Les Sceaux de la Prophétie, Areala, Dugnar, Kasil, Tarsenian

Assise en compagnie de ses « sauveurs » et de leurs deux nouveaux compagnons, Areala écouta le gnome évitant de montrer un intérêt excessif à ce qu’il leur apprenait.
Ce petit personnage lui rappelait trop le vieux Briséus pour qu’elle lui accorde sa confiance...

De la corruption au sein du temple d’Ilmater ? La jeune femme fronça légèrement les sourcils, ils en revenaient et les prêtres qu’elle y avait rencontré ne lui avaient inspiré aucune méfiance... Pourtant les propos du gnome avaient semé le doute en elle : Et si personne n’allait s’occuper de la sépulture de ses anciens compagnons de route ?
Serrant nerveusement le verre qu’elle tenait en main elle songeait à pire encore... Et si elle avait donné autant d’argent à des imposteurs ?

Lorsque le gnome posa son regard sur elle, comme il l’avait fait précédemment avec ses autres compagnons, elle porta négligemment le verre à ses lèvres, avant d’annoncer, d’un ton détaché,

« Quelle étrange histoire cher Abbonick... Entre votre manque d’éloquence et l’accusation que vous faites au temple d’Ilmater, je vous avoue que vous me laissez perplexe... Peut-être effectivement devrions nous rencontrer votre Maître afin qu’il nous explique plus en détail la situation... Car voyez-vous j’ai confié une jolie somme d’argent à ces prêtres pour qu’ils s’occupent de la sépulture de mes compagnons... Je ne voudrai pas m’être fait flouer. »

En réalité, même si son attitude semblait détachée, la perspective de découvrir qu’un temple du dieu Brisé soit susceptible d’abriter autre chose que de braves et dévoués prêtres ou des âmes en peines et autres martyrs l’intéressait au plus haut point !

Un scandale ! Voila bien là une intrigue qu’elle pourrait narrer et qui captiverait le public !

Elle jeta un rapide coup d’oeil à ceux qu’elle venait de rencontrer, qu’elle ironie... Elle qui n’avait pas l’intention quelques instants plus tôt de partager plus qu’un repas avec ce nain qui manquait d’éducation, ce paladin qui avait quelques problèmes de vue, le bellâtre et la jeune femme qu’ils avaient renversée, la voila maintenant qui envisageait de les accompagner dans quelque sordide histoire.

Njini fut heureuse de retrouver le chemin de l'auberge et devait avouer quelques hésitations quant au chemin à prendre. Elle était bien plus à l'aise dans les sentiers sombres d'une forêt que dans les rues animées d'un port. Pourtant les périls quoique différents étaient tout aussi réels.

Arrivée à la porte d'entrée, Njini hésita un instant. Elle se surprit à réfléchir au chemin qu'elle devait prendre. Il serait bien simple de ne pas se présenter. La troupe l'aurait bien vite oubliée et se serait lancée dans quelconque quête ou aventure sans elle. Elle retrouverait sa solitude et totale liberté d'action. N'était ce pas plus facile de se centrer uniquement sur ses propres besoins sans se préoccuper d'autrui ? Elle pourrait ainsi écarter toute déception et toute désillusions qui sont souvent induit lorsqu'on s'intéresse à autrui. Pourtant elle entra dans l'auberge et chercha des yeux les visages connus de ses nouveaux compagnons et eut un petit coup au coeur lorsqu'elle entrevit le fin visage d'Areala. Elle comprit ce qui la poussa vers eux : la reconnaissance de son existence : oui, elle vit et existe au travers de leurs regards posés sur elle. En bien ou en mal, ce n'était pas important. Elle était reconnue.

S'asseyant à leur table avec un sourire cachant un léger tremblement intérieur, elle écouta plutôt les propos de ses compagnons lorsqu'elle vit le gnome s'avancer vers eux. Son regard doré s'assombrit un peu et une vague de suspicion entra dans son âme confortée par les dires du gnome : "il m'a demandé de lui amener un groupe de valeureux aventurier".... "m'assurer de votre droiture" ...
Quel est donc la part du hasard et celui de la manipulation ? Le destin avait une bien étrange façon de former un goupe d'aventuriers valeureux et droit ! N'jini se garda cette pensée dans un recoin de sa tête. Bien que suspicieuse, le gnome semblait décontenancé et il était venu jusqu'à eux pour proposer le rendez-vous avec ce Marb malgré le danger auquel il s'exposait. Cela avait peut-être de l'importance... N'jini s'éclairci la gorge avant de parler :

- hum, je suis d'avis que quoique ce Marb ait à nous expliquer et à nous demander, nous ne risquons pas grand-chose sinon peut-être d'être assommés par une histoire rocambolesque fit-elle en haussant un sourcil et avec un sourire en coin. Je serais d'avis d'y aller, ne fusse que par curiosité... et bien sûr protéger les intérêts d'Areala !

Un sourire béat se dessina sur les lèvres du nain lorsqu'il trouva dans l'auberge, attablé ses amis. Ils étaient au complet mais cela ne l'empêcha d'avoir une petite appréhension. Il se mit à réfléchir à ce qui avait bien put arriver à Dugnar et Areala dans le temple.
Il prit place, silencieux à leurs côtés alors qu'ils commandaient un repas.
Il ne fallut pas longtemps pour le gnome vint les rejoindre. Kasil lui accorda un sourire cordiale mais songea que ce dernier était un peu en avance sur l'horaire. ¤Qu'importe¤.
Ne déserrant toujours pas les dents aux propos du petit être, il attendit les réactions de ses camarades qui avaient l'air d'être prêt à le suivre.
Se voulant rassurant il confia à la barde.

- Si le temple manigance effectivement quelque chose il a besoin d'argent et celui que les fidèles leur donnent pour le culte doit représenter pour eux un gain appréciable.
Je ne pense pas qu'il se mettrait aussi ouvertement en défaut en refusant à une étrangère les sacrements basiques.

Se tournant vers N'jini qu'il appréciait décidemment de plus en plus.

- Je suis bien d'accord avec vous Madame. Même si ses manières sont étranges nous ne risquons rien à aller voir ce qu'il nous propose mais d'abord il me faut vous avouer quelque chose...

Marquant une pause théâtrale, il ne reprit qu'après s'être assuré l'attention de son auditoire.

- Je suis Kasil Lutgen fils de Grüdor Lutgen et d'Alabrinil chien de meute de la divsion du molosse de la compagnie des Marches en mission. Je dois retrouver une des membres disparue de notre compagnie du nom de Neyril Iltia. C'est une demi-elfe, membre de la Phalange du Rat, phalange qui es spécialisée dans la reconnaissance m'a t-on dit. Pour cela je compte employer toutes les ressources dont je dispose et interroger toutes les personnes qui seraient suceptibles de savoir quelque chose à son sujet. Si ce maître Marb est suffisamment influant il se pourrait qu'il puisse m'aider.

Rougissant un peu à ses propos il se sentit soulagé. Marquant à nouveau une pause qui n'avait plus rien de théâtrale il reprit.

- Pardonnez moi de vous avoir caché ce dessein mais je ne savais si je pouvais vous faire confiance. Maintenant j'en ai la certitude et j'espère que vous m'accompagnerai dans cette tache. Ayez en retour les remerciments de ma compagnie, je ne puis vous offrir plus.

Baissant la tête il attendait penaut la réaction de ses compagnons.

Alors qu'ils venaient de rentrer dans l'auberge, Dugnar qui était affamé commanda une bonne assiette d'un plat local bien lourd et constitué principalement d'une viande de boeuf.. Accompagnant le repas d'une série de choppe pour la plupart déjà vide, il eut un sourcil haut lorsque le gnome s'adressa a eux.. Se renfrognant en jetant un regard a Areala, il parut un court instant de mauvaise humeur..

*Grmbl.. C'est effectivement un gnome.. Par Moradin, comment ais-je pu faire telle erreur.. Mes esprits me quitteraient-ils... J'ai réussi a me ridiculiser devant cette humaine... Quelle image gardera-t-elle donc des miens et de toi, ôh Moradin, père des Nains.. Ma confusion et ma honte est totale.. Je ne sais comment réparer telle faute...*

Se résolvant a écouter le gnome, le visage du Paladin se détendit quelque peu et son regard se fixa sur le gnome.. Alors qu'il hésitait, le nain l'encouragea du regard a continuer.. Lui et ses compagnons étaient loin d'être cannibales.. du moins, Dugnar l'espérait-il.. Alors que le gnome finissait, le nain hocha de la tête et dit

- Enchanté l'ami, Je suis Dugnar Froidmartel, de la grande faille, Paladin de Moradin, Père de tous les nains...

Marquant un temps d'arrêt, il écouta ses compagnons répondre et réfléchit..

*Piège, pas piège ? Cette histoire me semble bien sombre, par Moradin.. Ce maître Marb est des plus étrange.. Cette histoire ne me dit rien qui vaille.. Entre cet étrange maître qui veut nous rencontrer en privé et ce gnome qui m'inspire confiance... Bah.. nous sommes beaucoup et ne risquons sans doute pas grand chose...*

Alors qu'il était plongé dans ses pensées, Kasil se présenta plus en détail et explicita les raisons de sa présence en la cité... Avec un regard sombre, il regarda son compère nain et lui dit

- Par Moradin, frère Nain, tu aurais pu en parler plus tôt.. Moi, Paladin de Moradin, n'aurait pu te refuser un tel service ! Dès que cette histoire sera close, si tes recherches n'ont pas avancées, je t'aiderai dans cette quête.. En attendant..

Il se tourna vers Areala et la regarda longuement avec un sourire avant de s'exclamer

- je ne puis laisser cette demoiselle se faire voler son argent par des usurpateur utilisant un nom divin pour faire le mal !

Se tournant vers le Gnome, il dit :

- Bien que cette histoire ne m'inspire guère confiance, l'ami, nous te suivrons auprès de ton maître.. J'espère pouvoir te faire confiance, ami du peuple fier... Que Moradin te garde de tenter de nous tendre un piège !

Attrapant les deux dernières chopes qui traînaient sur la table devant lui, il le vida d'une traite, puis essuyant sa bouche d'un revers de la manche, il se tourna vers ses ami et lança en se dirigeant vers son paquetage

- En avant mes compagnons, l'aventure n'attend pas !

Ce qu'il aurait put dire aurait été superflu. Aux propos du nain, son coeur retrouva la chaleur perdue d'un clan. Ses propos francs se répandirent en lui comme une douce mélodie. Apaisé, il se contenta de regarder son comparse, les yeux brillants d'émotion, exposer son point de vue sur une question plus pressante. Il avait trouvé les compagnons qu'il cherchait, digne et loyaux. Il retint une larme et songea un moment à ceux qu'il avait quitté bien des mois auparavant.

¤ Que devenaient-ils? Le choix de mon père de me laisser partir lui a t-il valut les foudres des anciens? Et les anciens? Ont-ils rejoints Clanggedin?

Toutes ces questions et d'autres encore sur notamment certains amis de son passé et la perrénité des mines de fer se bousculèrent dans les rouages de son cerveau si bien qu'étant là physiquement, on aurait dit qu'il avait projeté son esprit dans un autre plan. Il n'avait pas vraiment fait attention à ce qu'il s'était dit il avait la certitude que tout le monde avait accepté la proposition du gnome.
D'un geste vif qui dénotait avec sa corpulence, il se leva de sa chaise.

- Et bien qu'attendons nous?

C’est d’un léger signe de tête que la danseuse remercia N’Jini et le brave Dugnar de leur sollicitude à son égard. Elle sourit intérieurement lorsque le nain Kasil « avoua » qu’il cherchait des compagnons de route pour retrouver une demi-elfe membre de sa guilde. Non seulement elle dut se retenir de rire lorsque le fier Nain prononça les nom des « phalanges » de sa compagnie mais elle dut se mordre les lèvres pour ne pas éclater lorsqu’il s’excusa de leur avoir cacher ces informations.
En vérité l’aquafondienne n’avait nulle intention de partir à la recherche d’une demi-elfe fouineuse qui devait probablement s’être mit quelque guilde locale sur le dos.

Contrairement à ses « compagnons » Nains qui semblaient tout excités par l’idée d’une aventure en commun, le jeune Tarsenian semblait distant à toute cette histoire. Areala s’attarda à dévisager _sans même tenter de le dissimuler_ le noble paladin de Tyr cherchant à percevoir ce qu’il pensait de cette situation…

La jeune artiste, dans son esprit romanesque, aurait préféré que ce soit lui, une fois encore qui vole à son secours, indigné que quelque usurpateur ose flouer une damoiselle venue quérir leur aide… Mais elle dut se résigner, le serviteur de Tyr ne semblait ni préoccupé par les quelques sous qu’elle avait donné aux prêtres ni par le regard de la jeune femme posé sur lui.

De sa voix douce et mélodieuse elle répondit à la question de Kasil, sans pour autant détacher ses yeux azur du jeune paladin,

« En ce qui me concerne j’attends l’avis de notre noble ami sur cette… Étrange… Situation… Il y a tellement d’incohérences que… Enfin… Je dois reconnaître que Tymora semble guider ce gnome… Avouez que trouver un groupe d’étrangers prêts à lui venir en aide est un coup de chance… Car il y a encore quelques minutes nous étions loin d’être un groupe…

Et bien Messire Tarsenian ? Êtes vous de notre avis à tous ? Pensez-vous qu’il soit avisé de suivre ce gnome ? »

Scrutant toujours le jeune homme de son plus charmant sourire elle espérait bien que cette fois, puisqu’il était directement interpellé, il opinerait sur la situation qu’elle commençait à trouver quelque peu ridicule d’ailleurs en y songeant… Qui oserait utiliser un temple d’Ilmater comme couverture à quelque sombre histoire ?

L’unique faiblesse de Tarsenian refaisait surface. D’aucune façon il ne pouvait demeurer concentré sur le discours d’Abbonick, alors qu’autant de beauté se trouvait à proximité ! Complètement désemparé par Areala, le jeune paladin n’eu porté aucune attention à Kasil et à son discours qui, normalement, l’aurait intéressé. Il brisa le silence avec stoïcisme lorsque sa 'Sunie' lui demanda son opinion.

- Bien évidemment ! Allons-y de se pas, je vous en prie… Il fit un petit signe de tête à Dugnar tout en laissant s’échapper un léger sourire en coin. Voilà pourquoi notre destiné nous a menée si loin, frère d’arme. Cet affront envers les dieux de la Triade, mérite sa juste condamnation !

Seule la clarté de sa foi envers Tyr pouvait faire fuir le brouillard de son esprit et lui donner plein contrôle de ses faits et gestes malgré le regard azur hypnotisant d’Areala. Quoi que… Il passa son bras recouvert de maille et d’un métal froid à la fine taille de la jeune barde et lui dit doucement : ''Si vous le souhaitez, je vais m’assurai personnellement que votre investi-… Enfin, que ces hommes ne trahissent point vôtre confiance.''

Le geste du serviteur de Tyr déconcerta grandement la danseuse qui releva un visage quelque peu empourpré sur lui. Ne trouvant pas tout de suite ses mots pour répondre au jeune homme, elle se surprit à songer que malgré sa jeunesse, il semblait courageux et déterminé...

Perdue dans le regard insistant du paladin, elle ne trouva rien de mieux à répondre qu’un sourire.

*Reprends toi ma grande... C’est une homme et tu sais parfaitement ce qu’ils valent !*

Reprenant ses esprits, elle répondit d’une voix qui se voulait assurée,

« Je suis certaine que vous ne laisserez pas impunis de vils usurpateurs qui se servent du nom d’Ilmater pour qui sait quelles ignominies... »

Dans un frisson et à contrecœur elle dut se résoudre à s’écarter du bras passé autour de sa taille, adressant un dernier regard accompagné d’un sourire plein de foi à Tarsenian.
Elle s’adressa à Kasil puis au gnome,

« Et bien je crois Maître Nain, que vous voila entouré de compagnons pour mener à bien la mission qui vous a été confiée !

Quand à vous Abbonick, vous avez votre réponse, amenez nous donc devant votre Maître Marb afin qu’il nous en dise davantage... »

Cette histoire attisait bien sur la curiosité de la jeune femme et il lui tardait d’entendre ce que ce marchand avait à leur apprendre !

MJ

Septième jour de la Flétrissure dans l'Année de la Magie Sauvage
(7 Eleinte 1372)
Lieu : Port-Ponant, à proximité du Temple d’Ilmater
Temps : Beau ciel bleu
Moment : Milieu d’après midi


Narration

Un sourire s’était dessiné sur le visage du gnome aux paroles des aventuriers, ils acceptaient ! Et devant l’entrain de ces nouveaux compagnons, il ne put se résoudre à les faire patienter plus longtemps. Sautant à bas du trop grand tabouret, il se dirigea rapidement vers la porte. Attendant et laissant le temps aux valeureux de récupérer leur paquetage et de régler là note de l’auberge, il regardait de ses grands yeux innocents les manèges des différents protagonistes. L’échange et le contact entre Areala et le grand paladin, l’intrigua, mais les dernières paroles de la jeune barde lui indiquèrent qu’il était temps de partir.

Suivi de l’ensemble du groupe, le petit personnage se dirigea d’un pas assuré vers le sud de la ville. D’après ce qu’avaient pu entendre jusque là les nouveaux venus, le quartier sud était justement le quartier marchand. Quoi de plus normal donc que d’y trouver un « maître marchand ».

Le trajet à pied dura de longues minutes, le style de la cité et des bâtisses croisées commençant déjà à être plus connu, les aventuriers avaient peut être moins de raisons d’observer curieux ce qui les entouraient.

Ils arrivèrent enfin face à une belle maison à étage, un petit escalier menait à une porte en bois de qualité entourée classiquement de deux grandes fenêtres aux lourds volets ouverts. Le petit personnage monta prestement les quelques marches, et utilisa le deuxième heurtoir adapté à sa taille. Rapidement, des pas se firent entendre, les verrous jouèrent, et la porte s’ouvrit sur un hall à l’aménagement distingué. Et tandis que le gnome disparaissait par l’un des couloirs menant au hall, les aventuriers étaient accueillis et invités à entrer par deux servantes, deux humaines d’un âge certain, à l’air aimable et convenant. Un instant de doute et de flou s’écoula, mais bien vite Abbonick refit son apparition, suivi de près par un humain, grand et sec, aux tempes grisonnantes. Il était sobrement mais très correctement habillé, son visage anguleux orné d’une petite barbe finement taillée semblait encore méfiant, mais une lueur d’espoir dansait au fond de ses yeux bleu-gris.

- Voici messire Marb.

S’adressant tout autant à lui qu’aux aventuriers d’une manière assez maladroite d’ailleurs, il entama les minces présentations à partir des quelques informations qu’il avait pu grapiller au cours des diverses conversations.

- Regardez, regardez. Messire Dugnar Froidmartel fier serviteur de Moradin, et son frère de race Messire Kasil Lutgen…membre de la Compagnie... des Marches...

Le petit personnage avait commencé par les gens de sa taille, délaissant quelque peu la courtoisie qui aurait voulu qu’il commence par les demoiselles… Mais il ne savait que peu de choses d'elles et n’avait apparemment pas terminé.

- Et ici un seigneur Paladin de Tyr accompagné de ces deux demoiselles.

Agitation et excitation étaient perceptibles et rendaient le discours du gnome quelque peu décousu. Mais l’humain connaissait son serviteur, et se contenta de hocher là tête, un léger sourire déformant les traits de son visage à l’annonce des différents compagnons. Il interrompit d’un geste de la main le petit gnome.

- Très bien ami Abbonick, je te remercie.

Son regard se porta droit sur le Paladin de Tyr, scrutateur et inquisiteur, il semblait chercher la part de noblesse dans le cœur du jeune homme. Puis délaissant son observation apparemment satisfait, il invita d’un geste les aventuriers à passer dans un petit salon, confortable. Les trois serviteurs s’étaient éclipsés, retournant à leurs tâches et occupations, et l’une des femmes ne tarda pas à revenir portant un plateau chargé de quelques boissons et amuse-gueules.

Tous furent invités à s’installer sur les quelques canapés, chaises et fauteuils tandis que Maître Marb prenait la parole.

- Comme a du vous le dire ce cher et agité Abbonick, je suis Elthan Marb, Maître Marchand indépendant de la grande cité de Port-Pônant.

La qualité et le confort de ses possessions laissaient présager d’une affaire fructueuse, il accompagna cette présentation d’un rapide sourire et marqua une courte pause le temps que quelques un de ses interlocuteurs se présentent à son tour. Puis avant que ne viennent les nombreuses questions, il se lança dans un discours retraçant les motifs de leurs présences à tous dans ces lieux.

- En tant que marchand prospère et fidèle d’Ilmater, je suis un membre bienfaiteur de l’église de Port-Pônant. J’y apporte ma contribution avec fonds et denrées, pour que les dévoués prêtres puissent œuvrer dans leur noble tâche. Le grand-prêtre du temple m’en a souvent remercié, inutilement d’ailleurs… Mais, notre dernière entrevue a été marquée par la peine.

Une fois encore, l’humain observa profondément chacun des aventuriers comme pour s’assurer que les révélations qu’il allait faire seraient entre de bonnes mains, nobles et fiables. Bien sur son regard s'attarda une imperceptible seconde de plus sur Areala et N'Jini, la finesse de leurs traits méritait plus qu'un coup d'oeil scrutateur. Mais malgré cela, et une fois encore, la méfiance jouait avec l’espoir. Finalement, ce dernier sembla l’emporter.

- Abbonick a fait du bon travail, vous semblez dignes et justes, alors j’espère que vous pourrez nous aider dans cette triste épreuve. Il prit une profonde inspiration avant de poursuivre son récit. "Le Grand Prêtre Orban m’a révélé qu’il avait assisté à d’étranges phénomènes il y a peu, et il soupçonne l’un des jeunes prêtres d’avoir succombé à la corruption du Malin. Il est dit qu’il aurait pactisé avec des forces obscures et que le sceau de ce pacte marquerait sa chair." Le ton était devenu chargé et important, un danger guettait et il pouvait se révéler désastreux pour l’église, ou même la ville tout entière. "Malheureusement, il m’a fait aussi part de ses craintes et des faiblesses de sa position ici dans cette ville. L’équilibre entre les principaux lieux de culte officiels est fragile, les églises de Mask, Talos et Loviatar sont aussi puissantes, et face à elles seule le temple de Gond pourrait être un allié potentiel du Seigneur Brisé. Mais ce ne serait pas suffisant. C’est pourquoi nulle enquête interne n’a pu être menée, et qu'aucun soupçon ne doit être éveillé... De plus il est désormais trop tard pour Orban..." La peine se lut sur son visage. "Peu après notre entrevue, j’ai appris qu’il avait été grandement affaibli, peut être une maladie, ou plus probablement une malédiction... Le Mal rôde toujours...

Amis, voilà pourquoi je vous ai fait rassembler ici. La réputation de la cité n’est plus à faire, seules des personnes extérieures aux cœurs purs et servant des Dieux justes pouvaient prendre conscience d’un tel danger, et agir en toute discrétion.

Et pour commencer il nous faut découvrir la vérité sur ce jeune prêtre. Si il est réellement corrompu, si il possède effectivement la Marque... Son nom est Shea Ermis."

Son regard brillant d'espoir contrastait avec sa mine sombre, mais désormais les faits étaient entre les mains des aventuriers... Peut être était-il l'heure des questions, ou bien fallait-il faire place à l'action... Le choix serait leur.

Chemin faisant, Kasil se demandait si révéler son identité ainsi que ses dessein en présence de cet "Abbonick" avait été la chose la plus judicieuse qu'il eut fait depuis son entrée en ville. Cependant, il n'allait certainement pas trouver cette demi elfe à un croisement de rue.
Kasil se perdit alors dans des réflexions sur le sort que le destin réservait Neyril Iltia, le visage fermé, silencieux, le nain en queue de peloton ne pipa mot tout le long de la route, ne prétant qu'une attention distraite aux rues qu'il empruntait.

¤ Etait-elle seulement en vie? Y a t-il un lien entre ce maître Marb et elle?
Autant de questions auxquelles il n'est pas aisé de répondre même pour un sage comme moi! ¤

Lorsqu'il leva la tête, il était enfin arrivé. Kasil examina un instant l'architecture de la bâtisse, qui n'avait pour lui rien d'extraordinaire mais qui - il dut le reconnaître - était de qualité supérieure à la plupart des maisons d'humain.
Distrait par des détails techniques qui retinrent son attention, il n'avait pas vu que le groupe qui se tenait toujours devant lui avait avancé. Si bien que d'un pas lourd mais néanmoins préssé, il se dépêcha de les rejoindre avec autant de discrétion que lui permit son armure.

Une fois à l'intérieur, le nain ne put s'empêcher de noter tout le raffinement, assez exotique pour lui, de la décoration.

¤ Si les humains ne savent pas bâtir au moins y en a t-il certain qui savent embellir joliment leurs demeures. ¤

Le retour d' Abbonick le sortit de ses méditations. Bien qu'apparament nous soyons les bienvenus, il fallait rester sur ses gardes.
Aussi, alors que le hin les conduisait à travers la maison, Kasil, s'efforçant d'établir un parallèle entre ses observations de l'extérieur et ce qu'il pouvait voir de l'intérieur, tenta de déduire quelles autres sorties pouvait offrir ce bâtiment.

Dans un premier temps Kasil s'efforça de se montrer aussi courtois que possible, mettant en pratique tout ce que les quelques mois passé dans le monde des humains lui avait appris de politesse et de coutumes. Ceci dit il ne comprenait toujours pas comment les humains peuvent recevoir des hôtes sans bière. Mais lorsqu' Abbonick vint à présenter le groupe à son maître, il ne put empêcher un petit rictus de la lèvre déformer son visage alors que le gnome dévoilait son identité.

Au fur et à mesure qu' Elthan Marb exposait la situation et le rôle que le groupe allait jouer, Kasil se sentait de plus en plus rassuré de la justesse de la cause qu'il embrassait. Ilmater était un Dieu Bon, il en avait acquis la certitude auprès des compagnons qu'ils suivaient ; un serviteur de Morradin n'entrerait pas dans l' église d'un Dieu mauvais. Aussi les clergés contre lesquels ils allaient devoir lutter ne pouvaient être que maléfiques.
Quelque fussent leurs plans il était du devoir d'un guerrier de Clanggedin de les déjouer.

Jusque là relativement effacé, Kasil avança d'un pas comme pour se montrer volontaire. Cependant certains détails concernant cette missions lui paraissait obscurs.
Sur un ton qui n'était pas sans rappeler certains serments nains.

- Maître Marb, moi Kasil Lutgen fils de Grüdor Lutgen et d'Alabrinil du clan Targar, jure devant Clanggedin Barbedargent de n'avoir de répis que lorsque le clergé d'Illmater sera lavé de la souillure des infidèles.

Baissant le menton qu'il levait jusqu'alors, il regarda le marchand afin de s'adresser à lui.

- Quelle est donc cette marque maître Marb et où pouvons nous la trouver sur cet Shea Ermis?
Il ne s'agirait pas d'accabler un innocent qui plus est prêtre et la perspective d'user de la force contre l'un ou l'autre ne me plait guère sachez le. Aussi nous faudra t-il le confondre à ses pairs afin qu'il puisse être jugé.
Sans ces renseignement Monsieur nos accusations risquent fort d'être considérées comme calomnieuses.

La posture adoptée par le guerrier ressemblait étrangement à un semblant de garde-à-vous vestige sans doute des manières militaires auxquelles il était rompues depuis son enfance. Toujours est-il qu'il attendait une réponse, les yeux fixes au dessus de son interlocuteur.