La Pierre du Serpent, Alchimie, Venins et autres Complots

Belgos et Kebur

Sseckomiss sembla très intéressé par les réflexions des deux aventuriers, qui tentaient de paraître polis sans travestir leurs pensées. Il parut pensif, presque soucieux.

-Peut-être avez-vous raison. Finit-il par murmurer comme pour lui-même. « Peut-être devrions-nous abandonner nos anciens dieux. Les changements en cours ne sont peut-être pas pour le pire…Enfin. »

Le Yuan-Ti releva la tête, et continua d’une voix plus claire et plus haute.

-Bien, je crains qu’il ne me faille vous laisser. Je vous aurez bien volontiers accompagnés dans votre quête d’armure et de boisson, mais une course urgente m’attend au palais. Je ne vais pas manquer un rendez-vous pris de longue date, vous comprenez ? Mais nous pourrons certainement nous revoir, je vais régulièrement me désaltérer à la taverne où nous nous sommes rencontrés. Pour votre armure, quelques forgerons existent bien en ville, mais nous importons surtout tout ce qui est armes et armures. Je vous conseille donc les caravansérails et le marché pour y trouver ce que vous cherchez. A bientôt donc, mes amis.

Sur ce, le Yuan-Ti se dirigea calmement vers le Palais-Serpent, demeure de la famille Extaminos et siège du pouvoir de Hlondeth.

Sur les conseils de Sseckomiss, Belgos et Kebur se dirigèrent vers le caravansérail de l’Halondar, à l’Est de la Cité. Un marchand nain des environs du Lac de Vapeur proposa à Kebur un clibanion habilement ouvragé que le prêtre n’hésita pas à acheter, et c’est d’un marchand humain qu’il obtint un écu en très bon acier de Damarie. Belgos porta son attention sur une épée finement ciselée vendue par un gnome qui prétendait venir de Lantan, et fut comme saisi par une armure de cuir qu’une vendeuse elfique lui proposa.

Une fois leurs achats terminés, les deux comparses se décidèrent pour la ‘Taverne de l’Halondar’, grand établissement dont les fenêtres ouvertes laissaient s’échapper les accords d’une cythare. A l’intérieur, la musique était agréable et douce, et le barde qui maniait l’instrusment était véritablement doué. Une foule bigarrée, comprenant humains de toutes origines, halfelins, nains, gnomes, elfes et même quelques drows, se désaltéraient paisiblement. S’asseyant à la dernière table libre, les deux aventuriers n’eurent que peu de temps avant que la serveuse n’arrive pour leur demander leur commande.

Changement d’équipement effectué

Binabik et Wolfgar

Binabik: fouille 19 + 0 + 2 (lunettes) + 2 (Aide du familier) = 23 >< DD: 20 réussite
Wolfgar: premiers secours 6 + 4 = 10 >< DD: 15 échec

Les blessures de Gark ne présentaient rien de dangereux, mais le rôdeur avait voulu quand même essayer de les panser. Hélas, sous le soleil brûlant et en manque de bandage, Wolfgar dut s’avouer impossible de faire mieux que d’empêcher les plaies de se rouvrir au premier effort. Les blessures avaient quelque cose d’étrange cependant, quoique le rôdeur n’était pas capable de dire quoi.

Aucune réponse ne sortit des lèvres du nain, pas plus qu’une expression n’apparut sur son visage. Que ce soit la référence à son peuple fier ou l’allusion à son courage, rien ne troubla la quiétude morne de ses traits. Quelle que fut la cause de son état, ce n’était pas un simple problème de volonté…

De son côté, Binabik chercha à travers les fourrés, aidé par son serpent, les précieuses plantes qu’ils étaient partis chercher. Son habitude des ingrédients l’avait entraîné à reconnaître les végétaux à partir d’une description, et celles des Percechausses comme des Bélans étaient encore gravées dans son esprit. Toutes les créations végétales ici semblaient trouver un affreux plaisir à être garnis de pointes, de pics et d’épines, à moins que ce ne soit un moyen de survivre dans cet environnement peu favorable. Quoiqu’il en soit, le gnome eut bientôt les mains en sang à force de se faire piquer de tout côté.

Soudain, Sizaxterr amena son maître face à une plante différente des autres. Se penchant pour amener le végétal dans le champ de vision de ses méca-lorgnons, l’alchimiste commença à examiner les caractères de la trouvaille de son familier. Une plante grasse, sempervirente, aux longues épines. Cassant l’une de celles-ci, le gnome put apercevoir le venin qui suppurait. La taille réduite et la couleur jaune-orangée correspondait exactement. La base des feuilles formait un bulbillon, comme indiqué sur la figue notée par Haleass.

Plus aucun doute n’était possible : Binabik venait de trouver un pied de Percechausses !

Anin Soud et Nolatari Elbereth

Le vieil aventurier approuva la décision d’Anin, et le suivit en continuant la conversation.

-Vous avez raison, Lança Somon tout en avançant. « La voix des airs est de loin la plus réalisable. Mais que penseriez-vous d’un petit tour de reconnaissance avant de se lancer tête baissée dans cette entreprise ? Nous pourrons ainsi choisir en toute connaissance de cause. Non ?

Le repaire des aventuriers n’était pas éloigné du caravansérail, et les deux aventuriers y parvinrent bientôt, accompagnés de l’adolescente récemment affranchie. Lorsqu’ils pénétrèrent dans la demeure, Tornes les accueillit avec son air obséquieux, mais quelque chose semblait le gêner. Lorsqu’Anin demanda ce qui se passait, la réponse du vieil homme se fit hésitante.

-Hé bien, euh… Commença le majordome d’un voix chevrotante. « Hé bien, mon maître a trouvé bon de… Comment dire ? Augmenter l’effectif de votre équipe. Sans vouloir vous offenser, bien sûr. Il y a… Une dame, oui, une belle dame qui… Euh… A rejoint la demeure et… Bien, mon maître vous demande de la considérer comme l’une des vôtres. Enfin, vous comprenez…

C’est à ce moment que Nolatari descendit des étages, où elle venait de déposer ses affaires. Depuis que le seigneur Gal’Tok l’avait engagé pour rejoindre un groupe en pleine aventure, elle espérait les rencontrer au plus tôt. L’arrivée de ses nouveaux compagnons la rendit curieuse, surtout lorsqu’elle vit le jeune moine sans armure aux côtés d’un vieillard suréquipé…

Sur l'esplanade, alors qu'ils discutaient encore avec Sseckomiss, qui ne tarda pourtant pas à partir, prétextant un rendez vous, Kebur avait été étonné, même plus par certaines paroles du Yuan-Ti. Pourquoi celui ci doutait subitement de sa religion, de ses dieux, le nain ne l'avait pas compris, et quand le lézard avait relevé la tête, Kebur lui avait adressé un grand sourire et l'avait comme à son habitude écouté, s'expliquant et leur indiquant le meilleur moyen de se procurer ce que les deux aventuriers recherchaient : armes et armures pour s'équiper un peu mieux.

C'est donc un peu triste, que Kebur regardait aller vers le palais leur ami Yuan-Tis, triste de perdre tout le savoir potentiel qu'il aurait pu acquérir sur cette culture ophidienne. Pour autant, il se ressaisit et c'est d'un pas décidé qu'il se dirigea, discutant de choses et d'autres avec Belgos, vers le caravansérail pour y faire les emplettes voulues.

Il ressortit de ce marché encore plus assoiffé qu'il n'y était rentré, à cause du simple fait, que, y régnant un vacarme assez important, pour marchander voire même simplement discuter avec Belgos au sujet d'une belle arme ou d'une belle armure, il fallait fortement élever la voix ce qui dessécha la gorge du nain.

Leur entrée dans la grande taverne du marché fut donc un soulagement pour le nain.

-Bien! Qu'en penses tu Belgos? On est bien là, avec la musique. Il faudrait trouver un coin à l'ombre pour avoir un peu de fraîcheur...non? Tiens! Il reste plus qu'une table de toute façon! Allons..

Ainsi, le nain se dirigea rapidement vers la dernière table pour arriver à celle ci avant qu'elle ne soit prise par qui que ce soit. D'ailleurs, à peine étaient ils installés, que la serveuse arriva, à la grande surprise de Kebur, sans avoir été appelée.

-Ah! Serveuse. Bien, vous êtes rapides ici! Bon alors pour moi, ce sera un tonnelet de bière, s'il vous plaît. Quant à mon ami, je vais le laisser choisir tout de même.

Kebur tourna alors la tête vers Belgos, un regard lui demandant ce qu'il allait prendre. Puis n'attendant pas plus que ça la réponse de son ami, il se mit à tourner la tête, observant tous les recoins de la taverne où il se trouvait.

¤ Les changements en cours?¤ crut entendre Belgos en observant Sseckomiss plongé dans ses pensées. Le Yuan-Ti prit alors congé d'eux, il perdait une occasion de discuter en tête à tête mais le demi-elfe ne s'en offusqua pas. A l'heure qu'il était, il songeait plus à de changer les idées, le temps d'une heure ou deux pour remettre ses idées en place.

Il accueillit avec une certaine joie la suggestion de Kebur, en effet, Belgos avait besoin lui aussi d'améliorer l'équipement dont il disposait. Ils partirent donc en direction du caravansérail de l’Halondar sur les conseils de l'homme-serpent, un lieu haut en couleur qui ne manqua pas d'impressionner le demi-elfe tant par la profusion de marchandises que par la diversité des articles proposés. Un spectacle qui donna l'occasion à Belgos d'oublier un peu le pourquoi de sa présence à Hlondeth et la mission qui leur incombait. Alors que Kebur venait de trouver son bonheur auprès d'un de ses compatriotes et l'interminable discussion qui en avait suivi, ce fut à son tour de faire quelques achats. La chance lui sourit quand il repéra une magnifique épée, qu'il soupesa, vérifia l'équilibre et la finesse de cette véritable oeuvre d'art.

Ravi, il s'acquitta du prix sans aucune hésitation. Il était de notoriété publique que les nains mais aussi les elfes aimaient le travail bien fait et cette lame l'était incontestablement. Quelques minutes plus tard, ce fut une armure de cuir cloutée qu'il acheta, un objet indispensable qui remplacerait merveilleusement la cotte de maille qu'il possédait. Il était temps pour eux de se rafraîchir, et le nain se montrait plus qu'empressé et même si Belgos se refusait à montrer une quelconque démonstration d'impatience, lui aussi rêvait de quelque chose de frais. Il soupesa sa bourse, considérablement amputée par leurs achats et grimaça

¤ Cela devrait le faire.¤

Ils pénétrèrent sans hésitation dans une taverne. A l'intérieur, l'ambiance était animée et le demi-elfe jeta un regard circulaire autour de lui avant de trouver où s'asseoir. Alors que la serveuse arriva pour prendre leur commande, le nain comme à son habitude fut le plus rapide à parler et prit en premier sa commande. Belgos esquissa un sourire en l'entendant commander un tonnelet de bière. Il était toujours impressionné quand il se retrouvait en compagnie de nain et de leur capacité à avaler une quantité impressionnante de bière. Un quart de leur consommation, et encore, suffirait à mettre le demi elfe à genoux. Il préféra se contenter d'une pinte de bière et
profitant de l’animation environnante, le rôdeur s’adressa au nain.

- Et bien Kebur, profitons de ces quelques instants de détente pour parler un peu. Que pense mon ami prêtre sur les événements des dernières heures?

Kebur regardait l'assemblée présente dans la taverne, attendant son tonnelet après la commande ridicule de son ami, quand ce dernier lui adressa la parole, depuis le marché. Kebur ne fut pas surpris de la question de son ami, pas plus que ça, car après ce qu'ils venaient de vivre ensemble, il était normal de vouloir mettre les choses au point.

-Bien, tout d'abord, je dois t'avouer que cette ville m'étonne. Non, plus que ça, elle me fascine réellement. Je n'aurais jamais imaginer qu'on puisse trouver dans une ville tant de gens de races différentes. D'ailleurs, je me demande toujours comment certaines de celles ci peuvent rester mélangées sans s'entre-tuer. Kebur esquissa alors un léger sourire. Il avala une bonne lampée de bière, et continua. Mais ce qui m'impressionne le plus, ce n'est pas qu'il y ait un nombre quasi indénombrable de race qui se côtoient dans cette ville, mais plutôt leurs différences au niveau culturel. Regarde un humain, voyageur, qui viendrait s'installer ici pour des raisons X ou Y, il suffit qu'il vienne de loin, pour être curieux et donc être attiré par le culte de la cité. Il ira donc un jour dans cette superbe cathédrale de pierre verte, pour y voir quoi? Des sacrifices, du sang, des chevelures ophidiennes plongées dans les cadavres, se rassasiant de la chair fraîche du sacrifié. A ce moment, on vit passer sur le visage de Kebur une impression de froid dans le dos. Celle ci était juste communiquée par le souvenir que Kebur avait évoqué en parlant de cette cérémonie. Il se revigora alors par une lampée de bière, dont le volume devait être au moins égal à celui de la petit chope de son ami. Comment veux tu qu'il veuille remettre les pieds dans cette édifice! Tu voudrais y retourner toi? Moi sûrement pas..il faudrait me payer cher, et encore, je ne sais pas si ça suffirait.. Non, mais ces Yuan-Tis veulent rallier des gens, convaincre toute Toril que leur culte est celui qui "rapporte" le mieux. Je ne vois pas comment des gens pourraient accepter de se rallier à ce culte sanguinaire! Bref, passons... Oui, pour en revenir à la ville, j'ai trouvé la place du marché Halondar vraiment sympathique avec ces vendeurs qui venaient de partout, ces senteurs d'épices...non, le caravansérail est le plus agréable des marchés que j'ai connu, je ne sais pas ce que tu en as pensé mais moi, je l'ai fortement apprécié.

Il fit alors une pause dans ses paroles, en profitant pour regarder l'assemblée réunie dans la taverne, tout en buvant petit à petit son tonnelet.

¤Oui c'est vraiment marrant toute cette diversité...rien que dans cette taverne..¤

-Ouais...bah! Et puis ce fichu culte du dieu serpent! Eh, je ne peux pas m'en empêcher, il faut que j'en parle, il faut que j'efface ces images impies de ma tête. Moradin, aide moi! Non mais sérieusement, quand on étudie la cérémonie à laquelle on vient de survivre...je ne sais comment d'ailleurs m'enfin... De nouveau, il esquissa un sourire. Ce culte pourrait être tout à fait normal, si on faisait abstraction de ces deux sacrifices. Lors de cérémonies en l'honneur de Moradin, l'entrée dans la cathédrale se déroule pareillement, les étrangers peuvent bien sûr assister à celle ci. Ils reçoivent donc avant d'entrée une purification, et sont amenés à porter une sorte de toge, recouvrant tous leurs vêtements, arborant le sigle de Moradin. Comme tout le monde dans l'assemblée d'ailleurs. Seuls les prêtres et le grand-prêtre portent des toges plus riches, brodées de fils de mythril et d'or... La mienne me manque d'ailleurs... J'espère qu'elle na pas été détruite par quelque gobelin... Enfin... Et là, en étranger que nous sommes, nous avons subi un test pour savoir si nous étions assez purs pour être acceptés dans la cathédrale, là est une similitude avec mon culte. Seconde similitude, l'assemblée pénètre dans la cathédrale avant l'arrivée à l'autel des prêtres et du haut-prêtre, ce dernier arrivant accompagné par les chants et odes des autres prêtres. Dans le cas de notre cérémonie Yuan-tis, cela s'est déroulé pareil. Puis viens ensuite la matière de la cérémonie, des bénédictions en voici en voilà, etc... Et c'est là que ça change, en mal d'ailleurs... Chez moi, lorsque les chants sont finis, que le haut prêtre à parler de choses concernant la cité, ça arrive parfois aussi, qu'à ce moment ce soit notre roi qui vienne nous parler, tout le monde se lève, se met en ligne sur le haut-prêtre, qui béni tous les membres de l'assemblée un par un, membres qui rejoignent ensuite la sortie de l'édifice. Or ici... Kebur s'arrêta un instant pour boire une lampée de bière. Or ici, disais-je, à la suite de l'annonce et des chants, sont arrivés les moments pénibles : c'est à dire les sacrifices, sacrifices après lesquels seulement nous pûmes partir. En analogie, on pourrait presque dire que la bénédiction personnelle du haut-prêtre de Moradin est ici remplacée par une bénédiction de groupe de la part de Sseth, motivé par ce sacrifice... Mouais...

Puis Kebur repris en main son tonnelet, en vidant encore une fois une bonne partie...attendant sûrement une réaction de son camarade à ce discours quelque peu... Long, et surtout dense.

Belgos laissa Kebur s’exprimer à loisirs, le nain était prolixe, il n’y avait pas à dire et il pouvait tenir une conversation à lui tout seul, c’était certain.

- J’ignore si je peux répondre à une analyse si… complète mon cher Kebur mais enfin. Je dois t’avouer que je n’ai jamais été très à l’aise dans les villes des hommes, je reste plus à l’aise dans les profondes forêts du Nord ou encore dans ma forêt natale. J’ai pourtant voyagé vois-tu mais jusqu’ici je n’avais jamais ressentis une telle impression a mon arrivée à Hlondeth.

Le demi elfe se tut, cherchant ses mots.

- Ce n’est pas le fait que tant de races s’y côtoient c’est plutôt cette lourdeur dans l’air que j’ai pour ma part ressentie. Je ne sais pas si c’est le cas pour toi mais à chaque fois qu’un conflit ou des rumeurs de conflits voient le jour, l’atmosphère est particulière, une sensation de malaise, presque de l’oppression, pour ma part, j’ignore devant quoi nous allons mais je demeure sur mes gardes. Chaque période de trouble annonce généralement des tentatives de déstabilisation et on voit de ci de là germer une multitude de complots.

Belgos passa sous silence l’épisode du sacrifice. Les cultes étaient si différents d’une civilisation à une autres et les pratiques également qu’il servait à rien de revenir dessus. Mais quand le nain lui fit part de ses impressions sur les Yuan-Tis, il fronça les sourcils et son regard se posa sur les drows qui conversaient non loin de là. Il haïssait ces noirs cousins, leur société pervertie lui faisait penser à certains aspects des Yuans-Tis mais il n’osait pas penser un seul instant qu’il puisse exister une civilisation aussi machiavélique que celle des elfes noirs. Il reporta son attention sur le nain et continua à lui parler à voix basse.

- Je ne pense pas Kebur qu’ils veulent faire du prosélytisme, ce n’est pas leur but et ce serait une erreur de voir les choses ainsi. Non, leur pratique religieuse est une chose mais il faut peut-être voir plus loin, quelque dessein que nous ignorons et qui sans. Mais nous ne sommes pas dans le secret des dieux mon ami ! Tu ne trouves pas?

Kebur sirotait sa bière en attendant une réponse de son ami. Il espérait effectivement en avoir une, vu le flot de paroles qui s'était échappé de son corps peu de temps auparavant. Ainsi donc, il observait les gens dans la taverne, regardant aussi bien les drows que les Yuan-tis, les gnomes que les halfelins. Il regardait en fait, tout en même temps, il remarquait les étrangetés de chacune de ces races là-bas présentes. Une seule n'accueillit jamais son regard, celle des nains noirs. Il avait déjà vu, il y a longtemps, de nains noirs, cette race pervertie, qu'aucun nain ne pouvait voir comme cousine de sa propre race, encore moins Kebur.

Mais il y avait là, foule de gens intéressant à observer, pour cerner aussi biens leurs manières que leur être, leur âme aussi bien que leur coeur. Et la réponse attendue arriva enfin.

- Ah l'atmosphère...oui je m'y étais presque habitué, au point de l'oublier...mais oui je suis tout à fait d'accord avec toi sur ce point...il fait très lourd dans cette ville, trop lourd. S'en est presque bizarre...mais tu dois avoir raison, c'est la proximité d'un conflit qui se voudra sûrement meurtrier qui engendre ça...J'espère que ce conflit ne durera pas quand même, quand bien même il ait lieu, j'espère qu'il ne sera pas trop sanglant...

Puis Kebur se replongea dans ses pensées pour un petit moment, continuant de boire sa bière, tranquillement, les yeux perdus dans le vague.

-Quant à savoir si nous sommes dans les projets des dieux, eux seuls le savent...et je crains que tu n'es raison...ça m'étonnerait aussi!

Après ce petit interlude à sa rêverie, Kebur y repartit, buvant son tonnelet avant de s'apercevoir que plus rien n'en sortait. Il commanda donc une chope de bière, pour continuer d'accompagner son compagnon. Il regardait toujours et encore l'assemblée, attendant quelque chose, un signe qui marquerait leur départ peut-être, il ne le savait pas lui même...

’ déclara le gnome avec entrain.

Binabik cueilla la perchechausse avec une grande délicatesse, en prenant soin de l’arracher de terre avec les racines. Le petit serpent en profita alors pour s’enrouler autour du poignet de son maître pour venir lui chatouiller la peau de sa longue langue.
¤ Saleté d’endroit, les plantes sont comme les habitants de cette maudite région..¤
Durant le long moment que le gnome passa à fouiller parmi les plantes, un silence s’était installé dans le petit couvert qu’occupaient les aventuriers.
Les yeux déformés à cause de ses méca-lorgnons, Artifice se releva doucement et parcourut très vite la distance qui le séparait de son sac. Il entreprit de le fouiller rapidement pour trouver une grosse fiole vide. Finalement, mal lui en prit, il décida de prendre son sac jusqu’à trouver un plat rocher ou un petit promontoire afin de faire ses dernières œuvres. Il sortit donc son outre d’eau et versa un peu d’eau sur ses mains pour les nettoyer du sang et des égratignures, et pour prévenir des éventuelles infections.
Une fois ses mains séchées, il versa quelques gouttes dans sa grosse fiole, et mit la plante trouvée à l’intérieur afin de la protéger.
« Clic clic, clac » et en trois réglages, le gnome enleva les différentes lentilles de ses lunettes, tout en les relevant sur le front. Il soupira un grand coup puis regarda aux alentours.
Perdu dans l’horizon, ses yeux passèrent sur Gark un instant, puis revinrent sur son sac. Il refouilla à l’intérieur et en sortit un étrange livre, ainsi qu’une plume et un peu d’encre.
Il s’avança jusqu’à rencontrer les autres, puis ouvrit son livre afin de consulter des feuilles vacantes.

- Nous venons de remplir pleinement l’un de nos objectifs, la perchechausse est en notre possession fit le gnome tout en commençant à gratter sur son livre avec sa plume, et en consultant une des feuilles.
« Y a-t-il un arbre où nous pourrions monter afin de voir où nous sommes exactement et ce qui nous attend ? Il ne faudrait pas qu’un autre cochon grillé vienne nous déranger.. Mais bref continua-t-il tout en écrivant, je propose de nous rapprocher du rivage pour trouver des noix de bélan. Cet arbuste dépasse rarement les deux mètres, ses feuilles sont presque rondes et striées de raies plus claires, ses noix ressemblent à de grosses pistaches. Il en faudrait environ une petite dizaine à mon avis. Cela ne devrait pas être trop dur à trouver non ? J’ai aussi entendu dire qu’il y en avait tout un bois près d’Elbulder, de l’autre côté du Bief. Plusieurs bosquets se trouvent dans le bois de Chondal, bordant le court de l’Arran. C’est en tout cas le seul lieu proche que je connaisse ! Foi de gnome. »

Artifice grattait encore dans son livre tout en consultant son parchemin. Plutôt étrange, tout comme le fait qu’il sorte autant d’instructions précises sur les noix de bélan. Mais Artifice était un gnome des forêts, et la forêt était son élément de prédilection. Sa maîtrise des plantes via l’alchimie faisait de lui un bon herboriste, mais il lui restait encore beaucoup à apprendre dans ce domaine.
Outre le fait d’accomplir leur mission, le gnome voulait aussi savoir la trame qui se passait du côté des dieux serpents, et les pouvoirs que procure La pierre du Serpent. Il fallait aussi s’assurer que les différentes factions ne viendraient pas à ler doubler et, plus important, les distinguer dans un premier temps.
Tandis qu’il écrivait encore, le gnome laissait son discours en suspend, laissant la parole aux autres.

Belgos avala avec avidité deux gorgées de bière et essuya d'un revers de la main la mousse tout en continuant à écouter le nain. Sa réponse le surprit.

- Pas trop sanglant? Pour les elfes tout conflit même court est sanglant..

C'est avec une certaine amertume qu'il se souvenait ce qui s'était passé des années auparavant dans sa forêt natale. Les communautés elfiques avaient bien faillit être exterminées et contrairement aux humains ou aux races gobelinoïdes, la population elfique ne se renouvelait pas aussi vite. Chaque perte était donc pour les elfes une véritable catastrophe. En ce qui concernait les Yuan-Tis, Belgos se doutait que les forces qui évoluaient dans l'ombre étaient nombreuses. Il était difficile de savoir qui était ses amis ou ses ennemis dans un lieu où tout était possible. C'est sur cette pensée qu'il commanda une seconde boisson mais cette fois-ci son regard s'attarda sur chaque table qui les entourait. Maintenant, qu'allait-il faire ou qu'allait-il se passer...

Je tente à jet de détection pour voir un peu ce qui se passe autour de nous.

Wolfgar plutôt dépité par ses piètres résultats avec le nain resta avec le groupe en attendant que le gnome revienne de sa fouille des environs. Lorsqu’il revint avec une plante épineuse assez étrange, le rôdeur se demanda se qu’il faisait. Il faillit dire que ce n’était pas le moment de faire l’étude de la faune locale. A l’annonce qu’il s’agissait de la percechausse, il en fut très surpris et surtout soulagé de ne rien avoir dit. Il comprit par contre que sans un examen minutieux il était impossible de reconnaître cette plante. Il en conçut donc beaucoup d’admiration pour Artifice qui avait su découvrir cette rareté.

Face à la révélation de la part du gnome de ses connaissances concernant les noix de bélan, Wolfgar en resta littéralement abasourdi.

*Hé bien, Il a bien caché son jeu, en fait il en sait beaucoup plus qu’il ne le dit sur tous cela. Enfin en tous cas il gère plutôt bien la situation.*

Wolfgar était soulagé que le gnome prenne ainsi la direction des opérations car il n’avait vraiment pas l’âme d’un chef. Malgré tout il se demandait se qu’il pouvait bien inscrire dans son mystérieux livre.
Ayant appris à faire confiance au gnome, l’humain ne se posa pas trop de question.

-Je peux jeter un œil aux alentours si tu veux, dit-Wolfgar, je trouverai bien un arbre au tronc solide et surplombant le reste de la végétation. Je verrai ainsi la direction à prendre pour atteindre le rivage par le chemin le plus court. De plus avec les traces que laissent ces cochons de feu, je les verrai de loin et nous pourrons ainsi les éviter.

La jeune elfe s'arrêta dans les marches et regarda un à un le jeune moine, le veillard et la jeune fille. devant le comique de cette vision un sourire d'amusement se dessina sur les lèvres de la nécromancienne. Elle s'aprocha du groupe et déclara d'une voix douce et posée.

-Voila donc le groupe que je dois rejoindre, un veil homme à l'équipement resplendissant, une jeune fille aussi frêle qu'une brindille et.... ses yeux glissèrent dans ceux de l'homme ce trouvant devant elle un moine. Un léger sourire en coin apparut sur ses lèvres "Hum cela me plait.
Peut être faudrait-il que je me présente à vous, je m'appelle Nólatári Elbereth Idril et je suis venue ici, comme vous l'aurez compris, pour vous accompagner dans votre quête. le Seigneur Gal'Tok a jugé bon de m'engager pour ma connaissance de la magie, paraît-il."
¤que je déteste me présenter comme ça, enfin bon il faut bien que je leur dise qui je suis et la raison de ma venu ici¤

La jeune fille se recula de quelque pas et laissa un temps à ses nouveaux compagnons pour la juger, elle espérait ne pas avoir fait mauvaise impréession. Elle s'était présentée comme elle avait si bien appris à le faire, mais d'une manière si prétentieuse qu'elle ne la supportait plus.

-J'espère pouvoir vous être utile. Ma magie sera vôtre le temps de cette quête. Elle se tut, un sourire chaleureux sur les lèvres.

La jeune elfe attendait une réaction de ses nouveaux compagnons. Elle plongea à nouveau ses yeux dans ceux du jeune moine comme pour sonder son âme, ce qu'elle y découvrit ne l'étonna pas plus que ça. Le regard du jeune homme reflétait une grande intelligence et une grande bonté. Nólatári n'arrivait plus à détacher son regard tellement celui de l'humain la captivait.