Une chasse un peu spéciale, Broxigar, Rak, Gral et William

Broxigar, à la fois énervé par le comportement du demi orque mais aussi soulagé de ne plus avoir à sentir cette odeur répugnante, se dirigea directement vers l’âtre. Il mis ses mains en avant avec l’intention de les réchauffer un maximum. Cette scène pouvait parfois impressionner des gens non averti car le fidèle de Kossuth, ayant l’habitude de la chaleur des flammes, peut supporter une telle température plus longtemps que ses congénères. Evidement, Broxigar n’étant pas immunisé contre le feu, garda des distances fixées par ses propres limites. Il resta ici quelques minutes à rêvasser, les yeux perdus au plus profond des flammes.

Il sentait en lui renaître l’énergie apportée par son Dieu, cette puissance qu’il l’aide à traverser les épreuves, mais qu’il semblait avoir perdu depuis deux jours. Il accorda alors une prière en l’honneur de Kossuth et tourna la tête sur la table occupée par le nain. Plutôt classique, petit, gros, avec une grande moustache tressée. Son interlocuteur quand à lui est tout le contraire du nain. Un humain immense et tout maigre, sans un poil qui dépasse et avec de nombreux tatouages sur le corps. Broxigar esquissa un petit sourire amusé en observant ce duo étrange. Puis, en ressentant la fatigue accumulée ces deux derniers jours, ressenti le besoin de s’asseoir. Ainsi, il leur adressa la parole :

-Excusez moi messieurs, désolé de vous interrompre, je me présente, Broxigar Caladaï, fervent disciple de Kossuth et actuellement voyageur fatigué et affamé. C’est pourquoi, je souhaiterai me joindre à vous si vous n’y voyez pas d’inconvénient. Ne vous inquiétez pas pour votre bourse, j’ai déjà commandé et je me suis dit qu’un peu de bière en plus vous ferait plaisir maître nain. Quand à vous monsieur, en s’adressant à l’humain adossé au mur, je ne savais pas trop ce que vous vouliez. Vous buvez quelque chose ? »

Broxigar resta debout en attendant qu’on l’invite à s’asseoir, bien que la fatigue devenait de plus en plus dure à supporter.

Le nain sembla un peu troublé par le fait que Will’ ne voulait pas s’assoir. Il devait trouver, comme la plupart des gens, que le moine était un sacré drôle d’oiseau. Depuis sa sortie du monastère, CranedOeuf avait sut s’habituer à ce genre de réaction et ainsi ne lui en tenu pas rigueur.

¤Intéressant ce Rak de Delzoun, il vient de la même cité que l’aède ! Il semble être quelqu’un de bien, surtout s’il fait réellement parti de la Compagnie des Marches.¤

-Enchanté, Rak de Delzoun. Pour ma part, je viens d’un petit monastère dédié à Eldath, la déesse des flots. Il est situé en Cormyr. Il y a de cela quelques mois, j’ai voyagé pour Luskan où j’ai trouvé du boulot… Malheureusement, j’ai été contraint de repartir courir les routes.

William préféra ne rien dire de plus sur l’une des parties de sa vie dont il avait le plus honte. Il ajouta en souriant à nouveau, cette fois d’une manière un peu plus détendu. Comme si ses plis se souvenaient du mouvement.

-Oui, j’ai tout fait à pied. Ça fait un bout de chemin, en effet.

Puis, un homme vint les déranger dans leur conversation en se plongeant dangereusement les mains dans le feu. Bizarrement, il en sortit indemne, là où plusieurs autres se seraient brûlés. Il vint ensuite se présenter en tant que prêtre de Kossuth…

¤Un servant de Kossuth, le rival de la déesse des flots. C’est pour ça qu’il ne m’inspirait pas confiance. Faisons attention, ces gens sont toujours spontanés et parfois violents.¤

Si les gens qui vénéraient Eldath étaient d’ordinaire clames et respectueux de la nature, les priants de Kossuth avait tendance à agir sans réfléchir et à avoir une nette tendance pour la destruction. Antipathique, Will’ ne se présenta pas mais désigna bêtement la place libre à la table. Il hocha la tête et quand ce Broxigar lui demanda ce qu’il voulait boire, il préféra refuser.

-Non merci, monsieur, ça ira, j’ai déjà un bol de soupe bien chaud de commandé.

Contrarié, bien qu’il n’en laissa rien paraître, Will’ croisa à nouveau les bras sur sa poitrine.

Rak vit avec satisfaction un franc sourire sur le visage du moine.

¤ Ah ! J'ai dû entamer sa cuirasse. Au fond, c'est sûrement un gars sympa si on oublie son apparence. ¤

Satisfait de cette constatation qui présageait une conversation intéressante, donc une soirée amicale, le nain dédia à l'humain un large sourire. Avec la perspective d'un bon repas et d'une choppe de bière, tout semblait pour le mieux. Il n'était pas très versé en matière de religion, surtout des autres races. Il y avait là donc matière à discuter.

¤ Et c'est un gars solide. Faire autant de jours de marche, même avec ses grandes jambes ! ¤

Il ne put poursuivre la conversation car l'humain gêné quelques minutes auparavant par le demi-orque s'arrêta devant la table, se présenta et demanda à s'asseoir. Sa qualité de prêtre étonna Rak.

¤ Hé bien, après un moine, voilà maintenant un prêtre. Quelle curieuse compagnie ! ¤

Le fait que l'humain soit un prêtre expliquait la scène curieuse qu'il avait aperçu un instant plus tôt. Car comment qualifier autrement le fait de plonger ses mains dans les flammes sans paraître en souffrir ? Fallait-il se méfier d'un tel individu ?

C'est donc d'une oreille attentive que Rak écouta les paroles amicales du prêtre. Il lui dédia un sourire accompagné d'un éclat de rire à la mention de la bière offerte. Il ne vit donc aucune raison de refuser la demande du prêtre de prendre place sur l'unique chaise restée libre.

¤ Quel gars sympa. Et il est si fatigué. ¤

Il s'apprêtait à l'inviter à s'asseoir, mais fut devancé en cela par le moine. Si ce dernier ne laissa paraître aucune antipathie envers le nouveau venu, le nain réalisa qu'il adoptait à nouveau une attitude sur la réserve.

¤ Pas facile pour lui de faire connaissance avec des inconnus. Va falloir que je le déride encore. ¤

Il tendit à son tour une main en direction du siège.

- Assieds-toi, mon gars ! Tu as l'air bien fatigué. Je m'appelle Rak de Delzoun. Je suis un guerrier. J'appartiens à la Compagnie des Marches. Merci pour la bière. J'ai le gosier bien sec bien qu'il pleuve des seaux depuis plusieurs jours.

Il poussa un soupir d'aise.

¤ Quelle bonne soirée ! ¤

Broxigar n’en attendait pas plus et se laissa tomber sur le tabouret en laissant échapper un soupir de soulagement. En temps normal, il aurait montré un peu plus de retenue, mais en s’asseyant a cette table, c’est comme s’il évacuait les deux journées de marches qu’il venait de subir.

-Hé bien, ça fait quand même du bien de se poser. Je viens d’Everlund et j’ai bien cru que je n’arriverai pas aux portes de Fort Olostin. Ma foi, je crois bien que je ne jamais vu un temps pareil. Un bon repas bien chaud et une grosse choppe de bière ne seront pas de trop pour se remettre ce voyage éreintant.

Broxigar ne s’était même pas aperçu de la méfiance du moine envers lui. Il était bien trop épuisé pour étudier les moindres changements d’attitude. Il ressentait juste une certaine indifférence. Par contre, il fut immédiatement séduit par l’intérêt que lui avait porter le nain dès qu’il avait citer le nom de Kossuth. De plus ce petit bonhomme semblait franc et ouvert. C’est pourquoi le prêtre, bien que s’adressant à ses deux camarades, se tournait plus volontiers vers le guerrier.

¤Je reconnais bien là la très belle ouverture d’esprit des nains. Bien qu’ils passent généralement la plus grande partie de leur vie sous terre à tailler je ne sais quelles pierres, dès qu’ils sont devant une choppe de bière, ce sont les compagnons les plus amicaux et chaleureux qui soient. ¤

Une nouvelle fois, il ne put s’empêcher de repenser au fossé qui séparait ces deux aventuriers. Même au niveau caractère, ils semblaient totalement opposés. Un nain très accueillant et très attentif qui donne l’impression de s’extasier devant tout, et un humain froid et qui semble indifférent devant tout, sans jamais trahir une émotion sur son visage. Ce qui frappa le plus Broxigar, c’est le fait que le moine restait debout alors qu’il restait une chaise de libre. Il ne comprenait pas pourquoi celui-ci ne profitait pas du minimum de confort qu’apportait cette auberge.

En attendant que la serveur vienne servir le soupé, il engagea la discussion. Il avait fait le voyage seul ainsi il apprécia ce moment de partage.

-Alors que faites vous de beau à Fort Olostin par ce temps de chien ? Si ce n’est pas trop indiscret bien sur, je ne voudrais pas vous forcer à révéler que vous êtes en mission secrète au compte de je ne sais quel prince d’une grande influence.

Vingtième jour du mois d'Eleinte 1372

Lieu : Fort Olostin, Nord Sauvage, à proximité de la Haute-Forêt.
Temps : orageux, pluie et vent.
Moment : Entre 21h30 et 22h

MJ
Narration: Tous

a soirée s’écoulait tranquillement, les aventuriers terminaient leur repas et profitaient pleinement des boissons généreusement offertes par le prêtre de Kossuth. Comme partout ailleurs, le fait de partager un repas permettait aux convives de lier connaissance et de mieux se connaître. Même le moine qui n’était pas d’un naturel bavard, était enclin à participer à la conversation, de façon amicale. Il s’était même attiré les bonnes grâces de la serveuse en apportant le repas, lui avait promit un second bol de soupe agrémenté de morceaux de légumes, toute heureuse d'avoir eu un si généreux pourboire. Quant à Rak, il apprécia à sa juste valeur l'offre du prêtre etse préparait déjà à apprécier sa seconde choppe de bière. De plus, le nain ne montrait guère de réserve à discutter avec les deux hommes, cela en était presque surprenant.

Petit à petit, dans la salle, quelques places se libérèrent. Assis seul au comptoir, le demi-orque n’avait pas bougé d’un iota depuis son entrée et il fut le premier à détourner la tête quand les doubles portes de l’établissement s’ouvrirent sur trois hommes vêtus de longs manteaux de voyage. Le premier, un colosse à la barbe rousse jeta un regard circonspect autour de lui et se dirigea immédiatement vers l’immense panneau qui jouxtait le comptoir pour consulter les quelques avis puis sans se soucier le moins du monde de son entourage, se saisit d’une affiche qu’il portait sur lui et la placarda. Gral quant à lui, attendit son heure, pour l'instant, l'hybride avait une seule envie, boire sa pinte tranquillement.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Noble d’eauprofonde recherche aventuriers en tout genre pour une mission d’escorte et de protection entre Fort Noenar et Eauprofonde. Tarif : vingt cinq pièces d’or par personne. Demander le représentant de la Maison Eirontalar.

Satisfait, il se dirigea vers une table de libre pendant qu’une des serveuses la débarrassa. Elle sourit aux nouveaux venus.

- Vous arrivez bien tard messire Argémian, des problèmes sur la route ?

L’interpellé secoua la tête. Apparemment, c’était un habitué des lieux. Il ôta son manteau de voyage dévoilant une cotte de maille sur laquelle était frappé un blason représentant une gueule de loup noire sur fond rouge sang. Une épée et une dague battaient son flanc. Dalzhel Argémian était effectivement un habitué des lieux, il passait chaque année un long séjour dans la région. Mesurant allégrement les deux mètres, une carrure à faire frémir un guerrier de rashemenie ; une mâchoire carrée, des yeux gris, des sourcils broussailleux, un nez aplatis dans quelque échauffourée et le menton entaillé d’un fossette et d’une cicatrice , le guerrier avait tout l’air d’un homme aguerrit au combat.

- Stella, apporte nous quelque chose de consistant à manger sans oublier le fromage et un pichet de ton meilleur vin ! Dépêche toi ma belle, il me tarde d’aller me reposer !

La serveuse acquiesça tandis que les deux hommes d’armes qui accompagnaient Dalzhel prirent place à la même table. Quelques minutes plus tard, la jeune fille revint avec un énorme plateau qu’elle posa sur la table et les hommes commencèrent se servir avec entrain.

Dépenses groupe: William: 1 Po; Rak: 4 Pa et 4 Pc; Bro: 4 pa et 20 PC ( incluant 2 bières pour Bro et Rak et une bière pour William.) Gral: 4 Pc

Le nain avait oublié complètement sa surprise et semblait à présent, des plus amicaux. Ça ne déplu pas à Will’, il avait besoin de quelqu’un à qui parler avant de repartir pour la énième fois sur les routes.

À la seule proposition d’une bière, le nain devint très amical envers le prêtre du dieu des flammèches. Will’ n’aimait pas cet homme, de plus, il venait de le passer d’une bonne conversation. Il n’avait plus du tout envi de discuter, et surtout pas avec ce Broxigar. Quoi qu’il en soit, il était normal que le guerrier lui préfère un gars plu sympathique.

Lorsque le prêtre leur demanda ce qu’ils faisaient à Fort Olostin, le moine préféra s’intéresser aux environs. Il ne converserait pas avec les rivaux d’Eldath. Puis, finalement son bol de soupe arriva. Elle semblait à présent très chaleureuse, probablement égaillée par la pièce d’or. Comme le monde était pathétique, changé tant que ça son attitude seulement que pour un bout de métal brillant. Il hocha la tête en guise de remerciement et refusa l’autre bol de soupe ainsi que la bière proposée par l’homme de Kossuth. De toute façon, il ne buvait pas. Ça brouillait les pensées et il devait constamment rester sur ses gardes.

¤Bon CranedOeuf, je crois qu’il serait temps que tu aille faire des beaux dodos si tu veux être en forme pour demain. Allons-y avant que le prêtre des flammèches te convertisse.¤

Will’ rit intérieurement à sa propre plaisanterie. Alors qu’il se préparait à s’éclipser pour l’écurie, trois hommes firent leur entrée dans l’auberge. Ils apposèrent une pancarte, ils semblaient des habitués. Sans un mot, le moine se dirigea vers l’affiche et la lu.

¤Hum, une belle petite occasion de racheter ton honneur Will’, et si t’est chanceux t’aura l’occasion de taper un peu sur des méchants. Une belle petite escorte honorable, ça devrais aller. Pas payer cher par contre, je serai probablement le seul qui va se présenter ! Allons voir ce mec et demandons lui qui est ce représentant. Dommage que le nain ne soit pas de la partie, j’aurais bien aimé voir ce qu’il donnait en combat. Tant mieux au fond, sinon il aurait trainé « Broxiflammes » avec lui.¤

Will’ s’approcha tranquillement de l’homme déjà attablé et en le fixant droit dans les yeux lui demanda :

-Qui est le représentant de la maison Eirontalar ? Je suis intéressé par la mission affichée sur ce parchemin au mur.

Bien qu’il n’ait pas bu énormément, Broxigar commençait déjà à ressentir la certaine euphorie que lui apportait l’alcool. En temps normal, il pouvait en supporter un peu plus mais la fatigue, la chaleur du feu et ses discussions avec le nain et l’humain étaient des facteurs accélérateurs.

Alors que le prêtre se préparait à raconter un nouvel exploit accomplit par Kossuth, le moine quitta la table sans dire un mot. C’était un personnage mystérieux et qui n’aimait pas répondre aux questions trop personnelles. Ainsi ne sachant pas vraiment si l’humain revenait ou pas, il resta indifférent au comportement de ce dernier. Il reporta donc son attention sur le nain pour poursuivre son histoire sur le Seigneur du feu et des flammes.

S’étant positionné pour être face à l’âtre, Broxigar n’apercevait pas les portes d’entrées de l’auberge. Il ne se rendit pas immédiatement compte de la présence des trois étranges voyageurs et du changement d’ambiance qui s’opérait dans la taverne. C’est seulement en entendant le bruit étrange produit par l’homme qui placarda l’affiche que le fidèle de Kossuth se retourna.

Il observa la scène avec attention sans terminer son histoire. Le colosse à la barbe rousse dégageait une certaine aura de puissance plutôt intimidante. Ses deux compagnons, bien qu’un peu moins imposants, semblaient tout aussi dangereux. Cette impression se confirma quand il entendit le nom de l’étranger et quand il vit le blason que celui-ci portait. Il ne devait pas être le seul à penser cela car l’auberge semblait presque silencieuse comparée au brouhaha qui régnait avant l’irruption des trois personnages.

¤Oula, ces trois là me semblent plutôt important. Ce n’est pas le moment de faire une bêtise ou de dire une connerie. C’est un coup à finir pendu. Enfin je ne sais pas comment ils condamnent les gens dans le coin mais ça doit être un truc du genre. ¤

Puis, il sembla que la bonne ambiance revint petit à petit quand les trois hommes d’armes commencèrent leur repas. Broxigar qui observait toujours la scène vit le moine qui s’approcha de la table et leur adressa la parole. Mais sa voix fut couverte par le bruit des discussions. En tous cas Crâne d'œuf, un surnom étrange mais qui lui allait plutôt bien, ne semblait pas vraiment impressionné.

-Hé bien ce moine est un sacré gaillard, dit il en se retournant vers le nain. "Cette affiche doit vraiment proposer quelque chose d’intéressant pour oser adresser la parole à ces brutes, à moins que notre ami rasé ai des tendances suicidaires."

Sur ce, Broxigar émit un soupir et but une grosse gorgée de bière.

Les paroles de Broxigar plurent à Rak. Quelqu’un plaçant haut les plaisirs simples de la vie qu’étaient un bon repas bien chaud et une grosse choppe de bière ne pouvait que le ravir. C’était là les fondements d’une existence heureuse. De plus, comme Crâne d’Oeuf et lui, cet humain semblait solide pour braver ainsi le mauvais temps en une longue marche.

Sa fatigue évidente ôta au nain les réticences engendrées par les mains plongées dans les flammes. Après tout, ce n’était pas un magicien puissant dont il aurait fallu se méfier des pouvoirs, mais un humain un peu spécial. Le tour dont il avait été le témoin devait sûrement trouver sa source dans la religion du prêtre. Il ne connaissait pas Kossuth mais supposa que c’était un bon dieu. Il le questionnerait à ce sujet.

S’il focalisait son attention sur le dernier arrivant, Rak n’en oubliait pas pour autant le moine à qui il adressait des coups d’œil amicaux, espérant le tirer de sa réserve.

La question de Broxigar sur les raisons de sa présence à fort Olostine le gêna même s’il n’en laissa rien paraître. Il réfléchit quelques instants avant d’y répondre d’une voix de confidence.

- J’ai été franc en te disant que je suis un guerrier et que je fais parti de la Compagnie des Marches. Tu sais sûrement qu’elle travaille pour la sécurité des Marches d’Argent. Aussi pour l’instant, je préfère ne pas en parler. Mais tu peux poser des questions sur ma vie personnelle comme je compte en poser sur toi.

Il adressa au prêtre un clin d’œil chargé de malice et un sourire éclatant au moment ou leurs repas et leurs consommations arrivaient.

- Enfin! s'exclama Rak en se saisissant d'une choppe, il en avala une bonne gorgée quant son regard se fixa sur le moine qui quitta précipitamment la table.

Rak ne pouvait pas parler de sa mission au prêtre car il ne le connaissait pas assez. La Compagnie des Marches l’envoyait dans la région de la Haute Forêt suite au comportement étrange d'animaux. Il devrait donc enquêter sur ce mystère. De plus, la présence de Magiciens Rouges de Thay avaient été signalé dan la zone, bien loin de leur territoire de prédilection. En conséquence, il lui incombait de vérifier la véracité de cette surprenante nouvelle.

L’entrée des trois hommes ne lui avait pas échappé, particulièrement celle du colosse à la barbe rousse.

¤ Dommage qu’il ne tresse pas sa barbe. Ça ferait bien. ¤

Quand l’homme s’assit, Rak jeta un regard intéressé sur sa cote de maille et le blason qui l’ornait. Il s’agissait donc d’un homme d’armes, comme les deux gaillards qui l’accompagnaient. Le net changement d’ambiance dans la salle fit réfléchir le nain. Apparemment, les nouveaux venus n’étaient pas des inconnus. Etaient-ils au service du seigneur local ? Assuraient-ils pour lui le maintien de l’ordre ? La manière détendue avec laquelle la serveuse prit les commandes, le rassura sur les intentions de ces derniers.

¤ Je ne voudrais pas me frotter à ces trois là à la fois. C’est des rudes combattants. ¤

Le départ subit du moine, sans un mot, ne l’étonna guère. Depuis l’arrivée du prêtre, Crâne d’Oeuf n’avait plus décroché une parole malgré plusieurs incitations de sa part. Il le suivit des yeux, le vit lire l’affiche, puis aller s’entretenir avec les trois hommes. La curiosité tenailla Rak. Qu’était-il inscrit sur ce parchemin d’aussi intéressant ? Le prêtre fit part de la même réflexion.

- Je vais voir l’affiche. Ne bouge pas, t’es plutôt fatigué, proposa-t-il obligeamment à Broxigar.

Le nain se leva, et marcha d’un pas déterminé vers le tableau, conscient que les trois hommes devaient certainement surveiller ceux qui venaient lire l’affiche. Il prit connaissance du texte, puis retourna à sa table de la même démarche.

¤ Dommage, ce travail m’aurait plu. Mais j’ai une mission. ¤

- C’est pour une escorte, expliqua-t-il à nouveau assis avant d’avaler une longue rasade de bière, entre Fort Noenar et Eauprofonde. C’est la maison Eirontalar qui recrute. Tu connais ?

Quand le nain lui dit de rester assis, Broxigar ne broncha pas. Il acquiesça et suivit Rak des yeux. Quand celui-ci revint, le prêtre attendit qu’il termine son rapport sans dire un mot. Lorsqu’il lui demanda s’il connaissait la maison Eirontalar, le serviteur de Kossuth aussa les épaules et sourit.

-Pour vous dire toute la vérité cher Maître nain, Je ne connais pas vraiment cette partie de Faérün et je ne sais même pas où se situe Fort Noenar. Ce nom me dit vaguement quelque chose, j’ai dû lire quelques récits sur le lieu, mais ça ne m’a pas vraiment marqué. Quand à la maison Eirontalar, ça ne me dit rien du tout. D’après le nom, sûrement un seigneur elfe.

Broxigar jeta un coup d’œil à la table où étaient assis les mercenaires. Ils étaient toujours en conversation avec le moine.

¤ Pour que cette maison engage des mercenaires pour une escorte alors qu’elle semble déjà avoir des guerriers très expérimentés, soit elle a quelque chose de très important à protéger, soit le voyage n’est pas sûr. Dans tous les cas cela promet un voyage riche en émotion. Je pourrait peut être rencontrer de valeureux aventuriers qui n’attendent que d’être touché par la parole de Kossuth.
De plus, d’après ce que je sais de Eauprofonde, c’est l’une des cités incontournable du coin. Je devrais pouvoir y trouver une belle bibliothèque. Peut être quelle possède quelques informations que je n’ai pas encore sur le Seigneur du Feu.
Et puis, il faut bien se nourrir. Il doit y avoir une belle récompense pour ce travail.¤

- Je dois dire que j’irai bien visiter Eauprofonde. Par contre il n’y avait pas plus de précision sur la récompense ? Bien que j’apprécie beaucoup voyager en bonne compagnie, ce genre de voyage se passe rarement sans embrouilles et n’est pas sans danger. Personnellement, ne tiens pas particulièrement à risquer ma peau sans avoir un petit gagne pain pour me motiver.
Et vous mon ami, êtes vous intéressé par cette offre ? Je serais très heureux de faire un petit bout de route avec vous pour en savoir un peu plus sur les coutumes naines.

- Ils payent vingt-cinq pièces d’or. Pas mal, hein ?

Rak jeta un regard en direction des trois hommes d’armes, puis fixa à nouveau Broxigar.

- Mais c’est pas des rigollots. Faut assurer avec des gars comme ça. Le boulot doit être dur. Intéressant, mais dur. Fort Noenar n’est pas très loin. C’est pour ça qu’ils recrutent ici.

Il passa une main sur sa barbe nattée pour la lisser, les sourcils froncés par une pensée soudaine.

¤ S’ils sont du coin, je pourrais leur poser des questions. Ils ont peut-être des informations sur la disparition des animaux, ou les Magiciens Rouges de Taï. Mais ils vont me demander pourquoi. Et moi, je dois rester discret. Pas facile d’entourlouper des gars pareils. ¤

Il reporta son attention sur le prêtre et son intention de postuler à cette mission.

- Moi aussi j’aimerais bien faire cette mission, et rester avec toi pour bien te connaître.

¤ A condition que tu parles pas tout le temps de Kossuth. A force, ce serait chiant. J’aime ceux qui peuvent parler de beaucoup de choses. ¤

Son sourire se fit énigmatique.

- Mais j’ai à faire dans le coin. Eauprofonde, c’est trop loin.