Le long du Boilune, Vers le Puit de Béorunna et le bois Froid

a main refermée sur les affaires du nain que lui avait tendu Ylinya, Absurbanipal regardait la jolie druide évoluer et singer la manière dont leur compagnon avait obtempéré aux désirs du gardien des sentiers. Il se flagellait intérieurement à l’idée que ce soit de cette grotesque façon qu’il eut fallu s’y prendre pour s’introduire par le passage féerique qui était censé raccourcir leur périple à travers la forêt. Le mulan aurait pourtant bien du s’attendre à une facétie de ce genre au regard de la personnalité de celui qui en était l’auteur. Heureusement, la grâce toute elfique de la jeune femme à perpétrer une action pourtant aussi absurde sauvait une prestation qui se serait certainement révélée ridicule sinon.

Si la situation n’avait été aussi incertaine et dramatique, sûrement en aurait-il ri de bon cœur avec ses compagnons sur le comique de se retrouver livré ainsi en pâture au bon gré d’un farfadet perdu en pleine nature. Absurbanipal serra les dents en imaginant le funeste destin qui pouvait les attendre si le lutin voulait intentionnellement leur nuire. Après tout, de ce qu’il connaissait de ces êtres, expérience limitée à ce seul spécimen, il ne pouvait décemment pas ressentir une grande sympathie pour eux, et éprouvait une méfiance toute raisonnable. Ce genre de comportement chaotique l’irritait au plus haut point. Plus tôt dans sa jeunesse, sa vision des choses s’était révélée assez encline à accepter les différences et la spontanéité, même lorsqu’elle entraînait parfois le désordre, mais en vieillissant il en venait de plus en plus à croire qu’on ne pouvait réellement compter que sur les choses clairement établies, les traditions et la réflexion structurée. Comment pouvait-on avoir confiance en un individu aussi peu vraisemblable que ce Qualkenick?

- Père céleste, Guide lumineux, puisses-tu préserver cette femme de l’erreur et lui permettre de découvrir la vérité. Il revint à la femme à la crinière bleue qui tentait de trouver le ‘chemin’. Le mulhorandi adressa une prière muette à son sujet.

ar les bottes de Marthammor... Sans comprendre vraiment les préceptes et idéaux des ‘Volamtar’, clergé de Marthammor, une vie pleine de voyages pour le compte de son monastère avait fait comprendre à Mjöllnir ce goût de la découverte du monde et avait fini par le faire traiter avec beaucoup moins de mépris que le reste de son monastère, les quelques suivants de ce dieu explorateur.

Il avait parlé à haute voix, autant pour se rassurer de n’avoir atterri dans un quelconque autre plan – qui pouvait savoir avec ces êtres fées maintenant qu’il ne pouvait plus douter de leur existence? – que de n’avoir su retenir sa surprise. Il se grattait le crâne, une main sur la hanche, tentant de prendre pleinement conscience de la situation. Se pouvait-il que ce voyage prenne un certain temps et qu’il n’ait qu’à attendre patiemment que ses compagnons reviennent ou s’agissait-il d’une farce de ce lutin de malheur qui, ravi de l’avoir forcé au ridicule, lui avait joué une farce de plus en l’envoyant ailleurs, loin des autres?

- Qualquenick... si je ne revois pas très vite mes amis et que le hasard place ta petite tête féerique face à moi... tu auras à courir toi aussi...

Terminant son tour d’horizon, il revint à la tache noire, se lançant, à défaut de mieux, dans une tentative d’identification du curieux phénomène... Un nuage? Un essaim? Une zone d’ombre? Il s’était sensiblement approché de la source des perturbations climatiques dont ils étaient victimes peut-être était-ce là encore un effet de ce phénomène. Un gargouillis s’échappa du ventre du nain pour lui rappeler la promesse d’un meilleur repas maintenant que la viande avait été purifiée par Absu’ et lui fit se rendre compte que ses compagnons n’étaient pas les seuls à avoir manqué l’appel : ses affaires aussi! Un léger sourire narquois illumina un instant son visage alors qu’il imaginait ses compagnons tenter de soulever son paquetage, tirant la langue comme des mules sous le poids auquel ils ne devaient pas être habitué, puis il se reprit et le sourire fugace fut remplacé par le masque sombre du doute. Si la malchance continuait à les accompagner, il ne les reverrait peut-être jamais.

a mine perplexe du petit barde se transforma radicalement lorsqu'il vit la belle Ylinya s'élancer dans son pas de danse. Un sourire béat illumina son visage et toute la fraîcheur et l'innocence du halfelin reprit le dessus. Entraîné par la druide aux cheveux d'azur, il s'élança à la suite, battant frénétiquement des bras comme pour prendre son envol. Naturellement, les paroles d'une nouvelle chanson improvisée montèrent à ses lèvres. Stor n'avait cure d'être dans le ton ou pas, il laissait simplement monter son chant, insouciant de savoir s'il était adapté à ce lieu. Serrant fermement les sangles de son sac à dos, il courut à la suite de la meneuse de revue, essayant d'entraîner avec lui le trop sage prêtre.

- Cet endroit est bien bizarre, Qualquenick, Qualquenack,
Ca me fil’rais presqu’le cafard, Qualquenick, enack,
Mettons-nous des ailes d’anges
Pour quitter ce lieu étrange.
Qualquenick, Qualquenack, Qualquenick, enick, enack,
Qualquenick, Qualquenack, Qualquenick, enack.

- Envolé, le nain jovial, Qualquenick, Qualquenack,
Disparu dans les étoiles, Qualquenick, enack,
Il nous faut vite le rejoindre
Avant d’voir le soir se poindre.
Qualquenick, Qualquenack, Qualquenick, enick, enack,
Qualquenick, Qualquenack, Qualquenick, enack

- Allez, entrons dans la danse, Qualquenick, Qualquenack,
Ou sombrons dans la démence, , Qualquenick, enack,
Tous derrière l’enfant bleutée
Exprimons notre gaité.
Qualquenick, Qualquenack, Qualquenick, enick, enack,
Qualquenick, Qualquenack, Qualquenick, enack

- Rejoins nous, ami Absur, Qualquenick, Qualquenack,
Et bats le rythme en mesure, , Qualquenick, enack,
Dans une folle farandole
Nous allons prendre notr' envol.
Qualquenick, Qualquenack, Qualquenick, enick, enack,
Qualquenick, Qualquenack, Qualquenick, enack.

MJ
Jet de Savoir bardique de Stor DD12 : 7(Dé)+3=10 Echec.

n un instant tout le monde se retrouva à chantonner du ridicule pour le bon plaisir de Qualquenick et pour pouvoir traverser le fameux chemin de traverse. La traversée se faisait en un quart de seconde sans qu'on se rende vraiment compte qu'une zone féerique avait été franchie et en une foulée, Ylinya et Stor se retrouvèrent de l'autre côté des Arbres de nuit en plein milieu d'une plaine balayée par des vents violents qui faisaient se battre entre eux chacun des cheveux des longues crinières et barbe des trois amis qui y avaient débarqués un par un. Tous semblaient stupéfaits c'était sans doute la première fois qu'ils empruntaient ce genre de portails et l'espace d'un instant chacun se demanda s'il n'avait pas rêvé. Seul Absurbanipal était encore de l'autre côté sans doute en train de rassembler la nourriture qu'il avait purifié avant de faire comme ses compagnons un bond de plusieurs lieues.

Ylinya avec le bâton de Mjöllnir sondait le sol glissant, avec les hautes herbes, l'idée que des bourbiers puissent s'y cacher était évidente et c'est instinctivement que la jeune femme en tant que druide progressa de quelques pas pour examiner ce nouveau décor qui s'offrait à elle. Contrairement à la demi-elfe Stor examinait pour sa part l'horizon cherchant à se repérer entre les différents massifs forestiers et la tâche sombre qu'on voyait nettement à l'ouest. Le pieds-légers ne c'était rarement aventuré à voyager au delà de Quaervar et des limites civilisées des Marches d'Argent et de la vallée du Rauvin, mais il connaissait assez bien la géographie des environs pour savoir que ce point noir devait être la ville uthgarde de Puit de Béorunna et donc par conséquent le Bois Froid se trouvait juste au nord et à l'est. Ce dernier semblait vouloir les cerner de tous les côtés, sa lisière était beaucoup plus proche que la ville de Béorunna qu'ils ne pourraient pas atteindre avant la nuit. On voyait maintenant clairement les nuages noirs en mouvement perpétuel se former et progresser au-delà de la communauté sédentaire uthgarde au dessus de la forêt qu'on nomme Boisdruar. Restait à savoir quel allait être leur prochaine destination, à moins de vouloir consciemment éviter les barbares et longer la lisière du Bois Froid, leur route vers Boisdruar les conduirait tout droit vers cette petite ville. Le ventre de Stor gronda à ce moment pour lui réclamer pitance et mis fin à sa réflexion...

as mécontent d’vous voir les amis! Lança Mjöllnir, tout sourire de voir deux de ses compagnons apparaître soudain dans l’étrange position qu’ils avaient pris pour courir, comme lui, autour des rochers. Singeant leur dernier pas et son ventre grognant en écho à celui du halfelin, il poursuivit d’un air faussement inquiet : "Où reste donc Absu’? Il n’a pas voulu se joindre à vous dans cette gigue gracieuse? J’espère qu’il ne profite pas de l’occasion pour manger tout seul!"

Le vent balayant la plaine ne poussait pas au rire, pas plus que les noirs nuages ou les bois maudits autour d’eux. Déjà ses compagnons étaient revenus à des considérations plus pratiques et laissaient l’expérience féerique de l’autre côté du passage. Le moine hocha la tête en voyant la druidesse sonder le terrain. Leur triste incident du tumulus leur en aurait au moins appris en matière de prudence sur un bourbier probable. Il était hors de question de réitérer le moindre de ces épisodes malheureux et en l’absence de Nazeroth, Ylinya était sans conteste la plus apte à déjouer les pièges naturels. Son regard se détourna ensuite vers le petit être qui, s'il les avait fait se couvrir de ridicule pour le plus grand plaisir du Passeur, leur avait fait gagner un temps précieux par ses connaissances diverses.

- C’est une ville cette tâche sombre là-bas? Trop au Sud que pour que ce soit mes cousins polaires... Trop au Nord pour être autre chose que des Uthgardt et, pour ce que j’en sais, ils traitent les sédentaires comme les miens considèrent les nomades. Fouillant dans sa chevelure comme si ça pouvait l’aider à trouver quelque chose dans sa mémoire, il tentait d’y trouver l’exception qui confirmerait cette règle. De toutes les tribus, il y en avait peut-être une qui avait compris l’intérêt des cultures et des élevages à la chasse perpétuelle.

linya resta quelques instants interloquée en découvrant le nouveau paysage dans lequel Stor et elle se tenaient... La druide eut un grand sourire joyeux en voyant Mjöllnir sain et sauf. Même si elle avait pensé que sa théorie était la bonne, elle n'en était pas moins restée inquiète de son devenir... Embrun toujours solidement, trop peut-être, ancré sur son épaule elle s'était mise à sonder le sol afin de s'éloigner un peu du point d'arrivée, histoire qu'Absurbanipal ne vienne pas les heurter de plein fouet... Elle finit par rejoindre Mjöllnir à qui elle fit une accolade surprise, le chat se retrouvant à sauter dans le dos du nain avant d'atteindre le sol.

- On s'est inquiété... Elle le relâcha, lui faisant un clin d'oeil "On aurait jamais pu tout manger seuls, même avec l'aide de Stor."

Ylinya s'éloigna à nouveau, sondant le terrain avec précaution afin de délimiter une zone sure pour eux tous, histoire qu'une fois tous réunis ils puissent faire le point sans avoir peur de se retrouver coincés dans une tourbière quelconque. Embrun resta collé à l'une des jambes du nain, ayant peu apprécié la réaction de la druide... La jeune demi-elfe aquatique délimitait des cercles ayant pour centre leur point d'arrivée. Elle s'arrêta quelques instants et observa les environs, le périmètre qu'elle avait délimité était déjà suffisant pour l'instant, après elle se contenterait de le faire dans la direction qu'ils prendraient, inutile de faire toute la plaine...

¤En tous cas le lutin semble bel et bien avoir tenu promesse, reste à savoir si ça nous a avancé...¤ Elle se tourna vers Stor, il restait le plus à même de savoir où ils se trouvaient exactement, elle attendait donc son diagnostic et sa réponse à la question du moine.

- Vous pensez qu'Absur' va mettre longtemps à nous rejoindre? Il restait seul, et chargé, de l'autre coté... De leur coté eux aussi avaient à être prudents. Ils avaient tout intérêt à savoir où ils mettaient les pieds à se faire relativement discret...

MJ
bsurbanipal arriva à son tour dans une course aussi comique et ridicule que celle de ses compagnons. Il était chargé comme un baudet et lorsqu'il voulu s'arrêter le lourd sac de Mjöllnir le fit basculer sur le côté. Il n'eut que le temps de mettre un genou à terre pour éviter de se étaler de tout son long. Le mulan était costaud mais pas autant que le vigoureux néanmoins il parvint à se redresser vite et sans aide. Il avait l'air aussi surpris que l'avaient été ses amis du passage très rapide d'un lieu à un autre et il se retourna machinalement pour voir s'il y avait une trace du passage des fées derrière lui... Ils étaient maintenant tous réunis et Stor sortit enfin de ses pensées et claqua des mains et des dents pour affirmer qu'il était bien temps de manger.

- Mes amis, c'est bien une ville que nous avons là-bas, je n'y suis jamais allé mais je peux affirmer sans aucun doute que c'est la ville Uthgarde de Puit de Béorunna, la seule ville de ses barbares que l'on peut trouver dans les Marches car la plupart des tribus sont nomades. L'accueil risque d'être plutôt à l'égal du climat que nous subissons en ce moment mais c'est un grand comptoir commercial et ils sont habitués à voir des étrangers qui viennent pour y acheter des fourrures et de la nourriture... Si nous décidons d'y passer et je ne vois pas ce qui nous en empêcherait nous n'aurons plus besoin de nous restreindre et pourrons avaler ce qui nous reste de nos rations de voyage. Nos sacs seraient vidés et allégés de toutes boustifaille ce qui nous permettrait d'arriver avant la nuit. Qu'est ce que vous en pensez? Dans tous les cas je vais essayer de dégotter un peu de bois sec pour faire cuire le loup, avec tout ce vent et la proximité des forêts ça devrait se trouver.

Remis de sa traversée épique et de son ode à Qualquenick, Absurbanipal qui ne connaissait pas du tout la région ne pouvait que faire confiance au halfelin. Sortir du couvert de la forêt était peut-être plus dangereux que d'être à la vue du moindre prédateur mais le prêtre était heureux de pouvoir enfin voir l'horizon, cette tâche sombre serait son prochain objectif. Il chercha un endroit un peu plus sec pour poser le sac du moine et déposa au dessus son propre sac pour sortir une nouvelle fois la viande maladroitement découpée la veille, c'était le moment ou jamais de la manger. Absu chercha également le reste de ses rations... Après quelques minutes tout le monde était installé prêt à déjeuner, le feu ne durerait que le temps de faire cuire la viande, le sac de Mjöllnir servait de présentoir à toute la nourriture qu'ils avaient pu rassembler le pain dur comme du bois serait à mélanger à de l'eau pour ne pas que l'on s'y casse les dents et le fromage racorni et malodorant serait un régal une fois fondu sur la viande.

’accolade de la druidesse lui avait fait presque autant de bien que le morceau de viande qu’il mâchouillait allègrement. Une franche amitié unissait les deux êtres pourtant diamétralement opposés d’apparence, rapprochés par les épreuves auxquelles ils avaient du faire face ensemble et cette envie de vivre les plus heureux possible malgré elles. Les deux rescapés de Lunargent prendraient soin l’un de l’autre, jusqu’au bout. Mjöllnir arborait un sourire niais, joyeux. Qu’importaient, pour ce moment de grâce, le lutin facétieux, leurs douloureuses pertes, leurs blessures, le poids de leur sac, le temps qui s’acharnait encore et encore. Le temps des privations était terminé, ils partageaient leur meilleur repas depuis leur départ de Quaervarr, et ils étaient tous les quatre en bonne santé.

- Le puit de Béorunna, voilà qui sonne bien! Ah… Il ne nous manque qu’une bonne pinte pour que le bonheur soit complet et si il s’agit d’une ville digne de ce nom, nous la trouverons ce soir! Se servant d’un morceau de pain détrempé, il croisa le regard du prêtre et gloussa, se retenant difficilement de rire à gorge déployée, levant les épaules au rythme que ce dernier avait choisi pour son interprétation de sa danse de passage des fées. Le mimant encore, sans pouvoir lui se rattraper, il bascula sur le côté et ne put se retenir plus longtemps. Reprenant son souffle et un peu de contenance, il se servit d’un autre morceau, recouvert de fromage fondu. Il y mordit à pleine dent, fermant les yeux de plaisir.

- C’est délicieux Stor, félicitations! Un peu de légèreté ne leur ferait pas de mal, le temps n’était plus aux pleurs et l’être fée n’y était pas pour rien, il le reconnaissait sans peine. Puis il conclut en lançant un clin d’œil à leur guide. "S’il y a d’autres raccourcis du même genre, je suis preneur! Après notre visite aux Uthgardts, accueillants ou pas."

ssise près du feu, Ylinya soufflait un peu. Le repas se présentait comme un moment de répit et de bon augure... Ils avaient bien avancé grâce au lutin et à Stor, et ils étaient non loin d'une ville, promesse de vivres et d'un repos en sécurité avec un peu de chance. La druide avait aidé à installer le foyer, prenant soin de ne pas couper la moindre branche encore en vie et d'entourer le feu de pierres qu'elle avait grappillé ici et là, le tout sur le terrain le plus dégagé au sol qu'ils avaient pu trouver... La bonne humeur qui passait dans le groupe ne pouvait qu'être contagieuse, aussi ne put-elle pas se retenir de rire devant la démonstration de mimétisme de Mjöllnir. Elle sourit à Absurbanipal pour s'excuser, après tout elle avait été soulagée de le voir arriver à son tour...

¤Un peu de calme et de normalité...¤ Embrun monta se lover entre les jambes de la druide qui se tenait en tailleur. Elle lui donna les restes de sa viande, le caressant entre les oreilles. Bientôt son ronronnement s'éleva au milieu du groupe, le chat semblait lui aussi bien heureux de cette sympathique halte... Ylinya se retourna et testa rapidement le sol derrière elle avant d'attendre que le chat ait fini son propre repas. Une fois cela fait, elle le déplaça sur le coté et s'étira de tout son long avant de finir allongée sur le dos, une jambe repliée, un bras derrière la tête, l'autre en train de caresser Embrun qui était monté sur son ventre, les yeux dans le ciel avec un fin sourire sur les lèvres. Même si la mer lui manquait elle savait que le ciel la surplombait elle aussi à des kilomètres d'ici... Et puis elle n'avait pas envie de gâcher ce petit instant de bonheur, en vie, avec des gens qu'elle appréciait. Ils avaient mérité ce moment de repos, même si ce n'était que le temps du repas... Il serait toujours temps après de se heurter aux regards inquisiteurs et étranges des gens du puits. Pour l'instant elle était d'humeur contemplative, se fondant dans l'environnement et la bonne humeur du groupe...

out ragaillardi à la perspective d'avoir bientôt un toit au dessus de sa tête et de pouvoir se lover à la chaleur d'un bon feu de cheminée, Stor savourait ce nouveau repas sans pour autant s'empêcher de commenter ce nouvel épisode de leur aventure. Il fallait vraiment avoir tout l'entraînement d'un halfelin pour réussir à accomplir simultanément ces deux tâches : parler et enfourner une énorme quantité de nourriture.

- Sympa non, le copain Qualquenick? Il nous évite quand même quelques lieux de fatigue. Quelqu'un a pensé à lui demander sa carte de visite? Histoire de pouvoir profiter au retour de son mode de transport accéléré. Personne? Oh, non... Bon, enfin, ce n'est pas grave, je serai encore là pour vous guider à bon port. J'espère que les ours civilisés du Puits de Béorunna seront bien disposés et pas trop saouls. Enfin, normalement, les Lions Noirs sont tout ce qu'il y a de plus sympathique. Mais si on tombe sur leurs cousins du Tigre Rouge... Ces Uthgardts là sont un peu moins civilisés et prompts à la bagarre, autant avec les étrangers que leurs congénères. Mordant à pleines dents dans le gigot qu'il avait en main, le malicieux barde en détacha un long lambeau de viande qu'il avala aussitôt avant de reprendre son baratin...

- Donc, si on se dépêche un peu, nous allons arriver avant la nuit au tumulus fortifié. Je sens déjà la saveur de la bière fraîche me couler dans le gosier. Je compte sur toi, ami Mjöllnir, pour m'offrir la première pinte à la santé de tous les êtres fées de la création..."