۝ Le Coup Du Siècle ۝, Quête de l'Ouroboros

Nish suivait le mouvement, la tête à moitié dans les nuages, comme pour oublier son environnement immédiat. Il rêvait de se trouver ailleurs, dans un lieu qui serait plus chaleureux, plus joyeux, plus propre. Naturellement, il restait assez réaliste pour savoir qu'il fallait se concentrer pour ne pas perdre de vue ses compères ou le moindre détail qui pourrait éveiller ses soupçons sur un éventuel danger.

¤ Donc, on est pas loin de la sortie ? Bien, bien... Et après, on ira se prendre une chopine et se prélasser devant une cheminée... Humpf, Nish, Nish, tu divagues trop ! ¤

Les yeux de l'Halfelin clignèrent une fois, deux fois, trois fois et là, il fronça les sourcils et lâcha un juron à voix presque inaudible, facilement couvert par le bruit de l'eau. Quelque chose avait changé, il en était certain. Ainsi, il examina partout autour de lui et se gratta la tête. Il n'y comprenait goutte et, en inspirant pour lacher un de ces fameux soupir, il écarquilla les yeux.

¤ Nom d'un cul d'gobelin ! Une femme de chambre est passé par là ma parole ? C'était pas comme ça tout à l'heure... Qu'est-ce qui s'est passé ici ? Bizarre... ¤

Le Hin se demandait s'il était encore dans les égoûts mais, vu le décor, c'était bel et bien le cas. Il fit une grimace, ne comprenant guère la situation. La perspective d'arriver enfin à la sortie éclipsa son profond dégoût des égoûts et des rats. Cependant, ce plaisir anticipé fut un peu gâté par une interrogation qui s'imposa à son esprit : étaient-ils dans les temps ? Il serra les dents, préférant se taire et garder ses réflexions pour lui-même. Il savait que le moral était une chose importante dans un groupe tel que le sien et il ne voulait pas le faire baisser à cause de paroles inconsidérées. Cependant, il restait inquiet, espérant que Rosimar saurait faire face à la situation, quelle qu'elle soit, en tout bon chef qu'il était.

lors que la compagnie avançait dans les tunnels des égoûts, Zarathoustra, qui depuis de longues minutes se tenait concentré perdit un peu pied et s'évada de cette réalité pour en rejoindre une autre. Il n'avait qu'à suivre le genasi et oublia l'homme qui les suivait depuis quelques temps.

Le jeune homme pensait à cette organisation dont il avait vaguement entendu parler et pour laquelle il avait entrepris cette mission. Il était attiré et intrigué par l'aura entourant le Cercle de l'Ouroboros. Il n'en savait que très peu, mais avait déjà ressenti mystère, vie, liberté et découverte habités les légendes urbaines à son sujet. Il n'en fallut pas plus à cette âme éprise de liberté pour tenter l'aventure.

L'aquafondien fut sorti de sa rêverie par une constatation flagrante : les murs étaient d'une propreté sidérante pour des égoûts. ¤Cela vient parfaitement corroborer ma précédente théorie. Je ne vois pas pourquoi un être se fatiguerait à ainsi nettoyer des égoûts si ce n'était pour se nourrir.¤ Zarathoustra avait déjà entendu parler de ces vases ou gelés dont on ne discourrait qu'avec dégoût et appréhension dans les légendes. Il n'en savait pas plus à leur sujet mais il lui parut évident qu'une telle chose avait élu domicile en cette partie des égoûts, aussi fallait-il se montrer vigilant.

- Observez bien les murs, et n'oubliez surtout pas de scruter le plafond, dit-il en restant énigmatique. Gardons une allure soutenue mais ne nous précipitons pas.

On pouvait comprendre dans le ton du jeune homme qu'une certaine inquiétude l'habitait. Il se voyait déjà rongé par une de ces horreurs mais rejeta bien vite cette hypothèse. Zarathoustra le Magnifique ne mourrait pas ainsi, il le savait.

MD

Rosimar, Néféris, Nish, Zarathoustra

Déjà de minces filets boueux traçaient des veines irrégulières dans le flot éclairci, l’égout ne tarderait pas à reprendre sa forme et l’eau de se charger de nouvelles ordures. Les aventuriers n’avaient cependant pas le temps de s’appesantir sur la question, rester prudents, certes, les craintes de l’aquafondien étaient légitimes dans cet environnement hostile, mais se hâter néanmoins.

Remontant le dernier tronçon, ils passèrent un premier tunnel sur leur droite, au fond duquel un tuyau déversait son lot de liquide malodorant puis arrivèrent à un deuxième, identique, à la différence qu’aucun liquide n’en coulait. Une inspection plus méticuleuse permettait de découvrir qu’un fluide devait en couler régulièrement, mais à faible débit, en regard de la hauteur de la trace au fond de celui-ci. D’une soixantaine de centimètres de diamètre pour autant de long, à un mètre au dessus du sol, il laisse entrevoir le fond d’une pièce d’un mètre de profondeur. Le reflet du bâton lumineux indiquait que cette pièce, de l’autre côté du tuyau, était pleine d’eau dont aucune effluve ne s’élevait.

Le plan de leur employeur se terminait là, devant ce tuyau et cette salle inondée sans autre accès visible. Un détail qui eut pu paraître sans importance sauta aux yeux de l’homme de la Saiyaddar quand il les leva de sa carte : Une pierre, à sa droite, était gravée d’une forme annulaire, plus large en un point.

Sans dire un mot, Rosimar plia la carte et alla l’enfouir où elle irait désormais résider pour le reste de ce boulot. Attentif et muet, le regard louchant d’un côté puis de l’autre, Rosimar n’était en rien plus intrigué par quoi que ce soi que cette pierre gravé à sa droite et bien en évidence, du moins, pour ses sens affûtés de renard. Après un instant à avoir demeuré statique et au même endroit, les pieds rivés au sol humide, il se dirigea lentement vers ce roché qui le captivait depuis son arrivé. ¤Qu’est-ce ça veux bien dire ce truc ?¤

-Hé les p’tits gars, regarder autour si y’a pas un truc étrange dans le coin, le plan s’arrête ici. Mais ne faite pas de bruit pour autant, j’ai le pressentiment qu’ont y est presque ! Dit-il en chuchotant et en ne leur témoignant aucun geste ou regard étant donné que toute son attention était concentrée à examiner la forme annulaire. Il examina chaque recoin avec vif intérêt, pressé mais pas trop, en une fouille intéressé à trouver un moyen de continuer leurs route, plutôt qu’à philosopher sur la provenance de ce truc étrange… Accroupit à la hauteur du roché, il mit un temps tout de même à y déposer ces robustes pattes pleines de petite marques et dont les veines étaient très visibles par leur grosseur et leurs couleurs bleuté pourpre, comme si le roublard avait une certaine inquiétude malgré toute sa hâte…

- Hum... Fut la seule réponse murmurée par l'Halfelin aux directives de Rosimar. Il était inutile de parler plus pour le moment car chacun devait se concentrer pour examiner les lieux avec le plus grand soin. Naturellement, la manoeuvre semblait logique au Barde même si son but était un peu obscur.

¤ Que cherchons-nous donc ? Bah, à mon avis, nous le saurons quand nous le verrons mais, en même temps, dans un tel endroit, tout peut paraître incongru quand on y est pas habitué ! Ici, tout me semble étrange... A commencer par mes compagnon de route ! ¤

Un mince sourire amusé passa sur le visage du Hin qui reprit sa tâche fastidieuse d'examiner son environnement... à son niveau. Ainsi, il se consacra à l'examen de la pièce jusqu'à sa propre hauteur car, s'il regardait trop haut, il craignait d'être pris de terribles vertiges. De toute façon, il y avait les autres pour ça. Leur grande taille allait leur être utile !

Interrompant sa fouille du lieu un court instant, Nish observa Rosimar accroupi. Il se demandait bien ce que l'humain pouvait bien faire et songea qu'il avait sûrement noté un détail intéressant... ou pas. Le Hin haussa les épaules et reprit l'ennuyeuse besogne confiée par leur estimé chef.

¤ Ah... Si je n'avais pas été si en retard, je crois que je leur aurais demandé leurs raisons d'être ici... Hum, j'aurais sûrement eut droit à de charmantes réponses ou une bonne claque mais, j'aurais bien aimé savoir moi ! Enfin bon, on ne me reprendra pas à accepter une folle aventure dans un trou pareil ! Pouah ! ¤

a petite compagnie était donc arrivée au bout de ces tunnels nauséabonds sans croiser d'autres ennemis potentiels. Cette conclusion plaisait à l'aquafondien bien qu'il restât un épineux problème à résoudre : comment franchir ce mur ? Il y avait bien cette pierre étrangement sculptée que Rosimar avait repéré. Si Zarathoustra s'était retrouvé à la place de ce dernier il aurait sûrement essayé de lui faire effectuer une rotation, mais il faisait confiance à l'expérience du gaillard pour savoir quoi faire de ce mystère. Si le problème s'avérait plus complexe et qu'il faille ajouter de l'imagination à cette expérience, alors il s'y attellerait.

Examinant plus attentivement le cul de sac dans lequel il avait atterri, l'aquafondien décida de scruter avec plus d'attention cette salle inondée siégeant de l'autre côté du tuyau. ¤Tu penses que je peux passer par ce tuyau ?¤ demanda télépathiquement le jeune homme à Zedriniset. ¤Tu devrais savoir, c'est ton corps et non le mien. Essaie !¤ répondit l'être avec ironie.

Se concentrant sur ses sens, Zarathoustra tenta de s'enfoncer dans le tuyau, derrière son bâton lumineux, afin de mieux comprendre quel genre de salle pouvait bien être inondée. ¤Voilà maintenant un genre de mystère à résoudre. Bien, très bien même, peu à peu les ingrédients s'ajoutent et se mêlent, faisant de notre histoire une épopée.¤

L'endroit était étroit et humide, et bien que l'homme à la verve enjouée ne craigne pas l'eau, il se sentait oppressé avant même de pénétrer ce tuyau. Déjà cet objet s'apparentait dans son esprit à une vierge de fer, engin de torture sadique inventé, à n'en pas douter, par des gens encore plus torturés. On pouvait vraiment trouver de tout sur Toril, et Zarathoustra n'avait qu'à porter son regard sur l'assemblée qui l'entourait pour s'en rendre compte. ¤Quelle beauté que la diversité ! L'homogénéité n'apporterait que morosité et monotonie. Honnis soient ces tyrans oeuvrant pour une idéologie appelée racisme ! Enfin bon, en attendant allons voir ce qui se passe au fond de ce tuyau pourri.¤

William observait les mouvements de ses anciens compagnons sans comprendre la moindre de leur paroles. C'était plutôt frustrant car il ne pouvait pas savoir ce qu'il se passait. Alors qu'il poursuivait son observation, un bref mouvement attira son attention. Aussitôt, il se plaqua contre le mur du couloir qui coupait celui où il avait perçu le danger potentiel. Il se mis en garde et se prépara à affronter quoi que ce fut. Il était pourtant bien mal placé, par le fait même qu'il ne savait pas si le mouvement venait des hauteurs ou du sol. Se préparant à affronter la mort une nouvelle fois, le Chondathien scruta la noirceur presque impénétrable à la recherche d'un quelconque indice sur l'identité de son agresseur. Il retenait à présent son souffle et était silencieux comme la pierre. Il espérait qu'il pourrait prendre cet ennemie par surprise mais il doutait que sa tactique fonctionne car la plupart des prédateurs vivant dans les égouts voyaient aussi bien dans les ténèbres que lui même dans la lumière.

¤Qu'est-ce qui m'a donc pris de les suivre, j'aurais pu seulement partir et les laisser à leur sort. Me voilà encore seul face au danger. Espérons que je m'en sortirai vivant! Eldath, dame des flots, protège moi encore une dernière fois et je servirai encore aussi ardemment ta cause!¤

MD

Rosimar, Néféris, Nish, Zarathoustra

De pierre il s’agissait d’un moellon de granit, que le temps avait fait se décrocher du mur de l’égout, semblable aux centaines de milliers de moellons assemblés pour former le dédale de tunnels, et la gravure représentait une sorte … de serpent se mordant la queue.
Une marque, rien de plus, comme un repère au milieu du labyrinthe souterrain. Rosimar eut beau se creuser la cervelle, cette marque ne lui rappelait strictement rien mais il ne lui faisait aucun doute qu’elle était là pour une bonne raison.

L’ensorceleur, quant à lui, laissa ses compagnons à leurs recherches et, se pliant en deux, fit passer le haut de son corps par le tuyau. La surface de l’eau de la pièce comportait quelques micros algues, signe qu’à un moment au moins, et contre toute attente, de la lumière avait éclairé cette pièce. ¤ Astucieux … ¤, lui susurra Zedriniset quand sa tête passa de l’autre côté, le forçant à se mettre sur la pointe des pieds : - ¤ Il y a un passage sous l’eau, ça empêche l’odeur des égouts de se répandre à l’intérieur. ¤

Dans une position pour le moins inconfortable, il dut se résoudre à serrer les bras pour s’extraire du tuyau. A peine eut-il mis ses pieds à plat que, soudain, une lumière jaunâtre rayonna du plan d’eau, éclairant faiblement les murs de pierre. Un bruissement d’eau plus tard et le niveau d’eau de la pièce monta d’un coup, la laissant s’engouffrer dans le tuyau et arroser l’arcaniste d’une eau légèrement parfumée.
Jet de sauvegarde réflexe de Nish : réussite
Par le bruit de l’eau, un faible mouvement ou une sorte de sixième sens, le Halfelin eut juste le temps de faire un pas de côté pour éviter l’homme qui n’avait eu le temps de les prévenir de sa sortie précipitée. Néféris suivit le mouvement, accueillant Zarathoustra dans ses bras pour lui éviter une chute malencontreuse.

William

Il put la sentir arriver avant que ses yeux ne la perçoivent, avant que son ouïe ne réussisse à faire fi du bruit de l’eau. Une véritable marée de rats fonçait droit sur le moine, mue par une terreur presque tangible, rendue ‘un’ par leur but commun de fuir un prédateur qu’il ne pouvait imaginer. Jamais il n’en avait vu autant. Dans une poignée de secondes, ils seraient sur lui, déjà les rongeurs de tête, détachés de la masse l’avaient dépassé, glissant dans l’eau aux endroits où les déchets étaient moins nombreux et ne leur permettaient pas de rester en surface.

Dans l’obscurité presque totale, il entendait les cris des rats monter en puissance. Sans l'entrainement de son monastère, il eut pris peur et fuit ou serait resté figé à attendre d'être englouti.

Will' garda son calme face à l'arrivée inattendue de centaines et de centaines de rats puants. Il réfléchit rapidement et en convenue que le meilleur moyen de leur échapper était de rester en hauteur. Après, il verrait pour la chose qui faisait fuir tant de rats. Peut-être même que s'il se cachait bien, il n'aurait pas à la combattre. Quoi qu'il en soit, ce monstre devait être particulièrement effrayant ou puissant pour faire fuir tant de ces vermines. Le moine espérait pouvoir évité toute hostilité avec celle-ci car il doutait de survivre s'il y avait affrontement. Le Chondathien observa le sommet du tunnel à la recherche du tuyau ou d'une quelconque prise où il pourrait tenir pour un bon moment. S'il en trouvait une, il lui suffirait de bander ses muscles pour sauter vers celle-ci et s'y accrocher de toutes ses forces. Puis, il se recroquevillerait au plafond, tentant d'être le plus discret possible. Allant même jusqu'à retenir sa respiration s'il le fallait.

¤Dans quel pétrin t'es-tu encore fourré Will'. Tu est toujours au mauvais endroit au mauvais moment.¤

Le moine sourit bizarrement à l'approche du danger. La genre de sensation que l'on ressent quand on croit qu'on va bientôt mourir et qu'on est prêt à vendre chèrement sa peau avant d'expirer.

Ses réflexes avaient sauvés Nish d'une situation désastreuse. Il remercia à la fois son instinct et Brandobaris avant de jeter un coup d'oeil au tuyau puis à Zarathoustra, récupéré par Néféris. Le Hin nota que le Genasi avait également de sacrés réflexes et sourit puis, se souvenant soudain de ce qui s'était passé, il fronça les sourcils, s'approcha et fit, en un murmure.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Encore un peu et...

Le Barde ne termina pas sa phrase, c'était inutile et sans intérêt. Cependant, ce qui était arrivé à l'ensorceleur, voila un sujet valable propre à attiser sa vive curiosité ! Et, étrangement, il fut bien obligé de s'avouer un peu inquiet aussi. Autant pour l'homme que pour ce qui les attendait de l'autre coté.

¤ Peut-être un système de sécurité ? Mais de quel genre ? Magique ou mécanique ? A moins qu'il n'y ait un monstre placé là pour refoulé les intrus... Toutes ces questions vont finir par me donner la migraine ! ¤

Enfin, sans s'éloigner de Zarathoustra et Néféris, le Hin risqua un rapide regard vers Rosimar. Peut-être leur chef avait-il trouvé quelque chose d'intéressant mais le Barde était incapable de lui poser la question, de peur de briser son apparente concentration. Il fit une petite grimace puis reporta son attention sur l'homme éjecté par le tuyau.