La Pierre du Serpent, Alchimie, Venins et autres Complots

Tout se passa en quelques secondes et pour le rôdeur, ce ne fut qu’une question de réflexe et de chance qu’il parvint à se débarrasser du reptile. La poussée d’adrénaline disparue complètement quand Belgos déposa l’animal sur le sol et même si ce dernier semblait petit, il ne doutait pas un instant de la férocité de son venin. Il se redressa, et souffla quelques secondes, le temps pour lui de reprendre contenance et lança à son compagnon un regard reconnaissant.

- Merci Kebur de ton soutien. Il me semble que nous avons frôlé l’incident d’Etat.

Le rôdeur lui fit un clin d’œil et c’est à ce moment que choisit un garde Yuan-Ti pour intervenir et les interpeller. Et au son de sa voix il était clair qu’il fallait lui apporter une réponse satisfaisante et suffisamment claire pour qu’il les laisse tranquille. Tout d’abord surpris par le ton employé, Belgos s’employa à faire usage de diplomatie malgré la colère froide qui s’emparait de lui surtout après ce qui venait de se passer. Il fit face au garde.

- Pour tout vous dire mon ami, j’ai eu la désagréable surprise de voir un petit serpent vert et rouge vif, d’une exceptionnelle beauté, qui a songé un petit instant à s’installer confortablement dans ma chemise. Ce n’était pas possible voyez-vous. Alors au lieu de me saisir de ce serpent, de lui briser la nuque ou de l’écraser sous le talon de ma botte, j’ai pensé plutôt à le laisser vivre pour ne pas offenser Varae.

Le regard émeraude du rôdeur se plissa et le ton qu’il employait se voulait amical bien qu’il avait un mal fou à se retenir d’agonir le garde de quelques répliques bien placées, histoire de la remettre à sa place. Mais il s’agissait là d’une mauvaise idée. Il continua donc.

- Pendant que je m’évertuais à ne pas réduire en bouillie ce charmant reptile, mon ami nain ici présent a tenté de m’apporter son aide en faisant usage de ses talents magiques. Une initiative motivée par les soucis de ne pas me voir mourir brusquement par exemple. Une initiative amicale et entre nous, je remercie sincèrement maître nain de son intervention.

Belgos afficha un grand sourire et regardait le nain se rapprocher pour prendre la parole à son tour.

S'impliquer dans cette affaires provoquerait forcément des conséquences aussi néfastes soient-elles mais le moine rouge n'aurait jamais crût que cela tournerai de la sorte. Une fois de plus, Somon restait psychologiquement imperceptible et Anin songeait à se résigner à le laisser tranquille... Après tout, faire confiance à ses alliés malgré toute les circonstances fait aussi parti de l'esprit d'équipe ! Il fallait maintenant cessait ce spectacle qui pour lui n'a que trop duré! Alors qu'il était sur le point de laisser sa victime tranquille et d'abandonner l'esclave à son sort en évitant de se faire remarquer encore plus, ce nouveau protagoniste fit son entrée dans la scène en exposant une information des plus incroyable !

- Heu... Vous rigolez là ? C'est la loi la plus stupide que j'ai pu entendre et ...

Il se tût quelques secondes et resta figé comme une statue sur son expression d'étonnement

¤ oooooooh mais attends une seconde Anin ! Ca pourrait s'avérer intéressant pour en finir avec cette histoire ! ¤

Les muscles du moine se détendirent lentement alors qu'il commençait à se gratter le menton.

- Hmmmmmmmmmouais ! C'est Exact ! Vous n'êtes pas dignes de "vous servir" de cette esclave et je viens de vous le prouver ! Dit-il en se tournant vers l'ancien propriétaire et en le dévisageant de haut. J'espère que vous aurez retenu la leçon ! ha ha ha ! Maintenant disparaissez avant que le "crétin du Nord" ne se décide à faire subir à votre nuque le même traitement qu'à votre bras !

Son regard revînt alors vers l'inconnu qui venait d'arriver et tout en marchant vers la jeune fille, il interrogea l'homme sur un ton des plus graves.

- Qui êtes vous ?

Une question courte pour une réponse qui se devait d'être longue. Quel que soit la réaction du nouveau venu, Anin se penchait déjà vers la pauvre fille et lui parla sur un ton qui se voulait rassurant.

- Ne t'inquiète pas, tout sera bientôt terminé. Tu peux marcher ? Quel est ton nom ?

Il releva alors sa tête tel un coq et la dirigea vers Somon.

- Hoy Somon ! Je m'excuse pour tous ce qui vient de se produire. Nous avons surement perdu un temps considérable ! Mais ne vous inquiétez pas : c'est presque finit !

¤ Oui, c'est vrais que je pousse peut-être le bouchon un peu loin des fois. Il faudra que j'apprennes à retenir mes pulsions dorénavant. Je me demande comment j'aurai été jugé par le monastère sur cette décision ... ¤

Pour le nain, les actions précédentes se déroulèrent en un temps qui dépassait l'entendement pour lui tellement elles se déroulèrent rapidement. Il eu à peine le temps de comprendre que son ami n'était pas mort à cause du venin du serpent et que ce même serpent vivait toujours, dieu merci, et se tortillait toujours bien vivant par terre. A peine eut il le temps de comprendre donc, que son ami le remerciait sur une pointe d'humour. Remerciements auxquels il répondit par un léger salut de la tête à l'attention de son compagnon.
Alors qu'il s'apprêtait à se remettre en place pour profiter de la cérémonie comme il se devait, un garde vint vers eux et posa la question fatidique que craignait Kebur en faisant usage de ses pouvoirs : que quelqu'un le remarque. Il voulait
prendre son temps pour répondre au garde sans l'offenser mais son ami le devança et Kebur l'écouta donc, essayant de réprimer un sourire du aux paroles de Belgos que celui ci voulait tellement qu'elles l'étaient peut-être un peu trop, mais Kebur ne craignait pas trop l'hypothèse que le garde comprenne quoi que ce soit à ce zèle de politesse. Il attendit donc que son compagnon finisse pour commencer à son tour à parler, paroles incitées par le sourire de son compagnon.

-Cher ami, fidèle serviteur de Varae, voyez dans cette utilisation un essai de préservation de ce petit serpent rouge et vert, très mignon, mais qui avait élu domicile dans la chemise de mon ami, qui lui, ne voulait pas de lui. Non pas qu'il veuille offenser Varae, loin de là, tout comme moi d'ailleurs. Ainsi, cher, je justifie l'utilisation de mes pouvoirs ainsi : c'était pour préserver cette petite chose du courroux de mon ami qui avait vu qu'un serpent avait élu domicile dans sa chemise. En effet, mes pouvoirs visaient juste à savoir si ce serpent était venimeux et à renforcer un peu mon ami dans le cas où le serpent le mordrait. N'y voyez donc aucune offense à Varae ni à cette assemblée, au contraire.

Kebur, souriant, espérait au fond de lui que la vérité passerait chez cet être hybride, et qu'il ne croirait pas au contraire que ce qui est la vérité est un mensonge visant à le tromper.

-D'ailleurs, voyez, Belgos est rassuré, et le serpent est vivant, n'est ce pas Belgos? Si nous avions voulu tuer ce serpent, loin de moi cette idée bien sûr, nous l'aurions fait en deux tours de main...

Puis Kebur se tourna vers son ami, l'incitant à reprendre la parole pour s'expliquer face à ce buffle mal embouché, qu'était ce yuan ti.

- Murmura Kebur pour Belgos bien que ce dernier ne pouvait comprendre mot de ce que le prêtre disait.

Belgos savait pertinemment que le garde ne faisait que son devoir en les haranguant de la sorte mais après l'épisode du serpent, il aspirait un peu de répit mais il semblait que ce ne soit pas encore possible. Sans oublier que tout pouvait basculer si le Yuan-Ti n'était pas convaincu de leurs explications. En attendant que Kebur termine de fournir sa version des faits à l'homme serpent, le demi-elfe se passa les mains sur le visage, histoire de reprendre une certaine contenance. Quand le nain se tourna vers lui, Belgos haussa les épaules et dévisagea le garde.

- Je vous le redis, nous ne voulions en aucun cas manquer de respect à quiconque et tout ce que nous voulons c'est d'assister tranquillement à la cérémonie en l'honneur de Varae. En aucune façon notre objectif était de faire quelque chose de répréhensible à l'égard de vos lois et nous nous excusons de désagrément que nous avons engendré.

Le rôdeur inspira profondément.

- Nous sommes des étrangers dans cette ville et nous ne sommes pas encore au fait de vos us et coutume. Nous veillerons à ne plus utiliser de magie dans ce lieu, soyez-en assuré.

Belgos jeta un coup d'oeil à Kebur, le nain n'avait agis que pour lui venir en aide et à bien y réfléchir, le demi-elfe aurait fait la même chose. Il espérait seulement qu'ils avaient été assez convainquant pour que le garde les laisse tranquille.

Le grondement sourd d'un martèlement onirique retentissait dans un recoin funeste du sombre hall de pierre où se trouvait Binabik.
Les dalles d'obsidienne reflétaient son image tel un noir miroir, et lui donnait un aspect de peau plus normal qu'à l'habitude.
Artifice n'était plus un gnome, mais une étrange créature svelte et élancée, à moitié nue, entourée d'un halo d'énergie crépitante qui se propageait tel un éclair tourbillonnant. Ses veines pulsaient au rythme du martèlement qui devenait de plus en plus proche et visiblement, cela rendait fou l'alchimiste.

Avançant à grandes enjambées à travers le hall de pierre polie, l'homme alla se réfugier vers un endroit plus défendable. Il avait peur. Tremblait. Suait; Il sentait la mort se rapprocher, et ses veines répandre un liquide aussi noir que le sol.

Un Gigantesque arbre noir se dressait au milieu d'un champs.
Il faisait nuit, mais la voûte céleste éclairait de ses astres la terre féconde qui se trouvait sous les pieds de Bina.
Sa forme avait encore changé, il était cette fois grand, très grand, aussi haut que l'arbre et aussi musclé qu'un géant.
Un éclair zébra le ciel, il avait la forme d'un serpent qui venait se lover dans son nid, rejoignant d'autres frères pour ne former plus qu'un seul. La Lueur céleste se propagea en piquet, tout droit vers le tronc noir, qui semblait fait de la même matière que les dalles d'obsidienne du hall.
Les branches éclatèrent soudain comme du verre. Le tonnerre s'abattit violemment sur cette parodie végétale, et se propagea jusqu'à l'alchimiste, qui s'enflamma littéralement sous le choc. Son pouls s'accéléra, ses pupilles se dilatèrent un moment et revirent former celles d'un tigre, puis celles d'un faucon. Alors sa vision se précisa, et son regard, aussi rapide et perçant qu'une flèche, vint se planter dans ses propres yeux.
Celui d'un gnome, blanc de peau, au teint cireux, dégoulinant de sang et tenant une arme blanche avec peu de sûreté. ce petit être avait l'air secoué, sans âme et semblait attendre quelque chose.

Qui arriva.

En un battement de paupière, Binabik vit ses trois compagnons face à un cochon enflammé de grande taille, et qui semblait plus que furieux contre eux. Les souvenirs lui revinrent très vite depuis son absence et de son combat mental, et il en lâcha son arme.
Il tenta de faire un pas en arrière, mais la douleur était atroce et ses muscles le lançaient. Pourtant, déterminé et prêt à en découdre, Artifice n'était pas prêt de vouloir mourir maintenant, pas ici, pas encore.¤ Pas encore..¤

Le gnome s'arc-bouta rapidement, les gouttelettes de sueur et de sang mêlées tombèrent à terre tandis qu'il tentait de se rappeler une formule adéquat. Ses doigts commencèrent à se mouvoir étrangement et à former des arabesques crépitantes. Il marmonna quelque chose d'inaudible, puis pointa son index vers le cochon grillé, alors qu'un petit projectile rouge sang fusa vers le monstre.
Sans tarder, Artifice saisit un petit morceau de cuir parmi ses composantes et frappa des mains avec le morceau au creux de la paume, puis joignit en croix ses bras devant sa poitrine.

- ëzurëh'atsa !

Il prononça un mot qui retentit étrangement, et de ses mains sortirent des vapeurs quasi invisibles qui vinrent entourer le gnome d'un halo.
Il releva enfin les yeux, sa vision vacillait, et passa une main dans son mantel..

Artifice à côté de lui semblait reprendre ses esprits mais avec beaucoup de difficultés. Son inaction avait duré peu de temps mais à l’échelle d’un combat, cela représentait toute la différence entre la vie et la mort.

Au fil des secondes, le regard du gnome semblait de plus en plus lucide et cela rassurait Wolfgar. Quand Artifice lança un sort qui le nimba d’une impressionnante aura, le rôdeur cessa de s’inquiéter pour son ami et il se permit même une petite pointe d’humour.

-Hé bien cher amis, dit-il s’adressant à l’alchimiste avec un petit sourire en coin, on dirait que vous revenez de loin, j’espère que le voyage fut plaisant.

Il porta ensuite son attention sur le nain et fut stupéfait de voir qu’il tenait encore sur ses pieds après un tel coup.

*Il faut absolument en finir au plus vite, se dit-il, Gark ne pourras pas encaisser beaucoup de coup comme celui-là.*

Concentré maintenant sur sa cible, Wolfgar s’admonesta pour ne pas recommencer un tir aussi mou que le précédent. Il espérait plutôt en finir au plus vite avec cette bestiole.

Bandant son arc, il décocha donc sa flèche avec le plus de précision et de force possible.

Voyant Saline le devancer, Wolfgar se dit que la Yuan-ti était vraiment une alliée efficace et très précieuse.
Il se demanda par contre si Saline se serait comportée de la même façon si Artifice et lui-même n’avaient pas découvert sa vraie nature. Aurait-elle continué à jouer son rôle d’esclave apathique ou bien se serait-elle battue comme maintenant au risque de compromettre son déguisement ?

Belgos et Kebur

Ce fut visiblement à contrecœur et avec un fort relent de suspicion que le garde Yuan-Ti s’éloigna sans un mot des deux aventuriers. Que ce fût le caractère sacré du lieu ou la nature impie du sang d’un demi-elfe ou d’un nain qui avait passé l’envie à l’Homme-Serpent d’essayer sa lame sur les deux ‘Ecaillés’, ceux-ci se trouvaient désormais surveillés en permanence par ce guerrier d’élite, et les regards fixes et pesants les mettaient mal à l’aise.

Toutes les discussions s’arrêtèrent d’un coup, remplacés en quelques instants par les voix chantantes des prêtres Yuan-Ti déclamant des cantiques dans leur langue sifflante. Kebur fut heureux de ne pas connaître cette langue, car le ton même de la mélopée ne laissait aucun doute sur la nature impie des paroles. C’est à ce moment qu’apparut la grande prêtresse de Varae à Hlondeth. Belgos comme Kebur mirent un certain temps à l’apercevoir, car elle ne vint pas de l’extérieur, mais de sous l’autel, par un escalier habilement dissimulé dans le sol. Mais ce n’est pas cette arrivée imprévue qui stupéfia les deux aventuriers, mais l’allure de la Grande Prêtresse.

Si les Yuan-Tis possédaient un nombre d’aspects différents tout simplement phénoménal, mais le Boa d’Emeraude de Vilhon, comme on la nommait, était une curiosité même pour les Hommes-Serpents. Sur un corps pourvu de deux queues de serpents et de deux bras humanoïdes, la tête d’une femme à la peau écailleuse portait en guise de chevelure une myriade de serpents enlacés. Les couleurs variées et les formes nombreuses de la ‘chevelure’ avait de quoi déconcentrer tout interlocuteur, mais le regard dur et froid de Medusanna Mhairdaul glaçait le malheureux qui le croisait.

Le regard qu’elle porta à Dediana Extaminos fut d’ailleurs sans équivoque. Contrairement au stoïcisme de la plupart des Yuan-Tis, la haine affichée par le Boa d’Emeraude de Vilhon éclatante envers la régente de Hlondeth était éclatant pour tout spectateur.

Binabik et Wolfgar

Binabik lance projectile magique sur Babiroussa sanguinaire de feu: 5 dégâts
Wolfgar : attaque à distance: 10 + 4 +1 =15 >< Babiroussa sanguinaire de feu : CA 15 réussite
Wolfgar inflige 6 dégâts à Babiroussa sanguinaire de feu + 1 d’inspiration vaillante
Babiroussa sanguinaire de feu meurt

Une forme rougeâtre fusa soudain des mains d’Artifice pour frapper la créature sur le flanc, celle-ci poussa un puissant grognement, se préparant à une ultime charge quand la flèche de Wolfgar lui traversa le crâne. Titubant encore pendant quelques mètres, le montre finit par s’avachir sur le sol, les flammes de sa peau s’éteignant lentement. Saline arrêta son chant et reprit son souffle au soleil, alors que Gark rangea calmement son arme.

Peu après, les crissements des insectes et les chants des oiseaux reprirent, et il ne restait plus que la carcasse du monstre et les herbes brûlées pour attester de la visite de cette créature de feu sur l’Ugruth. Saline se contenta de jeter un coup d’œil en coin au gnome.

-J’espère que cette bataille n’aura pas alerté quelqu’un. Commenta d’un air préoccupé la Yuan-Ti . « Il est peu probable que ceci ait été envoyé par une organisation adverse, mais on n’est jamais trop prudent. De toute façon, il ne faut pas rester ici, nous sommes trop repérables. Cette bestiole attirerait les foules depuis Alaghôn avec toutes ces flammes! Partons vite. » Et, sans tenir compte de la fatigue ni de l’envie des autres, la danseuse de précipité dans les herbes sèches vers l’Est.

Anin Soud et Keira

La peau de l’homme ventripotent vira soudain du rouge pâle au bistre foncé sous la colère. Il s’apprêta à prononcer une parole, puis, finalement, partit en courant, bousculant au passage des passants, provoquant murmures ou cris d’indignation. L’homme interpellé par Anin répondit sèchement au moine.

-Est-ce ainsi que l’on remercie ceux qui font valoir vos droits ? Puisque vous voulez le savoir, je suis Termel Terpir, négociant d’Ormath venu en mission à Hlondeth. Et qui êtesèvous vous même pour me parler ainsi ?

Lorsque le moine se retourna vers l’esclave, celle-ci avait baissé la tête, mais un semblant de sourire timide s’esquissait sur ses lèvres. La question du jeune homme la plongea dans la détresse la plus profonde. Elle commença à parler un petit peu, mais dans une langue inconnue d’Anin.

Keira, pour sa part, avait assisté avec émotions à la scène dans son intégralité, n’osant intervenir dans ce conflit. Cependant, la barde se sentait de la sympathie pour la pauvre esclave, et son nouveau propriétaire ne semblait pas particulièrement mauvais. Mais elle ne put s’empêcher de sourire devant l’incrédulité de celui-ci lorsque l’adolescente lui adressa la parole en halfelin !

-Elle dit qu’elle ne comprend vos paroles. Ne put s’empêcher d’intervenir Keira. « Elle parle en halfelin, aussi étrange que cela puisse paraître. »

Anin se retourna alors vers sa nouvelle interlocutrice, une jeune femme aux cheveux cuivrés habillée d’une robe mauve. A la lyre qu’elle exhibait fièrement à ses hanches, il ne faisait aucun doute qu’elle était une barde errante…

¤ On vient de se faire un ami pour la vie.¤ nota mentalement le demi elfe en voyant le garde Yuan-Ti s’éloigner sans manquer de leur jeter un regard qui en disait long. Mais Belgos s’en moquait, l’essentiel c’est que l’incident était clos. Tous ses muscles se détendirent sous l’effet du soulagement, il inspira profondément, se passa une main sur le visage pour essuyer les gouttes de sueurs qui perlaient et s’adressa à son compagnon à voix basse.

- Bon, je crois que nous nous en sommes bien sortis cette fois, tu ne trouves pas Kebur ?

Du coin de l’œil, il vit le garde reprendre sa position initiale.

- Je crains Kebur, qu’au moindre faux pas de notre part, ce Yuan-Ti sera heureux d’exercer ses talents sur nous.

En disant cela, Belgos referma sa main sur la garde de son épée et la serra, rassuré par ce contact familier. Il reporta son attention sur ce qui se passait autour d’eux. C’est à cet instant que la cérémonie prit une nouvelle dimension quand une créature fit son apparition subite prés de l’autel. Belgos en eut le souffle coupé quand il aperçut la Yuan-Ti, car il s’agissait bien du Yuan-Ti et comme à son habitude depuis qu’il évoluait à Hlondeth, il fut tout tout bonnement stupéfait par son allure.

¤ Il va falloir que je m’habitue ! Je ne vais pas quand même défaillir à chaque arrivée de Yuan-Ti qui sorte de l’ordinaire. Ca devient lassant à force.¤

Pourtant, même s’il éprouvait un dégoût pour les Yuan-Tis, cette nouvelle venue était proprement fascinante tant par son apparence physique et par une indéniable prestance qui émanait d’elle. Il était prêt à parier qu’il s’agissait de Medusannala grande prêtresse dont Sseckomiss avait fait mention avant qu’ils ne pénétrent dans la cathédrale. Encore subjugué, le demi-elfe ne quittait pas des yeux la Yuan-Ti et quand cette dernière posa les yeux sur la régente, il sut d’instinct qu’elle ne portait pas dans son cœur Dediana Extaminos, et ce n’était pas un simple conflit entre deux personnes, pour Belgos, c’était bien plus profond.

¤ Voilà une information intéressante. Deux des personnages les plus influents de Hlondeth qui se vouent un antagonisme puissant. Cela ne doit pas être facile tout les jours….¤

Pour le demi-elfe, c’était l’heure des suppositions. Etait-il possible que Médusanna et Dédiana ne partagent pas les même point de vues et la même politique ? Médusanna était-elle celle qui prenait le plus à coeur le interêts de la cité et de son peuple au contraire de la régente et qu'elle voyait en elle une ennemie? Peut-être que la suite des événement donnerait au demi elfe quelques indications sur ce sujet, voir plus.

Depuis la fin de leur discussion avec le garde Yuan-Ti, Kebur n'avait cesser de l'observer jusqu'à ce que celui parte et rejoigne sa place. A ce moment, Kebur remarqua que les rôles avaient été inversés et que désormais, le lézard ne les lâchait pas des yeux. Bien que cela rendait Kebur quelque peu mal à l'aise, il était en même temps assez indifférent à ce regard qui épiait le moindre de leurs mouvements.

¤Toi mon gros lézard, un jour je ferai de toi des bottes! ne t'inquiètes pas trop pour ça! ¤

Alors que Kebur était dans des réflexions de vengeance si l'on peut dire, il entendit Belgos lui souffler quelque chose à l'oreille, ce qui le fit se retourner vers son compagnon elfe.

-Oui c'est sur. Je crois que l'on a évité le pire, mais tu as raison, restons sur nos gardes tout de même, il n'a pas l'air commode et prêt à lâcher prise. Répondit Kebur en chuchotant, pareillement à l'elfe.

Après cette réponse laconique, pour appuyer celle ci, Kebur rapprocha son bouclier de lui, de telle sorte que s'il devait se lever un peu précipitamment, il ait moins de mal s'en saisir et à s'en équiper.
C'est ce moment que choisit un nouveau protagoniste pour rejoindre les festivités qui se déroulaient au fond de la cathédrale. Accueillie par des chants dédiés à Varae, que Kebur était heureux de ne pas comprendre d'ailleurs, il en déduisit que le Yuan-Ti qui venait de faire irruption devant l'autel était une personne assez importante.

¤Mouais...ces litanies me font carrément froid dans le dos. Bon, alors la régente est déjà là, qui pourrait bien être assez important pour qu'on l'accueil sur fond de choeur...peut-être cette fameuse prêtresse de Varae dont on parle depuis assez longtemps.. possible.¤

Comme pour s'assurer de ses pensées, bien qu'il n'en ait aucun moyen, il regarda de nouveau ce Yuan-Ti et c'est à ce moment là qu'il remarqua combien celle ci était spéciale, voire même étrange, pour une Yuan-Ti. Bien qu'il en ait déjà vu une multitude, Kebur n'en avait jamais vu qui possédait deux queues, mais surtout, qui possédait en guise de chevelure, une nuée de serpents tous différents les uns des autres. Non seulement ça, mais son port altier fini de subjuguer Kebur qui ne pouvait détourner son regard de cette femme, si bien qu'il remarqua sans aucuns problèmes le regard dont celle ci darda la régente, regard qui étonna Kebur au plus haut point aussi.

¤Tiens! Marrant ça...elles se détesteraient donc toutes les deux. C'est étonnant. Pourtant on dit que la prêtresse a de l'influence sur cette faible régente, et pas qu'un peu. Alors si ce qu'on dit est vrai, comment se détesteraient elles à ce point........ou bien...oui! l'influence dont on parle n'est peut-être pas une influence amicale, mais du chantage...après tout, elles sont les deux personnages les plus importants de Hlondeth, pourquoi ne voudraient elle pas chacune prendre le dessus sur l'autre? Ce ne serait pas si étonnant que ça...¤

Kebur se tourna donc vers son compagnon, lui lançant un regard interrogateur, comme si le rôdeur avait pu entendre le raisonnement de Kebur. Au bout d'un petit moment quand même, il se rendit compte qu'il avait pensé tout ce qu'il venait d'entreprendre comme raisonnement.

-Oui, donc je pensais à l'instant que ces deux personnes se détestaient, c'est évident. Pourtant on dit partout que la prêtresse a une grande influence sur la régente, n'est ce pas? Donc, on peu en déduire que cette influence dont on parle dans la ville n'est peut-être pas une influence amicale, comme beaucoup le croient j'ai l'impression, mais plutôt une pression, peut-être un chantage, voire pire je ne sais pas. Ainsi, ce qu'à déclarer la régente l'autre jour, peut-être ne le voulait elle pas, elle, peut-être au contraire qu'elle ne voulait en aucun cas déclarer une guerre qui pourrait être dangereuse et risquée pour Hlondeth : peut-être que la prêtresse l'avait obligée à déclarer ce qu'elle a déclaré. Cela fait beaucoup de suppositions, d'accord, mais qu'en penses tu toi? Bien entendu, Kebur avait chuchoté tout ce qu'il venait de dire, et attendait désormais la réponse de son compagnon, regardant parfois vers l'autel pour voir ce qui s'y passait.
Kebur était conscient qu'il donnait là à Belgos beaucoup à réfléchir, mais ce n'était pas plus mal, lui même commençant à tourner un peu en rond avec ces idées de chantage. Il ne trouvait plus l'extrémité du fil à dérouler dans sa tête pour poursuivre ce raisonnement, il lui manquait quelque chose, c'était évident, et il espérait que ce quelque chose il le trouverait par la suite grâce à sa quête.

Belgos avait tendu l’oreille pour parvenir à écouter ce que son compagnon avait à lui dire. Il resta un moment perplexe, le temps pour lui de rassembler ses idées pour tenter de répondre correctement aux interrogations du nain. Le demi-elfe n’aimait pas livrer ses impressions surtout dans un environnement qu’il jugeait inadapté et hostile mais avait-il le choix ? Belgos n’en était pas sûr, aussi, il fit comme Kebur et se décida à lui répondre. Sa voix n’était qu’un murmure, ses sens aux aguets, son regard scrutait avec attention ce qui les entourait sans manquer de jeter de temps en temps un coup d’œil furtif au Yuan-Ti qui les surveillait.

- Influencée ? Je ne pense pas. Je serais plutôt d’avis que ces deux là ne partagent pas les même points de vues. Et entre nous Kebur, je serais même prêt à parier que la Grande-Prêtresse voit en la régente un danger pour cette cité. Je veux dire par là qu’elle pense que la régente se fait manipuler et risque à terme de conduire Hlondeth à sa perte. Bien entendu, ce n’est que supposition.

C’était vrai, Belgos ne parvenait pas à croire que la Grande-Prêtresse Medusanna pouvait avoir quelque chose de néfaste dans cette affaire. Son instinct le trompait peut-être mais il avait du mal à imaginer Medusanna dans le rôle d’une manipulatrice, en tout cas pas dans l’affaire qui les préoccupait. Cette dernière, et c’était peut-être une mauvaise impression que ressentait le rôdeur, avait à cœur de préserver Hlondeth et les gesticulations guerrières de Dediana Extaminos n’étaient sans doute pas du goût de la plus haute représentante de Varae. Le demi-elfe suivait avec attention les mouvements de la prêtresse.

¤ Si Haleass nous a mit en garde sur sa sœur et surtout sur sa conseillère, il est fort probable que Medusanna sache la mauvaise influence qu’exerce cette dernière sur la régente, ce qu’elle est loin d’apprécier.¤

Belgos se pencha de nouveau sur Kebur.

- Non, regarde plutôt cette jeune femme, rousse au teint cireux qui accompagne la régente, observe là bien et tu comprendras.