Les bois de la Bête, Première étape

Les manières polies du nain à son égard surprirent Selora, habituée aux moqueries et à la froideur durant les dialogues qu'elle entamait avec des inconnus. La sensation nouvelle provoquée en son sein en réponse à ce qui se rapprochait le plus d'un geste de gentillesse en sa direction fit vaciller la rôdeuse un instant. Un large sourire de reconnaissance lui démangea les lèvres, juste avant d'être absorbé par le rappel du devoir.

¤ La mission avant tout. Ensuite, et si il ne t'as pas encore poignardé pour quelques obscures motivations, tu pourras discuter avec ce fils de Moradin. ¤

Son cœur avait manqué un battement lorsque ses yeux s'étaient arrêtés sur le seul humain dont le visage ne lui était pas connu. L'imbécile. Par sa faute, Selora avançait à l'aveuglette depuis Everlund et c'était pure chance que son attente ne se soit pas étirée en semaines, voire en mois. Or, la chasse ne reposait pas vraiment sur la chance. Rien ne remplaçait l'expérience et la compétence dans une traque. Deux choses qui, semblait-il, manquaient cruellement à Zelkior. La naine était parvenue à se retenir d'astiquer l'illusken du tranchant de sa lame en pleine rue, mais ce fut le fait de ne pas s'arrêter pour lui jeter un regard de fureur qui lui coûta le plus. Rien ne devait laisser supposer qu'ils se connaissaient. La rôdeuse s'était donnée assez de mal pour ne pas tout gâché à la première occasion. Toutefois, la rancœur qui coulait dans ses veines à ce moment-là aurait pu l'empêcher de dormir cinq nuits durant, nuits qu'elle aurait occupé à ourdir de noirs desseins à l'attention de Zelkior.

Nul besoin de rester à le fixer pour savoir qu'il s'apprêtait à pénétrait dans la taverne dont parlait son interlocuteur. L'invitation offrait donc une bonne occasion de retrouver son contact au sein du groupe sans paraître déplacée. Une fois à l'intérieur, elle lui donnerait rendez-vous d'une façon ou d'une autre, peut-être en lui offrant une bière sous laquelle elle aurait préalablement inscrit un lieu où se rencontrer. L'idée lui plut assez pour paraître viable. Restait juste à se débarrasser de l'autre si jamais il se montrait trop amicale. Selora imaginait très bien le nain lui proposer de parler un brin afin de faire connaissance, trouver son histoire passionnante et décider de l'inviter à diner chez lui, « entre nains ». La possibilité avait de quoi séduire, pas assez néanmoins pour l'amener à outrepasser ses obligations. De toute façon, les chances que l'autre apprécie sa conversation restaient infimes.

Devançant donc le nain courbé, la rôdeuse poussa la porte du « Cerf Siffleur » de sa main gauche, la droite recouvrant sa hache pour éviter qu'un éclat de lumière reflété par la lame ne la place au centre des regards des autres clients. Paradoxalement, si la naine cherchait à passer inaperçue, son compagnon s'en rendrait vite compte, et cela éveillerait ses soupçons. Aussi posa-t'elle avec appréhension le pied sur le sol de la taverne, redoutant le court silence qui suit l'entrée d'un nouvel arrivant, durant lequel chacun examine l'intrus, avant que ne reprenne le brouhaha continuel qui régnait dans les établissements de ce genre. De ce qu'elle put discerner, Selora releva des groupes éparses occupés à siroter une choppe mousseuse, certains plongés dans d'importantes discussions, d'autres fixant un point dans l'horizon, l'esprit tourné vers quelques complexes énigmes qu'ils se devaient de résoudre.

La vue de quatre personnes attablées, un demi-orc, une femme en armure, un humain grisonnant et un curieux personnage cornu arborant une jolie collection de lames n'intéressa pas la fille de Moradin qui cherchait plutôt une place offrant un champ de vision sur l'ensemble de l'intérieur du bâtiment. Une table pourvue de trois chaises dans un coin peu fréquenté lui parut un bon poste d'observation, et elle ne perdit pas de temps à chercher si le conducteur d'attelage la suivait toujours. S'asseyant dos au mur, elle fit mine d'embrasser la salle du regard, observant en réalité où allait s'assoir Zelkior.

Pour Volan qui coutait le vieil homme à la cheveulure grisonnante, se qu'il disait était très intéressant. Il avait à peu prêt le moment de leur départ, la durée de leur voyage même s'il doutait qu'il respecte vraiment les délais. Il ne lui manquait plus désormais que de savoir à quel montant s'élèverai sa paie et il aurait ainsi tous les renseignements qu'il lui fallait pour faire ses comptes et savoir s'il avait suffisamment d'argent pour aller vers l'est. Par conre, il se rendit compte qu'il était plutôt hermétique à l'humour de son employeur et il espérait que celui-ci serait plus drôle que cela durant le voyage, sinon, le temps risquait d'être long, Volan n'ayant jamais été connu par ses compagnons de voyage comme étant un boute-en-train et un parfait déconneur.

- Très bien, alors si cela ne vous dérange pas, je vais de ce pas me prendre une chambre pour manger et me reposer afin d'être prêt pour le départ. Vous n'aurez qu'à dire à l'aubergiste de venir me prévenir et que s'il le fait, je lui verserai un petit pourboire. Car je crois que je l'intimide un peu. Au plaisir de vous revoir tous.

Le tieffelin reprit ses armes et avança vers le comptoir, se frayant un chemin entre les tables et les chaises, ne s'embarrassant pas, poussant les chaises s'il le fallait. Il s'assit sur un tabouret face au comptoir et commenda une bière naine ainsi qu'une chambre pour la nuit.

- Si vous venez me prévenir au moment du départ du groupe, je vous verserai un petit supplément pour vous remercier de vos service et de la qualité de votre accueil.

Il prit sa choppe et commença à boire son contenu, doucement, savourant ce breuvage qu'il ne boierait plus avant de longs moments, il le pressentait.

- Je voudrais aussi que vous me prépariez cinq voire six rations de survie, que vous remplissiez mon outre d'eau et se sera tout pour le moment, si je veux autre chose, je vous le ferai savoir par l'intermédiaire de quelqu'un ou quelque chose. Pourrai-je avoir ma clé s'il vous plait ?

¤ ¤

La paladin aurait sans doute répondu à Brahm suite à sa question, mais elle dû repousser celle-ci lorsque Barthélémy s'expliqua à la question de Volan Dante.

° Mmmm trois à six jours de voyage dans les bois!? C'est Abby qui sera heureux lui qui détestait les plaines arides et froides. ° Se dit-elle et en même temps qu'elle repensait à la nourriture dont ils auraient besoin. °

Elle ajouta sur une tinte rieuse envers Barthélémy:

- Comme précédemment, la compagnie des marches fut très évasive sur l'embauche, en plus de me demander de me rendre ici au plus tôt, sans même penser à me dédommager, ni même m'offrir un quelconque matériel d'occasion pour un tel périple! D'ailleurs je crois que la compagnie m'a tout simplement envoyé ici pour passer une épreuve, bref. Alors Barthélémy, je suis partante du moment qu'une avance me sera offerte, car malheureusement, je ne fabrique pas d'or, ni d'argent. Je veut bien servir de protection, mais faut-il que je puisse bien me nourrir et pour pour cela, c'est avec de l'argent et de l'or sonnant, qui par habitude, se monnayent bien.-

À la différence de Volan, elle n'acceptait pas la somme pour son plaisir personnel, tout simplement pour pouvoir se maintenir en forme et rester alerte en tous temps, de plus elle avait Abby à soigner et à nourrir.

Quand Volan quitta la table vers le comptoir, elle se tourna vers Brahm et dit en douceur dans une franchise irréprochable :

- Brahm, la confiance vient avec le temps ainsi qu'avec une étude de cas. Et à certaines occasions, le coeur peut permettre une compréhension hâtive sur un spécimen... Cela ne remplace pas la confiance, mais nous permet de prendre conscience des faits et actes d'un individu en temps et lieux.
Comme avec toi et pour Volan, mon coeur à parlé. J'ai donc agis en conséquence de ma Foi. Maintenant reste à vous deux, à ne pas démentir ma Foi que je porte en vous.-

Son sourire était radieux, doux, empreint d'un Amour franc et honnête puis elle se tourna vers Barthélémy dans l'attente de sa réponse, qui serait sans doute une avance ou bien de belles paroles pour faire patienter la paladin.

Quinzième jour d'Eleinte
11h00
Quaervar
Taverne du "Cerf siffleur"
Grande salle

L'entrée de Selora sans être complètement passée inaperçue ne fit pas spécialement sensation. En se forçant un peu, elle réussit à cacher totalement le ressentiment qu'elle éprouvait pour le moine de Shar. Les tables libres n'étaient pas très nombreuses mais l'une d'entre elle se trouvait dans le coin le plus proche de l'entrée et semblait être particulièrement tranquille.

Le nain qui suivait Selora voyant sa sœur de race s'asseoir dans un coin et son employeur en train de discuter dans un autre hésita un peu avant de décider dans quelle direction il devait se diriger. Estimant que maître Barthélémy n'avait pas besoin de lui immédiatement, il décida de se diriger vers Selora. Les nains étaient rares dans la région et il ne comptait pas la laisser lui fausser compagnie aussi facilement.

-Mademoiselle, puis-je vous offrir un verre? Quoique la bière ici ne soit pas de la qualité de celle de Felbar ou Adbar elle est assez bonne pour le gosier fatigué et poussiéreux d'un voyageur comme moi. Vous prends-je une choppe pour vous aussi?

De l'autre côté de la pièce, le barman se dirigea vers son client à l'aspect si surprenant et qui s'avérait pour l'instant plutôt civil et poli. Et, après tout, il était un client et il devait donc le servir comme n'importe quel autre. Il acquiesça en prenant en posant une choppe pleine de bière devant le guerrier. Puis il prit l'outre de Volan et la remplit d'eau dans un tonneau situé non loin derrière son comptoir. Puis, il la reposa sur le comptoir à côté de la boisson de Volan.

-Je peux remplir votre outre d'eau gratuitement, si vous le souhaitez, mais je ne sais pas fabriquer de rations de survie ou en tout cas pas ce que j'appelle ainsi. Mais je peux envoyer quelqu'un vous en acheter si vous ne voulez pas y aller vous-même. Pour 5 rations vous en aurez pour 3 pièces d'or, rajoutez 5 pièces d'argent pour une sixième. Je rajoute cela à votre note? si vous voulez savoir où vous en êtes, vous devez actuellement 5 pièces d'argent et 6 de cuivre en comptant la nuit. Prendrez vous un repas ce midi? Et ce soir? Voici votre clé.

Pendant que l'aubergiste décrochait la clé de la chambre de son pensionnaire à l'aspect surprenant, Brahm continuait de boire sa choppe et écoutait les discussions entre les deux autres personnes assises à sa table. Nullement surpris par la question de Vëla, le bûcheron posa une petite bourse sur la table qu'il ouvrit avec précaution.

Siméon Barthélémy

- Je pense que l'Assemblée payera la Compagnie et que ce sont eux qui vous payeront ensuite. Toutefois, je peux vous faire une petite avance que vous me rembourserez dès que vous aurez été payés par vos employeurs. de combien avez-vous besoin? --------------------

Brahm regardait la compagnie attablée qui discutait tranquillement et lorsque la Paladin lui répondit enfin, Brahm ne s'occupa plus des paroles autres que celle que la jeune femme formait et prononçait sous le regard attentif de l'orc en armure...

"Brahm, la confiance vient avec le temps ainsi qu'avec une étude de cas. Et à certaines occasions, le cœur peut permettre une compréhension hâtive sur un spécimen... Cela ne remplace pas la confiance, mais nous permet de prendre conscience des faits et actes d'un individu en temps et lieux.
Comme avec toi et pour Volan, mon cœur à parlé. J'ai donc agis en conséquence de ma Foi. Maintenant reste à vous deux, à ne pas démentir ma Foi que je porte en vous."

Ces mots raisonnaient a ces oreilles comme le bruissement du ruisseau, comme le chant des oiseau, ses yeux portaient sur la bouche de la Paladin, sans mots ni mouvement, ses yeux se déplaçaient lentement le long de la silhouette de la jeune femme tout en buvant chacune de ses paroles.

¤ La Foi qui conduit elle alors...¤

Réfléchissant, Brahm ne put s'empêcher de remarquer que Volan avait quitter la table et demander une chambre et que l'on lui remplisse son outre. Trouvant cette idée ingénieuse, Brahm écouta les paroles que le vieux Siméon leurs avaient adresser lui répondit que l'argent pour une chambre et quelques rations de survie lui suffirai amplement,il quitta la table et se dirigea vers le comptoir ou il trouva Selora...ignorant qui elle était, il la regarda tout d'abord très bizarrement mais après avoir vu son propre reflet dans l'eau de la boisson posée sur le comptoir, Brahm détourna son regard et demanda au barman :

-Une chambre et quelques rations de survie qu'il me faut...remplir mon outre aussi, le mage assis la-bas payera vous...

Sur ce il désigna Barthélemy et attendit patiemment.

Tout en buvant sa bière de moins bonne qualité que celle qui buvait avec la compagnie marchande d'Halfelins, mais bonne tout de même, le tieffelin posait son regard sérieux et mystérieux sur l'aubergiste qui semblait avoir repris contenance. Il avait du remarque,r tout comme la jeune femme assise à la table de son employeur que sous ses airs de montre démoniaque, Volan étaiot quelqu'un d'humain, ou du moins, sachant se contenir. Malgré le fait qu'il était heureux de trouver du travail dans cette région peu peuplée et inhospitalière, il appréhendait un peu sa mission d'escorte sachant qu'il serait peur-être forcé de livrer quelques combats, se qui le répugnait parfaitement. Il ne voulait plus faire couler le sang, autrement que pour se défendre. Mais cela, personne ne pouvait le voir sans le connaître et surtout sans connaîtrze l'histoire. Il savait aussi qu'il allait devoir s'habituer à la présence du demi orque tout en sachant qu'il allait devoir le tolérer et surtout laisser en lui ses pulsions qui le poussaient à le massacrer et à le réduire en petit tas de chair informe et sanguinolent.

¤ Calme toi Volan, ce n'est pas lui, ce n'est pas lui. Il est mort depuis presque six ans maintenant, ça ne peut pas être lui. Ce demi orque ci est juste un individu tout à fait honorable qui, comme toi, cherche du travail et semble travailler pour une puissante organisation. ¤

Mais malgré tout ça, le guerrier natif des plans extérieurs de Faêrun avait beaucoup de mal à contrôler sa colère et sa haine à l'égard de cette race. Son passé le hantait encore et il se réveillait encore régulièrement la nuit, à cause de ses cauchemars qui allaient parfois jusqu'à hurler et pleurer silencieusement dans sa couche. il sembla revenir à lui quand l'aubergiste se mit à lui parler.

- Faites se que vous pouvez pour que j'ai les rations de survie que je vous demande demain matin quand vous viendrais me réveiller. Vous me passerez la note que je vous devrais à ce moment là, je vous fais confiance, mais n'en abusez pas. Se que l'on dit sur ceux de ma race est vrai et il pourrait très bien que vous regrettiez le restant de votre vie d'avoir croisé un semi démon.

Sur ces derniers mots fort porteurs de camaraderie version tieffelin mal dans sa peau et paranoïaque, Volan prit la clef de sa chambre, finit sa bière et monta dans sa chambre. En arrivaznt et en voyant le lit, la table et les deux bougies, il se dit qu'il s'en contenterai largement et il se déshabilla pour se coucher et s'endormir presque aussitôt. Il souhaitait être en forme pour le lendemain matin et se surprit à réfléchir à et préparer des plans, comme lorsqu'il savait qu'il avait un combat important à livrer dans l'arène le lendemain.

- Que Kelemvor nous protège et nous épargne de la malfaisante colère. récita t'il avant de fermer les yeux et de s'endormir profondément, sachant qu'il serait réveillé plusieurs fois dans la nuit par ses cauchemars incessants.

Brahm ne dit mot. Il laissa entrevoir une forme de béatitude dans son visage puis se détourna rapidement vers Volan au comptoir de l'aubergiste. La paladin en profita pour revenir à Siméon qui vint directement au sujet de la rémunération; en fait, c'était une avance.

° Ça promet! Au moins le retour est envisagé. ° Se dit-elle, riant intérieurement de sa drôlerie personnelle.

Durant qu'elle avait les yeux sur la besace de Siméon, ses deux arcades sourcilières se levèrent en signe d'interrogation.

° Comment? ° Pensa la paladin.
° Il me faut que de la nourriture pour moi et Abby et ce, pour six à dix jours tout au plus... Il est vrai que si la Compagnie ne m'avait pas poussé à partir prestement, je me serait armé d'un arc court composé et de flèches. ° Songea rapidement la Rasheménienne de la terre de la horde.

Elle leva les yeux sur Siméon, puis posément elle dit:

- Une dizaine de pièces d'or devraient suffire pour l'instant, je n'ai que de la nourriture pour moi et Abby à prévoir. Il est vrai qu'un arc court composé et des flèches me serait utile pour le voyage que nous entreprenons, mais cela ne sera pas dans mes moyens, pas pour l'instant, il me devra d'attendre le retour. Merci!-

Lui dit-elle avant même qu'il ne lui prête le montant calculé.

Son regard, encore une fois, avait entre temps fait le tour rapidement de la salle commune. Elle n'y vit que deux Nains, nouvellement arrivés... Mais avec une attention particulière, elle remarqua que l'un des deux était en fait une naine. Un sourire apparut sur la présente.

° Tient, il est rare de voir un couple du fier peuple voyager ensembles! ° Songea sur le coup, la pieuse exaltée de Torm, jusqu'au moment où elle réalisa qu'elle n'était plus attentive envers Siméon.

Son regard revint sur les doigts qui s'agitaient dans la besace puis elle dit machinalement, prenant son rôle de protectrice à coeur;

- Est-ce que vous dormez ici, dans l'une des chambres de la taverne?-

N'attendant même pas qu'il réponde, elle ajouta, sans détour, comme si elle connaissait déjà la réponse:

- Car je prendrai celle en face de vous, je me considère déjà en fonction de mon travail demandé.-

La fille à la mine mélancolique avait un air presque grave, son regard était devenu plus sérieux démontrant ainsi qu'elle se devait d'être à la hauteur.

Quinzième jour d'Eleinte
11h05
Quaervar
Taverne du "Cerf siffleur"
Grande salle

Le petit groupe qui s'était formé autour du bûcheron commençait à sérieusement diminuer. Volan, qui devait visiblement être éreinté par son voyage monta se coucher avant même de prendre son déjeuner. L'aubergiste qui, malgré l'habitude des gens du métier de voir des choses et des gens étranges, avait du mal à comprendre le guerrier. Ne voulant pas poser de questions qui pousseraient le tieffelin à se montrer moins civil qu'il ne l'était pour l'instant, il se tut et se contenta de se demander à lui-même s'il devait s'attendre à le voir redescendre pour manger ou si les gens comme lui avaient besoin d'une vingtaine d'heures de sommeil par jour.

Brahm était bien moins surprenant dans ses actes mais peut être était-ce simplement dû au fait que l'aubergiste était plus habitué aux représentants de sa race qu'à ceux de celle de Volan. Il demandait malgré tout une chambre avant que le soleil n'ai atteint son zénith mais peut être ne comptait-il pas aller se coucher tout de suite. Nonobstant cette étrangeté, il acquiesçât quand le barbare lui indiqua le bûcheron comme celui qui allait le payer. Cela ne le gênait pas outre mesure. Il savait que quelqu'un devait payer et il faisait confiance à maître Barthélémy pour le faire.

Assis en face de Vëla, l'homme marqua un temps d'hésitation, les yeux grands ouverts, la bouche légèrement entrouverte. Sa surprise se dissipa vite quand il se souvint qu'il était prévu qu'il soit payer largement plus généreusement qu'en temps normal et qu'il pouvait donc faire cette avance à la paladin. La dernière phrase de Vëla le fit légèrement sourire et il décida de dissiper le malentendu.

Siméon Barthélémy

- En réalité, la plupart du temps, le bois que je coupe se trouve dans cette partie de la forêt et j'ai donc besoin d'une résidence et d'un entrepôt pour stocker le fruit de mon travail. J'ai une petite maison, vraiment petite en fait, en bordure du village et c'est donc là que je dormirai ce soir. Et il n'y a pas vraiment de chambres dans cette maison donc vous ne pourrez pas prendre celle en face de la mienne. Voulez-vous que je vous accompagne pour vos courses? Je n'ai pas grand chose à faire cet après-midi et je pense connaître la ville un peu mieux que vous. --------------------

En disant cela, il déposa les dix pièces d'or en un petit tas à quelques centimètres des mains de Vëla. Il était plutôt satisfait de ceux qui avaient été recrutés pour l'accompagner: ils semblaient courageux, assez forts et, qualité que le bûcheron trouvait trop rare, lui offraient l'occasion de discuter.

Il hésita à nouveau quelques secondes à reprendre la parole mais il se décida à ne rien dire. Il n'allait de toutes façons pas oublier de faire cela et il avait largement le temps de le faire après manger.

Les pièces d'or furent vite mises en besace suite aux propos de Siméon. Celle de Vëla, qui se trouvait à l'intérieur de la doublure de son armure de poitrine, disparut aussi rapidement qu'elle était apparut.

La paladin parut perplexe un court instant puis un léger sourire apparut sur ses lèvres charnues et quelques peu sèches qu'elle humidifia d'un rapide coup de langue. Elle regarda Siméon en lui répondant:

- Je vous accompagnerais volontiers, si vous connaissez le village et ses marchants, cela sera plus judicieux, qui sait? Je trouverai peut-être bien un arc court de seconde main?-

Elle sembla réfléchir à une chose puis regarda vers le comptoir pour y voir Brahm et Volan et se retourna rapidement vers Siméon et continua:

- Abby peut sans problème dormir à l'extérieur, il préfère de loin cela, à une écurie et moi, je me contenterai de votre petit entrepôt, si bien entendu, tout ceci ne vous pose problème, sinon je prendrai une chambre dans cet établissement que l'on se trouve.-

Vëla s'aperçut qu'elle n'avait pas rangé Ô dans son fourreau, son épée longue était toujours sur la table. Elle la fit glisser tranquillement sur le plat de la lame jusqu'à l'orifice du fourreau puis la laissa descendre doucement dans son habitacle qui par le procédé, laissa échapper du fourreau un doux arôme de Camphre, de Benjoin, d'Ambre avec une subtilité de citron vert, petit fruit exotique qui ajoutait une pointe de mystère à l'odeur. Sur le ras bord de la table restait un fin trait, plus foncé qui venait de oindre la dite table.

La paladin fini les quelques restes de son repas dans l'attente que Siméon Barthélémy, ait lui aussi, terminé le sien pour qu'ils puissent aller magasiner ensemble. Ce serait sans doute le plus bel après-midi qu'elle ait eut depuis son départ du temple de l'Ordre du Corbeau. Après midi qu'elle avait passé avec son paternel, une seule demie journée de pur plaisir avant que celui-ci ne disparaisse et qu'elle tombe malade d'un mal étrange.

Elle semblait loin, son regard lointain lui donnait un air angélique, ses doux souvenirs lui apportaient beaucoup plus que du baume à soin, ils la guérissaient jusque dans l'âme.

Comme il s'y était attendu avant de se coucher, encore une fois, ses cauchemars vinrent le hanter pendant son sommeil. Il revoyait toujours des brides des combats dans l'arène, le sang coulant sur le sable et le teintant de sa sombre couleur. il entendait aussi le cri du public demandant la mort du vaincu, voulant toujours plus de sang. Et il se revoyait arracher le coeur de ses ennemis mort pour le dévorer au centre de l'arène, au vu et au su de tous, dont il était très vite devenu le favori, ne mettant aucunes limites à son héritage démoniaque violent et sanguinaire.

Lorsqu'il ouvrit les yeux et se redressa dans son mit, des grosses gouttes de sueur perlaient sur son torse imberbe, coulant entre les pectoraux labourés de cicatrices. Il décida de se lever et s'essuya avant de se rhabiller, de passer son épée courte dans son fourreau et sa dague coup de poing dans sa botte avant de redescendre dans la salle commune, la porte de sa chambre fermée à clef. Il vit, toujours assis à la table, la jeune femme avec qui il allait escorter le convoi de bûcherons et son patron, dont il espérait une solde coquette afin de pouvoir continuer son voyage vers l'est, vers Thay. Il s'approcha d'eux et les entendit parler de marchands. Alors tout simplement, il dit de sa grosse voix grave mais non agressive.

- Puis je visiter la ville avec vous ? Je préfère être accompagné. Les gens réagissent assez mal à l'exotisme de mon apparence.

Les deux humains pouvaient voir que le tieffelin était tendu, inquiet et que la peur se lisait dans ses grands yeux rouge sang. Même si son visage restait neutre, il était possible de voir que le monstre à cornes était en réalité un être vivant comme les autre qui avait des craintes. Mais on pouvait ausis voir qu'il était capable d'utiliser ses craintes pour devenir encore plus dangereux, tel un animal traqué.

Puis, en attendant une réponse de deux personnes qu'il allait cotoyer pendant prêt de une semaine, il leur adressa un sourire timide mais révélateur, avec pour principal destinataire, la jeune femme paladin.