Le long du Boilune, Vers le Puit de Béorunna et le bois Froid

MJ
ne fois le repas terminé, les quatre compagnons en profitèrent pour se reposer un petit peu. La ville était encore loin et il n'y avait aucun obstacle qui semblait se dresser entre elle et eux. Ces moments de repos étaient rares et ils le savaient. Ils profitèrent donc pleinement de cette période d'oisiveté s'occupant de choses futiles et de menus détails qui amélioraient un peu l'ordinaire.

Ylinya fut la première à s'appercevoir du changement de temps à venir. Toute la nature autour d'elle commençait à se préparer pour ce qui allait se produire dans quelques temps. Le temps qui était au beau fixe depuis un moment, commençait imperceptiblement, pour un oeil non avertie, à virer vers la pluie et l'orage. Il n'y avait aucun doute à ce sujet, les insectes rasant le sol, l'humidité ambiante qui commençait à se ressentir fortement et les autres animaux étaient gagnés par une agitation que seule Ylinya avait interprétée correctement. Toutes les bonnes choses avaient une fin et il semblait que ce moment de calme arrivait à la sienne. Au moins ils connaissaient leur destination. Là-bas ils pourraient trouver de quoi se mettre au chaud et avoir un abri pour se mettre au sec. Les nuages noirs qui commençaient à recouvrir le ciel vinrent lancer le signal du départ pour le petit groupe. Ils pensaient arriver avant la nuit, cela en devenait presque une obligation désormais. Encore heureux qu'ils aient trouvé un raccourci car nul n'osait imaginer ce qui se serait passé s'il avait du traverser la forêt sous le mauvais temps.

eur répit semblait au nain de fort courte durée... Après des jours de marche sous la pluie, l’éclaircie de cette première journée sèche venait déjà à son terme, le regard marri de la druidesse vers les nuages s’amoncelant ne pouvait rien signifier d’autre. Leurs sacs seraient encore alourdis par l’eau s’y imprégnant de plus en plus profondément, leurs pas ralentis par un sol boueux et glissant s’ils ne tombaient dans quelque tourbière ravivée par autant de pluie. Après un léger soupir, il se tourna vers le petit barde, un maigre sourire à peine perceptible sous sa barbe.

- M’est avis que leur parler de fées ou de magie, tout ours civilisés qu’ils soient, n’est pas la meilleure des idées mon ami. Comment réagiraient-ils face à la druidesse elfe? Feraient-ils la différence entre la servante de la nature et les arcanistes honnis avec autant de ferveur par ces hommes du Nord? Quels contacts avaient-ils avec les oreilles pointues? Sans la fixer vraiment, il tourna la tête vers ‘sa bleutée’, pensif avant de revenir à Stor et sa promesse de boisson partagée.

- Un barbare reste un barbare, en ça au moins ils doivent ressembler à leur cousin. Mais foi de Mjöllnir, ils ne nous empêcheront pas de trinquer! Le nain se leva avec précaution pour ne pas déjà risquer de glisser, et se pencha vers son lourd sac à dos pour s’assurer qu’il soit correctement fermé et qu’il ne prenne des allures d’outre pleine quand le ciel s’ouvrirait au dessus de leur tête. D’un brusque coup de reins il le lança sur son dos.

- Allons-y, avant de nous faire mouiller une fois de plus par les instruments de présage de Simaïus. J'suis sur qu'il serait ravi de voir tous ces nuages se rassembler. Son large bras tendu en direction de la druidesse pour l'aider à se relever, il lui envoya son nécessaire clin d'oeil et un sourire qu'il espérait suffisamment crédible. ¤Nous y sommes presque...¤

llongée dans l'herbe, c'était le changement de son qui l'avait d'abord alertée... Le vent avait tourné pour apporter les nuages et son passage dans les arbres les faisaient chanter différemment. Ensuite ce fut les insectes, notamment avec l'arrivée des petites mouches noires collantes alors que les oiseaux volaient plus bas pour quêter leur pitance. La druide s'était finalement décidée à se relever pour se préparer à l'inévitable: la fin du repos et le grain qui se préparait. Et qui risquait de les malmener quelque peu... Embrun vint se frotter à sa maîtresse avec un miaulement plaintif. Si la demi-elfe aquatique aimait la pluie parce que ça lui permet de s'immerger, son chat, lui, avait plutôt tendance à la fuir comme la peste.

- Allons mon beau, tu vas voyager dans mon sac... Tu seras presque sec, promis... Elle se mit à caresser son chat, attirant à elle son sac afin d'imiter le sage Mjöllnir. Ne contenant plus grand chose son réaménagement fur relativement rapide et elle n'eut aucun mal à aménager une place où Embrun put se glisser. Elle referma le rabat du sac puis entreprit de se relever, aidée par le moine, tant physiquement que psychologiquement. Elle lui rendit son sourire avant de s'arnacher de son sac avec délicatesse afin de préserver son compagnon félin d'un rodéo surprise.

- Mjöllnir a raison, nous allons devoir nous presser sinon nos futurs camarades de chopine vont nous prendre pour des poissons et non pour des aventuriers courageux... La druide attendit que tous soit près avant d'éteindre leur feu de camp avec soin... Elle ne disait rien de la petite appréhension qu'elle avait sur les nouvelles rencontres qu'ils allaient faire. Toutes ses expériences n'avaient pas été bonnes durant sa vie... Certaines personnes avaient de lourds à priori envers les elfes, alors s'ils avaient la peau bleue de surcroît, cela n'aidait en rien. Elle regarda à la dérobée les autres de ses compagnons avant de récupérer le bâton dont elle s'était armée pour sonder le sol à leur arrivée. Au moins ne serait-elle pas seule cette fois-ci, elle savait qu'elle pouvait compter sur eux mais n'avait pas non plus envie que l'accès aux puits leur soit refusé par délit de 'sale gueule'...

¤Nous verrons bien...¤ Elle jeta un dernier regard au camp pour s'assurer qu'ils n'avaient rien laissé derrière eux avant de scruter le ciel, attendant qu'ils se mettent en route.

e ventre plein, le malicieux halfelin était tout ragaillardi et se sentait capable d'affronter tous les périls. Enfin, presque tous... Car la vue des nuages menaçants l'incita rapidement à fouiller dans son sac pour en sortir une cape, propre à le protéger de l'averse prochaine.

- Allez, allez, on se dépêche. C'est que je n'ai pas envi de me retrouver tremper comme une soupe, moi. Tiens, d'ailleurs, en parlant de soupe, vous savez quand est le prochain repas? C'est que je commence à avoir un petit creux...

Trouvant le morceau de tissus, Stor s'en recouvrit les épaules sans interrompre pour autant son bavardage. La perspective d'atteindre bientôt le Puits de Béorunna l'excitait assez. Il brulait d'envi de voir de ses propres yeux le mode de vie des Uthgardts civilisés et d'enrichir ainsi ses connaissances toutes livresques. Mais pour l'instant, son soucis principal consistait à atteindre le village avant les premières goutes. Dans ce but, il houspilla encore une fois ses compagnons qu'il trouvait bien aspartiques.

- Bon, on y va. Allez, Absur, grande saucisse. Dépêche-toi sinon tu vas devoir me porter quand l'averse va transformer le sol en un véritable bourbier. Tu ne voudrais quand même pas que je salisse ces jolies bottes? Et en plus, si on traine trop en chemin, l'ami Mjöllnir va vider tout seul la réserve de bière de la taverne. Et ça, c'est absolument hors de question. Je tiens vraiment à lui donner un coup de main pour cet exploit...

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