous. Lesquels de ces Seigneurs iront rencontrer la Régente?"

Seizième jour de la Flétrissure, Mille sept cent onzième année du Règne de Sseth (1372 CV)
Lieu : Port de Hlondeth
Météo : Quelques nuages, fraîcheur du matin
Moment : Un peu avant l'aube

Kayana

Hlondeth avait beau être nommée le "Joyau du Bief de Vilhon", son port n'était pas très différent de celui de n'importe quel bourgade d'importance quand le soleil ne pointait pas encore ses rayons. A l'exception, peut-être, de cet odeur âcre de soufre et des bulles qui, atteignant la surface de l'eau, explosaient bruyamment. La "Baie Bouillonnante", telle qu'elle était nommée, portait décidément bien son nom.

Kayana se serait volontiers passée de cette expédition à Hlondeth. Non que la ville passât pour laide ou désagréable, mais il était de renommée que la cité était contrôlée par des Yuan-Tis, ces détestables Hommes-Serpents, toujours à comploter et à organiser manigance sur manigance. Seulement, on lui avait promis un contrat très juteux à Arrabar, et elle n'allait pas laisser passer une chance comme celle-ci de renflouer le contenu de sa bourse. Même si cela obligeait à prendre le dernier bateau dans la nuit pour être en temps en heure à Hlondeth.

Comme prévu, l'homme était là. Un vieil homme barbu, à la bure laminé et très pauvre. Kayana se mit soudain à douter que cet homme pût proposer quelque contrat que ce soit, mais le symbole religieux sur la tunique, deux poings liés par un ruban rouge, rassura bientôt la jeune femme. Un ordre religieux n'est jamais en réel manque d'argent.

-La bonne rencontre, gente dame. Lança le vieillard d'une voix calme et amicale. "Je suis Atonin, Haut Prêtre d’Ilmater à Hlondeth. Merci de votre diligence. je n'aime pas déranger ainsi ni exiger tant de rapidité, croyez-le bien, mais l'affaire qui nous concerne ne souffre aucun délai. Votre voyage depuis Arrabar s'est-il bien déroulé?"

Comme les Marches d’Argent lui semblaient loin, lui qui appartenaient à une guilde qui lors de son départ pour Hlondeth était en train de mourir et de partir en décrépitude malgré la présence dans ses murs de personnes capables. Shevarra s’était entretenue avec lui la veille de son départ et ne lui avait rien caché de ses inquiétudes par rapport à l’avenir bien sombre qui se d éssinait pour le Bastion de Sundabar. A moins que depuis, certains s’étaient retroussés les manches et faisaient le nécessaire. Le demi-elfe n’y croyait pas, enfin il avait envie de se persuader du contraire mais n’y parvenait pas. Pourtant sa mission était capitale, pour lui et pour tant d’autre.

Il fallait qu'il continue....

Il s’était réveillé une bonne heure avant ses autres compagnons pour se livrer à quelques exercices matinaux avant de se laver et s'habiller avec des vêtements propres. Diable ! Qu’il faisait bon de se sentir frais et propre de bon matin. Ses bottes cirées, ses armes prêtent à l’usage, ses affaires soigneusement empaquetée, il rejoignit ses compagnons dans d’une humeur presque joyeuse.

Et devant la question du vieux serviteur, il imposa une réponse rapide, claire, nette et concise.

- J’en serais et mon ami Kebur aussi mais avant de partir, remplissons notre estomac ! Je suppose que comme d’habitude mon cher Tornes, le petit déjeuner est fin prêt n’est-ce pas ?

Il lui tapota l’épaule en souriant. Il faisait encore nuit, et s’ils devaient affronter le même genre de journée que la veille, Belgos ne ferait pas la fine bouche devant quelques fruits.

Ce matin là, Anin voulait s'octroyer le luxe d'ajouter une heure de sommeil en plus de la normale ce qui pouvait s'apparenter à de la grasse matinée si l'on comparait cela à son rythme quotidien ! Quel mauvaise surprise eut-il alors en ayant pour réveil la voix stressante du majordome alors que les premiers rayons du soleil n'avaient toujours pas percés le ciel ! Se levant en grommelant des mots incompréhensible, le moine croisa Belgos en descendant dans la salle principale et lui souhaita le bonjour d'un hochement de tête accompagné d'un sourire amical puisqu'il avait complètement oublié le petit accrochage qu'il avait provoqué avec le rôdeur le jour précédent.

Tout en écoutant Tornes, Anin attrapa presque par réflexe la main de la jeune Astrid lorsqu'elle se plaça à ses coté.

- Je pense que finalement, et à moins que mes compagnons n'aient d'objections, Nous irons tous voir la régente ! Mais... une minute... Je ne vois pas notre bon vieux Somon ! Je ne vois pas pourquoi lui aurait le privilège de garder la tête sur son oreiller ! Notre entretiens fait parti de notre mission !

Sur ces paroles pleines d'entrain, le moine remonta les marche deux par deux et enfonça la porte de la chambre du vieil aventurier !

- Debout là dedans ! Vous venez avec nous cher ami et pas de discussion ! Nous aurons surement besoin de vous ! Aller levez-vous où c'est moi qui le fait avec mon bâton ! Tout le monde vous attend en bas !

Le remue ménage sur le pont du bateau fit sortir une jeune femme de son sommeil. A peine quelques heures auparavant, elle s'était calée contre les tonneaux pour s'y reposer, s'emmitouflant dans ses habits, portant pour l'occasion ses chausses au lieu de son habituelle jupe. Elle émergea progressivement de son sommeil, clignant plusieurs fois des yeux avant de comprendre finalement qu'elle n'avait pas reçut un coup sur la tête, si le sol tanguait par moment, c'était parce qu'elle se trouvait sur le pont d'un navire en direction d'Hlondeth.
En effet la veille, la voyageuse s'était retrouvée comme toujours à causer affaire avec un homme, qui d'ailleurs, contrairement à ses précédents contrats, lui promettait une quantité d'or à en faire perdre la tête. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle se trouvait sur ce pont à cligner stupidement des yeux.

Après que l'individu l'ai quitté en lui informant l'heure de départ du dernier bateau de nuit, la demoiselle avait fait mine de continuer ce qu'elle avait à faire comme si la rencontre n'avait pas eu lieu. Ensuite avec tout autant de désinvolture, elle était allée chercher ses affaires entreposés dans une chambre d'auberge. Mais arrivée dans la dite chambre, elle s'était jetée littéralement sur ses affaires, les rangeant à une vitesse folle, bouclant rapidement le tout dans son havre sac. Mais son bon sens lui disait, outre le fait qu'elle devait se dépêcher pour aller chercher le magot, de revêtir son armure de cuire et de porter des chausses au lieu de sa jupe. Il valait mieux paraître le plus possible intimidant dans une ville de créature bipède à l'aspect très animal. Elle n'avait nullement envie de finir dans le lit d'un Yuan-Ti. Beurk...
Un frisson de dégout la parcouru sans arriver néanmoins à la faire changer d'avis.

Se frottant les yeux pour chasser les derniers restes d'un sommeil court, Kayana se mis sur ses pieds, commençant ses étirements quotidiens. Tout en faisant cela, elle compris que le bruit qui l'avait réveillée était du au fait que la ville de destination était en vue et qu'ils allaient bientôt accoster. Elle laissa ses pensées s'attarder sur les maigres indications qu'elle avait reçut la veille. On lui avait simplement dit d'aller à Hlondeth car là bas, elle recevrait plus de détail quand à son travail qui serait fortement rémunéré. C'est tout.
Maintenant qu'elle y repensait à tête reposé, elle se disait qu'elle n'aurait peut être pas du foncer ainsi dans une situation qu'elle n'avait pas amplement étudier. Des serpents, voilas ce qu'étaient les habitants de la ville. Des êtres à la peau écailleuse, à la voix sifflante et surtout au caractère vicieux!

Ils étaient rusés et mettaient leurs intelligence dans l'élaboration de complots. Élevée dans une société honnête et respectueuse d'autrui, la demi elfe aurait probablement de sérieux problèmes de santé. S'il fallait qu'elle se mette constamment sur ses gardes, à ne faire confiance qu'à elle même et à toujours surveiller ses arrières, il y avait de forte chance qu'elle frise la paranoïa.
C'est vrai qu'à la base, sa profession l'obligeait en quelques sorte à agir ainsi mais en générale, ses missions ne duraient pas autant de temps! C'est à dire qu'elle avait des moments de pauses qui lui permettaient de se remettre de toute son énergie dépenser lors de ses actions. Car elle choisissait l'heure de ses agissements et après moult précautions, elle pouvait ensuite vaquer à un repos mérité. Mais là, aller dans une société qui était à chaque heure de la journée et tous les jours de l'an sur le qui vive, ça allait la tuer.
Il faudrait d'ailleurs qu'elle envisage avec sérieux l'achat de fortifiants. La malheureuse sentait que la mission qu'on allait lui confier comporterai énormément de risques, plus qu'habituellement et durerai un temps fou. Il fallait vraiment qu'elle s'achète ces substances, à utiliser avec modération bien évidement.

Et pourtant, malgré cela, elle comptait aller au point de rendez vous et écouter ce qu'on avait à lui dire. Elle ne perdrait rien et pourrait juger si ça valait le cout ou pas. Car elle pourrait très bien revenir sur Arrabar ou se diriger vers une autre ville s'il s'avérait que le contrat n'était pas à la mesure de ses espérances. Bien sûr elle perdrait l'argent pour le voyage en bateau mais de toute façon, elle comblerait bien les frais du voyage par quelques cambriolages de maisons. Car oui, Kayana était une roublarde.
Que dire d'autres? Rien.

Alors finissant ses exercices, elle se dirigea vers la balustrade et s'y accouda. La ville était plus proche qu'elle ne l'avait pensé. Ils venaient d'entrer dans la baie bouillonnante et l'odeur âcre du soufre emplissait pleinement l'air. Plissant le nez et regardant les bulles qui explosaient à la surface de l'eau, son appréhension concernant ses prochaines aventures ne fit que s'accentuer.
Après un soupir remplis d'inquiétude, elle se tourna vers ses affaires pour se préparer et être prête à débarquer dès le moment venu.

C'est lorsqu'elle mis un pied sur le quai qu'elle vit l'homme qu'elle cherchait. En le voyant ainsi vêtu comme un va nu pied, elle se demanda vraiment s'il pouvait fournir la somme qu'il promettait. Mais c'est en méconnaitre la foi des fidèles pour engraisser les religieux dans leurs temples! La roublarde avait un moment donné, envisagé de devenir une fausse prêtresse qui raflait les sous des fidèles en donnant de fausses bénédictions. Mais son éducation l'ayant gavé de la religion, elle avait préféré éviter cette carrière, d'autant plus que même si elle ne croyait pas aux divinités, une crainte demeurait quant à un possible courroux des Dieux...

A nouveau rassurée par le salaire à la clef, elle put se mettre à réfléchir consciencieusement au moyen de gagner plus tout en risquant au minimum sa peau.

« Je n'ai rencontré nullement de soucis au cours du voyage. Merci de vous en intéresser. En revanche, j'ai le sentiment que je ne sortirai pas indemne de votre affaire qui demande autant d'urgence. Il est évident que s'il comporte trop de risques je pourrai décider de ne pas accepter le contrat, surtout s'il n'en vaut pas le prix. Je repartirai alors pour une autre affaire. Mais avant, je vous écoute. Préférez vous parlez ici, sur le quai où à tout moment quelqu'un pourrait intercepter nos paroles ou bien filer dans un coin obscure de votre temple pour traiter affaire? »