Le long du Boilune, Vers le Puit de Béorunna et le bois Froid

défaut de boeufs, les compagnons devraient se suffire de la chaire pleine de nerfs et fine des canidés mais dans leur situation, nul ne rechignerait ou ne trouverait matière à faire la fine bouche face à un morceau de viande. Pas même Stor bien qu’il n’ait pas manqué d’informer son entourage de ses craintes que la viande n’ait la saveur de celle d’un gras sanglier ou la finesse d’une caille.

Mjöllnir tapota l’épaule de son amie en réponse à sa requête de traiter leurs adversaires avec le respect dû à un opposant de valeur guidé par la seule faim. Empruntant un couteau au petit barde qui déjà exposait ses outils de cuisine et autres accompagnements, il se dirigea vers un premier cadavre, vérifiant qu’aucun souffle ne sortait plus de sa gueule ni que son corps ne tressaille du moindre mouvement. Des quatre bête, une seule vivait encore, rendue seulement inconsciente par sa dernière tentative contre Stor. Le moine se saisit de la large tête et, dans un mouvement brusque, la força à se tourner plus que les vertèbres de l’animal ne le permettaient. Dans un craquement sinistre d’os nullement camouflé par le bruit du feu crépitant, il venait de quitter cette terre inhospitalière, sans autre douleur.

Il entreprit alors de l’égorger comme il l’eut fait d’un mouton pour le vider de son sang, et de la même manière le vida et le dépeça, ne portant aucun égard au sang qui déjà le maculait et dont il se laverait dans une des nombreuses flaques que les dernières pluies torrentielles avaient créées tout autour d’eux. Le nain aurait volontiers récupéré l’une ou l’autre fourrure mais n’y connaissait rien sur la récupération des peaux et doutait que ses compagnons en sachent plus, à l’exception peut-être d’Ylinya qui elle n’en ferait rien.

Il disposa précautionneusement les morceaux de viandes sur une brassée de brindilles pour qu’ils ne soient plongés dans la boue dans l’attente, le ventre gargouillant de plaisir à l’avance. Fier de son travail, il présenta l’ensemble à Stor...

- Voilà l’ami, c’est tout ce que je peux faire. Je vais écarter le reste des carcasses pour éviter de nous attirer tous les charognards à mille lieues à la ronde. Même s'il poursuivait face au halfelin, la phrase suivante était adressée à la druidesse et lui proposait une vision qui devrait lui plaire plus encore que l'idée de les enterrer : "Les bêtes affamées y trouveront leur compte, dont le reste de la meute puisqu'aucun jeune ne semblait de la partie. Elles doivent être nombreuses à mourir de faim, et c'est pas bon pour l'équilibre tout ça."

evant le mutisme de ses compagnons, le moine prit sur lui de s’occuper seul des vestiges des loups, les traînant, tous les sens aux aguets pour ne pas risquer d’être pris par surprise par un des survivants. Il les déposa à l’écart de la route qu’ils avaient suivi, à quelques deux cents mètres de leur lieu de bivouac, allongés l’un contre l’autre en un repas providentiel pour les animaux qui partageaient leur triste condition...

Il revint alors vers Stor changé en chef coque pour l’occasion et le fumet de viande bouillie qui déjà s’élevait de sa gamelle pleine de légumes et herbes variées auxquelles Mjöllnir n’entendait rien mais qui dégageait une odeur qui présageait bien des plaisirs gustatifs.

¤Avec une faim comme celle qui te noue le ventre, même un caillou te paraîtrait appétissant!¤ Se dit-il à lui-même, se forçant à sourire. Le nain n’avait rien vu de ce qui avait pu se passer en son absence mais Absurbanipal et Ylinya semblaient plus sereins que quand il les avait quitté pour la poignée de minutes nécessaires à sa tâche. S’accroupissant près du feu, il regardait les teintes d’or et de sang se refléter sur les visages fatigués de ses compagnons et les traces indéniables de la lassitude qui les étreignait.

- C’est une drôle d’idée que de trimballer vos affaires sous vos yeux. Plaisanta-t-il encore, mimant les cernes qui ornaient leur visage. Gratifiant le barde d’une légère tape dans le dos, il ferma les yeux, laissant son odorat se réjouir à l’avance. "Mangez un morceau puis, au lit, sans discussion, je prends le premier tour de garde."

linya appréciait les attentions discrètes de Mjöllnir à son égard. Peut-être que les épreuves qu'ils avaient eu à vivre ensemble les avaient rapprochés plus que les on-dits ne l'auraient supposé. Elle lui adressa un fin sourire pour lui signifier qu'elle avait comprit... Pourtant elle ne put assister au dépeçage pour autant. Elle avait faim, certes, mais son estomac à moitié rempli semblait ne pas spécialement supporter cette scène de chasse... Elle préféra focaliser son attention sur les bandages d'Absurbanipal puis sur le sien. Cela ne l'empêcha pas pour autant de sursauter lorsque le craquement sinistre de fin de vie du loup emplit l'air du campement nocturne. Lorsqu'elle eut finit, Mjöllnir avait disparu avec les cadavres restant.

- Je vais voir si j'arrive à glaner quelques herbes et baies dans les environs immédiats. Je serai prudente... La demi-elfe aquatique sourit au prêtre et au marmiton avant de s'éloigner un peu, une torche de fortune en main afin de se prémunir de toute attaque ou que l'on puisse la situer en cas de problèmes. Ses recherches ne furent pas spécialement fructueuses mais cela lui permit de souffler quelques instants seule, loin des autres, Embrun la suivant comme son ombre et se frottant parfois à ses jambes. Ce léger isolement lui fit du bien, elle en profita pour adresser une prière à Sylvanus dans cette intimité qu'elle s'était créée... Elle ne revint auprès des autres que quelques secondes avant le moine, ayant tout juste le temps de s'asseoir auprès du feu, évitant avec soin le sang ou les traces de carbonisation qui rappelaient leur dernier combat. Elle ne savait pas du tout à quoi elle ressemblait présentement mais elle devait faire plus peur qu'autre chose réflexion faite!

- Tes paroles sont pleines de sagesse, comme souvent... Merci à toi de prendre le premier tour. Réveillez moi quand ce sera mon tour! Ylinya se sustenta légèrement, rechignant tout de même à manger la chaire des loups puis salua chaque membre de son groupe avant d'aller se coucher, Embrun la suivant de près...

- Bonne nuit et bonne garde... La druide adressa une dernière prière à Sylvanus avant de sombrer dans un sommeil peuplé de hurlements de loups et de bruits de vagues trop lointaines pour qu'elle ne puisse les rejoindre.

a cuisson du 'festin' se poursuivait tandis que Mjöllnir éliminait les cadavres des loups. La viande était portée à ébullition dans la marmite et l'odeur qui en résultait faisait presque oublier l'origine de la viande. Remuant les morceaux à l'aide d'une grande cuillère, Stor chantonnait de façon ironique...

- Cuisez, cuisez tendres civets.
A table, à table, c'est la tambouille.
Venez manger la ratatouille,
Des loups, chasseurs, puis tendres gibiers.

- Ils sont venus très affamés,
Se sont cassés les dents ici.
Certains ont fuit, les autres ont cuits
Merci à eux de nous gaver...

La viande de loups bouillie s'avéra moins coriace que prévu et chacun put se restaurer en calmant les manifestations de son estomac. Le contrecoup du combat se faisait ressentir et les aventuriers aspiraient à un repos bien mérité. Heureux de voir le nain se proposer pour la première garde, le petit barde fit un signe de la main pour indiquer qu'il prendrait la seconde. L'absence de commentaires de sa part trahissait bien son état de fatigue extrême. Sans plus attendre, la dernière bouchée avalée, Stor s'emmitoufla dans sa couverture pour sombrer aussitôt dans un sommeil réparateur. Et, très vite, un ronflement sonore s'éleva du petit être recroquevillé près du feu.

e mulan s’était enfermé dans un silence réparateur. Tendant vers une quiétude intérieure après cette lutte sauvage pour sa vie et celle de ses compagnons qu’il avait du livrer, il avait ressenti le besoin vital de communier avec sa Dieu par la pensée et la prière. Tandis que le petit groupe s’était nourri de la viande de loup avec plus ou moins d’appétit, il était resté assis en tailleur au coin du feu, les yeux rivés sur la marmite. Le bouillonnement du plat, les volutes de fumée. Son esprit dériva pour atteindre un état second. Il avait besoin de se purifier l’âme et le corps, s’éloigner un instant de ce lieu loin de tout, loin de la Mulhorande, loin des siens. Entre songe et réalité les images de son éducation lui revenaient comme autant de repaires auxquels se raccrocher dans le maelström du chaos des derniers jours. Seule sa foi inconditionnelle l’empêchait de se retourner sur le chemin et d’éprouver des regrets à être dans cette situation. Sa dédicace au service des gens du peuple lui avait fait connaître ce qu’était l’empathie et la tristesse grandissante de la jolie druide océane le perturbait. D’aussi loin qu’il se le rappelait, Absurbanipal n’avait jamais supporté la souffrance des justes. Sa volonté à aider autrui le pousserait certainement à trouver une force supplémentaire pour aller de l’avant.

Lorsqu’il sortit de son introspection onirique, le prêtre constata que seul le nain robuste demeurait éveillé. Combien de temps s’était-il écoulé? Visiblement Mjölnir avait pris l’initiative de monter la garde en premier.

- Réveille moi ensuite, je te relèverai avec plaisir. Il s’allongea et tira sur les pans de son grand manteau de fourrure pour s’emmitoufler bien au chaud. Alors que ses dernières pensées conscientes furent sur son rejet mental de toucher à cette chair animale non purifiée, le sommeil vint le prendre.

MJ
u petit matin, il ne pleuvait pas, mais le ciel restait couvert comme depuis tant de jours. Assise seule sur son sac Ylinya attendait le réveil de ses compagnons qui émergèrent tour à tour de la tente en l'espace de trente minute. Dormir avait été difficile pour tous, ils s'étaient tour à tour réveillés à cause des hurlements et des aboiements des loups dans le lointain mais aussi à cause de la peur d'une éventuelle nouvelle attaque. De plus les blessures, les avaient fait souffrir et cela n'arranger pas les choses pour bien se reposer. Absurbanipal à la lumière du jour était plus que livide tous purent se rendre compte que c'était celui qui avait soigné la veille qui n'allait pas très bien maintenant. Le mulan était très pâle, il avait été mordu à plusieurs reprises et était maintenant très affaibli...

Le feu était réduit à une flamme de dix centimètres mais la jeune demi-elfe avait réussit à le sauvegarder malgré l'humidité et tous purent un peu se réchauffer avant de reprendre la route. De la route, il en restait, et pas qu'un petit peu. Certainement deux ou trois jours de marche encore. Ils allaient devoir marcher vite et ça ne serait pas facile vu leur état car la nourriture leur manquerait dès demain, la viande des loups ne leur ayant permis que de gagner un repas dont la digestion s'était avérée plus que difficile et Stor et Mjöllnir en gardait encore des nausées ce matin. Il replièrent la tente et une fois leurs sac à dos reprirent leur chemin vers le nord et le Bois Froid...

A ce rythme rapide mais soutenable pour un aventurier entraîné, ils arrivèrent bientôt en vue d'une nouvelle forêt ouverte en deux passage naturel vers de nouvelles terres encore plus sauvages. Ils s'arrêtèrent un instant pour apprécier la distance parcourue depuis le matin et souffler un peu près d'un rocher brisé aussi haut que Stor et ouvert en quatre comme on ouvre une pomme. Le roc avec sa forme atypique était l'endroit idéal pour se mettre à l'abri du vent. Les arrêtes usées du rocher prouvaient qu'il avait du être cassé il y a des années par on ne sait qu'elle force mystérieuse, peut être la même qui avait séparée la forêt en deux partie.

Jet de savoir bardique de Stor DD15 : 16(Dé)+3=19 Réussite.

e corps encore meurtri des combats de la veille, Stor laissa tomber son sac avec un petit soupir de soulagement. Il faisait bon pouvoir se reposer un peu après cette marche assez pénible pour les petites jambes du halfelin. Leur progression se déroulait assez bien et chaque heure passée à avancer les rapprochait toujours plus de leur objectif.

Regardant avec attention le rocher près duquel leur groupe avait choisi de s'arrêter, le barde laissait le mystère du lieu entrer en lui. La forme de la pierre était des plus étranges, présentant un point de repère caractéristique dans le paysage. Il respira profondément, Stor ferma un instant les yeux, cherchant à détecter si, oui ou non, un chemin de traverse débouchait à cet endroit. L'emplacement s'y prêterait assez bien au fond, un peu à l'écart des routes traditionnelles, dans un milieu relativement sauvage et près d'une balise assez remarquable. Sortant sa yartingue, le petit barde laissa ses doigts courir un instant sur les cordes. Puis, à mi-voix, il fredonna, veillant à accorder les vibrations de sa musique avec les paroles déclanchant le sortilège.

- Apparaissez, croisements cachés
Votre gardien doit se montrer.
Ma route ainsi raccourcira
Et à mon but m'amènera.

Stor lance 'Détection des croisements'

audits loups qui se vengent même après leur mort! Et moi qui croyais faire un cadeau aux affamés du coin! Maugréa le moine en massant son ventre à quelques pas de Stor.

Il laissa lourdement tomber son sac sur le sol, profitant de cette pause pour libérer son dos du poids de leur tente, toujours plus lourde au fur et à mesure qu’elle se gorgeait des pluies à peine interrompues qui les arrosaient allègrement depuis leur départ de Lunargent... Tant de jours au par avant.

Dès l’enfance il avait forcé son corps à s’endurcir et, à l’image du commun de sa race, peut-être plus encore, il était capable de supporter de lourdes charges sans véritablement en souffrir mais contre le mutisme de ses compagnons, la grisaille, la pluie, le sommeil et la faim, il se trouvait quelque peu démuni et tout son corps en souffrait aussi sûrement que son esprit et il avait de plus en plus dure à dérider la compagnie à grand renfort de positivisme et d’humour dans les moments sombres de leur épopée. ¤A croire que Gynix, Gulthyn le garde, avait raison... J’suis en train d’rouiller!¤

L’insouciance et la candeur du barde étaient les derniers éléments lui permettant de ne pas se laisser engluer dans une sombre humeur. ¤Ça l’reprend, il veut de nouveau jouer avec les êtres fées... Sacré bonhomme...¤

e jeûne, malgré son état d’épuisement général, lui avait fait du bien. Il se sentait purifié de l’intérieur et capable de faire face aux épreuves qui ne manqueraient pas de se présenter à eux. Cet étrange endroit paraissait propice au repos et tandis que le barde y allait de sa yartingue, le prêtre regardait tour à tour ses compagnons. La fatigue du voyage cernait les yeux de tous et même le solide Mjölnir accusait le coup. Il fallait dire qu’ils n’avaient pas eu de raison de se détendre depuis plusieurs jours, et la tension engendrée par les horreurs rencontrées n’avait fait que les plonger dans la morosité et le silence quasi-permanent.

Absurbanipal leva la tête vers le ciel. Il était temps. L’heure du Zénith était venu, c’était le moment de vénérer comme il se devait la pleine gloire de son divin Seigneur. Il se mit à genoux et leva son symbole vers la face du Disque enflammé. Quelques instants après, il récitait des litanies dans la langue de ses ancêtres. Une fois qu’il eut fini de fêter l’Ascendance du Renouveau, il se sentit ragaillardit. Ainsi galvanisé, il pourrait apporter aide et soutien à ses proches si le besoin s’en faisait sentir. Pour l’instant, il devait se soucier un peu de son propre état s’il souhaitait continuer d’agir efficacement. Il pria de nouveau et laissa la chaude lumière d’Horus-Rê le baigner de sa magnificence et prendre soin de ses blessures.

Lorsqu’il finit d’accomplir ses rituels il demanda aux autres s’ils avaient emportés tout comme lui de la viande de la veille et s’ils désiraient qu’il la purifiât afin qu’elle soit plus comestible. Il ne savait pas s’ils étaient encore loin de leur objectif mais reprendre des forces devait être à présent une de leurs priorités, sinon leur survie en serait compromise et par là même la mission d’importance à laquelle on les avait conduit.

Absurbanipal prie pour obtenir ses sorts et transforme ‘Convocation de monstre I' en 'Soins légers' et lance 'Purification de nourriture et d'eau'.

MJ
PV d'Absurbanipal : 3+8=11 sur 13pv.

lors que Stor faisait encore le tour du rocher sous les yeux amusés de Mjöllnir, Ylinya qui n'avait que peu mangé la veille et qui par mesure de précaution avait pensé à emmener un peu de viande, offrit la nourriture à Absurbanipal qui pensait pouvoir en éliminer les toxines grâce à un sort purificateur. Le mulan avait reprit du poil de la bête, son dieu ne l'avait pas abandonné et pour le remercier de sa dévotion lui avait offert en plus du recouvrement de son intégrité physique, un signe annonciateur de jours meilleurs avec l'apparition à travers les nuages de l'astre solaire qu'il vénérait autant que sa déité tutélaire et dont les rayons n'avaient pas réchauffés le visage des aventuriers depuis bien longtemps. Fort de ce signe, le prêtre avait sorti la viande de loup qui avait donné toutes ces douleurs stomacales à ceux qui en avait mangé, et était décidé à la rendre plus comestible pour que tous mangent quelque chose sans être diminués.

En marchant le petit groupe d’aventuriers avait tout loisir de lier connaissance et de se raconter leur vie avoir un peu d’intimité était une aubaine que chacun appréciait, lorsque la compagnie s’arrêtait pour un long moment comme maintenant. Aburbanipal priait, les mains levé au ciel son dieu solaire, Mjöllnir réfléchissait puis somnolait et comme souvent Ylinya qui mangeait et dormait très peu comparé à ses amis, s’esseulait, tentant de trouver sur une hauteur la possibilité de scruter l’horizon. Aujourd'hui encore la mélancolique jeune femme qui ne désirait pas partager sa tristesse était montée se reposer sur le plus haut rocher... Soudain Stor qui tournait autour d’elle depuis un moment découvrit ce qu’il devait déjà chercher depuis un moment. Une chose imperceptible pour la plupart des non-initié...

Le royaume de féerie, univers enchanté et secret pouvait quelquefois se rendre perceptible aux yeux de certain, avec qui, il partageait une affinité. Stor était de ceux là, il avait la capacité d’entrevoir à travers la toile magique les gardiens des chemins de traverse. Que ce soit dans l'iris courbé d'une campanule, dans le feuillage frémissant d'un grand chêne, sur le chapeau nacré d'un champignon, korrigans, fées, dryade et lutins les observaient, gardant les passages féeriques aussi bien que leurs trésors. Ceux qui avaient la chance de les voir pouvaient s’ils arrivaient à convaincre ces gardiens parcourir des kilomètres en quelques secondes en empruntant un chemin. Avec de la chance ce lieu atypique permettait de passer au dessus des deux forêts des Arbres de Nuit qu’on disait dangereuses voir maléfiques. La dernière note jouée par Stor avec sa yartingue semblait se prolonger indéfiniment en un son aigu qui s'amplifiait à chaque nouveau pas que le barde faisait en direction du chemin de traverse. En cet instant le temps paraissait avoir suspendu sa course, les nuages au dessus d'eux ne bougeaient plus ou presque plus, le vent violent s'était apaisait même si on entendait toujours son murmure... Et pour un murmure c'était bien de cela qu'il s'agissait, car peu à peu des mots devenaient compréhensibles et bientôt une voix qui semblait venir de partout et de nulle part à la fois se fit faiblement entendre.

- C’est toi l'ami des fées?
C’est toi le barde, l’aimé,
Le voyageur de la Féerie,
Comme des milliers avant lui.

- Mais que qu'iras tu me chanter?
Pour trouver ta terre, sacrée,
Retrouver les fées tes amis,
Pour leur conter des conneries.