A la recherche des âmes perdues, suite d'un convoi spécial

Arkaius avait dormi d'un sommeil sans rêve toute la nuit durant. Nul golem ne lui avait arraché les bras durant son repos. Nulle ombre aux yeux luminescents ne lui avait chuchoté une quelconque prophétie. Il constata à son réveil que le Calishite avait pris la poudre d'escampette. Fallait il voir un signe de la destinée? Au fur et à mesure que le voyage se poursuivait, les compagnons d'infortune du moine se faisaient de moins en moins nombreux. Ils n'étaient plus que deux. Précisément les deux personnes qui l'appréciaient le moins. Peut être était il temps de renouer un semblant de dialogue? Il ignorait tout de cette contrée, aussi devait il s'en remettre à ses guides. Il n'opposa aucune objection à la proposition de Nirannor. Arkaius se hasarda à prendre la parole tandis qu'il suivait Nirannor et Dinenda.

"J'aimerai faire le point sur cette tension qui règne entre nous. Peu m'importe que vous me croyez ou non, mais je souhaite quand même m'exprimer à ce sujet. Je sais que le moment ne se prête pas vraiment à un débat théologique, mais ce que Dinenda a dit à propos de la Seldarine Noire et de la Dame des Morts est la vérité d'un certain point de vue. Seulement vous ne pouvez me juger sur de simples considérations religieuses. Aussi vrai que je respire, je n'ai jamais changé quiconque en mort-vivant et je ne le ferais probablement jamais. Mes aspirations sont bien plus nobles que la simple non-vie. Comprendre les mystères de la mort et la transcender, tel est le chemin de l'illumination qui m'a conduit à devenir l'un de ses disciples."

Le Thayen au visage de marbre se tut pour laisser ses compagnons méditer sur ses propos. Il n'avait rien d'autre à ajouter pour le moment. Il répondrait à leurs questions si ils en avaient, espérant avoir éveillé en eux un soupçon de sagesse. A moins qu'il ne se soit enfoncé d'avantage.

La nuit avait été profitable, et en cette froide matinée l’ensorceleur sortit de sa rêverie. Il fut assez surprit de se retrouver là, où il était. Car quelques secondes plutôt, il était dans la chaude bibliothèque du Cœur des Mystères. Rapidement, la réalité s’imposa à son esprit.

Et le premier sentiment, qu’il ressentit fut l’inquiétude. Il espérait que Neffalasiel fut revenue avec de bonnes nouvelles de sa sœur. Mais un rapide coup d’œil lui apprit qu’il n’en était rien.

La seconde source d’inquiétude fut de savoir où, se trouvait Arkaius. Le moine n’était pas loin. Lors de la distribution des tours de garde, l’adepte de la longue mort avait été volontairement oublié par l’elfe de lune. Dinenda n’avait aucune confiance en cet homme, et il n’aurait pas pu se laissé glisser dans la rêverie, s’il avait dû s’en remettre à lui. Il avait donc, prit le premier tour de garde, offrant à Corellon Larethian une prière lorsque la lune avait été au plus haut. Il avait prié pour Cynwäll et sa sauvegarde. Nirannor avait prit la suite, et ce fut le tour de Télim.

Mais force était de constater que ce dernier, n’avait pas tenu ses engagements de protections, puisque en ce matin, il avait tout bonnement prit la poudre d’esquempette. Laissant le camp sans surveillance. Nirannor fu t prompt à réagir, et avant même que l’elfe n’eut le réflexe de lui demander d’effectuer des recherches, le rôdeur était revenu avec ses conclusions. L’humain avait simplement prit ses bagages et avait disparu.

Une conclusion qui attrista l’elfe lunaire, non pas qu’il avait fait vraiment ami-ami avec le roublard. Mais visiblement, il s’était lourdement trompé sur son compte. Une erreur qui pouvait fort bien se révéler dramatique. Il lui faudrait être plus circonspect à l’avenir, la sécurité de son frère, le seul et unique rescapé des Gardiens Sylvestres ayant prit part à cette quête.

A la question de Nirannor, l’Innatoh prit le temps de la réflexion, bien que dans son esprit tout était clair. Et finalement, ce fut le Rodeur de Solonor qui donna la réponse. Dinenda la partageait pleinement, aussi se contenta-t-il de lui adresser un franc sourire, accompagné d’un hochement de tête pour acquiescer à ces propos.

Les Gardiens avait une mission d’importance, et tant que la confrérie elle-même ne les en relevait pas, il continuerait coute que coute. Après, un moment de méditation pour entrer an harmonie avec les énergies profanes de la nature, l’ensorceleur déclara l’heure du départ vers Béliard. Non sans avoir levé une dernière fois les yeux vers le ciel en espérant y deviner la présence d’une certaine Avarielle.


La route était encore longue, et le silence était de mise au sein du groupe. Nirannor en tête, Arkaius au milieu et Dinenda qui veillait sur lui, fermait la marche. Lorsque le moine brisa le silence. Il ne s’agissait pas d’un repentit. Mais d’une mise au point sur les motivations de ce dernier. Soit Dinenda n’était pas prêt à les écouter, soit il ne cru pas un traitre mot qui sortait de cette bouche. Plus, l’humain tentait de s’expliquer, et plus il s’enfonçait. Tout du moins du point de vu du Gardien des Mystères. Et il lui fallu faire appelle à toute sa patience pour ne pas succomber à la colère.

¤ Quel point de vu, pouvait présenter la Seldarine Noire pour autre chose que ce qu’elle est ? Si je ne peux te juger sur tes croyances religieuses, alors sur quoi donc pourrais-je le faire ? Tes colères ? Quoi !! Probablement… probablement que tu ne ferais pas, mais ce n’est pas exclu, n’est-ce pas suppôt de Kiaransalee ? ¤

Pour le reste de son discourt, l’elfe de la lune n’en comprit pas immédiatement le sens. Il se demandait ce qu’il pouvait bien avoir à transcender dans le fait de mourir. Dinenda originaire de Lunargent, connaissait la mort. Il avait vu nombre de ses connaissances humaines faire le grand voyage, et il n’en avait jamais retiré que de la peine d’être de privé de leur présence.

¤ Non, vraiment humain je ne te comprends pas, et je ne comprendrais sans doute jamais. ¤

Le fossé qui séparait l’elfe de l’homme était tel, qu’il ne serait probablement jamais comblé. Et la déclaration du moine, ne fit que raffermir ce que pensais Dinenda. Pour autant, l’elfe ne dit rien. Ces discutions lui semblait si malsaine, qu’il ne voulait en aucun cas rentrer dans le jeu du moine. Il avait promis de ne pas le tuer. Aussi, choisit-il simplement de l’ignorer. Mais il ne pu réprimer un profond soupir en secouant doucement la tête en signe de dépit.

Est-ce que le moine le regardait à ce moment là? Dinenda s'en contre fichait.

Narration

3 nuiteuse 1372

La disparition laissa de marbre pratiquement tout le monde ou presque. Ils étaient hors de question de partir à la recherche de quelqu'un qu'ils connaissaient à peine et qui plus est, avait tout fait pour qu'on l'oublie. Ils plièrent leur campement et repartirent sur la route.

La journée de marche se déroula sans problème. Personne ne se parlait ou si peu que cela en restait anecdotique. Les conversations se cantonnaient au strict minimum pour faire les pauses et donner les ordres de marches. La prise du repas au zénith solaire n'en fut pas plus loquace. Moins ils s'en disaient, mieux ils se porteraient du moins jusqu'au retour de l'avariel.

Une fois restaurés, ils reprirent leur route en avant. La monotonie s'emparait doucement de la troupe. Le paysage déjà était toujours le même : blanc sur du blanc. Le ciel était légèrement gris ce qui empêchait d'apprécier la distance à l'horizon ce qui rajoutait encore au marasme ambiant. Finalement après un temps qui leur parut une éternité, ils purent apercevoir les sommets au loin de deux tours. D'après la distance qu'ils leur restaient à parcourir, ces tour devaient être immenses et séparées par une bonne longueur entre elles.

Ils s'avancèrent jusqu'à ce qu'ils puissent voir un peu mieux et purent examiner la construction un peu plus en détail. Il s'agissait en fait d'un pont immense, surplombant un très large cours d'eau. De la glace était visible à sa surface, entrainée par le fort courant qui circulait. Devant la première tour fortifiée se tenait quatre hommes en arme qui étaient disposés tout autour d'un feu et essayaient de se réchauffer comme il le pouvait.

le rôdeur ne connaissait en rien les lieux traversés. Malgré le froid persistant, il en admirait leurs beautés mais gardait toujours en mémoire qu'ils pouvaient receler quelques dangers mortels.

Dans ce paysage bien vide d'être vivant, la vision de deux tours était comme un retour à une certaine civilisation. Le bruit de la rivière passant à leurs pieds, grondait comme aurait pu le faire un ours protégeant sa grotte. Les multiples morceaux de glace surfant sur les soubresauts de la Ténebreuse s'entrechoquaient avant de disparaître de la vision du rôdeur.

Mais Nirannor n'eut le loisir de vérifier la destination de ces blocs de glace, devant eux se tenaient autour d'un feu, quatre hommes. Si dans certaines régions, l'hospitalité envers des inconnus était de mise, dans ces régions froides, qu'en était-il ?

Le rôdeur hésita un court moment avant de se décider à aller de l'avant. Sans en discuter avec ses partenaires, il héla les étrangers en pensant qu'une attitude amicale ne pouvait déclencher quelques hostilités.

- Bien le bonjour messieurs !

Nirannor arrêta sa marche attendant la réponse

L’approche d’une ville n’était pas vraiment pour plaire au Gardien des Mystères. Aux vus de ce qui s’était passé, la veille à Rougemélèze, Dinenda n’était pas vraiment chaud pour entrer dans cette cité qu’il ne connaissait pas. Archepierre ?!? Sans doute. Si tel était le cas, le groupe tournerait casaque aussitôt. Il était hors de question de rentrée dans cette cité où les mages rouges avaient prit position.

L’elfe lunaire n’oublia pas la rencontre avec ces magiciens. Ils n’avaient aucune intention de renouveler l’expérience, sachant pertinemment que ces derniers avaient très probablement leur signalement. Certes, ce dernier serait erroné étant donné les derniers événements. Cynwall n’était plus avec eux, Neffalasièl n’ont plus. En fait il ne restait plus que Nirannor et lui-même. Pour autant, et avec la chance qu’ils avaient ses derniers temps, Dinenda ne voulait pas tenter les Archiduc des neufs enfers.

Ils avaient rendez-vous avec l’Avariel à Béliard, et nulle part d’autre. Certes, Aglaïa pouvait se trouver dans les environs. Mais Isorion avait été clair, il fallait faire sans la druidesse.

Malheureusement, Dinenda n’avait pas eu le temps de s’en entretenir avec Nirannor avant que celui-ci n’engage la conversation. Il espérait plus que son frère se rappellerait qu’il était hors de question de rentrer dans Archepierre. Et pour le moment, l’elfe lunaire attendait de voir la réaction des gardes.

Pour le moment, l’ensorceleur restait légèrement en retrait, et gardait un œil sur Arkaius. Le Gardien Sylvestre n’oubliait d’où était originaire le moine de la longue mort, ni vers quel dieu se tournait ses préférences. Et malgré tous les beaux discours, Dinenda n’avait aucune confiance en cet homme là. Au moindre signe louche, il y aurait des décisions à prendre. Mais, le Thayen gardait toute fois le bénéfice du doute.

Dinenda utilise compétence détection.

Arkaius observait la fière construction qui se dressait au dessus tumulte grondant de la rivière. Il aurait souhaité pouvoir s'approcher du bord et s'humecter le visage au contact de cette eau pure et glacée, mais le fort courant et la glace qui dévalait la rivière ici, et là l'en dissuadèrent. Cela faisait plusieurs jours déjà qu'il n'avait pas pu soumettre son corps fatigué à quelques ablutions revigorantes et bienfaitrices. Il mourait d'envie de piquer dans l'élément liquide afin de chasser toutes les impuretés de son corps.

Peut-être de l'autre côté se trouverait la ville que ses compagnons et lui recherchaient. Il y trouverait sans aucun doute un gite digne de ce nom et pourrait se détendre, grâce à quelques massages entre les mains expertes d'une jouvencelle, proposant ses services contre quelques écus sonnants et trébuchants cela va de soit. Qu'il était bon de présager de cela. Un mince sourire se dessina sur le visage de marbre du moine. Un peu de nostalgie serra son coeur. Thay lui manquait...

Arkaius s'avança à la suite de Nirannor vers les quatre hommes en arme. La lueur des flammes chaudes et bienfaisantes dans ce froid vigoureux se reflétait sur sa peau de nacre. A son tour, il salua en commun les quatre inconnus.

"Bonne rencontre messieurs. Pourrions nous partager la douce chaleur de ce feu avec vous, durant quelques instants?"

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