La Pierre du Serpent, Alchimie, Venins et autres Complots

Belgos fronça les sourcils tandis qu’il écoutait l’officier, le regard rivé sur son visage. Il fit abstraction du doigt qu’elle agitait devant ses yeux et quand elle se tut, il ne put s’empêcher de secouer la tête en tentant de dissimuler son amusement. Il valait mieux en rire qu’en pleurer après tout car s’il ne doutait pas un seul instant de la véracité des propos du capitaine sur les dangers qu’encouraient ceux qui se frottaient aux Yuan-Ti, ce qui l’amusait, c’était qu’il commençait à perdre patience devant la complexité de leur mission et de la tournure qu’elle prenait. Et le pire, c’était que le début et c’est cela qui l’amusait. S’adresser directement à la régente ? Une idée fort peu judicieuse, d'évidence, autant se couper les veines tout de suite et se laisser mourir!

C’est au moment où il allait répondre à la femelle que taril fut frappé d’une crise de démence passagère, démence ? Peut-être pas après tout. Les paroles que l’ancien prêtre prononça dans son délire devait avoir forcément quelque chose avec leur affaire.

Le regard du demi-elfe glissa sur son compagnon puis sur Taril qui s'était calmé. Ils n’en tireraient plus rien sinon des bribes de choses qu’ils leur faudrait analyser et cela prendrait un temps fou. Et ils n'avaient pas le temps, la journée n'était pas encore finie et il souhaitait avoir un maximum d'informations à transmettres à ses compagnons à leur retour dans leurs quartiers. Il était donc temps de quitter ces lieux. Lentement, il se tourna de nouveau vers l’officier.

- Bien, nous avons fortement apprécié notre visite et je crains effectivement que nous puissions rien tirer de ce malheureux bougre. Nous allons donc quitter cet endroit mais auparavant, vous me parliez d’intermédiaire à qui nous pourrions nous adresser, lança le demi elfe avant de poursuivre sur un ton conciliant, il serait intéressant que vous puissiez nous donner quelques noms car pour être franc avec vous, nous n’en connaissons pas, je peux vous l'assurer. Ainsi fort de cela, nous allons pouvoir continuer nos recherches.

Il regarda de nouveau le pantin qu'était devenu Taril. A ce moment précis, le demi-elfe ne souhaitait qu’une chose, sortir d’ici, faire le point avec Kebur avant de poursuivre leurs missions. Et si l’officier pouvait leur être d’une quelconque utilité en leur fournissant un minimum d’information, autant jouer cette carte là. De plus s'il fallait la rétribuer pour cela, ce ne présentait pas de soucis, il préférait la payer pour qu'elle lui donner quelques noms au lieu de la payer pour qu'elle torture ce pauvre hère.

¤Le serpent vert...et le serpent noir...intéressant...oui très intéressant…sont-ce deux cultes? Deux sectes opposées? La Régente contre la prêtresse de Sseth?¤

Bien que Kebur était en train de réfléchir à ces bribes sans sens que la créature avait prononcé, il pensait bien évidemment comme Belgos à partir, et le plus vite possible de ce trou...Ca sera sûrement la première fois qu'il sera aussi content de voir le ciel, le soleil, et l'air vicié de Hlondeth...

Taril venait probablement de révéler les seules choses qu'il était capable de révéler, et ce, avant bien des semaines, si on en juge par l'état dans lequel il tombe après quelques paroles…

Toutefois, grâce à lui, les deux amis avaient désormais des indices...enfin, des couleurs de serpents plutôt. Cela ne pouvait bien sûr pas être un loto ou quoi ou qu'est-ce, mais Kebur aurait plutôt parié à ce moment sur les différents cultes qui se sont succédés en Hlondeth le précédent culte de la régente, le culte présent de Sseth, avec l'influence insidieuse de sa grande prêtresse sur la régente.

Toujours plongé dans ses réflexions, Kebur leva la tête successivement vers son ami, toujours discutant avec la capitaine, et vers Taril, qu'il regarda longuement avec un regard plein de sollicitude...de compassion...peut-être même de pitié. Hélas, le nain ne pouvait absolument rien faire pour son ami, il était hors de question de tenter quoi que ce soit pour le sortir de là, tant la situation serait périlleuse s'ils faisaient quelque chose.

¤Mon pauvre ami...toi qui était, certes déjà fou, mais qui m'avait informé d'une manière...non pas claire, mais c'était déjà ça!...bah...passons, puisses tu mourir vite, et puisses ton âme monter auprès d'Illmater...¤

Après cette pensée, Kebur tourna de nouveau la tête vers son ami et se rapprocha des deux en train de discuter informations pour mieux entendre..
Lorsqu'il arriva à proximité, Belgos était en train de demander justement à celle ci des noms..

-Je me permet de prendre la parole, mais comme le dit mon ami, nous ne savons rien...et donc, si vous pouviez nous indiquer ne serait-ce qu'un simple petit nom, un nom d'un de ceux que vous appelez les "intermédiaires"...cela nous aiderait vraiment beaucoup.

Peut-être n'aurait il pas du en rajouter une couche, peut-être le fallait il...toujours est il qu'à ce moment, le prêtre nain ne voulait rien d'autre, sinon sortir de ce lieu impie, et surtout, surtout, récupérer son bâton...et sortir…respirer un air pur, et non pollué par les différentes odeurs mêlées de cette prison, entre le poison mural et l'odeur de sang séché de la pièce où ils se trouvaient...

-Bien, sur ce...que diriez vous de discuter plus à l'aise? Dans une taverne, où peut-être simplement là haut?

Belgos écouta Kebur et se passa une main lasse dans les cheveux. a voir le nain, lui aussi épprouvait la même oppréssion d'être dans cet endroit et surtout qu'ils semblaient à ce moment précis de la journée tournée en rond. il imaginait non sans mal à leur retour le gnome faire ses commentaires et analyser la situation d'un façon...gnomesque. Pourquoi pensait-il à lui en ce moment là? Il l'ignorait. C'était même trés étrange.

Oui, il était temps pour le demi-elfe de prendre une bouffée d'oxygène et de récuperer son équipement à condition que tout se passe bien et que rien viennent de greffer dessus entre-temps. A voir comment les choses évoluaient, il ne serait pas du tout surprit qu'on vienne leur dire d'un façon un peu plus poussée qu'ils n'avaient pas à se meler de cette affaire.

Enfin c'était sans compter sur sa persévérance et celle du nain qui tant bien que mal suivait le rythme et faisait le maximum. en attendant,tout se bousculait dans son esprit du demi-elfe. Il songea tour à tour à Sebeck dieu mulhorandi, à Varae et à Sseth ou encore Kossuth. Les tenants et les aboutissants se mélangeaient ainsi que le nom des personnages qui semblaient jouer un rôle dans cette affaire.

Ils leur fallaient rassembler un maximum d'informations, c'est pour cela qu'il dévisagea l'officier un dernière fois se demandant si la femelle allait faire un petit effort de mémoire. Si elle n'avait rien à leur dire de plus, autant rentrer dans leurs quartiers et faire le point. Demain serait un autre jour. Il n'était pas persuadé que sa dernière idée était la bonne mais bon, il sentait le besoin impérieux de sortir de cette endroit qui pour tous les amoureux de la nature et les grands espaces était une abomination. Il étouffait.

En regardant l'officier une dernière fois, il se demandait si cette femelle pouvait penser à autre chose que de garder des prisonniers ou à torturer. Pour une fois dans sa vie, il arait été interessant qu'elle prenne son pied autrement. Enfin, il n'était pas dans sa tête, et un simple coup d'oeil Kebur suffit à lui faire comprendre que les deux amis étaient dans l'expectative et attendaient le bon vouloir de cette créature.

’alchimiste gnome observa avec minutie et attention la dernière réaction de son procédé scientifique. L’eau spéciale n’avait pas été trop brusquement agitée et avait remplie son réceptacle avec perfection. La sueur coulait du front du gnome mais ses lentilles le protégeaient de ce liquide salé. A l’aide de ses outils récemment acquis, Binabik resserra les dernières vis qui refermèrent son invention et qui libéra la goupille avec un « click » final et triomphant.
Bien que la compagnie du vieil homme fut agréable dans cette lourde atmosphère, l’évocateur estimait avoir perdu un temps précieux en rigolades et boutades. Il ne fallait pas se porter sur les émotions lorsque l’on pratiquait l’alchimie, car l’esprit en venait à être dérangé.
Avec un soupir de soulagement, Artifice soupesa sa merveille et la toucha avec délicatesse. Il ne prit pas le risque de la donner en main propre au vieux prêtre mais lui permit d’y voir de plus près la version finale de ses heures de travail.

- Voici ce que j’appellerai la Grenade à Implosion modèle I, la Frozarh. Ce petit bijou technologique part du même principe qu’une flasque de feu grégeois, mais est beaucoup plus compact, donc doublement dangereuse. L’explosion brûle tout autant, mais elle est provoquée par une froidure intense, et la Frozarh I peut rouler à terre jusqu’à atteindre sa cible, et possède un système à retardement bigrement efficace. Nebelun en personne m’est apparu en rêve, me guidant vers les fantastiques calculs me permettant d’aboutir à cette, consécration hum..

Binabik leva ses lunettes sur son front et réprima un bâillement. Son ventre gargouillait sérieusement et l’alchimiste commençait à fatiguer de sa longue journée de marche. Journée qui cependant, fut très fructueuse. Bien que le vieil homme lui fut sympathique, Binabik ne sentait pas l’âme de l’aider outre mesure, ceci était dans sa nature. Le gnome se voulait souvent impartial, et à trop vouloir basculer dans tel ou tel camp, cela attirait toujours des ennuis. Malgré cela, une évidence s’immisça dans son esprit tortueux, s’il voulait partir en paix, il devait se débarrasser d’une manière douce de ce vieux fardeau.

- Hé bien écoutez, si vous avez des recettes spéciales à n’en plus finir, ou même quelques livres, je serais ravi d’en être le dépositaire, votre savoir ne sera pas perdu, et transmit pendant de longues générations croyez moi. L’idée de posséder de nouveaux ouvrages et connaissances excitait Binabik plus que tout. Maintenant.. Puisque vous semblez ne plus avoir votre place ici bas, pourquoi ne pas partir vers une contrée ayant besoin des talents d’un alchimiste confirmé ? Plus on vieillit plus on sait de choses, et je suis sûr que nombre d’élèves voudraient être votre apprenti. Vous pourriez ainsi former une nouvelle jeunesse d’alchimistes et redonner goût à cet art à nos jeunes aventuriers. De plus, votre art oratoire en captivera plus d’un, surtout les plus jeunes qui n’aspirent qu’à une vie d’aventure et d’armures en peau de dragon chromatique à aile de bison et aux pattes de poules géantes. Pensez donc aussi à vous fabriquer des potions pouvant accroître votre agilité perdue, la vie d’un humain est trop courte pour être gâchée, il faut en profiter un maximum.. N’est ce pas ? Après un silence, le gnome rangea ses affaires et commença à faire ses adieux au vieil homme. Ce fut un plaisir vraiment, j’espère pour vous que vous trouverez une nouvelle ambition et que vous ne vous laisserez pas abattre par l’âge..

Ayant toutes ses affaires en main, Binabik entreprit de rejoindre Gark à l’entrée du temple puis de bifurquer vers le QG, en passant par les rues les plus bondées de monde. L’alchimiste prendra soin bien entendu de redonner son lourd sac à son compère et de surveiller ses arrières, comme ses côtés..

Sarawak parvint, grâce à son flegme druidique, à rester calme face aux centaines de serpents grouillant dans le tunnel nauséabond. Il se retourna calmement vers les autres aventuriers puis leur dit a voix basse:

-Restons calmes. Une trop grande agitation causerait probablement notre perte dans ces égouts malfamés malgré les quelques dons que je possède pour calmer ou perturber les animaux.

Le demi-orque dirigea son regard vers Somon tout en songeant que seule son aide pouvait leur permettre de se sortir d’une si mauvaise passe:

-Vieil homme, reconnaîtriez-vous le serpent que nous cherchons parmi ces reptiles rampants, apodes et visqueux? Vous seul pouvez l’identifier. Je dois vous avouer que je n’aspire pas à séjourner trop longtemps en ces lieux inhospitaliers. Il serait plus profitable de le dénicher ici que de risquer égarement et mauvaises rencontres.

Sarawak repensa alors à l’intervention de Nolatari et prit le temps de lui répondre pensant qu’un silence la vexerait:

-Eh bien, si nous ne trouvons pas le serpent ici, je propose d’aller dans cette direction dit-il avec une pointe de dérision.

Le demi-orque faisait face à l’échelle par laquelle les aventuriers avaient pénétré dans les égouts. Visible grâce au halo des torches de Somon, il leva le bras droit pour indiquer un côté. Sa décision était des plus arbitraires car il n’avait pas plus de raison de privilégier une direction qu'une autre.

¤Dans quelle direction ? Qu’est-ce que j’en sais moi ? Comme si on avait plus de chance à gauche qu’à droite ! Un animal à trouver et bien-sûr ça retombe sur le druide de service. Mais ai-je le choix si je veux m’intégrer au groupe ?¤

Sorts mémorisés : Illumination (0), Hébètement animal (0), Purification nourriture et eau (0), Amitié avec les animaux (1), Convocation d’alliés naturels 1

Tornes était tout à ses courbettes et Wolfgar ne l’écoutait que d’une oreille distraite.
Il repensait encore au combat qu’il venait de mener en se disant que la personne qui avait convoqué le traqueur aurait pu le faire avec une bête encore plus féroce. Cette idée n’avait rien de rassurant.

Quand Tornes eut annoncé l’arrivée de Nolatari, Wolfgar trouva cette arrivée quelque peu incongrue mais plutôt bienvenue tout de même, plus vite ils en auraient fini avec cette histoire et mieux cela serait.

- Merci pour cette nouvelle cher amis, répondit Wolfgar, je suis ravi de la venue de cette elfe. Vous m’avez proposé de me restauré, si je ne me trompe, et bien j’accepte volontiers cette proposition. Saline, vous vous joindrez bien à moi pour ce repas, vous aussi Tornes. Nous attendront ainsi le retour de mes autres compagnons.

Ceci dit, Wolfgar entra et se passa de l’eau claire sur le visage pour se rafraichir. Il s’installa ensuite à la table principale pour s’y restaurer

Binabik

Le vieil homme répondit en riant aux remarques de Binbaik:

-Voilà qui est bien généreux comme offre, mais je reste encore avant tout un serviteur de la Dame de la Joie. Ma place est ici, dans ce temple, comme l'est celle de mes ouvrages. Qui plus ets, je suis trop vieux maintenant pour intenter un nouveau voyage, et je me suis attaché au joyau du Bief. Mon plus cher souhait est de fermer les yeux pour la dernière fois face à Hlondeth et les réouvrir uniquement devant Liira elle-même...

Dans un mouvement lent mais sûr, le vieillard se redressa pour parler une dernière joie d'une voix joyeuse.

-En tout cas, revenez quand vous voudrez ici. Je serai heureux de voir mon laboratoire servir encore, et mes ouvrages consultés. Au revoir, et que la Bénédiction de Liira vous suive!

Equipé de sa nouvelle invention, le gnome albinos se mit en route à travers les rues de Hlondeth vers le domicile mis à disposition du groupe d'aventuriers.

Binabik et Wolfgar

Tornes sembla surpris par la réflexion de Wolfgar, mais ne répondit rien. D'un geste, il fit signe à Saline de préparer le repas dans la cuisine, et la jeune Yuan-Ti s'éxécuta sans aucune émotion visible.

Wolfgar était à table avait presque terminé son repas en compagnie de deux 'esclaves', quand Binabik passa le pas de la porte, immédiatement suivi par Gark. Pour quelque raison, le gnome semblait de bonne humeur, et son sourire tranchait avec l'impassible et inexpressif visage du nain.

En moins de temps qu'il n'en faut à un moine Mulan pour réciter les 107 principes du Maat, Tornes se leva et salua avec force courbettes le gnome. Il lui expliqua en deux mots la situation, l'arrivée de Nolatari dans le groupe et le repas qui l'attendait. ET jeta un coup d'oeil noir à Gark.

Belgos et Kebur

Le capitaine parla d'une voix aussi méprisante que posée.

-Je ne connais aucun endroit plus plaisant que celui-ci. Je ne quitte jamais la prison, pour quelque raison que ce soit. Mais je dois avouer que je suis déçue. J'attendais mieux, bien mieux d'aventuriers engagés dans ces histoires. Théoriquement, je ne devrais rien vous dire, mais vu les conditions...

La créature soupira en haussant les épaules, jetant un regard rapide vers la porte.

-Le mage Semorav possède un agent officieux mais reconnu, une certain Ess'Tamo. Il est le tenancier d'une joaillerie, 'Les Pierres Entrelacées', près du caravansérail de l'Halonder. Amenez votre affaire avec délicatesse, ne mentionnez jamais le nom de Semorav, et peut-être pourrez-vous obtenir ce que vous cherchez. Quant à la régente, tout Hlondethien peut demander une audience, mais son agent le plus sûr et le plus connu est certainement le majordome de sa maison, un humain du nom de Kovartis. Je ne peux pas vous en dire plus. Bien sortons.

La créature se dirigea vers la porte. En chemin, elle passa devant Taril, lui arrachant un morceau de peau sans ménagement. Le malheureux prisonnier se tordit de douleur, ce qui semblait provoquer le plaisir de la geôlière. Prenant le morceau de peau d'une main, elle passa ses ongles sur celui-ci, dont le contact libérait une légère fumée et ne odeur de chair grillée. Elle invita les deux aventuriers à sortir tandis qu'elle leur tenait la porte dans une parodie de courtoisie. Lorsque Kebur passa, elle glissa le morceau de peau encore sanguinolent dans l'une des poches du Nain.

Sortir de la prison leur fut long et difficile. le demi-elfe et le Nain durent subir toutes sortes de fouilles et d'interrogatoires, tous menés par le capitaine dans des salles plus horribles les unes que les autres. La créature semblait prendre un malin plaisir à repousser la sortie et à humilier ou pousser à bout le prêtre comme le rôdeur. A moins que ce ne fut une sorte d'avertissement.

Lorsque Kebur et Belogs furent enfin à l'extérieur, la nuit était déjà tombée depuis au moins une heure, et ils avaient vécu les pires moments de leur vie. Au moins étaient-ils vivants, en possession de tous leurs biens, et en bonne santé. A bien y réfléchir, cette entrée et cette sortie sans problème majeur était intrigante.

Les épreuves de la sortie avaient été tellement éprouvante que Kebur faillit oublier le morceau de peau laissé par le capitaine. Il y était écrit, dans des lettres brulées, un seul mot: 'égouts'.

Anin et Sarawak

Somon regarda un long moment les serpents qui grouillaient, fouillaient dans les débris de poisson et sifflaient en cacophonie. Avant de convenir qu'il n'en voyait aucun qui correspondât à la description. Après un soupir et un haussement d'épaules d'Anin, le groupe se mit en route.

Il n'y avait aucune raison de préférer un chemin à un autre, sinon l'instinct. Choisissant leur itinéraire plus au flair qu'à la réflexion, les compagnons s'aventurèrent de plus en plus profondément dans le réseau d'égoût qui, comme la ville, contenait maints tours, détours et convolutions aussi déroutantes les unes que les autres. Sans parler, bien sûr, de l'odeur infecte ni de l'angoisse provoquée par les hordes grouillantes d'ophidiens. Tout cela ne rassura en rien les aventuriers, d'autant moins qu'aucun serpent roselier n'était visible.

Soudain, un mouvement de panique s'empara des serpents, qui fuirent derrière le groupe. Quelques grognements se firent entendre, et émergèrent de l'eau, à quelques mètres d'eux, trois crétures puantes. Un peu plus petites qu'un halfelin, elles rappelaient une sorte de lézard bipède au écailles griseâtres et au vente jaune et velu. L'une d'elle entreprit de parler, d'un voix gutturale et assez désagréable:

-Vais pës dérëegosr oëîtross.

Initiative:
Somon: 18
Fangeux 3: 18
Anin: 13
Fangeux 1: 11
Sarawak: 10
Fangeux 2: 10
Nolatari: 7

rtifice ne manqua pas de saluer le vieil homme avant de partir, et lui promit qu’ils se reverraient bientôt si l’occasion s’en présentait.
Le gnome profita de l’air nocturne et de la solitude malgré la présence du nain pour vaquer à ses pensées. Tout le long du trajet, un sourire triomphal ne cessait de se dessiner sur les minces lèvres de l’être des forêts, jusqu’au seuil de l’entrée de ses « appartements ». Le sourire disparut presque instantanément à la vue d’un Tornes aussi collant qu’une mouche, presque jeté dans les bras de Binabik pour l’accueillir. Le gnome n’appréciait pas vraiment l’attitude du majordome qui était beaucoup trop conciliant à son goût, surtout avec ce que l’alchimiste avait apprit au cours de cette journée pleine d’émois.
Une autre chose qui ne lui plaisait guère était l’arrivée d’un nouveau compagnon dans l’équipe. Autant dire qu’Artifice n’aimait pas ce genre de surprises. Voyant la mine avide de Tornes quant à l’éventuelle récolte d’informations sur la soirée du gnome, celui-ci lui assura une petite répartie bien à lui.

- Ho ma foi cette soirée fut très constructive, la seule ombre au tableau fut ces trois hommes cagoulés, humains et yuan-ti impurs, deux portaient les tatouages caractéristiques des magiciens rouges, mais l’un d’eux portait aussi l’emblème de Kossuth. Enfin, ils ne menaceront plus quiconque maintenant qu’ils voient d’un peu mieux le fond des égoûts.. fit le gnome avec un sourire final entendu.

Son petit récit avait été ponctué de petits gestes et de certaines mimiques et bruitages caractéristiques, mettant clairement en scène la bataille qui avait eu lieu dans l’esprit du mage. Bien que cela soit pur mensonge pour qu’on le laisse en paix, Binabik ne manqua pas d’observer la réaction du majordome à l’évocation des mages rouges et de Kossuth.
Après cela, il invita Gark a poser son sac et à s’asseoir puis manger. Il lui avait explicitement dit de ne pas bouger et de rester à son aise.
S’étirant tel un lynx prêt à en découdre, le petit alla chercher son nécessaire de cuisine pour faire sa propre gamelle. En direction de la cuisine, il s’arrêta près de Wolfgar. Il lui parla bassement, sans pour autant cacher ce qu’il disait.

- Alors petit, pas de pépins au chemin du retour ? Tu as vu de drôles de choses ou tout s’est bien passé ? Il va falloir qu’on parle de notre programme à venir, et il va falloir aussi parler aux autres, en espérant qu’ils rentrent vite soupira le gnome. Puis, plus bas, il reprit. ’ ’

Le gnome sourit et fit un clin d’œil à l’humain, espérant qu’il comprenne son allusion à un endroit plus fréquentable que celui-ci. S’il le souhaitait, Wolfgar pouvait le suivre en cuisine pour discuter un peu plus, mais en attendant, Binabik alla préparer un souper digne d’un herboriste. Avec tous ses ustensiles, le gnome mit à ébullition une soupe à l’aspect peu engageant et qui dégageait une forte odeur de racine humide. Il y ajouta quelques morceaux de viande séchée préalablement découpées à l’aide de son petit couteau, puis une multitude d’herbes spéciales. Certains de ses pots en gré, verre ou terre cuite dégageaient d’étranges odeurs aromatiques. L’un d’eux même, comportait une poudre violette qui eut pour réaction d’enfumer presque toute la cuisine au contact de la soupe.
Avec une cuillère en bois, le gnome touilla sa mixture et se servit un bol nauséabond. Il rangea ses affaires puis alla s’installer à table, à côté de Gark. L’évocateur prit une bonne inspiration au dessus de son bol et fit une grimace. La mixture, telle qu’elle était, était d’un goût immonde, à en vomir. Même un orque la trouverait infecte. Mais Artifice, le gnome aux mille tours usa d’un des tours propres à sa race. D’un geste du doigt, une petite lumière naquit dans le creux de son ongle. Il le trempa légèrement dans sa soupe et remua doucement.

- Zaïgan’arh.. souffla-t-il

Une petite onde fit trembler le bol et la soupe s’agita un instant dans le récipient. Avec un air satisfait, le gnome gouta son souper et fut ravi. Saisissant sa cuillère, il avala le contenu de son bol en quelques minutes.
Voyant l’air choqué des autres présents, le gnome se devait d’expliquer

- Oui hm, c’est très nutritif, mais impossible à avaler dans l’état ? Aussi, avec un petit tour bien connu, il suffit de transformer le gout en saveur de poulet aux navets.. un régal !

Bruyamment, Binabik termina de boire le fond de son « poulet aux navets ». Ce qu’il avait omis de dire, c’était que ce souper n’était pas simplement à manger, mais bien un médicament..
Quant à Sizaxterr, le gnome avait toujours des petits bouts de souris dans ses poches, mais le serpent ne mangerait pas avant un long moment, il digérait encore la dernière..

Les considérations de l’officier importaient peu au demi-elfe, il essayait d’agir selon ses principes avec un minimum d’humanité, le reste importait peu. Employer des méthodes inhumaines pour arracher des renseignements à une créature était une des choses qu’il exécrait, même si cela devait mettre en péril leur mission, il refusait de s’y soumettre. Et que la créature qui dirigeait cette prison puisse regretter de n’avait put jouer un peu avec son jouet passait encore mais en plus qu’elle les méprisait presque pour ne pas avoir eut recours à se talents était presque une insulte à la face du demi-elfe mais que pouvait-il y faire ? Absolument rien.

¤Bah, autant qu’elle prenne son pied comme elle l’entend ! On est à Hlondeth, sur son territoire ailleurs, cela aurait été une autre histoire !¤ songea Belgos qui suivait en silence Kebur et l’officier jusqu’à la pièce où attendait leur équipement.

En quittant Taril, il lui avait jeté un dernier regard, un regard de pure compassion tout en adressant dans sa langue paternelle une bénédiction destinée au repos des esprits torturés. Puis, ce fut enfin le moment pour eux de récupérer leur équipement. Il en fallait peu pour que Belgos se sente un minimum rassénéré, le poids de son épée qui battait à nouveau son flanc le rassura plus qu'il ne l'aurait imaginé et quand il se saisit en dernier de son arc, le contact de sa main avec le bois de l’arme le ramena quelques années auparavant quand son père lui avait remit l’arme en main propre. Il passa une main tout du long, tout heureux d’avoir récupéré son bien le plus précieux.

Il vérifia tout une nouvelle fois puis attendit que Kebur termine lui même son inspection avant de reprendre leur chemin vers l'extérieur. Son esprit se ferma et Belgos continua à se murer dans un silence absolu jusqu’à ce qu’ils parviennent jusqu’à la sortie de la prison. Bien entendu, l’officier avait fait duré le plaisir et poussé la visite de l’établissement pénitentiaire d’une façon un peu lourdaude, celle d’une personne qui venait de subir une certaine frustration et qu’elle se vengeait à sa manière. Heureusement que lui et Kebur ne faisait pas partie de ses jouets. Et quand enfin les portes de la prison se refermèrent derrière eux, Belgos inspira un grand coup tandis que sa vison s’adaptait à la nuit qui était tombée sur la cité.

Ils étaient dehors, libres de leurs faits et gestes.

- Bien, ça s’est fait ! dit-il en souriant à Kebur qui était à ses côtés, pas mécontent d’être sortit de ce palace n’est-ce pas mon ami ?

¤Elle n'est jamais sorti de cett prison! Bah! Ils sont pas tous enfermés encore apparemment...mais comment on peut vivre sans interruption dans un lieu pareil!¤

Kebur n'en revenait pas, il n'en croyait pas ses oreilles. Elle leur donnait des informations maintenant, alors même qu'elle se disait déçue par leur comportement pacifiste et doux envers le prisonnier! C'était à ne plus rien y comprendre, et pourtant, le nain ressentit bien que toutes ces informations paraissaient justes. Ou alors c'était un piège...¤Possible aussi...¤Toujours est il que désormais, Belgos et Kebur étaient sur le chemin de la sortie, et plus rien ne pouvait affecter le prêtre, tant l'envie de revoir le ciel, de respirer à nouveau un air pur, non vicié par toutes les odeurs régnant dans cette immonde prison, l'avait submergé.

Il pensait au dehors, mais aussi à ce qui leur restait à faire.¤Pour aujourd'hui, fini je crois! Faut qu'on rentre aux appartements.¤ Bien entendu, tout ce qu'espérait le nain était un retour tranquille jusqu'à leur camp de base, mais au fond de lui, un sentiment d'anxiété naissait, et évoluait de plus en plus vite : et s'ils avaient été trop loin? Et si des assassins avaient été dépêchés contre eux, pour éliminer les gêneurs..?

Le passage devant Taril, et ce que lui fit la capitaine en passant arracha pourtant au visage de Kebur une mimique de dégoût, il compatissait au fond de lui pour la douleur que pouvait ressentir à ce moment le pauvre prisonnier...puis essaya d'oublier, le plus vite possible, pour se remettre à penser au dehors, à ce qu'ils allaient retrouver : le ciel, l'air, le soleil...ou Seluné? C'est vrai que le nain se rendit compte à cet instant qu'il n'avait pas vu le temps passé, si bien qu'il n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait bien être...¤Bah! On verra bien, qu'est ce que ça peut faire de toute façon! C'est pas après cette journée qu'un ciel nocturne va m'inquiéter!¤

Alors qu'ils se rapprochaient de plus en plus de la sortie de cette gigantesque salle de torture, et qu'ils passaient la porte du couloir, Kebur sentit un contact au niveau du bas de son torse, quelque part dans les environs de la poche de son pourpoint. Bien qu'il l'ai sentit, il ne s'arrêta pas pour autant, et sans y faire attention continua jusqu'à la salle où il allait enfin récupéré sa masse d'arme. Il trouva cette dernière particulièrement rassurante, et ce bien qu'il ne l'ai achetée que quelques semaines auparavant, et qu'il n'avait jamais eu encore à s'en servir.¤ Je sens que ça va arriver ça, oui...bientôt¤

Le prêtre passa toutes les fouilles plus humiliantes les unes que les autres en ronchonnant comme pas possible, en râlant dans sa langue natale...mais que pouvait il y faire? Rien. Et enfin le moment tant attendu, la porte de la prison, ouverte sur le ciel nocturne...nocturne?¤On a passé tant de temps que ça là dedans...On comprend vite pourquoi les prisonniers deviennent amorphe..¤

Arrivé dehors, le prêtre pris quelques secondes pour fermer les yeux et prendre de longues et profondes inspirations, et adresser une courte prière à Moradin pour le remercier de son soutien dans ce dur moment. Puis il tourna la tête vers son compagnon, lui adressa un grand sourire, et entreprit de lui répondre.

-Oui effectivement ! Tiens d'ailleurs moi j'ai eu un cadeau de sortie. Regarde moi cette horreur!
Dit le prêtre en tendant à son ami le morceau de peau grillée que la capitaine lui avait glissé dans la poche.
-Vraiment bizarre cette capitaine, t'en penses quoi ? Non parce que les renseignements qu'elle nous a donné comme ça, là directement, alors même qu'elle venait de dire qu'elle était déçue par notre comportement...moi je trouve ça très bizarre...en plus, ce morceau de peau gravée "égouts"...c'est dégoutant !