Une chasse un peu spéciale, Broxigar, Rak, Gral et William

Narration : Tous

La serveuse revint à la table des nouveaux venus avec un repas dès plus copieux. De belles pièces de boeufs, des pommes de terres revenues dans la graisse, deux grosses miches de pain et un fromage continuait l'essentiel du contenu, le tout agrémenté de deux pichets de vin rouge. Le gaillard à la chevelure rousse jeta un coup d'œil appréciateur puis se saisit d'une bourse dans laquelle il préleva une dizaine de pièces d'or qu'il tendit à la serveuse.

- Tiens mon cœur, cela prend en compte le tout et ton pourboire.

La jeune femme s'empressa de ramasser l'argent et sourit à l'homme qui reportait son attention sur l’homme qui venait de lui adresser la parole. Il le dévisagea de haut en bas. L’inconnu ne payait pas de mine mais bon, c'était déjà un bon début.

- Je représente la maison Eirontalar mon garçon, affirma avec fierté le guerrier tout en dégainant son poignard afin de couper de larges tranches de pains dans une des boules de pains, tu te dis intéressé par notre offre d’emploi ? C’est déjà un bon début. Tes amis doivent l’être aussi alors….

Crâne d’œuf qui demeurait silencieux ne pipa un mot tandis que l’homme continuait.

- Je te dis ça parce que le nain avec qui tu étais attablé vient de se déplacer pour voir aussi notre annonce et lui et l’humain semblent maintenant en grande discussion.

A première vue, le guerrier avait l’œil et il semblait rester toujours en éveil. Il pointa la lame de son poignard vers la table où se trouvaient Broxigar et Rak puis se concentra de nouveau sur le morceau de pain.

Ce qui en toute logique ferait trois personnes intéressés non ?Si c’est le cas, nous pourrions alors engager sans nul doute une conversation encore plus constructive, si tu vois ce que je veux dire, lança l’homme, son regard gris acier rivé sur le moine, bah, attendons de voir s’ils se décident à venir te rejoindre, si ce n’est pas le cas, et bien nous pourrons toujours discuter ! Dès que j'aurais terminé mon repas, j'ai l'estomac dans les talons!

Sur ces mots, Dhalzel se servit un grand verre de vin qu’il but d’un trait et commença à manger avec appétit.

Le vieux mercenaire sirotait une bière au bar, ou plutôt, il l’engloutissait. Le liquide se déversa entre ses immenses mâchoires et trois gorgées suffirent à venir à bout de la choppe. Il ne se souciait guère de l’eau qui le recouvrait, ayant été pris sous la douche recouvrant la région quelques instants auparavant. Son arrivée en ces lieux était toute fraîche. Il revenait d’une mission du désert d’Anauroch. Des brigands des sables pillaient les convois et peu de caravanes arrivaient à destination ces derniers temps. Ces hommes agissaient dans un petit recoin du Nord-Ouest de l’étendue sableuse. Le coin pouvait facilement être esquivé s’il ne faisait pas gagner autant de temps. Nogusta avait donc du escorter l’un de ces convois. Comme il s’en doutait, ils furent attaqués. Son vieux corps lui joua un tour, vingt années plus tôt, il aurait eu largement le temps d’éviter ce coup d’épée qui lui heurta le crâne du plat de la lame et l’assomma. A son réveil, il était tout seul. Son équipement encore à sa place. Ses possessions étaient sûrement trop vieilles et sans valeurs pour intéresser des bandits.
Au bout d’une longue déambulation, il déboucha à Ascore. Après un repos plus que conséquent, il se remit en quête de travail. Pour cela, rien de mieux qu’une grande cité où les jobs affluaient. Eauprofonde se trouvait au bout de la grande route longeant la Haute Forêt. Il démarra une nouvelle marche et atterrit à Fort Olostin dans la logique même des choses.

Ayant fini sa bière, il se décida à aller voir de plus près l’avis récemment placardé sur le mur par le colosse et ses camarades. Mouvant sa lourde carcasse jusqu’au panneau ornant le bout du comptoir. Il plissa ses petits yeux et aperçut un amas de lettres se succédant sur un bout de papier. Il reconnut un assemblement de lettres qui désignait un chiffre : 25 Il en vint à penser à une récompense et conclut donc qu’il faisait face à une demande de mission, un nouveau contrat pour lui. Le Peau-Verte grogna, son don pour la lecture stagnait dans la caducité. Il ronchonna à nouveau, pestant ces récents arrivants de ne pas avoir annoncé oralement le but de cet écrit. Il vit d’ailleurs que ceux-ci entamaient leurs repas après avoir discuté avec un humain élancé et recouvert de tatouage.
Nogusta replongea dans une âpre bataille avec les mots. Jamais il n’avait fait d’effort pour s’intégrer dans la civilisation comme apprendre la lecture ou d’autres choses de ce genre. C’est tout bête mais le Demi-Orque comprit enfin que savoir lire serait une aide précieuse dans sa quête ultime.
Il rassembla ses efforts et eut toutes les peines du monde à comprendre. Tellement qu’il ne put qu’en ressortir quelques mots : Eauprofonde… Mission… Escorte… Vingt-cinq… Or.
Encore une escorte. Décidément, ce sont les objectifs les plus courants dans le monde du mercenariat. Ca manquait un peu d’originalité pour lui qui eut déjà accomplit de nombreuses choses semblables mais il fallait avouer que ça payait bien.

Après un dur décryptage, Nogusta se décida à aller demander de plus amples renseignements aux commanditaires car il ne se satisfaisait pas de ce trop peu de mots. Il tourna les talons et slaloma entre les quelques tables sur son chemin. Il posa son regard sur le rouquin dégageant une impression de force incroyable et même l’instinct d’un personnage aussi fier que lui, lui dicta de ne pas marcher sur les pieds de cet homme.

- B’soir. J’ai lu votre annonce. Débuta-t-il sur un ton convaincu, malgré le fait qu’il ne savait pas trop si l’on pouvait définir son difficile décodage comme une lecture. "Et je suis prêt à me mettre à vot’ service. J'ai quelques compétences guerrières qui pourraient vous intéresser."

Acheva-t-il sur un air calme. C’était peu pour se faire embaucher, trop peu. Cet homme attendait peut-être des faits d’armes ou d’autres choses dans le genre mais Nogusta ne portait pas particulièrement la parlote en affection. En général, les choses se faisaient de manières directes. L’employeur le voyait débarqué, lui et sa stature colossale, et ça suffisait souvent à lui faire obtenir les contrats qu’il visait. Le Peau-Verte jaugea les alentours du regard, s’arrêtant sur chacune des personnes aux alentours de la table. Le rouquin, ses deux acolytes et le tatoué. Ils avaient tous des gueules ayant du vécu derrière elles. Mais à ce niveau-là, Nogusta s’en tirait également à bon compte. Il attendit une quelconque réponse de son interlocuteur.

Quand le nain lui annonça le montant de la récompense, Broxigar ne pu empêcher un sursaut d’étonnement.

-Vingt-cinq pièces d’or ? Voila qui est très intéressant. D’un autre côté cela confirme bien que cette escorte ne doit pas être sans risque. D’un autre côté, avec une telle somme je serais tranquille un moment et je pourrais flâner quelques temps à Eauprofonde.

Le prêtre hésitait encore. Il pesait le pour et le contre. Il se retourna une nouvelle fois vers la table des trois mercenaires. Ils parlaient toujours avec le moine. Mais en voyant la lame du colosse roue pointé vers sa table, Broxigar senti qu’on parlait de lui et/ou du nain.

Cet événement fini de le décider. Il ne supportait pas vraiment qu’on puisse parler de lui dans son dos. Il allait donc parler à ces hommes, au moins pour avoir un peu plus d’informations sur cette escorte. Il se déciderait après. Puis tout a coup une idée lui parcouru l’esprit :

¤ Et si c’est ce qu’il voulait que je fasse en me désignant avec ce poignard. Si c’est vraiment le cas, ce type est très fort … ou bien c’est moi qui suis vraiment trop fatigué. Oh et puis, ça ne t’engage à rien d’aller leur parler. ¤

Tout en se levant, il s’adressa au nain :

-Je vais aller voir ces gars là, histoire d’en savoir un peu plus sur cette mission. Je te laisse faire ce que tu veux. Si tu restes ici, je repasserai te voir pour te donner quelques détails, si ça t’intéresse … et si je suis toujours en vie. Il lui adressa un sourire qui devait plus ressembler à une grimace qu’a autre chose et en voyant le demi orque s’approcher des guerriers il ajouta. "En tous cas, décides toi vite car il semble déjà y avoir pas mal d’intéressé."

Sur ces mots, il se dirigea vers la table ou les trois hommes mangeaient un repas copieux. Il se plaça le plus loin possible du demi orque, attendit que celui-ci finisse de prononcer son charabia et prit la parole.

-Désolé de vous déranger pendant votre repas messires, mais je me suis dit que vous préféreriez sans doute parler qu’une seule fois de votre mission pour pouvoir finir votre repas tranquillement. Je me présente donc, Broxigar Caladaï, prêtre de Kossuth. Habituellement, il se présentait beaucoup plus longuement : fidèle de Kossuth, Seigneur du Feu et des Flammes, suivait ensuite quelques exploit de ce Dieu. Mais il sentait que ce n’était pas vraiment le moment. Il fit donc court. "Je dois dire que je suis intéressé par cette escorte mais je ne suis pas vraiment du coin. J’aurais donc voulu savoir ou se situait exactement fort Noenar et si ce n’est pas trop en demander, avoir quelques informations sur la maison Eirontalar."

Rak vit avec regret Broxigar quitter la table pour aller proposer sa candidature au géant roux. Lui aussi aurait aimé le faire. Il avait soif d’aventure et d’action. Il était justement venu dans le monde d’en haut pour cette raison.

¤ C’est bête de quitter ces gens juste après avoir fait connaissance. Surtout que c’est des bons gars. Et vu l’argent offert pour cette mission, elle doit être bien. ¤

Mais postuler auprès du géant roux équivalait à trahir son engagement dans la Compagnie des Marches. Difficile pour lui qui par nature demeurait toujours fidèle à sa parole.

¤ Dommage que le convoi ne reste pas dans le coin. J’aurais pu enquêter tranquillement sans attirer l’attention. ¤

Terminant sa choppe, Rak tourna des yeux emplis d’envie vers la table des hommes d’armes devant laquelle ils étaient maintenant trois. Crâne d’Oeuf s’y trouvait toujours. Mais quelques instants auparavant, le demi-orque s’était présenté avant le prêtre.

¤ Il a l’air d’un rude guerrier, mais lire est pas son fort. ¤

Il en était venu à cette déduction en raison du long moment que le demi-orque avait passé devant l’affiche.

¤ J’ai besoin d’une autre bière. ¤

- Une choppe ! brailla-t-il. J’ai soif !

Vingtième jour du mois d'Eleinte 1372

Lieu : Fort Olostin, Nord Sauvage, à proximité de la Haute-Forêt.
Temps : orageux, pluie et vent.
Moment : Près de 22h

MJ
Narration: Tous

Le guerrier, glacial, étrécit les yeux quand il vit arriver à sa table coup sur coup un guerrier demi-orque dont il apprécia la stature puis un humain se disant appartenant au clergé de Kossuth. L’arrivée du prêtre sembla déplaire au moine qui préféra quitter la table et héler une serveuse pour lui indiquer la direction des écuries. Le guerrier n’en fit pas cas, chacun était libre d’agir à sa guise. Apparamment, il n'allait pas pouvoir terminer son repas comme il l'entendait mais devant l’arrivée de ces deux candidats, le colosse sentait qu’il ne pouvait pas laisser passer cette chance, il était tard et le lendemain il devrait reprendre la route , autant allier l’utile à l’agréable.

- Dame chance semble me sourire ce soir dirait-on, cela ne fait pas une heure que je suis ici et voilà mon lot de candidat à la recherche d’un emploi, dit le guerrier en inclinant la tête, je suppose que vous voulez savoir en quoi consiste cette mission ?

Il prit le silence des aventuriers réunis pour un oui puis repensa à la question du prêtre.

- Pour commencer Fort Noenar se situe à quelques jours de marches d’ici, toujours non loin de la forêt, c un peu plus de quatre tout au plus. Quant à en savoir plus sur la maison Eirontalar ; je n’ai pas à te répondre à cela. Sache seulement que cette maison est respectée à Eauprofonde et qu’elle possède de nombreux intérêts financiers notamment dans le domaines dans la chasse, le pistage et le guidage. Quant à mon maître , il se nomme Taéros Eirontalar.

Le guerrier commença alors un long monologue. Son maître appartenait à une branche mineure de la maison Eirontalar et possédait une fortune personnelle conséquente. Ce noble d’Eauprofonde avait pour la chasse une passion démesurée, c’est pourquoi chaque année à cette période de l’année, il se retrouvait à Fort Noenar, lieu très réputé pour ses chasses menée à grand train par des familles nobles et marchandes des environs. Il se trouvait que cette année, il a voulut faire découvrir sa passion à sa fiançée. Hélas, depuis son arrivée deux semaines plus tôt, l’ennui à fait son petit bonhomme de chemin et les fastes de la cité des splendeurs lui manquent terriblement.

- Il va sans dire que mon maître ne compte pas renoncer à sa chasse mais il a a cœur d’écouter sa dame et de la faire ramener à Eauprofonde. Nous disposons d’un effectif restreint pour assurer la sécurité de sa personne et celle de sa fiançée, il a souhaité faire appel à des aventuriers qui seraient prêts à escorter dame Aérasumé jusqu’à Eauprofonde. Un travail qui ne devrait convenir parfaitement à des aventuriers de votre trempe.

Dalzhel Argémian esquissa un bref sourire et avant qu’il ne soit assaillit de questions, il jugea nécessaire d’écourter la conversation.

- Vous me paraissez convenir parfaitement pour ce genre de mission aussi je vous propose que nous nous retrouvions demain en début de matinée dans la cour de l’auberge pour conclure votre engagement et prendre la route. D’ici là, après ce repas, il se trouve qu’un bonne nuit de repos me ferait le plus grand bien !

Narration : Rak

Rak: Sauvegarde vigueur 14(dés) + 5 = 19 >< DD 12 : réussite

Le chien de meute remercia chaleureusement la serveuse quand cette dernière lui apporta sa troisième choppe de bière. Il n’y avait pas à dire, le nain avait soif ! C’est à ce moment que son nouveau compagnon revint à la table, un large sourire aux lèvres. Broxigar lui résuma la conversation qu’il venait d’avoir avec le guerrier roux et Rak fronça les sourcils. Après tout Fort Noenar se trouvait à proximité de la Haute Forêt, il pourrait non sans mal accompagner le groupe une partie du chemin et ce jusqu’au hameau et voir même jusqu’au fleuve Dessarin, il ne s’éloignerait pas ainsi de la région et pourrait continuer à œuvrer pour la compagnie…

- A quoi penses-tu ami nain ? lança Broxigar en voyant son camarade de table brusquement silencieux.

Rak était content d'avoir trouvé une raison valable d'accompagner le prêtre jusqu'à Fort Noenar, et même peut-être plus. Ainsi aurait-il des chances de trouver des informations sans attirer l'attention, mélangé à cette troupe disparate. La voix de Broxigar le tira de ses pensées. Il éclata de rire et donna une claque amicale à l'épaule du prêtre.

- Ah ! Ah ! J'ai finalement décidé de venir avec toi. J'ai besoin d'aventure, et je me dis qu'on en aura. Une femme riche, fiancée d'un seigneur, qui se ballade sur une longue route, c'est comme un pot de sucre pour les guêpes. Toute la racaille des environs va rappliquer.

Il porta la choppe à ses lèvres et but avidement. Le palais bien imbibé, il réalisa que son ami n'avait plus rien à sa disposition.

- Serveuses ! hurla-t-il une nouvelle fois. Il y a un gars qui va mourir de soif à cette table si vous ne venez pas avec de la bière. Et ne m'oubliez pas.

Il adressa un sourire joyeux à son compagnon.

- Je vais parler au grand gars. Ne m'attends pas si on vient nous servir avant que je revienne. Tu dois avoir soif.

Rak se leva avec toute la dignité que requérait cet instant. Il lissa encore sa barbe, vérifia le bon ordonnancement de ses vêtements puis s'avança d'un pas assuré vers la table des hommes d'armes. Il s'arrêta à une distance respectueuse et s'exprima d'une voix suffisamment forte pour se faire entendre de son vis à vis qu'il fixa droit dans les yeux sans aucune appréhension.

- Salutations, l'ami. J'ai lu ton affiche, et mon copain vient de me raconter la mission qu'il y a à faire. Je suis partant. La dame n'aura rien à craindre si je suis auprès d'elle. Tu m'engages ?

Le nain aurait voulu se montrer plus déférant. Mais impossible pour lui d'utiliser le vouvoiement. Il s'était toujours exprimé ainsi, et ce n'est pas à 58 ans qu'il alalit changer. Il guetta la réaction du géant roux.

21e jour du mois d'Eleinte 1372

Lieu : Fort Olostin, Nord Sauvage, à proximité de la Haute-Forêt.
Temps : nuageux avec de belles éclaircies.
Moment : Près de 07h

MJ
Narration: Tous

Rak: Sauvegarde vigueur 5(dés) + 5 = 10 >< DD 12 : Echec
Broxigar : Sauvegarde vigueur 9(dés) + 4 = 13 >< DD 12 : réussite

C’est un nain quelque peu titubant que Broxigar guida vers les écuries de l’auberge pour que Rak puisse gouter aux joies d’une nuit reposante qui lui permettrait en outre de cuver son vin. Quelques heures auparavant, il était aller gaillardement retrouver les humains pour se faire embaucher pour cette mission d’escorte. Il n’avait rien eut à redire car il avait été accueillit de fort belle manière avec un avis non seulement positif mais aussi deux bonnes grosses pintes de bières qu’il vida allégrement avec eux. Là, les choses étaient devenues un peu plus incertaines pour le jeune nain. Il avait ensuite regagné la table où se trouvait le prêtre et avait vidé en sa compagnie une nouvelle choppe.

La fatigue avait certainement joué en défaveur du nain car Broxigar et Nogusta avait trainé non seulement l’équipement du nain mais le nain en lui-même hors de l’auberge, un spectacle insolite qui avait attiré sur eux quelques railleries ! Le demi-orque s’était retenu de tout commentaire tout comme Broxigar qui ne pouvait que subir l’état du nain, lui-même étant à la limite de s’effondrer. Par chance, quand Rak s’affala dans la paille imité par son ami prête, ils s’endormirent instantanément au grand soulagement de Nogusta.

Il avait fallut presque huit heures de sommeil à Rak et à Broxigar pour récupérer et c’est vaec la bouche pâteuse qu’ils se levèrent et rassemblèrent leur équipement pour quitter l’écurie. Dehors, le soleil s’était levé et si le ciel était encore menaçant, la pluie et le vent avaient cessé.

Dans la cour du Pichet enflammé attendait Dalzhel Argémian attendait de pied ferme ses futurs employés avec un sourire presque moqueur, les deux hommes qui l’accompagnaient quant à eux ne purent s’empêcher d’éclater de rire devant la mine déconfite des derniers arrivés. Quant à nogusta, il se tenait non loin du colosse, paré pour le départ, les bras croisés sur sa poitrine et le regard rivé sur le nain et l'humain.

- J’espère au moins que vous vous montrerez plus sérieux quand nous rejoindrons Fort Noenar et que vous escorterez Dame Aérasumé, lança Dalzhel aux trois aventuriers et le ton qu’il employait était tout sauf amical, bon, vous voilà fin prêt. Karl et Ian, deux de mes hommes ici présents, vous accompagneront jusqu’à destination. Je vous rejoindrais là bas dans quelques jours, j’ai à faire ailleurs pour l’instant.

Il jaugea les aventuriers et reprit sur un ton un peu plus autoritaire.

- Tout ce que vous avez à faire pour l’instant c’est d’arriver à Fort Noenar. A votre arrivée, nous activerons les préparatifs de départ de Dame Aérasumé que vous devrez mener sans encombre à destination. Maintenant que vous êtes officiellement des employés de la maison Eirontalar, des questions ?

L'haleine de Rak sentait encore fortement la bière malgré la nuit passée à dormir dans l'écurie. S'il s'était réveillé en se demandant comment il était arrivé là, la présence de Broxigar et du demi-orque à ses côtés l'avait fait supposer la fin de cette soirée décidément bien arrosée. Il se voyait encore en présence des trois hommes d'armes qui lui avait offert une choppe, puis une deuxième pour fêter sont engagement. Après, tout était confus.

¤ Merde ! Je devais pas être beau à voir ! ¤

La tête lourde, il s'était levé, incommodé par l'odeur de crottin qui lui donnait envie de vomir. Promptement, il avait réuni ses affaires pour rejoindre au plus vite la cour. Là, sous un ciel menaçant, il avait inspiré de grosses goulées d'air frais qui lui avait remis les idées en place et chassées les nausées.

¤ Ouf ! Rien de tel pour se requinquer. ¤

- Tu as vu ? demanda-t-il à Broxigar en compagnie duquel il avait quitté le bâtiment. Pas de pluie et pas de vent. Incroyable après tous ces jours de tempêtes.

¤ Oh là ! Le chef nous attend. ¤

Le nain n'avait plus rajouté un mot car Dalzhel Argémian les regardait s'approcher non sans une ironie évidente. Ses deux acolytes se tordaient même de rire. Quelle tête avait-il pour provoquer pareil réaction ? Il jeta un coup d'oeil appuyé vers Broxigar et imagina alors à quoi il devait ressembler. Sa main le renseigna sur l'état pitoyable de sa barbe pleine de paille et au tressage mal en point. Nogusta qui se tenait auprès du géant roux leur dédiait également un regard qui en disait long.

Argémian s'adressa alors à eux d'une voix guère chaleureuse. Le fait qu'il émette des doutes sur son sérieux irrita Rak contre lui-même. Lui d'ordinaire si raisonnable en toutes choses ne s'était pas montré sous son meilleur jour. Mais la veille, c'était la fête pour lui, un repos bien mérité après une longue marche éreintante. Il l'avait bien mérité.

Le nain écouta les instructions du géant roux avec attention. Ainsi, ils partiraient sans lui pour Fort Noenar, mais avec les deux hommes d'armes prénommés Karl et Ian. L'interrogation d'Argémian le poussa à s'exprimer.

¤ Vas-y ! Rachètes-toi ! ¤

- Pas de question, monsieur, assura-t-il d'une voix qu'il se força à rendre ferme malgré sa langue toujours pâteuse. Crois pas que je suis souvent comme hier. Quand je travaille, je bois presque pas. Hier, c'était une soirée avec des gens sympa, bien au chaud, après plusieurs jours à marcher sous la pluie. Je pensais pas m'engager pour une mission. Tu regretteras pas de m'avoir pris, conclut-il sans bafouiller.

¤ Si j'ai pas été clair, c'est qu'il comprend rien. ¤

Il attendit, les yeux rivés à ceux du géant roux.

Quand Broxigar se réveilla il lui fallut un peu de temps pour comprendre où il était. En regardant autour de lui, il aperçut le nain qui semblait dans un piteux état. Il tacha alors de se concentrer pour tacher de faire le point sur les événements de la veille. Et réfléchir se révéla beaucoup plus difficile que prévu avec le mal de crâne qui l’assaillait. Puis petit à petit la mémoire lui revint. Pas de soucis pour le début de soirée, mais après sa rencontre avec les trois mercenaires, il commençait à avoir des trous de mémoire.

Puis, voyant le nain sortir de l’étable en titubant, Broxigar se releva difficilement et décida de le rejoindre. Arrivé dehors, le prêtre fut quelque peu ébloui par quelques rayons de soleil qui passaient entre les nuages. Cela empira encore son mal de crâne, mais le fait de revoir le soleil lui fit esquisser un sourire. Et ce sourire devint encore plus net lorsque Rak lui adressa la parole. Sa voie quelque peu enroué fit office de déclic et il pu enfin y voir plus clair sur la fin de la soirée.

¤ C’est bien la première fois que je dois aider un nain à se coucher car il est ivre avant moi. Voila une amusante petite anecdote à raconter. ¤

Après avoir apprécié quelque seconde la chaleur du soleil sur son visage, Broxigar répondit finalement au nain :

-En effet, incroyable, c’est le bon mot. Il continua plus bas mais en faisant en sorte que le nain puisse tout de même entendre. "Un peu moins incroyable qu’un nain cuité mais tout de même."

N’ayant pas remarqué Dalzhel, Broxigar sursauta légèrement quand celui-ci prit la parole sur un ton qui en disait long sur ses pensées. Il l’écouta jusqu’au bout et décida d’ignorer les railleries des trois hommes d’armes. Il aurait bien aimer leur sortir une réplique sanglante histoire de calmer leurs ardeurs, mais ses pensées étant confuse, rien ne lui vint à l’esprit. Et puis ce n’était pas vraiment le moment d’être insolent. Il décida donc de jouer le prêtre obéissant et serviable tout en se promettant de leur faire une petite crasse dès que l’occasion se présentera.

- Veuillez accepter mes excuses pour hier soir, je vous assure que cela ne se reproduira plus tant que je n’aurai pas accompli ma mission. Et non, je n’ai pas de questions pour le moment. En ce qui me concerne je suis prêt à partir.

Ainsi cet homme était le représentant de la maison Eirontalar. Il semblait avoir bon cœur sous ses airs de brute épaisse. Il fallait seulement espérer cette fois ci que son jugement serait plus juste que la dernière fois où il avait été employé. Alors qu’il allait répondre qu’il n’était pas avec les hommes à la table au fond, le prêtre de Kossuth vint s’en mêler. Will’ ne voulait en aucun cas être associé à ce prêtre. Par contre, il se serait bien lié d’amitié avec Rak de Delzoun, ce nain si sympathique. Il préféra lâcher prise, si le prêtre de Kossuth était de la partie, il préférait poursuivre sa route. Et c’est ce qu’il fît, comme il était venu, il repartit. Hélant une serveuse pour qu’elle lui indique l’écurie, il passa la porte de l’auberge pour retrouver le contact exquis de l’eau. Il goûta quelque seconde le plaisir que lui procuraient les gouttes d’eau ruisselant sur lui. Puis, il trouva son refuge et le temps d’une petite prière et il était endormi.

A l’aube, le lendemain matin, CranedOeuf se réveilla. Comme à tous les matins, il exerça ses muscles par quelques exercices et pratiques. Il enchaîna katas, prières et étirements. Car tel était la vie d’un moine. Il était entièrement dévoué à sa vocation. Hissant sur son dos son havresac contenant toutes ses maigres possessions, il sortit de l’écurie. Le ciel était toujours nuageux, mais au moins, quelques éclaircis trouaient les nuages, ici et là. Le moine sourit et son attention fut attirée par des voix provenant vraisemblablement de la cour de l’auberge du Pichet Enflammé. Il reconnu la voix du représentant de la maison Eirontalar.

¤Tu ne peux pas te défiler à nouveau Will’, mais qu’est-tu donc devenu ? Qu’est-il advenu de ton honneur ? Est-ce qu’un simple prêtre de Kossuth t’empêcherait de prouver ta valeur ? L’aventure me manque, et si Rak a été engagé, il serait possible de faire un bout de chemin avec eux.¤

Il irait, il n’avait pas le choix. Il avait tout à prouver. De son pas lent et leste, CranedOeufse déplaça en direction des voix. Une compagnie hétéroclite composée d’un demi-orque, des trois hommes de la maison Eirontalar ainsi que du prêtre de Kossuth et enfin du joyeux Rak de Delzoun, se dévoila à lui. A nouveau, William n’affichait aucune expression. Il alla tranquillement se placer à côté du nain, sans toutefois lui adresser un regard. Il attendit la fin de la description de tâche avant de dire à l’adresse du prénommé Dalzhel :

-J’ai finalement décidé de me joindre à vous, si bien sûr vous avez toujours besoin d’une escorte. Je suis prêt à partir à l’instant. Et je ne demande que 15 pièces d’or pour mes services. Faîtes votre choix vite, monseigneur, avant que je ne change d’idée.

Le mot « Monseigneur » sonna d’une façon plutôt ironique dans la bouche du moine qui méprisait les nobles et leur entourage. Le visage du moine n’exprimait pourtant en aucun cas l’ironie de son ton. Droit comme une barre, il attendit de voir la décision de Dalzhel.