La Pierre du Serpent, Alchimie, Venins et autres Complots

Belgos haussa les épaules visiblement décontenançé par l'analyse de son compagnon. Il aurait voulut développer ce qu'il pensait mais ce n'était ni le lieu ni le moment avec entre autre trop de monde et un lieu inadéquat. la seule solution c'était d'attendre et le demi-elfe refréna son impatience de se retrouver dehors, rien que pour changer ses vêtements qui lui collaient à la peau en raison de l'humité ambiante. Il tapota l'épaule du nain et lacha quelques mots.

- Je ne te parlais pas de cela Kebur mais passons, nous verrons cela quand toi et moi nous sortirons d'ici. J'espère seulement que cela ne tardera pas trop.

Sur cette réflexion, Belgos adressa un sourire au prêtre et reporta son attention sur la Grande-Prêtresse.

La reconnaissance... Voilà une notion que le moine n'avait que peu expérimenté durant sa jeunesse. Mais que devait-il donc penser de la situation de cette pauvre esclave à qui l'on retire tous les droits jusqu'à même celui d'avoir une identité ? Anin croisa les bras et pris une pose réfléchie, il regarda la jeune fille sans-nom avec un sourire qui devait exprimer une certaine compassion envers elle et les souffrances qu'elle a dû endurer. Lui qui jusque là ne pensait qu'à sa petite personne, le voilà envahi par un sentiment qu'il ne connaissait qu'à travers les autres et qu'il n'avait jamais réussi à s'approprier.

C'est alors que le rappel de Somon le tira de la rêverie.

- Navré de vous avoir fais subir autant de caprices de ma part mon cher ami ! Certes, il est temps pour nous de repartir ! Il se tourna vers Keira mais sa tête était baissée vers sa poche de laquelle il essayait de sortir quelques pièces et tout en fouinant de ses doigts il s'adressa à la barde. Vous savez, ce n'est pas vraiment mon genre de jouer les gentils et encore moins les sauveurs ! Il lui tendit alors le poing et l'ouvrit petit à petit, dévoilant deux pièces d'or. Non en fait je n'en sais rien, je ne me suis jamais posé de question morale de ce genre... Quoiqu'il en soit, pourriez vous lui faire une dernière traduction pour moi : Dites lui juste qu'elle est libre. Libre d'aller où bon lui semble et surtout de se trouver un nom ! Si elle vous répond qu'elle ne comprend pas cette notion alors expliquez lui je vous prie et donnez lui ce modeste présent de ma part histoire qu'elle se trouve de quoi manger et s'habiller pour les prochains jours... Vous pensez que ce sera suffisant ?

Et il faisait bien de poser cette question car il n'était pas vraiment très fin en commerce puisque jusque là, il ne faisait qu'échanger tout ce qu'il gagnait contre de la nourriture !

Il prit son bâton d'une main et le posa solennellement au sol après s'être retourné vers Somon.

- Allons-y !

Kebur et Belgos

« Au moins le plus dur est passé. » Avait affirmé le demi-elfe. Avec le sacrifice volontaire d’un Yuan-Ti, aucun des aventuriers ne pensaient que les choses pouvaient empirer. Ils avaient tort.

Car, sitôt une autre série de cantiques achevée, la prêtresse plongea la tête vers le corps inanimé, et laissa les multiples serpents de sa chevelure se délecter de la chair encore chaude du cadavre. Devant l’horrible spectacle, Kebur et Belgos sentirent leur cœur se révulser, et entendirent les vomissements d’humains plus sensibles à leur côté. Au contraire, chacun des Yuan-Tis assistant à la scène semblait se délecter de cette vision, et redoubler leurs chants dans une ferveur peu compréhensible pour les deux étrangers. Lorsque Medusanna leva enfin la tête, les multiples gueules ophidiennes de sa chevelure étaient rouge du sang du sacrificié, et des lambeaux aux couleurs indéfinissables pendaient de certains crocs. Si l’un des aventuriers avait encore quelque doute sur la nature profondément maléfique de ce culte, cette seule vision dissipa tout soupçon.

Le reste de la cérémonie s’écoula comme par transparence, tant le choc causé par la vision de la prêtresse avait été grand. Un très petit nombre de Yuan-Tis, Dediana Extaminos en tête, avait ensuite goûté la chair du sacrificié. Lorsque Medusanna tendit le cœur rouge (et passablement entamé) à la régente, son sourire n’avait rien d’hostile, et on eût pu croire un instant que les deux étaient des amies.

S’en suivit une longue série de prières, quelques libations (dont aucun des aventuriers ne voulut connaître la consistance), quelques mélopées et une bénédiction de la foule. Les Ecaillés furent évacués du temple en premier, sous très bonne escorte des gardes sacrés. C’est n’est qu’une fois sortis du temple que Kebur comme Belgos reprirent tous leurs esprits. Le froid relatif de l’extérieur les frappa d’un coup, et les soulagea en même temps.

Sseckomiss en fut pas long à venir retrouver les deux étrangers sur le parvis de la cathédrale, la célèbre Esplanade Shevron Extaminos.

-Ah, mes amis. Leur dit-il de sa voix persifflante. « Je ne vous ferai pas l’affront de vous demander si la cérémonie vous a plu. Je connais le… manque de goût des Ecaillés pour les sacrifices. J’espère au moins que cela a pu vous permettre de mieux nous comprendre… »

Wolfgar et Binabik

Saline s’arrêta soudain et poussa un soupir.

-Je suppose que vous avez raison. Convint-elle à contre-cœur. « Arrêtons-nous un instant, que vous pensiez vos blessures et que nous parlions un peu. »
Les talents de rôdeur de Wolfgar permirent de dénicher un coin ombragé, gardé des regards par deux roches saillantes et un chêne liège imposant, où tous s’arrêtèrent. Même Gark s’y assit, sans qu’aucune expression n’apparaisse pourtant sur son visage glabre.

Binabik boit une potion de soins : 9 points de vie récupérés.
Wolfgar : premiers secours 12(dé) + 4 = 16 >< DD 15 : réussite

Wolfgar se pencha pour examiner la blessure de Binabik. Rien dans cette blessure n’était grave, et le rôdeur parvint à bander suffisamment pour que le sang ne s’écoule plus. Le gnome s’allongea alors dans les herbes hautes, essayant de souffler un peu. Ce n’est qu’après avoir vérifié les environs que Saline reprit la parole.

-Vous avez raison, leur confia-t-elle à voix basse. « Certains groupes souhaitent vous voir réussir pour récolter le fruit de vos recherches. Mais ce ne sont pas ceux dont on doit s’inquiéter à l’heure actuelle. Ceux-là veulent la Pierre accomplie et, sans le travail d’Haleass, ils ne l’auront pas. Le problème le plus pressant, ce sont ceux qui veulent vous voir échouer. Et ils sont nombreux. »

Au loin, le cri strident d’un aigle provoqua un sursaut de la Yuan-Ti, qui se reprit immédiatement.

-Les sbires de la prêtresse de Sebek cherchent à nous voir échouer, bien sûr, mais de ceux-là nous n’avons pas trop à craindre. Ce ne sont que des humains, leurs méthodes sont directes, et, dans les méandres des histoires Yuan-Tis, ils sont tellement perdus qu’ils pourraient me revendre les ingrédients qu’ils vous auront fièrement volés !

Le rictus qui anima les lèvres extrêmement fines pouvait bien être un rire. A bien y réfléchir, ce devait être un rire, oui.

-Tous les ennemis d’Haleass à la cour aimeraient le voir échouer. Il y a de fortes chances pour que Medusanna, la Grande Prêtresse de Varae, ou que Semorav le Cobra nous surveille et nous mette des bâtons dans les roues. Sans compter Dmetrio Extaminos, le fils de Dediana, qui voit d’une mauvais œil l’influence de l’alchimiste à la cour. Mais c’est surtout Elle qui devrait nous gêner. Mais d’Elle, je ne parlerai pas ici. Pas à moins de cent lieues de Hlondeth.

La Yuan-Ti frisonna de tout son long, déployant au passage une souplesse incroyable.

-Et pourquoi avoir fait appel aux premiers venus ? A votre avis, quelles ressources vont dépenser nos ennemis sur un groupe qui peut échouer de lui-même ? Pas beaucoup, et cela nous laisse plus libre. Qui plus est, faire ouvertement appel à des aventuriers au nom de Hlondeth nous prémunise contre les attaques directes. Il faudrait un plan beaucoup plus ambitieux pour vous faire disparaître sans éveiller les soupçons de Dediana. Et, pour beaucoup, vous n’en valez pas la peine. Que vous mourriez, ils en seront tous ravis. Que vous agissiez en toute liberté, ils ne le laisseraient faire pour rien sur Toril. Mais de là à perdre du temps à prévoir quelque plan bien construit… Bien, peut-être pourrions-nous commencer notre fouille ici, qu’en pensez-vous ?

Anin Soud

La jeune barde se pencha vers l’esclave, et commença à lui expliquer la situation. Mais, dès qu’elle vit Anin partir, l’adolescente se jeta aux jambes du moine, encerclant celui-ci avec force. Elle répétait sans cesse la même phrase, sans rien écouter de ce que lui annonçait la traductrice. Au bout d’un moment, celle-ci s’adressa au moine d’un air désolé.

-Elle dit qu’elle ne veut pas vous quitter. Elle n’a que vous, prétend-elle, et elle ne peut pas vous laisser partir. Voilà ce que je comprends.

L’esclave regarda alors le jeune moine avec les mêmes yeux suppliants qu’un instant auparavant. Mais elle ne relâcha pas le moins du monde la pression qu’elle exerçait sur les jambes du jeune homme. Le rire de Somon retentit soudain dans l’air.

-Je crois que vous l’avez charmé, mon graçon. Lança-t-il gaiement à son compagnon. « C’est difficile d’être un jeune et bel aventurier ! Bon, je crains que nous ne devions faire avec elle pendant quelques temps encore. Amenons-la à notre demeure, et Tornes veillera sur elle jusqu’à notre retour. Nous pourrons décider là-bas ce que nous ferons d’elle plus tard ! »

Belgos aspira une grande bouffée d’oxygène en sortant sur le parvis, l’estomac retourné, il avait sentit monter crescendo la révulsion que lui inspirait le spectacle auquel il avait assisté. Pourtant, au cours de la cérémonie et l’espace d’un bref instant, le demi-elfe s’était senti soulagé mais il n’avait pas imaginé un seul instant qu’il aurait à contempler le macabre enchaînement et se rendit soudainement compte qu’il lui restait encore beaucoup à apprendre sur les us et coutume des autres peuples.

¤ Par la Seldarine, qu’il fait bon d’être dehors !¤ réalisa avec soulagement Belgos le temps pour lui de reprendre un peu ses esprits. D’un geste sec, il dénoua ses cheveux et secoua la tête. Dans son esprit, l’image du partage du cœur était gravée à jamais dans sa mémoire. Il se souvenait de chaque seconde et certainement le pire pour lui, il avait vu les principaux dignitaires de Hlondeth communier pleinement, célébrant ainsi la gloire d’un culte qui lui resterait à jamais étranger. Il avait voulu voir de ses yeux une cérémonie Yuan-Ti, il avait été servi.

Quelques minutes après qu’is furent sortis, ils retrouvèrent Sseckomiss apparemment conscient du malaise qu’ils avaient ressenti et Belgos essaya tant bien que mal de ne pas le heurter.

- Vous avez raison Sseckomiss, c’est peu dire et je ne peux que vous faire part de… Notre consternation face au spectacle auquel nous avons assisté, bien que nous nous attendions au pire.

Le demi-elfe ne tenait pas à ce que le Yuan-Ti prenne ombrage de ses paroles, c’est pourquoi il relativisa ses propos.

- Quant à mieux vous comprendre…

Il laissa sa phrase en suspend, préférant attendre que Kebur prenne à son tour la parole.

¤Enfin dehors!¤

é é î

Ce fut ce à quoi Kebur pensa et ce qu'il dit, bien sûr en nain immédiatement après être sorti de cette cathédrale verte. Il eut presque froid, froid du sûrement au changement subit de température passant du chaud étouffant à une chaleur certes présente mais si douce par rapport à la précédente. Tout comme Belgos dénouait ses cheveux pour les laisser respirer eux aussi, le nain dénoua sa barbe, l'essorant presque pour en enlever l'eau qui y restait. Cela eut pour résultat de créer par terre une petite flaque de sueur naine.

Il respirait à grands poumons ce nouvel air, essayant d'oublier ou du moins d'occulter ses souvenirs horribles de cette cérémonie, mais il savait en lui même qu'il ne pourrait jamais oublier ce moment, ces moments, allant de plus en plus dégoûtants et sanglants et impies au fil de cette soi-disant cérémonie.

Bien entendu, ils retrouvèrent Sseckomiss à la sortie de la cathédrale, et Kebur, bien que son envie de lui dire ce qu'il pensait réellement de ce culte affreux, se retint, conscient du danger auquel il s'exposait s'il ouvrait son sac là, sur l'esplanade, devant tant d'oreilles Yuan-Tis indiscrètes. Il écouta donc Belgos prenant la parole, et remarqua évidemment que celui-ci se retenait aussi de dire à ce sac d'écailles ses quatre vérités.

L'invitation de Belgos au nain pour prendre la parole fut immédiatement comprise par le nain, qui, observant son ami, avait remarqué qu'il n'était pas très à l'aise à discuter après ce spectacle avec cet être écailleux.

-Oui c'est sûr, quant à vous comprendre, c'est autre chose... Enfin, passons! Bon oui, en effet vous avez raison, nous devons être comme les autres écaillés, car cette cérémonie nous a surpris : c'est compréhensible quand on sait que nous les nains, faisons des cérémonies carrées, qui durent un temps précis, des prières dans un ordre précis, et rien d'autre que des prières justement, pas de folie comme des libations ou pire des offrandes carnée à nos dieux... Mais comme je le disais, il fallait le voir, voir un de ces rituels pour assimiler la culture yuan-ti mais je trouve ne pas en avoir assez appris... Etonnamment. C'est pourquoi, bien que je ne souhaite aucunement revoir une de ces cérémonies, sauf votre respect bien sûr, vous devez nous comprendre mon ami et moi, je voudrais poursuivre notre discussion d'avant la cérémonie, pour que vous m'en appreniez plus, un peu plus...
Ce pourquoi je propose de retourner à la taverne, discuter autour d'un verre ou deux.
Et puis ça nous permettra de nous remettre...

Sa dernière phrase, Kebur l'avait dite tout bas, comme si il ne voulait pas être entendu par Sseckomiss, bien que cette réplique ne l'eût probablement pas choqué et qu'il l'eut comprise sans aucun souci. Kebur préférait quand même se méfier un peu, surtout des gens sur la place.

-Qu'en dites vous? Allons y? Cette phrase fut accompagnée par un mouvement du bras de Kebur, qui se tendit dans la direction de la taverne, invitant ainsi ses compagnons à avancer et à passer devant.

¤ Je damnerais aux neufs enfers tout Hlondeth pour déguster un bonne pinte de bière ! ¤ imagina un instant avec délectation le demi-elfe qui songeait également à se changer et enfiler des vêtement sec sans oublier prendre le temps de plonger dans une eaux fraîche, histoire de le détendre un peu. Hélas, ce n’était que des rêves et au pire ils ne seraient qu’exaucés que lors de leur retour dans leurs quartiers.

En évoquant mentalement le plaisir de retrouver le soir leur point de ralliement, Belgos repensa à ses compagnons avec tout d’abord Wolfgar et Binabik, leur excursion en dehors d'Hlondeth ne devait pas être de tout repos, ils ne connaissait pas le milieu et le danger pouvait se présenter à tout moment. Il chassa ses sombres pensées, mais il espérait que tout se passait bien pour eux, accompagnée de leurs guides, cela ne pouvait en être autrement. Pour Anin et son compagnon, il ne s’inquiétait pas outre-mesure, le jeune moine semblait sûr de lui et capable de se débrouiller milieu hostile quant à l’humain, le demi-elfe n’y pensa pas une seule seconde.
La réflexion de Belgos fut interrompue par Kebur qui expliquait sa façon de pensée au Yuan-Ti avec une certaine délicatesse, il devait bien l’avouer. Il ne put que s'empécher de rire quand le nain évoqua la taverne. Apparamment, il devait être aussi assoiffé que lui.

-Ce que j'en dit maître nain? Mais vous accorde toute l'attention que vous méritez et l'idée de partager quelque chose de frais serait la bienvenue! Je l'avoue.

Belgos se tourna alors vers Sseckomiss.

- Ainsi Sseckomiss, nous pourrions discuter à loisir et assouvir votre curiosité sur les Ecaillés que nous sommes tout comme nous, nous informer sur la culture Yuan-Ti. Et comme le dit si bien Kebur, cela nous permettra à nous de nous remettre, car nous avons été quelque peu secoués...

Il laissa sa phrase en supens et adressa un sourire à l'homme-serpent et au nain qui semblait impatient de quitter l'esplanade.

Allongé en étoile au milieu des broussailles, des fougères et des herbes folles, le gnome des forêts se sentait revivre et respirait à plein poumon cet air si vivifiant, mêlé de chlorophile. Son crâne le lançait encore un peu mais le mal disparaissait peu à peu. Le rôdeur avait bien rafistolé l’alchimiste avec ses bandages et les blessures étaient soigneusement enveloppées.

- Moi et Sizaxterr te remercions Wolfgar... Tes talents d’archer et de limier seraient appréciés dans mon organisation tu sais...

Le gnome esquissa un sourire puis ferma les yeux. Il ramena ses bras près de son corps, avant de se gratter le ventre. Le petit serpent venimeux en profita pour se glisser hors de la manche de son maître et se faufila entre les herbes à la recherches de choses intéressantes...
Tandis que Saline parlait, le gnome réfléchissait...¤ Ainsi il y a bien des noms à la tête de nos ennemis potentiels... Ils semblent nombreux, je me demande comment évoluent Kebur et Belgos. Quant au vieux qui accompagne Anin... hum. On n’est pas sortis du navet comme disait l’oncle Scratchy !¤

Le gnome s’étira puis se redressa rapidement à l’aide de sa pique. Il fit quelques pas dans les hautes herbes qui le camouflaient plus que les autres, puis tourna son étrange regard sur la yuan-ti.

- Ne sous-estimez pas les humains, ils sont imprévisibles, donc dangereux, et ils sont les plus représentés sur ce continent non ? La preuve, vous dites que ceux qui veulent nous voir échouer ne vont pas employer les grands moyens.. C’est à mon sens une erreur fatale. Et puisqu’ils veulent leur pierre, nous allons la leur donner n’est-ce pas ? En alchimie, lorsqu’un composant est mal dosé, ou qu’il ne correspond pas, l’utilisation finale d’un objet est désastreux, alors créons leur une fausse pierre et donnons-là, ou mieux, vendons leur, ils nous croiront pourris jusqu’à la moëlle.. hé hé

Artifice lâcha un soupir sec et bref. Il gambada vers Gark et lui posa une main sur l’épaule. Lui aussi devait se reposer, il fallait aussi regarder ses blessures, mais il laissait ce soin là à Wolfgar. Il farfouilla en revanche dans son sac et retrouva son outre, dont il but quelques gorgées d’eau encore fraîche. Il la rangea pour ensuite sortir une drôle de paire de lunettes mécaniques.
Il enfila sas mécas-lorgnons, et activa l’une des lentilles qui fit grossir son œil. L’effet de la loupe l’aiderait peut être à mieux voir des plantes précises dans les parages, aussi s’affaira-t-il vite à la tâche, aidé de son familier, qui parcourait les environs lui aussi..

La jeune fille ne semblait pas si faible que ça puisqu'elle était à deux doigts de faire perdre l'équilibre au pauvre Anin qui chancelait tel un vase en équilibre sur le bord d'une table !

- Qu'est ce qu... ! Hé ho hé ! Doucement là je vais tomber.

Rien n'était plus vrai d'ailleurs : il finit par s'étaler jusqu'à la figure sur les pavés, les bras lancés en avant, soulevant un amas de poussière. Il resta immobile un long moment le nez au sol, écoutant l'interprétation de la barde. On aurait dit qu'il venait d'être achevé sur place !

¤ Ah bah voilà ! Déjà que j'ai du mal à m'occuper de ma propre personne... Il ne me manquait vraiment que ça pour m'aider !!! J'aurais dû me douter que ça finirait de la sorte ! Pfff... crétin du nord pour sûr ! ¤

Il murmurait de petites phrases assassines envers lui même ponctuer de soupirs se traduisant par"mais qu'est ce que je fais là moi ?!". Tout cela allait bon train avec le rire presque moqueur du vieux Somon. Anin finit par lever sa tête non sans balayer un peu de poussière au sol et répondit à son compagnon qui le regardait de haut.

- Ha-Ha-Ha ! Effectivement c'est très drôle : "tel est pris qui croyait prendre" non ?

¤ pourquoi je dis ça moi ? ¤

Il se retourna et tenta de calmer sa "ravisseuse" afin de pouvoir se relever tranquillement. Après quoi, il se tapota les jambes, le buste et les cheveux pour éparpiller la poussière restante sur lui tout en continuant à parler avec Somon.

- Hélas ! Le temps presse et je crains que nous n'ayant pas d'autre choix que de revenir sur nos pas comme vous l'avez suggéré ! J'espère que l'on trouvera quelqu'un qui sache parler l'halfelin dans l'équipe. Le cas échéant, nous nous en sortirons jamais avec la petite.

Il baissa son regard vers l'adolescente et l'examina de long en large comme pour mémoriser son aspect et voir s'il n'y avait pas quelques détails particuliers qui lui auraient échappée à la première confrontation. Une fois qu'il eu finit de la contempler, il lui adressa un sourire enfantin et lui tendit la main pour lui faire signe de suivre le duo

- Il faudra penser à lui trouver un nom ... Vous avez une idée ?

Enfin, le moine remercia humblement Keira avant de disposer. Se recentrant sur la mission, il interrogea de nouveau son collègue.

- Sire Somon je repense actuellement à notre plan d'infiltration, je vous ai proposé une large palette de choix en ce qui concerne la procédure à suivre et j'attends toujours vos suggestions ! Sachez en tous cas que ma décision pour moi est prise : je prendrai par le haut si cela est faisable sans trop de risque ! Les hauteurs ça me connait ! Qui plus est, la voie des airs est celle que l'on néglige le plus souvent en terme de surveillance ! Qu'en pensez vous ?

Lorsque la troupe s’arrêta Wolfgar en remercia Meilikki. Il fut soulagé aussi qu’Artifice se sente mieux après ses soins sommaires mais efficaces. Quand le gnome le remercia, il lui en fût vraiment reconnaissant.
Après l’étrange remarque de celui-ci, il se demanda, avec beaucoup d’intérêt, de quelle organisation il pouvait bien s’agir mais il n’osa pas approfondir le sujet tout de suite de peur d’embarrasser Artifice qui tenait sûrement à garder tout cela secret. Il se promit cependant de questionner l’alchimiste dès qu’ils seraient seuls.

L’idée émise par le gnome de faire une fausse pierre révoltait Wolfgar, l’escroquerie et la manipulation l’avaient toujours répugné. Mais en y réfléchissant plus en avant, il se dit que personne ne savait ce que comptaient faire des personnes aussi néfastes que leur employeur de cette pierre qui semblait si puissante. Or pour la protection de la vie, qu’elle soit animale, végétale ou douée de raison, le rôdeur se devait de tous mettre en œuvre. C’était là la raison même de son existence. Il se dit donc qu’il accepterait de participer à cette tromperie s’il le fallait.

Wolfgar regardait Artifice alors qu’il venait de terminer ses paroles et le vit se diriger vers Gark. C’est à ce moment là qu’il réalisa que Gark était, lui aussi, blessé.

-Par la déesse mère, Gark, s’exclama le rôdeur, j’avais complètement oublié tes blessures, laisse moi regarder ça.

Il s’approcha du nain et s’afféra pour tenter de le soulager un peu.

-Voyons voir ça, continua-t-il, en tous cas Gark je te félicite, tu t’es montré très courageux pendant ce combat, sans toi, nous aurions tous pu être sérieusement atteint par cet animal. J’espère que tu ne souffres pas trop, sans vouloir t’offenser bien sûr. Je sais que vous, les nains, vous êtes un peuple très fier et robuste.

En s’adressant au nain avec respect et comme s’il était en pleine possession de ses moyens, Wolfgar essayait de raviver un peu la vraie nature de Gark même s’il ne croyait pas vraiment à son succès.
C’était peut-être aussi un moyen pour lui de se donner bonne conscience devant son incapacité à guérir ou à comprendre le mal de ce nain apathique.

Bien que Kebur fut impatient de quitter cette esplanade où s'agitaient encore nombre de Yuan-Tis, il était aussi tiraillé entre deux envies, non moins importantes les deux. D'une part, il voulait, et en rêvait véritablement, boire une bonne bière bien fraîche pour se remettre de ses émotions, d'autre part, il était à l'intérieur pris d'une colère noire, due au simple fait qu'il ne connaissait pas la ville comme sa poche. Évidemment, ce sentiment peut paraître étrange pour quelqu'un qui ne connaît pas vraiment bien les nains, mais il faut savoir, que la première chose qu'on apprend à un nain dans une mine, après lui avoir appris à marcher, courir et se nourrir seul, c'est le plan de la mine, et on le lui fait apprendre par coeur. Ainsi, tout nain dans une mine connaît celle-ci par coeur, les filons, les passages secrets, les couloirs de A à Z. Esprit pratique diront certains, peut-être, mais en tout cas jamais un nain n'est mort de faim ou de soif perdu dans la mine.

De plus, quelque chose trottait dans la tête de Kebur depuis son arrivée dans cette ville étrange. Il avait vu des créatures étranges, des gens bizarres, des boissons dont il s'était méfiés, mais il n'avait pas encore vu de forgeron au travail. Or tout le monde connaît ce besoin qu'ont les nains de devoir entendre jour et nuit le bruit du marteau frappant le fer sur l'enclume, et finissant par donner une oeuvre d'art véritablement, que ce soit un outil comme une arme, ou encore plus généralement une armure. Et c'était ça que Kebur voulait en fait voir.

Après quelques minutes de grommellements de la part du nain, grommellements qui traduisaient sa réflexion, et son combat intérieur, il avait enfin pris une décision.

-En fait, maître Sseckomiss, outre le fait de boire une bonne bière, je voudrais visiter un peu plus la ville. Et plus particulièrement, je suppose que vous avez des forgerons non? Alors, si cela ne vous dérange pas, je voudrais juste passez en voir un, voir comment il travaille, et nous pourrions aussi faire quelques emplettes mon ami et moi. Et nous passerons ensuite chez un armurier, pour nous équiper aussi, mais tout d'abord pour admirer son art. Nous n'irions qu'en suite à la taverne la plus proche pour nous désaltérer. J'offre cette tournée. On y va?

Pour autant, Kebur était toujours aussi pressé de quitter cette cathédrale, bien que ce fut un bel édifice, ce qu'il y avait vu l'en avait dégoûté. Il se mit donc en marche, lentement, les bras croisé dans le dos, et cheminant, ils discutaient de la culture Yuan-Tis. Mais bien que cela ne puisse paraître imperceptible, Kebur pressait inéluctablement le pas.