La Pierre du Serpent, Alchimie, Venins et autres Complots

Au bout de quelques secondes, Belgos s’avisa que son compagnon l’observait avec inquiétude. Il essaya de lui sourire mais de manière peu convaincante mais à ce moment là, le rôdeur était plus occupé à calmer les battements de son cœur.

- Tout va bien Kebur, tout va bien. J’étais un peu absorbé par ce que nous avions découvert.

Pris d’une impulsion qu’il n’analysa pas, Belgos avait vraiment ressentit l’importance de leur découverte même s’il ignorait tout du contenu de ces parchemins ou encore la signification de ces objets. Son imagination fit le reste. Le contenu de ce coffre ne serviraient-t-ils pas à une des factions qui luttait à Hlondeth, après tout cela était possible. Ce coffre avait été entassé dans un endroit peu qui avait peu de chance d’être découvert par le commun des mortels au moins sans un minimum d’attention. La pose de la grille était récente même si son apparence était trompeuse et qu’on l’avait prématurément vieillit pour ne pas attirer l’attention. Et au final le gardien suffisait à dissuader l'inopportun visiteur. Oui, ce contenu devait être important, peut être pas cruciale mais non négligeable. Il fit le tour des objets et sentit une curiosité presque malsaine l’assaillir. Après un court silence, Belgos s’éclaircit la voix.

- Ces rouleaux me paraissent anciens, ils pourraient parfaitement servir pour une cérémonie ne trouves-tu pas, pas exemple une cérémonie qui serviraient les desseins d’un des acteurs de cette lutte de pouvoir. Qui viendrait fouiller dans les égouts ? On dissimule le tout ici et on ressort le tout le jour où le besoin s’en fait sentir. Tu vas me dire que j’extrapole mais qui sait….

Le rôdeur secoua la tête en souriant.

- C’est dommage que nous nous trouvons si loin de Sundabar, là-bas, je n’aurais pas eu à chercher bien loin pour trouver une personne pour nous renseigner sur ces objets. enfin, qu’en penses-tu Kebur ? C’est toi le prêtre après tout ?

Malgré son inquiétude, le prêtre savait que la soudaine envie qui avait envahi son ami ne pouvait être grave, et c'est pour ça qu'il ne s'inquiéta pas outre mesure dès qu'il eut reçu la confirmation de ce point par son ami.

Aussi, il l'écouta avec attention, et il ne saurait dire pourquoi, en espérant déceler dans sa voix le mal qui avait fait surface quelques secondes auparavant, et avait agit durant un très bref instant, et ce, dans l'optique de débarasser son ami d'un quelconque mal...

Mais vraisemblablement, l'inquiétude du nain avait été presque infondée au vu de la réaction de son ami, qui bien qu'étonnante sur certains points, ne pouvait être que vraie...

-On cache tout dans les égouts...oui, tu ne dois pas avoir tord...Par contre je n'ai franchement aucun idée de ce que ça peut bien être...comme tu le disais si bien, au vu des parchemins, de la dague et du vase, je dirais une cérémonie sacrificielle en l'honneur d'un dieu quelconque, sensée accorder un pouvoir quelconque au communiant....Après, je ne sais pas du tout quel pourrait être ce rituel, mais un sage saurait très bien nous le dire, j'en suis sûr... Mais si c'est magique, on va tout de suite savoir ce qu'il y a écrit, et à quoi ça sert...

Aussi, le prêtre retourna dans une zone plus sûre, moins proche de l'eau huileuse et sombre des égouts, et en s'agenouillant, commença à invoquer la puissance de son dieu. Cette cérémonie improvisée dura près de vingt minutes, au bout desquelles il posa devant lui le paquet de parchemin pour l'avoir à portée de main.

-Excuse moi de t'avoir fait attendre, je n'avais pas prévu que je pourrais avoir besoin de ce genre de pouvoir. Bien, j'y vais.

Immédiatement, le prêtre ferma les yeux, puis se mit à incanter une courte prière au bout de laquelle il souleva ses paupières pour dévoiler des yeux transformés, totalement violets, sans pupille ni cornée...Puis il entreprit de passer en revue les parchemins, et même le vase et la dague, au cas où des écritures auraient été dissimulées magiquement...

Une fois ce petit tour terminé, il se tourna vers son ami...

-C'était juste pour lire...la magie...et...


Kebur prie Moradin, puis lance le sort Lecture de la magie.
Il passe ensuite en revue tous les objets.
Qu'est ce que cela donne ?

Parcourir la ville durant la majeur partie de la journée n’avait pas été du goût de Corwin, cela ne faisant qu’agrandir le mépris qu’il éprouvait à l’égard de ce peuple perfide, en qui il n’accorderait jamais une confiance totale. Quelle idée de construire des rues si sinueuses et encombrées si ce n’est de perdre les voyageurs trop curieux ! Tout ce ressemblait, les rues, les habitants de cette maudite ville, l’ambiance qui découlait de ces lieux. Il fût impossible pour Corwin de trouver un point de repère fiable lors de sa recherche.

Après moult tentative, il arriva enfin à ce qui semblait être le local mit à disposition pour ses futurs travaux. Mais quelque chose arrêta sur le coup le mage. Quelqu’un se trouver sur le seuil de la porte et durant une seconde, il se demanda si c’était bien ici. S’approchant pour vérifier son information concernant le lieu, il vint ce placer à coté de l’inconnu encapuchonné. Après quelques coups d'oeil vers l'inconnu, Corwin discerna ce qu'il pensait être les traits d'un homme.

¤ Encore un qui à certainement quelque chose à cacher. ¤

Il allait engageait la conversation lorsqu'il fut interrompus par l'ouverture de la porte. L’intervention de ce visage sans expression avait presque fait oublier l’inconnu au mage. Toisant la nouvelle venu il dit :

- Je viens de la part de ce qui semble être ton maître Heleass. J'ai affaire avec lui. Il m'a dit que c'est ici que je recevrai mes instructions en ce qui concerne mon travail.

Sur ce, Corwin ce tourna légèrement vers l'homme à côté de lui pour attendre sa réaction.

eux jours s’étaient écoulés depuis l’entretien de la Lame avec sa guildmestre.
Le plus ardu pour le sang-mêlé avait ensuite été de mettre la main sur un équipage qui accepte d’embarquer d’Arrabar vers Hlondeth, un descendant des pernicieux et maléfiques drows. Le tout sans trop de conditions et surtout sans questions indiscrètes .

De fait, si les demi-drows ne bénéficiaient pas de la même réputation que leurs aïeux, force était de reconnaître qu’en dehors de leur contrée d’origine, le Dambrath, l’accueil qui leur était réservé restait pour le moins distant.
Pour se jouer des interrogations des marins, il avait fallu au crinti endosser le rôle d’un fragile et malheureux amoureux transi, sous le coup d’un sort a priori permanent de transmutation et en quête de sa promise, enlevée par de sombres yuan-tis.
Le crinti avait même poussé son jeu d’acteur jusqu’à payer de fallacieux renseignements relatifs à une embarcation qui serait parti d’Arrabar le jour précédent et qui, aux dires des marins, transportait assurément une humaine aux allures de princesse ligotée, accompagnée par de sombres silhouettes. 3 pièces de cuivre et 2 pièces d’argent, dérobées à un soudard quelques heures avant l’embarquement avaient ainsi été pour le moins jetées à la mer.

Dès que la goélette avait quitté les docks d’Arrabar, le voyage s’était somme toute bien déroulé et avait laissé le temps à l’assassin de replacer bout à bout les bribes de renseignements qu’avait jugé bons de lui donner sa maîtresse.

Cela faisait maintenant à peine une heure que le crinti avait accosté et quitté avec moults remerciements ses faux informateurs, bienheureux des quelques piécettes empochées et du sort qu’attendait assurément ce jeune et penaud nobliaud.
¤ Bien, C’en est terminé des jeux d’ivrognes. Place aux choses sérieuses ¤

Après un premier échange succint de politesses, insuffisamment productif à son goût, le demi-drow se retrouva quelques rues plus loin, sur le point de pénétrer dans une autre batisse.

- Nous laisser entrer me paraît être un bon début ma chère. rétorqua le crinti à la demande de l’hôtesse sans préambule aucun. J’ai également une connaissance à rencontrer ici même.
Tharak, assez peu au fait de ce qui l’attendait, envisageait de pénétrer dans le bâtiment et d’y patienter jusqu'à l'apparition du maître des lieux, qui devrait être son réel premier contact en la place.

- Après vous. adressa Tharak à l’humain qui était arrivé au niveau de l’habitation en même temps que lui, l'invitant à le devancer d'un geste du bras. Trop habitué à ne laisser personne dans son dos, le crinti fit preuve de ce qui put passer pour de la politesse.

¤ Pas étouffé par sa discrétion ce brave garçon. Songea l’assassin consécutivement aux dires de l’inconnu. Mais j’ai comme l’impression qu’il va ma falloir composer avec lui. ¤

Il avait suffi de quelques mots de ce dernier pour permettre à la Lame de se rendre compte que tous deux étaient sur le pas de cette porte pour les mêmes raisons.
Cet Heleass dont venait de parler l’humain devait sans aucun doute être l’Haleass dont avait parlé la guildmestre.
Cet homme semblait intéressant. Et il faudrait au crinti le garder à l’œil et le faire parler dès que ses suspicions se verraient confortées.
Resteraient alors à cerner les motivations du deuxième individu.

ebur et Belgos

Quinzième jour de la Flétrissure, Mille sept cent onzième année du Règne de Sseth (1372 CV)
Lieu : Egouts de Hlondeth, Réseau Sud-Ouest
Météo : Humide, sombre et 20°C
Moment : Début de matinée

Précautionneusement, le Nain prit en main la dague et la vasque, en prenant bien soin de ne rien toucher qui puisse activer une quelconque magie. Se concentrant et puisant dans la puissance de Moradin, le prêtre essaya de détecter la moindre once de magie dans chacun de ces artefacts. Mais seul l'un des parchemins contenait quelque magie, probablement un sort visant à maudire temporairement une arme. Quant aux autres objets, à part une vague aura maléfique qui souleva le coeur de Kebur, rien n'était décelable. Prudemment, les deux compagnons inspectèrent le contenu du coffre.

La vasque sacrificielle était noire, gravée avec soin et délicatesse dans l'obsidienne etr l'onyx. Entre chacune des plaques arrondies de pierre, un serpent d'or était monté pour maintenir la solidité de l'édifice. Le pied était lui aussi d'or, mais recouvert par une sorte de poussière noire brillante. Il représentait deux cobras enroulés, gueule béantes, au dessus de cadavres animaux. On y voyait une vache, un faucon, un crocodile, un chat et trois hommes, décapités et sanguinolents.

Les motifs de la dague étaient très semblables, représentant aussi un immense cobra noir s'enroulant autour d'une lame d'obsidienne plus tranchante qu'un rasoir. Enfin, le cobra prêt à mordre était visible sur chacunes des quatre amulettes d'argent, enroulant ses noirs anneaux autour de différents symboles inconnus des deux compagnons.

Quelle que fut l'origine de ces artefacts, aucun doute que quelque sage en ville put identifier tout cet attirail impie...

Corwin et Tharak

Quinzième jour de la Flétrissure, Mille sept cent onzième année du Règne de Sseth (1372 CV)
Lieu : Hlondeth, autour du caravansérail de la Folie du Piquier
Météo : Chaud et sec, 27°C
Moment : Matinée

La demoiselle resta un moment immobile, sans aucune expression, comme si les paroles des deux interlocuteurs n'avaient pas été prononcées. Quelque chos edans son regard et dans l'absence totale d'expression génait profondément aussi bien Corwin que Tharak. Finalement, ce n'est pas d'elle que vint une réaction mais de la voix d'un homme à l'intérieur.

-Saline, qu'attendez-vous pour les laisser entrer? Maugréa la voix éraillée d'un homme. Immédiatement, la jeune femme se décala, laissa pénétrer les deux individus et referma derrière eux la porte avant de retourner à son travail.

La salle dans laquelle venaient d'entrer le mage et le crinti était assez spacieuse pour une maison de ville, et une table de bois massif entourée de deux bancs y étaient disposée. Avant qu'ils n'aient eu le temps de dire quoi que ce soit, Tharak et Corwin virent venir à eux un homme âgé, courbé, habillé dans une extravagante et voyante livrée rouge. Il se courba avec insistance devant eux, et leur adressa un sourire aussi large que forcé.

-Vous devez être les nouvelles recrues, n'est-ce pas? Lançant-il d'une voix obséquieuse et aux intonations d'Arrabar. "Entrez, entrez, chers maîtres. Je suis Tornes, serviteur du seigneur Gal'Tok, et je serai vtre majordome ici tant que durera votre mission. Je m'occuperai de toutes les questions matérielles et logistiques, pour que vous puissiez vous concentrer sur votre seule mission. Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, surtout n'hésitez pas à me demander, je suis, fort humblement, à votre service."

Le veillard fit signe aux deux aventuriers de s'asseoir à la table, que lui-même gagnait. Un livre de compte ouvert, un plumier et un encrier y étaient déposés.

-Le départ de maître Wolfgar et de maître Artifice m'a rempli de tristesse, heureusement je vois que la relève est largement digne de vos illustres prédécesseurs. Les nouvelles vont vite à Hlondeth, mais pas assez pour que je puisse connaître votre apparence déjà. Excusez mon incorrections, mais l'un d'entre vous doit être le seigneur Corwin d'Halruaa, non? Et l'autre devrait être la nouvelle recrue de mon seigneur Gal'Tok, si je ne m'abuse?

Quand le prêtre réalisa qu'aucun des objets qu'il avait devant les yeux ne dégoulinait de magie noire, il fut quelque peu déçu, avant de ne se sentir mal, comme si quelqu'un venait de lui mettre un grand coup de masse dans la tête.

La vague de pourriture et de noirceur avait été si forte en l'esprit du nain, qu'il se demanda même si le rôdeur ne l'avait pas ressentie. Il se tourna vers lui, un peu hagard, s'efforçant pourtant de contenir cette vive douleur éphémère pour que rien n'y paraisse, mais il ne vit rien dans les yeux comme dans le comportement de son compagnon qui aurait pu trahir la sensation d'une telle vague de noirceur divine.

Aussi, prudemment, il redéposa au fond du coffre les objets les uns après les autres, pour se relever et réajuster convenablement son armure et ses armes, qui l'air de rien, avait été quelques peu attachées à la va-vite et qui dérangeait le prêtre quelque peu : situation délicate à expliquer lorsqu'en plein milieu d'un hypothétique combat, un prêtre se met à se dévêtir en prétextant un simple dérangement au niveau de son armure, alors qu'en face se dressent quelques assassins oniriques, qui représentent, eux, plus qu'un dérangement mineur....

Toujours est-il qu'une fois mieux dans son armure, il entreprit de découper en petit morceau la tunique qui faisait office de rempart entre sa peau et son armure, de telle sorte a pouvoir poser, au sec, sur ce tissu, les objets découverts dans le coffre. C'est à ce moment qu'il se rendit compte qu'il accomplissait quelque chose qui devait paraître étrange au demi-elfe, d'autant plus qu'il était resté jusque là dans un mutisme déroutant...encore plus, si l'elfe avait pu apercevoir sa gêne lorsque la houle noire l'avait englouti pour s'enfuir lâchement immédiatement après...

Il esquissa un sourire, et continua pourtant sa tâche, ce qui lui prit environ 5 minutes, et un bon quart de sa chemise. Par la suite, il s'assit devant ces objets, et se tourna vers son compagnon...

-Eh bien mon ami...que de belles choses nous avons là! Elles ne sont pas imprégnées d'une quelconque magie offensive, ni défensive d'ailleurs, nous n'avons rien à craindre. J'aimerais bien savoir d'où ils viennent tout de même!...et peut-être pourront nous en tirer un bon prix, de l'obsidienne et de l'or...les adeptes qui ont fait ces objets n'étaient pas pauvre, et par conséquent, le culte impie dans lequel ils pataugeaient devait avoir des moyens aussi...moi, tous ces cobras ne me font penser qu'à une seule chose. Sseth.

Ce dernier mot était sorti difficilement de la bouche du prêtre, comme si le nom seul de ce dieu impie évoquait en lui des maux terribles. Il resta muet encore quelques instants, avant de se ressaisir visiblement.

-Tu en penses quoi toi ? En plein milieu des égouts, cacher dans un coffre, gardé lui même par deux serpents, des objets de culte d'une telle beauté, il faut bien l'avouer, mais aussi d'un tel prix, qui pourrait bien faire cela...je me le demande. Enfin, je suppose qu'il suffirait de demander à quelque sage de nous dire que sont ces objets, et nous serions éclairés immédiatement ...

¤Parfait!¤ se réjouit intérieurement Sarawak
¤Celui-ci fera très bien l’affaire. Finalement les égouts de Hlondeth ne sont peut-être pas si dénués d’intérêt que ça¤

Le druide contempla quelques secondes l’élu, tout en se gardant bien d’approcher ce dernier de trop près. En effet, le serpent suscitait dans l’esprit du demi-orque une légère crainte qui était à la hauteur du danger qu’il représentait. Dans de telles circonstances la prudence se devait probablement d’être de rigueur.

¤ Reste un peu éloigné¤ se répéta à deux reprises Sarawak pendant ces quelques instants

Peu après, le druide se mit à sourire l’espace d’une fraction de seconde. En effet, Sarawak, qui ruminait son plan depuis pas mal de temps, n’avait pu s’empêcher d’anticiper un peu la suite des événements en ajoutant dans sa tête:

¤Sait-on jamais. Un accident est si vite arrivé…¤

Le sang-mêlé le savait, le moment était idéal. Restait pour lui à passer à l’action.
Le druide, immobile depuis son identification du spécimen mortel, se mit à chuchoter le plus doucement possible pour ne pas trop attirer l’attention de Nolatari, assise à quelques mètres de là. En harmonie avec ses paroles, il effectua calmement avec ses bras les mouvements nécessaires pour incanter un sort. Il s’agissait pour Sarawak, au sens propre comme au sens figuré, de se mettre ce serpent dans la poche…

Sarawak lance charme animal sur le serpent venimeux

Belgos se passa une main dans ses cheveux poisseux de sueur, tandis qu’il laissait Kebur faire office de son art. Ces quelques minutes ne furent pas inutile spour le demi-elfe qui réfléchissait à la situation. Remonter à la surface était une idée tentante, pour celui qui avait vécu la majeure partie de son existence à l’air libre, sous les frondaisons protectrices de la Forêt des Ombres, évoluer sous terre était un calvaire. Mais il n’y avait pas que ça. Quelque chose était en train de changer en lui, il avait commencé à se poser une multitude de question tout au long du trajet qui l’avait amené à Hlondeth, une impression de malaise qui s’était renforcée au fil du temps.

¤ Cette mission a été mal préparée et jamais je n’aurais du quitté le Bastion sans avoir palier à certaines aberrations !¤

Aberration ? Par là il fallait comprendre qu’un agent de la Compagnie des Marches envoyé à des centaines de lieux des Marches d’Argent sans moyen de communiquer avec ses supérieurs était une de ses aberrations. Jusqu’ici, Belgos avait obéit presque aveuglement aux ordres de la Compagnie mais au fil du temps il s’avérait que ce qui fut pour lui comme une seconde famille était en train de se désagréger. Oui, voir la prestigieuse compagnie des marches ainsi se perdre, lui arrachait le cœur.

¤ Le temps passe et si cela continue ainsi la Compagnie est vouée à disparaitre !¤

De telles pensées pouvaient passer pour de la trahison mais Belgos voulait encore y croire, il devait encore y croire. C’était sans doute la raison qui l’avait amené à quitter les Marches et de s’éloigner de ses frères et sœurs pour ne pas assister à cette déchéance et de faire le poing.

¤ Déchéance, le terme est un peu fort mais qu’en sera-t-il quand je rentrerais ? ¤

Quelques semaines avant de quitter Sundabar, Belgos avait assisté au conseil en vertu de ses responsabilités. Une session extraordinaire destiné à remettre la compagnie dans le droit chemin et de la hisser de nouveau vers le haut. Mais avec son départ pour le Bief avec son ordre de mission, il demeurerait éloigné de longs mois dans l’impossibilité d’avoir la moindre nouvelle..

¤ Là je crois que ce fut la chose la plus stupide, en insistant un peu, on m'aurait certainement confié un quelconque moyen de communicatio magique, tient, l'anneau de Murmure des marches! Là au moins on autait pu faire quelque chose!¤

Pourquoi Belgos se posait sur le moment de telles questions, il ne le savait pas ou il ne voulait pas le savoir.Se ressaisissant, il observa le nain remettre les objets dans le coffre éventré mais ne réagit vraiment que quand Kebur l’interrogea. Le demi-elfe fronça les sourcils. Et balaya subitement les sombres pensées qui l’agitaient. Il venait de prendre une décision par instinct.

- Kebur, nous prenons le tout avec nous et nous remontons à la surface pour nous rendre chez l’alchimiste Yuan-Ti. Il est temps que nous disuctions un peu. En outre, il se peut très bien qu’Anin se trouve de retour à la surface et de plus quelque chose me dit que ce que nous avons découvert là n’est pas anodin. Et sait-on jamais, le gnome lui-même pourrait nous éclairer sur notre découverte. Qu’en pensez-vous maître nain ?

Il regarda de nouveau le contenu du coffre.

- Et pour vous répondre, tout se luxe de précaution pour dissimuler ces objets, cela ne nous laisse guère de doute. Ces objets doivent servoir à quelques noirs desseins. Et qui mieux d'un Yuan-ti érudit pour nous renseigner sur ses objets. Non?

Bien sûr, le prêtre était tout à fait d'accord avec son ami. Du moins, d'un côté, car de l'autre, s'ils étaient descendus tous deux dans ces égouts, ce n'était pas pour jouer aux chasseurs de trésor, mais plutôt pour retrouver l'humain Anin.

Aussi, tout en réfléchissant, le prêtre commençait à ranger tranquillement et soigneusement dans son sac les objets qu'ils avaient trouvés dans le coffre.

Une fois l'ordre fait, il se releva, et se tourna vers son compagnon :

-Mon ami, il est clair que remonter désormais pourrait nous assurer une vie sauve. Et nous verrions alors en même temps la réaction de notre employeur face à ces objets dissimulés, ce qui pourrait se révéler intéressant. Pourtant, je crois me souvenir que si nous sommes venus dans ces égouts sombres et peu ragoûtants, c'était dans le but et l'espoir de retrouver le jeune humain Anin, qui n'était pas rentré le premier soir.
Vous souvenez vous de ce demi-orque mon ami, qui accompagnait alors Anin lorsque nous l'avons croisé en sortant de la cathédrale ? Sur le moment, nous n'avons pas eu le temps de parler, et depuis nous ne l'avons pas revu...mais une chose est sûre, avant que ce sang-mêlé apparaisse, nous savions ce qu'il en était d'Anin et du vieil aventurier qui l'accompagnait. Depuis, plus rien.
Peut-être n'est-ce qu'une coïncidence, mais si ce n'en est pas une, vu qu'ils avaient en tête de descendre dans les égouts, et si nous voulons vraiment les retrouver, alors il faut poursuivre sous terre.
Je m'en remet encore une fois a vous, voulons vraiment retrouver le jeune humain, ou préférons nous faire avancer l'histoire et donc par suite allez voir notre employeur qu'il nous informe sur ces objets impies ?
Maintenant, si vous voulez vraiment remonter, je vous suivrai, mais prévenez moi, que je ne laisse cette fois pas pendre ma barbe dans ce liquide noirâtre qui tapisse et remplit ces boyaux suburbains...

Finit le prêtre avec un léger sourire aux lèvres.
Encore une fois, il laissait la décision à son ami. Enfin, il avait lui même une bonne idée de ce qu'il préférerait faire, à savoir remonter pour assouvir son envie de savoir à quoi pouvait bien servir ces objets, mais il était tout de même tiraillé entre aller chercher le jeune moine peut-être en danger, et remonter à la surface...

Une nouvelle fois, la concertation avec le nain était une source de réfléxion etle rôdeur ne pouvait pas décemment laisser Anin dans la difficultée, car s'il devait lui arriver quelques chose dans ces égouts alors que lui et le nain auraient pu le sauver, il ne pourrait l'accepter. Cela allait à l'encontre des valeurs qu'il mettait en avant, il fallait donc avant tout essayer.

Le demi-elfe inspira prfondément et baissa la tête, son regard se rivant sur sa main droite et la chevalière qu'il portait. Il devait encore y croire, oui, il le devait!

- Kebur, tu as raison et si moi aussi je meurs d'envie d'en savoir plus, nous ne pouvons nous permettre d'abandonner Anin mais nous ignorons où il se trouve alors je te propose une chose. Nous accordons quelques heures à le rechercher ici bas et si nous sommes bredouiles d'ici là, nous remonterons à la surface pour aller voir notre employeur et lui soumettre notre découverte. Et accéssoirement nous pourrions prendre un bain non?

après un clin d'oeil au prêtre, Belgos s'empara de son sac.

- Avant de partir, partageons nous ces découvertes et reprennons la route, j'espère que cela vous convient maître nain!

Si le doute s'était emparé du demi-elfe, il s'était envolé, laissant place une nouvelle fois à une détermination renouvellée. De plus, il ne pouvait guère se plaindre car Kebur demeurait un compagnon fidèle depuis le début de cette aventure. Au moins, il savait pouvoir compter sur lui et c'était une grande chose.