Enquête Macabre, Prélude du retour aux sources du Mal

Karan pria donc tant qu’il pu, implorant le pardon du Père de tous les mages, le suppliant même d’apparaître. Vœux pieu s’il en était qui resta sans réponse de la part de celui qu’il aurait souhaité avoir comme nouveau père. Il entendit une litanie accompagner ses paroles leur donnant plus de consistance. Même si la manière de prier n’était que pure improvisation de sa part, il constata que son geste avait été apprécié tout autant que sa donation. C’était déjà ça. Avoir les faveurs, même juste celles accordées à tous les fidèles ou sympathisants venant prier lui suffisaient pour le moment.

Si Azouth n’avait pas entendu ses paroles, d’ailleurs que ferait Azouth d’un petit nécromant sans envergure, sans la moindre connaissance des fondements principaux de l’Art et des divinités qui la régissaient, donc sans le moindre intérêt… immédiat… il était toutefois convaincu qu’il avait fait ce qu'il fallait et qu'il était au bon endroit, surtout quand Enmorien provoqua la venue d'un prêtre de Velsharoon.

Durant son recueillement, le Haut Prêtre du temple d’Azouth s’adressa à Enmorien sur un ton sévère et écrasa fermement toute tentative d’intrusion du culte de Kelemvor dans les affaires du temple. D’autant que la jeune femme avait parlé de Velsharoon en terme de demi dieu. C’est alors que vint ce prêtre du culte de Velsharoon, le Dieu des Morts-Vivants, et appuya les dire du Haut Prêtre. Ainsi les trois cultes priaient en toute liberté, même si deux d'entre eux étaient surveillés par les fidèles d’Azouth. Il n’y alla pas non plus de main morte pour enfoncer la jeune femme qui s’était jeter là où elle n’était pas souhaitée. Elle en subissait les conséquences. Accuser un culte entier, devant un Haut Prêtre garant de ses agissements était un affront terrible.

D’autant que si la situation actuelle, complexe et embrumée, n’était pas une émanation directe de ce culte, alors il y avait peut être une autre explication.

Karan, se releva enfin, ses jambes fourmillaient et le picotaient, la position du prieur n’était pas des plus parfaite pour la circulation sanguine, mais avec un peu plus de pratique les effets seraient plus faciles à endurer. L’appui sur son bâton lui permit de garder un bon équilibre. Il se recula, se positionna quelques pas sur le côté du trio, puis sans autres forme de protocole, posa un genou à terre, son bâton au sol, et se présenta aux prêtres, ce qu’il n’avait pas encore fait.

- Maîtres, hauts représentants des cultes du Grand Azouth Père de tous les mages et du Dieu des Morts-Vivants Velsharoon, je suis Karan Goroth, mage initié du premier cercle, nécromancien, étudiant de l’école de Nécromancie d’Halaraah que je représente ici.

Il se releva, effectua une courbette respectueuse à chacun d'eux et continua d’une voix assurée, sérieuse par la nature des révélations qu’il allait faire, même devant cette petite peste prétentieuse.

- Je vous prie de pardonner mon intrusion dans cette discussion sans y avoir été invité, mais je me permets d’intervenir car les propos de cette jeune femme méritent que je m’y attarde. Je connais un peu dame Enmorien, et je vous prie d’excuser la fréquentation malheureuse de cette jeune personne qui ne respecte même pas le statut du Dieu!... Velsharoon dans son propre temple. Voici ce que je peux vous dire. L’école de Nécromancie d’Halaraah est le théâtre depuis plusieurs mois de meurtres de jeunes mages et d’apprentis. Pas moins de quatre de ses étudiants ont été ainsi assassinés, le dernier cette nuit même dans une auberge de la ville. Certains témoins affirment que des personnes arborant un symbole en forme de crâne rieur et couronné d’or sont venus se renseigner sur les habitudes de la clientèle de l’auberge où ce mage, un ami à moi, a été assassiné. D'où la relation existante entre ces meurtres et le culte de Velsharoon, pour lequel cette jeune impertinente vous accuse et que vous venez de laver de tous soupçons. Je me tourne donc vers vous, Maîtres, car qui d’autres que vous peut se sentir concerné par les assassinats de mages, pratiquants de l’Art, et nécromanciens de surcroît ? Si vous le souhaitez, je pourrais vous en dire plus sur cette affaire, car j'ai d'autres informations à vous communiquer. Mais peut être que cet endroit n’est pas très approprié, pour le moment du moins. Il toisa d’un regard désapprobateur et sévère la jeune femme signifiant que sa présence le dérangeait sérieusement, souhaitant y mettre un terme.

Rien n'aurait pu plus plaire à Enmorien que les réponses butées et détournées des deux prêtres. Elle ne put s'empêcher de sourire lorsque le caractère 'futile' de Kelemvor fut avancé. C'était l'un des rares dieux à avoir conscience de la puissance des Neuf Enfers, et le seul à avoir conclus un marché avec Baator. Kelemvor était peut-être mièvre et idéaliste, mais on ne pouvait le taxer de 'futile'...

Elle avait malgré tout obtenu les informations qu'elle cherchait, ainsi que le meilleur contact qu'elle eût pu dénicher. Se concentrant pour se rappeler chaque petit détail de la physionomie du prêtre de Velsharoon, elle exultait intérieurement et s'apprêtait à partir avec ces précieux renseignements... Quand intervint Karan Goroth. C'est là que tout flancha.

En quelques mots, le nécromancien avait ruiné leur couverture, annoncé au prêtre de Velsharoon qu'ils étaient suspects et prononcé à voix haute des paroles que personne n'aurait dû entendre, et surtout pas une autorité magique et religieuse. Son travail d'approche et de mensonge pour lui apporter une crédibilité en tant que fanatique de Kelemvor s'effondrait en quelques verbiages intempestifs. La surprise autant que la colère l'innondaient à présent. Elle se contenta d'un regard des plus noirs envers le nécromancien, puis se tourna vers les deux prêtres.

-Messeigneurs, je vous prie d'excuser ma discourtoisie. Prononça-t-elle tout en s'inclinant. "Vous avez dissipé les soupçons que l'on pouvait porter, et discréditer les informations de mon culte, visiblement erronées. Soyez sûrs que je transmettrai à mon ordre vos paroles rassurantes, et leur assurerai que la Main Pointé vers le Ciel parvient à chaperonner le Crâne Rieur. Il n'y a donc plus de matière craindre des groupuscules dissidents parmi les fidèles de vos Ordres, et ma mission ici est terminée. Je vous remercie pour vos réponses, et vous souhaite bon courage dans vos oeuvres.

La halfeline espéra que les deux prêtres remarqueraient que seule la dernière phrase n'était pas ironique. S'inclinant une fois de plus, elle déposa une pièce d'or dans la première sybille et se dirigea vers la sortie du temple. Mieux valait de toute façon laisser ce nécromancien seul, et l'interroger après. En attendant, elle avait deux mots à toucher à un certain Amras. Puisqu'elle venait de perdre plusieurs atouts, il était indispensable de se refaire...

Narration


Le Haut-prêtre roula des yeux en entandant Karan s’exprimer ainsi et « vanter » les mérites du dieu de son collègue. Un étrange sourire marqua son visage d’un naturel dur, tandis qu’il prêta une oreille attentive aux dires du magicien.
Habituellement, les prêtres n’avaient que faire des agissements des mages, car ils avaient beaucoup plus à faire que de plaire à cette caste dominante, qui ne manquait jamais une occasion de se moquer d’eux, et de leur « magie » divine.
Le prêtre de Velsharoon pensait de même, lui qui était le représentant sous tutelle d’un culte encore plus fermé, cependant, lui, ne souriait pas. Le jeu continuel entre les trois représentants religieux ne l’intéressait plus, car les agissements récents semblaient mêler Velsharoon dans cette histoire.

- Vous êtes sûr de ce que vous avancez mon garçon ? Seul les prêtres de Velsharoon, et les dieux seuls savent qu’il y en a que deux ici, portent un symbole sacré à son effigie. Qui sont ces témoins ? Et qui voudrait mêler mon culte à cette sombre histoire ?

Le haut prêtre d’Azouth s’avança à son tour vers Karan en jouant des doigts. Les deux gardes de pierre baissèrent lentement la garde mais restèrent en place. Les prêtres ne prêtèrent même pas attention aux dires d’Enmorien et l’ignorèrent avec superbe, la considérant comme un parasite déjà envolé.

- Cela à l’air donc d’être vrai, il semblerait que votre.. école, soit tombée sous le joug de la ruine, qu’avez-vous donc fait pour attirer sur vous une telle disgrâce ? Remarqua le prêtre d’Azouth. Et il semblerait que les autres écoles ne se bousculent pas pou venir vous aider, le problème vient même peut être de là bas, ça ne m’étonnerait pas, vous les mages, ne pensez qu’à votre magie profane, et arrivez même à la pervertir..
- Si vous avez d’autres renseignements, suivez moi. Reprit le prêtre du dieu des nécromanciens.

Et il emmena Karan sur le côté, près du mur, ou une porte venait de s’ouvrir. Ils s’y engouffrèrent et le nécromancien pu exposer rapidement ce qu’il avait à révéler, tandis que le prêtre était tout ouïe.

Enmorien sortit avec désinvolture du temple, les affaires de ces prêtres benêts ne l’intéressaient guère, même s’ils avaient été utiles dans leur véhémence. Malheureusement, la jeune femme ne disposait pas de tous les atouts en main, et c’était ses deux autres compagnons qui semblaient les avoir. Elle décida de rejoindre Amras à l’extérieur, mais elle ne le vit pas.
Au bout de longues secondes, elle le vit plus bas dans la rue, celui-ci faisait mine de partir.


Les renseignements obtenus durant les dernières heures étaient troublants. D’abord le meurtre inexpliqué de Brion’har, et aucun des deux compères n’avait encore trouvé de pistes véritables sur la nature de son meurtre.
En revanche, ils commençaient à peine à percer le mystère des comploteurs, en découvrant que le culte de Velsharoon n’y était pour rien. Mais cette information ne semblait-elle pas les renvoyer au point de départ ?

Karan, par son intervention, avait poussé la jeune Hin à quitter le temple. Le voilà débarrassé pour un certain temps de cette jeune femme dont en fait il ignorait beaucoup de choses. Son regard noir en disait long sur ses sentiments à son encontre, mais cela ne l’émouvait pas le moins du monde, au contraire, il jubilait de lui avoir fait fermer son clapet, lui si souvent raillé par cette femme. D’un autre côté, il lui avait peut être rendu service en lui évitant le déshonneur de sortir du temple encadrée par le service d’ordre, car avec ses perpétuelles provocations, le Haut Prêtre n’y serait pas allé par quatre chemins pour l’expulser, comme avec ce gars qui l’accompagnait.

Karan avait du lâcher des informations devant la jeune femme afin de rétablir la vérité dans son contexte, il avait relaté des faits qu’elle ignorait. Elle aurait de quoi raconter à son clergé. Bien sûr il y avait encore des choses qu’elle ne savait pas. Et comme à son habitude, le mage ne les lui délivrera que petit à petit, s’il croisait de nouveau sa route, et s’il le jugeait utile.

Le jeune mage se retourna face aux prêtres et observait leur réaction. Celle ci fut plus rapide et plus dure qu’il ne l’avait pensé. Leur surprise fut des plus évidente et les questions du prêtre de Velsharoon fusèrent. Avant qu’il n’ai pu esquisser la moindre ébauche de réponse, le Haut Prêtre d’Azouth se moqua de l’état de décrépitude de son école. Cela lui fit monter le sang au visage, mais il ne broncha pas.

Le prêtre de Velsharoon qui était le plus concerné par cette histoire invita Karan à le suivre dans une pièce, plus discrète, où la conversation pourrait reprendre. Le jeune mage rassembla ses souvenirs et commença par apporter des éléments de réponses.

- Maître, les témoins sont les aubergistes qui ont été fréquemment questionnés par des personnes en robe sombre arborant le symbole religieux de Velsharoon. Il cherchait des informations sur les habitudes des clients de l'auberge. La victime de ce matin était un habitué de ce lieu, avec des manies bien précises et à des dates bien établies et régulières. Il a donc été facile de lui tendre un piège. Ce sont les seuls éléments significatifs et reconnaissables qui permettent de faire le rapprochement entre ce meurtre et votre culte. Je n’y accorde que peu d’importance car une contrefaçon aurait pu tromper n’importe qui dans la pénombre d’une auberge. Mais ce signe a été reconnu comme étant celui de votre culte et c’est ce qui importe. Les circonstances du décès restent un mystère. Son corps était brisé de plusieurs dizaines de fractures pourtant il n'y avait pas de trace de coups. Son visage a presque été arraché. Et surtout, cela c'est produit dans une pièce, une salle de bain, de petite dimension où deux personnes peuvent à peine de tenir, donc encore moins se battre. Enfin, ce qui a alerté les gens de l'auberge, fut un bruit de chute, le corps ayant comme été lâché d'une certaine hauteur faisant croire à une chute, ce qui aurait causer la mort, accidentelle dans ce cas, thèse que les témoins soutiennent. Mais je n'y crois pas.

Il surveillait attentivement tous les gestes ou expressions de son interlocuteur.

- Ensuite, une personne de ma connaissance qui fait parti d’un cercle très fermé de gens influents mais énigmatiques pour moi, consent à penser, selon des renseignements fournis par la victime de ce matin elle même, que le culte de Shar est en forte progression et que son niveau d’expansion est inquiétant. L’étudiant qui a été assassiné cette nuit menait des recherches qui l’ont conduit à s’intéresser aux cultes de Savras et Velsharoon, peut être est il passé ici vous questionner ? Brion’ Har, c'était son nom. Il avait formé un groupe de recherche dont j’ignore le thème de travail, mais tous sont morts. Il avait fait une importante découverte, mais il a été tué avant d'en révéler la nature. Pour ce qui est de la dégradation de notre école, l’idée d’un complot que nous croyons au départ centré sur notre école et fomenté par une école adverse, semble beaucoup plus important que ça. Ce ne sont sans doute pas des étudiants qui feraient porter la responsabilité d’assassinants à un culte régi par le temple d’Azouth. Enfin, je pense que si Brion a conservé une copie de ses notes de travail, elles doivent être à son domicile, je m’y suis rendu ce matin, mais une protection magique m’empêche d’entrer, et sa femme n’était pas présente. Je souhaiterais beaucoup mettre la main dessus, car je pense que nous y trouverions le mobile de son assassinat.

Révéler ces renseignements à ce prêtre du temple de Velsharoon, le Dieu des Morts-Vivants, l’excitait. Il prenait cela comme un privilège. Il se retrouvait au centre d’un complot, et discutait de cela avec un dirigeant de l’un des cultes les plus fermés d’Halruaa.

- Voilà Maître, tout ce que je peux vous dire sur cette affaire. J’espère que ces révélations vous seront d’une quelconque utilité pour éclairer ma lanterne. Bien sûr si je puis encore vous être utile à quoi que ce soit dans cette affaire, je serais honoré de vous aider.

Karan resta là, et attendit les commentaires et conclusions du prêtre.

Le parvis du temple rassura Enmorien dans son animation salvatrice. Elle commençait tout juste à mesurer combien il était dangereux d'afficher être une prétresse de Kelemvor dans une société théophobe et protectioniste. La simple présence des inquisiteurs rendaient les affaires extrêmement complexes, sans parler de cette magie que le moindre roturier savait manier. Un instant, elle fut tentée de quitter la ville, mais sa mission était de loin trop intéressante pour s'en détourner à la moindre difficulté. Dans tous les cas, il devenait urgent de trouver une autre couverture. Quitte à trouver un prétexte officiel auprès du culte de Kelemvor.

Puisque le culte de Velsharoon ne semblait pas impliqué dans cette affaire, deux éventualités jaillissaient dans l'esprit de la halfeline. Soit une autre organisation utilisait un symbole proche, et l'idée que l'ancien culte de Bhaal par exemple ait toujours des fidèles ne semblait pas inenvisageable. Soit quelqu'un cherchait à mener Karan sur la piste du culte, et dans ce cas, voulait-on éloigner le nécromancien du culte, ou l'en rapprocher? La démonstration de piété dans le temple laissait sous-entendre que quelque chose ou quelqu'un l'avait amené à s'interroger sur sa spiritualité. Enmorien ne croyait pas en de telles coïncidences.

Mais le point le plus urgent concernait Amras. Les propos des clercs n'avaient pas été tendres envers le mage, et cela avait un sens qu'il fallait expliciter. Enmorien avait déjà son hypothèse sur le sujet, mais il lui fallait confirmation. Elle avait besoin d'une réponse, et si possible d'une réponse positive.

Lorsqu'elle découvrit le mage, elle dut courir pourle rattrapper. Tout en l'arrêtant, elle le regarda au fond des yeux, puis le dirigea par le bras vers l'une des représentations de rue des plus bruyantes.

-Seigneur, ne partez pas si vite! Lui lança-t-elle d'un ton des plus amicaux. "Je suis sincèrement désolée pour ce qui c'est produit, croyez-moi. Vous avez eu l'extrême aimabilité de m'introduire auprès du culte, et vous n'en avez pas tiré de louanges. J'aimeraism'en excuser, et discuter un peu plus avec vous. Et je dois avouer que mes mots ne sont pas désintéressés. En fait, je cherche toujours à contacter d'autres cultes." A ce moment, en s'assurant que seul Amras pouvait voir son geste, elle traça dans sa main deux cercles concentriques. Elle espéra que le mage saisirait le symbole. "Auriez-vous par hasard des contacts au sein du culte de Mystra ou d'autres déesses?"

Narration


Karan
Le prêtre chauve au faciès de squelette hocha la tête tout en se grattant le menton. La visite d’un apprenti nécromancien l’avait effectivement marqué, mais de là à savoir son nom, cela était tout autre chose.

- Un homme est venu au temple ces derniers temps, il faisait des recherches en nécromancie, bien évidemment, et avait trouvé une piste plus au nord, et une autre vers le Shaar me semble-t-il. Il avait mentionné un artefact nethérisse, mais il restait flou dans ses propos.

L’homme fit quelques pas en direction d’une fenêtre et croisa ses mains dans le dos et regarda au dehors. L’air ambiant était frais et reposant, certainement du à de la magie luxueuse que pouvait se permettre d’acheter les pratiquants de ce temple.

- Il est mort d’une bien étrange façon alors, vous me dites qu’il a été.. Explosé ? Mais il était dans une pièce exiguë, c’est plutôt étrange, ou plutôt normal, vu le fait que nous sommes en Halruaa, et que la magie est aussi présente que l’air, alors vous devriez retrouver la cause du décès facilement. Ce qui m’ennuie, ce sont ces amulettes qui circulent librement, quelqu’un en veut à mon culte et tente de le discréditer, je suis prêt à parier que les partisans de Shar sont derrière tout ça. Cela fait quelques temps que la corruption sévit dans notre pays, même au sein du Conseil..

Puis plus rien, le prêtre semblait ailleurs, absorbé par ses réflexions. Il ne daigna pas répondre aux autres questions de l’apprenti, sans doute car celle-ci étaient sans réponses, ou stupides. Karan aussi était à ses réflexions, et peut être qu’en découvrant qui précisément celui ou ceux qui ont tué Brion’har, cela l’avancerait un peu plus. Dans tous les cas, la piste du tombeau au nord s’éclairait de plus en plus..

Enmorien et Amras
La jeune femme rejoignit le mage en haletant, puis se ressaisit très vite pour prendre la parole.
Amras s’arrêta et se tourna lentement vers Enmorien, puis sourit ironiquement aux signes que la petite femme lui envoyait.

- Comme vous le voyez, je ne suis pas le bienvenu dans cette maudite cité, et on me reproche mes croyances religieuses, ce qui est tout a fait absurde. Mais je ne peux plus m’attarder dans les environs et vais devoir partir d’ici dans peu de temps, peut être partir vers le Shaar, ou prendre un navire, qui sait. Pour mes relations, elles ne concernent que moi, quand bien même si j’en avait, tout ce qui concerne cette ville pourrie ne me concerne plus..

Un ton désinvolte, détaché, Amras pensait ce qu’il dit, mais une pointe d’amertume croissant dans ses paroles, comme si le fait de quitter le pays n’était pas vraiment voulue, mais subit. Néanmoins le mage demeura muet pendant un moment, planté là à regarder les arbres près du temple.

Le prêtre le fascinait. Son physique presque décharné, son crâne tatoué en faisait un personnage étrange, inquiétant. Mais son visage était refermé sur les révélations de Karan. Le jeune mage lui avait confirmé ses soupçons de complot contre son culte, mais aussi avait ravivé quelques souvenirs du passage d’un autre mage étudiant nécromancien. Le fait le plus intéressant était qu’il était venu ici plusieurs fois et avait découvert des pistes qui conduisaient à cette fameuse tombe, ou crypte, mais aussi ailleurs, en Shaar. Cela était nouveau.

Quand à la cause du décès de Brion, Karan était curieux de savoir ce qui avait causé sa mort pour pouvoir un jour le refaire, car une telle… technique… ou maîtrise de l »Art permettrait de terrasser bon nombre de personnages retords lors d’une altercation. Quand à savoir qui, à la limite il n’était pas pressé de le découvrir surtout s’il pouvait être la prochaine victime de cette … technique. Car il ne doutait plus désormais que suivre les traces de Brion c'était suivre les mêmes dangers et subire le même sort.

¤ Bien! Je relativement déçu par les réponses de ce prêtre, mais ce passage au temple n’est pas si mauvais que cela. Le mieux serait de rester un peu et de fouiner dans la bibliothèque du temple afin de rechercher les indices qui ont menés ce mage à découvrir cette crypte et cette autre piste en Shaar. Et puis s’incruster ici me permettra de comprendre un peu plus le fonctionnement de ce temple et la cohabitation de ces trois cultes. Enfin, je verrais si je peux déterminer la présence d’un espion ici, car pour comploter il faut avoir des informations, des informateurs et des espions.¤

- Maître, je vous suis reconnaissant de m’avoir accordé un peu de votre précieux temps. Etant ici, et cet autre mage ayant, d’après ce que je comprends, effectué quelques recherches dans votre temple, me serait-il possible de rester quelques heures dans la bibliothèque du temple afin de trouver des éléments sur cette tombe et cette voie qui mène en Shaar ? S’il est venu ici à plusieurs reprises, c’est que c’est certainement là qu’il a du faire ses découvertes. Vous avait-il demander de consulter des archives et ouvrages en particulier ? N’en n’aurait-il pas emprunté ?

Karan avait encore du temps devant lui. S’il avait l’autorisation de poursuivre ses investigations ici, il en profiterais pour étudier un peu dans ce temple et échanger avec les autres prêtres.

Beshaba semblait s’acharner contre Enmorien, ou alors était-ce Gargauth qui mettait la halfeline à l’épreuve. Dans tous les cas, celle-ci se retrouvait encore dans une impasse, et sans atout dans sa main. Retourner vers Karan Goroth sans un avantage dans sa poche révélait de la folie, elle serait alors à sa merci pour cette mission, et elle voulait éviter cela à tout prix…

¤Quoique… L’idée est à réfléchir…¤

Alors qu’un nouveau plan germait dans son esprit, la halfeline sourit à Amras et le remercia poliment, tout en lui souhaitant bonne chance pour son voyage.

-Si Kelemvor le veut, nos chemins se recroiseront avant le Plan de Fugue. Que le Dieu des Morts veille sur vous !

Après ses adieux au magicien, la prêtresse se mit en quête d’un magasin proposant des vêtements. Il aurait été illusoire d’espérer trouver un tailleur proposant des vêtements adaptés aux halfelins, mais des habits d’enfants retouchés pourraient fort bien lui convenir. L’important était de changer de tenue rapidement, et pour quelque chose de plus discret. Parcourant les rues de la cité, Enmorien rechercha aussi l’enseigne d’un alchimiste. La substance trouvée hier près du cadavre devait être analysée, ne serait-ce que pour connaître ses effets exacts…

Narration


Karan
Le prêtre squelettique fronça un instant les sourcils contre Karan, qui visiblement, devenait agaçant avec ses questions. L’homme au crâne tatoué était plongé dans ses réflexions..

- Vous savez tout ce que j’ai pu vous apporter. J’ai dit qu’il était venu, pas qu’il venait chercher des renseignements, il a juste demander à me voir pour parler d’Azouth, et donc de Velsharoon, au sujet d’histoires néthérisses. Il cherchait des documents historiques concernant des légendes oubliées de nos ancêtres, rien de plus, et rien de plus étrange. Et il n’y a pas de bibliothèque ici. Partez maintenant, j’ai à faire ici.

L’homme congédia prestement l’apprenti vers la nef où étaient rassemblés les adeptes des trois cultes. Ne sachant trop où aller, il sortit au dehors et vit le soleil décliner déjà. Les journées en ce pays étaient décidément trop courtes.
Karan se demanda un instant ce que pouvait bien faire dame Enmorien, et il se laissa à penser qu’il devrait peut-être lui parler de ce qu’il avait réunit comme informations, car son aide pouvait peut-être s’avérer utile.

Ebmorien
La petite dame quitta Amras avec un sourire entendu. Le mage lui, resta planté là, tel un poteau sordide au milieu d’une allée colorée. Enmorien semblait ne pas se soucier de l’avenir de cet homme, après tout, c’était lui qui avait prit contact en premier.
Poursuivant son investigation, elle se rendit rapidement dans une boutique de couture, la même, mais sans le savoir, que celle où Karan avait été un peu plus tôt. L’homme à l’air efféminé trouva rapidement des vêtements amples et colorés, surmontés d’un turban et de larges foulards de soie po la hin. Les ciseaux volants s’occupaient du reste.

L’entrevue avait été très rapide, car le commerçant était manifestement pressé sur une autre commande. La « prêtresse » se dirigea donc vers des quartiers plus animés du centre, près de la Place des Charmilles, en quête d’une boutique de magie spécialiste en alchimie. Elle en trouva une bonne dizaine dans une rue et s’avança à tout hasard dans l’une d’entre elle.
L’atmosphère qui régnait ici était fraîche et ressemblait davantage à un bureau ordonné qu’à un laboratoire. Le magasin faisait aussi office de vendeur de fioles en tout genre apparemment.
Un jeune homme à l’air timide était au comptoir et regarda avec intérêt Enmorien. Celle-ci s’avança progressivement vers lui, d’un air aguicheur et les joues du jeune homme se mirent à chauffer sévèrement.

- O-oui ? Puis-je vous renseigner madame ?

Le prêtre avait mis un terme aussi rapide que ferme à leur entretien. Le jeune mage s’en était retrouvé dehors limite évincé de ce lieu de culte qui pourtant vénérait tant le Père des Mages que le Dieu des Morts Vivants, et donc la Nécromancie discipline dont il s’était fait une spécialité. Tant le secret que le désintéressement, hormis pécuniaire, étaient les principaux traits de ce temple. La déception de Karan fit place à l’irritation puis à la colère. Il maudissait ce temple où les prêtres s’occupaient plus de leurs petites affaires et du tintement des pièces dans une urne que des personnes susceptibles de leur rendre un jour de plus grands services qu’une aumône. Car oui, ils n’étaient rien de plus des mendiants avec pignon sur rue.

Faute d’indices, une nouvelle piste le menait à faire des recherches sur les vieilles légendes et histoires Néthérisses. Il pensa à la bibliothèque de ce matin où il pourrait, il le souhaitait, trouver quelques ouvrages sur ce thème. A moins que…

¤ Non, pas cette peste d’Enmorien... Il fronça les sourcils et son regard devint dur… Après tout, si elle a étudié l’histoire de notre peuple alors elle pourrait peut être orienter ces recherches. Mais c’est la mettre dans la confidence de cette crypte. D’un autre côté, s’il devait se rendre là bas, il ne pouvait y aller seul . Il reste toujours le mystère de la maison de Brion. Il faut que j’en ai le cœur net. Sa femme devrait être rentrée, il va faire nuit. Ou son domestique. Enfin pourvu qu’il y ai quelqu’un, c’est tout ce que je demande.¤

Il regarda autours de lui, sur l’esplanade et dans les rues adjacentes si la silhouette de la jeune prêtresse se dessinait. Mais il ne semblait pas y avoir d’Enmorien dans son champ de vision.

Le soir tombait déjà et il lui fallait agir. Promptement il se remit en route à grandes enjambées vers la demeure de Brion, ponctuant chaque pas d’un choc ferme de son bâton sur les pavés. Il espérait y trouver l’épouse de son camarade et surtout des informations plus précises sur ses travaux. Il commençait à en avoir assez de tourner en rond dans cette affaire. Il avait été patient mais la colère faisait place à une rage grandissante au fur et à mesure qu’il s’enfonçait dans les rues de la ville. Il était décidé à trouver des indices, par n’importe qu’elle méthode.