۝ Auberge du griffon d'or ۝, Suite d'une longue traversée

Tout d’abord heureuse de voir que son compagnon de table paraissait aussi bien disposé qu’elle, la génasi changea rapidement d’avis. Au bout de quelques secondes, le bavardage continu d’Arek et ses yeux rivés vers son visage lui donnèrent l’impression de s’être fait prendre dans un filet qui se resserrait petit à petit autour d’elle. La cheminée toute proche d’elle y était aussi pour beaucoup. Elle avait largement bénéficié du grand feu, mais elle commençait maintenant à regretter la fraîcheur de l’air extérieur. A ce moment, un homme lourdement équipé s’approcha de la cheminée. A voir l’état de ses chausses et le sillon humide qu’il laissait derrière lui, il venait tout juste de rentrer dans l’établissement. La vision de ses habits trempés et son visage rosit par le froid furent comme une bouffée d’air pour elle. Mais elle n’eut pas le temps de l’examiner en détail, Arek venait de se taire attirant son attention vers lui. Le silence qui suivit montrait qu’il attendait visiblement une réponse. Cela aida la génasi à se ressaisir, mais elle s’aperçut qu’elle n’avait pas vraiment écouté la fin, absorbée par ses préoccupations. Elle fouilla dans sa mémoire pour retrouver ses dernières paroles.

¤Qu’avait-il donc dit ? Il voulait savoir son prénom mais quoi d’autre… ? Ah oui, il avait juste dit que quelque chose en elle le troublait ou une phrase à peu près similaire.¤ Elle commença par lui donner son nom.

- Excusez-moi de ne pas m’être présentée, je me nomme Jalyne.
Pour le reste, cela ne l’étonnait pas plus que cela que son apparence attise la curiosité d’Arek. Elle avait été maintes fois dévisagée depuis son départ, parfois avec méfiance, parfois avec respect. Mais habituée à ces regards inquisiteurs, elle n’y prêtait plus aucune attention si ce n’était pour éclairer ceux qui le désiraient sur sa condition.

Pourtant ce soir, elle se trouvait de nouveau face à un de ces hommes et n’éprouva pas l’envie de lui expliquer patiemment toute la grandeur de ses origines, et les choses dont elle était capable. Soudain mal à l’aise au milieu de cette salle bondée, elle avait perdu toute l’excitation qu’elle avait pu ressentir en entrant. Elle eut plus envie que jamais que son plat arrive pour en finir au plus vite. Mais en attendant, il fallait bien qu’elle réponde quelque chose à Arek. Elle se remémora les paroles qu’il avait prononcées. Il avait dit être un combattant mercenaire mais qui avait des principes. A cette idée, elle le regarda avec scepticisme. Comment un homme comme lui pouvait avoir des principes, c’était décidemment bien une notion d’humain ça. On justifiait ses actions et on protégeait son mode de vie derrière ce mot-là, se créant ainsi une sorte de morale et de code de conduite alors que derrière il n’y avait généralement rien de particulier. Elle fut déçue de constater que les hommes étaient décidemment tous semblables les uns aux autres quels qu’ils soient.
Pourtant, elle ne parvint pas à rester insensible à la gentillesse de celui qui lui faisait face. Il s’était excusé pour ses regards. Cette idée la fit sourire, son aveu avait été présenté assez maladroitement, mais cette naïveté lui fit en partie oublier les reproches qu’elle venait mentalement de lui faire. Et puis c’était la première fois qu’il voyait quelqu’un comme elle, elle pouvait bien lui accorder cette excuse. Elle répondit donc à sa curiosité avec un air indulgent, mais le plus brièvement possible.

- D’après ce que vous venez de dire, je pense que ce qui vous trouble doit venir de mon apparence et donc de mon origine. Je suis issue d’un extérieur appartenant au plan élémentaire de l’air. Moi et mes semblables, sommes généralement connus sous le nom de génasi d’air. Mais il semble que je sois la première que vous rencontriez.
L’intérêt qui se lisait sur le visage d’Arek réussit à lui faire momentanément oublier le malaise qu’elle ressentait, et elle attendit de voir la réaction du barbare.

Une Génasi d’air, c’était la première fois que Arek entendait ce nom. Cette créature semblait donc venir d’un plan magique, comme tous les barbares Arek n’était pas très familier avec tout ce qui touchait à la magie. La magie était pour lui un art dont il ne connaissait rien mise à part les guérisseurs qu’il avait vue dans sa tribu lorsqu’il était jeune, bien avant le massacre. Il décida donc de changer de sujet de conversation puisque cela semblait gêner la Génasi.

-Et bien salut à toi Jalyne, tu es donc une Génasi d’air. En effet je n’ai jamais rencontré ni même entendu parler des gens de ta race. Mais ce n’est pas grave, je suis très honoré de rencontrer une personne comme toi. Alors Jalyne qu’est ce qui t’amènes en ville ? Es tu toi aussi une guerrière ? Ou viens tu comme moi chercher l’aventure, si c’est le cas on pourrait peu être faire équipe ?

Arek doutait que Jalyne soit une guerrière car elle n’avait pas l’équipement standard du guerrier, mais néanmoins elle avait une certaine grâce ce qui pourrait faire d’elle une excellente combattante. De plus Arek ne connaissait rien des capacités des gens de son espèce et il se pourrai qu’elle soit une allié formidable, chose qui pourrait lui être fort utile.
Par contre le nouveau venu qui c’était installé au coté du gnome des roches, lui devait sans doute être un guerrier. Il ne savait pas vraiment si il était nouveau en ville car après s’être réchauffé auprès du feu, il n’avait pas hésité à s’installer au coté du gnome et il semblait le connaître.
Arek retourna son attention vers Jalyne en attendant de voir sa réaction face à sa proposition.

Sous la pluie torrentielle, un pauvre pèlerin emmitouflé d’une cape de roturier usé marchait dans les rues désertes de la ville. Ses cheveux inondés laissaient s’égoutter les larmes du ciel en pleure sur son visage, cela malgré le fait qu’il portait une capuche par dessus le haut de sa tête. Il avançait, un pied devant l’autre, faisant quelques écarts de route par moment sans doute dû à la fatigue. Mais, il semblait également ne pas trop savoir où se diriger ; allant voir tel enseigne de magasin où allant vers tel mendiant pour lui demander son chemin. Il était perdu, dans une ville dont il ne connaissait rien. Il parlait même à haute voix en avançant et recrachant cette eau trop abondante. Il donnait l'impression de discuter avec une autre personne ; mais personne ne pouvait lui répondre car il était seul à affronter l’intempérie dans ce coin là de la cité de Padhiver.

« - ‘Je ne fais que passer !’ Mais quel idiot d’avoir dit ça… J’aurais mieux fait d’accepter de rester dans son auberge au lieu de vouloir à tout prix visiter Padhiver. Il n’y a rien à voir, rien à voir ni à découvrir. Tout est fermé avec ce sal temps. La prochaine fois, j'y réfléchirais à deux fois avant de prendre ma décision comme ça. » Se disait-il à lui-même, ne manquant pas au passage de tomber dans des flaques d’eau ou sur le sol à plusieurs reprises à cause des dalles rendues glissantes par la pluie sous ses pieds. Décidément, il n’avait rien pour lui aujourd’hui, et il en tenu même rigueur à sa divinité : « Tymora, déesse de la chance ; mon œil ouais ! J’aurais mieux fait de me trouver une autre divinité à vénérer plutôt que celle-ci. En plus, avec un peu de recul, elle me semble aussi idiote que le prêtre du village... saleté de Caleb. » Il n’avait visiblement pas peur d’oser dire de tels mots, il ne s’en souciait véritablement pas. Peut-être était-ce parce que, elle aussi, ne se souciait guère de lui et sa triste vie de petit mortel insignifiante. « Toute façon, ‘je ne fais que passer’… Il faudrait d’ailleurs que je songe à arrêter dire ça, je vais vraiment finir par m’attirer des ennuis un de ces jours à force d’injurier les dieux. »

Malgré ce qu’il pouvait en dire, la chance lui sourit : une auberge se présentait à lui, les portes grandes ouvertes. C’est avec des gestes vifs et rapides comme pourraient avoir des enfants soi disant fatigués qui se sont vus offert la possiblité de goûter à des petits délices pour les papilles. C'est donc de cette façon très imagée que Valas fit son entrée dans l’établissement. Il ne prit pas même le temps de lire la pancarte à l’entrée qu’il se trouvait déjà à l’intérieur. Le pluie ne régnant pas dans un lieu comme celui-ci, il put enfin rejeté en arrière son capuchon et révéler ainsi son visage de jeune homme trop humidifié à cause du temps sévissant au dehors comme l'avait remarqué les gens du coin.

Il était jeune, peut-être trop pour se trouver dans un endroit comme celui-là. Mais il espérait qu’avec tous cet argent qu’il avait dans ses bourses en cuir, qui étaient d'ailleurs bien cachés, lui permettraient de ne pas se faire mettre à la porte. Il avait réussi à rassembler une somme convenable pour le début de son voyage, ses dons s’étaient révélés utiles pour attirer les pièces de certaines personnes et augmenter le nombre des siennes. Il voulait désormais s’offrir de quoi se rassasier, et dormir convenablement ici.

¤ Bel endroit ¤ Songea-t-il en massant son menton rendu un peu velu grâce ces jours de cavales sur les grands chemins des environs. Il était fier de se sentir grandir ainsi, et devenir quelqu’un d’autre, se séparer de son ancienne condition d’enfant. ¤ Il ne manque plus qu’une femme pour faire de moi un homme !¤ Se dit-il amusé par sa propre plaisanterie qui serait de mauvais goût pour certaines dames…

Naturellement, comme tous ceux qui pénétrèrent dans cette auberge en ayant affronté la pluie à l'extérieur, Valas se dirigea vers le feu alimentant d'une douce chaleur l’établissement. Ils étaient nombreux à être venus chercher refuge ici, et le jeune homme en faisait parti. Plaquant son dos contre le coin de la cheminée chaud, tout en prenant soin de ne pas laisser traîner une partie de ses vêtements dans le feu, Valas parcourut du regard la salle. Il n’avait encore jamais vu une auberge renfermant autant de personnes de races différentes : là un elfe, puis ici un nain, là bas un gnome tenant un verre à la main, là bas une femme étrange et séduisante… et il s’arrêta sur cette dernière. ¤ Etrange, qu’est-elle donc ? ¤ Pensa t’il en ne pouvant s’empêcher de détourner ses yeux de cette créature si familière et en même temps si étrangère à Valas.

Il ne savait pas quoi faire sur le moment, alors il resta à côté de cette cheminée pour profiter de sa chaleur et ainsi se sécher avant de prendre une décision sur ce qu'il devait faire par la suite.

Si elle fut étonnée et déçue qu’il ne se montra pas plus intéressé que cela par ce qu’elle venait de lui révéler, la génasi n’en laissa rien paraître. Elle écouta même les paroles qu’il lui adressa en retour pour pouvoir y répondre patiemment.

- J’ai bien peur de ne pas faire l’affaire, je ne suis pas vraiment une guerrière vous savez. Quant à chercher l’aventure, je ne sais pas trop…

Les interrogations de l’humain l’amenèrent de façon inattendue à réfléchir sur ce qu’elle ferait après avoir atteint le but de son voyage. Evidemment, elle avait voulu voir la mer, mais elle n’avait rien planifié pour la suite. Et elle était sur le point d’atteindre son objectif. Songeuse, la jeune rôdeuse n’avait vraiment aucune idée de ce qu’elle ferait. Au moment de son départ, elle avait décidé de se laisser porter par ses désirs et ses impulsions au fur et à mesure de ses déplacements, mais maintenant que la question se posait, elle n’avait guère avancé. L’idée de courir les monts et les vaux avec Arek ne l’enthousiasmait pas énormément. Non qu’il puisse être un compagnon désagréable, mais il semblait bien être aussi matérialiste que pouvaient l’être les humains, avec tout ce qui en découlait. Evidemment, il fallait bien reconnaître qu’il ne paraissait pas aussi étroit d’esprit que la plupart d’entre eux puisqu’il voulait connaître de nouveaux horizons. Mais de là à ce qu’il devienne son compagnon de voyage… Elle fit intérieurement une grimace. Tout cela allait trop vite, elle le connaissait depuis quelques minutes seulement et il n’était pas question de lui faire ainsi confiance au premier abord. Néanmoins, cela méritait quelques réflexions et de se pencher un peu sur la question, mais pas ce soir. Elle sentait le malaise dû à la chaleur revenir doucement envahir son corps. Elle poursuivit donc rapidement.

- Je pense que j’ai tout d’abord besoin d’une bonne nuit de repos avant de prendre une décision, quelqu’elle soit. Désireuse de changer de sujet, mais de continuer à occuper son esprit, elle enchaîna. "Savez-vous s’il est possible de dormir ici ?"

Un mouvement du côté de la cheminée attira de nouveau son regard de ce côté. Encore un nouvel arrivant, trempé comme tous les autres qui venait chercher la chaleur réconfortante du feu. Décidément la taverne attirait bien du monde ce soir. Mais cette fois-ci, elle sentit le regard de l’inconnu peser sur elle de façon insistante. Elle l’observa rapidement, mais n’eut que le temps de détailler sa tenue de voyage dégoulinante d’eau, avant que la présence des hautes flammes derrière lui n’augmente son malaise. Elle détourna péniblement le regard en se disant que si la servante ne revenait pas rapidement, elle sortirait respirer l’air extérieur.

Arek se rendit compte du malaise qui venait de s’installer, peu être cela venait il de lui ou de ce qu’il avait dit. ¤ Je brusque toujours les choses ¤ se dit il. Mauvaise habitude de la fougue des gens de son peuple. Arek allait devoir apprendre à maîtriser cela. A autre ville, autres coutumes. Surtout avec une Génasi, qui visiblement n’avait encore moins que lui les habitudes des humains. Et si il voulait s’en faire un allié, il allait devoir apprendre à mieux la connaitre, elle et les habitudes de son peuple. Mais néanmoins tout ce qu’il avait dit semblait faire son chemin dans l’esprit de Jalyne.

- Oui Jalyne, on peu dormir dans cette taverne, j’ai moi même demandé une chambre pour la nuit mais pour l’instant je n’ais eu que mon repas, d’ailleurs le votre tarde à venir et vous devez avoir faim.

Arek leva les yeux et regarda dans la salle si il voyait la serveuse afin de l’appeler pour savoir ou en était le repas de Jalyne. C’est lorsque son regard se rapprocha de l’âtre qu’il remarqua le nouveau venu. Il semblait jeune mais Arek avait appris à ne jamais se fier aux apparences, le plus faible des hommes pouvait être un adversaire redoutable. De plus cet homme regardait aussi dans sa direction, enfin dans la direction de Jalyne plutôt. Lui aussi semblait être troublé par la Génasi, cela le rassura il n’était pas le seul. Mais il s’aperçut alors que Jalyne avait l’air bizarre, il se remis en chasse de la serveuse afin qu’elle amène au plus vite le repas de Jalyne. En attendant il se décida a proposer un peu d’eau fraîche à la Génasi.

- J’ai du mal à trouver la serveuse avec tout ce monde, mais en attendant prend un bon verre d’eau fraîche, cela te fera du bien.

Arek jeta un dernier regard en direction de l’homme près du feu et il regarda de nouveau Jalyne en lui souriant amicalement. Puis il balaya de nouveau la salle en quête de la serveuse.

Vingt-septième jours du temps des fleurs année de la magie sauvage (27 Kyrthorn 1372)
Lieu : Padhiver (auberge du griffon d’or)
Temps : Orage et pluie.
Moment : deux heures après la mi-journée

La serveuse arriva avec le repas de la jeune femme, celui-ci était composé de pain, d’une cruche d’eau, une assiette de soupe bien chaude et d’un morceau de poulet accompagné de pomme de terre arrosaient d’une sauce au champignon.

-Voici votre menu, c’est ce que l’on sert à tout le monde aujourd’hui, si cela ne vous convient pas appeler moi et je prendrai votre commande mais cela vous coûtera plus cher il en va de soit. Elle avait parlé rapidement, pour perdre le moins de temps possible aux tables, mais elle avait toujours le sourire.

Une fois les plats sur la table, elle repartit aussitôt prendre une autre commande à une autre table, le tout se faisait comme un balai mis en scène depuis des années, les serveuses prenaient les commandes, se dirigeait vers la cuisine, ressortait après quelques minutes avec des plats dans les mains et les servait avec un sourire joyeux.

Une des serveuses alla parler au nouvel arrivant qui lui aussi s’était installé debout devant la cheminé, elle lui conseilla de s’asseoir à la table ou se tenait la jeune femme à la peau bleutée et l’homme à la forte carrure, puis elle arriva à côté de la table de ceux-ci.
-J’espère qu’une personne de plus à vos côtés ne vous gênera pas. Cette serveuse avait une voix beaucoup plus grave que la précédente. Je lui apporte son menu de suite. Elle partit sans attendre une réponse.

Au bar le gnome était toujours en discussion avec l’homme à la lourde armure qui venait d'avoir son assiette de soupe, ils buvaient tous les deux un verre, le gnome se retourna vers l’homme qui venait d’entré et le fixa quelques minutes puis il revint à sa discussion.

Jebeddo

-Je suis de la ville même, je tiens une modeste boutique non loin de là, elle ce nome « la ligue de l’aventure » je vends tous objets dignes d’intérêt. Il but une rasade de son verre et reprit la conversation. Alors comme ça tu es un moussaillon et arrive de Luskan, tu dois être fatigué si tu as fait cette route avec ce lourd fardeau. Il désigna l’armure avec sa main, il avait prit un air qui supposait son intérêt envers Xan. J’aurais peut-être un travail à te proposer si cela t’intéresse ? De plus je vois que tu n’est pas le seul à être de passage ici et qui serait peut-être intéressé par un travail. Il refit un tour sur son tabouret pour regarder de nouveau le petit groupe installé à la table prêt de la cheminé ainsi que l’homme prêt du feu. -------------------- Petit comme tout gnome, Jebeddo est plutôt musclé pour un membre de sa race. Sa peau basanée, trahissant une tendance à vivre à l'extérieur contre toute attente, porte une ancienne blessure au visage, et laisse supposer qu'il a eu maille à partir avec plus fort que lui, et qu'il a faillit y rester. Jebeddo apparait le plus souvent comme très méfiant et joue facilement l'intimidation en fixant les personnes qu'il côtoie pour les déstabiliser. Cependant pour qui s'attire sa sympathie, il apparaitra comme ouvert et fidèle, bien que ses yeux, même lorsqu'ils sont les plus rieur, trahissent parfois un passé plus sombre

Le marin accueilli avec joie l'arrivée de son assiette, remerciant la serveuse avec enthousiasme. Avant de l'entamer gaiement, il jeta un oeil au nouvel arrivant. Apparemment très jeune. Et pas vraiment habitué aux tavernes, à voir son comportement. Xan sourit, se tourna de nouveau vers son assiette et l'attrapa directement, délaissant sa fourchette, et en but une longue rasade, avant de la reposer, soulagé de s'être enfin mit quelque chose dans l'estomac. Il écouta Jebb amusé, et lui répondit, après avoir but encore un peu de soupe chaude:

"En fait, la garde de Luskan s'est assurée que je fasse le voyage rapidement, me courant après sur les trois quart de la route. Je les ai semé pas très loin de là. Avec une dizaine d'hommes d'armes plus lourdement équipés que moi au train, je peux te dire que tu ne sens curieusement aucune fatigue."

Toujours souriant, il but une nouvelle rasade. Beaucoup auraient caché le fait qu'ils fussent poursuivis, aussi vieux que cet évènement puisse être. Mais L'Oeil de Sang, qui était, il faut le dire, quelque peu vantard, jugeait cela comme une fierté. En effet, ce n'était pas tout le monde qui arrivait à semer une dizaine de personnes le pourchassant. Aussi le pirate s'en vantait-il, quand d'autres l'auraient caché. Le regard perdu dans le bas du dos d'une serveuse pendant quelques instants, Xan se ressaisit et reprit.

"Un travail? Et bien, en tant normal, je refuserai tout travail se déroulant hors d'un navire. Mais ma bourse, par son silence, m'indique qu'elle est dangereusement vide."

Il se tu un instant, songeant qu'il aurait de loin préféré voler les passants qu'accepter un travail quelconque. C'était bien plus divertissant et bien moins fatiguant. Quoique pirate, Xan n'aspirait qu'à mener une petite vie tranquille, parsemée de quelques petites batailles navales de temps en temps. Malheureusement, la seule fois où il avait décidé de aire les poches à quelqu'un fut la seule fois où il se retrouva derrière les barreaux d'une cellule, à Calimshan. Il n'était vraiment pas doué pour ça. Aussi devait-il se résoudre à accepter un travail. Et puisqu'il n'avait pas à chercher, autant accepter celui-ci. Affichant un grand sourire, il finit sa soupe et ajouta:

"Je comptais trouver quelque chose à faire, histoire de trouver rapidement un navire avec l'argent que j'aurais gagné. Puisque tu me le propose, et bien autant que ce soit avec un gnome des plus sympathique!"

Il serra vigoureusement la main de son nouvel employeur et reprit:

"J'accepte ton offre. Je ne demanderai qu'une chose en plus de mon salaire. Deux bouteilles de ton fameux rhum!"

Il passa sa langue sur ses lèvres, repensant au go^t sucré de la boisson. Puis il se tourna vers la table de la jeune femme si... belle et pourtant inhumaine. Le jeune homme les avait rejoint. Jebb mentionnait un peu plus tôt des personnes apparemment elles aussi de passage, et susceptibles d'accepter ce travail. Au vu des badauds présents dans la taverne, ça ne pouvait être qu'eux. Le pirate tint à s'en assurer tout de même.

"Tu parles d'eux? Pour le grand là, je veux bien, mais la fille me semble pas capable de se battre... Le gamin non plus. Trop frêle... Quoi qu'il pourrait être un jeteur de sort, vu ses vêtements."

Une grimace passa brièvement sur le visage de Xan. Il n'aimait pas beaucoup la magie. Et ceux qui la pratiquaient non plus. Aussi espérait-il se tromper.

Arek regarda du coté de la cheminée, il vit la serveuse près du nouveau venu et elle semblait lui indiquer la table ou il se trouvait avec Jalyne. Il ne s’était pas trompé, quelques instants plus tard il vit la serveuse suivie du nouvel arrivant se dirigé vers leur table. A ce moment Arek regarda Jalyne et lui dit :

- Tiens on dirait que le nouveau venu vas se joindre à nous.

Arek attendit la réaction de Jalyne, car quelques minutes auparavant ce jeune humain avait semble t il dérangé quelque peu la Génasi.
Néanmoins Arek n’était pas rassuré, cette personne avait quelque chose de particulier. Il n’était pas un guerrier car il ne portait pas d’armes et ses vêtements étaient usés, comment un tel homme avait il pu atteindre son age. Il devait s’agir d’un sorcier et les sorciers inquiétaient toujours Arek.
Arek regarda aussi du coté du comptoir. Le gnome et le guerrier humain regardaient dans leur direction. Apparemment ils semblaient être intéressé par l’ensemble des personnes présentes autour de cette table.

Lorsque la serveuse arriva avec le nouveau venu Arek les regarda et il dit au jeune homme :

- Salut à toi voyageur, je me nomme Arek et je suis originaire du Val Bise.

Puis Arek tourna la tête vers Jalyne pour voir la réaction de la Génasi.

a porte de la taverne s’ouvrit et Mussel pointa le bout de son nez. Tant de monde dans un espace confiné, il n’y était pas habitué mais pourquoi pas. De toute façon il avait froid et il fallait s’abriter.

Sous la pluie, seule l’auberge du Griffon d’Or, lui avait parue accueillante, avec sa musique et ses rires, que l’on pouvait entendre même du dehors sous l’orage. Il avait regretté tout le long de son chemin que ni sa taille ni son agilité ne lui permettaient d’éviter les goûtes tombant du ciel.

Il referma la porte derrière lui, Mussel se sentait déjà mal à l’aise, ses cheveux trempés lui collaient au visage ne pouvant plus couvrir la vilaine cicatrice qu’il avait héritée de son enfance. Impressionnante mais cause de complexes non négligeables, sa cicatrice allait de sa tempe droite à sa mâchoire évitant de peu son globe oculaire.

Se dirigeant près du foyer, il ôta sa cape ruisselante, son tricorne improvisé rempli d’eau et le vida sur le sol, éclaboussant les pieds de quelques clients. Une fois arrivé près du feu, il se secoua, à la manière des chiens, pour se sécher, ne manquant pas d’arroser les personnes se tenant à coté de lui. L’halfelin s’ébroua les cheveux, afin de chasser les dernières goûtes de pluie et c’est alors qu’il remarqua les regards outrés par son impolitesse, deux personnes sortaient néanmoins du lot, un très grand homme musclé et une femme étrange. Mussel ne savait pas particulièrement bien se tenir en société et encore moins avec les gens étranges. Il n’espérait pas se faire mettre dehors par le tenancier pensant qu’il n’était qu’un enfant venu pour faire les poches des clients.

Il voulu s’excuser de ses maladresses passées mais la majorité des personnes, le dépassant de plus d’un bon mettre l’intimidait et même s’il ouvrit la bouche pour parler aucun son n’en sorti.

Décidé à enfin paraître normal, il se dirigea vers le bar ou quelques hauts tabourets étaient encore libres, après son ascension difficile il s’installa. Son ventre criait famine mais il ne se sentait pas d’humeur à mâcher quoi que ce soit, de l’eau sucrée pourrait faire l’affaire, mais la demande ne serait pas vraiment acceptée ni par le tavernier ni par les clients qu’il avait offusqué. Une fois que le tavernier ait daigné remarquer son minuscule client, Mussel passa commande d’une voix faible et peu assurée.

- Serait-il possible... d’avoir… Hum... De l’eau sucrée…. Avec un peu d’alcool ? Il avait ajouté ses derniers mots pour que le barman ne le dégage pas à coup de botte dans l’arrière train.

Il avait beau essayer de ne pas se faire remarquer toute ses tentatives s’étaient soldées par un échec. Pivotant sur son siège il se tourna vers le reste de l’assemblée, regardant les poivrots s’enivrer, rire et manger. Il rechercha du regard les deux êtres qu’il avait aperçu et c’est alors qu’il remarqua une autre petite personne, d’une race différente d’après ce qu’il pouvait apercevoir, qui lui inspira confiance malgré ses réticences habituelles concernant les inconnus d’une autre race. Ce qu’il pensait être un gnome s’entretenait avec une espèce de garde à en juger par son armure lourde.

Trop timide et trop troublé par la populace pour aller l’accoster au culot, Mussel se retourna posant les coudes sur le bar, en attendant son breuvage. Il déposa alors sur la table son sabre d’abordage et sa masse d’arme légère sachant pertinemment que d’aussi petits ustensiles n’intéresseraient aucun voleur de censé.

Son voyage, long et chaotique, de Chéthel à Padhiver, avait épuisé le petit hin qui n’avait pas, il y a un an seulement, quitté sa région natale de Luiren. Ses moyens de locomotion furent pour le moins hétéroclites en allant du bateau à la carriole, il s’était toujours arrangé pour voyager avec ceux de son espèce, pour le commerce essentiellement. Le commerce était pour lui le meilleur moyen de partir à l’aventure et, même si son périple fut assez calme et sans danger, il savait que son opinion était bien fondé, puisque, aujourd’hui en ce 27 Kyrthorn 1372 il se trouvait dans l’auberge du Griffon d’Or à Padhiver.



Ce message a été modifié par Mussel le Vendredi 17 Novembre 2006 à 10h34

Fichier joint ( Nombre de téléchargements: 170 )
 Fiche_Mussel.rar

Une fois de plus le jeune demi-elfe fut jeté hors du Masque de Pierre-Lune par le videur… Il se releva péniblement avant de trébucher une nouvelle fois. Il était évident que ce roublard en avait un coup dans le nez. Le visage dégoulinant ; ses beaux cheveux argentés en bataille, Nécromus décida de faire un tour au Griffon d’Or… Clopin-clopant sous la pluie battante, il trouva tout de même son chemin dans les ruelles sinueuses de la belle Padhivers. Les pavés glissants et son goût prononcé pour l’alcool ne l’y avaient pas aidé. Seul l’expérience d’un résident de cette somptueuse citée pouvait atteindre son but dans de pareilles conditions.

La porte de la taverne s’ouvrit alors avec fracas et l’on vit le petit voleur trempé, entrer et refermer timidement cette porte qu’il avait si violemment poussé à son arrivée.

- Pardon du dérangement M’sieur Dames !… hic…

L’individu aux cheveux d’argent, avança alors en titubant, s’arrêtant sur une serveuse qu’il paraissait connaître, l’haleine chargée, il teint un langage qui s’averrait inapproprié.

- Salut toi ! Et bien comme tu es jolie aujourd’hui ! hic… et ce corsage met délicatement en valeur ton… hic… Buste !… hic…

La serveuse apparemment surprise et choquée par ce genre d’attitude lui envoya une bonne mandale en pleine figure. Le coureur de jupon se dirigea alors vers une table ou il avait précédemment repéré une jolie Genasi d’Air et un grand costaud qui semblait être un guerrier ou… un barbare peut être. Le jeune homme vacillait et au moment ou il arrivait à proximité des deux inconnus, il trébucha et manqua de se rétamer correctement avant qu’il ne se rattrape maladroitement au coin de la table. Il se releva en tapant ses vêtements trempés, ne manquant pas au passage, d’éclabousser tout le monde…

- Alors, ça va la compagnie ; dit il en effectuant une tape amicale sur l’épaule du grand costaud ; « Z’êtes pas d’ici hein ? Vous ai jamais vu dans l’coin ! hic… » ; le nez bigarré du demi-elfe semblait prêt à exploser. « Et bien qu’est ce qui peut bien vous amener par ici ? » Les yeux dilatés et imbibés d’alcool fixés la jeune Genasi… Il prit alors place à coté de l’armoire à glace, « Je commanderais bien à boire mais je crains que ce ne soit abusé… hic… hé hé hé !… » Le jeune demi-elfe puait tellement l’alcool qu’on aurait cru qu’il transportait une distillerie sur lui.