۝ Voyage au Centre de la Terre ۝, Fragment de Nuit et Traité de l'Eau - I

e gnome eu un léger doute en écoutant les propos des hommes scorpions. Après tout, ils étaient poli, courtois et semblaient visiblement prêts à les aider. Mais le doute, toujours le doute émergeait. Pourquoi ne pas l'avoir signalé plus tôt? Et les propos du Drow semblait plutôt hostile à leur présence.
Mais ce qui poussa le gnome à sa décision fut surtout l'invocation des différents dieux des Scorpiocentaures. À vrai dire, il n'y connaissait rien concernant le panthéon de ces créatures. Mais les rumeurs sur l'Outreterre, ça oui. Aussi ces invocations successives de deux dieux le rendirent méfiant. D'autant qu'elle était suivie d'une drôle d'affirmation, comment pouvaient-ils prétendre qu'aucun d'entre eux ne leur voulait du mal?
Mais avant de leur répondre Eurêka annonça ses intentions à l'équipe.

- Je vais ménager la chèvre et le choux. Je les refuse à bord, on a déjà des guérisseurs, mais je ne romps pas tout contact avec eux. Il se tourna alors vers le Drow. Si tu pouvais nous fournir discrètement des informations sur ces créatures et leur comportement général. Je ne les chasse pas, car ils ont sans doutes des choses à nous apprendre. Mais plus d'information sur eux me permettrait de mieux exploiter cette rencontre, ou de l'écourter.
Se redressant un peu dans la barque, il fit à nouveau appel à la pierre pour traiter avec les monstres de l'autre rive. Il déplaça la lueur dans leur direction et parla d'une voix calme et posée.



Après avoir parlé, Dobun reporta son attention vers le Drow. Il ne savait pas trop s'il devait lui faire pleinement confiance. Peut on d'ailleurs faire pleinement confiance à un Drow? Toutefois, il était leur guide et un membre du cercle. Et cela jouait en sa faveur.


Diplomatie et Détection avec les Scorpiocentaure. Psychologie avec Pénombre et les scorpiocentaure.
Connaissance concernant tous noms ou info ayant trait aux scorpiocentaure et à l'outreterre. Quel que soit le domaine (histoire, science, artisanat, magie, religion,...)

a Magouille avait peine à suivre ce qui se passait autour de lui. Ses hallucinations avaient cessé, mais il ne s'en était pas rendu compte. A vrai dire, il avait oublié qu'il était en Outreterre, et était donc persuadé que tout ce qu'il voyait était le fruit de son imagination délirante.
La lumière d'Eureka avait dissipé les images oniriques que Kern croyait voir dans l'obscurité, mais révéla des scorpiocentaures. Aucun sursaut, aucun cri de sa part, il ne put que marmonner mollement et l'air vaguement étonné :

-Hé les gens... Vous avez-vu ? ils sont mi hommes, mi scorpions... C'est moins rigolo que tout à l'heure...

Les discussion s'engagèrent, dans une langue que le marin ne comprenait guère. Il se contentait de basculer tantôt d'avant en arrière, tantôt de droite à gauche, et de faire la moue en plissant les yeux, comme si il cherchait à comprendre...

¤ Pfou ! Je suis fatigué... Tellement fatigué que je comprend plus rien de quoi qu'ils disent ! ¤

Les dialogues furent ensuite traduits afin que toute l'équipe puisse comprendre. D'après ce que La Magouille avait saisit, les Tlincallis voulait s'immiscer dans leurs affaires. Il avait même ressentit le danger lorsqu'ils s'apprêtaient à sauter sur l'embarcation.
Lorsqu'il apprit qu'on proposait de le soigner, Kern décida de prendre la parole. Pendant que sa pensée se transformait en acte, Tourment Galopin et Eurêka eurent le temps de parler. Ainsi, avec un peu de retard, Kern tenta de se redresser, puis s'adressa directement aux Tlincallis. Il parvenait à articuler correctement, mais il était visiblement toujours sous l'effet de la drogue, si bien qu'il avait l'air d'avoir trop bu.

-Messieurs les hommes-scorpions, c'est très aimable à vous, mais... Euh... Mais quoi déjà... Ah oui ! C'est très aimable, mais je vais très bien ! Je suis juste un peu fatigué. Ceci dit vous m'avez l'air tout à fait sympathiques, et j'adorerais faire une partie de cartes en votre compagnie ! Et puis... Euh... Ayé, je crois que j'ai tout dit.

Kern acheva son discours par une courbette molle et maladroite, avant de se rasseoir à sa place, les yeux écarquillés et la bouche ouverte...

Rorimac avait toutes les raisons du monde d'être fébrile, rien dans cette barque, perdue au milieu d'un lac souterrain, ne pouvait lui apporter le moindre réconfort ni le rassurer sur leur situation… Le monstre à la masse d'arme s'était tourné tour à tour vers Pénombre puis vers lui, et chacune de leur remarque semblait noircir son regard. S'il ne parlait pas courramment le commun, il avait visiblement perçut le ton peu commode employé et le fond de leurs réflexions.
Sa queue s'était mise à bouger lentement d'avant en arrière avant que le Gnome ne rattrape in extremis une situation qui aurait vite fait de s'envenimer

Puis Doc l'acheva pour de bon en lui répondant d'une voix penaude: - "Désolé mais je ne peux rien faire contre ce mal. Mon dieu m'offre de guérir les blessures d'une bataille, pas le poison dont il semble être victime."

N'entendant déjà plus cette remarque, Eureka cherchait à saisir les rouages et engrenages disséminés dans les circonvolutions de son esprit à la recherche d'informations sur les créatures étranges et cet effort intense lui fit, sans s'en rendre compte, caresser la crosse des Voleurs de Songes, bois vivant sous ses doigts qui une fois encore lui offrit un savoir d'un autre temps, partagé par d'autres qui longtemps avant lui avait rencontré des Skorpiocentaures.

Des images lui parvenaient en flash. Rouge-sang du sacrifice d'un humain hagard, arraché à l'enclos qu'il partageait, comme un bestiau avec d'autres créatures. Gris de poussière, de demeures couvertes de runes naines, éventrées, aux plafonds arrachés dans un agloméra plus disgracieux qu'un champ de ruines. Blanc, de constructions démesurées à la géométrie troublante, semblant répondre au dessin de glyphes étranges. Or, d'une fontaine merveilleuse d'eau chaude au centre d'une mosaïque de carreaux s'étendant sur un rayon de trente mètres, des représentations de signes zodiacaux, divinités tlincalli et autres formant des schémas complexes, attirant nombre de Skorpiocentaures.

De manière générale, il était persuadé, aidé de ces visions, que le drow lui avait dit la stricte vérité mais qu'il n'en avait pas peur pour autant vu le ton qu'il employait pour s'adresser à eux et que le danger était donc moindre que ce qu'il laissait supposer. De l'autre côté, les créatures avait parlé de Destin et du "Brillant" avec un respect qui avait tout de la foi.

Vipère le tira de ses pensées: - "Il divague complètement, il faut faire quelque chose pour le sortir de son état… avant qu'il nous foutte dans la merde sans le vouloir …"

e gnome fut stoppé dans ses propos par l'intervention penaude de Doc. Pas de quoi le soigner? Mais le malheureux risquait de voir son état empirer. La fièvre gloussante n'avait pas de quoi laisser rire, Vipère avait raison, on ne pouvait le laisser dans cet état.

Toutefois, le gnome n'avait pas vraiment envie de coopérer avec les monstres. Et encore moins de perdre leur seul guide dans l'Outreterre. Indécis, Eurêka resta pantois un long long moment. Ses pensées couvertes par le clapotis de l'eau, l'hésitation sur son visage ne se voyait guère dans les ténèbres, mais s'entendait par son silence.

Mais personne ne se décida à faire le choix à sa place. Ou plutôt, il devait agir, remettre la question aux mains des autres n'était pas la bonne initiative. Toutefois, il ne pouvait décider sans l'avis du bord. Aussi pris-t-il la parole, d'abord en s'adressant aux monstre centaure.



Puis se tournant vers le reste de l'équipage, il reprit en commun.

- Bon, il faut qu'on se décide, notre amie a la fièvre gloussante et son état peut plus ou moins rapidement se détériorer. Comme vipère l'a dit mieux vaudrait le soigner. Mais..." se tournant tour à tour vers l'ensemble de la barque ou regardant Pénombre.

-... Mais je ne leur fais guère confiance. Ils me semblent posséder quelques pouvoirs magiques permettant de sonder les esprits, ou tout du moins laissent-ils entendre la chose. Aussi, avant de les approcher, je voudrais être certains que tout le monde est d'accord et surtout prêt à agir en cas de soucis. Et Pénombre, te sens-tu prêt à accepter cet accroc à tes principes, je comprends que tu puisses les maudire encore et encore. Mais tu ne sembles pas les craindre. Aussi, voilà ce que je propose, nous allons nous approcher du bord en faisant mine d'accepter leur requête, on accepte à condition qu'ils ne mettent pas le pied à bords et se contentent de soigner la Magouille. Pénombre, je te fais plus confiance qu'à eux, aussi je te demande de veiller à ce qu'ils n'en profitent pas. Néanmoins, je te demande aussi de bien vouloir faire contenance de ta rage. "

Puis regardant tout le monde.
-Mais cette décision revient à l'ensemble de l'équipage et Pénombre, je t'autorise même à ajouter des conditions, mais pour la fraternité, je te demande que, quelle que soit la décision à l'issue du vote, tu ne nous laisses pas en plan. Concernant le vote, pas de vote blanc, chacun vote pour ou contre demander l'assistance des Centaures, les autres idées sont la bienvenue, mais faisons vite. Donc que ceux qui sont pour l'aide lèvent la main en citant leur nom. Énoncez vos avis en même temps si vous en avez un. "

Sur ces faits, le gnome attendit un instant, puis leva la main en ajoutant
-Eurêka.

Rorimac écouta attentivement le discours de Dobun. Il récapitula rapidement tous les éléments qu'il avait en tête. Il devait prendre une position. Le halfelin commença à parler:

- Instinctivement, je ne fais pas confiance à ces centaures. Je n'y connais rien en champignons, regard appuyé à Doc, mais il me semble que l'état de la Magouille s'est amélioré depuis qu'il a respiré les spores. Je pense qu'il va finir par se réveiller, non ?, une certaine inquiétude perçait alors dans la voix de Galopin. Evidemment, on va se traîner un poids mort pendant je ne sais trop combien de temps. Mais mieux vaut ça que des gens en qui j'ai pas du tout confiance...

¤ Si ce que dit Pénombre est vrai, et je le crois volontiers, je ne suis pas prêt à trop m'approcher de ces créatures...¤ L'esprit du roublard émettait encore quelques hésitations. Il serait toujours de bon augure d'obtenir de bonnes relations avec des peuplades de l'Outreterre...

Toutefois, le halfelin reprit la parole, sa décision était prise:

- Je pense que vous l'avez compris. Je m'oppose à leur intervention. Les risques sont trop grands par rapport aux gains que l'on peut envisager.

La main du halfelin resta sur son arbalète.

- Evidemment, je me plierai au résultat du vote, ajouta-t-il en regardant Pénombre.

Puis, posant les yeux sur Kern: ¤ Désolé, l'ami, mais tu devras attendre encore un peu avant de te réveiller...¤

es camarades de Kern avaient remarqués que ce dernier risquait d'être un sérieux poids mort si il ne se ressaisissait pas. Mais lui, en était-il conscient ? Rien n'était moins sûr : il était comme à moitié endormi , et malgré quelques rares moments de lucidité le fil de ses pensés restait très erratique. À tel point d'ailleurs, que lorsque Vipère intervint, il se mit à murmurer lentement :

-Vague... Vague... Je dis... vague...Il est bizarre ce rafiot... Et en plus il y a pas de vague... Pas de vent... Faut qu'on rentre au port, du bon rhum nous attend...

Kern poursuivit ainsi un court instant, et semblait sur le point de s'endormir, lorsqu'il sursauta subitement.

¤La mer... La grotte... Les... Les Hommes-scorpions ! Ouh ! Ma tête, mon dos ! J'ai mal partout, j'ai du mal à bouger, j'ai l'impression de ne pas avoir dormi depuis des jours. Je crois que je suis malade...¤

Le marin rassembla toutes ses forces pour suivre la discussion. Il avait du mal à garder les yeux ouverts, et ne cessait de se rattraper pour éviter de s'affaler. Il n'avait pas la force d'ouvrir la bouche, mais il parvenait tout de même à écouter...

¤ Ainsi donc, les scorpions prétendent vouloir me soigner, mais le Drow s'en méfie. Il n'a pas l'air d'en avoir peur non plus, mais je suis prêt à parier qu'il n'a pas peur de beaucoup de choses... Tiens, Eurêka veut qu'on me soigne, Galopin veut que je me soigne... Faudrait que... je... me décide... Euh... Je préfère crever malade qu'être sacrifié à des divinités maléfiques ! ¤

La magouille leva alors la main, et tandis qu'il se mettait à parler, sa fièvre reprenait le dessus.

-Je... Je suis pas d'accord... Je veux pas partir avec eux... Je suis bien ici, et puis... Je comprends rien à qu'est-ce qu'ils disent les hommes scorpions ! Et puis ils ont pas dit si ils voulaient jouer aux cartes avec moi, et c'est pas sympa, alors je pars pas avec eux !

Il se mit alors à sangloter, ne cessait de répéter que ce n'était pas sympa de lui refuser une partie de cartes, que pour une fois qu'il n'avait pas l'intention de tricher ils auraient pu faire un effort. Le reste était incompréhensible, ses paroles n'étaient plus que des marmonnements couverts par des sanglots. Il avait vraiment l'air pathétique.

Fantôme se dressa de toute sa taille dans l'embarcation, fixant son frère dans son état pathétique avec dans les yeux une pitié touchante. Sans jeter un regard à ses Compagnons, et contre l'idée d'Euréka, il répondit directement aux skorpiocentaures : - " ?"
Il leva ensuite la main et d'une voix pleine de reproche envers ses compagnons moins compatissant, laissa tomber un "Fantôme", bientôt rejoint d'un "Vipère", d'un "Doc" et d'un "Aeryl" qui finit d'installer la majorité pour le soin de la Magouille.

De la berge, le soigneur lui répondit d'une voix calme et sereine, contraste violent avec l'effervescence des Porteurs : - " "

- Raaah … - Le Chasseur rageait et ses yeux, puits de charbon dans son visage de cendre, avaient la dureté du Granit, le visage grimaçant d'Oni était réapparu sur son cou et regardait la Magouille quand il lança, amusé : - "le peuple a parlé, qu'il en soit ainsi !"

Et Pénombre d'ajouter à voix basse pour qu'eux seuls l'entendent: -"Je vous avais demandé de rester calmes … Vous n'aviez aucune raison d'avoir peur d'eux tant que nous leur paraissions des cibles trop risquées. En Outreterre, l'apparence a souvent plus d'importance que la réelle puissance pour ceux qui cherchent à survivre, essayez de garder ça en tête … Les Tlincallis font montre d'une barbarie qui ferait envie à bien des miens et rien de leur réputation n'est volé, mais s'ils avaient voulu nous attaquer notre embarcation serait déjà au fond de ce lac, et la moitié d'entre nous avec. Maintenant vous puez la trouille, la situation est un peu plus délicate, et nous ne pouvons plus faire autrement."

La barque avançait lentement, comme si une conscience propre l'invitait à ne pas se précipiter sous le dard des centaures. Quel que fut leur choix, les deux groupes prenaient la même direction générale: le Calice du Géant était à mi-chemin vers Looblishar et surtout le passage obligé pour atteindre cette région de l'Outreterre.

Le soigneur avait saisi un parchemin de son sac et le déroulait prudemment : - "?"

Le "Chasseur" est un des surnoms que se donnait Tourment, pas Pénombre

urêka était plus rageur qu'appeuré. Dans l'obscurité, il avait un instant confondu Pénombre et Tourments. Il aurait bien répondu du tac au tac au Drow s'il n'avait remarqué son erreur entre temps. Toutefois, restait à espérer que Tourment ne les abandonnes pas comme il avait menacé de le faire, mais au moins, tant qu'ils conservaient leur guide, il ne risquaient pas grand chose. Le principal soucis du gnome était écarté. Ensuite, advienne que pourra. Mais plus il y aurait de départ, plus la quête serait compliquée à accomplir.

Lorsque le guérisseur Tlincalli, car c'était visiblement ainsi qu'on les nommait, approcha avec le parchemin le gnome eu une petite appréhension. Mais il eu presque l'impression de noter un ton ironique dans leur voix. Ou plutôt sentait-il malgré l'obscurité le regard hautain de Pénombre. Le gnome répondit alors sans hésiter.



Se rasseyant au fond de la barque et ne s'occupant plus que de son sortilège, le gnome regretta l'absence de Braillard, il aurait sans doute su quoi dire, y compris au Drow. Plus que lui en tout cas.

Il est des choix dont tout un chacun se passerait volontiers, comme tendre la main dans l'obscurité plus sombre que la nuit ou faire confiance à des créatures profondément mauvaise qui semblent soudain vouloir agir sans penser à mal.

A l'approche de la berge, il se leva, lui, le terrible chasseur qui, fidèle à ses principes, avait refusé l'aide de créatures promptes à sacrifier des humains pour satisfaire leurs dieux mauvais. Kvallnir serré et le reste de son attirail accroché à sa ceinture, il les défiait de toute sa stature et d'un bon il franchit les deux mètres qui le séparait d'elles. Sans jeter un coup d'œil en arrière, il passa à côté des skorpiocentaures : - "Il fallait que nous nous quittions à un moment ou un autre puisque j'avais choisi de ne plus jamais être esclave, mon instinct me dit que ce moment est venu. Que votre folie vous épargne, nous nous retrouverons si vos dieux le souhaitent."

Un visage grimaçant se tortillant sous les cheveux du curieux humain cherchait à se plaindre de son hôte mais les compagnons n'en entendirent que des borborygmes étouffés. Tourment avait choisi et nul ne pourrait plus lui faire faire marche à arrière. Avant que La Puce ait pu le retenir, il avait disparu dans l'obscurité, rejoignant les ombres dont il semblait être fait. On n'entendit plus qu'un "bon débarras …", craché, à sa manière, par la belle Vipère qui voulait faire croire qu'elle voyait d'un bon œil l'autre s'éloigner même s'il était peu probable qu'elle en pensât la moitié...

La Magouille se plaignait, comme un enfant qui tombe de sommeil et craint qu'en fermant les yeux il replonge dans quelque douloureux cauchemar. Il en tremblait, victime du poison qui avait fait son nid dans son esprit et de la peur de ceux qu'il voyait maintenant comme des monstres horribles. Sous la poigne de Fantôme qui tentait de le rassurer, ses spasmes se calmèrent un peu et lui permirent de voir, émerveillé, les effets du sort. Une poignée de mots sifflés dans une langue inconnue de tous illuminèrent les glyphes qui recouvrait le parchemin ouvert d'une aura cyan, ils devinrent vivants sur le vélin et s'en détachèrent pour prendre l'apparence d'un nuage iridescent. Puis la créature toucha le malade et en une seconde, le nuage s'infiltra par la bouche entre-ouverte et le nez de la magouille pour en ressortir dans un rot sonore à faire sourire le plus aviné de marins.

Il cligna des yeux contre sa volonté pour se rendre compte qu'il avait soudain repris le plein contrôle de ses sens. Il était guéri.

-

Il était curieux de voir les corps de ces créatures couvertes de chitines se remettre en branle, toutes en plaques d'armure ou d'écailles, car déjà, sans rien demander de plus, ils s'apprêtaient à faire demi-tour, en toute logique puisqu'à défaut du goulot tumultueux par lequel ils étaient passés, il n'y avait pour seule sortie que celle par laquelle ils étaient arrivés, cette berge se poursuivant le long de la rivière que les Porteurs devraient emprunter pour poursuivre.

ussi étrange que cela puisse paraitre, les créatures avaient guéri Kern sans rien demander en échange... pour l'instant. A vrai dire, ils s'apprêtaient seulement à faire demi-tour, et La Magouille qui avait retrouvé sa lucidité sentait venir le coup fourré ! Pendant qu'il jetait un coup d'œil autour de lui, il tentait d'analyser la situation.

¤ Ouf ! Saleté de champignon ! Pas fâché d'être guéri... Attends c'est quoi ça, des Hommes-Scorpions ? S'il se retournent, qui sait ce qui peut se passer avec leur dard !¤

Le marin entreprit alors de prendre discrètement sa rapière afin de pouvoir s'en servir en cas de besoin, tout en suggérant dans un chuchotement à ses compagnons de faire de même.

-J'ai pas confiance, tenez vous prêts au cas où.

Il ne se souvenait plus trop de quoi il était question, mais il savait qu'il était en Outre-Terre et que, à priori, les Scorpiocentaures n'avaient aucune raison d'être hospitaliers. Et puisqu'il n'y avait qu'une seule sortie, il se pouvait qu'ils soient guidés vers un piège fatal. Alors qu'il pensait faire part de ses appréhensions aux autres, il se rendit compte que quelque chose clochait. Alors se redressant d'un coup et lançant un regard inquiet aux Tlincallis, Kern laissa un cri s'échaper de sa gorge :

-Tourment !

Il était debout, les bras pendants et la rapière pointant vers le bas. Il était tellement surpris qu'il en avait oublié d'être discret. Puis ses muscles se crispèrent, son regard et son attitudes se firent plus menaçants et le son de sa voix trahissait un sentiment de peur, la peur qu'il soit arrivé quelque chose au chasseur :

-Où est Tourment ? Qu'avez-vous fait de lui ?