La Pierre du Serpent, Alchimie, Venins et autres Complots

Alors qu’il s’apprêtait à grimper les marches menant à l’étage, Wolfgar se ravisa en pensant à ce qu’avait dit le Gnome auparavant.

-Vous parliez des dangers que nous rencontrerons cher ami, commença Wolfgar tourné vers le Gnome toujours plongé dans les documents d’Haleass, vous dites vrai, ces montagnes seront certainement très peu accueillantes et comme vous l’avez suggéré, il serait peut-être préférable de commencer par le volcan d’autant plus qu’il se trouve plus proche de nous géographiquement. Quand aux sentiers possibles, une cartographie de ceux-ci serait vraiment la bienvenue, bien que certainement difficile à se procurer. Peut-être Gark ou Saline connaissent-ils quelques personnes pouvant nous renseigner ? Il vaudrait la peine, je pense, de s’en assurer.

Entendant la proposition de Belgos, Wolfgar se tourna vers lui et réfléchit à cette possibilité.

- L’idée est tentante, répondit-il, notre sécurité ne pourra en être qu’augmentée mais je pense que les divergences des renseignements recherchés poseront peut-être des problèmes. Mais en fin de compte, il nous sera toujours loisible de nous séparer à ce moment. Pour moi, votre présence à vous et à Kébur ne devrait pas entraver nos démarches respectives, qu’en pensez-vous Artifice ?

Entendant ensuite le soliloque du moine, Wolfgar admit la logique de la déclaration, Haleass semblait trop tenir à cette pierre pour ne pas en fignoler les moindres préparations. Quand à la question d’une résolution hâtive venant d’un des groupes, c’était une question à méditer et approfondir même si Wolfgar ne s’attendait pas trop à une réussite facile et ce, pour aucun d’entre eux.

- « La nuit porte conseil », dit Wolfgar à l’assemblée tout en souriant gaiement, il semble que le jeune Anin applique avec scrupule cette maxime.

Le gnome observa les compagnons quitter à compte-goutte la salle pour aller dormir. Les paroles de Somon affectaient peu les pensées de Binabik, car il n’y prêtait guère attention. L’alchimiste était occupé à étudier les documents entre ses mains et à établir des liens possibles entre ses suppositions intérieures. Il n’écouta donc guère les paroles des autres, tout comme celles de Somon.
Le mage fut sortit de sa torpeur foudroyante quand Wolfgar lui répondit tardivement. Il se contenta de hocher la tête et de s’étirer, pour finalement marcher un peu sur le sol. Il agita ses petits bras et répondit très vite à l’humain.

- File te coucher enfant des hommes, demain nous partirons avant que le soleil n’ouvre l’œil, et nous partirons seuls avec Gark et Saline. Nous ne constituerions que des poids pour chacun si nous nous lançons tous en ville, de plus, nous passerons plus inaperçu. Et puis j’ai mon plan.. Allez !

Binabik parla franchement, les autres allaient entraver ses affaires et le gêner dans ses mouvements. Passant sa main dans une de ses poches, Artifice toucha le tabac du vieil homme, et pensa fugitivement à Gal’tok. Il semblerait que la région pouvait bientôt passer sous le feu purificateur de Kossuth en personne..
Tout à ses réflexions, le gnome alla gentiment souhaiter bonne nuit aux autres, et plus particulièrement aux deux esclaves. Il leur rappela de venir avec lui et de se lever avant le lever du soleil.
Binabik ne souleva même pas la question d’un éventuel rassemblement tellement celle-ci était stupide. Le gnome se contenterait de rassembler ses éléments, et verrait le moment opportun pour aller voir Haleass.
Quelques minutes plus tard, une masse grise était assise sur une paillasse, près de ses affaires rassemblées, et compulsaient quelques sorts en attendant le sommeil venir. A vrai dire, il n’était pas vraiment fatigué..

La nuit sur Hlondeth apporta aux voyageurs la fraîcheur nécessaire à un repos agréable. Le calme de la ville nocturne tranchait avec l’animation débordante de la journée, mais les premiers bruits de chars, de marchands et de déchargements se firent entendre bien avant l’aube.

Après un petit déjeuner sobre et silencieux constitué des restes du dîner de la veille, chacun se prépara pour sa mission. Déplorant l’absence de Gark et de Saline, Tornes ne confondit pas moins en vœux de chance pour chacun des groupes et jura de garder la résidence jusqu’au soir. Les groupes partirent les uns après les autres de la demeure, se séparant pour une durée plus ou moins longue…

Belgos et Kebur

Le prêtre nain et le demi-elfe avait prévu de se renseigner auprès de l’Autel du Cœur Brisé, la chapelle locale dédiée à Ilmater. Le plan fourni par Haleass indiquait certes la position de l’Autel, mais toutes les ruelles, venelles, coursives et autres passages de la ville n’y étaient pas figurées et, pour éviter de se perdre, les deux compagnons décidèrent de suivre les grands axes, si tant est que l’on ait pu qualifier de ‘grand’ les rues étroites qui serpentaient en permanence. Malgré l’heure matinale, la ville grouillait déjà de badauds et de travailleurs, notamment sur les quais où transitaient des marchandises exotiques et parfois intrigantes. Ce n’est qu’après une petite heure de marche qu’ils arrivèrent à l’autel.

Celui-ci n’était guère plus qu’une maison en pierre dans une ruelle montante. Sur la façade d’un vert blanchi par la poussière, quelques gravures et une enseigne de bois distinguait le bâtiment des autres constructions, et sur la simple porte de bois les deux mains liées apparaissaient sur une peinture écaillée. Une douce mélopée se faisait entendre de l’extérieur à travers la porte.

Binabik et Wolfgar

La chaleur n’était pas encore revenue sur la ville, et la douce fraîcheur du matin était appréciable. Pour ceux qui n’étaient pas habitués au climat relativement chaud du Bief de Vilhon, seuls le soir et la matinée étaient véritablement agréables. Wolfgar profita de ce moment en silence.

A ses côtés, Binabik vérifia le contenu de son havresac tandis que Saline et Gark ajustaient leur propre sac à dos, plein de nourriture et de provisions pour plusieurs jours. Le visage des deux esclaves étaient aussi inexpressifs que la veille, et, dans la lumière verdâtre que procurait l’éclairage magique de la ville, leur teint blafard et leurs lèvres bleuies n’étaient pas sans rappeler l’aspect des morts-vivants.

Binabik Détection : 14 + 0 = 14 >< DD: 18 échec
Wolfgar Détection : 7 + 5 = 12 >< DD: 18 échec

Alors que les premiers rayons du soleil apparaissaient derrière l’Ugruth, l’expédition était prête à partir dans sa quête de noix de Bélan et d’épines de Percechausses.

Anin Soud

Les yeux fatigués de Somon Etali et son mutisme confirmait ce qu’avait redouté Anin Soud : le vieil aventurier n’était pas du matin. Loin de là. Il avait grignoté au petit déjeuner avec des gestes mécaniques et fatigués, et le jeune moine s'agaçait de la démarche hésitante du vieil homme. L’entraînement chez son maître ne lui avait pas laissé le luxe de grasses matinées, loin de là, et se lever avant le point du jour était devenu tout aussi naturel que de respirer ou de manger.

Ce fut donc le moine qui mena le vieil homme jusqu’au caravansérail voisin. Même si celui-ci n’était pas encore ouvert à la clientèle, il y régnait une agitation déroutante. Les premières caravanes de la journée vendaient leurs biens exotiques dans un concert de surenchères des divers marchands, tandis que d’autres faisaient décharger à leurs esclaves les marchandises arrivant sur des chars pleins à craquer. Certains commençaient à monter tentures et enseignes, tandis que d’autres profitaient de ce moment sans client pour partager un verre des excellents vins de la région.

Anin mit un temps conséquent avant d’apercevoir enfin un homme-lézard dans ce capharnaüm. Celui-ci pestait dans une langue étrange et sifflante tout en montant des tentures devant sa boutique.

Durant ce périple d'une heure, Kebur avait essayé de se repérer, tout comme il avait essayé de le faire le jour où ils avaient transité de la taverne où ils avaient rencontré Haleass à leur logement. Ce fut bien entendu sans succès avec toutes ces petites rues, fort différentes des grands axes des mines, bien perpendiculaires les uns aux autres et bien droits. Pour autant, Kebur avait encore étudié l'architecture de cette ville et ses habitants, qu'il avait trouvé pour certains, étranges, si ce n'est plus. Désormais, il restait devant la porte de ce qu'on appelait une "chapelle", estomaqué qu'il était par la pauvreté qui y régnait, déjà vue de l'extérieur. Après un long moment d'observation aux alentours pour vérifier si quelqu'un ne les aurait pas suivis.

- Qu'en pensez vous Belgos... Quelqu'un a t il pu nous suivre sans que nous l'ayons remarqué? Je ne me sens pas à l'aise dans cette ville serpentine... J'ai toujours l'impression d'être observé, surveillé... Je ne sais pas... Quelque chose d'angoissant... Enfin.

Il se mit en tête d'épousseter le symbole du dieu pleureur, pour lui redonner quelque peu de faste, pour autant qu'il en ait eu un jour. Après avoir fait son petit ménage, il fit le tour du pâté de maison, qui lui sembla fort petit pour contenir un lieu de culte à part entière. Avant de rentrer dans cette petite chapelle, Kebur se remémora les paroles du prêtre ainsi que l'humilité dont il avait fait preuve en annonçant à Kebur la présence de ces cultes.

-Ami rôdeur, que pensez vous de tout ceci... Cette pauvreté qui dégouline réellement d'un culte... Je trouve ça... Triste, malheureux et bien que j'essaie de le comprendre... J'ai du mal même. Enfin... Que diriez vous de rentrer et d'examiner l'intérieur et d'en profiter pour retrouver mon cher informateur? Bon, allez, j'y vais; vous me suivez?

Étant entré...
¤Ce n'est pas très grand ici... Rien à voir avec les temples dédiés à Moradin, enfin, en même temps c'est le dieu des pleurs et des tourments... Son culte ne doit pas être très riche...¤

Puis il chercha du regard l'homme qui l'avait informé au début de cette histoire, tout en regardant l'architecture, les murs, en cherchant quelque chose dont il ne connaissait même pas la nature lui même. Pourtant, il étudia l'architecture et les pierres qui avaient été utilisées pour construire cette chapelle.

-Mouais... Encore plus pauvre à l'intérieur qu'à l'extérieur... Et où peut bien être ce pauvre homme... chuchota Kebur à l'oreille du demi elfe

En fait je lance un jet de fouille dans la chapelle pour la nature des pierres avec mon bonus naturel de +2(connaissance de la pierre)

A peine levé, se contentant d’un déjeuner frugal, le rôdeur s’était attaché à étudier une dernière fois les documents laissés par l’alchimiste Yuan-Ti et plus particulièrement le plan de la ville. Sur la carte, il repéra du premier coup d’œil les lieux de culte et notamment l’Autel du Cœur Brisé dédié à Ilmater. Alors qu’ils se préparaient à quitter le bâtiment, Belgos s’efforça de se concentrer sur l’objectif de sa mission tout comme Kebur, qui à la grande surprise du rôdeur, s’était muré dans un silence surprenant, répondant à peine quand il lui posait une question ou l’interrogeait sur quelques points de détails.

¤ La journée commence bien !¤ maugréa le demi-elfe.

Alors qu’ils se dirigeaient vers la chapelle d’Ilmater, Belgos observait avec intérêt toute l’agitation qui les entourait tandis que le nain continuait à afficher un mutisme absolu. Pour être tout à fait honnête, le demi-elfe avait espéré que Kebur soit un peu plus causant, pourtant la veille au soir, il s’était montré un peu plus sociable en lui révélant en détail son entrevu avec l’homme vêtu des habits d’Ilmater et de la conversation qu’ils avaient eu ensemble. Ce dernier lui avait appris l’existence d’un culte maléfique dans la cité et de la volonté d’Haleass Extaminos de le détruire. L’humain l’avait poussé à rencontrer le Yuan-Ti. Belgos avait tiqué sur quelques détails mais il n’en avait pas parlé à son compagnon car il n’était sûr de rien, du moins pour l’instant. En regardant son compagnon qui marchait d’un bon pas dans la cité, Belgos restait perplexe.

¤ Je croyais les prêtres de Moradin plus bavards que cela ! Par la Seldarine, que les nains sont têtus et obstinés…¤ soupira le rôdeur.

Au bout d’un moment, ils trouvèrent enfin l’objet de leur recherche. Un bâtiment défraîchi, le rôdeur allait frapper à la porte quand il sursauta. Kebur venait de s’adresser à lui et pour la première fois de la matinée, il avait aligné quelques phrases.

- Est-ce que nous sommes suivis ? C’est possible mais l’agitation est telle qu’il est difficile de déceler quelque chose ami nain. Restons sur nos gardes.

Il jeta un coup d’œil machinal derrière lui tandis que le nain mettait de l’ordre dans ses affaires et se préparait à pénétrer dans le lieu de culte. Le demi-elfe tendit une main et agrippa le nain avant qu’il ne pénétre dans la chapelle.

- Par le sang de Correllon ! Je vous en supplie Kebur, soyons discrets dans nos démarches et évitons d’être volubiles dans nos propos et dans nos actions ! Ce qui a terme nous serait préjudiciable !

Les propos du demi-elfe étaient incisifs et il se doutait que le nain n’allait pas forcement apprécider le ton qu’il venait d’employer mais pour tout dire, le rôdeur s'en souciait guère. Depuis le matin, Belgos avait une mauvaise intuition et de par son passé et son expérience, son intuition ne l’avait rarement trompé.

Wolfgar s’était levé avec des courbatures sur tout le corps, cela faisait environ 15 ans qu’il n’avait plus dormi dans un vrai lit et, à l’instar du gnome et du nain, il aurait dû demander une paillasse pour lui passer sa nuit.

Ayant mis le nez dehors, pour la première fois depuis son arrivée dans la cité des serpents, il s’y sentait plutôt bien. En effet, la situation était prometteuse, la température, la quête, la compagnie l’entourant, tous cela le rendait de bonne humeur.

Regardant la petite troupe hétéroclite qui sortait de sa résidence temporaire, Wolfgar se dit qu’une association aussi inhabituelle que celle-ci devait faire bien attention pour ne pas se faire remarquer par des personnes hostiles. Heureusement le fait que les rues, même à cette heure matinale, soient bondées favorisait la discrétion.

Autre ombre au tableau, l’aspect de Gark et de Saline, Wolfgar avait vu Artifice chercher à percer sans succès le pourquoi de ce teint blafard et il s’y était donc attelé à son tour mais sans plus de réussite. La compagnie du nain et de la barde pourrait pourtant grandement contribuer à la bonne réussite du groupe, tant au point de vue de la bonne humeur que de l’objectif à atteindre.

-Gark, commença Wolfgar, parlez moi de vous s’il vous plaît, avez-vous certaines compétences particulières ? Vous savez certainement que allons devoir faire un long chemin à travers montagne et volcan, nous suivrez-vous sans problèmes ? Je m’adresse également à vous pour ces questions Saline même si je sais que vous avez beaucoup de talents en tant que barde, j’aimerais en savoir un peu plus si cela ne vous dérange pas.

Repensant ensuite à leur destination, Wolfgar se tourna vers le Gnome.

- Cher Artifice, demanda-t-il, j’ai quelque peu compulsé la carte mise à notre disposition par Haleass mais je n’y vois pas mention de magasin d’alchimiste ou autre pouvant nous être utile. Quelle direction pensez-vous que nous devrions prendre ?

Binabik évolua paisiblement au sein de cette majestueuse ville qui n’avait nulle autre pareille. Bien évidemment, il y avait d’autres endroits qui possédaient leur propre structure et qui se différenciaient, et c’est d’ailleurs cela que Binabik aimait, mais cette cité ressemblait à un serpent géant. Mais le fait le plus bizarre était que beaucoup véhiculaient l’idée que la région était le berceau de l’Humanité, et à voir ce qu’elle est devenue à présent, le gnome songea tristement que l’emprise du temps. Sur sa propre emprise. Alors le petit bonhomme accéléra le pas en quête de boutiques ouvertes, quitte à aller au caravansérail pour trouver les informations qu’il cherchait.

Depuis qu’il avait quitté le quartier général, Artifice affichait une mine blafarde, encore pire que son teint habituel. On aurait dit qu’il blanchissait à vue d’œil par moments, et il semblait quelque peu malade. Gark portait le lourd sac de l’alchimiste, qui pour le nain, ne devait constituer qu’une plume. Binabik avait aussi songé à se jucher sur son épaule, mais pour le moment, il préférait évoluer sur ses pieds, et tâtait le sol de sa pique.
Progressivement, le gnome dirigea le groupe vers le caravansérail lorsque l’humain posa ses questions à Gark et à l’alchimiste.

- Ma pensée ne me permet pas de savoir avec exactitude l’utilité de rencontrer un alchimiste de bas quartiers, je pense que nous avons de bonnes informations, mais trouver un herboriste confirmé serait une bonne chose avant de nous lancer à l’attaque.

Les bruits et les cris des rabatteurs formaient un ensemble plutôt assourdissant au sein du grand marché, et les étales naissaient à la vitesse d’humains. Très vite, le gnome repéra un marchand d’esclaves qui avait l’air « doué » et décida d’aller lui parler. Le gnome était plutôt bien habillé, Gark et Saline se tenaient derrière lui, et Wolfgar sur sa droite, comme un garde du corps.

- Olore’ à vous mon bon ami fit Binabik en prenant une pièce d’argent et en la faisant rouler entre ses doigts. J’aimerais que vous m’aidiez à une chose, voyez-vous, j’ai acheté ces deux esclaves pas plus tard qu’hier matin à un vendeur Yuan-ti, qui m’avait assuré que ces deux là étaient plein d’énergie et de vigueur. Et puis ce matin, ils étaient comme cela, comme des zombies à peine capables d’articuler deux mots. Comme par hasard, le marchand en question n’a pas l’air d’être là, mais comme vous avez l’air tout aussi doué, je pensais que vous pourriez m’aider à savoir la nature du mal qui ronge mes deux suivants ?

¤Et que tu aimeras mes piécettes..¤

Le gnome sourit affablement au marchand. Il voulait vraiment savoir quel poison rongeait ces deux pauvres êtres, et si possible trouver un remède à leur mal avant de partir à l’aventure.

En apercevant l'homme-lézard Anin tendit sa main et l'indiqua du doigt à Somon en tirant de l'autre main sur un bout de ses habits comme le ferai un enfant.

-Sir Somon, là, une homme-lézard !

Dit-il en souriant. Il était évident que le moine s'ennuyait un peu durant cette promenade avec le veil homme qu'il trouvait bien trop "terre à terre" au sens propre même du terme ! Jouer au Tarzan des villes lui manquait de nouveau mais il se contenait tant bien que mal.

-Je pense que vous serez plus doué que moi pour dialoguer avec ces types là. Vous pourriez ainsi me montrer l'exemple du comportement à suivre avec eux !

Finit-il en manœuvrant un signe de tête pour lui signifier de passer devant. Anin Soud n'était pas du genre à laisser les autres mâcher le travail pour lui mais il se savait très maladroit pour les pour-parlers ce qui expliquait son initiative de réticence.

Belgos et Kebur

Les deux aventuriers entrèrent prudemment et avec discrétion dans la petite chapelle. A l’intérieur, une cérémonie regroupait une quarantaine d’humains entassés dans la salle exiguë, tête baissée en priant, dirigés vers l’autel. Derrière ce dernier se tenait un vieil homme barbu, dont la bure élimée indiquait l’appartenance au clergé.

Kebur fouille: 15(dé) + 2 + 2 (racial) = 19 >< DD: 14 : réussite

Attendant la fin de la cérémonie en silence, Kebur et Belgos observèrent la pièce en détails. L’œil du nain, habitué à l’étude des pierres, ne tarda pas à analyser la maçonnerie du temple, et ne put réprimer un soupir d’admiration. Non seulement l’édifice avait été bâti avec un talent digne des architectes nains, mais la pierre elle-même de construction, qui n’apparaissait pas de l’extérieur, n’était rien de moins que la fameuse pierre verte de Hlondeth, ce matériau que l’on exportait à travers tout Faerûn tant ses qualités et sa beauté étaient grandes.

Le reste du décor ne correspondait hélas pas à cette luxuriante construction. Deux bancs en bois instables, encombrés de guenilles et de menus objets puants, occupaient le fond de la salle, plongé dans la pénombre. Le sol poussiéreux était nu à l’exception d’un tapis fatigué et troué sur lequel se tenaient les dévots. Les fenêtres sales possédaient de nombreux carreaux cassés et, au plafond, un vague reste de peinture témoignait d’antiques fresques. Seul l’autel, lui aussi en pierre de Hlondeth, apportait un peu de fastes à l’ensemble.

Alors que la cérémonie se terminaient et que les fidèles, personnes du peuple et mendiants, sortaient en silence, le prêtre se dirigea vers Belgos et Kebur.
-Bienvenue à l’autel du Cœur Brisé, amis voyageurs. Commença-t-il d’un ton amical et serein. « Je suis Atonin, Haut Prêtre d’Ilmater à Hlondeth. Que puis-je pour un nain et un elfe ? »

Binabil et Wolfgar

Le nain et la barde avaient répondu sans entrain à Wolfgar, de leur voix enrouée et mécanique.

-Je suis là pour tous vos travaux physiques, seigneur. Avait commencé le nain. « De plus, je ne crains nullement les longues marches même difficiles, et ce même si je suis chargé. Je sais également faire la cuisine et réparer la plupart des objets en bois. Voilà mes compétences. »

-Je suis une barde, seigneur. Avait répliqué à son tour Saline. « Je sais danser, chanter et jouer de la musique. Je vous suivrai en permanence, seigneur, où que vous nous ameniez. »

Des réponses qui n’avaient pas satisfait Belgos, mais ce fut les seules qu’il pût obtenir.

Au caravansérail, les boutiques ouvraient tout juste mais il y régnait déjà une agitation déconcertante. Le marchand vers lequel Binabik et Wolfgar s’étaient dirigés montra de l’intérêt pour la pièce présentée par le gnome. Après voir saisi celle-ci, il se dirigea vers les esclaves, les examina rapidement et revint vers l’alchimiste.

-Bah, mon bon gnome, ceux-là sont en parfaite santé. Répondit-il d’une voix de stentor. « Ouaip, j’comprends bien vot’ souci, l’air pâle et tout ça, j’ai toujours dit qu’c’était pas naturel. Mais y’sont opérationnels ces deux-là, pas de doute. C’est un poison qui leur fait ça. J’sais pu comment qu’ils appellent ça, les Serpents, mais ça vous lime la volonté. Du coup, c’est des esclaves livides et fades, mais dociles et en bon’santé. Les serpents, y’prétendent que ça les rend heureux, moi ch’suis pas trop sûr, mais bon… Toujours qu’ils sont opérationnels ces deux-là. Mais peut-être voulez un vrai esclave, pas un pantin ? J’ai justement une fille de Mulhorande, qu’j’ai capturée moi-même là-bas, belle comme un cœur, ça oui, et une sacrée danseuse. Et pas livide et maigre comme la vôtre. Qu’en dites-vous hein ? »

Anin Soud

Après l’intervention d’Anin, Somon se dirigea vers l’homme-lézard d’un pas sûr. Il y eut une conversation dans une langue que le moine ne comprenait pas, et celle-ci semblait assez agitée. Au bout de dix minutes de paroles entrecoupées de cris et de grands gestes, le vieil aventurier revint vers son jeune compagnon. Sans un mot, il s’assit sur les coussins d’un vendeur de vin proche, et commanda deux verres.

-Il ne veut pas vendre d’œuf. Expliqua Somon une fois les deux compagnons assis et servis. « Il dit que c’est interdit, et que seul son roi, un certain Griss’Tok, décide de ce qui se vend et à qui. Il prétend que si nous le convainquons, nous pourrons obtenir un œuf. Mais pour cela, il nous faut aller à Surkh. Et je ne sais pas ce qu’il appelle ‘convaincre’. On dit que Griss’Tok se fait un plaisir de dévorer les intrus. »

Le vieil aventurier se tut pour apprécier son verre. Anin ne put que constater l’excellence de ce vin servi frais.

-Il ne vend pas non plus de serpent rosier, et ne veut pas nous indiquer où les trouver. En revanche, il nous propose de nous emmener à Surkh dès demain, puisqu’il y retourne pour ses affaires. Contre cinquante pièces de Hlondeth pour nous deux. Qu’en pensez-vous, mon jeune ami ? Devons-nous chercher ailleurs ou irons-nous dans la dangereuse ville de Surkh pour trouver notre œuf demain ?

¤ Je vois je vois.. je me doutais bien qu’une substance étrangère les rendaient comme ça, mais je ne sais toujours pas quoi exactement, quelle plaie. ¤

Binabik fit rouler une dernière fois la piécette entre ses mains, sous le regard attentionné de l’esclavagiste. Cet attrait des humains pour l’argent avait toujours fasciné le gnome, et en cet instant, il ne savait pas s’il éprouvait du dégoût, ou de la pitié pour ce « marchand ». Il lança tout de même la pièce en direction de celui-ci et reprit la parole.

- Maudit lézard, il s’est joué de moi ! Plaida Binabik avec conviction. Le gnome avait hoché la tête et approuvait la réaction de l’humain. Cette pratique peut s’avérer utile envers les éléments réticents, mais j’avais spécifiquement demandé des esclaves ayant toute leur tête pour me seconder dans mon laboratoire. Non mais regardez-les, ils ne peuvent même pas tenir un alambic droit comme ça ! Vous au moins, vous savez de quoi vous parlez déclara Artifice, en levant un sourcil face à la proposition du « vendeur »

Binabik trouva intéressant ce que venait de dire l’esclavagiste. Il sortit alors sa pipe déjà bourrée d’herbe, et en un claquement de doigts, l’alluma avec son tour de passe-passe, qui ne laissait jamais indifférent les spectateurs. Il en proposa quelques bouffées ensuite au vendeur, car cela faisait souvent partie des protocoles lors du marchandage, bien qu’en réalité, rien que le fait que la bouche poisseuse de l’humain puisse toucher le bec de la pipe, répugnait l’alchimiste.
Faisant un pas en arrière, le gnome s’adressa à Wolfgar, assez bas pour que personne d’autre n’entende. Le rôdeur du d’ailleurs se baisser pour cela.

- Fais moi confiance, observe cette femme pour voir si quelque chose cloche, et fais moi signe.

Revenant près de l’homme, le gnome prit un air intéressé qui ravit l’esclavagiste. Mais une ombre passa sur le visage du gnome, alors qu’il prenait un air hésitant..

- Ha je ne sais pas.. J’ai déjà tout le personnel qu’il me faut, même si ces deux là ne sont pas des lumières.. D’ailleurs, connaîtriez-vous quelqu’un capable d’identifier le poison qui rend mes esclaves ainsi ? J’ai vraiment besoin qu’ils soient réactifs. Mais montrez donc voir cette femme, ça pourrait peut être m’intéresser après tout. Vous dites qu’elle vient de la Mulhorande, ça c’est intéressant.. Pour combien la cédez-vous ? Simple curiosité.

Binabik pencha la tête pour observer la femme à son tour. Il essaya de ne pas braquer sa vision sur les autres esclaves, car malgré ses efforts, les pauvres ne pourront jamais être tous libérés.