La Pierre du Serpent, Alchimie, Venins et autres Complots

Binabik sourit étrangement à monsieur Etali, et accepta son offre en prenant une pincée qu’il conserva. Le gnome, qui « vivait » aussi près des côtes du Calimshan ne reconnut pas cette herbe à pipe, qui est généralement caractérisée d’une couleur noire mâte, et d’un goût très sec, formant peu de fumée.
Binabik parla peu tout au long du repas, mais se régalait tout de même. Les mets proposés étaient tout simplement divins, et il proposa à Saline et à Tornes à venir manger avec eux, malgré les éventuelles protestations. Artifice en profita pour faire circuler ses épices aromatiques à l’assemblée, afin qu’ils donnent encore plus de goût aux plats. Ces herbes venaient de divers horizons, et des quatre coins du continent, aussi distribua-t-il de petites quantités. Tout en parallèle, le gnome observa l’appétit de chacun.
Gardant une mine un peu réservée, il repensa quelque peu à Gark en le voyant manger, quelque chose lui échappait, mais il se jura de savoir quoi. A défaut, il emploierait son propre cercle d’amis qui détermineraient à coup sûr l’étrange comportement de celui-ci.
Tiré de sa rêverie par les propos de Somon, et la nouvelle organisation des membres, Binabik finit de mâcher un bout de viande et l’avala pour parler après le nain, qui préparait déjà son voyage.

- Hé bien, pour parler organisations, je fais moi-même partie d’un groupuscule, comme je l’imagine, certains d’entre vous ici, soit par une association, soit par un culte ou des préceptes, ou une formation… car seul, nous évoluons difficilement en ces temps difficiles n’est-ce pas ? Enfin, les raisons qui m’ont amenés ici n’ont rien à voir avec la Fratrie à laquelle j’appartiens, tout simplement car tout ceci est très loin de leur domaine de prédilection, qu’est la cartographie. En fait, je fais en quelque sorte un retour à mon lieu de naissance pour voir ma famille, et quelques arrêts ici et là pour rencontrer des alchimistes, comme Maître Haleass. En revanche, je ne m’imaginais vraiment pas être embarqué dans une histoire pareille, mais le jeu en vaut la chandelle, du moins pour ce qui m’anime, et qui est les connaissances alchimiques qu’il peut m’apporter, voilà.

Hochant la tête et toussotant un peu, Binabik finit son assiette et se tapota le ventre. Le gnome n’aimait pas vraiment attirer les regards sur lui, sans doute était-ce génétique à sa propre race, même si lui-même était différent et plutôt sociable. Sortant de table poliment en priant de bien vouloir l’excuser, Binabik se retira pour se mettre devant une autre table qui était dans la même pièce. Il fit signe à Wolgar de le rejoindre quand il aurait fini, puis commença à consulter les fiches qu’Haleass avait bien voulues fournir, et enfin une carte de la ville et de la région. Le gnome était plutôt satisfait que Wolfgar l’accompagne, car en comparaison, Binabik ne comprenait absolument rien à ce que disait Anin, et le trouvait plutôt bête pour un humain, que cherchait-il au juste ?
L’alchimiste traça du doigt l’itinéraire à suivre pour se rendre près du volcan et dans les Orsaunes et le mémorisa. Il prit ensuite divers livres pour étudier quelques rudiments de son Art, ainsi que son grimoire de mage afin de se remettre en mémoire quelques sorts..

Pour le sport, j’essaie de déterminer la nature du tabac que Somon nous a filé,
Et pour le lendemain, je mémoriserai Coup au But, Armure de Mage et Projectile Magique à la place de mes sorts de niveau 1

Belgos s’était montré silencieux tout au long du repas, appréciant à sa juste valeur la qualité des mets servis. Assez étrange que cela puisse paraître, il repensa au dernier repas qu’il avait partagé avec sa famille, avant son départ de Shimilsta. Un moment unique qu’il avait vécu avec les siens et surtout avec son père, un père qui avait dans un premier temps essayé de le dissuader de quitter sa terre natale. Mais qui au final, avait accepté à contrecoeur sa décision, conscient que son fils devait mener à bien sa destinée. En y repensant, Belgos n’avait jamais été aussi proche de lui que cette nuit là.
En écoutant avec un plaisir non dissimulé les accents de violine jouée d’une main experte par Saline, le rôdeur se cala dans son siège et tritura machinalement la chevalière qu’il portait à l’annulaire droit, une manie chez lui, signe d’une intense réflexion chez le demi-elfe. Les discussions entre les aventuriers tournaient toujours autour du même sujet, le déroulement de la mission.

¤ Quel groupe hétéroclite nous formons là !¤ se demandait le rôdeur, perplexe.

Tout d’abord, le jeune Anin Sound qui essayait tant bien que mal de se montrer volontaire et qui tentait de prendre l’initiative.

¤ Il n’a rien à nous prouver. Du moins pour l’instant !¤

Depuis que l'humain était revenu, Belgos se tâtait pour lui demander quelle mission Haleass Extaminos lui avait demandé d’effectuée pour son compte. Question d’honnêteté et surtout indispensable selon lui, pour consolider la cohésion du groupe. De tout manière, tôt ou tard il l’apprendrait.

¤ Mieux vaut que ce soit tôt que tard d’ailleurs. !¤

Alors qu’il s’apprêtait à poser directement cette question à Anin, au risque de jeter un froid dans le groupe, il fut prit au dépourvu par la question que lui posa Kebur et qui le prit totalement au dépourvu. Il se raidit et remit à plus tard ses questions au moine.

- A quelle heure partons nous ?

Cette question était pourtant simple mais Belgos fut un moment sans voix par la nonchalance du prêtre car la réponse était d’une logique implacable. Il allait lui répondre mais déjà Kebur s’était tourné vers Gark pour discuter approvisionnement. Sans ciller, il secoua la tête, désabusé.

¤ Faudrait-il déjà savoir par où nous commencerons nos investigations. Et si possible avec toute la délicatesse que nécessite ce genre de mission!¤ aurait souhaité lui répondre Belgos.

Il se promit d'ailleurs d'avoir une petite discussion avec le nain trés prochainement. Le rôdeur se ressaisit rapidement quand le gnome prit à son tour la parole. Belgos l’écouta avec attention et quand il le vit se lever et rejoindre la table où se trouvaient les documents laissés par Haleass, il se leva à son tour et rejoignit le gnome à grande emjambée.

¤ Il est grand temps que nous examinions tout cela avec attention!¤

Wolfgar avait savouré le festin préparé par Artifice et Gark. Ses papilles reconnaissaient quelques-unes des épices que les Gnomes utilisaient pour cuisiner mais, remarqua-t-il avec admiration, la plupart semblaient venir de pays lointains. Il accepta d’ailleurs avec beaucoup d’empressement celles qu’Artifice proposa en surplus pendant le repas.
Alors qu’il finissait de manger, il s’étira de satisfaction se disant que son séjour commençait à devenir vraiment intéressant, du moins d’un point de vue culinaire, ce qui n’est pas négligeable.

Voyant Artifice lui faire signe de le rejoindre à la fin de son repas, Wolfgar laissa vagabonder son esprit.
Son futur compagnon de quête l’intriguait beaucoup, sa sociabilité était vraiment étrange pour quelqu’un de sa race, il n’avait jamais vu de Gnome sortir de sa forêt et encore moins s’intégrer dans un groupe multiracial. Pour preuve, bien qu’il ait grandi parmi eux, Wolfgar n’a jamais vraiment été intégré au village. Virfôn, son mentor, avait dû batailler dur pour que le rôdeur puisse seulement y rester et y faire son éducation. Dans ses souvenirs, son adolescence fut passée, pour la majeure partie du temps, seul en forêt.

Revenant de son moment d’inattention, Wolfgar remarqua que l’organisation de cette aventure commençait maintenant à être plus précise, et son objectif était maintenant bien défini. La présence des deux esclaves ne le dérangeait nullement, face aux dangers, le nombre faisait souvent la différence. Restait seulement que ces deux là avaient quelque chose de bizarre, il lui semblait que leur mouvements étaient assez mécaniques mais il n’arrivait pas à préciser ni à s’expliquer cette impression.

Se levant, Wolfgar se dirigea vers Artifice attablé devant les fiches qu’Haleass avait mises à leur disposition. Voyant les fiches, Wolfgar se remémora que les éléments à trouver étaient les noix de Bélan dans les montagnes de Orsaunes et les épines de Percechausses sur les pentes de l’Ugruth, le volcan proche de la ville.

-Cher Artifice, s’exclama Wolfgar s’adressant au Gnome, votre repas était splendide, vraiment. A vous aussi Gark j’adresse toute mes félicitations. Pour en revenir à notre mission, maître Gnome, me permettez-vous de consulter quelques instant ces fiches à propos des Bélans et des Percechausses?

S’attablant avec le Gnome, Wolfgar consulta lesdites fiches avant de commencer une entrevue avec son petit interlocuteur.

-Cher ami, commença Wolfgar, j’aimerais vous poser une question assez embarrassante, n’y voyez, je vous prie, aucune malveillance car cette décision ne me dérange aucunement. Donc par simple curiosité, je voudrais savoir pourquoi emmenons-nous les deux esclaves avec nous ? Comptez-vous leur venir en aide ?

Binabik hocha la tête pour les compliments, même si Gark avait été le véritable maître coq ici, et que le gnome n’avait fait qu’ajouter quelques petites choses ici et là, dont les fameuses épices qui avaient visiblement circonvenu au jeune humain.
L’elfe l’avait rejoint avant Wolfgar, sûrement pour consulter les fiches d’Haleass, enfin c’est ce qu’espérait l’alchimiste.
Lorsque le rôdeur consulta les croquis et les notes fournies par Haleass, Binabik fit le tour de la table et monta sur une chaise pour examiner une carte des régions alentours. Il prit soin de placer quelques poids pour permettre au vélin de ne pas s’enrouler à chaque manipulation, et de garder les reliefs magnifiquement représentés, à plat sur le support.
Alors que le gnome s’apprêtait à faire des repérages techniques, Wolfgar le questionna au sujet de Gark et Saline.

- Allons, pas de précipitationnement, j’ai la vague idée qu’ils nous seront d’une grande aide dans notre parcours, et si vous pensez par « aide » à les « libérer », alors je ne ferais rien de la sorte, nous viendrions ainsi à s’élever contre la loi et à des personnages puissants. Enfin, vous verrez bien leur utilité en temps voulu, vous ne serez pas déçu j’en suis sûr.

Quelque chose chez cet humain plaisait à Binabik, il n’aurait su dire quoi, mais le rôdeur, en plus de sembler plus ou moins proches de certaines valeurs naturelles, avait comme un certain.. Un certain cachet. Alors le gnome lui sourit encore une fois et lissa ses cheveux blancs en arrière. Il alla ensuite se débarrasser de quelques affaires, et se mit à l’aise, bras nus et pipe en bouche. Quelque chose d’étonnant, pour ceux qui connaissaient un tant soit peu les gnomes, était que Binabik était tatoué d’un étrange motif sur l’avant bras droit, et portait quelques étranges bijoux sur lui. Pourtant celui-ci ne se laissa pas distraire, et commença à reprendre sa lecture de la carte.

- Nous partirons dès que les principales boutiques de la ville seront ouvertes mon cher, nous irons chez certains boutiquiers pour rassembler quelques informations supplémentaires sur ce que nous cherchons, et nous verrons si certains marchands pourront nous venir en aide. Bien entendu, je doute que tout ceci soit si simple, sinon nous ne serions pas là à l’heure actuelle, donc nous irons ensuite faire une balade en contrée sauvage, vous avez une objection contre ça ?

Binabik se doutait que l’humain n’aurait rien contre le fait de quitter un peu cet endroit des plus bizarres, où il respirait une odeur frelatée, inspirée par des éléments malveillants. Artifice indiqua quelques lieux du doigt, des repères stratégiques où chaque personne du groupe aurait sûrement à se rendre dans les prochains jours.

- Ainsi Surkh est ici.. reprit le gnome. Il faut donc y aller par voie de terre, j’ai entendu dire que ces gens vivaient dans l’isolationnisme et pratiquaient la peine de mort pour presque tous les délits. Je présume que leur prendre un œuf est un délit, il faudra donc être très prudent si nous y allons, de plus, les Bois Humides regorgent de bandits qui n’obéissent qu’à eux même, et n’ont rien à faire du Bief. Quant aux Orsaunes.. Ces montagnes peuvent bien être aussi hautes que l’Épine Dorsale du Monde, et doivent comporter les mêmes dangers, à savoir des peaux vertes. Nous devrions peut être commencer à arpenter le flanc du volcan pour chercher les Perchechausses, et déterminer s’il existe des pistes ou sentiers utilisés par les chasseurs, cela nous faciliterai la tache.

Binabik se lissa la barbe un instant et se repassa une main dans les cheveux, avant de réajuster sa pipe qui n’était toujours pas allumée. Le gnome regretta intérieurement qu’il n’y ait pas un seul bosquet visible sur la carte, mais uniquement de la roche à perte de vue.

MJ

A la demande de Binabik, Tornes et Saline s’étaient joints au repas, non sans récrimination d’ailleurs de la part de Tornes. Les trois esclaves mangeaient de bon appétit, même si la jeune femme et le nain demeurèrent aussi apathiques qu’à leur habitude. Cependant, l’appétit de Saline surprit plus d’un aventurier, attendue qu’elle était à ne toucher la nourriture que du bout des lèvres. Au contraire, ce fut force faisans et moult poivrons qui terminèrent dans son estomac, et ce malgré sa maigreur flagrante.

Binabik : détection 14 (dé) + 0 =1 >< DD: 12 = réussite

Le tabac épicé offert par Somon était à nul autre pareil, et il ne fallut pas longtemps à Binabik pour le reconnaître. Appelé « tabac de feu » au Calimshan, c’est un mélange de grands crus et d’épices rares que seuls vendent les temples de Kossuth, et à des prix exorbitants. Quant à savoir comment l'aventurier avait pu l'obtenir, c'était un autre problème...

Alors que Gark et Tornes débarassaient la table des restes de repas, Saline se remit à jouer de la musique, cette fois avec une double flûte. Visiblement beaucoup plus douée avec cet instrument, elle jouait avec talent et application. Ses notes adoucissaient l’ambiance dans la pièce. Même Somon Etali prit la parole d’une voix calme et ténue.

-Je crois que notre ami moine a soulevé une bonne question. Quand nous retrouverons-nous ? Et comment serons-nous au courant s’il arrive quelques chose à l’un d’entre nous ? Pour l’instant, ceux qui resteront en ville passeront certainement les nuits dans ce local, mais qu’en est-il du rôdeur et du gnome ? Les pentes du volcan ont la réputation d’accueillir des monstres, et les Osraunes possèdent des repères avérés de dragons et de créatures pires encore. Je propose que, dans le cas où le groupe ne possède pas de nouvelles pendant deux dizaines de l’un de ces membres, celui-ci sera considéré comme mort et ayant échoué. Qu’en pensez-vous ?

C’est à ce moment que Gark apporta deux paillasses et des couvertures qu’il disposa sur le sol pour former des lits rudimentaires. Derrière lui le majordome, tout sourire, se frottait les mains en parlant.

-Messeigneurs, Prononça Trones d'une voix fatigué. "Puisque les seigneurs Kebur et Artifice veulent dormir dans la salle principale, il y a assez de chambres pour chacun d’entre vous. Les lits sont faits, et vous trouverez un coffre pour vos effets. La clef du coffre est sur celui-ci. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à me faire demander, ou appelez Gark ou Saline. Saline restera pour vous jouer de la musique si vous le désirez. Messeigneurs, acceptez mes excuses alors que je vais me coucher."

Le vieux majordome se retira dans la cuisine, dont il ferma la porte. Somon, lui, attendit la fin des discussions pour monter au premier étage et prendre possession d’une chambre. Les ronflements qu’il ne tarda pas à produire se firent entendre jusque dans la pièce

D'un signe de la tête, Belgos acquiesça aux propos de l'aventurier. Alors que ce dernier montait se coucher, le demi-elfe lança aux compagnons.

- Deux dizaines me paraissent suffisantes pour que les autres groupes puissent réagir en conséquence face aux imprévus.

Tout en disant cela, le rôdeur revit mentalement les documents qu'il avait consultés un peu plus tôt dans la soirée. Entre la prêtresse Mulhorandi, les prémices de guerre qui pouvaient déstabiliser toute la région, les luttes de pouvoir au sein de la caste dirigeante de la Cité des Serpents, il y avait beaucoup de chose à prendre en considération. Le demi-elfe scruta le prêtre nain. Lors de son arrivée, Belgos avait entendu Kebur évoqué avec le Yuan-Ti l'étrange visite qu'il avait eu à la taverne où il résidait. C'était peut-être par là qu'il leur fallait commencer.

¤ Prudence et réfléxion !¤ songea le rôdeur. Un précepte qu’aimait lui répéter son père au cours de ses entraînements.
Belgos prit la parole.

- En ce qui nous concerne, Kebur et moi, je pense que nous allons prendre le pouls de la cité avec toute la discrétion possible et imaginable.

Il se pencha vers le nain.

- Nous devrions peut-être commencer notre tour d'horizon par le temple d'Ilmater, qu’en pensez-vous Kebur?

Si un membre du clergé d’Ilmater avait rendu visite au nain, il fallait sans doute pousser un peu plus loin l’investigation en sa direction. Après tout, Ilmater n’était-il pas le patron de ceux qui sont écrasés et traités injustement ? A Hlondeth, le rôdeur estimait que le dieu pleureur devait être débordé.

¤ Nos actions ne passeront pas inaperçues, cela ne fait aucun doute. J’imagine assez mal que les questions de deux étrangers, mercenaires de surcroît, ne soit rapportés en haut lieu. ¤

Il regarda tour à tour ses compagnons et leur adressa un grand sourire.

- Une bonne nuit de sommeil devait nous permettre d’y voir plus clair et remettre de l’ordre dans nos idées. Le petit-déjeuner sera l’occasion pour nous de revoir les derniers détails.

Kebur avait écouté avec attention les propos du vieil aventurier et avait acquiescé ses paroles ainsi que la réponse du rôdeur demi-elfe.

-Oui, Belgos, je peux vous appeler Belgos? Je suis d'accord avec vous, toute la discrétion dont je peux faire usage sera de mise et ne vous inquiétez pas trop, je ferai de mon mieux! Quant à notre premier passage au temple d'Illmater, je propose d'y aller sans richesses affichées clairement, d'après mes sources, tout signe ostentatoire de richesse, quelconque, est une offense au dieu des pleurs et donc à ses fidèles. N'oublions pas non plus que dans cette ville les clergés sont relativement bien surveillées, quels qu'ils soient. Et les responsables en sauront sûrement tout sur nos faits et actes. Ce qui implique bien sur, cela va de soit, qu'ils nous fassent sûrement suivre si nous dérangeons à leurs yeux... Il faudra y faire attention...

Encore une tirade explicative que Kebur avait sorti d'une traite. Il avait pensé toutes ces choses pendant le repas et le discours du vieil aventurier. Bien entendu, il n'attendait pas moins que d'aller se coucher après la journée éprouvante qu'il venait de passer.

¤Oui...demain au petit déjeuner...il fera jour demain!¤

Sur ce, Kebur alla reprendre son Havresac qu'il avait laisser au pied de sa chaise durant le repas pour aller le placer, son armure par dessus, à côté de son lit. Il était désormais à l'aise, fumant ce merveilleux tabac que leur avait offert Somon. Il s'allongea sur sa paillasse l'ayant tâtée pour en tester la qualité, tout en repensant à toutes les choses qu'ils devaient faire, lui et le rôdeur le lendemain dès le lever...

¤Pauvres êtres tout de même ces croyants en Illmater. Comment peut on être si désespéré... En venir à vénérer le dieu des pleurs et de la souffrance. Il faut absolument que j'essaie de retrouver ce prêtre qui m'a aidé. Il faut que je lui demande absolument pourquoi il m'a dit ça à moi et pas à quelqu'un d'autre...après tout il y a plein d'autres prêtres bons dans la cité...non?¤

Puis il remit sa pipe dans son sac après l'avoir vidée de cette merveilleuse dose de tabac désormais inutilisable, et regarda le plafond de longs moments avant de trouver le sommeil.

Wolfgar savoura l’odeur de tabac qui sortait de la pipe de Kebur, même s’il ne s’était jamais habitué à fumer lui-même, il aimait toujours la compagnie des fumeurs de tabac de qualité pour l’agréable fumet en émanant. C’était un des plaisirs que trouvait Wolfgar les rares fois où il se trouvait en la compagnie des Gnomes du clan, il restait des heures à ne rien dire mais il voyageait parmi toutes les gammes d’odeurs flottant au gré du vent.

Wolfgar réprima un bâillement, la journée avait été bien remplie et les suivantes promettaient de l’être encore plus. Il avait écouté Belgos et Kebur débattre des moyens qu’ils allaient mettre en œuvre pour remplir leur part du contrat sans réellement y prêter attention.
Mais dans le discours de Somon, il se rappela que celui-ci avait dit que le groupe s’inquièterait si il n’avait plus de nouvelle de quelqu’un pendant deux dizaines.

-Je trouve que deux dizaines d’absence sont bien longues, dit Wolfgar à ses compagnons même si Somon dormait déjà comme un ours en hibernation, en effet souvenez-vous qu’Haleass veux préparer sa fameuse pierre avant je ne sais plus quelle cérémonie qui se déroulera dans trois dizaines. Alors en cas d’échec d’un des groupes, comment récupérer le retard s’il nous reste moins d’une dizaine ?

- Après tout, continua-t-il juste un instant de réflexion plus tard, je pense que le mieux reste que tout le monde réussissent sa mission et reste en vie, c’est bien sûr ce que j’espère vivement, sur ce, si vous n’avez plus de commentaire, je vais aller me coucher.

Préparant ses affaires, Wolfgar attendit encore quelques minutes pour avoir la réaction des autres avant de monter à l’étage.

Belgos se saisit à son tour de ses affaires pour aller se coucher tout en réfléchissant aux propos de Kebur. Il s’approcha du nain qui se préparait lui aussi à passer une nuit réparatrice. Le rôdeur adopta à son encontre un ton volontairement amical et chaleureux.

- Tu as raison Kebur, nos faits et gestes seront décortiqués et examinés dans le moindre détail. De plus, la nouvelle qu’Haleass Extaminos a engagé des mercenaires doit être déjà connue et pour ses ennemis, nous agirons en son nom.

Belgos s’agenouilla auprès du nain tandis que près de là, le rôdeur se préparait à quitter la pièce. Il lança à voix haute.

- De même, si Wolfgar et Artifice comptent rester un moment en ville, nous pourrions les accompagner un moment. Cela pourrait se révéler utile en cas où nous prendrions connaissances de nouvelles informations mais aussi semer le doute chez d’éventuels espions.

Anin Soud laissa ses compagnons discuter entre eux de leurs manière de procéder sans intervenir ; après tous cela ne le concernait pas vraiment. Puis lorsque Wolfgar remis en question le délai accordé au retour de chacun il fronça quelque peu du sourcil.

- Mon cher ami, répondit-il, votre raisonnement n'est pas faux, mais je ne pense pas que la "préparation" ou l'utilisation de cette fameuse pierre puisse durer plus longtemps qu'une semaine d'autant plus qu'Extaminos a dû l'étudier et se préparer à la recevoir depuis belles lurettes!

Tout en regardant la carte posée sur la table il se gratta le menton et reprit :

- Une autre question me vient à l'esprit : Admettons que l'une des équipes soit amené à réussir à rapporter les ingrédients plus tôt que les autres, que devra-t-elle faire alors ? Attendre les bras croisé que le groupe se rassemble de nouveau ? Il y a sûrement à partir de là un autre moyen de se rendre utile pour les autres non ?

Tout en attendant une réaction au problème soulevé il s'étira en baillant et enchaina d'une voix somnolente :

- De toute manière si vous n'avez de réponse aujourd'hui, nous en trouverons une demain ! Sur ce je vous souhaite une bonne nuit !

Le moine entama alors les marches de l'escalier et se dirigea vers la chambre qui lui était assigné. Une fois à l'intérieur il s'assura que toute les issues étaient verrouillées avant de faire un bond sur le lit et plonger dans un sommeil profond.