Enquête Macabre, Prélude du retour aux sources du Mal

¤Pour ne pas voir la misère ambiante... Mais bien sûr! Tu vas avoir de mauvaises surprises si tu me crois aussi naïve!¤

La halfeline n'avait pu s'empêcher de sourire lorsque le crinti lui avait demandé de lui apprendre la communication silencieuse, et encore plus à l'évocation du partage des trésors. Enmorien était plus que consentante pour "offrir" sa part du butin. Mais cela ne serait pas sans prix...

Elle suivit le dénommé Tharak dans la chambre, prenant ostensiblement un air léger et badin au sortir de la salle. Que l'on la remarque partir avec le crinti assurait que l'on soupçonnerait immédiatement ce dernier s'il arrivait quelque chose à la halfeline. Mieux valait prendre ses précautions avec ce genre d'individus...

Une fois dans la chambre, la halfeline se mit à l'aise sur le lit, se vautrant plus qu'elle ne s'asseyait. Elle en fut heureuse, commençant à se sentir lasse, mais aussi car cela lui permettrait de juger les réactions de son interlocuteur.

-Je suis Enmorien Talassalande, jeune voyageuse halfeline. Enchantée de faire votre connaissance, Tharak l'exilé.

Donner à un inconnu (et donc une future proie) le surnom de son dieu était une ironie qu'elle apprécia grandement. D'autant plus qu'elle seule pouvait comprendre la véritable teneur de cette réplique.

-Je travaille pour l'église de Kelemvor. Continua-t-elle sans un mot dans l'esprit de Tharak. Son regard plongeait maintenant dans celui de son interlocuteur, accompagner d'un sourire à faire fondre le plus austère des prêtres de Heaum. "L'école de Nécromancie ici est la proie d'activités anormales, qui ont abouti ces derniers jours à des meurtres inexpliqués. Mon ordre craint que cela ne dissimule une activité de bien plus grande envergure, et m'a envoyée en reconnaissance ici."

La halfeline cessa son discours mental et entreprit de se recoiffer avec des gestes lents et suaves. Dans une ville comme Halarahh, aucun endroit n'est sûr ni suffisamment discret pour des confidences, il lui fallait donc continuer à jouer les aventurières débutantes. Ceux qui observeraient de l'extérieur ne verraient rien de plus qu'une halfeline aguichant silencieusement un futur partenaire de quête...

-Pour le partage des richesses... Continua Enmorien d'un air léger et à hauite voix cette fois. "Je suis favorable pour un cinquante-cinquante sur toutes nos découvertes. Et il est possible que je vous laisse plus encore si je découvre quelque chose de particulièrement intéressant..."

Enmorien fit un clin d'oeil au crinti, tout en poursuivant mentalement.

-Il est même possible que je vous apprenne à communiquer sans mot dire.

e demi-drow fixait la halfeline. Elle ne lui avait donné qu'une infime part des informations qu'elle détenait sur le sujet.
Qu'elle souhaite garder certaines informations, Tharak le comprenait aisément. Qui n'en eut fait autant ? Mais la halfeline tirait quelque peu la couverture à elle.
Toujours assis sur le lit, les coudes sur les genoux, le bâtard suivait d'un regard absent la gestuelle de la petite. Après quelques secondes de silence, il entreprit de tenter d'en savoir plus.
"Et là je suis censé avaler aussi peu d'éléments et te dire "d'accord ! allons-y ! Fonçons !". C'est un peu court jeune fille !... Tu es employée par les adeptes de Kelemvor, soit ! mais tu n'as rien d'une prêtresse, alors quelle est ton art précisément ?... Quant au partage, je n'ai jamais vu quelqu'un laisser sa part si ce n'est pour une part plus importante encore ! Alors je répète : cinquante-cinquante ! Pas de coup tordu. Je ne suis pas un disciple de Tyr, je te l'accorde. Mais un associé est un frère d'armes pour moi. Pas de traîtrise tant que nous bosserons ensemble, quel que soit l'issue. Je ne te promets pas de me sacrifier pour toi, mais s'il y a une embrouille, je serai à tes côtés."

Le crinti laissa un blanc dans son monologue afin que sa comparse assimile ce serment qu'il lui faisait. Y croyait-elle vraiment ? il ne pouvait le dire lui-même. Comment un être issu de la culture drow pouvait-il s'engager envers une femelle ? Cela paraissait si irréel. Et pourtant le bâtard semblait sincère.
Il reprit rapidement, sentant le malaise s'installer dans la chambre.
" Peux-tu m'expliquer comment tu es passée d'activités anormales à l'école de nécromancie à cet intérêt que tu manifestais en bas pour le Shaar ? Si tu ne me donnes pas plus d'éléments et que je doive te suivre comme un chien, je doute que notre association ne dure plus d'une heure vois-tu ! Et bizarrement, c'est vers une toute autre nécropole que mon instinct me guiderait ! Mais éclaire encore un peu ma lanterne s'il te plaît... Encore une chose... il ne sera pas nécessaire de te dénuder pour donner le change à d'éventuels espions. je vais plutôt tirer les voiles si tu n'y vois pas d'inconvénient !"
Tharak traversa la pièce et se saisit des voilages qu'il tira promptement.

Enmorien retint un moment son souffle sous le choc. Son interlocuteur venait, en deux tirades, de balancer à voix haute toutes les informations qu'elle avait précautionneusement données par télépathie. N'importe quel espion, et Gargauth savait qu'ils étaient nombreux à Halraah, savait maintenant qu'elle travaillait pour le culte de Kelemvor et qu'elle enquêtait sur les meurtres dans l'école de Nécromancie. Non qu'elle eût beacoup d'illusions sur le secret entourant le premier point, mais son enquête, et surtout le rapport qu'elle venait de faire avec le Shaar, lui vaudrait des ennemis mortels si les mauvaises oreilles l'apprenaient.

Et, comble du comble, le demi-drow tirait les rideaux APRES toute ces révélations.

¤Un amateur... Quelles sont mes chances de survie avec un tel imprudent?¤

La jeune halfeline fit des efforts impressionnants pour ne pas laisser transparaître sa colère et garder son sourire mi-moqueur mi-aguicheur. Qu'il soit un ahuri bienheureux ou un dangereux professionnel, le crinti pouvait toujours être de quelque utilité. Elle se leva et prétexta de rajuster ses vêtements, geste qui lui laissa le temps de bien reprendre le contrôle d'elle-même.

-Vos conditions de travail me vont à ravir. Conclut Enmorien d'une voix désormais douce? "Cinquante-cinquante, aucune traîtrise, et soutien réciproque en cas de probème. Ah, et je travaille aussi avec un apprenti nécromant sur l'affaire, j'aimerais que l'on évite de le tuer. C'est une connaissance que je souhaite garder."

La halfeline commença à fouiller attentivement la pièce, cherchant tout détail qui pourrait indiquer un espionnage. Trou dans les murs ou le plancher, tableau dissimulant une ouverture... Bien qu'elle sût clairement qu'elle risquait plus d'être espionnée magiquement que physiquement, rien ne lui coûtait de vérifier ces quelques détails.

-Quant à mes 'renseignements', Continua Enmorien pendant sa fouille. "Ne compte pas sur moi pour tout vous dévoiler. Me prends-tu pour une inconsciente à ce point? Les informations seront distillées au fur et à mesure de notre enquête. Je ne voudrais pas me retrouver doublée par un 'coéquipier' trop bien informé. Mais, pour résumer, des meurtres camouflés en accident frappent depuis un certain temps les membres de l'école de Nécromancie ici. Et tout est trop bien préparé pour ne pas être mis en oeuvre par au moins l'un des disciples ou maîtres de l'école. Je pense que cela te donne un contexte suffisant, non?"

La halfeline ajouta à cette dernière phrase un sourire résolument moqueur. Elle tardait de voir comment le demi-drow réagirait à cette provocation.

« Ah non ! cela n’est pas suffisant, permets-moi de te le dire ! Mais j’y reviendrai plus tard. »

Retournant vers le lit, Tharak avait remarqué le choc qu’avait occasionné sa réplique chez sa nouvelle comparse et s’en amusa.
«Calme-toi ma chère ! Crois-tu réellement que si quelqu’un s’intéressait à tes agissements, il ne serait pas déjà fixé sur ce que tu sais et ce que tu ne sais pas, sur ce que tu crois et ce sur quoi tu as tort ou raison ?
Si cette affaire en imposait autant que tu sembles le croire ou vouloir le faire croire et que tu approchais du but, il m’est avis que tu aurais déjà subi les foudres des commanditaires de ces meurtres, si toutefois meurtres il y a ! »

Le regard du bâtard fut attiré par les allées et venues de la halefline à travers la pièce, fouinant dans chaque recoin.
"Et cesse de fouiller cette chambre s’il te plaît. C’est la mienne et personne, pas même moi n’aurait pu savoir il y a dix minutes, que tu y pénètrerais ! De plus, personne, dans cette ville, n’est encore à mes trousses. Aussi je doute fortement que l’on nous épie.

Mais revenons à ce qui nous intéresse au premier plan.
Cet apprenti-nécromant qui est ton allié, est-il de la fameuse école qui subit ces disparitions douteuses ?... En tous cas, il ne semble guère efficace pour que tu viennes chercher de l'aide dans ce bouge et risquer de tomber sur n'importe quel félon ! A quelles fins as-tu l’intention de l’utiliser ?

Je comprends aisément que tu souhaites garder des éléments par devers toi. C’est pourquoi tu comprendras bien que je me contente de te dire, sans te l’expliciter, que tu fais fausse route en prenant la direction du Shaar."

Ces discussions ne faisaient nullement avancer la situation et Tharak ne savait pas encore réellement s'il partirait avec la halfeline. Cette incursion dans le monde des nécromants était loin de le séduire.
Mais il était en ces lieux depuis bien trop longtemps et s'était promis de saisir la première occasion de quitter la capitale.

Et la première occasion faisait invariablement les cent pas devant lui !
"Bien ! Que proposes-tu ? On commence maintenant et on rejoint ton pseudo-nécromant ou on profite de la nuit pour faire le point et on décide demain de l’endroit où nous porterons nos conclusions ?
Sachant que je n’ai vraiment aucun élément qui puisse nous aider : Tout ce que je sais réside en ce que tu as bien voulu me dire. Ce qui est maigre pour débuter une quelconque enquête !

Pourrais-tu me parler de ces disparitions ? combien de personnes ont-elles étrangement disparu ? Par quel moyen a-t-on mis fin à leur existence ? étaient-ils des pontes de cette école ou des novices ?

Quelques questions me taraudent encore si tu me le permets : Pourquoi toi ? Que fais-tu ici ? Quelle identité as-tu adoptée pour passer inaperçue ? celle d'une prêtresse ? Une prêtresse de Kelemvor ? Si tel est le cas, je devrais pouvoir moi aussi prendre l'apparence d'un représentant de cet ordre."

Lui adressant un regard, le crinti frappa du plat de la main le dessus du lit, juste à côté de lui, invitant sa comparse à mettre fin à ses agaçantes tribulations.
"Assieds-toi donc à mes côtés et parle–moi également de toi tu veux. Je ne m’aventurerai nulle part sans savoir avec qui j’y vais !"

Narration

Karan Goroth
Karan déambula dans les rues de la capitale à la recherche de magasins ouverts, mais sans succès. Il repéra néanmoins une boutique dont son école se réapprovisionnait souvent en fioles et produits alchimiques, et se promit d’aller y jeter un œil le lendemain.
Au retour dans l’académie, il rencontra le vieux Athelor, un rabomancien capable de rafistoler morts et vivants. Il était en fait le gardien de la morgue et réarrangeait les cadavres avant de les mettre en bière.
Voyant la mine déconfite de l’apprenti, Athelor lui proposa de panser sa blessure et de la suturer. En quelques longues minutes, la blessure était refermée et à l’aide d’un sort mineur, le vêtement de Karan retrouva de sa superbe. Avant de repartir, le vieil homme lui donna un onguent de soin « A utiliser avec modération » dit-il. Un sourire étrange, et l’homme disparut. Le nécromancien se souvint alors que le rabomancien était proche de son collègue fortuné..
Une fois de retour dans sa chambre, le mage s’assit dans son lit et nourrit Splinter. La nuit était étoilée ce soir, mais le mage devait travailler son grimoire.

Karan recopie son sort dans son grimoire. Celui-ci lui prend une page et 12po de fourniture déjà présentes dans l’école.
Karan prépare un parchemin de niveau 1 pour 12,5po et 1xp

Après deux bonnes longues heures à travailler, Karan fut satisfait. L’encre séchait déjà rapidement alors que le mage étouffa un bâillement. La journée avait été mouvementée, une bonne nuit de sommeil lui ferait un grand bien, d’autant plus qu’il avait encore du pain sur la planche.. La nuit porte conseil, ou les cauchemars..


Enmorien et Tharak
Enmorien et Tharak se sentent fatigués

Tharak s’évertuait à importuner la jeune femme de ses questions et de sa façon maladroite de les poser.
Il n’était pas bon en effet, de parler trop fort en cette cité, là où même l’air transporte les mots, aussi, Enmorien décida d’inspecter, sans succès, la petite chambre. Elle ne trouva rien de spécial, hormis la crasse et la poussière du lieu qui commençait à faire abondance.
Enmorien regrettait-elle de devoir s’abaisser à pareil partenariat ? Le crinti pouvait certes être utile, mais pas s’il persistait à jouer les moulins à parole. De plus, il doutait que la hin soit véritablement une membre du clergé de Kelemvor.

Enmorien relève la tête, d’un air de défit et regarde Tharak : Déguisement : 12(d20)+9= 21 >< : Détection de Tharak : 1(d20)+4= 5

Bombant le torse et fronçant les sourcils, la jeune femme claqua du pied à terre pour signifier son agacement. A ce moment là, une étrange aura blanche-pourpre entoura sa silhouette l’espace d’un bref instant avant de s’évaporer.
La jeune femme en avait assez de ces insinuations et proposa au crinti d’en reparler demain, en se rendant à la boutique pour récupérer l’échantillon.
Elle alla s’asseoir dans l’autre lit au fond de la pièce qui n’était guère mieux que l’état de la chambre, puis se reposa.
Tharak en fit autant, le sommeil tarda à venir, et un étrange rêve s’empara d’eux..




..Loin, très loin de là où se trouvaient les compagnons, une main décharnée abandonna une boule de cristal au sombre reflet.
L’image était floue, mais l’on pouvait distinguer un corbeau voletant au dessus des rues. « L’homme » à la main décharnée ria lugubrement, avant de mettre un voile de soie noire au dessus de sa boule..

La suite par mp !

Sa blessure l’avait lancé tel un dard durant la traversée de la ville. Il pesta comme aucune échoppe n’était ouverte. Il irait dès le lendemain matin dans celle où l’école se fournissait.

L’édifice familier se dessina enfin et il apprécia cette vision réconfortante. Il y entra et rejoignit directement la salle de rafistolage des macchabées qui servaient aux cours… La morgue. Il pensait cet endroit vide mais le vieil Athelor s’y affairait encore. Celui-ci voyant son état soigna sa blessure et rapiéça aussi son habit. Rien de bien surprenant à ce que ce simple rabdomancien et gardien de la morgue possédasse quelques talents lui aussi. Karan admira le travail de suture. La blessure guérirait vite avec l’onguent appliqué. Le jeune mage, surpris par sa bienveillance, remercia le vieillard qui lui donna même un petit pot d’onguent. Mais il ne comprit pas pourquoi il devrait l’utiliser avec modération. Le sourire malicieux d’Athelor l’intrigua . Il se souvint alors qu’il était souvent en compagnie de Gillian. Ils agissaient probablement ensemble pour quelques plans secrets. Il ferait aussi analyser ce produit demain matin, méfiant pour tout ce qui touchait Gillian et ses complices.

Il gravit les étages, traversa coursives et couloirs et entra dans sa chambre. Il se débarrassa de ses affaires et les rangea soigneusement selon un rituel maintes fois répété et endossa une tenue plus légère. Du travail qui ne souffrait aucun report l’attendait. Il s’installa à son bureau et recopia dans son grimoire, avec minutie et application, les écrits du parchemin. Il s’imprégnait de chaque parcelle de magie contenue dans chacune des lettres, runes et symboles qui étaient inscrits sur le support. Il retranscrit ensuite depuis son grimoire, et avec la même opiniâtreté, un sortilège sur un rouleau de parchemin vierge. La bagarre de ce soir avait eu le mérite de lui révéler son imprudence à se jeter dans un guêpier pareil sans préparation. Il remédiait à cette faiblesse. Son travail demanda plusieurs heures et le mena tard dans la nuit.

Il alla ensuite au réfectoire de l’école chercher une petite collation, puis de retour dans sa chambre il s’allongea sur le lit. Il mangeait en partageant son repas avec Splinter quand soudain il fut pris d’un rire nerveux, d’abord contenu, puis plus fort pour enfin éclater en un rire démentiel. Il riait d’un mélange complexe de peur, de douleur, mais aussi de plaisir, d’un plaisir sadique. Ses yeux n’étaient plus que deux fentes noires, cruelles, d’où coulaient des larmes. Ses dents éclataient de blancheur dans cette grande bouche avide de connaissance, tordue par ce rire empli de folie. Il s’était transformé ce soir ! Lui Karan ! Le rat de bibliothèque de l’école ! Lui ! Le discret ! Lui encore ! Raillé par ses camarades ! Lui ! Qui avait tué un homme en usant de sa magie. Il y avait pris grand plaisir et s’il devait recommencer il le ferait sans hésiter tellement cette expérience avait été excitante. Combien d’étudiants ici pouvaient se vanter d’un tel acte ? Combien le commettraient ? Combien pourraient même imaginer que lui, Karan, ai pu l’accomplir ? Et Gillian ? Oserait-il croire qu’il fusse capable de tuer ? Oui peut être, avec l’aide d’Athelor qui lui confierait qu’il l’avait soigné ce soir là d’une blessure faite à l’arme blanche. Et ses découvertes… Fantastiques découvertes ! Elles le poussaient à continuer cette enquête, non pour Brion, non pour Gillian, mais pour lui, lui seul ! Il tremblait et suait, ivre de fièvre et de fatigue. Bientôt le rire se dissipa et laissa place à la lassitude, lourde, assommante. Il sombra dans un profond sommeil.

Il se réveilla tardivement, le soleil était déjà levé. La nuit avait été agitée. Rêve ou cauchemar ? Il ne saurait le dire tant ce songe était étrange, inquiétant et pourtant si attrayant par certains aspects. Il y avait d’abord eu cette forme noire aux grands yeux rouges. Qui était-ce ? Ou… Qu’était-ce ?... Il y avait plusieurs personnes dont Enmorien... Et une autre encore, inconnue ... Puis il s’était vu, différent… et souriant avec à ses côtés cette grande masse osseuse… Puis cette forme noire et cette impression de peur. Ces yeux... Il semblait que ces trois personnes, lui et les deux autres, étaient liées, formaient un tout… Un message ?... Une simple vision ?... La blessure aurait-elle causer ce délire ?... Sûrement… Il chassa cette pensée de sa tête, il avait tant à faire aujourd’hui.

Il se leva péniblement et rassembla ses affaires. Karan se vêtit de son ensemble rouge, s’équipa de son havresac, de ses étuis à parchemins, de la sacoche récupérée avec ses précieux documents cachée sous sa robe non loin de la poche de Splinter, habitée par son occupant, et surtout, s’arma de ses dards dont il délaissa la moitié pour être plus à l’aise et moins encombré au profit de la dague. Son bâton compléta la parure du mage. Il vérifia que tout était en ordre et quitta sa chambre.

Il sortit de l’école puis parcourut d’un pas rapide et assuré les ruelles qui le menèrent directement à l’échoppe. En route il acheta de quoi manger, du pain, du lard et du fromage qu’il avala en marchant. Il arriva enfin devant la porte de la boutique et entra…

e sommeil d'Enmorien avait été particulièrement perturbé. Ses rêves avaient été éprouvants, l'un d'entre eux mettait en scène une créature ténébreuse et gigantesque. Elle s'était réveillée en sursaut et en sueur, avec un mauvais pressentiment quand à la suite de sa quête. Le deuxième rêve n'était que légèrement moins pénible, elle y était poursuivie par un loxo lubrique, et n'avait réussi à lui échapper qu'en se réveillant. Aussi, le soleil la trouva de fort mauvaise humeur.

La présence du crinti dans la chambre l'agaça. Il avait visiblement dormi une bonne partie de la nuit. Quel genre d'exilé pouvait donc être cet être qui ressemblait à un assassin d'extérieur et agissait comme un paisible marchand quelque part en Amn?

Elle se leva, prit son temps pour se rhabiller, se recoiffer et ajuster les moindres détails de son accoutrement. Après tout, ses vêtements constituaient une forme de déguisement dont elle ne pouvait se passer. Sa crédibilité dans son rôle dépendait aussi du temps qu'elle passait à se préparer. Avant de descendre dans la salle commune, la halfeline vérifia que son compagnon n'avait pas fouillé dans ses affaires, et que sa robe de prêtre y était toujours.

Une fois tous ces préparatifs terminées, elle informa Tharak qu'elle allait essayer de retrouver son compagnon mage. Qu'il la suive ou non, elle se dirigea donc dès son petit déjeuner avalé, vers l'école de nécromancie d'un pas assuré...

La hin ne semblait visiblement pas encline à faire étalage de ce qu’elle savait.

S’installant sur le lit, Tharak tenta de faire le point sur la situation avant de prendre quelques heures de repos.
Moult pensées l’assaillirent avant qu’il ne parvienne à trouver le sommeil.
Emboîter le pas de cette inconnue mènerait le crinti vers des horizons nouveaux et des conséquences imprévisibles.
Devait-il suivre son instinct qui lui dictait de participer à l’enquête ?
Tant de questions se bousculaient.
Si peu de réponses apparaissaient.

Tharak trouva finalement le sommeil mais sa nuit fut fort agitée. De sombres visions devaient rapidement prendre la place des doutes qui envahissaient son esprit
Le début de ce rêve avait été agréable. Il mettait en scène l’une des rares occasions où Tharak se sentait libre et heureux fendant l’air sur un véloce et fier destrier du Dambrath.
Mais ce qui avait débuté comme un doux rêve se mua bien vite en cauchemar.
Tout d’abord cette vision d’Enmorien, amassant de précieux biens. Etait-ce là le plaisir suprême qui guidait son existence ? Faire main basse sur toujours plus de richesses Si tel était le cas, à quoi bon la suivre ? là n’était pas le mode de vie de l’exilé. Les vraies richesses n’étaient pas selon le jugement du crinti de sonnantes et trébuchantes pièces et joyaux.

Mais il avait une mission, encore trouble à se yeux. Et le hasard n’était pas certainement la cause de cette rencontre. Sa guildmestre l’avait envoyé à dessein dans la capitale. Forcément.
¤ Mais qu’ont-elles toutes à ne rien vouloir dévoiler de leurs objectifs. Qu’il est frustrant d’être en mission sans savoir ce que l’on attend réellement de moi.¤
Il s’était engagé et tout bâtard qu’il était, il se devait de suivre la voie qu’il avait choisi,. Il en retirerai assurément plus de profit qu’en menant seul la quête qui lui était propre. Il lui était impossible de reparaître dans sa patrie sans soutien extérieur. Il le savait.

Et ce triptyque ? quel était-il ? quel sens avait-il ? ces trois regards, celui du demi-elfe, celui de la halfeline, et un troisième, qui n’évoquait rien ni personne au roublard.

Le terrible spectacle de ces yeux réveilla Tharak en sursaut alors que le soleil pointait déjà au travers des voilages.
Le premier regard de l’exilé se porta vers le lit de la halfeline. Tout cela n’était-il qu’un rêve ? Existait-elle seulement ?
Le lit du fond était vide mais la petite apparut aussitôt dans son champ de vision. Elle était déjà apprêtée et semblait également avoir connu une nuit agitée. Son visage était sombre et fermé, trop pour quelqu’un qui aurait connu quelques heures de répit.

La décision de la Lame de l’Amasstarte était prise, il suivrait la pseudo-prêtresse. Peut-être ce qu’il était venu chercher en cette ville avait-il un lien avec ces meurtres.

Déjà, la halfeline était sur le pas de la porte et quittait la chambre.
Tharak n’eut que le temps de lui indiquer qu’il arrivait avant que la porte ne se referme.

Il se leva promptement, se saisit de ses maigres possessions et lui emboîta le pas vers la grande salle de la taverne, puis vers le rues en éveil de la cité en adressant à haute voix à l’aubergiste un vigoureux « A ce soir ! » qu’il savait probablement mensonger.

Les choses allaient enfin progresser, il le fallait en tous cas.
Aux côtés de la halfeline, le crinti tenta de renouer avec sa compagne.
« oui moi aussi j’ai mal dormi ! On va où là ? Si tu veux bien me tenir informé de ton processus décisionnel !

Narration

Acte II – La réunion des Seigneurs du Désert
Lieu : Halarahh
Temps : Ensoleillé
Moment : Matinée

Karan, Enmorien et Tharak
Les trois aventuriers avaient tous respectivement passés une nuit agitée. Un étrange rêve leur était apparu, et semblait si réel, si.. Significatif. Pourtant, la nature profonde du songe leur échappait encore.
Enmorien ne perdit pas le temps au petit matin. Elle fit sa toilette et alla prendre son petit déjeuner. Lors de celui-ci, le loxo de la veille n’arrêta pas de la dévisager, caressant son propre visage à l’aide de ses trompes.
Enmorien détestait ces créatures à présent.
Tharak la rejoignit peu de temps après et fit la même chose. Il se rassasia avant de partir et suivre la jeune femme.

- Hep là ! Héla l’aubergiste à l’attention de Tharak. On paie comptant, et maintenant.

Le loxo barrait la porte d’entrée et ses muscles étaient peu engageants. De mauvaise grâce, le crinti sortit quelques pièces du fond de sa poche pour payer sa nuit, et celle de la hin, selon les désirs de la femme, puis lui adressa un sourire faussé. Le loxo se décala pour venir près du comptoir.

- C’est mieux comme ça.. La prochaine fois évite de faire d’une de mes chambres un bordel à catins d’accord ? reprit la tenancière.

Tharak perd 2po

Tharak s’inclina « gracieusement » tout en montrant les dents, puis repartit à la poursuite de la petite, qui était sortie sans encombre.
Aucune réponse ne sortait de sa bouche pour répondre au roublard trop impatient. Elle se dirigeait tranquillement sous le soleil naissant vers l’académie de nécromancie de la capitale. Beaucoup de monde profitait de la fraîcheur du matin pour faire une petite sortie, lorsqu’elle reconnue au loin Karan, qui arrivait dans sa direction.
Karan.. Pourtant, il avait l’air différent, comme si quelque chose avait changé en lui..

Pour sa part, le mage accompagné de Splinter aux yeux rougeoyant venait de partir de l’école il n’y avait que quelques instants. Petit déjeuné dans le ventre, il se dirigeait vers la boutique d’alchimie où Enmorien avait été elle-même la veille.. « Au bâton rompu » sur la Place des Charmilles.
Le groupe allait devoir collaborer pour avancer efficacement à présent. Peut être leur rêve respectif était-il un avertissement ?

Le mage apprécia la fraîcheur matinale qui revigorait son corps. Il aperçut enfin l’enseigne de la boutique et s’engagea sur la Place des Charmilles. Il traversa l’esplanade, se planta devant la porte d'entrée, regarda à l’intérieur par une des vitres et s'engouffra à l'intérieur.

D’abord méfiant, puis curieux, enfin intéressé, le mage observa les pots, fioles, herbes, poudres, et autres ustensiles ou ingrédients. Il attendit que le boutiquier arrivasse.

Dès que le marchand apparut, il s’adressa à lui sans perdre un seul instant, le fixant droit dans les yeux :

- La bonne rencontre à vous. Je souhaiterais que vous analysiez la composition de ce produit de cette fiole là, puis de cet onguent de ce petit pot ci. Je suis très pressé alors je repasserais ce soir avant la fermeture pour prendre vos notes. Faites comme si votre vie tenait à ses résultats… Ah ! Préparez moi aussi cinq fioles vides et un étui de ceinture pour les transporter. Ajoutez cela à la note de l’école de nécromancie, au nom de Karan Goroth, fournitures scolaires voulez vous. A ce soir.

Le mage se tourna vers la sortie qu’il gagna à grandes enjambées n’écoutant ni les commentaires ni les protestations éventuelles du marchand et ressortit aussi vite que possible de la boutique, comme s’il cherchait à réduire au strict minimum ses arrêts.

Il se lança dans une nouvelle traversée de la place. Il était perdu dans ses pensées et ses projets. Quels étaient-ils d’ailleurs ?... Retrouver cette tombe ! Correspondait-elle avec celle de ce nain, Rindorn Heaumétoile ? Pour cela il devait décrypter un peu mieux les annotations du cahier de Brion, vérifier la localisation avec une carte et ensuite monter une expédition si nécessaire. Bien que cette éventualité lui paraissait désormais presque inévitable. Avec qui partirait-il ? Enmorien ? Il haussa les épaules… elle n'était pas réapparut depuis l'histoire du temple, sauf en rêve, et quel rêve! Alors autant l'oublier...Combien d’or cela lui coûterait-il ? Il ne survivrait pas longtemps seul en dehors des remparts de ville…

¤ Chaque chose à la fois. Cette langue, qu’est ce donc ? L’érudit de la bibliothèque connaîtrait peut être… Cette tombe ? Retrouver sur une carte ce fameux emplacement… Et… Me débarrasser de ces objets… Ils ne m’inspirent rien de bon… ¤

Ses doigts jouaient avec deux disques métalliques, l’un avait été trouvé dans les affaires de Brion à l’auberge, l’autre lui avait été donné par Gillian. Gillian… Il n’avait cure de lui. Il avait cherché à acheter sa confiance, ce gars était un manipulateur. Et ce groupe de gens influents, ne pouvait-il pas s’agir de ceux dont Brion semblait être la cible ? S’il devait quitter Halarhaa, il devait laisser le moins de traces possibles de son départ et sur son lieu de destination. Il devait disparaître aux yeux de tous. Donc cela commençait par finir ses achats et recherches, puis et se débarrasser de toute chose lui ayant été donnée par une tierce personne.

Tout en se dirigeant vers la bibliothèque qu’il avait fréquentée la veille, il cherchait quelque mendiant à qui il donnerait ces objets dérangeants… ou endroit glauque et abandonné où les jeter...