Les légendes du Pic de la Dame

urant ce voyage aérien, la gardienne s’était enfouie dans sa chaude pèlerine pour se préserver des glaciaux courants d’air. Son regard s’aventura parfois au delà de sa capuche pour apprécier cette nouvelle expérience, celle de voyager au dos de magnifiques aigles géants. Elle fut presque déçue que ce voyage ne dura pas plus longtemps. Lorsqu’elle comprit que le gardien des vents ne les conduirait pas à Thuldae, la moue se lit sur son visage. Une épreuve de plus les attendait…Qui sait quels prédateurs allaient-ils rencontrer sur leur chemin ? Elle craignait fortement que des gobelinoides ou orques rôdent dans les parages. De plus comme l’avait si bien dit le gardien des vents, les tombées de neige étaient pour bientôt.

La réaction de la druide fut prévisible. Elle avait un caractère bien trempé mais les gardiens du vent eux aussi. Ly’Aegisir des gardiens des mystères devait intervenir avant que cela tourne au vinaigre.

- Iliana, je peux comprendre votre amertume mais les braves gardiens des vents ne sont pas nos obligés. Nous devons déjà leur être reconnaissant de nous avoir menés jusqu’ici. On ne peut pas forcer leur noble monture à porter quelqu’un qui ne désire pas avoir sur leur dos. Rassurez-vous, nos compagnons d’aventure sauront se débrouiller. Je vous rappelle également que Darkurt n’a pas exprimé le souhait de partir.

Elle tourna la tête en direction du sauvageon, lorsque celui-ci s’adressa à elle. Son ton lui parut des plus moqueurs. L’expression sur son visage avec ses yeux prêts à jeter des éclairs aurait pu laisser croire au conteur du Naturel qu’il allait prendre une soufflante, mais elle se mit à éclater de rire. C’était une bonne occasion de détendre l’atmosphère.

- Oh mais il se moque de moi le sauvageon ! Attends que je te transforme en pigeon voyageur, et c’est toi-même qui porteras mes messages. Il a raison quand même sur un point. Il serait bon Gardien des Vents que vous prévenez le maître Isorion ou la quesselle Linweline de notre situation. C’est d’ailleurs elle qui par sa sagesse m’a amené à prendre la décision ferme de rentrer. Vous lui remettrez s’il vous plaît ce parchemin. C’est une preuve des exactions qu’exercent un magicien fou sur les pics. Nous vous remercions de votre aide

La gardienne des mystères lui remit donc un de ses parchemins qu’elle avait volé dans le funeste laboratoire du magicien. Ce parchemin attestait des expériences contre nature du magicien qui s’amusait à créer des golems de chair. Elle ne lui donna pas tout, car au cas où le messager n’arriverait pas à destination elle pourrait si Sehanine la préserve de le faire. C’était une sécurité : plus il y a de messagers, plus les chances que le message arrive à son destinataire sont grandes. Elle salua à la manière elfique c'est-à-dire la main sur l’épaule les gardiens du vent pour leur montrer toute sa gratitude.

- Alors les amis, vous attendez que le froid, des orques ou des gobelins nous tombent dessus ? J’ai hâte de rentrer chez nous !

Diplomatie (Iliana et gardiens des Vents) si ça tourne au vinaigre.

Lieu : Au pied du Pic de la Dame - Montagne Néthère
Temps : Environ 3°, Ciel clair et pâle, légère brise.
Moment : Fin de matinée

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Azur’Aël test diplomatie 18d20 + 0(degré) +4(modif CHA) + 2(synergie) = 24 ~ DD ??? -> Réussite

Les dernières recommandations données les Gardiens des Vents attendaient de connaître l’éventuel message à transmettre dès leur arrivée à Thüldae. De son coté, le Sy’Tel’Quess avait bien du mal à comprendre ce besoin impérieux que l’on pouvait avoir de transmettre message sur message. Sans doute que le caractère profondément individualiste du Conteur du Naturel y était pour beaucoup. Il avait su garder ce trait typiquement elfique, bien qu’évoluant au sein d’une Confrérie pluriracial. Toutefois, cela n’altérer en rien sa bon humeur, le Vert en profita même pour taquiner la belle Azur’Aël.

Ce fut l’intervention d’Iliana lorsqu’elle s’adressa à Tharivor, qui attira l’’attention du groupe. La tension monta d’un cran brisant net la féérie résiduelle du vol. Le Saë’Tel’Quess planta ses yeux dans ceux de la druidesse. Comment cette femme, qu’ils venaient de tirer d’un destin incertain, pouvait-elle le menacer de la sorte. Les règles de la Confrérie étaient strictes quant à l’emploi des aigles géants. Et l’une d’elle était que nulle autre personne qu’un membre de la Confrérie ne devait être autorisé à voler. Même si Tharivor aurait trouvé amusant que l’humaine essaie de lui botter les fesses, comme elle disait. L’intervention de la Gardienne des Mystères radouci la réaction de l’Aquilier, qui s’obligea à rester dans les limites de la bienséance. Sans compter que Riana s’était mise entre sa compagne et l’elfe.

- Non ! ça veut dire non, Iliana. Ce n’est pas moi qui fixe les règles. Mais je suis en accord avec elle. De plus, je me suis engagé à les respecter. Ces montagnes ne sont pas sans risque pour Ekan et Leril, et pour nous non plus. Je ne prendrai pas le risque pour des inconnus qui ne sont pas de fervents défenseurs de la nature. Au vu du comportement des aigles, là haut. Il y a effectivement quelque chose de pas naturel. Mais, si vos amis se sont mis dans ce guêpier, tout seul. Ils devraient être capables de s’en sortir également seul. De toute façon, cela ne dépend pas de savoir si cela me plait ou non. Maintenant, lorsque l’envie vous prendra de vouloir mettre à exécution votre soi-disant droit à réparation, faite moi signe. Je suis votre elfe.

Tharivor ponctua sa phrase les deux poings fermés sur ses hanches, une lueur de défi dans le fond des yeux.
Ce fut Naoëll qui intervint avant que les choses ne dégénèrent. Elle s’approcha de son amoureux, et posa une main fine et légère sur l’épaule de ce dernier.

- Voyons Thar, ne soit donc pas si dur avec notre amie. Ce sont ses amis qui sont restés là-haut. Met toi un peu à sa place. Si c’était l’un de nos frères ou l’une de nos sœurs qui était encore là-haut. Que ferais-tu ? Moi, je peux la comprendre. Aller quoi ! Ni Isorion, ni Linwëline, ni Adlareth ou Moënnar ne sont là. Et puis, si tout le monde est capable de tenir sa langue. Il n’y a pas de raison qu’ils l’apprennent. Mon chéri, ça ne prendra que quelques minutes. Qu’en dis-tu ?

Naoëll déposa une tendre bise sur la joue de son amoureux. Les yeux de la Gardienne des Vents embrassèrent l’ensemble des protagonistes. Unne regard qui signifiait : si quelqu’un à quelque chose à dire, qu’il le dise maintenant ou qu’il se taise à jamais. Au fond d’elle-même, l’elfe des bois s’en voulait de jouer avec les sentiments de son prétendant. Mais elle savait, ou tout du moins se doutait-elle, de tout ce qu’avait dû traverser les Gardiens en compagnie de leurs amis. Il était certain que les abandonner, là haut, était bien cruel.

Tharivor ne pouvait pas refuser grand-chose à son amour lorsqu’elle argumentait de la sorte. Aussi poussa-t-il un profond soupir, en laissant ses épaules s’affaisser. Il posa un regard emplit d’affection, mêlé de fatalisme, à sa belle.

- Bon, vous avez gagné. Mais si l’un d’entre vous rapporte cela aux dirigeants de Thüldae. Il se pourrait bien que nous soyons tous les deux révoqués de nos fonctions. Et ça, je vous fais la promesse, que je ne vous le pardonnerai jamais.

Tharivor sauta sur le dos de son magnifique oiseau de proie. Ils décolèrent dans la foulée, dans un grand courant d’air froid. Alors qu’il s’éloignait dans le ciel bleu pâle et glacial, Naoëll prit alors la parole.

- J’espère que vos amis en valent la peine. J’ai horreur de lui faire ça. Mais je sais ce que cela peut être que de laisser des amis derrière soit. Et vous êtes trop jeune pour porter ça. C’est un fard…

Un rugissement caverneux terrifiant emplit le ciel, avant que l’elfe cuivré puisse terminer sa phrase. Tous les regards se tournèrent instinctivement vers la source sonore. Là-haut, loin dans les airs, une immense silhouette serpentiforme dotée d’une paire d’aile membraneuse fondait sur l’aigle. Ce dernier vira sur l’aile, et descendit en piqué. Le wyrm le suivi. Effectuant une vrille, l’aigle vira de nouveau brusquement pour reprendre de l’altitude. Suivant une trajectoire quasiment identique, le dragon Morueme décrivit un arc de cercle plus large, dû à son inertie et sa grande taille. Mais dès que la manœuvre fut terminée. Il réduisit considérablement la distance qui le séparait de l’aigle. D’un coup de patte violent il tenta de toucher Ekan, qui ne dû son salut qu’à sa vivacité de réaction.



Les paroles de Naoëll ramenèrent, l’espace d’un instant, les regards sur elle. L’elfe des bois planta ses yeux dans ceux d’Iliana.

- Bravo !

La Gardienne des Vents sauta à son tour sur Leril et prit son envol. Le combat entre le dragon et l’aigle continuait. Ekan redoublait d’acrobaties risquées pour tenter d’échapper au wyrm. Mais l’aigle géant était déjà éprouvé par le long voyage qu’il avait fait pour arriver jusqu’ici, plus les rotations nécessaires pour amener les Gardiens au bas de la montagne.
Et ce qui devait arriver, arriva. Anticipant une des manœuvres, le dragon Morueme réussit à frapper l’aigle et son aquilier. Ekan vit sa course brutalement déviée suite à la violence du choc. Il piqua droit vers sol en tournoyant sur lui-même, sans aucun contrôle. Cette fois, c’était la fin. Le sol se rapprochait à une rapidité incroyable. Sur Leril, le cœur de Naoëll se serra.

Mais contre toute attente, alors que rien ne se semblait plus pouvoir les sauver d’un impact mortel avec le plancher des vaches. L’aigle ouvrit ses larges ailes et reprit de l’altitude avec force de cris sifflants. Leril arrivait en renfort et détourna l’attention du dragon. Ekan reprit de l’altitude, et le dangereux ballet aérien reprit de plus belle. Il était clair que le combat était inégal. Le dragon fonçait sur Leril, qui elle-même fonçait droit sur la montagne. Au dernier moment elle vrilla et se mit à longer la barre rocheuse. Le wyrm ne put éviter la collision avec le pic de la Dame. Sous l’impact, un large pan de roche et de neige se détachèrent de la montagne. Il n’allait pas faire bon se retrouver en dessous. Pourtant, à vu d’œil, l’endroit correspondait à peu près avec celui de la clairière. Mais à cette distance, il était difficile d’évaluer réellement la localisation exacte. En tout cas, il valait mieux que Bekaf, Darkurt et les autres ne soient pas là, où ils risquaient fort de terminer enseveli sous un amas de roche et de neige.

C’était Leril qui prenait tous les risques. Ekan sans doute blessé ne pouvait que suivre difficilement. Mais visiblement, les Aquiliers venaient de mettre en place une stratégie. Peu à peu, ils éloignèrent le wyrm de la montagne. Le résultat ne se fit attendre. Un second rugissement, plus puissant que ceux qui avaient été émis jusque là, se fit entendre. Le wyrm rugit à son tour, et cessa le combat pour regagner la montagne. Une silhouette faisant bien le triple de celle du dragon qui venait de s’attaquer aux aigles, surgit dans les airs. Le dragonnet retrouva sa mère et tout deux plongèrent hors de vue dans la montagne.

Les Gardiens des Vents filèrent droit vers le Sud, droit vers la Haute-Forêt et droit vers Thüldae.

Suite de l'aventure pour Azu'Aël, Lähmee Tribäle, Branick et Iliana >ici<

Vingt-Sixième jour de Marpenoth 1372
Pic de la Dame
11h20

C'était avec plus que de la tristesse que Bekaf, Darkurt, Maeve et Gurio virent leurs compagnons partir sur les dos des aigles de la Confrérie des Gardiens Sylvestres. Leur groupe s'en trouvait grandement affaibli et leurs chances de défaire Dillarel devenaient presque nulles. Malgré cela, tout espoir n'était pas perdu ou en tout cas était-ce ce que voulait croire Darkurt. De l'avis de Maeve, au contraire, la situation n'aurait pu être pire.

Toutefois, ce qui advint dans les minutes qui suivirent montra que la prêtresse pouvait avoir tort. Si les membres de la Confrérie assistèrent impuissant à un duel volant haut dans le ciel, les aventuriers restés sur le Pic de la Dame assistèrent eux à un combat aérien juste au niveau de leurs yeux. Sauf qu'ils ne surent pas comment celui-ci s'était achevé. Comme l'avaient observé leurs compagnons maintenant loin d'eux, le wyrm avait raté une manœuvre et s'était écrasé sur la montagne, et cela moins de dix mètres au-dessus de la position du groupe. Une marée de neige leur fonça dessus et ils n'eurent pas même l'idée de tenter de l'éviter. Leur dernière heure venait sans doute d'arriver.

Mais c'était une nouvelle erreur. Ils furent entrainés par la vague de glace qui les propulsa dans une chute le long de la falaise. Celle-ci sembla durer des heures. Darkurt et Bekaf avaient été déportés sur la droite et plaqué contre la paroi qui était plus avancée cet endroit. Au contraire, Maeve et Gurio tombèrent droit devant eux dans une chute qui ne devait pas les laisser vivants. Bekaf et Darkurt étaient plus chanceux. Ils ne tombèrent que d'une quinzaine de mètres, ce qui était déjà une chute qui aurait pu tuer n'importe qui en temps normal, mais leur descente les fit rencontrer diverses couches peu épaisses de glace recouverte de neige qui, chacune plus que la précédente, ralentirent sensiblement leur chute. A l'atterrissage, ils étaient bien vivant quoique contusionnés, meurtris et trempés. Ils avaient un peu froid aussi.

Apparemment, ils étaient tombés dans une sorte de cavité naturelle de glace, une sorte de longue cheminée à peu près lisse. L'ensemble du sol de la caverne dans laquelle ils se trouvaient était recouverte de glace et de nombreuses stalactites et stalagmites se trouvaient autour d'eux. Une seule sortie était visible, et encore était-elle dissimulée dans la pénombre, si on exceptait celle par laquelle ils étaient entrés et qui semblait ne pouvoir être atteinte qu'en volant.

Bekaf, Darkurt, Maeve et Gurio étaient-ils perdus à jamais? Sauraient-ils se sortir héroïquement de la terrible situation dans laquelle ils se trouvaient? L'avenir seul nous le dirait, un avenir qui pour le moment était de bien mauvais augure pour les aventuriers....

Fin de l'aventure