۝ Voyage au Centre de la Terre ۝, Fragment de Nuit et Traité de l'Eau - I

Une fois les Skorpiocentaure partit, et la tirade de la magouille finie, Eurêka poussa un long, long long soupir. La situation l'agaçait et le rendait aigris. Aigris par le départ de Tourment alors qu'en Outreterre il lui semblait évident qu'un minimum d'esprit de groupe et de capacité à faire fi de ses prérogatives et de son égoïsme afin d'agir au mieux. Mais sur ce point, tout commençait très mal. Et lorsqu'il vit qu'en outre Kern était près à rendre celle-ci encore plus problématique à cause du départ de Tourment, il s'en pris au pauvre humain avec un ton plus qu'acide.

- En voilà un qui se réveille. Calme toi la magouille, on a suffisamment de soucis comme ça, pas la peine d'en rajouter. Ils t'ont aidé, donc évite de les menacer. Quant à être sur ses gardes, on est déjà tous sensés l'être. Enfin, en se qui concerne Tourment, c'est lui tout seul qui a décidé de faire une balade. Et si tu veux mon avis, sa réaction est plus que démesurée. Mais rassure toi, je ne doute pas un instant qu'il s'en sortira tout seul.

La situation avait été stressante pour le gnome qui en plus du contexte s'était retrouvé catapulté comme négociateur et diplomate du groupe. Bien trop d'un coup pour lui, mais il ferait avec. Peu à peu l'esprit du gnome se calma pour retrouver un engouement et une curiosité pour ce voyage.

Réalisant soudain son manque de courtoisie envers la Magouille qui n'y était sans doute pour pas grand chose, le gnome s'adressa à nouveau à lui de manière plus détendue.

- Navré de t'avoir fait passé du rêve aux cauchemars, mais on aura bien besoin de ton aide en ces lieux obscurs. Je m'occupe de nous éclairer un peu la route. Et la lumière magique à l'avant de la barque, quatre à cinq mètres devant la proue du bateau. On évitera mieux les récifs ainsi. Si d'autres veulent faire un peu de lumière, n'hésitez pas trop, mais conservez tout de même de quoi tenir assez longtemps.

Le gnome repris sa position de garde, assis au fond de la barque, tout les sens en alerte et l'arbalète chargée. Néanmoins, il n'hésita pas un instant à conserver un sourire tranquille, ce sourire un peu flegmatique, un peu narquois qui fait la réputation des gnomes. Ce n'était pas tout à fait un sourire de façade, seulement un état d'esprit, l'idée que le brillant vous fait peut être une bonne blague. Alors armé de patience et d'un regard aiguisé, mieux vaut-il se préparer à la surprise la plus drôle et hasardeuse. Car le seul moyen de s'en sortir, c'est d'être plus malin que le farceur. Autant dire que quand celui-ci est un dieu, la chose n'est jamais aisée.

lors que Kern était debout, crispé et attendait une réponse à sa question, il entendit le gnome soupirer. Les Scorpiocentaures s'étaient éloignés sans même lui accorder la moindre attention. Son visage laissa transparaitre l'étrange impression d'avoir manqué quelque chose d'important...

¤ Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ? ¤

A peine tourna-t-il la tête vers Eurêka que celui-ci le prit à parti. Le marin, auparavant sur le qui-vive, devint penaud, se gratta la tête de la main gauche et s'excusa, l'air confus :

-Euh... Désolé... Je... Je ferais plus attention la prochaine fois Eurêka...

Heureusement, l'agacement du gnome ne semblait que passager, et Kern revint à l'analyse de la situation.

-Hum... Dites-moi si je me trompe mais j'ai l'impression que nous n'avons pas le choix, nous devons suivre la même route que ces Hommes-Scorpions. Cela semble être la seule sortie, et qui sait, on y retrouvera peut-être Tourment ?

¤ Les autres m'ont l'air encore un peu secoués, et Eurêka en a visiblement assez de prendre les décisions. Je crois bien que je vais devoir être leur "guide"... Enfin, Pénombre est notre vrai guide, mais je doute qu'il ait envie de nous tenir par la main. Allez, on y va ¤

Kern sauta alors sur la berge et engagea les autres à le suivre :

-Eh bien, vous m'avez entendu ? C'est par là qu'on va ! Kern pointait sa rapière en direction des Tlincallis. Inutile de vous rappeler que nous devons rester groupés et sur nos gardes, nous sommes en Outre-Terre !

Il souriait ! Il savait que le danger se rapprochait, mais il n'était pas mécontent de partir enfin à l'aventure.

urêka dut se retenir de rire, d'autant plus que le rire du gnome avait tendance à être sonnore. Son regard amusé se porta sur Kern, et l'envie de rire lui repris. Un gloussement s'échappa, très vite retenu.

- Décidément la Magouille, tu n'as pas tout à fait émergé. Remonte à bord, on continue par la rivière. Pour le moment c'est la même chose, mais je suppose qu'au bout d'un moment les voies divergerons. On devrait pouvoir surprendre Tourment, et même lui faire un peu de lumière. N'en perd pas ton entrain pour autant.


Le gnome attendit que l'humain remonte à bord, tachant de stabiliser la barque pour éviter qu'elle ne se renverse. La péripétie avait fait retrouver le sourire au gnome qui reprit sa position de surveillance sitôt l'incident clos. Une fois la Magouille a bord, il reprit la parole.

- Pour la lumière, je ne tiendrais pas trop longtemps, qui a les bâtons lumineux? Qu'il se prépare à en allumer un sitôt mon sortilège fini! Maintenant, assez perdu de temps reprenons notre route.

Intérieurement Dobun avait retrouvé sa curiosité naturelle, ainsi que son espièglerie. Aussi, se mit-il à juger des reliefs de la caverne, ses infractuosités, la composition de ses roches, la faune et la flore visible. C'est à dire pas grand chose au vu du peu de lumière.

ern s'attendait à toutes sortes de réactions, sauf au rire du gnome. Son sourire d'aventurier se transforma en sourire niais, puis il haussa les épaules et remonta dans l'embarcation en tâchant de ne pas la retourner.

¤ Bon, eh bien allons y gaiement par la voie fluviale ! C'est dommage, j'avais envie de me dégourdir les jambes un peu. ¤

Kern écouta parler le gnome, mais ne prit pas la peine de fouiller dans son sac : il savait qu'il n'y avait pas de quoi éclairer. Aussi se contenta-t-il de répondre à Eurêka :

-Ah, pour ça je crois que je ne peux pas t'aider ! Je n'ai même pas de briquet et je sais encore moins me servir de la magie. Bah, au pire on peut toujours mettre le feu à la barque...

Le marin espérait qu'avec un peu d'humour, il pourrait rendre l'excursion en Outre-Terre un peu plus agréable. Il s'adressa ensuite à tout le monde :

-Bon, on a des rames je suppose ? Alors on y va, et du nerf jeunes gens ! Sinon je vous chante des chansons de marins et je vous déballe mon répertoire de mauvaises blagues !

Il s'était apparemment bien remis de sa fièvre et était très en forme. Peut-être pas prêt à braver tous les dangers, mais motivé pour poursuivre la recherche du traité de l'eau.

¤ Absolument rien pigé... ¤ Galopin ne comprenait pas pourquoi Tourment était parti. La volonté du Cercle s'était exprimée à travers un vote, et il s'y pliait de bonnes grâce, même si il pensait que le prix à payer s'avérerait amer le moment venu... Le départ volontaire de Tourment semblait briser certaines de ses illusions sur le Cercle.

¤ Espérons qu'il se débrouille... Il a choisi son chemin. ¤

- J'ai une lanterne et quelques réserves d'huile, qui pourront prolonger notre lumière quelques temps. Mais ça suffira sûrement pas à tout un voyage.

Le halfelin se reprochait sa légèreté. A l'origine, si il n'était pas parti pour l'Outreterre, il aurait tout de même dû penser à prendre plus d'huile quand il était passé sur le navire de Parangon...

¤ Ce qui est fait est fait... ¤ Et puis Dobun avait parlé de bâton éclairants, il se pouvait que certains membres du groupe en possèdent bien. Au moins Artifice... Quoique la boule de feu lui semblerait une méthode d'éclairage plus appropriée.

Les effets des plantes ne semblaient pas totalement dissipés sur Kern. L'introversion avait fait place à l'extraversion, mais La Magouille restait complètement "dans les vapes", ou alors c'était son état normal, mais Galopin ne le connaissait pas très bien. ¤ Faut vraiment que je voie si on peut pas ramener de ces trucs au retour... Vu l'effet que ça lui fait. D'ailleurs, ça m'aurait pas fait de mal d'en prendre... ¤

- Rame toi-même! T'as l'air tellement en forme!

¤ P'têt bien que les scorpions vont nous laisser un peu tranquilles finalement. En tous cas, c'est aux grands de ramer, pas à moi. ¤

La Magouille n'en tenait plus d'entousiasme, au grand damne de ses compagnons dont certains durent se demander s'ils avaient finalement fait le bon choix en acceptant de la soigner tant il paraissait soudain fébrile et, si plein d'énergie, plein d'une énergie mal contenue alors qu'il rappelait lui-même le danger d'Outreterre … La proposition de Galopin avait fait naître un sourire carnassier à la vénimeuse Vipère qui avait sous-entendu qu'un humain couvert d'huile pourrait apporter plus de lumière qu'une barque qui flambe. Pénombre avait acquiescé puis proposé de garder cette petite réserve d'huile pour la suite de leur voyage, quand ils quitteraient la rivière et que le risque que leur lanterne ne se renverse soit plus faible.

La rivière coulait douce, serpentant dans la roche humide et noire, rythmée de draperies ocre, de concrétions blafardes ou rouilles. Les stalagmites brillaient sous le sort de la lueur gnome jusqu'à ce que celle-ci perde en intensité et qu'en réponse aux prévisions du gnome, Fantôme alluma un des batons lumineux qu'on leur avait conseillé d'acquérir.

La Puce trépignait, se mordait les lèvres en étouffant des "waaaw …" "oooh …" "pfiou …" et autres onomatopées qui lui auraient valu une belle remontrance si Tourment avait encore été des leurs. L'avaient-ils dépassé sans le voir, avait-il trouvé un autre chemin ou s'était-il aventuré par l'une des ouvertures dans la paroi à côté desquelles ils étaient passés, ils n'en avaient vu aucune trace en tous cas et n'avaient jamais aperçu de lumière trahissant sa présence. Il avait disparu.

À leur droite, se poursuivait la berge, tantôt guère plus qu'une corniche, tantôt aussi large que la rivière qui devait bien mesurer trente pieds et se traînait à forcer les Porteurs à pagayer pour garder un rythme acceptable et à devancer les hommes-scorpions. Alors que chacun perdait la notion du temps, se dessinait au plus loin qu'Aeryl puisse voir, un méandre improbable, leur coupant la vue sur la suite de leur parcours.

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Perception auditive
Galopin: réussite partielle
Autres: échec

Au milieu du bruit des gouttelettes et de la respiration de ses compagnons, Galopin crut entendre des voix qui ne venaient pas de leur embarcation, de quelque part devant eux. Etait-ce le fruit de son imagination ?

e gnome a fond de cale vit l'un de ses compagnons dresser soudain l'oreille, sans plus de réaction. Intrigué à son tour, le gnome se cala au fond de la barque et tendit l'oreille. Des voix! Sans doute une nouvelle rencontre. Prudent, il annonça à ses compagnons son intuition.

-Soyez sur vos garde, il semblerait que nous ayons encore des rencontres à faire. Et elles ne seront sans doute pas toute aussi plaisante que la précédente.

A ces mots le gnome pris place dans sa barque, surveillant l'avant des rives. L'arbalète armée. Il était toutefois disposer à discuter si les hostilités ne commençaient pas dès qu'ils seraient apperçut.

algré sa bonne humeur, Kern commençait à trouver le temps long, ramer ne faisant pas partie de ses passe-temps favoris. Pas de quoi changer son humeur, toutefois il espérait que cela ne s'éternise pas...

¤ Tout de même, c'est mal fichu leur voyage touristique ! On nous fait combattre, on nous fait ramer, on s'épuise, et en plus c'est pour visiter l'Outre-Terre... ¤

Trop occupé dans son effort et à se répéter qu'ils étaient bientôt arrivés, La Magouille n'entendit rien de plus que le bruit des rames et de leurs respirations. Il nota cependant que certains de ses compagnons semblaient avoir entendu quelque chose. Il ne se trompa pas, Eurêka lui en donna la confirmation. Le marin décida alors qu'il serait plus judicieux de changer d'occupation, et en informa l'équipage.

-Ne comptez plus sur moi pour ramer !

Kern sortit donc son arme et commença à scruter les allentours, le danger pouvant surgir de n'importe où...

Kern prend et charge son arbalète, et se tient prêt à tirer.

Rorimac cherchait activement l'endroit d'où il avait pu entendre les voix. Mais en vérité, il n'était même pas sûr d'avoir entendu un son...

Toutefois, sa réaction semblait avoir été notée par Eurêka avant même qu'il ne parle. Il redressa également son arbalète, et se courba légèrement, comme pour se cacher derrière les rebords de la barque.

- C'est des voix, en gros, ça me semble être devant nous, le haleflin n'élevait quasiment pas le ton. A l'autre bout de la barque, on aurait probablement du mal à l'entendre. Il faudrait essayer de prendre le méandre le plus large possible, de manière à voir ce qu'il y a derrière, non ?

Outreterre leur avait donné de voir ses plus beaux visages, de la salle aux champignons à l’aide gratuite d’inconnus en passant par le chemin presque trop paisible de cette descente en barque dans un décors à ravir seule une Hin qui ne se soucie du danger que lorsqu’il n’y ait plus moyen de le laisser de côté. Il leur montra en un instant alors l’autre face de ce monde de ténèbres.

Non point des drows ou quelques créatures des profondeurs remplissant les histoires faisant peur aux enfants le soir mais des créatures qu’ils n’auraient pu reconnaitre si les gourdins à leur ceinture ne leur montrait en rêve éveillé les actes d’horreurs dont elles étaient capables, des Githyankis. Les êtres décharnés, à la peau jaune sous la lueur du bâton de lumière, au visage usé comme quelque momie elfe décharnée, transpirant une intelligence aussi vive que malsaine. Eux qui étaient esclaves des siècles durant sous la poigne des flagelleurs mentaux avaient tôt fait de faire de même avec tous les humanoïdes qu’ils considèrent comme tristement inférieur.

La manœuvre proposée par Rorimac leur évita le premier effet de surprise tant d’avoir pu voir la salle immense sur le bord gauche de laquelle coulait leur rivière que de les tenir prêts à réagir face à un tel nombre…

Car les Githyankis devaient être là pour tout autre chose que la recherche d’esclaves, jamais vingt de ces extraplanaires ne se seraient unis pour une tâche si simple, Ils n’auraient pas porté les remarquables cuirasses qui en équipaient la majorité, ni les épées à deux mains qui, si elles ne brillaient pas, toutes recouvertes d’une substance noirâtre qu’elles furent, n’en étaient pas moins imposantes et ajoutaient à l’image des guerriers. Plus grands, les yeux brillants d’une haine profonde, se tenait en recul les trois plus impressionnants d’entre eux dont les lèvres ne cessaient de s’agiter en des mots que nul ne put ne fut-ce qu’entendre. D’autres psalmodiaient également alors que les deux premiers carreaux d’arbalète fusaient déjà, trouant pour celui d’Eureka la gorge d’un monstre tombant en avant dans un gargouillis, celui de la Magouille dans un bras arrachant un premier cri bientôt rejoint par les cris de défis des monstres.

Esprit d'Aeryl le Borgne

- Peste soit de ces monstres … Et maudits soyez-vous d’avoir souhaité si fort ce combat … Aeryl, sa tête squelettique légèrement penchée en avant s’était saisi de ses deux sabres d’abordage et d’un bond avait rejoint la berge, faisant face, seul, au groupe devant eux. -------------------- Aeryl fut le Second à bord du "Navire au Corbeau". Aujourd'hui, il n'est plus qu'un esprit enfermé dans son ancien corps devenus os. Personne ne sait comment il a put garder son esprit à travers la Mort et même, comment il peut se tenir à côté de vous, et engager une conversation. Quoi qu'il en soit, il semble avoir oublié beaucoup de choses, n'a pas mauvais fond, et a toujours conservé ses étranges loques bleues sur lui. Un allié de choix !

Il devint soudain aussi brillant qu’une torche, sous l’effet d’un sort visiblement lancé par Doc qui tentait de le rejoindre en saisissant sa hache en bénissant Tempus. Les autres, l'un après l'autre, quittaient la barque, Vipère plongeant même plutôt que de rester plus longtemps sur la barque.

- On quitte le navire les enfants ... -lança Binabik, un curieux sourire aux lèvres- je ne vous aime pas assez que pour rotir avec vous sous les coups de leurs sorcières ...