Panique à Fortnouveau, MJ Kolimar Velcor

En descendant les escaliers, Menthas ne s'attendait pas du tout à se retrouver nez à nez avec la garde. Bien que leur présence le rassurait ; il n'aurait plus avoir à faire attention aux malfaiteurs ; le scénario de la nuit de son emprisonnement se déroulait dans sa tête. Encore une fois il n'avait rien fait de mal, mais il était au mauvais endroit au mauvais moment. Voyant que cette fois ci, les miliciens semblaient plus enclin à la conversation, il devança ses compagnons et prit la parole pour s'expliquer en essayant d'être le plus persuasif possible, et prouver son innocence, car il n'avait pas envie de revenir dans la cellule qui l'avait hebergé la nuit précédente.

"Et bien nous avons réussi à échapper aux malfrats qui ont saccagé cette auberge, et en cherchant un de mes compagnons de voyage j'ai découvert cet homme, Dit Menthas en désignant Zakkarit, emprisonné dans une chambre à l'étage. Nous n'avons rien de fait de mal et comme l'a dit ce brave homme nous ne sommes que de simples clients, et que par la grâce des dieux nous sommes bien sains et saufs. Et maintenant nous esperons pouvoir enfin nous reposer un peu après l'agitation de ces derniers temps."

Zakkarit avait ouvert la bouche pour répondre, mais Menthas avait été plus rapide. Il le regarda pendant qu'il résumait leur situation, hochant la tête par moment, avec un air pensif avant de se tourner vers les gardes pour prendre la suite.
-J'étais dans la troisième chambre de l'étage, en train de dormir quant ça a commencé. Le bruit m'a réveillé, et j'ai à peine eu le temps de me préparer à me défendre que ma porte a volé en éclat en laissant passer deux hommes. Deux humains, à peu prés de cette taille...

Avec ses mains, il montra la taille approximative des deux hommes qui l'avait agressée, essayant de se rappeler d'autres détails.
-Ils m'ont bondit dessus, puis m'ont assommé. Je ne me suis réveillé que depuis quelques minutes, ligoté et bâillonné dans l'armoire de ma chambre dont ce jeune homme m'a tiré.

Il haussa doucement les épaules en secouant la tête, affichant un air dépité.
-Je ne sais rien de plus, désolé.

Narration

Le discours de Menthas sembla prendre. Même si celui qui les interrogeait fit une grimace en voyant Kobalt se relever péniblement en se tenant le crâne.

-Bon très bien mais dégagez de là maintenant. Nous avons d'autres chats à fouetter que de s'embarrasser de détails tel que vous.

Les trois hommes sortirent par les cuisines, et se retrouvèrent dehors. La lumière du jour commençait à poindre, et une nouvelle journée allait débuter. Le bilan pour les retrouvailles était maigre. A part un compagnon supplémentaire, ils n'avaient aucun indice fiable concernant leur mission. Ils avaient bien une vague rumeur avec les paroles pour amuser la galerie des six hommes d'hier soir, mais c'était tout. L'heure pour le moment était de savoir ce qu'il fallait faire du nouveau venu Zakkarit. Fallait-il le traiter comme une bouche de plus à nourrir ou bien pouvait-il servir à quelque chose ? Et qu'en pensait-il lui même ?

Soulagé d'avoir enfin pu convaincre les autorités de son innocence, le jeune Mulan se retrouva dehors avec Kobalt et leur nouveau compagnon par la force des choses, Zakkarit. Menthas l'avait sauvé, mais il ne connaissait rien de lui. Et après les récentes embrouilles qu'il avait pu subir, il ne pouvait être sûr de rien. Il avait déjà perdu assez de temps dans cette auberge. Car les troubles de Fortnouveau ne se résoudraient pas seuls. Mais que faire de cet inconnu? Tel était la question qui trottait dans les pensées du prêtre. Il pouvait tout simplement l'ignorer et continuer sa route avec Kobalt. Mais, l'ensorceleur s'était lui aussi retrouvé au coeur du conflit de l'auberge. Peut-être avait-il un rapport avec eux? Et puis vu les dangers qui s'annonçait dans leur quête, un élément de plus pourrait être le bienvenue.

"Voilà nous sommes tirés d'affaire. Bien maintenant on va pouvoir retourner à nos occupations."
En s'adressant à Zakkarit:
"Comment se fait-il que ces brutes vous soit tombés dessus? Les connaissiez-vous? Ou peut-être savez-vous ce que voulaient ces gens?"

Devant le manque d'informations concernant leur enquête, le prêtre essayait d'en obtenir par tout les moyens. Et puis il savait qu'il ne serait pas sage de laisser un inconnu sans savoir quel rapport il pouvait avoir avec eux.

Lorsqu'il reçu l'ordre de sortir, Zakkarit se fit un plaisir de sortir en s'étirant dans la douce lumière de l'aube. Il avait mal a la tête et les muscles endoloris, a cause de ses appels incessants dans l'armoire. Il fit craquer ses doigts en envisageant la possibilité de demander un remboursement de sa chambre auprès du tavernier, mais il n'eut pas de temps de pousser la réflexion plus loin, interrompu par Menthas. Il le détailla de haut en bas durant quelques secondes, pendant lesquelles celui-ci lui parlait. A sa manière de se vêtir, il devait s'agir d'un prêtre d'un dieu guerrier. Zakkarit n'avais jamais été très pieu envers les divinités, à l'exception de Mystra envers qui il tenait un culte plutôt discret. Il sursauta presque en se rendant compte que Menthas attendait sa réponse.
-Oh, excusez moi, je rêvassait. Eh bien je ne connaissait pas ces hommes, tout ce que je sais, c'est ce que j'ai dit au garde à l'intérieur. En fait, j'avais une petite idée sur qui ça pouvait être...

Il se dandina d'un pied sur l'autre, mal à l'aise en affichant un air gêné.
-Il y a quelqu'un que ça aurait pu être, si j'avais été la seule cible. Mais vu que je suis toujours vivant, et que je possède toujours mes affaires, je pense qu'il cherchait bien quelqu'un dans cette auberge, mais pas moi. Ils ont dût m'assommer parce que j'étais là, et prêt à me battre pour me défendre...

Il haussa les épaules en secouant la tête.
-Mais du coup non, je n'ai aucune idée de l'identité de ces gens. Sinon, je serai déjà à leur poursuite.

La réponse de l'ensorceleur ne satisfaisait pas Menthas. Il sentait que son interlocuteur semblait lui cacher quelquechose, car son attitude trahisait un malaise. Le prêtre sentait que Zakkarit en savait plus qu'il ne voulait le dire. Il lui fallait donc en tirer davantage d'informations.

¤ Ce n'est pas clair ce qu'il me dit, j'ai peut-être intérêt à faire attention à ce gars. ¤

"Désolé, mais j'ai peur de ne pas bien vous suivre, quelle est cette petite idée que vous avez concernant leur identité? Vous ont-il parlé ou demandé quoi que ce soit? J'ai l'impression que ces personnes représentent un intérêt pour mon compagnon et moi même. Mais ne vous inquiétez pas, nous ne faisons pas partie de leur groupe, nous ne cherchons d'embrouilles à personne."

Pour arriver à ses fins, Menthas tentait de gagner la confiance de son vis à vis, pour déjouer sa méfiance, mais ceci ne semblait pas une tâche aisée, tant le demi elfe essayait de mesurer ses propos. Mais le mulan ne voulait pas reculer, pour une fois qu'il avait le sentiment d'avancer dans son entreprise.

¤ Après les déboires d'hier, la chance semble enfin tourner. Et puis qui sait s'il ne pourrait pas être utile pour notre enquête? ¤

"Au fait, pardonnez mon indiscrétion, mais que faites vous ici à Sundabar, dans cette région par des temps aussi rudes? Il faut une bonne raison pour venir se les geler dans ce coin."

Le mutisme subit de Darius était pour le moins étrange. D'autant plus étrange qu'il avait eu l'occasion de faire le malin devant des gardes, l'aubergiste, et deux autres gus, dont Menthas. Peut-être que le fait de retrouver ce dernier l'avait laissé sans voix ? L'émotion, tout ça... Ou peut-être était-ce à cause des dits gardes, et en tant que voleur et fieffé coquin, il y avait de quoi être mal-à-l'aise en présence de tant de représentants de l'ordre, car il est vrai que l'on ne pouvait pas qualifier Kobalt de bonhomme qui n'a rien à se reprocher. C'était un peu le genre de type qui se ferait coffrer le jour où il essaierait de rendre service, car tout le monde trouverait ça trop suspect pour penser une seul seconde qu'il n'avait rien derrière la tête...

Toujours était-il que notre ami se retrouva dehors avec les autres, sans avoir eu le loisir d'en placer une. Mais maintenant qu'ils étaient de nouveau à l'air libre, et qu'ils se retrouvaient enfin, ils leur fallait passer à des préoccupations plus actuelles : leur mission pour le compte de la Compagnie. Comme il était le plus expérimenté des duettistes, le roublard se sentait comme obligé de prendre Menthas par la main et de lui expliquer les choses. Comme à un gamin, en fait.

C'est alors qu'il prit conscience du type bizarre qui était sorti de l'auberge en leur compagnie. Celui-là avait aussi un petit air elfique, ce qui n'attira pas la sympathie de notre gredin. De plus, il avait tout l'air d'être inoffensif, et si il s'était fait avoir aussi facilement, c'était qu'il ne devait pas être très malin. Bref, il avait tout les attributs du gars complètement inutile, et Kobalt n'aimait guère s'encombrer de nouveaux fardeaux. Au moins Menthas avait-il son utilité, lorsqu'il ne parlait pas trop vite...

Devant la tournure que prenait les évènements - Menthas perdait du temps avec ce gringalet ! - le thétyrien décida de prendre les choses en main.

¤Non mais on a pas que ça à faire non plus !¤

- Ouais bon ben c'est pas qu'on est pressés, mais on est très pressés, vois-tu. Donc bon on aurait adoré écouter ton histoire, nous raconter ta vie et cætera, mais là on a pas le temps, alors bonne continuation, hein !

Tout en parlant il avait pris son compagnon par le col et l'avait attiré à l'écart.

- Ben ça ! Ça fait plaisir de te revoir, vieux. J'étais en train de suivre les deux tire-laine d'hier soir, je te dis pas le bor... Euh enfin bref, il est temps qu'on s'occupe un peu de notre affaire. Voilà ce que je propose : on va à Fortnouveau, on menace les bonnes personnes, on remplit la mission, on casse tout et on revient faire notre rapport au halfelin. C'est pas génial comme plan ? Bon c'est pas tout ça mais si t'as des achats à faire, on ferait bien passer les prendre tout de suite, on a de la route et on est en retard.

Zakkarit sourit à Menthas d'un air gêné en commençant à lui donner sa réponse, arrêtant de gesticuler en essayant de trouver ses mots :
-Eh bien c'est un quiproquo assez cocasse en fait, qui a eu lieu pendant mon apprentissage...

Mais il n'eut pas de temps ni le loisir de terminer sa phrase, brutalement interrompu par la réplique sèche de Kobalt, qui entraina le prêtre à sa suite en lui parlant en aparté. Quant à lui, Zakkarit bouillonnait en son for intérieur.
¤Non mais de quoi je me mêle ? Comment ose-t'il m'interrompre en plein milieu de ma phrase ? C'est extrêmement impoli de couper les gens comme ça ! Il mériterait que je lui lâche un cerbère aux fesses !¤

Zakkarit le fixa d'un air mauvais en caressant distraitement du bout des doigts un objet en bois de la taille de son avant bras, fixé à sa ceinture.
¤Mais non... je peux tout de même pas le dégommer à l'arbalète... ou du moins, pas maintenant.¤

Il retira sa main de la, la reposa sur son bâton de marche et s'avança d'un pas guilleret à leur suite avec un grand sourire. Il appela en les rattrapant :
-Eh, Menthas, et... le grand type la ! Attendez moi, vous n'allez quand même pas m'oublier !

Il leur fît un grand sourire en même temps qu'un signe amical de la main, puis jeta un regard à Kobalt dénué de toute animosité, mais qui semblait vouloir dire "Ne pense pas que tu te débarrassera de moi aussi facilement que ça mon gars !". Puis il se tourna de nouveau vers le prêtre.
-Alors, ou allons nous ?

Alors qu'il était sur le point d'obtenir des informations de Zakkarit, Kobalt l'interrompu brutalement en l'emmenant à part. Cette attitude déplu fortement au prêtre, mais ne le surprenait qu'à moitié. La colère montait quand même en lui.

"Fichtre de..., imbécile j'étais peut-être sur le point de tirer quelquechose d'intéressant, et toi tu fait tout avorter, t'aurais pu attendre deux minutes qu'il crache ce qu'il avait à dire. Déjà qu'on a rien appris la nuit dernière."

Voyant que Zakkarit s'était rapproché, il changea de sujet et repris un ton plus calme.

"Bon d'accord il faut que l'on continue notre route, et ne pas perdre de temps. Mais attends viens deux minutes."

Il se mit à l'écart avec Kobalt pour discuter en privé et fit un signe à Zakkarit de les attendre.

"Vois tu, nous ne sommes que deux pour cette mission. Et il me semble qu'elle ne soit pas sans dangers. Rappelle toi la nuit dernière, si nous aurions du nous battre à deux on aurait été bien embêté, peut-être qu'un élément de plus pourrait nous servir. Pas la peine de lui révéler notre mission, qui doit rester secrète, il nous accompagne point barre. Puis s'il devient gênant, je pense que ça ne te pose aucun problème de conscience de t'en occuper? De toute façon, je crois qu'il est bien parti pour ne pas nous lacher, et qu'il nous suivra partout. De plus, j'ai l'impression qu'il a des choses intéressantes à nous dire. On pourra en tirer quelquechose, en s'y prenant bien."

Le jeune humain jeta un rapide coup d'oeil sur l'ensorceleur puis rajouta:

"A mon avis il n'a pas l'air d'être animé par de mauvaises intentions."

Pour Menthas, il était certain que Zakkarit avait un lien quelconque avec leur mission. Mais il n'avait pu encore découvrir lequel. En l'emmenant avec eux il pourrait sûrement le questionner davantage et savoir ce qu'il savait. A condition bien sûr que Kobalt ne lui mette plus de bâtons dans les roues.

¤Je vais m'énerver... Si si je vous assure je vais m'énerver...¤

Une chose était certaine : son avis comptait pour du beurre. Il fallait que Menthas comprenne qu'il ne le laisserait pas faire la loi. Il se tairait pour le moment, mais lorsque la propension du prêtre à vouloir diriger son petit monde deviendra trop importante, là, cela chauffera sérieusement. Après tout, ce ne serait pas la première fois que le roublard doive abandonner sa mission, faute de compagnons... Or les compagnons de Kobalt avaient la fâcheuse habitude de disparaître dans la nature, ou de mourir, simplement. Et puis, une dague qui vole vers son objectif... Un Menthas ou un Zakkarit qui se trouve malencontreusement sur la trajectoire... Cela pouvait arriver, le voleur n'y était pour rien !

Comme d'habitude.

Il décida donc de réfréner sa colère et ses envies meurtrières, pour le moment. Il devait apparemment se résigner à se trimballer Zakkarit dans leur sillage, à moins que celui ne décèle la lueur inquiétante qui dansait dans les yeux du roublard en cet instant. Celle-ci signifiait généralement qu'il serait fou de joie de planter sa dague entre les omoplates de celui ou celle qu'il était en train d'observer. Or, il toisait ostensiblement l'ensorceleur.

- Ah j'te jure je suis trop bon...

Puis à Zakkarit :

- D'accord tu peux venir si t'as rien de plus intéressant à faire, bien que tu ne saches pas où on va... t'auras qu'à nous montrer ce que tu sais faire en route, je pense qu'on aura largement l'occasion de se montrer nos talents à chacun. Il fit une légère pause, puis reprit pompeusement : Bien que mes démonstrations risquent de prendre plus de temps, tant mes talents sont multiples et variés... Mais si ça ne t'ennuie pas, j'insiste au moins pour que nous nous mettions en route sur l'heure.

Joignant le geste à la parole, il tourna aussitôt les talons, se dirigeant vers les portes de la ville. En passant, il dit à Menthas :

- Ça te ferait mal de répondre à ma question ? T'as besoin de te réapprovisionner ou pas, avant que je passe les portes de Sundabar, on sait jamais...

Quel bonheur qu'un voleur de bonne humeur !