۝ Voyage au Centre de la Terre ۝, Fragment de Nuit et Traité de l'Eau - I

a discussion dans la cale avait apporté à Kern autant de questions que de réponses, cependant il savait un peu mieux à quoi il devait s'attendre. Il n'était certes pas impatient de jouer à l'esclave, mais il le ferait sans poser de question. A vrai dire, une fois que Tourment avait expliqué à quoi servait exactement la bague, le marin avait décidé qu'il avait assez parlé pour le moment et qu'il saurait ce qui est nécessaire en temps voulu par le Drow. Et puis il ne tenait pas à s'éterniser et préférait remonter au plus vite à l'air libre.

Il avait ensuite passé le reste de la traversée en tant que marin, puisque tel était son métier, et exécutait sans rechigner les ordres du bosco.
C'était son jour de pause lorsque l'animation commença. Il était sur le pont, savourant la caresse du vent sur son visage lorsque Parangon lança l'appel.

¤ Un navire en approche ! Soit se sont des amis, soit se sont des inconscients. Ce sera l'occasion de m'exercer au tir avec mon nouveau jouet ! ¤

Kern sortit donc l'arbalète qu'il portait en permanence dans son havresac et s'installa à un poste de tireur, prêt à accueillir un éventuel ennemi et espérant de tout coeur que ces ennemis n'existent pas.

Sur l’escalier qui menait au pont supérieur, la petite hin était assise les deux coudes posés sur ses genoux et sa tête calée entre ses mains ouvertes. Elle s’ennuyait ferme! Après s’être essayée à différentes taches sur le navire et très rapidement avortées à cause des mousses qui lui demandaient d’aller voir ailleurs ou qu’elle était demandée sur un autre pont, on lui demanda même d’aller gratter la coque du navire pour y déloger tous les coquillages qui s’y fixaient et c’est ce qu’elle fit prestement, trouvant la tache intéressante et curieuse. Elle fut rattrapée in extremis avant qu’elle ne se jette à l’eau.
De plus, Tass avait toujours un pincement au cœur depuis qu’elle avait comprit qu’Ulysse ne les accompagnerait pas dans le début de voyage. Pourquoi s’attachait elle à cet homme qui au demeurant ne demandait qu’à rester seul, qu’attendait elle de lui, si ce n’est des remontrances et des sermons? Elle ne le savait pas vraiment mais elle était attirée vers lui comme l’aiguille d’une boussole l’est vers le pole nord.

Une certaine agitation commençait à se faire sentir et les marins parlaient entre eux dans un dialecte bien à eux. Malgré ça, certains mots qui arrivaient aux oreilles de l’être mètre n’étaient pas de bon augure mais ils avaient au moins l’avantage de susciter de l’intérêt chez la jeune hin et de réveiller sa curiosité. Il était temps, car une Tass insouciante qui s’ennuyait sur un bateau était très risqué pour tout l’équipage.

Elle se redressa d’un coup lorsqu’elle entendit la vigie, qui d’ailleurs n’avait pas voulu qu’elle monte le rejoindre et sauta en bas des marches aux premiers ordres du capitaine. Elle resta plantée sur le pont comme une jeune pousse, balancée aux grés du vent cherchant où était véritablement son poste. C’est la vision d’Ulysse qui la déracina et elle courut le rejoindre. A ses cotés, elle s’agrippa comme à l’accoutumer à sa jambe de pantalon.

- He! Ulys…, heu, Tourment! ¤Arg, j m’y f’rais jamais!¤ « Qu’est ce qui c’passe? C’est ce bateau qui provoque tout c’remue ménage? C’est nous les pirates, alors qu’est ce qu’on craint! »

Instinctivement, elle porta sa main à son ceinturon et se rappela qu’elle avait laissé son épée dans sa cabine et qu’elle n’avait sur elle que la dague que Tourment lui avait donné.
Dans le même élan la roublarde s’approcha du bastingage et se hissa sur la pointe des pieds, mit sa main en visière et plissa les yeux afin de repérer le navire et surtout son pavillon.

- Milles sabords! Gronda t’elle avec un air renfrogné et qui se transforma aussitôt en grand sourire. Hihi! C’est un marin qui m’a apprit ça. J’ai laissé ma lame dans ma cabine et j’vois rien du tout! Tu crois qu’il va y avoir du grabuge?

ourment, d’ores et déjà sur le pont à scruter le navire approchant, ne fit pas mine de repousser Tass lorsqu’elle faillit littéralement faire descendre son pantalon en tirant dessus. Le pirate était légèrement habillé, ne portant que de simples cuissardes, un pantalon de lin, un veston brodé sans manches, et une large bandoulière de cuir, passant en travers de son puissant torse nu. Il ne dérogeait cependant pas au fait qu’il porta toujours son bandana, rehaussé cette fois d’un tricorne aux allures de vieux cuir râpeux.
Depuis le début de l’épopée, il avait été convenu avec le Capitaine, qu’Ulysse assurerait le poste de bosco sur le Fantôme des Mers, secondant le maître d’équipage déjà présent. Seulement là, le quart de Tourment était déjà passé depuis longtemps, et c’était en marin libre qu’il déambulait sur le pont.

- Nhmaa.. On ne craint rien ni personne, nous sommes les rois des mers. Si celui-là cherche les ennuis, ça nous rapportera un navire de plus dans la flotte de l’Ouroboros ! répliqua Tourment en désignant le sloop du menton. « Mais nous sommes loin d’être les seuls pirates à voguer sur les flots impétueux tu sais. Je me demande quand même pourquoi celui-là nous fonce dessus, comme s’il voulait nous éperonner.. »

Autour de lui, les soldats n’avaient pas peur car l’aura d’Ulysse était telle, que sa présence seule suffisait à haranguer les troupes dans les moments décisifs. Quelque chose de puissant émanait de son charisme quelque peu perturbateur. Le soldat de pierre se retourna et fit quelques pas, attendant le signal de la vigie pour leur annoncer si ce navire était à prendre ou non.

- Tu peux aller chercher ton arme, tu as largement le temps. Par contre, là où le temps te fera défaut, c’est lorsque que tu dégaineras, et que tu t’apercevras que tous nos ennemis sont déjà à terre, embrochés par mon xiphos !

Ulysse sourit de sa propre fougue, empoignant son arme sans la dégager de son fourreau. Il était impatient de se mesurer à des adversaires potentiels.

lors qu’à quelques milles de là, observait un gnome du feu, loin de vouloir en découdre avec un navire allié.

- Su-per, on va enfin quitter cet équipage d’abrutis souffla le sorcier.

La traversée à bord du sloop de Tarentule s’était déroulée avec une infinie lenteur, une infinie morosité, et une ambiance exécrable. « L’Araignée » n’était pas qualifié d’hôte respectable selon les critères d’Artifice. Ce monstre à moitié humain était quelqu’un de froid, peu bavard, à l’instar du reste de son équipage monstrueux. Le gnome, son petit pote et la petite perle ne s’étaient pour ainsi dire pas intégrés parmi ces sauvages. De plus, Binabik commençait à en avoir ras la coiffe de ne voir que de l’eau à des lieues à la rondes, sans personne à qui parler de choses érudites, sans vouloir vexer ses deux compagnons ici présents. Lui qui était un homme de sciences, il n’avait pas pris le temps d’apprendre les rudiments de la piraterie, ainsi lorsqu’il était sur un navire, il passait le plus clair de son temps dans le laboratoire d’alchimie ou dans la cabine du druide. Malheureusement pour lui, il n’y avait rien ! De tout cela, même pas une petite carte à se mettre sous la dent.

- J’suis bien content de quitter ce tombeau flottant, même pour un autre. J’imagine que ça peut pas être pire qu’ici, nan ? Le mage s’appuya sur son bâton lorsqu’une vague plus forte que les autres les fit tressauter davantage. Bon dieux ! A quand le double bastingage ! Ca leur est pas venu à l’esprit que si les humains se prenaient la rambarde dans le bide lors d’un remous, nous on s’la prenait dans les dents ?

Artifice recula de quelques pas pour aller s’appuyer contre un tas de caisses, auxquelles était posé un filet robuste de chanvre.

- Si c’est bien ton Fantôme des Mers, alors on sera sous le commandement de Parangon, le « grand ami » de Tarentule. Tiens, tu vas retrouver tous tes camarades quasiment, non ? Ca c’est une bonne chose.. Pff, y’a plus qu’à attendre alors, j’ai les mains engourdies.

Et d’un geste, Binabik envoya une flammèche de feu quelques mètres au dessus de lui. La petite boule incandescente alla mourir à une dizaine de mètres devant eux, noyée sous l’onde écumeuse. Le mage répéta l’opération plusieurs fois, agrémentés de quelques bruitages rappelant un abordage miniature..

Sauf qu’à quelques milles de là, sur le Fantôme des Mers, cet amusement pouvait être interprété différemment..

A bord du Fantôme des Mers

Parangon scrutait le navire en approche des yeux perçants dus à son héritage elfique. Sa curiosité fut piquée à vif et aussi vite, un nuage traversa son regard qui prenait la dureté de l’acier. Au même moment que l’homme perché en haut du mat, il vit, malgré la distance, les étincelles de feu que Binabik prenait plaisir à envoyer en l’air. Certes il savait que le sloop devait les rejoindre pour qu’il puisse au besoin protéger ce navire léger et peu armé dans la zone la plus propice aux actes de piraterie, sans cela ils auraient déjà atteint la côté, mais sans qu’ils aient croisé la route de quelque agresseur potentiel, voilà que ce qu’ils craignaient était sur le point d’arriver ! Le navire pirate avait du surgir de nulle part et le suivre droit pour échapper à leur vue.

Parangon

- Accrochez-vous, il semble qu’il y ait du grabuge par là-bas ! La voix du Capitaine porta d’un pont à l’autre du Fantôme qui déjà virait de bord sous les mouvements devenus énergique de son maître. La roue tourna de nombreux tours, le vent gonflant soudain les voiles dans une série de claquements secs, et aussi vite que celui-ci, le navire fit demi-tour, s’approchant de l’autre dans un face-à-face inattendu. --------------------

- Second navire en approche, dans le sillage du premier ! – cria enfin le vigie. Celui-là n’était pas attendu …

A bord du sloop de Tarentule

Ils n’avaient rien vu venir. Le petit navire de commerce de Tarentule ne bénéficiant d’aucune vigie et lancé de toute sa vitesse vers le Fantôme avait été suivi par un second plus grand, plus rapide, mieux armé sans qu’ils s’en rendent compte pour donner foi aux rumeurs de danger de cette région … Le petit jeu de Binabik ne tarderait pas à prendre forme tant le trois-mâts les rejoignait à vive allure.

Il sortit sur le pont, immense et terrible, faisant même frissonner les membres de son équipage qui ne l’avaient vu que rarement sans son déguisement. De plus de deux mètres, quatre bras monstrueux serrant chacun un sabre démesuré, la tête en arrière sous son masque blanc comme l’écume. Tarentule était prêt à recevoir les insensés qui osaient tenter d’aborder un bateau de l’Ouroboros.

Tarentule

- Messieurs, madame, nous avons été trop lents. Il va nous falloir résister le temps que le Fantôme nous rejoigne – lança-t-il d’une voix aussi désagréable que le crissement d’une nuée de vermine en regardant vers l’Amn qu’ils n’avaient pu rejoindre à temps. -------------------- Le Capitaine Tarentule est un être sombre, mystérieux, et peu bavard. Il aime tromper les gens en adoptant une forme la plus humaine possible, mais sous son grand masque et son énorme cape de velours, se cache un monstre tentaculaire et sanguinaire. Les raisons de sa venue au Cercle restent inconnues de la plupart des pirates, mais sa loyauté envers l’Amiral reste à ce jour, sans failles.

Granit, son bosco le rejoint aussitôt et au bout de ses bras plus larges qu’un gnome, il tenait le fléau lourd de quelque géant alors que le reste des marins s’activaient en tous sens sans qu’aucun ordre ne soit donné d’avoir cent fois du faire face à pareille attaque.

Le sloop se trouvait entre deux navires qui tentaient chacun de le rejoindre … pour le prendre … ou le sauver. Beshaba et Umberlie devaient ricaner de concert en voyant le jeu d’un Gnome se transformer en pareille rencontre.

rtifice cessa son petit jeu en une dernière minuscule déflagration. Tarentule venait d’entrer en scène, accompagné de son fidèle Granit, deux hommes à vous faire grincer les dents rien que pour leur physique des plus déplaisants. Binabik n’avait rien non plus de commun, mais au moins, il avait du charme.

- Aucun problèmes Cap’taine, on en aura finit avant même que le Fantôme des Mers ne vienne nous accoster !

Le gnome sourit de toutes ses petites dents quasi-pointues. Il avait dit cela comme une évidence, car pour lui, cette bataille navale était l’occasion de tester quelques sorts, de se défaire de l’ennui, et enfin, de tester encore des sorts.. Que rêver de mieux qu’une expérience grandeur nature venant s’offrir à soit ?
Le champion du clan du Feu se redressa de toute sa petite taille et passa son bâton de nécromant dans les sangles de son sac. D’un geste de la main, il plaça ses méca-lorgnons et ajusta les lentilles de visée. De l’autre, il saisit un carreau et l’enclencha sèchement dans son Swigueul.

- Hé, j’ai bien quelques p’tites combinaisons spéciales, mais je crains de faire flamber cette carcasse boisée en un halo de fumée noire.. Je vais donc m’en tenir aux traditionnelles déflagrations ! Vous allez voir, on va bien s’amuser !

Comment Binabik interprétait-il la vie ? Nul ne le savait. En tous les cas, il semblait pleinement heureux de ce qu’il accomplissait. Il le prouva en sprintant vers le pont supérieur, rejoignant par la même occasion le timonier. Le gnome se plaça devant la barre du pilote et tira sur son arbalète, déroulant le fil à ressort qui attachait l’arme à sa ceinture ventrale. Il se positionna et pointa son arbalète vers le vaisseau ennemi.

¤ J’suis en hauteur, d’ici j’aurais une vue d’ensemble sur le combat lors de l’abordage. Le premier qui approche, je le Gri-lle ! ¤

oudain, cela sembla s’animer, il y eu des pas sur le pont qui s’accélèrèrent, le bateau sembla changer de cap, faire demi tour même. L’inquiétude monta chez le gnome, il regarda par la fenêtre. Hélas, il ne voyait dorénavant que la mer. Mais l’allure s’était accrue, la vigie cria, le gnome n’entendit pas, et sur le pont, à nouveau des pas.

Au début, notre bon Eurêka décida de ne pas s’en mêler, le sang et les tripes s’était pour les autres. Il était sans doute très bien à l’abris dans sa cabine. Même un mage ne penserais pas à viser cette salle. Donc sauf si le bateau perdait, il ne risquait absolument rien.

Mais...sa curiosité le rattrapa.

Cela vint d’une simple petite question, une simple petite préoccupation. Que se passait-il? De la le gnome émit mentalement une série d’hypothèse, on fuyait mais nous étions encerclé, ou alors c’était une manœuvre d'approche, ou encore on fonçait droit sur l’ennemi pour en finir au plus vite. Mais pourquoi la vigie avait-elle criée? Pourquoi cette agitation soudaine, alors que jusque là, rien?

Et peu à peu une quantité insondable d’autre questions fusèrent, et la prudence, autant que la peur des combats laissa place à un ensemble vastes de curiosité à rassasier. Comment un pirate agit-il quand il est lui même abordé? Quels sont les stratégie et manœuvre des membres du cercles? Y aura-t-il usage de la poudre gnome? D’une magie puissante?

Le temps de se poser ces questions, et le gnome était déjà sur le pont, armé, observant.

Il se battrait donc sans doute, mal certes, mais ingénieusement.

¤ Bande d'idiots! ¤ Le halfelin jurait dans sa tête, il ne savait trop contre quoi... Les occupants du sloop, qui n'avaient rien vu venir, ou ces pirates, qui allaient gêner de joyeuses retrouvailles. Enfin, il semblait que tout le monde n'était pas malheureux de cette attaque et Artifice se réjouissait déjà d'il-ne-savait trop quoi... Un sourire mauvais glissa sur les lèvres de Rorimac. Il croyait savoir que les amusements de Binabik ne laisseraient pas l'équipage adverse de glace. Et puis ça pouvait faire un beau spectacle...

- Essaie de faire varier les couleurs!, lança Galopin au mage.

Puis se levant, le halfelin tira son arbalète de son havresac. Remontant l'objet, assez finement ouvragé, il se colla au bastingage de l'esquif, de manière à ce que les voiles ne gènent pas son champ de vision, et se retourna pour regarder la position du navire pirate, et estimer à partir de quand il pourrait tirer... Et surtout sur quoi, ou plutôt qui...

Son regard parcourant le navire ennemi, il tomba sur la proue de leur sloop, maintenue droit vers le Fantôme.

¤ Je sens qu'il vont devoir aborder un navire lancé à pleine vitesse... Ca va être marrant... ¤

Galopin se sentait bien plus calme qu'il ne l'aurait été auparavant. Cette fois, il voyait le combat comme un jeu. Que ce fût l'endurcissement du guerrier, la joie communicative de Binabik, ou l'assurance que lui donnait la présence de Tarentule, il n'avait plus vraiment peur de se battre...

e géant Illumian plissa les yeux davantage. Des flammèches s’envolaient du navire en vue. Ulysse ne comprit pas pourquoi quelqu’un s’évertuait à lancer des projectiles dans l’eau ainsi, jusqu’à ce que Niskie confirma qu’un second navire était en approche.

¤ Ces flammes, peut-être un signal de détresse ? ¤

Le Soldat de Pierre s’accrocha d’une main sur le bastingage et tint la Puce de l’autre pour éviter qu’elle ne passe par-dessus bord. Le navire effectua alors un arc de cercle assez rapide et fonça droit sur les deux navires, dont l’un était à présent connu de Tourment.

- Tiens, mais on dirait le bâtiment qu’à utilisé Tarentule à Luskan.. Ca explique pourquoi il nous fonçait dessus. Mais s’il cherche à éviter la confrontation, c’est qu’il doit y avoir un problème.

Ulysse demeura immobile pendant quelques minutes, les yeux mi-clos. Il avait en fait, l’étrange impression d’avoir déjà vécu cette scène. Non pas l’impression de déjà vu, que l’on attribuait communément sous le trait « d’œil rapide », mais une sensation antérieure, comme une scène du passé ressurgissant. Sans prévenir, et gardant toujours les yeux à moitié fermés, tel un drogué, ou quelqu’un luttant contre le vent, le pirate pivota sur lui-même et rejoignit ses quartiers à la hâte. Lorsqu’il ressortit, il avait enfilé sa cuirasse, empoigné Kvalnhir, et se dirigea vers Parangon.

- Capitaine, comment allons nous procéder ? Si le bâtiment de Tarentule est abordé, je suggère que nous fassions de même de l’autre bord. Nous rejoindrions alors la mêlée sur le petit navire. Si notre ennemi commun ne sait pas que nous abordons le sloop du capitaine Tarentule pour l’aider, il pensera que nous sommes aussi des pirates cherchant à faire un coup double, mais leur confusion n’en sera que plus grande lorsque nous nous battrons aux côtés des autres ! S’il y a un assaut, je veux le mener.

Le Guerrier de l’Obscur avait parlé lentement, nullement pris par la peur ou par la furie d’un combat à venir. Ses idées étaient claires, et c’est avec le menton relevé, qui était déjà bien plus haut que la tête de Parangon, que le pirate proposa de mener le combat.

- Détrompe-toi Artifice … Notre seule chance est qu’ils vont chercher à prendre notre marchandise … notre commerce de perles a du faire du bruit de Luskan à l’Amn … Sans ça, nous nous trouverions par le font avant d’avoir pu gouter au sang de ces racailles.

Granit plissait des yeux devenus plus noirs que la nuit. Le gnome aurait pu parier qu’il parlait au propre et que cette montagne de muscles vivante pouvait se repaître de ses adversaires tombés tant son ton était dur et son visage vide de la moindre humanité. Il poursuivit sur le même ton : - "Une chance que nous ayons presque rejoint Parangon … et qu’ils nous aient vu … Accrochez-vous, l’abordage va nous secouer comme une coquille de noix."

Le rythme du tambour adverse résonnait dans les cœurs de l’équipage qui tant bien que mal s’apprêtait à recevoir l’assaut et à défendre chèrement leur peau. Seuls Granit et Tarentule ne prirent pas la peine de s’accrocher fermement et des trois autres marins à bord, seul celui prenant le rôle de timonier libéré par leur capitaine n’était pas armé. A l’inverse du Gnome, leur visage ne portait aucun signe de joie. Pas de peur non plus, grâce à la terrible présence de leur Capitaine, mais une froide résignation.

Sur le Fantôme des Mers

Parangon tenait la barre fermement, son perroquet juché sur l’épaule hurlant sans prendre la peine d’articuler quelque mot. Concentré à sa tâche, il ne laissa qu’un mince sourire se dessiner sur son visage parfait alors qu’il ajustait sa trajectoire. Après quelques secondes à se pincer les lèvres, il lança d’une voix puissante que nul ne pouvait rater : - "Ferler les voiles et préparez les grappins, nos Frères ont besoin de nous !"

De sa place Ulysse pouvait apprécier la précision du geste. Après avoir pris plein vent et changé de direction, le Fantôme des Mers ralentirait rapidement pour se trouver, conformément à sa requête, à tribord du navire de Tarentule qui s’était lui-même incliné dans un mouvement aussi synchronisé que si les timoniers s’étaient coordonnés, forçant leurs poursuivants à manœuvrer habilement pour ne pas les percuter puisqu’il semblait entendu qu’il était hors de question de les couler.

Esprit d'Aeryl le Borgne

Aeryl se tenait près du grand mat, agrippant Dobun de son bras squelettique d’une poigne sans concession : - "Il serait dommage que tu ne tombes avant que la fête ne commence, ça va secouer …" -------------------- Aeryl fut le Second à bord du "Navire au Corbeau". Aujourd'hui, il n'est plus qu'un esprit enfermé dans son ancien corps devenus os. Personne ne sait comment il a put garder son esprit à travers la Mort et même, comment il peut se tenir à côté de vous, et engager une conversation. Quoi qu'il en soit, il semble avoir oublié beaucoup de choses, n'a pas mauvais fond, et a toujours conservé ses étranges loques bleues sur lui. Un allié de choix !

Trois balistes équipées de grappins étaient prêtes à lancer l’abordage et, sur le pont avant, la catapulte amovible prenait position, fermement menée par deux marins.

Et soudain ce fut l’abordage. Dans un vacarme aussi soudain et assourdissant qu’un orage.

Le navire pirate, dirigé par un homme presque aussi grand que Tarentule et coiffé d’un tricorne de cuir rouge, et le Fantôme lancèrent coup sur coup leurs grappins sur le sloop, manquant d’arracher le bastingage de part et d’autre. Sur le pont, la catapulte était chargée …

Binabic, Rorimac, Dobun, Kern, Ulysse et Tass résistent au choc.
Hérudae, Imzel, Rondell et Sam auront besoin d’un tour pour rejoindre les autres sur le pont.