Le long du Boilune, Vers le Puit de Béorunna et le bois Froid

e nain revenait auprès de ses compagnons, les bras chargés de bois pour permettre au feu de tenir la nuit, quand il entendit l’appel du halfelin. Au sortir du bois, cette tâche leur serait de plus en plus difficile sans devenir pénible pour celui qui souffrait tant de l’inactivité et se réjouissait toujours de pouvoir utiliser ses muscles à autre chose que marcher sous son sac si lourd.

Monter la tente, déblayer l’endroit de feu et le contenir par les pierres les plus larges qu’ils aient sous la main, offrir au chaos du bivouac autant de structure que possible et l’organisation qui rythmait la vie du moine, n’avaient à ses yeux rien de laborieux et lui permettait au contraire de se détacher des pensées négatives qui tentaient encore et encore de l’assaillir comme les vagues se jetant sur un rocher.

Demain il leur faudrait repartir et retrouver la monotonie d’une marche forcée sous un temps maussade mais d’ici là, le feu leur apporterait chaleur et couleurs et Mjöllnir pourrait laisser son esprit s’échapper d’un tison à l’autre, méditer et goûter pleinement à leur répit vespéral.

Il déposa son fagot à quelques pas et s’assit près du feu aux côtés de la druide, s’assurant au passage de son humeur et de son état général. L’humidité ambiante devait lui convenir mais pas ce temps triste où la nature qu’elle chérissait tant semblait elle-même célébrer quelque deuil et se couvrait d’un voile grisâtre : "Pas trop froid?"

Son activité physique récente et sa constitution de loin supérieure à celle de la druide l’avaient réchauffé au point de rendre son manteau de fourrure accessoire auprès du feu et qu’il était tout prêt à le lui offrir.

MJ
e crépuscule était morne et humide, même si la pluie avait cessé. Les aventuriers avaient dressé leur campement sur un îlot de terre et de pierre d'une centaine de mètres de diamètre où quelques peupliers se dressaient. Beaucoup plus loin on pouvait apercevoir quelque cèdres en piètre état, vestige de l'avancée du Boilune vers le nord. En l'absence de vent ce jour le campement, aussi précaire fut-il, les protégerait de la pluie si elle se remettait à tomber et ils n'auraient pas à craindre que la tente goudronnée s'affaisse comme hier et avant hier. C'était donc mieux que rien, sachant que Mjöllnir n'avait pas réussit à ramener énormément de bois tant les morceaux qu'il trouvait étaient détrempés et ils avaient à leur disposition uniquement de quoi faire un feu pour se faire un repas chaud et se réchauffer une heure, peut-être deux. Mais la nuit ne serait pas très froide ce soir et ils commençaient à avoir l'habitude de ce genre de situation car les trois premiers jours la situation n'avait guère été meilleure. Au loin un concert de coassements et de hurlements saluait la tombée de l'obscurité, aujourd'hui encore la nuit serait noire, car la lumière lunaire aurait beaucoup de mal à percer l'épaisseur des nuages noir et gris.

Ylinya avait répondu par un hochement de tête à Mjöllnir. Signe que tout allait bien pour elle mais que la situation aurait pu être meilleure. La jeune druide était à genou en train de fouiller dans son sac pour en sortir suffisamment de rations. Leur allure sur la route était bonne mais les conditions climatiques souvent exécrables les ralentissaient et surtout les fatiguaient. Aujourd'hui ils avaient traversé à gué une rivière et marché toutes l'après-midi sur un faux plat montant qui leur avait meurtri pieds, jambes et dos, et qu'il leur faudrait encore affronter demain. Tout cela les obligeaient à prendre plus de repos et plus de vivres. Et même s'ils avaient déjà parcouru les deux tiers de leur voyage, il faudrait sans doute faire serré pour la fin. Néanmoins, c'est avec les efforts continuels de Stor et d'Absurbanipal, qu'ils parvinrent à allumer les premières flammèches du feu et cela rassura tout le monde, un repas chaud était une aubaine et il fallait en profiter...

la fin du repas, profitant de la chaleur relative apportée par le feu, Stor se surprit à rêvasser. Il observait l'un après l'autre ses compagnons de voyage et, finalement, trouvait que l'équipe était assez complémentaire, plus axée sur la discrétion que sur la force brutale. Le jeune barde sentait confusément que l'aventure l'avait endurci, développant certaines de ses compétences. Il se sentait moins désarmé face à des situations délicates. La longue marche commençait néanmoins à le fatiguer, ses petites jambes ayant le plus grand mal à suivre le rythme. Grimaçant un peu, il retira ses bottes pour soulager ses pieds endoloris. Des souvenirs diffus d'histoires que lui racontait sa mère lui revenaient en mémoire, en particulier celles relatives aux routes mystiques des fées, ces chemins de traverses qui quadrillent la surface de Faerûn à l'abri du flou du regard. Le secret de ces chemins de traverse et de leurs croisements est bien gardé par le petit peuple et certains druides. Se pourrait-il que la belle Ylinya en sache un peu plus?

Les paroles d'une chanson liée à ça remontaient du fond de sa mémoire, vestige de l'enseignement de Danah, sa mère. Jusqu'à présent, le petit Stor n'avait jamais réussi à saisir toutes les subtilités de cette mélodie, ne parvenant pas à libérer l'énergie magique de ce chant. Saisissant son yartingue, il en pinça délicatement les corde, ses doigts courant le long de l'instrument dans un geste précis, tandis que sa voix s'élevait, un plus assurée et plus mélodieuse.

- Dans l'ombre, derrière le monde,
Quadrillant Faerûn, courent ces chemins.
Chemins de traverse, cachés aux communs,
Montrez-vous à moi, mon chant vous sonde.

- Routes mystiques du peuple fée,
Routes invisibles, routes impalpables,
Chemins légendaires, indécelables,
Que votre Gardien me laisse passer.

Stor lance 'Détection des croisements'

ssis autour du feu de camp avec ses compagnons, Absurbanipal somnolait quelque peu, encore engourdit par la fatigue de leur marche de la journée. Les notes de musique et le chant, tous deux de qualité, l’extirpèrent de ses songes. Même s’il ne savait pas ce que leur jovial ami leur réservait encore comme surprise, il avait la sensation que ses accords musicaux étaient plus qu’ils ne paraissaient l’être en cet instant. L’air ambiant semblait soudain charrier une intangible magie.

Le mulan jeta un regard à Ylinya qui demeurait souvent muette depuis le triste épisode de la découverte du corps de leur ancien compagnon de route. Son attitude l’inquiétait et il craignait qu’elle ne parvienne pas à surmonter le deuil auquel son cœur semblait s’adonner depuis plusieurs jours. Nombre de courageux individus avaient été terrassés par les affres de la peine et de la douleur suite à la mort d’un ami et Absurbanipal redoutait qu’elle ne réussisse pas à trouver la force d’aller de l’avant. Du moins, pas seule. Mais fort heureusement, elle ne l’était pas. Tous ensemble, le petit groupe semblait plus uni que jamais, chacun apportant sa pierre à l’édifice commun, apprenant à mieux se connaître au travers de chaque instant qu’ils passaient ensemble. Si Mjöllnir était un véritable roc sur lequel on pouvait s’appuyer, le prêtre percevait en lui une sensibilité unique qui faisait de lui bien plus qu’un vaillant combattant du mal. Stor, quant à lui, était un personnage ressource et débordant d’une vivacité d’esprit qui aurait laissé pantois n’importe quel orateur de Skuld. Il sourit amicalement tandis qu’il le regardait chanter à la lueur de ce modeste feu. Il ressentait de l’admiration pour cet être haut en couleur et sa capacité à sans cesse rebondir face aux évènements parfois tragiques de l’existence.

Ils devaient se préparer à connaître pire dans un avenir proche, et chacun d’entre eux devrait être fin prêt et pouvoir compter aveuglement l’un sur l’autre ainsi que sur leurs capacités respectives. Lorsque leur barde aurait terminé, le mulhorandi canaliserait en lui les derniers sortilèges divins quotidiens qu’il avait demandé à son Dieu et en nourrirait son pouvoir de Magefeu. Cette action répétée déjà depuis quelques jours lui permettrait d’être un source de magie puissante pour assurer la protection de ses amis dont il se sentait inconsciemment responsable.

ola mon p’tit ami! J’n’y connais pas grand chose en fées, mais bien assez que pour ne pas avoir envie de partager plus que la pluie avec elles! On dit qu’elles vous font perdre la tête, avant votre chemin et qu’elles ne pensent qu’à rire, vous forçant même à les suivre en dansant!

Il rit doucement en imaginant le mulan se mettre à danser contre son gré sous les applaudissements du halfelin, le singeant dans un mouvement grotesque, il lui semblait voir une éclaircie au milieu de ce mauvais temps. Il prit conscience qu’il y avait longtemps qu’il n’avait plus rit de la sorte et laissa ce sentiment lui réchauffer le cœur, ses épaules tressautant et chassant les gouttes de pluies de son manteau, presque aussitôt remplacées par d’autres. Il faillit se reprendre en voyant la demi-elfe prostrée mais il haussa les épaules et se dit qu’au contraire, un peu de rire et de légèreté pourraient lui faire du bien.

- Tu n’aurais pas un chant pour faire revenir le soleil plutôt? Sur quoi il se saisit de sa portion et en fit disparaître une belle part d’une bouchée énorme avant de reprendre sa 'danse' accompagnée de 'mmffhhh, mfffhh' qui se voulait être sur le même air que celui que le barde venait d’entonner mais que seul un orc hydrocéphale aurait pu reconnaître.

MJ
Absurbanipal convertit 2 Sorts de niveau 1 en charge de magefeu (Nombre de charges actuelles : 8).

Les aventuriers se sentaient tout petit depuis leur départ. Certains avaient peur, même, ils étaient des êtres insignifiants sur une immense plaine détrempée qu'ils côtoyaient chaque jour et qui chaque nuit devenait un monde étrange et inconnu. Presque hostile. Chacun à sa façon luttait contre cette angoisse latente qui croissait à chaque nouvelle nuit passée dans la lande. Absurbanipal misait sur la puissance du don que les dieux lui avaient accordé. Se livrant chaque soir à l'absorption de la magie ambiante, dégagée par tout ce qui se trouvait autour de lui, de la moindre pierre jusqu'au peuplier près duquel ils avaient installé leur campement. Stor, quant à lui, se confortait en exploitant les ressources culturelles et magiques qu'il possédait au fond de lui, forçant chaque jour son talent par l'apprentissage de connaissances nouvelles ou la mise en valeur d'autres. Observer ses compagnons, venus de régions et de cultures différentes, était enrichissant et l'aidait beaucoup à progresser. De plus, le jeune halfelin résistait difficilement quand il s'agissait d'empoigner sa yartingue pour faire oublier à tous la dangerosité de leur mission surtout lorsque Mjöllnir l'incitait à le faire pour tenter de redonner le sourire à la demi-elfe de plus en plus touchée par la mélancolie. Il ne se fit pas prier, une fois qu'il s'aperçut que sont sort ne donnait rien en ses lieux car Ylinya n'allait vraiment pas très bien...

La jeune druide était partagée entre la tristesse de se sentir si étrangère à ces forces primordiales qui l'entouraient et l’émerveillement d’en connaître une fois de plus la puissance, de les ressentir jusqu'à se voir humilié devant elles. Le ciel, la nuit, la forêt, la mort et le temps qui passait lentement avaient eu vite fait de déboussoler la jeune demi-elfe si loin de son élément naturel, si loin de la mer et elle ne pensait qu'à se diriger vers la tente pour dormir, éviter de trop penser et surtout tenter d'oublier. Mais près du feu qui crépitait, avec ses compagnons, elle n'était pas seule et elle avait reconstruit, bien que de façon simplifiée et réduit à l'essentiel, un petit monde protecteur...

Le ciel envoyait ses nuages se fracasser les uns sur les autres, et à chacune de ces confrontations qui semblaient se renouveler sans cesse, des milliers de petites gouttes de pluie, sujets obéissants, étaient projetés vers la terre l'espace d'un instant faisant crépiter le feu dont les maigres flammes s'affolaient alors. Au-dessus, la nuit était lourde de nuages qui regardaient les quatre intrus venu s’asseoir et se reposer. Mais lorsqu'ils se retournaient c'était une autre nuit, plus sombre encore, plus massive, qui les surveillait : la forêt. Ils s'arrêtèrent tous de parler quand les hurlements des loups qu'ils avaient entendu une heure avant leurs semblèrent beaucoup plus proches d'eux que de la lisière de la forêt de Boilune.

'absence de résultat suite au lancement de son sort n'avait pas affecté le jeune barde. Sa toute récente force magique n'était pas en cause, il avait parfaitement senti la puissance des arcanes l'envahir, focalisée dans son chant, pour ensuite se projeter autour de lui, cherchant la trace d'une quelconque énergie géomagique. Il n'y avait tout simplement pas de chemin de traverse à proximité ou sinon le gardien du croisement se serait senti obligé de se montrer pour tester celui qui avait oser le déranger et décider si, oui ou non, il lui accordait le droit de passage. Enchaînant immédiatement par une musique plus alerte et enjouée, Stor avait apporté un peu de soleil et de chaleur, non pas dans le ciel détrempé et voilé par des nuages épais mais dans le coeur et l'âme de ses compagnons de voyage...

Le dernier accord de son yartingue s'était à peine achevé qu'il se trouva prolongé par des hurlements de loups, brisant l'harmonie qui s'était instaurée par une dissonance propre à faire grimacer le musicien le moins doué. Ramassant un fagot de brindilles le halfelin le lança dans le feu dans le but de raviver la flamme vive. Le feu était peu être la seule chose que craignaient ces prédateurs et cette protection leur offrirait en plus l'avantage d'y voir suffisamment pour anticiper la menace, à supposer bien sûr qu'ils aient affaire à de simples loups et non à des adeptes du Sang Noir en maraude, la proximité toute relative du Boilune rendant hélas plausible cette éventualité.

- J'espère que ces bestioles n'ont pas dans l'idée de me priver d'un repos bien mérité. Moi qui comptais passer une bonne nuit bien tranquille, je vais être de mauvaise humeur si mes plans venaient à être contrariés...

a soudaine réaction de Stor extirpa le mulan de ses songes dans lesquels il avait sombré tandis que l'ambiance du feu de camp s'était égayée. En regardant les tisons ardents et les braises rougeoyantes au travers des volutes de petites cendres encore rougies qui s'envolaient après que le fagot eut été jeté dans le feu. C'est alors seulement qu'il perçut les hurlements dans le lointain... Enfin pas si lointain que cela semblait-il en définitive, et cela n'avait rien de spécialement rassurant. Empoignant le manche de sa hallebarde, il se redressa avec célérité pour questionner ses camarades.

- Est-ce là le cri des bêtes que vous nommez loups et dont vous me parliez durant notre périple? Alors que les mots sortaient de sa bouche, Absurbanipal connaissait déjà la réponse qui lui serait faite, mais il ne pouvait s'empêcher de formuler la chose à haute voix afin de se libérer d'une partie de l'angoisse qui le tenaillait à l'idée de combattre au coeur de la nuit, au coeur des ténèbres. L'ombre des bois proches les menaçait comme un épais miasme d'une noirceur sans âme prêt à les engloutir. Déglutissant et réaffirmant la prise de ses deux mains sur l'arme, il scrutait la chape nocturne à l'orée du feu.

a y ressemble bien mon ami... Nous ne devons pas être les seuls à souffrir de ce temps, ils ont du être attirés par l’odeur de notre repas et une trop longue privation ou ils ne prendraient pas le risque de nous attaquer. Le Moine se leva sans bruit, ajustant sa vision à l’obscurité, sondant l’espace le séparant de la forêt dont avaient du s’extraire les animaux. Il perdit le sens des couleurs, le feu, maintenant dans son dos et bien que faible, envoyait des lances de lumières autour de lui. Le réflexe de Stor était bon en ce sens qu’il les aiderait à les voir arriver mais Mjöllnir doutait que des loups affamés puissent être repoussés aussi facilement. Il espérait secrètement que cette nouvelle 'rencontre' sorte la druidesse de sa torpeur. Ses compagnons auraient grandement besoin d’elle et de son lien précieux avec la nature et les animaux sauvages qui lui appartenaient.

Une sueur froide se mêla aux gouttes de pluies sur son front tandis qu’il se remémorait les dernières recommandations d’Amra et Simaïus concernant ces ennemis contre lesquels ils ne feraient pas le poids. Il les voyait venir ces hybrides torturés par quelque malédiction et recevoir des coups qui ne leur feraient aucun mal!

- Priez vos dieux qu’ils ne s’agissent pas de thropes, par la barbe de Clangeddin! Et, tant que vous y êtes, que nos agresseurs, loups ou autres, ne soient pas trop nombreux, qu’on en finisse vite et qu’on puisse dormir tranquillement. Conclut le moine en souriant, paraphrasant le barde. Il enfila ses gants et se saisit de son bâton comme d’un long gourdin, par prudence, faisant crisser le cuir contre le bois ouvragé. Il ne savait à quel point les légendes étaient fondées mais il n’avait aucune envie de rejoindre les rangs de Griffecreux à cause d’une malheureuse griffe ou morsure au bras. ¤Qui que vous soyez, je vous attends.¤

MJ
1er Round.
Jet d'Initiative d'Absurbanipal : 5(Dé)+0=5.
Jet d'Initiative de Mjöllnir : 13(Dé)+1=14.
Jet d'Initiative de Stor : 15(Dé)+3=18.
Jet d'Initiative d'Ylinya : 16(Dé)+4=20.
Jet d'Initiative du 1er Loup : 20(Dé)+2=22.
Jet d'Initiative du 2nd Loup : 10(Dé)+2=12.
Jet d'Initiative du 3ème Loup : 2(Dé)+2=4.
Jet d'Initiative du 4ème Loup : 2(Dé)+2=4.
Jet d'Initiative du 5ème Loup : 12(Dé)+2=14.
Jet d'Initiative du 6ème Loup : 6(Dé)+2=8.
Jet d'Initiative du 7ème Loup : 17(Dé)+2=19.
Jet d'Initiative du 8ème Loup : 8(Dé)+2=10.

Jet d'Attaque du 1er Loup : 15(Dé)+2(Charge)+3=20 Réussite.
Ylinya est prise au dépourvue.
CA d'Ylinya : 10(Dé)+3=13 Echec.
PV d'Ylinya : 11-3(Avant-bras gauche)=8pv.
Jet d'Attaque d'Ylinya : 14(Dé)+1=15 Réussite.
CA du 1er Loup : 4(Dé)-2(Charge)+4=6pv.
PV du 1er Loup : 13-7(Patte de devant droite)=6pv.
7ème Loup avance de 12m du côté de Stor.

Mjöllnir avait raison et Ylinya le savait elle se souvenait que lors d'hivers rigoureux, il n'était pas rare de surprendre un loup entrant dans Padhivers même, pour y déterrer les cadavres ou s'emparer d'un enfant pour assouvir sa faim. Un animal d'autant plus redoutable qu'il savait aussi faire preuve d'une grande ruse pour atteindre sa proie. Du côté du bois de Padhivers, les loups étaient autrefois très nombreux, parce que les bois étaient plus abondants qu'aujourd'hui et offraient aux fauves des retraites sûres. Mais dans les Marches nombreux devaient être ceux qui succombaient à leurs attaques en meutes. Cela n'étonnerait pas la jeune druide s'ils décidaient d'attaquer car ces derniers chassaient notamment de nuit. La conséquence était une opportunité de fuite très réduite pour les proies qui y voyaient moins bien qu'en plein jour.

Mais le groupe d'aventuriers n'était pas des proies ordinaires, en tout cas ils ne laisseraient pas le temps à ses louvats de croire qu'ils seraient aussi faciles à surprendre que des agneaux. D'ailleurs Mjöllnir voyait parfaitement dans le noir. Il se rendit compte tout de même que la discrétion des bêtes avait été exemplaire, une petite dizaine de ces bêtes les avait encerclé sans qu'ils s'en rendent compte. Les loups énormes, s'approchaient doucement en reniflant les odeurs qui se dégageaient du campement ou en faisant les cent pas, marquant l'impatience de ceux qui attendait d'attaquer le premier des aventuriers qui ferait l'erreur de faire un mouvement de trop. Les premières bêtes se trouvaient à quarante mètres, apparemment elles comprenaient que Mjöllnir pouvait les voir et les suivait du regard car de plus en plus les loups affamés lui montraient leurs crocs. Absurbanipal n'y voyait guère au delà des cinq mètres ou le feu lui permettait de percer l'obscurité. Stor et Ylinya n'y voyait guère plus même sur leur vision nocturne était plus performante que celle de l'humain

Ylinya se leva et dégaina son cimeterre encore tâché du sang de l'homme lézard, elle regarda sa lame un instant à la lumière du feu puis lentement attrapa sa rondache sur laquelle elle s'était assise pour prendre son repas... Tout à coup elle entendit un grognement beaucoup plus proche d'elle et vit les yeux rouges d'un loup qui sortait de l'obscurité. Celui-ci voyant une cible à sa taille chargea immédiatement. Ylinya se releva d'un coup prête à recevoir l'assaut. Mjöllnir vit que d'autres loup s'approchaient.

Surprise, Ylinya n'eut pas le temps de placer sa rondache devant elle pour repousser le loup et celui-ci attrapa le bras de la demi-elfe déchirant son manteau et sa tunique pour enfoncer ses crocs là où l'armure de cuir ne protégeait pas. Blessée la druide poussa un cri bizarrement rauque qui tranchait avec la féminité qu'on lui connaissait, rageuse d'avoir été touchée elle riposta instinctivement et toucha une patte du loup la brisant nette, il s'écroula en hurlant dans l'instant en se tortillant il parvînt à se remettre rapidement sur ses pattes valides. Le sang avait coulé la meute s'apprêtait à passer à l'attaque...

Plan à suivre pour ceux qui n'arriveraient pas à s'imaginer la scène.